offres de stages et strategies de recherche d`emploi

Transcription

offres de stages et strategies de recherche d`emploi
AGENCE D’ETUDES ET DE PROMOTION DE L’EMPLOI
OFFRES DE STAGES ET
STRATEGIES DE
RECHERCHE D’EMPLOI
LE CAS DU BASSIN D’EMPLOI D’ABIDJAN
AGEPE/DIRECTION DE LA PROMOTION DE L’EMPLOI
10 DECEMBRE 2008
2
SOMMAIRE
Page
Avant propos
3
Les stratégies de recherche d’emploi
5
Les entreprises et les offres de stages
18
Les bassins d’emploi d’Abidjan
22
3
AVANT PROPOS
La situation de l’emploi s’est beaucoup dégradée en Côte d’Ivoire depuis le début des
années 80. Ni les programmes de redressement économique, ni même les réformes du marché
du travail ne sont parvenus à faire reculer le chômage, qui touche de plus en plus les diplômés
et dont la durée s’allonge. Les dernières statistiques sur l’emploi montrent que le taux de
chômage au sens large a augmenté à Abidjan entre 2002 et 2008 ; passant de 16,9% à 21,3%.
La persistance du chômage et son avancée dans le monde des diplômés témoigne de
l’existence de profonds déséquilibres structurels dont la correction nécessite des politiques
volontaristes et efficaces. A cet effet, il est nécessaire de disposer d’informations susceptibles
de guider la prise de décision en matière d’emploi. C’est l’objectif visé par ce document dont
le contenu expose les résumés de trois études menées par la Direction de la promotion de
l’Emploi de l’Agence d’ Etudes et de Promotion de l’Emploi (AGEPE) au cours de l’année
2008. Ces études ont été réalisées sous la coordination du Dr. ZEHIA Kouadio Maurice et la
direction du Dr. N’GUESSAN Coffie Francis José. Elles portent sur les thèmes suivants :
1- LES STRATEGIES DE RECHERCHE D’EMPLOI
2- LES ENTREPRISES ET LES OFFRES DE STAGES : suggestions pour la
qualification des demandeurs d’emploi en Côte d’Ivoire.
3- ETUDE DES BASSINS D’EMPLOI D’ABIDJAN.
Comme on peut le remarquer, ces études se complètent. L’étude qui concerne les
stratégies de recherche d’emploi vise à étudier les modes de recherche d’emploi des
travailleurs occupés et au chômage. Elle aboutit à des résultats qui mettent en exergue le fait
que les demandeurs d’emploi en Côte d’Ivoire privilégient la voie des relations personnelles
aux autres modes de recherche d’emploi. Ce qui semble témoigner de faibles efforts de
prospection et de leur souci d’accéder à des emplois par des voies qui évitent la concurrence
sur le marché du travail.
L’étude traitant des offres de stages est intéressante à plusieurs titres. Elle fournit le profil
type des diplômés que les entreprises enquêtées accueillent le plus pour des stages. Elle nous
donne aussi une idée de ce que les entreprises pensent des produits du système de formation
ivoirien.
La dernière étude nous invite à accorder un intérêt particulier à l’identification et à la
connaissance des bassins d’emploi en Côte d’Ivoire afin de cerner les problèmes d’emploi qui
ne sont pas uniformes et qui revêtent des particularités qui devraient être prises en compte
dans la formulation des politiques d’emploi au niveau local.
4
FOREWORD
The employment situation has been degrading in Cote d’Ivoire since the beginning of
80’s. Neither the economic reforms programs, nor the labour markets reforms have been able
to reduce unemployment in the country, which concerns more and more the graduates.
Besides, the duration of the unemployment is lengthening. The recent statistics exhibit that the
unemployment rate has increased in Abidjan between 2002 and 2008, shifting from 16.9% in
2002 to 21.3% in 2008. The persistence of unemployment and its spreading among the
graduates is the result of the profound structural disequilibrium which correction needs
effective policies. Therefore, it is necessary to have information to shed more light for the
implementation of the employment policies. It is the objective of this document which content
outlines the results of three studies carried out by the department of employment promotion of
the Agency of studies and employment promotion (AGEPE) in the year 2008. These studies
have been realized under the coordination of Dr. ZEHIA Kouadio Maurice and the
Supervision of Dr. N’GUESSAN Coffie Francis José. They are entitled respectively:
‐
‐
‐
The Job search strategies;
Firms and Training opportunities: suggestions for the improvement of the
qualification of the Job seekers in Côte d’Ivoire;
The identification of the employment Zone of Abidjan.
As it can be noticed, these studies are complementary. With respect to the study dealing
with the Job search strategies, the aim is to analyze the Job search methods that have been
used by the working people to find their present Job, and that used by the unemployed in
order to find Job. The findings show that the job seekers prefer the social networks. That
gives the hint they are not seeking job actively.
The second study lays out interesting results, in the sense that it gives a typical profile of
the graduates needed by the surveyed firms.
The last one put a great emphasis on the identification of the employment Zones in Cote
d’Ivoire, in order to bring about the formulation of employment policies at local level.
5
LES STRATEGIES DE RECHERCHE D’EMPLOI
Par madame YAO Koffi Kaudjis Agnès
DEA en économie des ressources humaines
Chef du service Financement des projets et Recouvrement des prêts
1.
INTRODUCTION
Face à la montée du chômage en Côte d’Ivoire, des réformes ont été entreprises sur le
marché du travail par la dissolution de l’Office de la Main d’Œuvre en Côte d’Ivoire
(OMOCI) pour mettre en place trois institutions dont la mission est d’asseoir un système
dynamique dans la liaison emploi-formation. Outre la création de nouvelles institutions, la
libéralisation du marché du travail s’est effectuée par la suppression du monopole de l’Etat
dans le placement des demandeurs d’emploi et la révision du Code du travail. Mais le
chômage reste préoccupant en dépit de ces réformes. Les raisons peuvent être liées à la faible
capacité d’absorption de la main d’œuvre mais aussi, au comportement de recherche d’emploi
des personnes non occupées. Des études montrent en effet que sur 954.701 sans emploi en
2002 en Côte d’Ivoire, plus des deux tiers (68,22%) ne se sont pas déclarés dans les agences
de placements publics comme privés. Pourtant, les travaux réalisés dans certains pays,
notamment en France, indiquent que la recherche d’emploi influence positivement l’accès à
l’emploi.
Le nombre important de personnes sans emploi non déclarées comme à la recherche
d’emploi est indicatif, généralement, d’un découragement dans la recherche d’emploi ainsi
que d’une méconnaissance des méthodes de recherche d’emploi. Pourquoi la majorité des
personnes sans emploi ne sont-elles pas à la recherche d’emploi ? Quels sont les modes de
recherche d’emploi des chômeurs ? Avec quelle intensité recherchent-ils un emploi sur le
marché du travail ? L’objectif général de cette étude est de faciliter l’insertion des
demandeurs d’emploi en Côte d’Ivoire. Les objectifs spécifiques qui en découlent sont de
trois ordres, il s’agit de : (1) Identifier les modes de recherche d’emploi couramment utilisés
par les demandeurs d’emploi ainsi que l’intensité avec laquelle ils effectuent cette recherche ;
(2) Apprécier l’efficacité des modes de recherche d’emploi et ; (3) Améliorer l’appariement
entre l’offre et la demande de main d’œuvre.
6
2. - METHODOLOGIE
Pour mener à bien cette étude, deux approches méthodologiques sont utilisées : l’une
pour la collecte des données et l’autre pour leur exploitation.
2.1 – METHODE DE COLLECTE DES DONNEES
Les données recueillies pour l’analyse des stratégies de recherche d’emploi sont issues
d’une enquête emploi auprès des ménages, réalisée par l’AGEPE en mai 2008 à Abidjan, à
l’aide de questionnaires. Les personnes enquêtées sont au nombre de 12.203. Dans le souci de
mieux appréhender les caractéristiques des personnes pouvant développer une stratégie en
matière de recherche d’emploi, nous avons procédé à un second tri en ne retenant que le
critère de l’âge (14 à 70 ans) ainsi que la réponse à trois questions respectivement par les
personnes occupées puis par celles qui sont sans emploi. Ce sont : d’une part pour les
personne occupées, le mode d’obtention de l’emploi actuel, avoir déclaré avoir un travail bien
que n’ayant pas travaillé la semaine précédant l’enquête, et avoir déclaré être à la recherche
d’un nouvel emploi bien qu’étant en activité (personnes occupées) ; d’autre part pour les
personnes au chômage, l’année d’entrée au chômage, la durée en mois du chômage, et la
raison de la recherche d’emploi. Cet exercice a permis d’obtenir un échantillon de 5.712
personnes. Parmi ces dernières, on dénombre 4.478 qui travaillent (2.120 femmes et 2.358
hommes) et 1.234 qui chôment (617 hommes et 617 femmes).
2.2 - METHODE D’ANALYSE DES DONNEES
La plupart des études relatives à l’analyse des stratégies de recherche d’emploi ont
recours à des modèles microéconométriques. Ces études procèdent d’abord par une typologie
des modes de recherche d’emploi avant d’en apprécier l’impact sur l’insertion. Nous ferons
donc un bref rappel des résultats de certains travaux puis nous exposerons l’approche utilisée
pour mener cette étude.
a-
Typologie des modes de recherche d’emploi
Plusieurs modes d’obtention et de recherche d’emploi existent. Une revue synthétique
de la littérature permet de relever les différents modes de recherche d’emploi ainsi que les
canaux de recrutement utilisés par les employeurs.
Parmi les différents modes de recherche d’emploi, on distingue les procédures
marchandes, le recours aux intermédiaires institutionnels et le réseau social (cf. Synthèses
[2000], SABATIER Mareva [2002], REMILLON [2006] et Centre d’Etudes de l’Emploi
[2000]). Les procédures marchandes sont les candidatures spontanées et les petites annonces ;
le recours aux intermédiaires institutionnels concerne les services publics et privés de
placement ; enfin, le réseau social n’est autre que le recours aux relations personnelles et
professionnelles.
De tous les modes d’obtention ou de recherche d’emploi, les réseaux personnels ou
relations personnelles, se présentent comme la meilleure stratégie. En effet plus de 80% des
7
emplois ont été obtenus par la mobilisation de contacts personnels. Après les réseaux
personnels, viennent les petites annonces car, les statistiques indiquent que 10 à 20% des
recrutements se font par ce seul biais. L’acte de candidature privilégié ici est la lettre
d'accompagnement, ou encore lettre de motivation, à laquelle il faut joindre son Curriculum
Vitae (CV) ou (preuve que le candidat correspond bien au poste proposé). Outre ces deux
modes, on peut citer les candidatures spontanées, les manifestations professionnelles et
l’usage d’Internet. Les candidatures spontanées sont le fait du candidat à l’emploi qui prend
lui-même l’initiative d’aller au devant de l’employeur en envoyant sa candidature. Par
ailleurs, les manifestations professionnelles sont des lieux de rassemblement des entreprises,
où ces dernières communiquent de multiples contacts (foire, salons, journées portes
ouvertes…).
Au niveau des canaux de recrutement utilisés par les entrepreneurs, on relève d’abord
la sélection à distance à l’aide des CV et lettres de motivation, ensuite l’entretien d’embauche,
enfin les tests de sélection. Les repères collectifs qu’ils recherchent dans le CV sont les
suivants : repères démographiques (sexe, âge) ; coordonnées pour être contacté ; description
de la formation initiale et continue ; différentes expériences professionnelles ; et salaire de
réservation.
b-
Résultats de certaines analyses économétriques portant
sur la recherche d’emploi
Cette revue de littérature présente les travaux de BOUABDALLAH et alii [2001] et
SABATIER Mareva [2002]. Ces études s’appuient sur des méthodes microéconométriques
pour étudier la relation entre les modes de recherche d’emploi et la durée de chômage. Ils
mettent l’accent sur l’importance de l’information, l’effort de prospection, le choix du mode
de recherche d’emploi et le diplôme.
Il ressort de ces études que l’information permet au demandeur d’emploi de repérer
rapidement les postes à pourvoir, de connaître avec plus ou moins de précision celui-ci tout
comme l’entreprise auprès de laquelle il veut postuler. Ce supplément d’information semble
être le moyen à utiliser pour réduire les risques de mauvais appariement ainsi que le temps
d’adaptation dans l’entreprise après l’embauche. De plus, ces informations ne peuvent
s’obtenir que par le truchement des modes de recherche d’emploi qui permettent ainsi
d’acquérir des informations sur les postes offerts et influencent le taux de sortie de chômage.
Les intermédiaires de placement privés offrent les meilleures chances de succès en matière de
stratégies de collecte d’informations.
Outre l’information, l’intensité de la recherche améliore les chances d’insertion
professionnelles alors que l’indemnisation retarde le retour à l’emploi. De plus, l’intensité de
recherche est associée à la décision d’élargissement de la zone de prospection. Ainsi, les
femmes, les personnes âgées et les chômeurs indemnisés manifestent une faible propension à
élargir le champ spatial de leur recherche. En outre, les ménages situés au bas de l’échelle des
revenus et bénéficiant d’une allocation de logement ont une contrainte de coût de recherche
qui les amène à réduire leur distance de prospection.
L’analyse de l’impact des stratégies de recherche d’emploi sur la durée du chômage
montre que la mobilisation des réseaux personnels et familiaux ainsi que le recours aux
procédures marchandes sont les plus efficaces, du point de vue de la durée passée dans l’état
8
de chômage. Par ailleurs, ils indiquent : d’une part que plus le salaire de réserve est élevé,
plus on dure au chômage ; d’autre part que l’utilisation des procédures marchandes ainsi que
le réseau social réduit la durée du chômage quel que soit l’emploi obtenu. Cependant, ces
deux modes ne sont beaucoup plus efficaces que pour l’accès aux emplois traditionnels
(contrats à durée déterminée ou à durée indéterminée).
L’intensité ou l’effort de prospection s’apprécie par le nombre de modes de recherche
d’emploi utilisés ainsi que la distance de l’aire d’habitation aux aires de collecte
d’information et des bassins d’emploi. A ce sujet, les résultats sont de deux ordres : selon le
premier, être célibataire, résider chez ses parents ou avoir un père actif augmente la
probabilité d’utiliser plusieurs modes de recherche ; selon le second, plus le diplôme est élevé,
plus la probabilité d’utiliser un seul mode diminue et plus celle de mobiliser plusieurs modes
augmente. De plus, la proximité du domicile aux agences locales d’emploi comme aux
bassins d’emploi réduit la distance de Prospection. Parallèlement, l’intensité de recherche
d’emploi déployée par l’individu joue en sens inverse sur la durée de chômage ; plus on
intensifie les modes de recherche d’emploi, moins on dure au chômage et ce, quel que soit le
type d’emploi et le niveau de diplôme. On remarque toutefois que cet effort de recherche
important augmente surtout les chances d’avoir un emploi traditionnel.
Concernant le niveau de diplôme, les études montrent que les personnes faiblement
diplômées s’orientent, pour la plupart, vers les services de placement comparativement à
celles ayant des diplômes plus élevés qui utilisent beaucoup plus le réseau et les procédures
marchandes. Ainsi, les titulaires d’un CAP ou BEP optent en priorité pour le réseau social,
contrairement aux titulaires d’un baccalauréat qui, eux, choisissent davantage les procédures
marchandes.
Les données recueillies permettent d’analyser les stratégies de recherche d’emploi en
Côte d’Ivoire selon la typologie suivante : relations personnelles (parents ou amis) ;
directement auprès de l’employeur ; petites annonces (radio, journaux, etc.) ; AGEPE ou autre
service de placement ; concours ; initiative personnelle ; et autres modes non spécifiés dans le
questionnaire. En effet, le concours est le mode par excellence pour intégrer la fonction
publique ; les services publics et privés de placement, les petites annonces, les relations
professionnelles sont les meilleurs modes pour accéder à un emploi du secteur moderne
privé ; l’initiative personnelle et le contact direct avec l’employeur sont les principaux modes
d’accès aux emplois du secteur informel.
La méthode d’analyse descriptive est celle que nous retenons pour l’exploitation des
données. Bien que non économétrique, cette méthode a l’avantage d’être beaucoup plus facile
à comprendre. Par ailleurs, la plupart des variables répertoriées dans la revue de littérature
sont prises en compte par rapport à leur fiabilité et leur représentativité.
3.
RESULTATS
L’analyse descriptive des données recueillies fait apparaître des différences entre
population occupée et population au chômage quant aux stratégies d’obtention et de recherche
d’emploi.
3.1 - POPULATION OCCUPEE
9
L’analyse des modes d’obtention d’emploi (cf. tableau n°1) montre que la plupart des
personnes occupées ont obtenu leur emploi par le biais de l’initiative personnelle (45,29%) et
des relations personnelles (34,59%). Cet ordre diffère selon le sexe. Ainsi pour les hommes ce
sont les relations personnelles (40,84%) avant l’initiative personnelle (36,22%) ; et pour les
femmes, l’initiative personnelle (55,38%) avant les relations personnelles (27,64%).
Cependant, des particularités apparaissent selon les caractéristiques sociodémographiques et
le capital humain acquis.
Tableau n°1 : Répartition de la population en activité selon le mode d’obtention de l’emploi
actuel
Mode
d'obtention de
l'emploi actuel
Relations personnelles
Contact direct
Petites annonces
AGEPE ou Association
Concours
Initiative personnelle
Autre initiative
Aucune réponse
Total
Hommes
N
%
963
40,84
214
9,08
34
1,44
21
0,89
147
6,23
854
36,22
39
1,65
86
3,65
2358
100
Personnes en activité
Femmes
N
%
N
586
27,64 1549
98
4,62
312
24
1,13
58
17
0,80
38
56
2,64
203
1174 55,38 2028
72
3,40
111
93
4,39
179
2120
100
4478
Total
%
34,59
6,97
1,30
0,85
4,53
45,29
2,48
4,00
100
%H
62,17
68,59
58,62
55,26
72,41
42,11
35,14
48,04
52,66
Source : Calculs faits à partir de données d’enquête AGEPE 2008
Dans l’ensemble, les premiers emplois sont obtenus sans pratiquement d’éléments de
contact (69,18% dont hommes 63,06% et femmes 75,99%) et sans contrat de travail aussi bien
pour les hommes que pour les femmes (cf. tableau n°2). Seulement une très grande minorité
d’entre eux recherche un nouvel emploi (6,99%). Pratiquement tous espèrent, dans
l’aboutissement de cette démarche, accroître leurs revenus (53,99%) et en second lieu avoir
un emploi plus intéressant (28,75%). Aussi recherchent – ils en majorité l’emploi salarié
(66,13%) avec accessoirement l’emploi indépendant pour les femmes (38,24% femmes contre
25,12% hommes).
Tableau n°2 : Répartition de la population en activité selon l’élément de contact utilisé (choix1)
Elément de
Personnes en activité
contact utilisé
Hommes
Femmes
Total
(Choix 1)
N
%
N
%
N
%
%H
Curriculum Vitae (CV)
290
12,30
134
6,32
424
9,47 68,40
Lettre de motivation
65
2,76
33
1,56
98
2,19 66,33
Autre
390
16,54
206
9,72
596
13,31 65,44
Aucun
1487
63,06
1611 75,99 3098 69,18 48,00
Aucune réponse
126
5,34
136
6,42
262
5,85 48,09
Total
2358
100
2120
100
4478
100
52,66
Source : Calculs faits à partir de données d’enquête AGEPE 2008
Au niveau des caractéristiques sociodémographiques, on constate pour l’ensemble que
plus de la moitié des travailleurs âgés de 14 à 19 ans révolus sont embauchés grâce aux
relations personnelles (56,43% dont 65,35% des hommes et 51,97% des femmes) et plus du
tiers grâce à l’initiative personnelle (34,91% avec 27,56% des hommes et 38,58% des
femmes). De plus, en marge des tendances générales, les hommes des classes d’âges compris
entre 14 et 49 ans révolus travaillent grâce d’abord aux relations personnelles et ensuite à
10
l’initiative personnelle. Selon la religion, on observe des différences au niveau de l’ordre des
modes d’insertion dans l’emploi chez les hommes : les relations personnelles puis l’initiative
personnelle sont les deux premiers modes pour les musulmans et les catholiques ; pour les
autres religions et ceux qui n’en n’ont pas, les deux premiers modes sont l’initiative
personnelle puis les relations personnelles. La configuration selon la nationalité confirme que
les ivoiriens sont les seuls embauchés par voie de concours. Selon le statut matrimonial, les
célibataires sont les seuls qui travaillent grâce d’abord aux relations personnelles (44,44%),
puis l’initiative personnelle (44,28%) contrairement aux autres. Par ailleurs, les hommes
mariés civilement occupent un emploi par le biais respectivement de l’initiative personnelle,
les concours et les relations personnelles. Ceux vivant en union libre et les autres travaillent
grâce premièrement à l’initiative personnelle et secondement aux relations personnelles.
Concernant le statut dans le ménage, les chefs de ménage et les enfants sont en activité grâce
en premier aux relations personnelles et, en second, à l’initiative personnelle. Quant aux
conjoints et les autres membres du ménage, leur premier mode d’obtention d’emploi est
l’initiative personnelle et le second les relations personnelles.
Au niveau du capital humain acquis, les personnes issues du lycée général, du collège
et du secondaire techniques ainsi que les hommes issus de l’enseignement supérieur
travaillent successivement par le biais de l’initiative personnelle, les relations personnelles, les
concours et le contact direct avec l’employeur. Par contre, le mode d’obtention d’emploi des
femmes du supérieur suit l’ordre suivant : les relations personnelles, l’initiative personnelle,
les concours et le contact direct. Pour les titulaires d’un BEPC, les relations personnelles
(34,83%) puis l’initiative personnelle (34,30%) sont les premiers modes d’obtention d’emploi.
Concernant les personnes avec un diplôme supérieur ou équivalent au BAC, leur troisième
mode diffère de celui des premiers : il s’agit des concours au lieu du contact direct avec
l’employeur. En outre, les femmes avec un diplôme supérieur au BAC +2 ont les relations
personnelles comme second mode et les concours comme troisième mode. Enfin, celles
titulaires d’autres diplômes ont comme premier mode les relations personnelles, ensuite
l’initiative personnelle, puis les concours.
Par ailleurs, le mode des relations personnelles est pratiquement le premier mode ayant
permis l’embauche des travailleurs ayant un contrat aussi bien écrit que verbal, l’exception
concerne ceux n’ayant aucun contrat (rien) dont le premier mode d’obtention d’emploi est
l’initiative personnelle (47,16%) et le second mode les relations personnelles (42,05%). Pour
les personnes ayant un contrat à durée déterminée, les hommes travaillent grâce, en premier
aux relations personnelles, ensuite le contact direct, puis l’initiative personnelle et, en
quatrième position, les concours. Quant aux femmes, après les relations personnelles, ce sont
l’initiative personnelle, puis le contact direct et les concours. Pour finir, parmi les travailleurs
à la recherche d’un nouvel emploi, ceux qui espèrent un emploi salarié empruntent le plus
souvent la voie des relations personnelles contrairement à ceux recherchant un emploi
indépendant, qui se tournent majoritairement vers l’initiative personnelle.
3.2 - POPULATION AU CHOMAGE
L’analyse des stratégies de recherche d’emploi montre que, pour la population au
chômage, les modes les plus utilisés quel que soit le sexe (cf. tableau n°3), sont
successivement les relations personnelles (45,14%), les concours (18,55%) et l’initiative
personnelle (17,88%). Nombreux sont ceux qui n’utilisent aucun élément de contact (29,82%)
puis suivent ceux qui déposent leur CV (27,28%), comme le montre le tableau n°4. La
minorité qui participe à un test de recrutement est surtout recalée lors des présélections. Très
11
peu d’entre eux sont formés aux techniques de recherche d’emploi et connaissent l’AGEPE ;
beaucoup attendent de cette structure qu’elle leur obtienne des propositions d’embauche. De
plus, moins de la moitié a une expérience professionnelle. Aussi nombreux sont ceux qui
souhaitent de la part de l’Etat une aide financière, une formation aux techniques de recherche
d’emploi et un stage rémunéré. Ils n’ont pas choisi la micro-entreprise parce qu’elle leur
semble difficile à créer et, accessoirement, génère de bas revenus.
Tableau n°3 : Répartition des modes de recherche d’emploi par addition des différents choix
Choix
Hommes
Femmes
Total
N
%
N
%
N
%
%H
Relations personnelles
404
45,14
435
55,91
839
50,15
48,15
Directement
160
17,88
117
15,04
277
16,56
57,76
Petites annonces
110
12,29
71
9,13
181
10,82
60,77
AGEPE et autres
24
2,68
22
2,83
46
2,75
52,17
Concours
166
18,55
89
11,44
255
15,24
65,10
Autre mode
31
3,46
44
5,66
75
4,48
41,33
Total
895
100,00
778
100,00
1673
100,00
53,50
Source : calculs à partir des données d’enquête AGEPE 2008
Tableau n°4 :
Choix
Répartition des éléments de contact pour la recherche d’emploi
par addition des différents choix
Hommes
Femmes
Total
N
%
N
%
N
%
%H
CV
265
31,55
165
22,42
430
27,28
61,63
Let mot
217
25,83
126
17,12
343
21,76
63,27
Autre
178
21,19
155
21,06
333
21,13
53,45
Aucun
180
21,43
290
39,40
470
29,82
38,30
Total
840
100,00
736
100,00
1576
100,00
53,30
Source : calculs à partir des données d’enquête AGEPE 2008
Les stratégies développées par les chômeurs sont de plusieurs ordres. La répartition
des chômeurs selon l’expérience professionnelle indique que les personnes sans expérience et
celles qui en ont, privilégient toutes les relations personnelles comme mode de recherche
d’emploi. Cependant, leurs secondes stratégies diffèrent : les personnes avec expérience
choisissent l’embauche directement par l’employeur et celles qui n’en n’ont pas se tournent
vers les concours. Par ailleurs, les chômeurs sans expérience sont nombreux à rechercher un
emploi salarié ; se différenciant ainsi de ceux ayant une expérience professionnelle qui, en
plus de l’emploi salarié, sont aussi nombreux à rechercher un emploi indépendant. Concernant
la durée de chômage, tous privilégient les relations personnelles avec, accessoirement,
l’embauche directe par l’employeur et les concours pour les chômeurs de durée intermédiaire
(entrés en chômage entre 2005 et 2007). Selon la nationalité, tous ont recours aux relations
personnelles, cependant, contrairement aux autres, les ivoiriens ont la possibilité de recourir
12
aux concours. Pour le statut dans le ménage, en plus des relations personnelles, les chefs de
ménage préfèrent contacter directement l’employeur contrairement aux autres membres qui
choisissent les concours. Quel que soit le statut matrimonial, les relations personnelles
viennent en première position. En plus de ce mode, les célibataires choisissent le concours
(12,85%) tandis que les autres privilégient le contact direct avec l’employeur, notamment les
divorcés, séparés et veufs. On relève aussi que, les personnes à la recherche d’un emploi
salarié choisissent, après les relations personnelles (63,19%), les concours (14,15%) et le
contact direct avec l’employeur (11,95%). Par contre, celles qui recherchent un emploi
indépendant ou sont indifférentes au type d’emploi préfèrent les relations personnelles.
Par ailleurs, celles à la recherche d’emploi permanent à temps plein n’ont pas le même
ordre de choix. Bien que tous privilégient les relations personnelles (62,91% des hommes et
70,43% des femmes), les hommes recourent aux concours puis à l’embauche directe,
contrairement aux femmes dont seule l’embauche directe est le second mode le plus choisi.
Pour les personnes à la recherche d’un travail à temps partiel, les relations personnelles
(57,58% d’hommes et 54,90% de femmes), et l’embauche directement par l’employeur
(18,18% des hommes et 13,73% des femmes) sont les modes les plus utilisés. Finalement,
pour l’indifférence à la nature de l’emploi recherché, l’ordre est différencié selon le sexe :
pour les hommes, les plus significatifs sont les relations personnelles (69,89%) et les concours
(10,75%) ; pour les femmes, seul le taux des relations personnelles est au dessus de 10%
(80,19%).
Les résultats montrent aussi que selon le sexe, les personnes de 20 à 29 ans ainsi que
les hommes de 14 à 19 ans ont recours aux concours comme seconde voie de sortie du
chômage, contrairement à ceux des classes d’âge compris entre 30 et 70 ans dont le second
mode est le contact direct avec l’employeur. Par contre les femmes âgées de 50 à 70 ans ne
choisissent ni le contact direct, ni les concours. De plus, un intérêt particulier porté sur
l’utilisation d’au moins deux modes de recherche d’emploi indique que les hommes sont les
plus nombreux dans ce cas. Il y a en effet 28,94% d’hommes contre 19,08% de femmes qui
combinent les modes de recherche d’emploi, soit 24,04% du total des chômeurs. Toutefois
selon l’âge, parmi les hommes, ceux des classes d’âge compris entre 14 et 49 ans sont les plus
nombreux à combiner plusieurs modes de recherche d’emploi et, parmi les femmes, celles de
50 à 70 ans sont les plus nombreuses. On remarque aussi que les personnes ayant suivi le
primaire et le collège choisissent majoritairement les relations personnelles et que les femmes
ayant fréquenté un lycée général ont l’initiative personnelle (autre) comme troisième voie de
recherche d’emploi. Par ailleurs, parmi ceux qui ont suivi l’enseignement général et
technique, les hommes recourent beaucoup plus aux relations personnelles pour obtenir un
emploi comparativement aux femmes. Les petites annonces sont beaucoup plus consultées par
les demandeurs d’emploi de l’enseignement technique et ceux du niveau supérieur,
notamment par les femmes dont c’est le quatrième mode de recherche d’emploi. Finalement,
parmi ceux ayant le CEPE, le second choix des femmes porte sur l’initiative personnelle et
celui des hommes est le contact direct.
4.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L’étude sur les stratégies de recherche d’emploi en Côte d’Ivoire dont l’objectif
général est de faciliter l’insertion des demandeurs d’emploi a consisté en l’analyse descriptive
des données recueillies par l’AGEPE à Abidjan en 2008. Cette analyse a concerné les
stratégies d’obtention d’emploi de la population occupée et celles de recherche d’emploi de la
13
population au chômage. Pour la population occupée, les résultats obtenus montrent que la
plupart a obtenu son emploi principal par le biais de l’« initiative personnelle », sans « aucun
élément de contact » et sans « aucun contrat » ; confirmant ainsi que la population occupée à
Abidjan se retrouve majoritairement dans le secteur informel. Pour la population au chômage,
les modes les plus utilisés pour la recherche d’emploi sont les relations personnelles, les
concours et l’initiative personnelle. Ces recherches se font pratiquement sans aucun élément
de contact, sans inscription dans les structures de placement de main d’œuvre dont l’AGEPE
et ce, sans formation aux techniques de recherche d’emploi.
A la suite de ces résultats, nous pouvons faire les suggestions suivantes :
-
-
-
Commencer la formation des élèves aux techniques de recherche d’emploi en classe
de troisième en insistant sur l’inscription à l’AGEPE, les personnes ressources seront
des agents de cette structure publique spécialisée pour l’aide à l’embauche. Le
commanditaire de cette recommandation sera l’Etat, à travers les ministères chargés de
l’éducation dans le secondaire, le supérieur et la formation technique et
professionnelle ;
Faire une vulgarisation de l’AGEPE par des campagnes tournantes et régulières dans
les villes afin de sensibiliser la population sur le rôle de l’AGEPE dans la promotion
de l’emploi. L’AGEPE sera ici son propre commanditaire, mais l’Etat doit lui allouer
un budget ;
L’AGEPE doit poursuivre l’ouverture de délégations dans les grandes villes de
l’intérieur pour rendre ses services plus accessibles aux demandeurs d’emploi ;
Il faut aussi insister auprès des demandeurs d’emploi sur le bien fondé de leur
inscription à l’AGEPE, car ils constitueront non seulement une base de données pour
les employeurs, mais ils seront aussi prioritaires dans le bénéfice des prestations des
programmes nationaux d’emploi. De ce fait, les formations aux techniques de
recherche d’emploi ainsi qu’au montage de plans d’affaires leur seront des acquis.
Les programmes nationaux d’emploi sont actuellement en veilleuse. Or ils visent
plusieurs cibles dont les femmes, les jeunes en milieu rural, les chômeurs de longue durée, les
personnes intéressées par la création de micro-entreprise, les travailleurs menacés de
licenciement ; les chômeurs ayant des compétences non adaptées à celles voulues par les
employeurs du secteur formel privé… Il s’avère que, par manque de financement adéquat, ces
programmes, bien qu’utiles en tant que politique pour la promotion de l’emploi, s’acheminent
vers une extinction prévisible. Les recommandations, à cet effet, sont d’ordre aussi bien
financier que matériel :
-
-
-
Une solution de court terme serait de lever la contrainte financière qui bloque le bon
déroulement de ces programmes et de les exécuter en assurant une égale participation
des hommes et des femmes par le biais de l’information et la sensibilisation ;
Il faut d’abord un suivi des activités de ces différents programmes. Le suivi doit être
effectué tous les trimestres pour rendre effectives l’exécution de ces programmes et
l’organisation de campagnes de sensibilisation pour montrer leur importance dans le
tissu social ;
Les différentes personnes ressources doivent être compétentes pour mener à terme ces
programmes.
Il faut assouplir les conditions d’octroi des financements ;
14
-
Créer une synergie entre les différentes structures (ONG, ministères, AGEPE,
AGEFOP, CEPICI, FNS, FDFP, ANADER, etc.) partenaires dans l’aide à l’emploi,
chacune mettant ses compétences au services des autres et vice et versa.
Dans les pays en voie de développement, le secteur informel est plus important que le
secteur formel, mais offre des emplois généralement beaucoup moins attractifs sur le plan
conditions de travail et rémunération. Comment faire pour remédier à cela ?
-
-
il faut intensifier et vulgariser l’explication aux acteurs du secteur informel en rendant
attrayant l’intégration du secteur formel, leur faire prendre conscience de leur non
reconnaissance comme acteurs économiques dans les statistiques de la BDF (Banque
des Données Financières) en Côte d’Ivoire, le commanditaire de cette action est
l’Administration au travers des structures ayant à charge ce volet ;
il faut toujours organiser des campagnes de sensibilisation pour expliquer aux acteurs
du secteur informel l’importance d’exercer une activité formelle ;
l’Etat doit aider le secteur informel en permettant à ces acteurs d’organiser leur
activité sur le plan légal, c'est-à-dire les aider à transformer leurs activités informelles
en activités formelles du secteur privé.
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18
LES ENTREPRISES ET LES OFFRES DE
STAGES : suggestions pour la qualification des
demandeurs d’emploi en Côte d’Ivoire.
Par
Joseph Amankoua KOUAKOU
M.B.A Finance
Chef de Service Programme d’Aide à l’Embauche
Agence d’Etudes et de Promotion de l’Emploi (A.G.E.P.E)
1.
INTRODUCTION
Le chômage des jeunes diplômés demeure une préoccupation majeure pour les
autorités ivoirienne. Le chômage, comme il est connu, a plusieurs raisons, parmi celles-ci on
peut noter les profils des demandeurs d’emploi qui ne correspondent pas toujours aux
exigences des entreprises. Il y a donc une inadéquation entre les formations et les
compétences demandées par les employeurs. Cette inadéquation peut être corrigée grâce aux
stages en entreprises qui permettent aux diplômés de se familiariser à la vie de l’entreprise et
d’acquérir des savoirs faire. Cet état de fait est corroboré par la théorie du capital humain
(Schultz (1960) ; Becker (1971)) et par des études récentes (Vernier (1997), Duru Bellat
(1997), Université Jean Monnet de Saint Etienne (1999), Université de Robert Schuman,
Strasbourg (1999), BOUGROUM (2002, 2003), Université Paris Sud 11(2003), Université de
Franche Compte (2006)). Alors que l’importance des stages pour l’insertion n’est plus à
démontrer, on constate, malheureusement, qu’il devient de plus en plus difficile en Côte
d’Ivoire pour les diplômés d’obtenir des stages en entreprise. Pourquoi les diplômés ont –ils
du mal à obtenir des stages en entreprises ? Existe-t-il des contraintes qui empêchent les
entreprises de les accueillir pour des stages ? Quels sont les éléments qui expliquent ces
difficultés ?
L’objectif général de cette étude est de fournir des informations utiles à la prise de
mesures visant à l’insertion des jeunes diplômés dans le système de production en Côte
d’Ivoire. Plus spécifiquement, il s’agit de : (1) identifier les contraintes majeures des
entreprises du secteur moderne privé ; (2) recueillir leurs avis et besoins pour améliorer leur
collaboration dans la qualification de jeunes diplômés, demandeurs de premier emploi.
2.
METHODOLOGIE
Pour mener cette étude, une enquête a été conduite à Abidjan. La base
d’échantillonnage est constituée de 2 995 entreprises. De cette base, 300 entreprises ont été
tirées de manière aléatoire. Compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain, l’échantillon
initial a été réduit à 133 entreprises. L’analyse des données s’est basée sur des techniques de
statistiques descriptives : il s’agit, principalement, de la construction des tableaux croisés et
des calculs de fréquences.
19
3.
RESULTATS
3.1
Le stage de formation : profil recherché, mode de recrutement
et difficultés rencontrées par les entreprises
Le profil du stagiaire
L’analyse des données de l’enquête indique que les stages de formation représentent
72,44% de l’ensemble des postes pourvus par les entreprises. On constate que les entreprises
qui offrent plus de stages de formation opèrent dans les secteurs de la téléphonie (27,61%), du
bâtiment (14,11%), du transport (14,11%), de l’édition et production (5,52%).
Considérant les offres de stages par groupes d’âge on constate que les entreprises
acceptent, en général, des stagiaires appartenant à une certaine tranche d’âge variant de 25 à
35 ans. De plus, ce sont les hommes qui occupent la majorité des postes.
Parmi les candidats retenus, les BTS représentent 58,42%, viennent ensuite les
Ingénieurs (9,47%), puis les BEPC (9,47%) et enfin les MAITRISES (4,21%).
En résumé, on peut retenir que les diplômés qui ont le plus de chance d’obtenir un
stage de formation sont ceux qui ont le profil suivant : jeunes âgés de 25 à 35 ans, de sexe
masculin, ayant un diplôme égal au moins au BTS avec comme spécialité, la comptabilité et
gestion, le commerce et marketing, l’informatique ou le secrétariat.
Les modes de recrutements des stagiaires
L’analyse des données montre, qu’en général, ce sont les stagiaires qui contactent les
entreprises (21,90%). D’autres voies non moins importantes telles que les établissements de
formation (20,88%), les recommandations d’un membre du personnel (15,45%), les
recommandations d’une autorité (15,28%) sont aussi explorées par les entreprises pour
trouver des stagiaires dont elles ont besoin.
Durée des stages, conditions d’exercice et avantages
Dans l’ensemble, on observe que les stagiaires sont accueillis dans l’entreprise pour
une durée variant entre 3 et 6 mois. Les stages sont exercés dans certaines conditions telles
que les déplacements, le travail de nuit. Les stagiaires sont souvent sans protection vis-à-vis
des accidents de travail, soumis à des tâches secondaires et ont souvent des problèmes de
meubles etc. Ils perçoivent une indemnité mensuelle de 50 000 FCFA.
Les difficultés rencontrées par les entreprises
Parmi les lacunes constatées au niveau des stagiaires, on note le manque de culture
d’entreprise, le manque de savoir faire, le niveau de compétence insuffisant, et enfin les
lacunes graves liées au niveau de la formation initiale
20
3.2
Le stage de pré-emploi : profil recherché, mode de recrutement
et difficultés rencontrées par les entreprises
Le profil du stagiaire
On peut retenir que pour les stages de pré-emploi, les compétences sollicitées
concernent la comptabilité et la gestion, le commerce et marketing. Les diplômes les plus
recherchés en stage de pré-emploi sont le BTS et le DUT. Concernant le sexe, on note qu’en
stage de pré- emploi 43% des stagiaires sont des femmes contre 57% d’hommes. Les
stagiaires qui obtiennent les stages ont entre 25 et 35 ans.
En résume, on peut retenir que les entreprises offrent des stages de pré-emploi aux
jeunes hommes et jeunes femmes dont l’âge est compris entre 25 et 35 ans et ayant le niveau
du BTS et du DUT. Les compétences les plus sollicitées sont encore la comptabilité et
gestion, le commerce et marketing.
Les modes de recrutement des stagiaires
Pour recruter les stagiaires en pré- emploi, les entreprises disposent de plusieurs voies.
On note, en effet, que les stagiaires font leurs propres démarches (31,40%). Les autres voies
non négligeables utilisées par les entreprises sont celles des établissements de formation
(14,48%), la recommandation d’une autorité (7,57%) et enfin la recommandation d’un parent
(7,35%).
Durée de stages, conditions d’exercice et les avantages
En général, la durée des stages est de six mois au maximum. La plupart des stagiaires
bénéficient de formation complémentaire et de rémunération. Pour ce qui concerne la
rémunération mensuelle, elle varie entre 30 000 FCFA et 150 000 FCFA. L’exercice des
stages exige souvent des déplacements, et le travail de nuit.
Les difficultés rencontrées par les entreprises
Aux stagiaires, en général, les entreprises reprochent le plus souvent leur manque de
savoir faire, leur manque de culture d’entreprise.et leurs lacunes graves au niveau de la
formation initiale.
4.
Conclusion et recommandation
Les entreprises trouvent que les stages sont très utiles et ont besoin des stagiaires bien
qu’elles leur reprochent certaines lacunes (leur manque de savoirs faire et manque de culture
d’entreprise). Celles qui ont les moyens sont prêtes à les accueillir. Celles qui ont peu de
moyens, par contre, souhaiteraient avoir des réductions d’impôts et des subventions
Se fondant sur les avis des entreprises et les résultats de la présente étude, on peut
suggérer les recommandations suivantes :
21
-
Instituer un partenariat entre les entreprises du secteur moderne et les établissements de
formation en vue d’améliorer l’employabilité des diplômés dont le niveau de formation
initial est jugé insuffisant par les entreprises ;
Inciter financièrement les entreprises, soit par la réduction d’impôts ou suppression
d’impôt sur salaire des stagiaires soit par les subventions ;
Suivre les stagiaires qui seront recrutés par les entreprises pour évaluer l’amélioration de
leur savoir faire, leur adaptabilité en entreprises, leur connaissance de la culture
d’entreprises ;
Prévoir des stages obligatoires en entreprises pour les formations techniques débouchant
sur un emploi ;
Revoir le contenu des formations initiales ;
Apprécier les établissements de formation.
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- Vernier M. (1997) Evaluer les effets des stages pour public en difficultés : réflexion à partir d’une
étude de cas.
22
LES BASSINS D’EMPLOI D’ABIDJAN
Par
GODE BI ZOU Antoine
DESS Economie du Travail et des Ressources Humaines
Conseiller Technique du Directeur Général
de l’Agence d’Etudes et de promotion de l’Emploi (A.G.E.P.E)
1. INTRODUCTION
Pourquoi, est-il important de réaliser à l’heure actuelle une étude sur les bassins
d’emploi en Côte d’Ivoire ?
Plusieurs éléments peuvent permettre de répondre à cette question. D’abord le sujet
traite d’une question importante en ce sens qu’il porte sur la question cruciale de l’emploi en
Côte d’Ivoire. Ensuite, les résultats d’une telle étude à l’échelle locale permettront de mieux
orienter, d’une part les personnes à la recherche d’emploi, et d’autre part, les décisions
politiques notamment celles des décideurs locaux. Enfin, cette étude cadre bien avec la
politique de décentralisation engagée par le Gouvernement et dont un des objectifs essentiels
est de lutter contre la pauvreté. L’emploi constitue en effet un puissant facteur d’amélioration
des conditions de vie des populations. Dès lors, les recherches de solutions pour accroitre le
niveau de l’emploi au plan décentralisé sont très utiles et d’actualité.
L’objectif général de cette étude est d’avoir une meilleure connaissance des bassins
d’emploi en vue de proposer des stratégies et des actions de promotion de l’emploi adaptées
aux spécificités locales. Plus spécifiquement, trois objectifs liés à l’objectif général sont
poursuivis : (1) collecter des informations économiques et sociales dans les bassins d’emploi ;
(2) analyser et suivre l’évolution de l’emploi dans les bassins et (3) déterminer les actions à
conduire pour améliorer la situation de l’emploi dans les bassins.
La présente étude est de type exploratoire, nous faisons un premier essai de description
du bassin d’emploi. Il s’agit de répondre essentiellement aux questions suivantes. Que
recouvre la terminologie de bassin d’emploi ? Quelles sont les outils de classification des
bassins d’emploi rencontrés dans la littérature ? Pourquoi, est-il important de réaliser une
étude sur le bassin d’emploi en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les données qui nous permettent
de caractériser les bassins d’emploi ? Quelles peuvent être les limites actuelles d’une étude
sur les bassins d’emploi en Côte d’Ivoire ?
2. METHODOLOGIE
Ce travail qui est essentiellement de nature méthodologique, s’appuie sur une démarche de
collecte de donnée et une brève présentation des méthodes de construction des bassins
d’emploi.
23
2.1 - Méthode de collecte de données
Les données de cette étude proviennent de trois sources :
1. la première source est l’enquête emploi auprès de 2700 ménages réalisée par l’Agence
d’Etudes et de Promotion de l’Emploi (AGEPE) sur le territoire de la ville d’Abidjan en
2008. Cette enquête a permis d’obtenir des informations relatives aux flux de main
d’œuvre entre Commune de résidence et Commune de travail. Les caractéristiques
sociodémographiques des populations et les localisations des unités de productions
formelles dans lesquelles la population occupée exerce une activité ont été également
fournies par les données de cette enquête emploi auprès des ménages.
2. la deuxième source concerne les données recueillies auprès de la Banque des données
financières (BDF) de l’Institut National de la Statistique (INS). Cette banque de données,
régulièrement mise à jour depuis 2004, comprend au total 3 305 entreprises formelles dont
plus de 90% se concentrent dans la ville d’Abidjan, disposant d’un numéro de compte
contribuable, d’un registre de commerce et déposant chaque année un bilan comptable à
l’INS (la loi fait obligation à chaque entreprise formelle de le faire). Elle fournit des
informations sur l’activité principale des unités de production, leur localisation dans les
Communes et leur taille.
3. la troisième source à caractère administratif comprend les statistiques des Communes
fournies par le District d’Abidjan. En effet, de création récente (Ioi n° 2001-478 du 09
Octobre 2001), le District d'Abidjan est une collectivité territoriale couvrant un périmètre
d'environ 53 kilomètres. Le District d'Abidjan comporte par ailleurs 12.850 ha d'aires
protégées dont 3.750 ha de parc national (Parc national du Banco) et 9.100 ha de forêt
classée (Forêt classée d'Anguededou), représentant environ 6% de la superficie totale du
district.
Tableau 1 : Superficies des Communes d’Abidjan
Communes
Superficie en Km2
Abobo
82
Adjamé
9
Attécoubé
33
Cocody
71
Koumassi
15
Marcory
14
Port-Bouët
69
Treichville
12
Yopougon
119
Total Abidjan Ville
422
Source : Données du District d’Abidjan
Population totale
889 797
127 734
134 101
287 817
236 159
219 676
474 566
298 878
867 742
3 536 469
2.2 - Méthode d’analyse
La méthode d’analyse est articulée en deux étapes. Dans la première étape, nous
faisons un survol des différentes techniques de construction des bassins d’emploi. Dans la
24
deuxième partie, nous retenons dans la panoplie des méthodes, la plus simple que nous
appliquons à des données issues d’une enquête emploi réalisée en 2008.
Mais avant, il serait utile de cerner la terminologie même de la notion de bassin
d’emploi. En effet, la notion de bassin d’emploi correspond à un découpage plus fin des zones
d’emploi. Les zones d’emploi ont été définies en 1983, en France par les Directions
régionales des affaires sociales, du travail et de la solidarité et les Directions régionales de
l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), essentiellement à
partir des déplacements domicile-travail observés lors du recensement de la population de
1982. D’autres variables ont été prises en compte pour que la zone ait une signification
économique, notamment les migrations définitives, la nature de l’activité économique
dominante et l’accès de la population aux grands équipements.
Les bassins d’emploi constituent le résultat d’un découpage du territoire, élaboré à
partir de statistiques de flux : déplacements lieu de résidence-lieu de travail. Ils aboutissent à
une structuration de l’espace géographique, découlant non de l’organisation administrative,
mais de la façon dont le territoire est vécu par la main d’œuvre occupée. Ils sont des zones
presque fermées sur elles-mêmes, à l’intérieur desquelles les navettes domicile-travail sont
très faibles.
Survol des techniques de construction des bassins
Ces différentes méthodes de construction de bassins d’emploi se répartissent
essentiellement en trois groupes. Ce sont : les techniques de classification ascendante
hiérarchique (CAH) ; les techniques de classification selon le saut minimal et la méthode des
Communes attractives.
La méthode de classification ascendante hiérarchique est une méthode développée par
l’INSEE en France et adaptée en Belgique par l’Institut Wallon d’Etudes et de Prospective
Statistique (IWEPS). La démarche analytique de cette méthode a fait l’objet de plusieurs
présentions1 dans les documents de travail internes de cet institut.
Il ressort de ces travaux que la mise en évidence des bassins d'emploi répond à un
processus itératif de classification hiérarchique ascendante. Le découpage du territoire en
bassins d’emploi s’appuie sur deux bases d’information : la première est relative aux flux
entre Commune de résidence et Commune de travail de la population occupée. Ces données
sont obtenues à partir des données du recensement général de la population et de l’habitat. La
seconde base donne les différentes contiguïtés qui existent entre les Communes.
Ces bases de données entrées dans un programme informatique subissent un traitement
automatique sous la contrainte de certains critères notamment les critères de similitude, critère
de contiguïté2 et aussi critère de taille des agrégats formés.
1 De Wasseige Y., Laffut M., Ruyters C., Schleiper P. Bassins d’emploi et régions fonctionnelles –
Méthodologie et définition des bassins d’emploi wallons; Discussion Papers N°0101 ; février 2001
- De Wasseige Y., Laffut M., Ruyters C., Schleiper P., Vanden Dooren L. Bassins d’emploi et régions
fonctionnelles Elaboration d’une typologie socio- économique des bassins d’emploi wallons ; Discussion Papers
N°0203 ; mai 2002
2 Deux communes sont contiguës si elles ont une frontière commune (elles sont limitrophes) ; nous ne tenons
pas compte du réseau de communication.
25
Dans le processus de traitement, l’indicateur d’agrégation des Communes est le taux
de dépendance. A chaque étape du processus, la Commune présentant le taux de dépendance
le plus élevé vis-à-vis d'une autre entité, est rattachée à cette dernière. Suite à cette
agglomération, les taux de dépendance sont recalculés pour l'ensemble des entités restantes.
Et ainsi de suite. Cette méthode de regroupement convient aux pays développés qui
produisent les statistiques mieux élaborées.
En Belgique les travaux conduits par l’IWEPS sur la base de la méthode de la
classification hiérarchique ascendante ont pu identifier trente et un (31) bassins d'emploi
primaires et sept (7) bassins d'emplois majeurs pour l'ensemble du territoire wallon.
La construction de bassins d’emploi à l’aide des techniques de classification selon le
saut minimal se fait grâce à un algorithme. Cette méthode, expérimentée en Algérie, utilise
comme seule base de données les flux intercommunaux de travailleurs obtenus grâce aux
données du recensement général de la population et de l’habitat. Les programmes ont été
écrits par Mohamed Amine HERAOUI et Ryadh ABBAS dans le cadre de leur mémoire de
fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ingénieur en statistique de l’USTHB en 2003.
Toutes les procédures informatiques ont été écrites spécifiquement en langage Visuel FoxPro.
Pour chaque Commune de la zone d’étude, on détermine son taux d'occupés résidant et
travaillant dans cette Commune. La Commune qui a le plus petit taux est fixée et on
détermine les Communes qui lui sont proches.
Après cette étape, l’on calcule l’indice de dissimilarité, qui est l’inverse du taux
d’occupés, entre cette Commune et celles qui lui sont limitrophes et l’on cherche parmi ces
indices celui qui lui est le plus proche (c'est-à-dire celui qui minimise avec lui l’indice de
dissimilarité), et on agrège ces deux en un nouvel élément. Le processus continue jusqu’à
atteindre un seuil qui permet l’arrêt. Dans cette méthode, on associe les Communes qui
présentent entre elles de petites distances.
L’application de la méthode du minimum sur l’ensemble des 1541 Communes de
l’Algérie a donné, et cela après 1394 itérations, 147 bassins d’emploi.
Ces deux méthodes (méthode de la classification hiérarchique ascendante, méthode du
saut minimum) qui sont des programmes informatiques n'ont pas que des avantages. Elles
présentent certaines difficultés. Tout d'abord, leur coût en temps et en volume de calculs les
rend prohibitives dès que le nombre d'éléments à classer augmente. Les difficultés de ces
méthodes ont donné naissance à une autre méthode expérimentée et mise en œuvre par
d’autres auteurs : la méthode des Communes attractives.
Cette méthode a été également expérimentée dans le cadre des travaux de construction
des bassins d’emploi d’Algérie. Elle part du fait que quand on analyse les flux qui existent
entre les Communes, l’on constate qu’il y a une attraction de la main d’œuvre vers un certain
nombre de Communes, nommées les Communes attractives. Leur principale caractéristique
est qu’elles ont plus d’emploi que d’occupés résidents, ce qui fait qu’elles attirent la main
26
d’œuvre d’autres communes. A partir des flux de main d’œuvre entre les Communes, on
calcule un indicateur qui rend compte des relations entre les différentes Communes.
L’algorithme de cette méthode comprend les étapes ci-après. On calcule dans un
premier temps l’indicateur d’attractivité, appelé ratio d’attractivité pour toutes les Communes
de la sphère d’étude. On détermine ainsi les Communes attractives ou répulsives par la
formule du ratio d’attractivité qui est égal au rapport entre le nombre d’occupés résidant dans
chaque Commune et le nombre d’occupés travaillant dans la même Commune.
On fait intervenir le critère de distance en déterminant pour chaque groupe attractif les
Communes qui lui sont contiguës. On calcule les indices de lien entre les groupes attractifs et
leurs contiguïtés, et on agrège à chaque groupe attractif, parmi ses éléments contigus, la
commune qui représente avec lui le niveau de lien le plus élevé. Si une commune maximise le
lien pour deux ou plusieurs groupes attractifs, alors elle sera affectée à celui qui réalise le
maximum de ces liens, et on affecte aux autres les communes qui présentent avec eux les
deuxièmes niveaux de lien les plus importants.
L’application de la méthode des Communes attractives sur l’ensemble des 1541
communes de l’Algérie montre que seules 263 d’entre elles sont excédentaires. Elles
représentent 17% du total des communes, absorbent plus de 53% de l’emploi national et
comptent seulement le tiers de la population occupée. Il ressort également des résultats que les
48 Communes chef-lieu sont toutes attractives et elles représentent plus de 37% de l’emploi
national.
Méthode d’analyse retenue par l’étude
Des trois méthodes présentées, celle de la Commune attractive simplifiée semble
convenir le mieux à la présente étude. En effet, les données dont on dispose permettent de
calculer pour chaque Commune de la ville d’Abidjan le ratio d’attractivité. A partir de cet
indicateur, il est possible de quantifier le niveau d’attraction de la main d’œuvre de chaque
Commune. A ce ratio, il sera associé des informations statistiques concernant la localisation et
l’implantation des unités de production formelles. Dans ces informations, il sera
essentiellement mentionné l’activité principale de ces unités qui servira d’indicateur de
regroupement des unités formelles. C’est à l’aide de ces statistiques qu’on va présenter les
différents bassins d’emploi de la ville d’Abidjan.
Les modèles de construction des bassins d’emploi ont donné lieu à de nombreux
développements d’algorithmes. Il y a ceux qui recourent à une démarche statistique utilisant
les données d’enquêtes sur les déplacements domicile-travail ; il y en a d’autres qui relèvent
d’une approche intuitive ou administrative qualifiée d’approche empirique. C’est cette
dernière approche qui a été suivie dans cette étude. Pour plus de simplicité nous avons opté
pour la délimitation administrative des Communes. Nous avons, en effet, considéré l’espace
géographique et nous avons calculé les ratios d’attractivité.
La formule de ce ratio est un rapport entre la population occupée dans une Commune
donnée et la population occupée résidante dans la même Commune. Si ce ratio est plus grand
que l’unité, il indique que la Commune considérée a plus d’emplois que d’occupés. Alors elle
est dite attractive. Ce qui veut dire qu’elle attire d’autres occupants venant d’autres
Communes. Mais si au contraire le ratio pour une Commune quelconque est inférieur à
l’unité, la Commune est dite répulsive car dans ce cas il y a plus d’occupés que d’emplois.
27
3. RESULTATS
Dans la présentation des résultats, nous allons montrer l’attractivité des Communes,
l’emploi selon les Communes et les activités susceptibles d’y être rencontrées.
3.1 - L’attractivité des Communes
L’analyse de ce ratio nous a permis de constater que toutes les 9 Communes d’Abidjan
sont attractives. Mais avec des niveaux d’attraction différents. A l’aide de ce ratio, il est donc
possible de classer ces Communes. Ainsi, la Commune de Port-bouêt, qui prend également en
compte le quartier portuaire de Vridi, avec un ratio d’attractivité de l’ordre de 1.8, largement
supérieur à l’unité, est la Commune la plus attractive. C’est une Commune où prédominent
des activités pétrolières et portuaires qui entraînent la création d’emplois aussi bien dans le
secteur formel qu’informel.
Dans les autres Communes les plus attractives, on note qu’Adjamé est le centre
commercial des PMI et PME créatrices d’emploi ; Treichville est à proximité de la zone
portuaire qui permet le développement des activités annexes. La Commune de Yopougon est
une zone industrielle de récente création.
Après analyse des différents ratios, l’on peut retenir globalement que la majorité des
Communes de la ville d’Abidjan sont attractives. L’attraction vers la grande métropole semble
expliquer ce phénomène. Abidjan, en tant que capitale économique, attire les travailleurs des
Communes environnantes. A l’intérieur de la ville elle-même les Communes où les grandes
entreprises se sont installées attirent la main d’œuvre plus que les autres Communes.
Tableau 2 : Ratio d’attractivité des Communes d’Abidjan
Commune (i)
Occupés
dans
la Occupés résidant dans la Ratio d’attractivité
Commune (Xi)
Commune (Yi)
Port-bouët
114 838
62 848
1,827234
Adjamé
51 497
28 769
1,790017
Treichville
112 064
62 758
1,785653
Abobo
445 607
257 568
1,730056
Yopougon.
289 515
167 823
1,725121
Marcory
116 522
69 323
1,680856
Koumassi
152 244
91 282
1,667843
Cocody
50 247
30 447
1,650310
Attécoubé
94 100
68 965
1,364460
Total
1 426 634
839 783
Source : Nos calculs effectués à partir des données de l’enquête emploi 2008
3.2 - L’analyse de l’emploi selon les bassins d’Abidjan
L’analyse des données globales des bassins d’emploi et la structure de l’emploi par bassin
donnent les informations ci-dessous.
-
En termes de population occupée, les bassins d’Abobo, de Yopougon et de Marcory sont
les plus importants.
28
-
Le nombre total de chômeurs de la ville d’Abidjan, c’est à dire le nombre de personnes de
15 ans et plus qui, au cours de la période de référence étaient sans emploi, avaient
recherché du travail et étaient disponibles pour travailler, est de 335 128 personnes pour
une population active de 1 575 465 individus. Le taux de chômage en moyenne qui est le
rapport du nombre de chômeurs à la population active (actif occupés et chômeurs) est de
21,3%. Ces chômeurs sont plus concentrés dans les Communes de Treichville et de
Yopougon. Cependant, la question du chômage est, de façon générale, préoccupante
lorsqu’on examine l’ensemble des 9 Communes. En moyenne le taux est au dessus de
18%.
La structure de l’emploi par bassin est étudiée en fonction de la répartition des travailleurs
selon le secteur d’activité, les catégories socioprofessionnelles des travailleurs et les variables
sociodémographiques importantes que sont l’âge, le sexe et le niveau de formation des
travailleurs dans chaque bassin d’emploi.
-
De manière générale, l’emploi informel est dominant dans tous les bassins de la ville
d’Abidjan. Ce caractère dominant est plus remarqué dans les bassins d’Adjamé (89%),
d’Abobo (86%), d’Attecoubé (86%) et Treichville (84%). Ces bassins ont la particularité
de contenir que des PME et des micro entreprises du secteur formel qui permettent le
développement des activités informelles.
-
Les bassins d’emploi qui renferment les grandes entreprises présentent une part
importante d’emploi du secteur formel. Ceci est le cas des bassins de Cocody (28%), de
Yopougon (23%), de Port Bouêt (21%), de Treichville (19%) et Koumassi (18%). Ces
bassins possèdent soit une zone industrielle (Yopougon et Koumassi), soit une zone
portuaire (Port Bouêt), soit sont proches d’une zone portuaire (Treichville).
-
Dans l’exercice des emplois du secteur moderne, les catégories socioprofessionnelles des
travailleurs sont le résultat d’un système de classification qui balise leurs itinéraires et les
classent dans une catégorie professionnelle qui renseigne sur leur compétence, leur niveau
de responsabilité et leurs attributions. Dans ce cas, les classifications professionnelles des
travailleurs permettent de faire la distinction entre emplois d’encadrement et emplois
d’exécution. Les emplois d’exécution concernent généralement les emplois occupés par
les ouvriers, les employés et les manœuvres. Les emplois d’encadrement reviennent quant
à eux aux cadres, aux agents de maîtrise et personnel de direction.
-
Dans le cadre de la présente analyse, comme il est tenu compte des opérateurs du secteur
informel, la catégorisation des actifs intègre les travailleurs ayant le statut de parton, de
travailleurs à son propre compte, d’apprenti et d’aides familiaux. Les résultats montrent
que les personnes travaillant à propre compte sont certes proportionnellement majoritaires
dans tous les bassins d’emploi (43.75%), mais on les rencontre beaucoup plus dans les
bassins d’Adjamé (58,95%), d’Attécoubé (56.47%), d’Abobo (49.93%) et de Treichville
(49.71%). Ces bassins ont la caractéristique essentielle de concentrer les plus fortes
proportions des emplois du secteur informel. Ces statistiques confirment donc que l’une
des conséquences de la crise de l’emploi du secteur moderne est le gonflement du secteur
informel dont les emplois sont peu rémunérateurs et non protégés.
29
-
La forte présence des travailleurs indépendants s’accompagne aussi de la proportion
relativement élevée des apprentis et des aides familiaux dans les bassins d’emploi
concernés.
-
S’agissant, des travailleurs du secteur moderne, le bassin de Cocody présente une
prédominance des travailleurs de la catégorie Cadre (12.81%). Les bassins de Treichville
et de Marcory concentrent quant à eux les employés et les ouvriers qualifiés. Le bassin de
Port bouêt présente la plus grande concentration des travailleurs de la catégorie
manœuvre. Ce constat se justifie par le fait que les travailleurs de cette catégorie habitent
à proximité des unités formelles de la zone portuaire.
-
Dans le bassin d’emploi de Cocody, l’apport des personnes de 14 à 17 ans est le plus petit
(3%) de tous les bassins d’emploi. Ceci s’explique par le fait que dans ce bassin, étant
entendu que le niveau de formation est relativement élevé dans les autres et que les
travailleurs sont plus nombreux dans la catégorie Cadre, les enfants ont plus de chance de
se former avant d’occuper un emploi.
-
La répartition des travailleurs par sexe montre globalement que les hommes sont plus
occupés que les femmes. Mais les différences apparaissent quand on considère les bassins
individuellement. En effet, l’analyse par bassin permet de noter que dans certains bassins
(Marcory et Koumassi) les femmes sont plus présentes dans les emplois que les hommes.
Cet autre constat vient confirmer le fait que les bassins concernés renferment plus
d’emplois précaires qui sont le résultat des petites activités génératrices de revenus
exercées par les femmes.
-
La répartition des travailleurs selon le niveau d’instruction indique que plus d’un tiers
d’entre eux sont illettrés. C’est le groupe le plus important de l’ensemble des travailleurs
de tous les bassins. Cette population de travailleurs illettrés se concentre dans les bassins
d’Attécoubé (40%), de Treichville (39%) et d’Abobo (38%).
-
Le bassin de Cocody présente seul le niveau d’étude le plus élevé dans l’enseignement
supérieur.
Au total, l’on peut noter que le niveau de formation des travailleurs de tous les bassins est
faible puisque plus d’un tiers est illettré. A cause de la forte présence des emplois du secteur
informel, les femmes sont assez présentes dans tous les bassins d’emploi. Les travailleurs des
bassins d’emplois sont concentrés dans la tranche d’âge de 25-à 54 ans, ceci témoigne de la
faible participation des jeunes aux activités de production et de services dans les bassins
d’emploi.
30
3.3 - Caractérisation des bassins d’emploi selon les activités
des entreprises du secteur formel
A l’aide de la base de données de la Banque des données financières de l’INS, les
entreprises formelles ont été regroupées en fonction de leur activité principale et de leur statut.
Le résultat de ce groupement donne la configuration suivante par bassin d’emploi.
La superficie du bassin d’emploi d’Abobo est de 82 Km2. On y trouve majoritairement
les PME et les micro entreprises dont les activités principales concernent essentiellement la
vente au détail, les services de réparation d'articles domestiques, les services d'assainissement,
de voirie et de gestion des déchets et de fabrication des produits destinés à l'agriculture et à
l'élevage.
Le bassin d’emploi d’Adjamé est le plus petit des neuf bassins de la ville d’Abidjan
avec une superficie de 9 km2. Les activités qu’on y rencontre généralement, s’agissant de
celles exercées par les entreprises du secteur moderne, concernent le commerce, la vente et les
services financiers. Les unités formelles sont dominées par les PME avec 60% de l’ensemble
des entreprises que l’on rencontre à Adjamé. On y rencontre également quelques grandes
entreprises avec une proportion de l’ordre de 30%. Les micro entreprises formelles sont de
l’ordre de 10%. Cela peut s’expliquer par une trop grande présence des activités informelles
qui sont similaires et qui concurrencent de ce fait les micro entreprises.
Placé en troisième position en termes de superficie avec une surface de 71Km2, le
bassin de Cocody se caractérise par une forte concentration des unités formelles opérant dans
le domaine des services, principalement les services d’auxiliaires financiers et d’assurance, de
transport, de services fournis principalement aux entreprises, de services informatiques et
connexes, de santé et d’action sociale, de services immobiliers, services d'éducation,
d’hôtellerie et de restauration, etc avec près de 50% des unités formelles que l’on rencontre
sur le bassin. Dans ce bassin, les activités de commerce et autres activités connexes sont
présentes. On y rencontre principalement des activités de ventes en gros et services
d’intermédiaires du commerce de gros et vente au détail et services de réparation d'articles
domestiques.
Le bassin d’Attécoubé a une superficie de 33 km2. Il est caractérisé par une forte
présence d’activités informelles. On n’y rencontre pas de grande entreprise. On y trouve
essentiellement des PME et des micro entreprises dont près de 40% sont concentrées dans les
services d’éducation. Les 2/3 des autres unités que l’on y trouve se répartissent généralement
dans les activités formelles de produits d’industries alimentaires et de boissons et de
production de produits métallurgiques et de pièce de fonderie.
Le bassin de Treichville a une superficie de 12 Km2. Il est marqué essentiellement par
la présence des grandes entreprises, de PME et de micro entreprises dans les activités de
production des produits destinés à l’agriculture et l’alimentation. On y rencontre également la
plus grande brasserie de Côte d’Ivoire. Les activités de vente d’articles d’habillement et
fourrures, de meubles, de produits divers non classés ailleurs, de vente au détail et services de
réparation d'articles domestiques, de ventes en gros et services d’intermédiaires, de commerce
de gros, ventes et services de réparation automobile, de vente de verre, de poteries et
matériaux pour la construction , qui intéressent les entreprises de toutes les tailles, sont
exercées par près de 45% des unités formelles sur le territoire du bassin de Treichville.
31
Ce bassin est aussi marqué par les activités de services. On y rencontre essentiellement
les services d’intermédiation financière, d'auxiliaires de transport, de services fournis
principalement aux entreprises, de Services immobiliers, de services de l’hôtellerie et de la
restauration. Ce groupe de services, exercés surtout par les PME et les micro entreprises,
concernent environ le tiers des entreprises existant sur le territoire du bassin de Treichville.
Comme le bassin de Treichville, le bassin de Marcory est petit en termes de superficie.
Ce bassin contigu à celui de Treichville a une superficie de 15 Km2. On y rencontre des
entreprises intervenant dans la branche d’activité d’électricité, gaz et chaleur (5%). Plus du
tiers (38%) des entreprises se concentrent sur le territoire du bassin de Marcory dans
l’exercice des activités de Services d'éducation, des postes et télécommunications, des
Services fournis principalement aux entreprises, des Services hôtellerie et de restauration,
d’immobiliers, d’informatiques et services connexes, de Services d'auxiliaires de transport, de
santé et d’action sociale.
Installées sur une superficie de 15 Km2, les entreprises opérant sur le territoire du
bassin d’emploi de Koumassi se concentrent principalement dans les activités de production
chimique, de textile, de production d’articles en bois, des articles de maroquinerie, des
ouvrages en métaux, de la plasturgie (environ 37%). On note que c’est dans l’exercice de ces
activités que l’on rencontre les grandes entreprises du bassin d’emploi.
Classé quatrième en termes de superficie selon le découpage administratif de la ville
d’Abidjan, le bassin d’emploi de Port Bouet s’étend sur une superficie de 69 Km2 qui couvre
toute la zone portuaire d’Abidjan. C’est le bassin le plus riche et le plus varié en terme
d’activité. On y trouve les entreprises de fabrication de produits chimiques, d’ouvrages en
métaux ; de produits du travail des métaux, de produits destinés à l'agriculture et à l'élevage.
On y rencontre aussi des unités de production des produits des industries alimentaires et
boissons et les entreprises opérant dans le domaine de fabrication de produits en caoutchouc
ou en matières plastiques Produits textiles.
Les unités de Services d'auxiliaires de transport, de Services fournis principalement
aux entreprises, de Services informatiques et services connexes et autres matériels de
transport sont également présentes. La vente au détail et les services de réparation d'articles
domestiques, les ventes en gros et services d’intermédiaires du commerce de gros, les ventes
et services de réparation automobile sont des activités exercées par certaines grandes
entreprises, des PME et des micro entreprises. De grosses entreprises dans le domaine de
l’Électricité, gaz et chaleur Hydrocarbures naturels existent sur le territoire du bassin d’emploi
de Port Bouet.
Le plus vaste de tous les bassins d’emploi d’Abidjan avec une superficie de 119 Km2,
est celui de Yopougon. On y rencontre des grandes, moyennes et petites entreprises opérant
dans les activités relatives aux cuirs travailles ; articles de voyage ; la fabrication de
chaussures, le travail des ouvrages en métaux ; la chimie, les produits de l'agriculture et de
l'élevage, la production des produits des industries alimentaires et boissons et la plasturgie.
Les activités concernant la vente au détail et en gros, les services d’intermédiaires du
commerce de gros et services de réparation automobile d'articles domestiques sont également
exercées par les unités formelles dans le bassin de Yopougon. D’autres services, notamment
les services d'assainissement, de voirie et de gestion des déchets, les services de santé et
d’action, les services de transports terrestres, les services fournis principalement aux
32
entreprises, les services hôtellerie et de restauration ainsi les services immobiliers Services
informatiques et services connexes sont également présents dans le bassin de Yopougon.
4. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La présente a eu pour principal objectif d’identifier les bassins d’emploi d’Abidjan.
Elle a de ce fait, permis d’avoir une meilleure connaissance des bassins d’emploi de la ville
d’Abidjan.
L’étude qui a adopté l’approche plus simple de construction de bassin a montré que
toutes les Communes d’Abidjan sont attractives. Toutefois, la commune de Port-bouet qui
prend en compte le quartier portuaire de Vridi avec un ratio d’attractivité de l’ordre de 1,8
vient en première position. Vient ensuite la commune d’Adjamé avec un ratio d’attractivité de
l’ordre de 1,79. Dans l’ordre de supériorité d’attractivité, nous pouvons citer également, la
commune de Treichville, celle d’Abobo, celle de Yopougon, celle de Marcory, celle de
Koumassi, celle de cocody et enfin celle d’attécoubé.
L’étude a également permis d’avoir une meilleure connaissance des bassins d’emploi
de la ville d’Abidjan au titre des activités qui s’y déroulent. Grâce aux informations obtenues,
il serait maintenant possible d’orienter les demandeurs d’emploi. Cette orientation tiendrait
compte de leur domaine de compétence professionnel. Ainsi, les travailleurs qui ont un profil
de chimiste, de techniciens en plasturgie, électricité, gaz et chaleur, de travailleur dans le
domaine du bois pourraient être orientés dans les zones de prédilection suivantes : bassin de
Treichville, de Marcory, de Koumassi, de Port Bouêt et de Yopougon.
L’étude comporte cependant des limites qu’il convient de noter. En effet, les données
utilisées ne nous ont pas permis d’avoir toutes les informations souhaitées pour conduire une
analyse détaillée des bassins d’emploi. Il nous a, par exemple, manqué les distances pour
traiter de la question des contiguïtés entre les bassins et aussi des sous bassins.
Pour corriger ces limites, il serait nécessaire d’organiser au plan national une enquête
spécifiquement dédiée à l’étude des bassins d’emploi qui permettrait de saisir toutes les
données nécessaires pour mener de manière efficiente les travaux de construction des bassins
d’emploi.
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