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ƒCOLE DES HAUTES ƒTUDES COMMERCIALES AFFILIƒE Ë LÕUNIVERSITƒ DE MONTRƒAL Le succ•s des entreprises non dominantesÊ: le cas de la Banque Laurentienne du Canada par Jean-Philippe Lapointe Sciences de la gestion MŽmoire prŽsentŽ en vue de lÕobtention du grade de ma”tre •s sciences (M.Sc.) Avril 2002 ã Jean-Philippe Lapointe, 2002 Le prŽsent document a ŽtŽ rŽdigŽ pour satisfaire aux exigences du programme de ma”trise et le contenu nÕengage que son auteur. Les membres du jury nÕendossent pas nŽcessairement lÕapproche et les rŽsultats obtenus. Sommaire Dans le cadre de ce mŽmoire, nous cherchons ˆ mieux comprendre le succ•s des entreprises non dominantes (END). Les END poss•dent une faible part de marchŽ, une taille modeste et des ressources souvent limitŽes par rapport au leader de leur industrie. MalgrŽ les arguments en faveur dÕune forte part de marchŽ, des END rŽussissent ˆ atteindre une profitabilitŽ respectable, parfois m•me supŽrieure ˆ celle dÕentreprises dominantes. La littŽrature en stratŽgie Žtant davantage orientŽe vers la recherche dÕune position de dominance dans le marchŽ et la rŽalitŽ Žtant que tr•s peu dÕentreprises peuvent un jour espŽrer se comparer ˆ Bombardier, BCE ou Alcan, nous croyons fort utile une connaissance accrue des facteurs clŽs de succ•s en situation de non-dominance. Pour cela, nous avons dŽcidŽ dÕŽtudier un cas dÕEND ˆ succ•sÊ: la Banque Laurentienne du Canada (BLC). La BLC est la septi•me banque en importance au Canada derri•re les six grandes banques canadiennes, communŽment appelŽes le Big SixÊ. MalgrŽ le dŽsavantage de sa taille, elle affiche une performance comparable ˆ la moyenne de lÕindustrie. Pour analyser ce cas, nous avons dŽveloppŽ un mod•le thŽorique tirŽ de la littŽrature liŽe ˆ la stratŽgie des END. Le mod•le dŽveloppŽ sÕinspire Žgalement du mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse. Les rŽsultats de lÕŽtude montrent que les END qui rŽussissent le mieux innovent dans leur fa•on de concurrencerÊ: elles concentrent leurs activitŽs, sÕallient avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires, se dŽmarquent par la qualitŽ de leurs produits ou services et organisent un grand nombre dÕactions compŽtitives en peu de temps. Pour supporter leur capacitŽ dÕinnovation, les ENDÊont des dirigeants et des employŽs possŽdant des qualitŽs particuli•res, elles privilŽgient la rentabilitŽ plut™t que la croissance en soi, elles assurent un contr™le serrŽ des cožts, elles mettent en place une structure flexible et peu hiŽrarchisŽe, et elles offrent une rŽmunŽration concurrentielle basŽe sur les rŽsultats. II Remerciements Ce mŽmoire de ma”trise a ŽtŽ rendu possible gr‰ce ˆ la collaboration de plusieurs personnes. JÕaimerais dÕabord remercier mon directeur de recherche, Ta•eb Hafsi, sans qui la rŽalisation de ce mŽmoire nÕaurait pas ŽtŽ aussi agrŽable. Il a su me guider et mÕencourager ˆ travers toutes les Žtapes de ce travail. JÕai apprŽciŽ chacune de nos rencontres; chaque fois, jÕen suis ressorti les idŽes claires et la motivation ˆ fond! Encore merci, Ta•eb. JÕaimerais aussi prendre le temps de remercier la Banque Laurentienne du Canada pour sa collaboration Žnorme ˆ ce travail. Ë toutes les personnes qui ont bien voulu me consacrer un peu de leur temps prŽcieuxÊ: merci beaucoup! Un merci particulier ˆ Robert Landry qui, le premier, a cru en mon projet et mÕa ouvert les portes de la Banque. JÕaimerais souligner la contribution de mes coll•gues de ma”trise qui, par leur appui soutenu, leurs conseils judicieux et leur Žcoute attentive, mÕont permis dÕavancer dans la rŽalisation de ce mŽmoire. Je profite Žgalement de lÕoccasion pour remercier Nicole Pelletier pour son aide lors de la retranscription des entrevues et lors de la mise en page. Enfin, mille mercis ˆ ma compagne, Catherine, qui mÕa ŽtŽ dÕun support indispensable. En plus de participer concr•tement ˆ ce mŽmoire, Catherine a eu la patience, jour et nuit, de mÕŽcouter parler dÕENDÉ Bravo! III Table des mati•res Introduction _____________________________________________________ 1 1re partieÊ: Revue de la littŽrature_____________________________________ 5 1 La dominance _________________________________________________ 5 1.1 La relation entre la part de marchŽ et la profitabilitŽ ______________ 5 1.2 Les avantages et les dŽsavantages des entreprises dominantes_______ 7 1.3 La persistance de la dominance_______________________________ 7 2 La non-dominance______________________________________________ 9 2.1 Les Žvidences empiriques du succ•s des ENDÊ et leurs principales caractŽristiques ___________________________________________ 9 2.2 3 Les stratŽgies des ENDÊet les dimensions de leur compŽtitivitŽ_____ 13 Les institutions financi•res ______________________________________ 24 3.1 LÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ ___________ 24 3.2 Les stratŽgies des institutions financi•res ______________________ 26 3.3 Les dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res _____ 28 4 LÕŽtat des connaissances ________________________________________ 32 2e partieÊ: Cadre thŽorique _________________________________________ 35 1 La profitabilitŽ et la stratŽgie des END ____________________________ 36 2 Les aspects variŽs de la stratŽgie des END _________________________ 37 3 2.1 La stratŽgie comme prolongement du dirigeant _________________ 39 2.2 La stratŽgie comme expression dÕune communautŽ de personne ____ 39 2.3 La stratŽgie comme filon conducteur _________________________ 40 2.4 La stratŽgie comme gestion de la relation entreprise / environnement 41 2.5 La stratŽgie comme construction dÕun avantage concurrentiel______ 43 2.6 La mise en Ïuvre de la stratŽgie : la structure __________________ 44 Le mod•le thŽorique ___________________________________________ 46 IV 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique ________________________________ 48 1 Les Žtapes de la dŽmarche ______________________________________ 49 2 La mŽthode de rechercheÊ: la recherche qualitative __________________ 49 3 La collecte de donnŽes__________________________________________ 51 3.1 Les outils _______________________________________________ 51 3.2 Le terrain _______________________________________________ 53 3.3 Les rŽpondants __________________________________________ 53 4 LÕanalyse de donnŽesÊ: lÕanalyse de cas ____________________________ 54 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes _________________________________ 56 1 LÕindustrie bancaire canadienne _________________________________ 56 1.1 La consolidation _________________________________________ 59 1.2 La technologie___________________________________________ 61 1.3 Les nouveaux concurrents__________________________________ 61 1.4 Le vieillissement de la population ___________________________ 62 1.5 La mondialisation ________________________________________ 63 2 La Banque Laurentienne du Canada______________________________ 64 2.1 Les ŽvŽnements marquants de lÕhistoire rŽcente de la BLC ________ 65 2.2 Les valeurs du dirigeant et des employŽs ______________________ 69 2.3 Le positionnement de la BLC _______________________________ 75 2.4 Le fonctionnement de la BLC_______________________________ 82 2.5 La BLCÊ:Êen conclusion ___________________________________ 99 5e partieÊ: Analyse de donnŽes _____________________________________ 100 1 La discussion des propositions de recherche _______________________ 100 2 La revue des rŽsultats _________________________________________ 115 Conclusion ____________________________________________________ 120 Annexe 1Ê: Guide dÕentrevue ______________________________________ 124 Bibliographie___________________________________________________ 127 V Liste des tableaux Tableau 1 CaractŽristiques des END ________________________________________ 13 Tableau 2 StratŽgies des PME _____________________________________________ 19 Tableau 3 StratŽgies des END _____________________________________________ 23 Tableau 4 Dimensions de la compŽtitivitŽ des END ____________________________ 24 Tableau 5 StratŽgies des institutions financi•res _______________________________ 31 Tableau 6 Dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res _______________ 31 Tableau 7 Aper•u du guide dÕentrevue_______________________________________ 52 Tableau 8 Banques canadiennes de lÕannexe 1 ________________________________ 57 Tableau 9 Aper•u du secteur financier 1991-1997______________________________ 60 Tableau 10 Objectifs stratŽgiques de la BLC 2002 _____________________________ 77 Tableau 11 Positionnement de la BLC comme grossiste _________________________ 78 Tableau 12 Revenus sectoriels 2000-2001 (en millions de dollars) _________________ 89 Tableau 13 ComparaisonÊÊ2001 : BLC, BNC et RBC ___________________________ 101 Tableau 14 Principales forces de la BLC____________________________________ 108 VI Liste des figures Figure 1 Relations et concepts clŽs _________________________________________ 36 Figure 2 Mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse _____________________________________ 38 Figure 3 Mod•le thŽorique _______________________________________________ 47 Figure 4 ƒtapes de la dŽmarche____________________________________________ 50 Figure 5 Revenus dÕintŽr•t nets et autres revenus des six grandes banques___________ 58 Figure 6 Structure organisationnelle de la BLC en 2002 _________________________ 65 Figure 7 ComitŽ de direction de la BLC______________________________________ 98 Figure 8 Facteurs clŽs du succ•s des END __________________________________ 119 VII Liste des sigles et des acronymes BDC Banque de dŽveloppement du Canada BLC Banque Laurentienne du Canada BNC Banque Nationale du Canada CIPA Concours de lÕinformatique et de la productivitŽ pour lÕavenir CRM Customer relationship Management END Entreprise non dominante F&A Fusion et acquisition FDR First Data Resources IFI IntermŽdiaire financier indŽpendant PIMS Profit Impact of Marketing Strategy PME Petite et moyenne entreprise R&D Recherche et dŽveloppement RBC RBC Groupe financier SAI Services aux intermŽdiaires de la BLC SFAE Services financiers aux entreprises de la BLC SFAP Services financiers aux particuliers de la BLC STRATOS Strategic Orientations of Small and Medium-sized Enterprises Introduction [É] small market share is not necessarily a handicap; it can be a significant advantage that enables a company to compete in ways that are unavailable to its larger rivals. (Hamermesh et al., 1978, p. 102) Les chercheurs du champ de la stratŽgie ont pr™nŽ lÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ pour la compŽtitivitŽ des entreprises (Bloom et Kotler, 1975; Hofer, 1975; Buzzell et Gale, 1975; 1987; Hambrick et al., 1982). Les Žtudes du Strategic Planning Institute, basŽes sur la base de donnŽes du Profit Impact of Market Strategy (PIMS), ont dŽmontrŽ lÕinfluence directe de la part de marchŽ sur les bŽnŽfices des entreprises. En dÕautres termes, les entreprises les plus profitables devraient •tre les grandes entreprises qui dominent leur marchŽ. Pourtant, des Žtudes ont rŽvŽlŽ que des entreprises plus petites possŽdant une part de marchŽ plus faible pouvaient •tre aussi profitables (Hamermesh et al., 1978; Woo et Cooper, 1981; 1982). Ces Žtudes contredisent la croyance populaire voulant quÕune entreprise ayant une faible part de marchŽ soit vouŽe ˆ une profitabilitŽ marginale et consŽquemment condamnŽe ˆ accro”tre sa part de marchŽ ou encore ˆ se retirer du marchŽ (Hambrick et al., 1982). Introduction 2 Devant les Žvidences soulevŽes par lÕexistence dÕentreprises non dominantes (END) performantes, Buzzell et Gale (1987) ont affirmŽ que ce nÕŽtait pas le cas de la majoritŽ dÕentre elles. Le but de ce mŽmoire nÕest pas de remettre en question lÕaffirmation de Buzzell et Gale (1987). Comme Hamermesh et al. (1978), nous reconnaissons la prŽsence de nombreux obstacles sur le chemin de la profitabilitŽ des END. Parmi ces obstacles, on retrouve des budgets de R&D limitŽs, des Žconomies dÕŽchelle souvent nŽgligeables, un acc•s restreint ˆ la distribution directe, une faible reconnaissance du public et des consommateurs et des difficultŽs de financement et de recrutement. Toutefois, sÕil est vrai que les END performantes sont peu nombreuses, le raisonnement est aussi valable pour les entreprises dominantes. Since only one competitor enjoys the highest share of any given market, most businesses must face the disadvantage of not having the highest market share.Ê (Hamermesh et al., 1978, p. 96) La littŽrature sur la stratŽgie des END demeure peu dŽveloppŽe comparŽe ˆ celle sur la stratŽgie des entreprises dominantes. Les raisons du succ•s de ces derni•res sont bien connuesÊ: Žconomies dÕŽchelle, expŽrience, pouvoir de marchŽ, reconnaissance de la marque, etc. Ë lÕinverse, nous en savons encore peu sur les raisons qui m•nent au succ•s des END. ƒtant donnŽ leur taille et leurs ressources limitŽes, elles nÕont pas acc•s aux m•mes avantages que les firmes dominantes. Ë ce jour, il nÕexiste pas, dans la littŽrature, de thŽorie compl•te permettant dÕexpliquer le phŽnom•ne. Dans le cadre de ce mŽmoire, nous cherchons, par lÕŽtude dÕun cas ˆ succ•s, la Banque Laurentienne du Canada (BLC), ˆ rŽpondre ˆ la question de recherche suivanteÊ: comment expliquer le succ•s des entreprises non dominantes? En particulier, nous voulons en savoir plus sur les stratŽgies et les dimensions de leur compŽtitivitŽ. Nous espŽrons ainsi inspirer le dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie sur la profitabilitŽ des entreprises en situation de nondominance dans leur marchŽ. Introduction 3 Pour rŽpondre ˆ notre question de recherche, nous avons structurŽ ce mŽmoire en six parties. Dans la premi•re partie, nous faisons une revue de la littŽrature pertinente ˆ la question des END. La revue de la littŽrature se divise en quatre sections principalesÊ: la dominance, la non-dominance, les institutions financi•res et lÕŽtat des connaissances. La derni•re section vise ˆ faire le point sur nos connaissances actuelles en ce qui a trait au succ•s des END. La deuxi•me partie porte sur le cadre thŽorique. Nous exprimons alors les connaissances rŽsumŽes dans la revue de la littŽrature sous la forme de propositions de recherche. Nous avons organisŽ nos propositions de fa•on ˆ couvrir les ŽlŽments connus de la stratŽgie. Pour cela, nous nous sommes inspirŽ du mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse qui offre une classification intŽressante des aspects variŽs de la stratŽgie. La combinaison de ces propositions a menŽ ˆ la construction dÕun mod•le thŽorique utilisŽ pour lÕanalyse des donnŽes du cas de la BLC. Dans la troisi•me partie, nous exposons la mŽthodologie de ce mŽmoire. De mani•re plus prŽcise, nous dŽcrivons les Žtapes de la dŽmarche mŽthodologique, la mŽthode de recherche adoptŽe, ainsi que les processus de collecte de donnŽes et dÕanalyse de donnŽes. La quatri•me partie prŽsente lÕensemble des donnŽes amassŽes lors de la collecte de donnŽes sous la forme dÕun cas. Le cas comprend deux sections : lÕindustrie bancaire canadienne et la Banque Laurentienne du Canada. Le cas a ŽtŽ rŽdigŽ de fa•on ˆ faciliter son analyse ˆ lÕaide du mod•le thŽorique. LÕanalyse de donnŽes constitue la cinqui•me partie. Dans un premier temps, chaque proposition du mod•le thŽorique est analysŽe ˆ la lumi•re des donnŽes du cas. Dans un deuxi•me temps, nous reprenons les principaux rŽsultats de lÕanalyse des propositions de fa•on ˆ mettre en Žvidence les facteurs clŽs du succ•s des END tels quÕillustrŽs dans cette Žtude. Introduction 4 Finalement, en conclusion, nous rŽsumons bri•vement les rŽsultats de ce mŽmoire, nous exposons les principaux apports ˆ la thŽorie ainsi quÕˆ la pratique, nous en expliquons les limites, puis nous suggŽrons des pistes de recherche ˆ explorer lors de travaux futurs. 1re partieÊ: Revue de la littŽrature Dans cette premi•re partie, nous examinons les diffŽrents Žcrits thŽoriques sur la stratŽgie des entreprises en situation de non-dominance. Cela nous permettra dÕabord de mieux comprendre la stratŽgie et les dimensions clŽs de la compŽtitivitŽ de ces entreprises, puis de faire le point sur lÕŽtat des connaissances ˆ ce jour. Nous croyons que lÕŽtude de la non-dominance passe a priori par une comprŽhension de la dominance. Nous commen•ons donc par un survol de la littŽrature sur la dominance. Dans ce dernier cas, nous nÕavons pas cherchŽ ˆ •tre exhaustif, mais plut™t ˆ faire ressortir les points pertinents ˆ notre Žtude. Apr•s un examen plus systŽmatique de la littŽrature sur la stratŽgie des entreprises non dominantes, nous faisons un parall•le avec la littŽrature financi•re. Notamment, nous examinons lÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ pour la profitabilitŽ des institutions financi•res et les stratŽgies et les dimensions de leur compŽtitivitŽ. 1 1.1 La dominance La relation entre la part de marchŽ et la profitabilitŽ Praticiens et thŽoriciens de la stratŽgie ont depuis longtemps reconnu lÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ pour la compŽtitivitŽ des entreprises (Bloom et Kotler, 1975; Hofer, 1975; Buzzell et Gale, 1975; 1987; 1re partieÊ: Revue de littŽrature 6 Hambrick et al., 1982). Les Žtudes du Strategic Planning Institute ont montrŽ la forte relation positive entre la part de marchŽ et la performance des entreprises. Buzzell et Gale (1975), dans une Žtude sur la base de donnŽes du PIMS, ont affirmŽ que la part de marchŽ est un important dŽterminant de la profitabilitŽ des entreprises. Les rŽsultats montrent quÕen moyenne une diffŽrence de 10Ê% dans les parts de marchŽ correspond ˆ une diffŽrence de 5 % dans le bŽnŽfice avant imp™t. Donc, une stratŽgie qui favorise la croissance de la part de marchŽ favorise aussi une plus grande profitabilitŽ. Certains auteurs ont exprimŽ leur dŽsaccord face ˆ une gŽnŽralisation de la relation positive entre la part de marchŽ et la profitabilitŽ. Though this correlation has been substantiated by countless examples, it nevertheless remains a generalization which has been overextended and accepted without careful acknowledgement of its caveats (Woo, 1981, p.7). Dans une Žtude de 2 744 entreprises provenant de la base donnŽes du PIMS, Schwaback (1991) a constatŽ quÕau-delˆ dÕun seuil critique, 65 % ˆ 70Ê%, lÕaugmentation de la part de marchŽ dÕune entreprise am•ne une diminution de sa profitabilitŽ. Bloom et Kotler (1975) ont m•me suggŽrŽ que dans certains cas des entreprises doivent dŽlibŽrŽment poursuivre des stratŽgies visant ˆ rŽduire leur part de marchŽ. Woo (1981) a trouvŽ 41 entreprises (sur un Žchantillon de 112 entreprises dominantes issu de la base de donnŽes du PIMS) qui, malgrŽ une forte part de marchŽ, affichaient un bŽnŽfice avant imp™t infŽrieur ˆ 10 %. DÕautres, parmi les plus citŽs Hamermesh et al. (1978) et Woo et Cooper (1981; 1982), ont montrŽ que dans certains cas, des entreprises ayant une faible part de marchŽ pouvaient •tre aussi profitables sinon plus que leurs rivales de taille plus grande. Nous reviendrons sur le cas de ces entreprises dans la prochaine section. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 1.2 7 Les avantages et les dŽsavantages des entreprises dominantes Plusieurs ont cherchŽ ˆ expliquer les dŽterminants de la relation positive entre la part de marchŽ et la profitabilitŽ. On a associŽ aux firmes dominantes des avantages concurrentiels tels les Žconomies dÕŽchelle, lÕexpŽrience, la reconnaissance de la marque, le pouvoir de marchŽ, lÕacc•s aux rŽseaux de distribution, la qualitŽ du management, etc. (Hambrick et al., 1982; Woo & Cooper, 1981; Buzzell et Gale, 1975, Porter, 1986). Plus prŽcisŽment, les entreprises possŽdant une forte part de marchŽ se distinguent de leurs rivales par des marges bŽnŽficiaires plus ŽlevŽes, des cožts plus faibles, notamment au niveau des achats et du marketing, par des produits de meilleure qualitŽ et par des prix plus ŽlevŽs (Buzzell et Gale, 1975). Cependant, les entreprises qui ont une forte part de marchŽ ont Žgalement des dŽsavantages. En fait, ces entreprises sont souvent la cible premi•re des concurrents actuels et potentiels, des groupes de consommateurs et des autoritŽs gouvernementales (Bloom et Kotler, 1975). De plus, lÕimportance des investissements spŽcialisŽs nŽcessaires ˆ la construction dÕune forte part de marchŽ peut sŽrieusement rŽduire la flexibilitŽ et la rapiditŽ des actions concurrentielles des firmes dominantes. Ces investissements constituent Žgalement des barri•res ˆ la sortie importantes lorsque la firme envisage lÕalternative du retrait (Woo, 1981). 1.3 La persistance de la dominance Selon la thŽorie Žconomique traditionnelle, la dominance, en particulier sa persistance, constitue une anomalie du marchŽ. Les forces du marchŽ sont supposŽes rŽduire la capacitŽ des firmes ˆ maintenir une part de marchŽ et des profits plus ŽlevŽs que la compŽtition. Pour cette raison, le phŽnom•ne a attirŽ lÕattention de plusieurs Žconomistes industriels. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 8 Les investissements rŽalisŽs par les firmes semblent expliquer en grande partie la persistance de la dominance. Shamsie (1991) les classe en deux catŽgoriesÊ: les investissements visant le dŽveloppement et le maintien dÕun avantage concurrentiel et ceux visant ˆ emp•cher lÕaction des concurrents. Scherer (1980) sÕest intŽressŽ particuli•rement au dŽveloppement dÕun avantage sur la base des cožts. Les firmes dominantes investissent dans la recherche et le dŽveloppement (R&D), la production, le marketing et la distribution. Ces investissements contribuent ˆ lÕobtention de brevets, ˆ la rŽalisation dÕŽconomies dÕŽchelle, ˆ lÕŽtablissement dÕune forte rŽputation et ˆ lÕacc•s au marchŽ. Tous ces facteurs participent ˆ la diminution des cožts pour la firme dominante. Porter (1982; 1986) va dans le m•me sens, en mentionnant toutefois la possibilitŽ de construire un avantage concurrentiel sur la base de la diffŽrenciation. La deuxi•me catŽgorie dÕinvestissements est nŽe dÕune contestation de la capacitŽ des firmes ˆ maintenir leur dominance sur la base seule de lÕavantage concurrentiel. Les investissements dÕune firme peuvent aussi •tre faits dans le but dÕemp•cher lÕaction des concurrents en rŽduisant leur marge de manÏuvre. Ces investissements sont dits de prŽemption (Caves, 1984; MacMillan, 1983). Ainsi, la firme dominante prŽserve sa position en investissant de fa•on ˆ rendre moins intŽressante, voire m•me impossible, la poursuite dÕinvestissements semblables par la concurrence. En dÕautres mots, les investissements de la firme dominante Žl•vent le cožt ˆ absorber par la concurrence pour dŽfier sa dominance. Certaines Žcoles de pensŽe, lÕŽcole autrichienne par exemple, ont remis en question la persistance de la dominance et lÕŽquilibre de marchŽ. No leadership position is secure or sustainable per se. In fact, disequilibrium and the inevitable destruction of the competitive status quo through dynamics of new competitor moves by rivals is the sine qua non of competition (Ferrier et al., 1999, p.3) Dans la perspective de lÕŽcole autrichienne, la concurrence est vue comme un processus dynamique. LÕinnovation entrepreneuriale plut™t que la rŽduction des 1re partieÊ: Revue de littŽrature 9 forces concurrentielles est ˆ lÕorigine du profit. Le moteur de lÕinnovation est donc le dŽsir des entrepreneurs de rŽaliser des profits supranormaux. Puisque les compŽtiteurs imitent les stratŽgies les plus profitables, la rŽalisation de profits supranormaux est nŽcessairement temporaire et continuellement menacŽe par de nouvelles innovations. Ainsi, chaque innovation est imitŽe et Žventuellement remplacŽe par une autre. ÇÊThe process of dynamic competition dooms any firm that merely attempts to maintain its present position.ÊÈ (Jacobson, 1992). Dans une Žtude rŽcente, Ferrier et al. (1999) ont montrŽ que les firmes leaders sont plus susceptibles dÕ•tre dŽtr™nŽes lorsque leurs actions compŽtitives sont moins agressives, moins rapides et moins variŽes que celles des firmes challengers. Donc, le renouvellement de la position concurrentielle dÕune entreprise, plus que le maintien du statu quo, contribue au prolongement de la profitabilitŽ. En rŽsumŽ, une forte part de marchŽ nÕimplique pas nŽcessairement une plus grande profitabilitŽ. Plusieurs cas dÕentreprises ont dŽmontrŽ le caract•re non linŽaire de la relation. Les entreprises de grande taille nÕont pas seulement des avantages mais aussi des dŽsavantages. La persistance des firmes dominantes dŽpend principalement de lÕimpact de leurs investissements sur la rivalitŽ dans lÕindustrie et de lÕintensitŽ de leurs actions compŽtitives par rapport ˆ celles des concurrents. En conclusion, les bŽnŽfices et le maintien dÕune position dominante sont difficilement gŽnŽralisables et sont conditionnels ˆ une multitude de facteurs autres que la part de marchŽ. 2 2.1 La non-dominance Les Žvidences empiriques du succ•s des ENDÊ et leurs principales caractŽristiques La littŽrature en stratŽgie propre ˆ la non-dominance est peu abondante. Les END sont petites en termes de part de marchŽ relative et non pas nŽcessairement en termes de taille absolue. Les enseignements de la littŽrature sur les petites et les moyennes entreprises (PME), bien quÕutiles, ne sont donc pas toujours applicables au cas des END. Encore aujourdÕhui, les Žtudes 1re partieÊ: Revue de littŽrature 10 dÕHamermesh, Anderson et Harris (1978) et de Woo et Cooper (1981; 1982) constituent les principaux efforts de comprŽhension de la stratŽgie des END dans la littŽrature. Ces Žtudes prŽsentent des Žvidences empiriques de lÕexistence des END performantes et de leurs particularitŽs. Hamermesh et al. (1978) ont ŽtudiŽ les cas de trois entreprises performantes en situation de non-dominanceÊ: Burroughs Corporation, Crown Cork & Seal Co., Inc. et Union Camp Corporation. Ces entreprises ont toutes une part de marchŽ infŽrieure ˆ la moitiŽ de celle du leader de lÕindustrie et un rendement moyen sur lÕavoir des actionnaires supŽrieur ˆ la mŽdiane de lÕindustrie. Au-delˆ des diffŽrences propres ˆ leur industrie, les auteurs ont cherchŽ ˆ savoir si les stratŽgies de ces entreprises prŽsentaient des similaritŽs. Les rŽsultats montrent que les trois entreprises ont en commun quatre caractŽristiques pouvant expliquer leur succ•s. Premi•rement, elles se positionnent seulement dans des segments de marchŽ o• leurs forces sont le plus valorisŽes et o• les grandes entreprises sont les moins susceptibles de venir concurrencer. Par exemple, Union Camp a rŽussi ˆ devenir un producteur ˆ bas cožts en localisant ses usines ˆ proximitŽ de ses principaux clients. De plus, lÕentreprise concentre ses efforts sur la production dÕune gamme de produits Žtroite destinŽe en grande partie ˆ des transformateurs de produits finis. En vendant ˆ un nombre limitŽ de transformateurs, lÕentreprise est en mesure dÕoffrir un meilleur service. Union Camp a donc segmentŽ son marchŽ par stade de production, service, prix, produits et consommateurs. Deuxi•mement, elles font un usage efficient des budgets de recherche et dŽveloppement (R&D) en concentrant leurs ressources limitŽes lˆ o• les bŽnŽfices espŽrŽs sont les plus importants. Par exemple, Crown, Cork & Seal consacre son budget de R&D ˆ lÕamŽlioration des processus de production dans le but de diminuer ses cožts. De plus, lÕentreprise travaille en Žtroite collaboration avec ses principaux clients et fournisseurs ˆ lÕoccasion de dŽveloppements majeurs. Troisi•mement, elles privilŽgient la profitabilitŽ plut™t que la croissance. Par exemple, Burroughs, qui Žvolue dans un marchŽ en forte croissance, a dŽcidŽ 1re partieÊ: Revue de littŽrature 11 de limiter sa croissance ˆ 15 % par annŽe pour assurer le dŽveloppement adŽquat de ses ressources humaines et de sa structure de gestion. Finalement, les chefs de ces entreprises ont tous ŽtŽ reconnus pour leur influence, leur dŽtermination, leur dynamisme et leur implication dans les activitŽs courantes de lÕentreprise. Dans une Žtude basŽe sur la base de donnŽes du PIMS, Woo et Cooper (1981; 1982) ont identifiŽ 40 entreprises, sur un total de 649, pour lesquelles le rendement sur lÕavoir des actionnaires Žtait dÕau moins 20 % et la part de marchŽ infŽrieure ˆ 20 % des parts de marchŽ cumulŽes des trois plus importants joueurs de leur industrie respective. Les caractŽristiques de ces entreprises ont ŽtŽ comparŽes avec celles dÕentreprises non performantes ayant une faible part de marchŽ et celles dÕentreprises performantes ayant une forte part de marchŽ. En plus dÕ•tre basŽs sur un Žchantillon plus large, les rŽsultats de lÕŽtude de Woo et Cooper (1981; 1982) sont plus prŽcis et moins intuitifs que ceux dÕHamermesh et al. (1978). Les entreprises identifiŽes par Woo et Cooper (1981; 1982) ne sont pas nŽcessairement concentrŽes dans des environnements o• les concurrents importants sont absents. La caractŽristique principale de lÕenvironnement de ces entreprises est la stabilitŽ. Les END prosp•rent davantage dans les marchŽs ˆ maturitŽ que dans les marchŽs en croissance. La compŽtition dans les marchŽs matures est souvent moins fŽroce et les changements dans les produits et les processus moins frŽquents. Il y est donc plus facile de dŽfinir et de protŽger une position concurrentielle. Les produits vendus par les entreprises ˆ succ•s, souvent des composants industriels, sont gŽnŽralement standardisŽs et requi•rent peu de services auxiliaires. LÕentreprise Žvite ainsi les cožts supplŽmentaires associŽs ˆ une offre de produits diffŽrenciŽe et ˆ un service personnalisŽ. De plus, plusieurs de ces produits sont caractŽrisŽs par une frŽquence dÕachat ŽlevŽe et une forte valeur ajoutŽe. Une frŽquence dÕachat ŽlevŽe diminue lÕimportance pour le consommateur de certains avantages liŽs ˆ une forte part de marchŽ comme la reconnaissance de la marque. Une forte valeur ajoutŽe permet ˆ lÕentreprise de 1re partieÊ: Revue de littŽrature 12 dŽgager des marges bŽnŽficiaires importantes et ainsi de se protŽger contre les variations des prix. Les diffŽrences observŽes entre les END performantes et celles moins performantes semblent davantage liŽes ˆ la fa•on de concurrencer quÕˆ la nature de lÕenvironnement. Les END performantes, ˆ la diffŽrence des moins performantes, ne cherchent pas ˆ imiter les stratŽgies des grandes entreprises. Au contraire, elles cherchent ˆ sÕen distinguer en concentrant leurs ressources sur une position concurrentielle choisie et spŽcifique ˆ leurs forces. Dans lÕensemble, les END qui ont le plus de succ•s poursuivent des stratŽgies concurrentielles axŽes sur la qualitŽ des produits et le contr™le des cožts. Par ailleurs, elles limitent les investissements en marketing et en R&D et sont peu intŽgrŽes verticalement. Le tableau 1 rŽsume les principales caractŽristiques des END performantes identifiŽes par Hamermesh, Anderson et Harris (1978) et Woo et Cooper (1981; 1982). 1re partieÊ: Revue de littŽrature 13 Tableau 1 CaractŽristiques des END § Influence, dŽtermination, dynamisme et implication dans les activitŽs courantes de lÕentreprise § ProfitabilitŽ plut™t que croissance § § Investissements limitŽs en R&D et en marketing Concentration des ressources sur la position concurrentielle choisie § § § § § § Environnement stable et en faible croissance Peu de changements dans les produits Produits standardisŽs et peu de services auxiliaires FrŽquence dÕachat des produits ŽlevŽe Segments de marchŽ industriels Absence (Hamermesh et al., 1978) / prŽsence (Woo et Cooper, 1981; 1982) de concurrents importants § Focus sur des segments de marchŽ o• leurs forces sont les plus valorisŽes Importance de la qualitŽ des produits et du contr™le des cožts Faible intŽgration verticale Dirigeant Objectif Ressources Environnement StratŽgie et dimensions de la compŽtitivitŽ 2.2 § § Les stratŽgies des ENDÊet les dimensions de leur compŽtitivitŽÊ Nous avons couvert les Žvidences empiriques du succ•s des END ainsi que leurs principales caractŽristiques. Nous nous concentrons maintenant sur les stratŽgies de ces entreprises et sur les dimensions de leur compŽtitivitŽ. Dans le cadre de notre Žtude, la stratŽgie des END rŽf•re au choix dÕune position concurrentielle (o• concurrencer) et les dimensions de leur compŽtitivitŽ rŽf•rent aux moyens utilisŽs pour dŽvelopper un avantage concurrentiel dans la position concurrentielle choisie (comment concurrencer). 2.2.1 Les stratŽgies des END DÕun point de vue gŽnŽral, le succ•s dÕune entreprise dŽpend de lÕattrait de lÕindustrie o• elle est active et de sa position dans cette industrie (Porter, 1991). Les Žtudes dÕHamermesh et al. (1978) et de Woo et Cooper (1981; 1982) ont confirmŽ lÕimportance de la sŽlection dÕune position concurrentielle pour les END. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 14 La littŽrature recommande gŽnŽralement ˆ ces entreprises de se trouver une niche de marchŽ o• elles peuvent •tre compŽtitives (Porter, 1982; 1986; Buzzell et Gale, 1987; Katz, 1970). La stratŽgie de niche La stratŽgie de niche, ou concentration de lÕactivitŽ, est recommandŽe lorsquÕune entreprise nÕest pas en mesure de dŽvelopper ou de maintenir un avantage concurrentiel sur lÕensemble du marchŽ. Dans ce cas, Porter (1982) sugg•re ˆ lÕentreprise de se concentrer sur un groupe de clients particulier, sur un segment de la gamme de produits ou encore sur un segment gŽographique du marchŽ. Comme Hamermesh et al. (1978), Porter (1986) prŽcise quÕune segmentation originale peut mener ˆ lÕacquisition dÕun avantage concurrentiel. Dans lÕindustrie des tŽlŽcommunications aux ƒtats-Unis, Qwest Communications sÕest positionnŽe avantageusement en devenant le ÇÊtransporteur des transporteursÊÈ. LÕentreprise, en construisant le quatri•me rŽseau de fibre optique en importance au pays, sÕest spŽcialisŽe dans la vente en mode grossiste de capacitŽ de fibre optique ˆ des fournisseurs de communications locales, longues distances et Internet. Dix ans apr•s sa crŽation seulement, Qwest valait pr•s de 8Êmilliards de dollars. La concentration de lÕactivitŽ peut •tre basŽe sur les cožts ou sur la diffŽrenciation. En gŽnŽral, les entreprises qui poursuivent une stratŽgie de concentration peuvent •tre aussi profitables que leurs rivales ˆ cible plus grande. Cependant, une telle stratŽgie implique nŽcessairement un arbitrage entre la profitabilitŽ et la part de marchŽ ˆ laquelle une entreprise peut prŽtendre. Les dirigeants de Crown Cork & Seal ont dŽcidŽ de se retirer dÕun segment de marchŽ o• lÕentreprise possŽdait 50 % des parts de marchŽ pour se concentrer sur dÕautres segments plus profitables (Hamermesh et al., 1978). Le succ•s peut conduire une firme qui a concentrŽ son activitŽ ˆ perdre de vue les raisons de sa rŽussite et ˆ compromettre sa stratŽgie de base au nom de la croissance.Ê(Porter, 1986, p. 30) 1re partieÊ: Revue de littŽrature 15 La rŽussite dÕune stratŽgie de niche dŽpend non seulement de la capacitŽ de la firme ˆ dŽvelopper et ˆ maintenir un avantage concurrentiel dans le segment de marchŽ choisi, mais aussi de lÕattrait de ce segment. Plusieurs facteurs influencent lÕattrait dÕun segment dont la dimension, la croissance, la structure, et la position de la firme (Porter, 1982). Selon Porter (1982), les industries fragmentŽes sont les plus favorables ˆ la poursuite dÕune stratŽgie de concentration. Ces industries sont caractŽrisŽes par des barri•res ˆ lÕentrŽe peu ŽlevŽes et par lÕabsence de joueur dominant et dÕŽconomie dÕŽchelle. Ë lÕinverse, Carroll (1984) a montrŽ que des ÇÊspŽcialistes extr•mesÊÈ peuvent rŽussir dans des industries tr•s concentrŽes. La concentration de lÕindustrie am•ne souvent la standardisation de lÕoffre des concurrents dominants et ainsi la crŽation dÕopportunitŽs pour des entreprises spŽcialisŽes. Ë la fin des annŽes 1980, lÕindustrie du plastique aux ƒtats-Unis Žtait dominŽe par des producteurs de masse comme GE Plastics, Du Pont et Monsanto. Dans un tel environnement, Akzo Engineering Plastics, un joueur de taille plus modeste, est parvenu ˆ augmenter ses ventes de 14 % en moins dÕune annŽe. LÕentreprise avait alors pris la dŽcision de dŽlaisser les segments de marchŽ de masse pour se lancer dans la production de produits spŽcialisŽs ˆ fortes marges bŽnŽficiaires (Gottliebsen, 1989). Dean et al. (1998) ont affirmŽ que les industries concentrŽes (Carroll, 1984) en forte croissance et o• les produits sont diffŽrenciŽs favorisent la formation dÕentreprises de plus petite taille. Selon Dean et al. (1998), une forte croissance valorise la vitesse (Chen et Hambrick, 1995; Katz, 1970) et la flexibilitŽ (Fiegenbaum et Karnani, 1991) propres aux petites entreprises. Les produits diffŽrenciŽs, pour leur part, accroissent les opportunitŽs de niche pour ces entreprises. Ces rŽsultats diff•rent en partie de ceux de Woo et Cooper (1981; 1982) rŽsumŽs au tableau 1. Les diffŽrences observŽes, notamment par rapport ˆ la croissance de lÕindustrie et ˆ la diffŽrenciation des produits, peuvent •tre attribuŽes aux territoires ŽtudiŽs. Woo et Cooper (1981; 1982) ont ŽtudiŽ les 1re partieÊ: Revue de littŽrature 16 conditions du succ•s dÕEND Žtablies, en lÕoccurrence des divisions de grandes entreprises diversifiŽes, alors que Dean et al. (1998) ont ŽtudiŽ les conditions de formation de petites entreprises. Les opportunitŽs de niche peuvent Žgalement •tre attribuables ˆ une discontinuitŽ dans lÕenvironnement de lÕindustrie (Swaminathan, 1998). Dans ce cas, des facteurs exog•nes ˆ la structure de lÕindustrie, comme des changements dans les prŽfŽrences des consommateurs, dans la technologie utilisŽe ou dans la rŽglementation, crŽent une demande non satisfaite pour de nouveaux produits ou services. Le succ•s de Charles Schwab, un leader dans le courtage ˆ escompte aux ƒtat-Unis, repose en grande partie sur la reconnaissance de certains changements clŽs dans lÕenvironnement de son industrieÊ: lÕabolition des commissions fixes sur les transactions en 1975 par la Security and Exchange Commission, les connaissances en investissement et lÕautonomie accrues des investisseurs et le dŽveloppement des technologies de lÕinformation (Evans et Wurster, 2000). La compŽtition directe De mani•re implicite, nous avons prŽsumŽ que les END se positionnent dans des niches o• les concurrents importants sont absents. Cependant, certains ont remis en question la recommandation traditionnelle voulant que les petites entreprises Žvitent la compŽtition directe avec les plus grandes (Katz, 1970). Woo et Cooper (1986) ont affirmŽ que le choix dÕune niche nÕimplique pas nŽcessairement lÕabsence de concurrents importants. Les auteurs prŽcisent que dans certaines conditions, les entreprises plus petites peuvent concurrencer directement avec leurs rivales plus grandes. Nous rŽsumons ici ces conditions. LÕindustrie doit dÕabord prŽsenter une opportunitŽ dÕentrŽe pour lÕentreprise. Pour cela, des changements dans lÕenvironnement de lÕindustrie (Swaminathan, 1998) ou des possibilitŽs de diffŽrenciation (Dean et al., 1998) sont nŽcessaires. Si les produits et services sont peu diffŽrenciŽs, des opportunitŽs peuvent exister dans la distribution ou dans la technologie de production. Dell 1re partieÊ: Revue de littŽrature 17 Computer, un manufacturier dÕordinateurs personnels, est parvenu ˆ se dŽmarquer de concurrents importants comme IBM et Compact en saisissant lÕopportunitŽ de vendre directement au consommateur final par tŽlŽphone ou par Internet. En 1998, quelques annŽes apr•s sa fondation en 1984, Dell gŽnŽrait des ventes de 16,8Êmilliards de dollars (Slywotzky et al., 1999). DÕautres conditions pour la compŽtition directe concernent lÕentreprise en soi. Une entreprise qui dŽsire entrer en compŽtition directe avec le leader dÕune industrie doit innover dans sa fa•on de concurrencer. Porter (1986) a soulignŽ lÕimportance de ne pas attaquer le leader de front avec une stratŽgie dÕimitation. Nucor, une mini-fonderie amŽricaine, est parvenue ˆ concurrencer les grosses aciŽries intŽgrŽes en dŽveloppant un nouveau procŽdŽ de fabrication. LÕentreprise a non seulement rŽussi ˆ produire des feuilles dÕacier, ce quÕaucune autre minifonderie nÕŽtait arrivŽe ˆ faire auparavant, mais Žgalement ˆ les produire ˆ plus faibles cožts que ses rivales de taille plus grande. En consŽquence, Nucor est devenue en 1997 le quatri•me producteur de feuilles dÕacier aux ƒtats-Unis (Hafsi et al., 2000). LÕentreprise doit aussi possŽder les ressources financi•res et managŽriales suffisantes pour supporter sa stratŽgie. LÕexpŽrimentation dÕune nouvelle stratŽgie nŽcessite lÕadaptation ˆ la rŽtroaction du marchŽ et aux rŽponses des concurrents. LÕentreprise a donc besoin de temps et de capital pour rester dans la course. De plus, la direction de lÕentreprise doit susciter lÕengagement de son personnel dans la nouvelle stratŽgie et, pour cela, requiert un fort leadership (Hamermesh et al., 1978). Finalement, la prŽsence de barri•res ˆ la rŽponse des concurrents est une condition primordiale ˆ la compŽtition directe (Porter, 1986; Buzzell et Gale, 1987). Les barri•res ˆ la rŽponse peuvent •tre multiplesÊ: cannibalisation des produits, cožts fixes de production ŽlevŽs, inertie de la structure organisationnelle, attachement ˆ la culture dÕentreprise, etc. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 18 The vulnerability of market leaders to market-share erosion suggests how smaller competitors can often grow: by innovating in precisely those ways that the leader would be most reluctant to do or would find most costly or disruptive to match.Ê(Buzzell et Gale, 1987, p. 190) Les alternatives Lee et al. (1999) se sont intŽressŽs aux stratŽgies des PME, souvent dŽsavantagŽes par leurs ressources limitŽes. Plus particuli•rement, ils se sont interrogŽs sur lÕexistence de stratŽgies alternatives ˆ la stratŽgie de niche. Comme Woo et Cooper (1986), ils prennent en considŽration les actions des grandes entreprises. Cependant, les auteurs nÕattribuent pas la rŽaction favorable des grandes entreprises ˆ la prŽsence de barri•res ˆ la rŽponse, mais ˆ une dŽcision rationnelle de leur part. La grande entreprise laisse dŽlibŽrŽment entrer les PME dans son marchŽ parce quÕelle consid•re lÕaccommodation moins cožteuse que la contre-attaque. La contre-attaque peut entra”ner une baisse des prix non seulement dans les niches occupŽes par les PME, mais aussi dans les autres segments de marchŽ o• la grande entreprise distribue des produits ou des services substituts. Les PME qui dŽsirent rŽussir leur stratŽgie de niche devraient donc se concentrer sur des produits substituts et non compl•tement diffŽrents de ceux de la concurrence. Ë la limite, une PME pourrait avoir des produits identiques ˆ ceux de la grande entreprise. Elle adopterait alors un comportement de resquilleur. Par exemple, une PME pourrait profiter des efforts de dŽveloppement de marchŽ des grandes entreprises sans pour autant en partager les frais. Dans ce cas, elle pourrait m•me, compte tenu des Žconomies rŽalisŽes, offrir ses produits ˆ des prix infŽrieurs ˆ ceux des grandes entreprises. NŽanmoins, dans certaines circonstances, la grande entreprise peut dŽcider de rŽpondre agressivement aux nouveaux entrants. Dans ce cas, Lee et al. (1999) proposent que les PME signalent leur dŽtermination ˆ demeurer dans le marchŽ. Pour assurer leur crŽdibilitŽ et combler le dŽsavantage de leurs ressources limitŽes, les PME devraient alors sÕengager dans des alliances stratŽgiques. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 19 Le tableau 2 rŽsume les principales stratŽgies des PME identifiŽes par Lee et al. (1999). Tableau 2 StratŽgies des PME RŽponse des grandes entreprises StratŽgies des PME Produits / services offerts 2.2.2 Accommodantes Identiques Resquillage Substituts Niche Agressives Alliances stratŽgiques Les dimensions de la compŽtitivitŽ des END Le succ•s dÕune entreprise attribuable ˆ sa stratŽgie dŽpend de la possession dÕun avantage concurrentiel vis-ˆ-vis de la concurrence. Porter (1982) identifie deux types fondamentaux dÕavantage concurrentielÊ: la domination par les cožts et la diffŽrenciation. Plusieurs dimensions de la compŽtitivitŽ des entreprises peuvent contribuer au dŽveloppement de lÕun ou lÕautre de ces avantages concurrentiels. Dans la littŽrature, la qualitŽ des produits, le contr™le des cožts, la flexibilitŽ de production, lÕintensitŽ, la rapiditŽ et la discrŽtion des actions compŽtitives et le diamant virtuel ont ŽtŽ associŽes ˆ la compŽtitivitŽ des END. La qualitŽ des produits La qualitŽ a souvent ŽtŽ citŽe comme facteur de succ•s des END (Woo et Cooper, 1981; 1982, Bamberger, 1989; Rhys, 1989; Buzzell et Gale, 1987). Les END identifiŽes par Woo et Cooper (1981; 1982) sont parvenues ˆ se dŽmarquer de la concurrence en offrant des produits de meilleure qualitŽ. La qualitŽ de leurs produits leur a permis de se diffŽrencier dans des segments industriels o• la performance et la fiabilitŽ supŽrieure sont hautement valorisŽes. Dans le cadre du projet de recherche STRATOS (Strategic Orientations of Small and Medium-sized Enterprises), la qualitŽ a ŽtŽ identifiŽe par les dirigeants de PME interviewŽs comme le facteur le plus important pour la construction dÕun avantage 1re partieÊ: Revue de littŽrature 20 concurrentiel (Bamberger, 1989). Rhys (1989) sÕest intŽressŽ ˆ la survie des petits et moyens producteurs dans lÕindustrie automobile anglaise. Plusieurs de ces producteurs ont mis lÕemphase sur la promotion de la qualitŽ pour compenser le dŽsavantage de leur taille et justifier la prime chargŽe aux consommateurs. Dans ce cas, les ressources et les compŽtences marketing de lÕorganisation sont intimement liŽes au succ•s de sa stratŽgie. Le contr™le des cožts Les END accordent aussi une importance considŽrable au contr™le des cožts. Hamermesh et al. (1978) ont mentionnŽ lÕimportance pour les END de faire un usage efficient des investissements en R&D. Les petits et moyens producteurs automobiles anglais ont cherchŽ ˆ rŽduire lÕŽcart dans les cožts de production avec les producteurs de masse; ils se sont concentrŽs sur une gamme de produits Žtroite, ils ont limitŽ les changements de mod•le et ils ont eu recours ˆ la sous-traitance (Rhys, 1989). Woo et Cooper (1981; 1982) ont montrŽ que des END, en limitant leur gamme de produits et leurs dŽpenses en marketing et en R&D, sont parvenues ˆ produire ˆ plus faibles cožts que la concurrence. Les exemples de Union Camp et de Nucor, mentionnŽs prŽcŽdemment, constituent dÕautres cas dÕEND qui ont rŽussi ˆ acquŽrir un avantage concurrentiel par les cožts. La flexibilitŽ de production Fiegenbaum et Karnani (1991) ont montrŽ que dans des industries instables, ˆ haute intensitŽ en capital et o• les possibilitŽs de diffŽrenciation sont limitŽes, la flexibilitŽ de production peut contribuer ˆ la compŽtitivitŽ des END. En raison de cožts fixes moins ŽlevŽs que leurs rivales plus grandes, les entreprises plus petites subissent une pŽnalitŽ moins importante lors de variations de la demande. Leurs cožts fixes moins ŽlevŽs sont attribuables ˆ une utilisation plus intense de facteurs de production variables, comme la main-dÕÏuvre, et ˆ une intŽgration verticale moins poussŽe. Ainsi, dans les industries identifiŽes par 1re partieÊ: Revue de littŽrature 21 Fiegenbaum et Karnani (1991), la flexibilitŽ de production permet aux entreprises plus petites de concurrencer avec les plus grandes. LÕintensitŽ, la rapiditŽ et la discrŽtion des actions compŽtitives Plusieurs ont mentionnŽ le caract•re dynamique de la compŽtition (Chen et Hambrick, 1995; Ferrier et al., 1999; Jacobson, 1992; Young et al., 1996; Porter, 1986). ÇÊ[É] une firme doit chercher ˆ •tre une cible mouvante pour ses concurrents, en investissant de fa•on ˆ amŽliorer sans cesse sa position.ÊÈ (Porter, 1986, p. 34). Chen et Hambrick (1995) ont ŽtudiŽ les diffŽrences dans les actions compŽtitives des petites et des grandes entreprises dans lÕindustrie aŽrienne amŽricaine. Les auteurs dŽfinissent une action compŽtitive de la fa•on suivanteÊ: [É] specific and detectable competitive move initiated by a firm, such as introducing a new product or entering a new market, that may lead to the firmÕs acquiring its rivalsÕ market shares or reducing their anticipated returns. (Chen et Hambrick, 1995, p. 456) Les actions compŽtitives permettent non seulement le renouvellement de la position concurrentielle (Ferrier et al., 1999), mais Žgalement lÕacquisition dÕactifs organisationnels sous la forme de rŽpertoires dÕactions, de routines et de connaissances (Young et al., 1996). Les rŽsultats de Chen et Hambrick (1995) montrent que les petites entreprises ont une propension plus grande ˆ initier des actions compŽtitives, quÕelles sont plus rapides (Katz, 1970) et gŽnŽralement plus discr•tes (Katz, 1970) dans lÕexŽcution de ces actions que leurs rivales plus grandes. La propension ou lÕintensitŽ des actions compŽtitives des petites firmes peut sÕexpliquer par leur motivation constante ˆ rechercher des opportunitŽs dans le marchŽ pour survivre et prospŽrer. Leur rapiditŽ dÕaction peut •tre attribuŽe ˆ la simplicitŽ de la structure organisationnelle (Mintzberg, 1979), ˆ la flexibilitŽ de production (Fiegenbaum et Karnani, 1991) et ˆ lÕŽtroitesse du domaine dÕactivitŽ (Hambrick et al., 1982). Enfin, la discrŽtion de leurs actions peut •tre considŽrŽe comme un moyen de retarder la riposte des concurrents dans le marchŽ et ainsi de se donner un dŽlai pour b‰tir un avantage concurrentiel (Katz, 1970). 1re partieÊ: Revue de littŽrature 22 Le diamant virtuel Le diamant virtuel (Demers et Hafsi, 1993) est une fa•on de penser la stratŽgie dÕune entreprise lorsquÕelle se trouve en situation de compŽtition internationale. Le diamant virtuel est une alternative au diamant formel de Porter (1990) selon lequel la base nationale dÕune entreprise dŽtermine sa compŽtitivitŽ ˆ lÕinternational. Le principe sous-jacent au diamant formel est lÕintŽgration. LÕavantage concurrentiel vient dÕune coordination serrŽe entre les composantes du diamant, qui sont la demande, les facteurs de production, la structure de lÕindustrie et les stratŽgies des entreprises, et les industries de soutien et complŽmentaires. LÕapproche du diamant formel sÕapplique surtout ˆ des entreprises ou ˆ des industries dominantes. Elle nÕexplique pas, par exemple, le succ•s dÕentreprises plus petites qui nÕoccupent pas une position centrale dans leur industrie ou qui nÕŽvoluent pas dans des industries locales fortes. Ces entreprises ne gardent souvent dans leur pays dÕorigine que quelques activitŽs jugŽes essentielles, les autres Žtant externalisŽes ou laissŽes en sous-traitance. Le diamant virtuel, soit la construction dÕun avantage concurrentiel en sÕaccrochant ˆ plusieurs diamants nationaux, apporte une explication plus appropriŽe du succ•s de ces entreprises. Dans le cas du diamant virtuel, le principe sous-jacent nÕest plus lÕintŽgration, mais la flexibilitŽ. Les entreprises locales doivent comprendre la logique concurrentielle internationale de leur secteur dÕactivitŽ et, notamment, dŽcouvrir les diamants formels les plus forts, puis dŽvelopper la capacitŽ dÕacquŽrir par alliance, par segmentation plus fine, par diffŽrenciation judicieuse, des avantages basŽs sur ces diamants nationaux.Ê (Hafsi et al., 2000, p. 548) Par exemple, les petites sociŽtŽs dans lÕindustrie du v•tement au Canada vont chercher leur design pour leurs produits ˆ diffŽrents endroits dans le monde, localisent leur production aux endroits les plus profitables et vendent dans les marchŽs les plus prometteurs. La sociŽtŽ Peerless Clothing, devenue le plus grand exportateur canadien de costumes de qualitŽ pour homme vers les ƒtats-Unis, est un exemple de rŽussite dans cette industrie (Hafsi et al., 2000). 1re partieÊ: Revue de littŽrature 23 Les tableaux 3 et 4 rŽsument les principales stratŽgies et dimensions de la compŽtitivitŽ des END. Tableau 3 StratŽgies des END § Description § § § Niche Conditions § Conditions Idem ˆ la stratŽgie de niche, sauf que le choix dÕune niche nÕimplique pas nŽcessairement lÕabsence de concurrent important § OpportunitŽs dans lÕindustrie (changements, possibilitŽs de diffŽrenciation ou produits substituts) Fa•on de concurrencer innovatrice Ressources pour supporter la stratŽgie dÕentreprise Personnel engagŽ dans la nouvelle stratŽgie et fort leadership de la direction Barri•res ˆ la rŽponse des concurrents § § § § Description § § Produits identiques ˆ ceux de la concurrence LÕentreprise profite des efforts de dŽveloppement de marchŽ des grandes entreprises § RŽponse accommodante des grandes entreprises § Signal de lÕintention de lÕentreprise de rester dans le marchŽ en sÕassociant avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires (crŽdibilitŽ et ressources) § RŽponse agressive des grandes entreprises Resquillage Conditions Alliances stratŽgiques Description Conditions Absence de concurrent important DŽveloppement possible dÕun avantage concurrentiel dans la niche choisie Segment attrayantÊ(dimension, croissance, structure, opportunitŽ de niche, position de la firme) § Description CompŽtition directe Concentration sur un groupe de clients particulier, sur un segment de la gamme de produits ou sur un segment gŽographique Avantage concurrentiel possible par les cožts ou par la diffŽrenciation 1re partieÊ: Revue de littŽrature 24 Tableau 4 Dimensions de la compŽtitivitŽ des END § § QualitŽ des produits § § Contr™le des cožts § § § § FlexibilitŽ de la production § § IntensitŽ, rapiditŽ et discrŽtion des actions compŽtitives § § § § Diamant virtuel § § 3 3.1 DiffŽrenciation par la qualitŽ des produits Segments de marchŽ o• la qualitŽ des produits ou des services est valorisŽe Ressources et compŽtences marketing importantes (surtout pour produits aux particuliers) RŽduction de lÕŽcart avec les concurrents ˆ bas cožts ou avantage concurrentiel par les cožts Gamme de produits Žtroite Sous-traitance Investissements en R&D et en marketing limitŽs Concurrence avec les grandes entreprises sur la base des cožts (cožts fixes moins ŽlevŽs) Industrie instable, ˆ haute intensitŽ en capital et o• les possibilitŽs de diffŽrenciation sont limitŽes Renouvellement ou amŽlioration de la position concurrentielle Acquisition dÕactifs organisationnels (rŽpertoire dÕactions, routines et connaissances) Actions compŽtitives intenses, rapides et discr•tes Situation de compŽtition internationale Diminution de lÕimportance accordŽe ˆ la base nationale Avantages concurrentiels basŽs sur lÕexploitation des diamants formels nationaux les plus forts FlexibilitŽ plut™t quÕintŽgration Les institutions financi•res LÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ Les nombreux dŽveloppements dans les technologies, les innovations financi•res et la modification de la rŽglementation ont profondŽment changŽ la nature de la compŽtition dans lÕindustrie des services financiers au cours des derni•res annŽes. La standardisation de certains produits offerts par les banques et la diminution des cožts de transaction pour ces produits ont augmentŽ lÕattrait des marchŽs et des nouveaux intermŽdiaires financiers (fonds de pension, fonds 1re partieÊ: Revue de littŽrature 25 communs de placement, etc.) (Allen et Santomero, 1998). En rŽponse ˆ un environnement de plus en plus compŽtitif et ˆ une lŽgislation plus laxiste, les banques ont cherchŽ ˆ diversifier leurs activitŽs, tant sur le plan gŽographique que sur le plan de la gamme de produits. Les stratŽgies dÕexpansion se sont traduites par une vague de fusions et dÕacquisitions (F&A) dans lÕindustrie des services financiers. Aux ƒtats-Unis, entre 1980 et 1998, pr•s de 8Ê000 F&A ont eu lieu (Rhoades, 2000). La consolidation dans lÕindustrie des services financiers est en grande partie motivŽe par la croyance voulant que les F&A, et consŽquemment lÕaugmentation de la taille, m•nent ˆ la rŽalisation dÕŽconomies dÕŽchelle et de gamme. La fusion des deux gŽants amŽricains Citicorp et Travelers Group en 1998 illustre cette croyance. LÕentitŽ rŽsultante, avec plus de 700 milliards de dollars amŽricains en actif, op•re dans plus de 100 pays et offre une gamme de services financiers diversifiŽe (Berger et al., 1999). La thŽorie est plus nuancŽe que la pratique quant ˆ lÕimportance de la taille et dÕune forte part de marchŽ pour la compŽtitivitŽ des institutions financi•res. Plusieurs ont qualifiŽ dÕillusoires les gains par rapport aux cožts rŽsultant dÕune augmentation de la taille (Berger, 2000; Freedman et Goodlet, 1997; Santomero et Eckles, 2000). Une des principales raisons ŽvoquŽes est que les Žconomies sont souvent annulŽes par les dŽsŽconomies liŽes ˆ la complexitŽ des grandes firmes. En revanche, les gains par rapport aux revenus sont gŽnŽralement supŽrieurs ˆ ceux par rapport aux cožts. Dans une rŽcente Žtude, Berger et Mester (1999) ont tentŽ dÕexpliquer lÕamŽlioration de la performance des banques entre 1991 et 1997 en utilisant les concepts de lÕefficience opŽrationnelle. Au cours de cette pŽriode, lÕefficience par rapport aux cožts a diminuŽ alors que celle par rapport aux profits a augmentŽ. Ce rŽsultat sÕexplique principalement par lÕaugmentation des revenus, supŽrieure ˆ celle des cožts, gŽnŽrŽe par la diversification des activitŽs des banques amŽricaines. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 3.2 26 Les stratŽgies des institutions financi•res Les stratŽgies des institutions financi•res peuvent •tre regroupŽes en deux principales catŽgories : les stratŽgies de diversification et les stratŽgies de spŽcialisation (Berger et al., 1999; Ferrary, 1997). La dŽrŽglementation dans lÕindustrie des services financiers a permis ˆ plusieurs entreprises de poursuivre des stratŽgies de diversification. Les stratŽgies de diversification consistent en un Žlargissement de la gamme de produits et services financiers afin dÕapporter une rŽponse globale, one-stop shopping, aux besoins des consommateurs. En dÕautres mots, les institutions diversifiŽes cherchent ˆ sÕaccaparer une part croissante du portefeuille financier du client (Frei et al., 1997). Dans ce cas, lÕavantage concurrentiel de la firme rŽside dans la globalisation de lÕoffre (Ferrary, 1997). En opŽrant et en possŽdant plusieurs lignes dÕaffaires distinctes, lÕinstitution financi•re peut aussi accro”tre sa valeur en tirant profit dÕŽconomies de gamme (Berger et al., 1999). Plusieurs autres avantages ont ŽtŽ associŽs ˆ la diversification des activitŽs dans la littŽrature financi•reÊ: la crŽation dÕun marchŽ interne des capitaux (Berger et al., 1999); la diversification du risque (Demsetz et Strahan, 1997); et la rŽalisation de revenus autres que dÕintŽr•t ou de commission (Allen et Santomero, 1998; Ferrary, 1997). Dans une Žtude sur lÕindustrie amŽricaine de lÕassurance, Berger et al. (1999) ont trouvŽ que les entreprises diversifiŽes sont gŽnŽralement de grande taille, concentrŽes dans les segments aux consommateurs, verticalement intŽgrŽes dans leur distribution et efficientes dans la production jointe de plusieurs produits. MalgrŽ les opportunitŽs croissantes de diversification des activitŽs dans lÕindustrie des services financiers, des entreprises spŽcialisŽes coexistent et concurrencent avec les entreprises diversifiŽes (Berger et al., 1999). Les entreprises qui poursuivent des stratŽgies de spŽcialisation se concentrent sur des segments de marchŽ et focalisent sur leurs compŽtences distinctes. En se 1re partieÊ: Revue de littŽrature 27 spŽcialisant dans certaines activitŽs de la cha”ne de valeur de lÕindustrie des services financiers, des entreprises peuvent maximiser les Žconomies dÕŽchelle (Ferrary, 1997). LÕŽtude de Berger et al. (1999), citŽe prŽcŽdemment, montre que les entreprises spŽcialisŽes, ˆ lÕinverse de celles diversifiŽes, sont gŽnŽralement de taille plus petite, concentrŽes dans des segments aux entreprises, non intŽgrŽes verticalement dans leur distribution et non efficientes dans la production jointe de plusieurs produits. Selon une Žtude de Deloitte & Touche (1995), la dŽrŽglementation et le dŽveloppement des technologies devraient favoriser les stratŽgies de spŽcialisation dans lÕindustrie bancaire. Alors que la dŽrŽglementation ouvre la porte ˆ de nouveaux entrants, le dŽveloppement des technologies entra”ne la dŽconstruction de lÕindustrie bancaire, traditionnellement intŽgrŽe. Donc, de plus en plus, des entreprises nouvelles ou encore des divisons dÕentreprises existantes auront la possibilitŽ de se spŽcialiser dans une ou quelques activitŽs particuli•res de lÕindustrie bancaire. LÕŽtude de Deloitte & Touche (1995) identifie trois principalesÊ catŽgories dÕactivitŽ : la production, la distribution et le support. Ainsi, dans un contexte dÕalliances stratŽgiques, des entreprises dŽvelopperont une expertise dans la production dÕune gamme de produits limitŽe, dÕautres se concentreront dans la distribution et la vente croisŽe de produits et services aux consommateurs et enfin, certaines se spŽcialiseront dans des activitŽs de support telles lÕŽvaluation du crŽdit ou le traitement des ch•ques. The bank of the future will not win by creating a single strategy. Rather, each of its activities within products, customer channels, and support services will be the subject of a discreet ÇÊbusiness unitÊÈ strategy, which will be benchmarked against market-segmented customer demand and profitability and competitorsÕ businesses in this area. (Deloitte & Touche, 1995, p. 3) 1re partieÊ: Revue de littŽrature 3.3 28 Les dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res Les dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res varient Žvidemment selon la stratŽgie adoptŽe. NŽanmoins, certaines dimensions gŽnŽrales ressortent de la littŽrature financi•reÊ: la qualitŽ de lÕoffre, le contr™le des cožts et la gestion du risque. Dans une Žtude du Bank Administration Institute, Roth et van der Velde (1991) ont identifiŽ la qualitŽ per•ue par le consommateur comme une dimension premi•re de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res. Les auteurs ont montrŽ que la qualitŽ per•ue par le consommateur est positivement liŽe ˆ la performance des entreprises en termes de profitabilitŽ, de rendement sur lÕavoir des actionnaires et de part de marchŽ. Les entreprises les plus performantes se dŽmarquent par leur stratŽgie marketing et le dŽploiement de leurs opŽrations. La stratŽgie marketing de ces entreprises se distingue par une relation Žtroite avec leur client•le, une fine segmentation de leur marchŽ et une recherche approfondie dÕinformation sur les consommateurs et la concurrence. CÕest ainsi que Capital One est devenue, en quelques annŽes seulement, lÕun des dix plus importants Žmetteurs de cartes de crŽdit aux ƒtats-Unis. En b‰tissant une base de donnŽes impressionnante sur les consommateurs, lÕentreprise est parvenue ˆ personnaliser son offre de carte de crŽdit et ˆ cibler les segments de marchŽ les plus profitables (Slywotzky et al., 1999). Le dŽploiement des opŽrations des entreprises identifiŽes par Roth et van der Velde (1991) est caractŽrisŽ par la flexibilitŽ de la production et de la gamme de produits. These banks have more agile, flexible operations. They have foreseen the importance of time-based competitiveness in responding to customer needs and expectations.Ê (Roth et van der Velde, 1991, p. 34) LÕŽtude du Bank Administration Institute a menŽ ˆ la formulation de la triade capabilities - service quality - performance de Roth et Jackson (1995). Selon Roth et Jackson (1995), une qualitŽ de service et une performance 1re partieÊ: Revue de littŽrature 29 supŽrieures dŽpendent des investissements de la firme dans deux types de capacitŽs opŽrationnellesÊ: les opŽrations traditionnelles et les connaissances organisationnelles. Le premier type inclut les capacitŽs de la firme ˆ atteindre la productivitŽ des facteurs et ˆ exploiter les innovations technologiques. Le deuxi•me type inclut les capacitŽs de la firme ˆ reconna”tre la valeur de lÕinformation, ˆ lÕassimiler et ˆ lÕappliquer. Ces derni•res capacitŽs sont imbriquŽes dans les connaissances des individus et dans les processus dÕaffaires de lÕorganisation (r•gles, procŽdures, valeurs). Le dŽveloppement et le dŽploiement des capacitŽs opŽrationnelles de la firme sont modŽrŽs par son environnement concurrentiel, par sa capacitŽ ˆ le comprendre et donc ˆ anticiper les besoins des consommateurs. La forte concurrence dans lÕindustrie des services financiers et la standardisation rapide des produits ont accentuŽ lÕimportance du contr™le des cožts pour la compŽtitivitŽ des institutions financi•res. Des Žtudes ont trouvŽ des inefficiences majeures dans lÕindustrie des services financiers. En moyenne, les banques affichent des cožts 20Ê% supŽrieurs ˆ ceux des banques les plus efficientes dans lÕindustrie (Berger et Mester, 1997). Un consensus dans la littŽrature veut que la qualitŽ du management, plus que les Žconomies dÕŽchelle et de gamme, soit la cause dominante des ÇÊinefficiencesÊÈ dans lÕindustrie des services financiers (Frei et al., 1997; DeYoung, 1998). LÕX-efficience mesure la performance dÕune organisation par rapport ˆ la meilleure pratique dans lÕindustrie. Elle inclut les efficiences allocatives et techniques non dŽpendantes de la taille ou de la gamme. Frei et al. (1997) ont montrŽ que la gestion des ressources humaines, des technologies et des processus de production affecte lÕXefficience. Cependant, le succ•s des institutions financi•res dŽpend moins des pratiques de gestion particuli•res que de leur alignement avec la stratŽgie de lÕorganisation. Les institutions financi•res doivent donc dŽvelopper les habiletŽs de management nŽcessaires ˆ la crŽation, ˆ lÕexŽcution et ˆ lÕalignement des pratiques de gestion. LÕŽvolution rapide de lÕindustrie bancaire et ses multiples scŽnarios dÕavenir (dŽrŽglementation, technologie, innovations financi•res et 1re partieÊ: Revue de littŽrature 30 prŽfŽrences des consommateurs) rendent difficile cet alignement. Cependant, selon Frei et al. (1997), la dŽconstruction de lÕindustrie des services financiers devrait faciliter la t‰che des gestionnaires alors que de plus en plus dÕentreprises ou de filiales de sociŽtŽs de portefeuille se spŽcialiseront dans une niche de marchŽ ou se concentreront sur un scŽnario donnŽ. Finalement, plusieurs ont soulevŽ lÕimportance de la gestion du risque pour le succ•s des institutions financi•res (Merton, 1995; Allen et Santomero, 1998). ÇÊA key requirement for the success of any financial intermediaries is its ability to control both the actual and perceived risk of its customer-held liabilities.ÊÈ (Merton, 1995, p. 36). Les innovations financi•res, principalement les produits dŽrivŽs, et le dŽveloppement des marchŽs financiers ont accru les possibilitŽs de gestion du risque pour les institutions financi•res et, par la m•me occasion, les cožts de participation des individus. Il est de plus en plus complexe pour un individu dÕassurer seul la gestion de ses risques financiers (Allen et Santomero, 1998). La facilitation du transfert du risque et son allocation sont devenues des compŽtences clŽs des institutions financi•res et des dimensions de leur compŽtitivitŽ. Les lecteurs intŽressŽs aux aspects plus techniques de la gestion du risque dans les institutions financi•res pourront se rŽfŽrer ˆ Santomero (1997) pour un rŽsumŽ. Les tableaux 5 et 6 rŽsument les principales stratŽgies et dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res. 1re partieÊ: Revue de littŽrature 31 Tableau 5 StratŽgies des institutions financi•res Description de la stratŽgie § § § Plusieurs activitŽs Globalisation de lÕoffre ƒconomies dÕŽchelle et de gamme § § § § Une ou quelques activitŽs Focus sur compŽtences distinctes ƒconomies dÕŽchelle seulement § § Diversification SpŽcialisation CaractŽristiques des entreprises § § § § § Grande taille AxŽe sur les services aux particuliers IntŽgrŽe verticalement Efficiente dans production jointe de plusieurs produits Plus petite taille AxŽe sur les services aux entreprises Non intŽgrŽe verticalement Non efficiente dans la production jointe de plusieurs produits Tableau 6 Dimensions de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res DŽterminants § § § QualitŽ de lÕoffre Contr™le des cožts Gestion du risque § QualitŽ per•ue par les consommateurs StratŽgie marketingÊ: relation avec la client•le, fine segmentation et recherche dÕinformation DŽploiement des opŽrationsÊ: flexibilitŽ de production et de gamme Investissements dans capacitŽs opŽrationnellesÊ: productivitŽ, technologie, connaissances des individus et processus dÕaffaires § § X-efficience QualitŽ du managementÊ: alignement des pratiques de gestion avec la stratŽgie de lÕorganisation § § Innovations financi•res et marchŽs financiers Facilitation et transfert du risque 1re partieÊ: Revue de littŽrature 4 32 LÕŽtat des connaissances La littŽrature sur la stratŽgie des END est considŽrablement moins dŽveloppŽe que celle sur la stratŽgie des entreprises dominantes. En fait, depuis les Žtudes dÕHamermesh et al. (1978) et de Woo et Cooper (1981; 1982), peu se sont directement intŽressŽs au cas des END, communŽment appelŽes lesÊlow-share businesses. Ë ce jour, les cas ˆ succ•s dÕEND demeurent mal compris et marginalisŽs. NŽanmoins, nos recherches nous ont permis de recenser dÕautres connaissances issues dÕŽtudes connexes qui peuvent nous aider ˆ mieux comprendre le succ•s de ces entreprises. Notamment, nous avons remarquŽ que les END se retrouvent frŽquemment dans des environnements relativement stables et souvent ˆ maturitŽ. Ce fut le cas des entreprises identifiŽes par Woo et Cooper (1981; 1982), de Crown Cork & Seal dans lÕindustrie des contenants mŽtalliques et de Union Camp dans lÕindustrie des produits forestiers (Hamermesh et al., 1978). Ce rŽsultat, bien que surprenant, sÕexplique par certaines caractŽristiques des marchŽs matures favorables ˆ la compŽtitivitŽ des ENDÊ: une compŽtition moins fŽroce, des changements dans les produits et les processus moins frŽquents et des segments de marchŽ souvent dŽlaissŽs par les firmes gŽnŽralistes. Nous avons aussi notŽ lÕimportance de la sŽlection dÕune niche de marchŽ pour la compŽtitivitŽ des END. Woo et Cooper (1986) ont Žlargi le concept de niche en exprimant les conditions permettant aux entreprises plus petites de concurrencer directement les plus grandes. Dans ce cas, les END cherchent encore ˆ se concentrer sur un segment de marchŽ particulier o• elles peuvent exploiter leurs forces. Cependant, la prŽsence dÕune opportunitŽ, la formulation et lÕimplantation dÕune stratŽgie innovatrice, la possession de ressources financi•res et managŽriales suffisantes et la prŽsence de barri•res ˆ la rŽponse, plus que lÕabsence de concurrent important, assurent leur compŽtitivitŽ dans le segment choisi. Bien que la stratŽgie de niche soit gŽnŽralement recommandŽe pour les END, nous avons constatŽ lÕexistence dÕalternatives stratŽgiques. Lee et al. (1999) 1re partieÊ: Revue de littŽrature 33 ont montrŽ que, selon la rŽponse des grandes firmes, ces entreprises peuvent aussi poursuivre des stratŽgies de resquillage ou dÕalliance. Bien que ces trois stratŽgies (niche, resquillage et alliance stratŽgique) soient prŽsentŽes de mani•re distincte dans lÕŽtude de Lee et al. (1999), nous pensons quÕil peut •tre intŽressant de considŽrer leur complŽmentaritŽ. Par exemple, une END pourrait se spŽcialiser dans une niche de marchŽ tout en sÕassociant ˆ un partenaire stratŽgique complŽmentaire pour limiter sa vulnŽrabilitŽ, rehausser sa compŽtitivitŽ et profiter de nouvelles opportunitŽs. En plus de la qualitŽ des produits et du contr™le des cožts, qui sont ressortis comme des dimensions clŽs de la compŽtitivitŽ des END, la flexibilitŽ de production (Fiegenbaum et Karnani, 1991) et le diamant virtuel (Demers et Hafsi, 1993) font maintenant partie de lÕarsenal connu de ces entreprises. Ces deux dimensions montrent les avantages de la faible intŽgration des END par rapport ˆ plusieurs grandes entreprises. Que ce soit sur le plan de la production, de la structure, de la localisation des activitŽs ou des alliances stratŽgiques, la flexibilitŽ semble jouer un r™le clŽ dans la compŽtitivitŽ des END. Enfin, Chen et Hambrick (1995), ont ŽlevŽ notre comprŽhension de la compŽtitivitŽ des END au niveau des actions compŽtitives. Ces entreprises sÕengagent dans le processus de la compŽtition et combattent par lÕintensitŽ, la rapiditŽ et la discrŽtion de leurs actions compŽtitives. La contribution de Chen et Hambrick (1995) est considŽrable. Les auteurs attirent notre attention, non pas sur le contenu des stratŽgies comme bien dÕautres Žtudes, mais sur le processus de la compŽtition comme source dÕavantage concurrentiel. Nous sommes donc parvenu ˆ identifier un certain nombre de stratŽgies et de dimensions de la compŽtitivitŽ des END. Cependant, il est important de noter quÕelles ne reprŽsentent probablement pas une liste compl•te des diffŽrentes solutions qui sÕoffrent ˆ ces entreprises. De plus, ces stratŽgies et ces dimensions sont souvent ŽnoncŽes de fa•on gŽnŽrale et isolŽe dans la littŽrature. Notamment, 1re partieÊ: Revue de littŽrature 34 nous en savons peu sur la fa•on dont elles interagissent et se combinent pour mener au succ•s. De m•me, nos connaissances sur les ressources et les compŽtences qui permettent leur dŽveloppement demeurent limitŽes. Pour ces raisons, nous croyons que lÕŽtude approfondie dÕun cas ˆ succ•s, la Banque Laurentienne du Canada, contribuera ˆ lÕamŽlioration de notre comprŽhension de la compŽtitivitŽ des END, voire m•me ˆ la dŽcouverte de nouvelles stratŽgies, dimensions ou combinaisons gagnantes. La complexitŽ des affaires est si grande que, dÕune part, il est difficile de comprendre ce qui se passe, et dÕautre part, il y a de la place pour de multiples stratŽgies ˆ succ•s.Ê[É] Il reste que lÕexamen des pratiques qui aboutissent au succ•s Žconomique et stratŽgique est fructueux pour le crŽateur stratŽgique.Ê(Hafsi et al., 2000, p. 258) 2e partieÊ: Cadre thŽorique Dans cette deuxi•me partie, nous exprimons les connaissances et les idŽes dŽgagŽes dans la revue de littŽrature sous la forme de propositions de recherche. Ces propositions nous permettront de mieux comprendre et dÕŽtudier les phŽnom•nes concrets qui nous intŽressent. Chaque proposition est en soi une rŽponse provisoire ˆ notre question de rechercheÊ: comment expliquer le succ•s des entreprises non dominantes? Dans le cadre de notre mŽmoire, les END sont dŽfinies comme des entreprises ayant une faible part de marchŽ, une taille modeste et des ressources souvent limitŽes par rapport au leader de leur industrie. La variable dŽpendante de notre Žtude, le succ•s, peut •tre exprimŽe en termes de performance financi•re. Une entreprise rŽpondant ˆ la dŽfinition donnŽe dÕune END et dont le rendement sur lÕavoir des actionnaires est comparable ou supŽrieur ˆ la moyenne de lÕindustrie peut •tre qualifiŽe dÕEND performante. Les variables explicatives du succ•s des END correspondent aux stratŽgies et aux dimensions de leur compŽtitivitŽ. Nous rappelons que les stratŽgies rŽf•rent aux choix dÕune position concurrentielle (o• concurrencer) et les dimensions de la compŽtitivitŽ aux moyens utilisŽs pour dŽvelopper un avantage concurrentiel dans la position choisie (comment concurrencer). La figure 1 rŽsume les relations entre les concepts clŽs de notre Žtude. 2e partieÊ: Cadre thŽorique 36 Figure 1 Relations et concepts clŽs END StratŽgies et dimensions de la Succ•s compŽtitivitŽ 1 La profitabilitŽ et la stratŽgie des END La part de marchŽ a depuis longtemps ŽtŽ considŽrŽe comme un facteur clŽ de la performance des entreprises (Bloom et Kotler, 1975; Hofer, 1975; Buzzell et Gale, 1975; 1987; Hambrick et al., 1982). Une stratŽgie ˆ succ•s devrait donc, en thŽorie, favoriser la croissance de la part de marchŽ dÕune entreprise. Pourtant, dans la pratique, on a observŽ des entreprises qui, malgrŽ une faible part de marchŽ, affichent une bonne performance (Woo et Cooper, 1981; 1982). Ces entreprises montrent que le dŽsavantage de leur taille ne les condamnent pas pour autant ˆ une profitabilitŽ marginale. Elles montrent Žgalement que des alternatives stratŽgiques, autres que le retrait ou la croissance des parts de marchŽ, sont envisageables pour des entreprises dans leur situation. Proposition 1Ê: Les END peuvent •tre aussi profitables que les entreprises ayant une forte part de marchŽ. Les END qui rŽussissent nÕont ni la taille ni les ressources de leurs rivales plus grandes. Elles ne peuvent donc pas bŽnŽficier des m•mes Žconomies dÕŽchelle ou des m•mes investissements massifs. Woo et Cooper (1981; 1982) ont clairement indiquŽ que les END les plus performantes ne cherchent pas ˆ imiter les stratŽgies des entreprises dominantes mais bien ˆ sÕen distinguer. En dÕautres mots, elles doivent innover dans leur fa•on de concurrencer (Woo et Cooper, 1986), dŽvelopper des stratŽgies et des dimensions de la compŽtitivitŽ ˆ leur mesure. 2e partieÊ: Cadre thŽorique 37 Proposition 2Ê: Les END performantes innovent dans leur fa•on de concurrencer; elles dŽveloppent des stratŽgies et des dimensions de la compŽtitivitŽ diffŽrentes de celles des entreprises ayant une forte part de marchŽ. 2 Les aspects variŽs de la stratŽgie des END Nous avons mentionnŽ ˆ la proposition 2 que les END dŽveloppent des stratŽgies et des dimensions de la compŽtitivitŽ diffŽrentes. Nous nous intŽressons maintenant ˆ la nature de leur diffŽrence. Pour ce faire, nous utilisons le mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse (Hafsi et al., 2000). Le mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse, en plus de faciliter notre comprŽhension des contributions de la recherche, nous aide ˆ ne pas perdre de vue les questions concr•tes auxquelles les praticiens doivent rŽpondre. Le mod•le con•oit la stratŽgie dans une perspective beaucoup plus large que celle utilisŽe jusquÕˆ maintenant. La stratŽgie nÕest plus simplement considŽrŽe comme le choix dÕune position concurrentielle dans une industrie, mais comme une thŽorie de lÕaction. En ce sens, la stratŽgie doit toucher tous les aspects de la rŽalitŽ qui lÕinfluence. Le mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse identifie cinq aspects fondamentaux de la stratŽgieÊ: 1. 2. 3. 4. 5. la stratŽgie comme le prolongement du ou des dirigeants; la stratŽgie comme expression dÕune communautŽ de personne; la stratŽgie comme filon conducteur; la stratŽgie comme construction dÕun avantage concurrentiel et la stratŽgie comme gestion de la relation entreprise / environnement. Ces cinq aspects sont intimement liŽs ˆ des mŽcanismes de fonctionnement et de coordination de lÕactionÊ: la structure, les syst•mes et les processus de dŽcision de lÕentreprise. La structure comprend la rŽpartition des t‰ches et des responsabilitŽs et la coordination des actions individuelles et collectives. Les syst•mes compl•tent la structure en facilitant la gestion des ressources et de lÕinformation. Parmi les principaux syst•mes de lÕentreprise, on retrouveÊ: la planification; la mesure et le contr™le de la performance; les rŽcompenses et les punitions; la formation et le dŽveloppement des employŽs; la rŽpartition des ressources; lÕinformation de gestion; la communication (Hafsi et al., 2000). Les 2e partieÊ: Cadre thŽorique 38 processus de dŽcision sont propres ˆ chaque entreprise et dŽpendent gŽnŽralement de sa structure et de ses syst•mes. La structure, les syst•mes et les processus de dŽcision constituent le cadre dans lequel la prise de dŽcision et lÕaction prennent forme et Žventuellement influencent la stratŽgie et ses aspects variŽs. Figure 2 Mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse Choix Structure, syst•mes, processus Prolongement du dirigeant Expression dÕune communautŽ Filon conducteur Relation entreprise / environnement Avantage concurrentiel 2e partieÊ: Cadre thŽorique 2.1 39 La stratŽgie comme prolongement du dirigeant Les r™les qui ont ŽtŽ associŽs au dirigeant dans la littŽrature montrent la place centrale quÕil occupe dans la stratŽgie dÕentreprise. Par exemple, Andrews (1987) identifie trois r™les principauxÊ: le dirigeant comme architecte de la finalitŽ de lÕorganisation qui fournit une direction ˆ lÕorganisation; le dirigeant comme leader organisationnel qui veille ˆ lÕatteinte des rŽsultats; et le dirigeant comme leader personnel qui sert de mod•le et inspire ses troupes. Ainsi, par ce quÕils sont, par ce quÕils dŽcident et par ce quÕils font, les dirigeants influencent considŽrablement la stratŽgie dÕentreprise. Nous avons mentionnŽ que les END ont une faible part de marchŽ, une taille modeste et des ressources souvent limitŽes par rapport au leader de leur industrie. La prŽcaritŽ de leur situation concurrentielle oblige ces entreprises ˆ surmonter de nombreux obstacles et ˆ trouver des fa•ons originales de concurrencer. Leur rŽussite repose en grande partie sur la qualitŽ du ou des dirigeants au sommet. ÇÊIt may simply take a strong-willed leader to convince and inspire an organization to beat the odds.ÊÈ (Hamermesh et al., 1978, p.101). Les dirigeants des entreprises ŽtudiŽes par Hamermesh et al. (1978) ont tous ŽtŽ reconnus pour leur influence, leur dŽtermination, leur dynamisme et leur implication dans les activitŽs courantes de lÕentreprise. Proposition 3Ê: Les END performantes ont un dirigeant dynamique, influent, dŽterminŽ et impliquŽ dans les activitŽs courantes de lÕentreprise. 2.2 La stratŽgie comme expression dÕune communautŽ de personne LÕexpression du dirigeant seule ne suffit pas ˆ garantir le succ•s de la stratŽgie dÕune entreprise. La rŽussite dÕune stratŽgie dŽpend Žgalement de lÕadhŽsion des autres membres de lÕorganisation et de leur participation ˆ sa rŽalisation. En ce sens, Barnard (1938) identifie la coopŽration comme un ŽlŽment 2e partieÊ: Cadre thŽorique 40 dŽterminant de la stratŽgie. Le dirigeant, en plus de fournir une direction ˆ lÕorganisation, doit sÕassurer de la volontŽ de coopŽrer des diffŽrents acteurs. Le succ•s des END est difficilement dissociable de ses ressources humaines, de leur qualitŽ et surtout de leur engagement dans la direction choisie (Woo et Cooper, 1986). Comme leur dirigeant, les employŽs de ces entreprises doivent croire au succ•s de lÕentreprise et y participer. Pour cela, ils doivent partager certaines valeurs propices au contexte de la non-dominance. Les employŽs doivent dÕabord •tre en mesure de sÕadapter ˆ lÕincertitude et au changement. Ils doivent aussi avoir le gožt du dŽfi. Enfin, comme le succ•s des END passe par lÕinnovation dans la fa•on de concurrencer, on peut sÕattendre ˆ ce que celles qui rŽussissent le mieux aient des employŽs crŽatifs et faisant preuve dÕentrepreneurship. Proposition 4Ê: Les employŽs des END performantes sont engagŽs dans la direction choisie par lÕentreprise, ont le gožt du dŽfi, sÕadaptent ˆ lÕincertitude et au changement, sont crŽatifs et font preuve dÕentrepreneurship. 2.3 La stratŽgie comme filon conducteur Ë la base de lÕidŽe de filon conducteur rŽside lÕhypoth•se que le comportement dÕune entreprise et des personnes qui y travaillent est inŽvitablement cohŽrent ˆ long terme (Hafsi et al., 2000). Voir la stratŽgie comme un filon conducteur, cÕest reconna”tre quÕil existe des rŽgularitŽs dans lÕaction ou dans les dŽcisions passŽes et prŽsentes dÕune entreprise. CÕest aussi reconna”tre que ces rŽgularitŽs rŽv•lent lÕexistence dÕun th•me central, dÕune direction qui guide et explique le comportement de lÕentreprise. La dŽfinition du concept de stratŽgie dÕAndrews (1987) illustre bien lÕidŽe de filon conducteurÊ: Corporate strategy is the pattern of decisions in a company that determines and reveals its objectives, purposes, or goals, produces the principal policies and plans for achieving those goals, and defines the range of business the company is to pursue, the kind of economic and noneconomic contribution it intends to make to its shareholders, employees, customers, and communities. (Andrews, 1987, p. 13) 2e partieÊ: Cadre thŽorique 41 Une caractŽristique quasi intrins•que des END qui rŽussissent le mieux est leur prŽfŽrence pour la profitabilitŽ plut™t que pour la croissance. Conscientes quÕelles ne peuvent pas •tre tout pour tout le monde, ces entreprises concentrent leurs efforts et leurs ressources sur les segments de marchŽ les plus profitables. LÕŽtude dÕHamermesh et al. (1978) montre que les entreprises qui ont le plus de succ•s ne cherchent pas tant ˆ augmenter leur part de marchŽ que leur profitabilitŽ. Porter (1986) a dÕailleurs soulevŽ lÕarbitrage quÕimplique une stratŽgie de concentration entre la profitabilitŽ et la part marchŽ ˆ laquelle une entreprise peut prŽtendre. Proposition 5Ê: Les END performantes privilŽgient la profitabilitŽ plut™t que la croissance des parts de marchŽ dans leurs choix stratŽgiques. 2.4 La stratŽgie comme gestion de la relation entreprise / environnement Les entreprises sont constamment confrontŽes ˆ lÕenvironnement dans lequel elles Žvoluent. LÕenvironnement est ˆ la fois source de ressources, dÕopportunitŽs et de menaces pour les entreprises. Pour rŽussir, elles doivent arriver ˆ gŽrer leur relation avec lÕenvironnement. La gestion de la relation entreprise / environnement est dŽterminante dans la stratŽgie dÕune entreprise, notamment dans le choix dÕune position concurrentielle ou encore dans sa relation avec ses principaux partenaires. Contrairement ˆ ce que plusieurs pourraient penser, la caractŽristique principale de lÕenvironnement des END performantes nÕest pas lÕabsence de gros joueur, mais la stabilitŽ (Woo et Cooper, 1981; 1982). Les END se retrouvent frŽquemment dans des industries ˆ maturitŽ. La compŽtition est souvent moins fŽroce dans ces industries que dans celles en croissance et les changements de produits moins frŽquents. Il y est donc plus facile de dŽfinir et de protŽger une position concurrentielle. 2e partieÊ: Cadre thŽorique 42 Proposition 6aÊ: Les END performantes Žvoluent dans des environnements stables, souvent des industries ˆ maturitŽ. Les END qui ont du succ•s comprennent lÕimportance de choisir un segment o• leurs forces sont valorisŽes (Hamermesh et al., 1978; Woo et Cooper, 1981; 1982; Porter 1982; 1986). Le succ•s dÕune stratŽgie de niche dŽpend a priori des opportunitŽs que prŽsente lÕindustrie. Les opportunitŽs de niche peuvent •tre la consŽquence dÕune forte concentration dans lÕindustrie (Carroll, 1984) ou dÕune discontinuitŽ dans son environnement (Swaminathan, 1998). Le succ•s dÕune stratŽgie de niche repose aussi sur la capacitŽ de lÕentreprise ˆ concurrencer dans la niche choisie. Cela dŽpend en grande partie des ressources que poss•de lÕentreprise (Woo et Cooper, 1986) et de la rŽponse des concurrents dans le marchŽ. La rŽponse des concurrents sera dÕautant plus favorable au succ•s des END sÕil y a prŽsence de barri•res ˆ la rŽponse (Porter, 1986; Buzzell et Gale, 1987). Les entreprises en place peuvent aussi dŽlibŽrŽment laisser entrer les END sur leur marchŽ, considŽrant lÕaccommodation moins cožteuse que la contreattaque (Lee et al., 1999). Proposition 6bÊ: Les END performantes se concentrent sur un ou quelques segments de marchŽ o• leurs forces sont valorisŽes et o• elles peuvent concurrencer. Pour combler le dŽsavantage de leur taille et de leurs ressources limitŽes, les END peuvent entrer dans des alliances stratŽgiques avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires (Lee et al., 1999). Ces partenaires peuvent fournir ˆ lÕentreprise les ressources et la crŽdibilitŽ qui lui manquent pour assurer sa compŽtitivitŽ. Ceci explique sans doute pourquoi la plupart des entreprises citŽes dans notre Žtude (Crown Cork & Seal, Union Camp, Burroughs, Quest Communications, Akzo Engineering Plastics, Nucor) ont du succ•s dans la vente de produits et services ˆ dÕautres entreprises. Dans ces cas, lÕentreprise se positionne souvent comme fournisseur ou sous-traitant privilŽgiŽ dÕune autre entreprise. Cette forme de partenariat offre plusieurs avantages : des cožts de publicitŽ moins ŽlevŽs, des relations dÕaffaires solides et stables et la possibilitŽ 2e partieÊ: Cadre thŽorique 43 dÕadapter lÕoffre aux besoins spŽcifiques de lÕentreprise-client (Woo et Cooper, 1981; 1982). Proposition 6cÊ: Les END performantes Žtablissent des alliances stratŽgiques avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires, souvent ˆ titre de fournisseur ou de sous-traitant privilŽgiŽ. 2.5 La stratŽgie comme construction dÕun avantage concurrentiel La construction dÕun avantage concurrentiel est primordiale dans la stratŽgie dÕune entreprise. Elle reprŽsente la fa•on originale selon laquelle une entreprise utilise ses ressources et ses compŽtences (Prahalad et Hamel, 1990) pour se dŽmarquer de la concurrence. Les ressources et les compŽtences de la firme m•nent ˆ la construction dÕun avantage concurrentiel dans la mesure o• elles sont valorisŽes par le marchŽ (Miller et Shamsie, 1996). LÕavantage concurrentiel peut prendre plusieurs formes, les principales Žtant la domination par les cožts et la diffŽrenciation (Porter, 1982). LÕidŽe gŽnŽrale est dÕorienter les actions et les dŽcisions de lÕentreprise selon ÇÊce quÕelle fait de mieux que les autresÊÈ. La qualitŽ des produits et le contr™le des cožts sont ressortis de notre Žtude comme des dimensions clŽs de la compŽtitivitŽ des END (Woo et Cooper, 1981; 1982, Bamberger, 1989; Rhys, 1989; Buzzell et Gale, 1987). Une gamme de produits Žtroite, un nombre limitŽ de clients et un usage efficient des ressources semblent expliquer la capacitŽ des END ˆ se dŽmarquer de la concurrence sur le plan de la qualitŽ et du contr™le des cožts. LÕentreprise qui dŽcide de limiter sa gamme de produits peut aspirer ˆ une rŽputation de spŽcialiste dans le marchŽ. Cela lui permet aussi dÕŽviter certains cožts liŽs ˆ la production et ˆ la commercialisation dÕune gamme plus large. En se concentrant sur un petit nombre de clients, lÕEND devient une alternative intŽressante ˆ lÕoffre standardisŽe de plusieurs grandes entreprises. De plus, le dŽveloppement dÕune relation dÕaffaires plus personnalisŽe lui permet de mieux comprendre les besoins de chacun de ses clients, de mieux les servir, 2e partieÊ: Cadre thŽorique 44 dÕŽconomiser sur les cožts de dŽveloppement dÕaffaires et aussi de partager certains frais de R&D ou autres. Enfin, les END font un usage efficient de leurs ressources limitŽes. Cela leur permet dÕabord de rŽduire lÕŽcart de cožts avec les grandes entreprises puis de diriger leurs ressources vers les sources de crŽation de valeur. Les END qui ont du succ•s ont des investissements en R&D ciblŽs (Hamermesh et al., 1978), limitent leurs dŽpenses marketing (Woo et Cooper, 1981; 1982) et utilisent les services de sous-traitants (Rhys, 1989). Proposition 7aÊ: Les END performantes se dŽmarquent par la qualitŽ des produits et le contr™le des cožts. Les END se dŽmarquent non seulement par la qualitŽ des produits et le contr™le des cožts, mais Žgalement par leurs actions compŽtitives, cÕest-ˆ-dire les actions intentŽes dans le but dÕaugmenter leur succ•s ou de rŽduire celui des concurrents. En particulier, les END initient plus dÕactions compŽtitives et le font plus rapidement et plus discr•tement que la concurrence (Chen et Hambrick, 1995). Les END profitent ainsi de la flexibilitŽ et de la rapiditŽ que leur conf•re leur taille et des valeurs propres ˆ leurs dirigeants et ˆ leurs employŽs pour combattre et se dŽmarquer. Cependant, leur vulnŽrabilitŽ les oblige ˆ rŽduire la visibilitŽ de leurs attaques. Les END limitent ainsi les probabilitŽs de riposte de la concurrence. Proposition 7bÊ: Les END performantes se dŽmarquent par lÕintensitŽ, la rapiditŽ et la discrŽtion de leurs actions compŽtitives. 2.6 La mise en Ïuvre de la stratŽgie : la structure La thŽorie de la contingence (Thompson, 1967) a depuis longtemps montrŽ lÕimportance du ÇÊfitÊÈ ou de la cohŽrence entre la stratŽgie et la structure pour la performance des organisations. La structure organisationnelle int•gre les cinq 2e partieÊ: Cadre thŽorique 45 aspects de la stratŽgie du mod•le Hafsi-SŽguin-Toulouse que nous avons vus. Elle permet le passage de la formulation de la stratŽgie ˆ sa mise en Ïuvre. Fiegenbaum et Karnani (1991) ont citŽ la flexibilitŽ de production comme une dimension de la compŽtitivitŽ des END. Les propos de Fiegenbaum et Karnani (1991) peuvent •tre Žtendus ˆ la structure des END dans son ensemble. La capacitŽ dÕune entreprise ˆ sÕadapter aux variations de la demande implique souvent plus quÕun ajustement de la production. Plus le changement est radical, plus les autres fonctions de lÕentreprise risquent dÕ•tre parties intŽgrantes du processus de changement. Plusieurs caractŽristiques des END performantes militent en faveur de la flexibilitŽ de leur structure : une taille modeste, une faible intŽgration verticale (Woo et Cooper, 1981; 1982), une organisation en rŽseau ÇÊdiamant virtuelÊÈ (Demers et Hafsi, 1993), et un domaine dÕactivitŽ Žtroit (Hambrick et al., 1982). Proposition 8aÊ: Les END performantes ont une structure flexible, peu intŽgrŽe, souvent organisŽe en rŽseau. ConsidŽrant leur taille et leurs ressources limitŽes, il est fort probable que la structure hiŽrarchique des END compte moins de paliers que celle des entreprises dominantes. Dans le cas dÕune structure hiŽrarchique aplanie, les responsabilitŽs des personnes, en particulier des cadres intermŽdiaires, se trouvent Žlargies par rapport ˆ leurs homologues des grandes organisations. Ils ont donc beaucoup de latitude dans lÕexŽcution des orientations stratŽgiques dŽcidŽes au sommet. La latitude dans lÕexŽcution constitue certainement une dimension de la compŽtitivitŽ des END dans la mesure o• leur succ•s dŽpend en partie de la crŽativitŽ et de lÕentrepreneurship des employŽs. Proposition 8bÊ: La structure hiŽrarchique des END performantes est aplanie et laisse beaucoup de latitude aux cadres intermŽdiaires dans lÕexŽcution de la stratŽgie. 2e partieÊ: Cadre thŽorique 46 Nous avons mentionnŽ que les END qui rŽussissent le mieux se concentrent sur la profitabilitŽ. Puisque le succ•s dÕune organisation est la rŽsultante de lÕensemble des actions qui y sont entreprises, les END doivent sÕassurer de lÕalignement des objectifs individuels et corporatifs. Elles doivent donc dŽvelopper des mŽcanismes dÕincitation individuels, comme la rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats. Ce type de rŽmunŽration sÕapplique particuli•rement bien aux cadres intermŽdiaires des END qui bŽnŽficient dÕune grande latitude dans lÕexŽcution de la stratŽgie et lÕatteinte des objectifs dÕaffaires. Proposition 8cÊ: Les END performantes offrent ˆ leurs employŽs un programme de rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats. 3 Le mod•le thŽorique La figure 3 rŽsume les propositions de recherche. Ensemble, elles constituent notre mod•le thŽorique. Les propositions concernant les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ des END, les variables explicatives de notre Žtude, ont ŽtŽ classŽes en trois blocsÊ: les valeurs du dirigeant et des employŽs, le positionnement de lÕentreprise et son fonctionnement. Les fl•ches bidirectionnelles montrent les interrelations entre les trois blocs. Par exemple, le fonctionnement dÕune END dŽpend ˆ la fois de son positionnement et des valeurs de son dirigeant et de ses employŽs. Nous faisons donc lÕhypoth•se que les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ interagissent et se combinent pour mener au succ•s des END. Nous nÕinsinuons pas pour autant que le succ•s des END dŽpend de la validitŽ de chacune des propositions, mais plut™t de combinaisons gagnantes variant selon les particularitŽs de la situation. La fl•che de rŽtroaction signifie que les rŽsultats obtenus, les succ•s comme les Žchecs, influencent ˆ leur tour les actions et les dŽcisions de lÕentreprise. Figure 3 Mod•le thŽorique P2Ê: StratŽgies et dimensions de la compŽtitivitŽ diffŽrentes Valeurs du ou des dirigeants et des employŽs RŽtroaction P3Ê: Dirigeant dynamique, influent, dŽterminŽ et impliquŽ P4Ê: EmployŽs engagŽs, gožt du dŽfi, adaptation ˆ lÕincertitude et au changement, crŽatifs et entrepreneurs END Faible part de marchŽ, taille modeste et ressources limitŽes Positionnement de lÕentreprise P5Ê: ProfitabilitŽ plut™t que croissance dans les choix stratŽgiques P6a, 6b, 6cÊ: Environnements stables, niches de marchŽ et alliances avec partenaires complŽmentaires Fonctionnement de lÕentreprise P7a, 7bÊ: QualitŽ des produits, contr™le des cožts et actions compŽtitives frŽquentes, rapides et discr•tes P8a, 8b, 8cÊ: Structure flexible, hiŽrarchie aplanie, latitude dans lÕexŽcution et rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats Succ•s P1Ê: Rendement Žgal ou supŽrieur ˆ la moyenne de lÕindustrie 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique Dans cette troisi•me partie, nous expliquons la dŽmarche mŽthodologique utilisŽe pour rŽpondre ˆ notre question de rechercheÊ: comment expliquer le succ•s des END? Comme nous lÕavons mentionnŽ en introduction, le but ultime de ce travail est dÕinspirer, par lÕŽtude dÕun cas ˆ succ•s, la Banque Laurentienne du Canada, le dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie sur la profitabilitŽ des entreprises en situation de non-dominance dans leur marchŽ. La gŽnŽration dÕune nouvelle thŽorie Žmerge le plus souvent des donnŽes collectŽes sur le terrain. La dŽmarche mŽthodologique utilisŽe doit donc laisser place ˆ la dŽcouverte. Pour cela, il importe quÕelle soit, le plus possible, dŽgagŽe de contraintes thŽoriques trop rigides qui pourraient biaiser, voire m•me limiter les rŽsultats de la recherche. NŽanmoins, il est admis dans la littŽrature que la spŽcification a priori dÕun mod•le thŽorique peut sÕavŽrer utile (Eisenhardt, 1989). Cela permet dÕabord dÕorienter la recherche, puis, si le mod•le a du sens dans le cas particulier de lÕŽtude, de justifier le recours ˆ un Žchantillon plus grand pour le tester. Le mod•le thŽorique que nous avons dŽveloppŽ ne limite pas, ni ne contraint les rŽsultats de notre recherche. LÕobjectif de la recherche nÕest pas tant de valider empiriquement les propositions actuelles, mais bien de les raffiner et surtout, de dŽcouvrir dÕautres ŽlŽments encore inconnus ou non thŽorisŽs. 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 1 49 Les Žtapes de la dŽmarche La figure 4, tirŽe de Quivy et Van Campenhoudt (1995, p. 16), illustre les sept Žtapes de notre dŽmarche mŽthodologique. Une question de dŽpart a dÕabord ŽtŽ formulŽe. La formulation de cette question a permis de mieux cibler les lectures et les entretiens exploratoires. La rŽsultante de lÕŽtape de lÕexploration, la revue de la littŽrature, a menŽ ˆ la dŽfinition prŽcise de notre problŽmatique de recherche et ˆ la construction du mod•le thŽorique. LÕŽtape suivante, lÕobservation, a consistŽ en la collecte de donnŽes sur le terrain. Les donnŽes recueillies ont ensuite ŽtŽ analysŽes et confrontŽes ˆ la thŽorie. Enfin, une fois les rŽsultats de lÕanalyse obtenus, nous avons ŽtŽ ˆ m•me de tirer nos conclusions. 2 La mŽthode de rechercheÊ: la recherche qualitative Afin de mener notre Žtude, nous avons choisi dÕutiliser une mŽthode de recherche qualitative. Plusieurs auteurs dans la littŽrature sÕentendent pour dire que la recherche qualitative est particuli•rement appropriŽe au dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie (Leavy, 1994; Sutton, 1997; Hlady-Rispal, 2000). La recherche qualitative est dÕautant plus appropriŽe que les thŽories existantes sont incompl•tes ou ne parviennent quÕˆ expliquer une partie du phŽnom•ne ŽtudiŽ (Hlady-Rispal, 2000). La recherche qualitative est donc pertinente ˆ notre cas prŽcis puisquÕelle permet dÕanalyser des th•mes encore peu explorŽs dans la littŽrature dont les variables sont difficiles ˆ dŽfinir a priori. De plus, la recherche qualitative est recommandŽe pour lÕŽtude de cas, qui souvent favorise la gŽnŽration de thŽorie ˆ partir dÕobservations et de descriptions du rŽel. La richesse des donnŽes rŽsultant dÕune recherche qualitative est essentielle ˆ la comprŽhension des processus relationnels, des modes de fonctionnement organisationnels, de lÕexamen des faits, ainsi que des dŽcisions et des perceptions des acteurs dans lÕorganisation (Hlady-Rispal, 2000). 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 50 Figure 4 ƒtapes de la dŽmarche ƒtape 1 La question de dŽpart ƒtape 2 LÕexploration Les lectures Les entretiens exploratoires ƒtape 3 La problŽmatique ƒtape 4 La construction du mod•le dÕanalyse ƒtape 5 LÕobservation ƒtape 6 LÕanalyse des informations ƒtape 7 Les conclusions 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 3 3.1 51 La collecte de donnŽes Les outils La littŽrature recommande gŽnŽralement lÕutilisation dÕoutils de collecte de donnŽes multiples dans le cas de la recherche qualitative (Eisenhardt, 1989). Nous avons utilisŽ deux mŽthodes principalesÊ: lÕentrevue semi-structurŽe et les donnŽes documentaires. LÕentrevue semi-structurŽe LÕentrevue semi-structurŽe convient particuli•rement bien ˆ la recherche qualitative et ˆ lÕŽtude de cas. Ce type dÕentrevue est appropriŽ ˆ lÕanalyse du sens que les acteurs donnent ˆ leur pratique et aux ŽvŽnements auxquels ils sont confrontŽs. Elle a comme principaux avantages la richesse des ŽlŽments dÕanalyse recueillis et la souplesse quÕelle procure au chercheur. Selon Quivy et Van Campenhoudt (1995), lÕentrevue semi-structurŽe nÕest ni canalisŽe par un grand nombre de questions prŽcises, ni enti•rement ouverte. LÕentrevue semi-structurŽe donne donc au chercheur une certaine libertŽ dans sa recherche sur le terrain. Cette libertŽ est dÕautant plus appropriŽe ˆ notre cas quÕelle favorise lÕŽmergence de nouveaux th•mes et donc le dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie (Eisenhartd, 1989). La pŽriode dÕentrevue sÕest ŽtalŽe de juillet ˆ septembre 2001. Chaque entrevue a durŽ en moyenne une heure. Pour mener nos entrevues, nous avons construit un guide dÕentrevue ( annexe 1). Le guide a parfois ŽtŽ modifiŽ au cours de la collecte de donnŽes selon le profil des rŽpondants, le temps accordŽ et les informations fournies. Le tableau 7 donne un aper•u des th•mes et des sousth•mes abordŽs lors des entrevues. 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 52 Tableau 7 Aper•u du guide dÕentrevue Th•mes Sous-th•mes 1. Background de la personne interrogŽe § § Carri•re, formation R™les et fonctions 2. Industrie des services financiers § § § Tendances Influences sur la BLC Avenir 3. Banque Laurentienne du Canada § § § § § ƒvŽnements marquants Comportements et aptitudes StratŽgie, objectifs et forces PrŽsident Avenir 4. Secteur dÕactivitŽ de la personne interrogŽe (dans le cas dÕune ligne dÕaffaires) § § § § Environnement et concurrence Ressources et fonctionnement gŽnŽral Leadership et valeurs StratŽgie et avenir Les donnŽes documentaires Les mŽthodes dÕentrevue semi-structurŽe sont couramment accompagnŽes de la consultation de documents relatifs au phŽnom•ne ŽtudiŽ (Quivy et Van Campenhoudt, 1995). La consultation de documents permet au chercheur dÕŽconomiser du temps dans la collecte de donnŽes. Elle permet aussi dÕŽviter un recours abusif aux entrevues qui, ˆ la longue, peuvent peser ÇÊlourdÊÈ sur lÕorganisation et les personnes sollicitŽes. Dans le cadre de notre Žtude, nous avons consultŽ diverses sources de documentationÊ: actualitŽ dÕaffaires canadienne, revues et sites spŽcialisŽs, rapports dÕorganismes et de consultants, information publique sur la BLC (rapports annuels, site corporatif, prŽsentation aux investisseurs) et documents internes obtenus aupr•s des rŽpondants (communiquŽs internes, sondage de suivi, etc.). LÕŽtude de ces donnŽes secondaires nous a permis de mieux comprendre, de complŽter et surtout de renforcer les donnŽes amassŽes lors des entrevues. 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 3.2 53 Le terrain Nous avons choisi de rŽpondre ˆ notre question de recherche par lÕŽtude dÕun cas ˆ succ•s, la Banque Laurentienne du Canada. Comme nous nous intŽressions particuli•rement ˆ lÕindustrie bancaire canadienne, la BLC, la septi•me banque en importance au Canada, sÕest naturellement imposŽe. LÕintŽr•t des responsables ˆ la BLC pour notre recherche et lÕaccessibilitŽ ˆ lÕinformation ont confirmŽ notre choix. Notre dŽcision de se limiter ˆ lÕŽtude dÕun seul cas a ŽtŽ motivŽe par les contraintes de temps dÕune part, et dÕautre part par la richesse des donnŽes nŽcessaires au dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie. Plusieurs chercheurs qualitatifs, dont Mintzberg (1979), ont dÕailleurs reconnu la validitŽ dÕŽtude de cas unique. Selon Leavy (1994), lÕŽtude de cas unique, de m•me que les indices gŽnŽrŽs, sont dÕautant plus valides que le cas choisi reprŽsente un exemple gŽnŽrique du phŽnom•ne ŽtudiŽ. La BLC poss•de une faible part de marchŽ, une taille modeste et des ressources limitŽes par rapport ˆ ses principales rivales dans lÕindustrie bancaire au Canada. MalgrŽ cela, elle affiche une performance respectable par rapport ˆ la moyenne de lÕindustrie. La BLC rŽpond donc ˆ la dŽfinition dÕune END ˆ succ•s et en ce sens constitue un terrain privilŽgiŽ pour notre Žtude. 3.3 Les rŽpondants Au total, nous avons interrogŽ quinze personnes dans lÕorganisation, principalement des membres de la haute direction. Nous pensons que les dirigeants sont les mieux placŽs pour se prononcer sur la stratŽgie globale de la BLC et sur les dimensions de sa compŽtitivitŽ. Le but de notre recherche Žtant de dŽvelopper une nouvelle thŽorie sur la profitabilitŽ des END, dont les variables clŽs sont difficiles ˆ dŽterminer a priori, nous avons tenu ˆ couvrir le plus dÕaspects possibles de lÕorganisation. Nous avons donc aussi pris en considŽration la diversitŽ des profils des rŽpondants. 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 54 Nous avons dÕabord choisi des responsables des quatre lignes dÕaffaires de la BLCÊ: Services financiers aux particuliers, Services financiers aux entreprises, B2B Trust et Services aux intermŽdiaires et Courtage, gestion de fonds et marchŽs financiers. Nous avons ensuite choisi des responsables des principales fonctions de lÕentrepriseÊ: trŽsorerie, contr™le, gestion des risques, ressources humaines, technologie, affaires corporatives et relations avec les investisseurs. 4 LÕanalyse de donnŽesÊ: lÕanalyse de cas Les Žtudes de cas ont la particularitŽ de gŽnŽrer un volume important de donnŽes (Eisenhardt, 1989). Pour Žviter dÕ•tre submergŽ par les informations, nous avons dŽbutŽ lÕanalyse t™t dans notre dŽmarche de recherche. Nous avons divisŽ lÕanalyse de donnŽes en trois phasesÊ: les notes et la retranscription des entrevues, la rŽdaction du cas et la comparaison avec la thŽorie. La premi•re phase de lÕanalyse a commencŽ durant la pŽriode de collecte de donnŽes. Selon Eisenhardt (1989), les chevauchements entre lÕanalyse et la collecte de donnŽes sont frŽquents dans les Žtudes de cas. D•s le dŽbut de la collecte de donnŽes, nous avons effectuŽ des analyses sommaires des informations recueillies. Nous avons accompagnŽ chaque entrevue de notes, de rŽflexions spontanŽes et de commentaires divers. Nous avons aussi profitŽ de la pŽriode de retranscription des entrevues pour enrichir nos notes et dŽceler progressivement les ŽlŽments forts de notre Žtude. La rŽdaction du cas reprŽsente sans doute la phase la plus importante de lÕanalyse de donnŽes. Selon Leavy (1994), la transformation des donnŽes brutes en une narration cohŽrente du cas reprŽsente une partie intŽgrante du processus dÕanalyse. Apr•s plusieurs lectures des notes et des retranscriptions dÕentrevues, nous avons dÕabord sŽlectionnŽ les donnŽes intŽressantes et pertinentes. Puis, nous les avons structurŽes autour des th•mes du mod•le thŽorique. Enfin, nous avons procŽdŽ ˆ la rŽdaction du cas sous une forme descriptive. 3e partieÊ: DŽmarche mŽthodologique 55 In fact it is often through trying to find the most interesting way or ways in which to present the data that the core categories emerge and the real contribution is made. (Leavy, 1994, p. 112) Lors de la derni•re phase de lÕanalyse, la comparaison avec la thŽorie, nous avons tentŽ, ˆ la lumi•re des informations collectŽes sur le terrain, de confirmer, dÕinfirmer et de complŽter les propositions du mod•le thŽorique. De cette fa•on, nous avons pu dŽduire un certain nombre de facteurs clŽs du succ•s des END, soient les principaux rŽsultats de notre Žtude. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes Dans cette partie, nous prŽsentons le cas de la Banque Laurentienne du Canada. Le cas reprend les donnŽes recueillies lors des entrevues menŽes aupr•s des dirigeants et lors de lÕŽtude de documents sur la BLC et son industrie. Nous avons accordŽ une place particuli•re ˆ la perception des acteurs dans sa rŽdaction. Nous espŽrons ainsi prŽsenter une description plus riche de la rŽalitŽ du terrain. Le cas de la BLC est divisŽ en deux sectionsÊ: lÕindustrie bancaire canadienne et la Banque Laurentienne du Canada. Dans la premi•re section, nous dŽcrivons bri•vement lÕenvironnement dans lequel Žvolue la BLC. Dans la deuxi•me section, nous racontons le succ•s de la BLC ˆ travers son histoire, ses dirigeants et ses employŽs, son positionnement dans lÕindustrie et son fonctionnement. Nous avons pour cela rassemblŽ lÕinformation autour des th•mes du mod•le thŽorique en prenant soin de ne pas limiter, ni biaiser les rŽsultats de notre recherche. 1 LÕindustrie bancaire canadienne LÕindustrie bancaire canadienne est composŽe de 13 banques canadiennes, 34 filiales et 11 succursales de banques Žtrang•res actives au Canada. Les banques reprŽsentent environ 70 % des actifs canadiens dŽtenus par le secteur des services 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 57 financiers, qui comprend aussi les sociŽtŽs dÕassurance et de fiducie, les caisses populaires et dÕautres institutions financi•res. Six grandes banques canadiennes dominent lÕindustrie et dŽtiennent plus de 90 % de lÕactif total des banques1. La Banque Royale, ou RBC Groupe financier, est le leader avec plus de 303 milliards de dollars dÕactif et pr•s de 20Ê% des parts du marchŽ. Le tableau 8 montre les huit banques canadiennes de lÕannexe I classŽes selon lÕactif dŽtenu au dŽbut de lÕannŽe 2001. Tableau 8 Banques canadiennes de lÕannexe 1 Banques Actif total (en milliard de $) Part de marchŽ (%) RBC Groupe financier 303,22 19,30 Groupe Financier Banque TD 284,05 18,08 Banque Canadienne ImpŽriale de Commerce 274,18 17,45 Banque de Nouvelle-ƒcosse 272,76 17,36 Banque de MontrŽal 242,23 15,42 Banque Nationale du Canada 75,25 4,79 Banque Laurentienne du Canada 16,78 1,07 Banque Canadienne de lÕOuest 3,13 0,20 SourceÊ: Association des banquiers canadiens, 2001. Au cours de la derni•re dŽcennie, les banques canadiennes ont dŽveloppŽ leur habiletŽ ˆ distribuer des services financiers de mani•re Žlectronique. Elles ont poursuivi des stratŽgies de diversification (courtage, fonds communs de placement, assurance, capital de risque). En consŽquence, le revenu dÕintŽr•t net ne constitue plus la principale source de revenus des grandes banques canadiennes. En 2000, la proportion des revenus autres que dÕintŽr•t a atteint 1 Minist•re des Finances Canada, www.fin.gc.ca. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 58 55,6Ê% des revenus totaux des six grandes banques2. La figure 5 montre lÕŽvolution des revenus autres que dÕintŽr•t au cours des derni•res annŽes. Figure 5 Revenus dÕintŽr•t nets et autres revenus des six grandes banques Plusieurs banques canadiennes se sont tournŽes vers lÕŽtranger pour poursuivre leur expansion, principalement vers les ƒtats-Unis et le Mexique. La diversification et lÕinternationalisation des activitŽs des banques canadiennes ont contribuŽ ˆ lÕaugmentation de leurs bŽnŽfices. En 2000, les six grandes banques canadiennes ont dŽclarŽ des bŽnŽfices sans prŽcŽdent de 9,6 milliards de dollars comparativement ˆ 9,1 milliards de dollars en 1999 et ˆ 7,1 milliards de dollars en 19983. En juin 2001, le gouvernement canadien a finalement approuvŽ le projet de loi C8. Ce projet de loi est issu dÕun document de travail publiŽ en juin 1999 intitulŽÊ La rŽforme des services financiers canadiensÊ: un cadre pour lÕavenir. Le nouveau cadre rŽglementaire, entrŽe en vigueur le 24 octobre 2001, comprend une sŽrie de mesures visantʈ : assurer la croissance et la compŽtitivitŽ des institutions financi•res canadiennes au pays et ˆ lÕinternational, favoriser la concurrence sur le marchŽ local et protŽger le consommateur. Parmi ces mesures, on retrouveÊ: 2 3 Ibid. Ibid. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 59 _ La capacitŽ de crŽer une sociŽtŽ de portefeuille pour les groupes financiers bancaires. Ils pourront ainsi se structurer avec plus de souplesse en fonction de leurs stratŽgies commerciales respectives. _ LÕaugmentation des limites de propriŽtŽ des banques. Les banques auront de nouvelles occasions de conclure des alliances stratŽgiques. _ LÕŽlargissement de lÕacc•s au syst•me de paiements. Les compagnies dÕassurancevie, les firmes de courtage en valeurs mobili•res et les fonds dÕinvestissement du marchŽ monŽtaire pourront dorŽnavant participer au syst•me de paiements. _ Le processus dÕexamen des projets de fusion. Les banques canadiennes auront maintenant la possibilitŽ de dŽposer des projets de fusion devant les instances rŽglementaires pour fin dÕapprobation. _ Les nouvelles dispositions relatives ˆ lÕentrŽe des banques Žtrang•res. Les banques Žtrang•res bŽnŽficieront dÕun choix structurel accru favorisant leur compŽtitivitŽ sur le marchŽ canadien. Le projet de loi C8 montre la prŽoccupation du gouvernement canadien face ˆ la transformation qui sÕop•re dans lÕindustrie des services financiers. Ë lÕheure actuelle, plusieurs facteurs sont ˆ lÕÏuvre et refa•onnent la dynamique concurrentielle de lÕindustrie ˆ un rythme sans prŽcŽdent. Cinq facteurs principaux sont ressortis de notre Žtude : la consolidation, la technologie, les nouveaux concurrents, le vieillissement de la population et la mondialisation. 1.1 La consolidation Le Canada nÕŽchappe pas ˆ la vague de fusions qui suit son cours aux ƒtats-Unis o• 8Ê000 fusions ont eu lieu entre 1980 et 1998 (Rhoades, 2000). Le Conference Board du Canada a dŽnombrŽ plus de 350 fusions dans le secteur des services financiers au cours des dix derni•res annŽes4. La derni•re consolidation parmi les banques canadiennes remonte ˆ 1994 quand la Banque Laurentienne a fait lÕacquisition du rŽseau de succursales de la Banque Manuvie du Canada. Devant lÕinterdiction de fusionner entre elles, les banques ont procŽdŽ ˆ des acquisitions massives dans les autres piliers de lÕindustrie des services financiersÊ: les sociŽtŽs de fiducie, les maisons de courtage et les compagnies dÕassurance-vie. 4 L'avenir commence maintenantÊ: une Žtude du secteur des services financiers au Canada, Rapport du ComitŽ permanent des finances, 1998, p. 13. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 60 Par exemple, entre 1988 et 1991, les sociŽtŽs de fiducie reprŽsentaient environ 22Ê% des dŽp™ts au Canada. Apr•s la faillite dÕun certain nombre dÕentre elles et lÕacquisition de plusieurs par les banques, ces sociŽtŽs ne contr™laient plus que 9Ê% des dŽp™ts en 1997. La derni•re grande sociŽtŽ de fiducie indŽpendante, Canada trust, a ŽtŽ achetŽe en dŽbut dÕannŽe 2000 par la Banque Toronto Dominion pour la somme de 7,8 milliards de dollars. Le tableau 9 montre la diminution marquŽe du nombre de sociŽtŽs dans les autres piliers de lÕindustrie et la forte augmentation des actifs des banques qui en a rŽsultŽ. Tableau 9 Aper•u du secteur financier 1991-1997 Secteurs Nombre de sociŽtŽs 1991 1997 Actifs (en millions de $) 1991 1997 Banques § canadiennes § Žtrang•res 8 56 11 44 553 654 58 162 1 132 438 91 875 SociŽtŽs de fiducie 78 34 155 118 55 100 2700 2289 79 858 107 000 SociŽtŽs dÕassurance-vie § canadiennes § Žtrang•res 82 73 46 86 176 130 24 420 225 943 25 418 SociŽtŽs dÕassurances gŽnŽrales § canadiennes § Žtrang•res 198 152 97 119 Courtiers en valeurs mobili•res 118 187 26 918 13 280 Fonds communs de placement 119 78 49 916 283 200 CoopŽratives de crŽdit n.d. SourceÊ: The Canadian Services Industry, The year in Review, 1991-1992 et 1997, le Conference Board du Canada. Les banques canadiennes sont donc devenues de vŽritables conglomŽrats financiers. Elles offrent maintenant une gamme Žlargie de produits et services financiers. La rŽglementation les emp•che cependant de vendre de lÕassurance dans leur rŽseau de succursales. Elles doivent mener leurs opŽrations dÕassurance par le biais de filiales sŽparŽes. Avec lÕav•nement du nouveau cadre rŽglementaire, les grandes banques se prŽparent pour une nouvelle ronde de 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 61 fusions. MalgrŽ leur dominance sur le marchŽ canadien, les six grandes banques canadiennes ressentent le besoin dÕaccro”tre leur taille, de maximiser les Žconomies dÕŽchelle et de renforcer leur compŽtitivitŽ sur la sc•ne internationale face aux gŽants amŽricains et Žtrangers. 1.2 La technologie Depuis quelques annŽes, les banques du Canada investissent massivement en technologie. En 1999 seulement, elles ont consacrŽ 2,8 milliards de dollars ˆ la technologie5. On assiste ˆ la prolifŽration des canaux de distribution Žlectroniques (guichets automatiques et services bancaires par tŽlŽphone et par Internet). Selon un sondage de lÕAssociation des banquiers canadiens, 85Ê% des transactions bancaires au Canada se font maintenant par voie Žlectronique. En contrepartie des cožts Žnormes associŽs au dŽveloppement de ces nouveaux canaux, les cožts de transaction ont considŽrablement diminuŽ. Selon un dirigeant de la Banque LaurentienneÊ: ÇÊune transaction en succursale cožte environ 2,50 $ comparativement ˆ 0,10 $ sur InternetÊÈ. Une autre consŽquence de la technologieÊ: les consommateurs sont maintenant plus informŽs. Ils ont acc•s ˆ une multitude dÕinformations, via lÕInternet, auparavant difficilement accessibles. Ils sont ˆ m•me de comparer les offres des diffŽrentes institutions afin de choisir celle qui offre les meilleurs prix et la plus grande commoditŽ. Pour les banques, cela rend dÕautant plus difficiles la diffŽrenciation de leur offre et la consolidation de la relation avec le client. Ceci est particuli•rement vrai en ce qui a trait aux produits courants comme les comptes de dŽp™ts, les cartes de crŽdit, les pr•ts personnels et les hypoth•ques. 1.3 Les nouveaux concurrents De plus en plus, les banques font face ˆ lÕarrivŽe de nouveaux concurrents. Les banques virtuelles ont rŽcemment fait leur entrŽe dans lÕindustrie. La plus importante dÕentre elles est ING, la filiale canadienne dÕun groupe financier hollandais. DÕautres institutions se spŽcialisent dans la distribution ˆ grande 5 Association des banquiers canadiens, www.cba.ca. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 62 Žchelle de produits spŽcifiques comme MBNA avec les cartes de crŽdit ou Wells Fargo avec les pr•ts aux PME. Des compagnies dÕassurance-vie et de fonds communs de placement offrent maintenant des services bancaires par le biais de partenariats avec des banques. La banque se positionne alors comme manufacturier de services bancaires. La nouvelle rŽglementation, en Žlargissant lÕacc•s au syst•me de paiements, permettra aux compagnies dÕassurance-vie et de fonds communs de placement dÕoffrir ces services de mani•re indŽpendante. Les nouveaux concurrents des banques incluent aussi des dŽtaillants ou encore des manufacturiers. Loblaws a rŽcemment lancŽ, en collaboration avec la Banque CIBC, PresidentÕs Choice Financial, une banque virtuelle. GE est un autre exemple qui, par le biais de sa filiale GE Capital Canada, a rŽussi ˆ se tailler une place importante dans le financement aux entreprises. 1.4 Le vieillissement de la population La gŽnŽration du baby-boom, reprŽsentant environ 9,8 millions de Canadiens6, se prŽpare ˆ la retraite. LÕŽpargne constitue une prŽoccupation croissante pour ce segment de la population. Comme la plupart des Canadiens aujourdÕhui, une part importante de leurs avoirs est dŽtenue sous la forme dÕactifs financiers. LÕessor des fonds communs de placement en est dÕailleurs la preuve la plus frappante. Entre 1991 et 1997, lÕactif des sociŽtŽs de fonds communs de placement est passŽ de 49 916 ˆ 283 200 millions de dollars (tableau 9). De plus, plusieurs baby-boomers bŽnŽficieront bient™t dÕun transfert de richesse de la gŽnŽration prŽcŽdente. Ces individus auront donc de plus en plus besoin de conseils pour assurer la gestion de leurs avoirs. Pour ces raisons, la gestion du patrimoine est devenue une activitŽ clŽ des banques dÕaujourdÕhui et conna”t lÕune d•s plus fortes croissances de lÕindustrie7. Ces derni•res annŽes, les grandes banques ont intŽgrŽ plusieurs de leurs activitŽs dÕinvestissement et de consultation en une seule division de la gestion du patrimoine. 6 7 Rapport du Groupe de travailÊ: Changement, dŽfis et possibilitŽs, 1998, p. 33. Association des banquiers canadiens, www.cba.ca. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 1.5 63 La mondialisation La mondialisation contribue Žgalement ˆ la transformation de lÕindustrie bancaire canadienne. La mondialisation offre des possibilitŽs nouvelles aux institutions financi•res canadiennes, notamment celle de cro”tre ˆ lÕŽtranger. Par exemple, en novembre 2000, la Banque Scotia a augmentŽ sa participation de 10Ê% ˆ 55Ê% dans le Grupo Financiero Inverlat, une importante banque mexicaine. Pour sa part, la Banque Royale a dŽpensŽ plus de 4,5 milliards de dollars en acquisitions aux ƒtats-Unis au cours des deux derni•res annŽes 8. Les exemples de ce genre sont de plus en plus nombreux parmi les grandes banques canadiennes. En 2000, les activitŽs internationales des six grandes banques du Canada ont contribuŽ ˆ 50 % de leurs revenus nets9. La mondialisation entra”ne aussi une concurrence Žtrang•re accrue. Les pressions internationales pour la libŽralisation des Žconomies ont poussŽ le gouvernement canadien ˆ Žlargir lÕacc•s au marchŽ local, favorisant ainsi lÕentrŽe des banques Žtrang•res. JusquÕˆ tout rŽcemment, les banques Žtrang•res devaient mener leurs opŽrations au Canada par le biais de filiales capitalisŽes sŽparŽment et constituŽes sous le rŽgime des lois canadiennes. Depuis juin 1999, en vertu des nouvelles mesures lŽgislatives, les banques Žtrang•res peuvent crŽer des succursales ˆ services complets au Canada. Cela leur permettra entre autres de profiter de la capitalisation de leur sociŽtŽ parente et de renforcer leur position sur le marchŽ canadien. 8 9 The Economist Intelligence Unit Limited, Country Finance, June 2001. Minist•re des Finances Canada, www.fin.gc.ca. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 2 64 La Banque Laurentienne du Canada La BLC est la septi•me banque canadienne avec un actif de 17 milliards de dollars et pr•s de 4 000 employŽs. En 2001, elle a annoncŽ un bŽnŽfice net record de 90,7ÊmillionsÊde dollars, comparativement ˆ 81,7 millions en 2000 et ˆ 55,7 millions en 1999. Le rendement sur lÕavoir des actionnaires sÕest ŽlevŽ ˆ 13,8Ê% en 2001, en baisse par rapport ˆ 14,8 % en 2000. Ce rendement est lŽg•rement infŽrieur ˆ la moyenne de lÕindustrie qui se situait ˆ 16,3 % en 2000. La BLC dŽtient moins de 2 % des parts de marchŽ au Canada et nÕest pas prŽsente ˆ lÕinternational. Ses activitŽs sont concentrŽes au QuŽbec, en Ontario et dans lÕOuest canadien. Son rŽseau de distribution compte 246 succursales, 367 guichets automatiques, un centre tŽlŽbancaire et un site Web transactionnel. De plus, la Banque Laurentienne, sa filiale B2B Trust et Postes Canada se sont rŽcemment associŽs pour offrir des services bancaires de dŽp™t dans un millier de bureaux de poste partout au pays. En 2001, en vue de crŽer une sociŽtŽ de portefeuille, la BLC a restructurŽ ses activitŽs autour de trois grandes unitŽs dÕaffairesÊ: Gestion du patrimoine et Courtage; Services financiers aux particuliers et aux entreprises; B2B Trust et Services aux intermŽdiaires. Les trois grandes unitŽs dÕaffaires de la banque sont supportŽes par quatre grands secteurs corporatifsÊ: Finance, Contr™le et DŽveloppement stratŽgique; Technologie de lÕinformation, Services administratifs et Gestion immobili•re; TrŽsorerie, MarchŽs financiers et Gestion de risques; Ressources humaines et Affaires corporatives. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 65 Figure 6 Structure organisationnelle de la BLC en 2002 BLC Secteurs corporatifs TI et services administratifs ActivitŽs bancaires Services financiers aux entreprises B2B Trust et Services aux intermŽdiaires Gestion du patrimoine et Courtage Services financiers aux particuliers VISA 2.1 Les ŽvŽnements marquants de lÕhistoire rŽcente de la BLC Dans ce qui suit, nous prŽsentons trois ŽvŽnements ou moments clŽs qui, selon plusieurs dirigeants de la BLC, ont marquŽ lÕhistoire rŽcente de la BLC et ont contribuŽ de mani•re considŽrable ˆ son dŽveloppement au cours de la derni•re dŽcennieÊ: la pŽriode des acquisitions de 1988 ˆ 2000, la vente du bloc dÕactions de la SociŽtŽ financi•re Desjardins-Laurentienne et la crŽation de B2B Trust. 2.1.1 La pŽriode des acquisitions de 1988 ˆ 2000 Entre 1988 et 2000, sous la direction de Dominic dÕAlessandro et ensuite dÕHenri-Paul Rousseau, la Banque a connu la plus forte pŽriode de croissance de son histoire. De 1988 ˆ 1994, elle fait lÕacquisition de plusieurs petites compagnies de fiducie ainsi que du rŽseau de services financiers aux particuliers de la Banque Manuvie du Canada. En 1995, lÕachat de North American Trust permet ˆ la BLC dÕaccentuer sa prŽsence en Ontario et dans lÕOuest canadien. LÕacquisition de North American Trust est dÕautant plus importante quÕelle contribue au lancement de la ligne dÕaffaires des Services aux intermŽdiaires. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 66 North American Trust, comme plusieurs autres compagnies de fiducie acquises dans le passŽ, utilise un rŽseau de conseillers financiers pour distribuer ses produits. Henri-Paul Rousseau pense alors que ce crŽneau est trop important pour lÕintŽgrer aux activitŽs courantes de la Banque et dŽcide dÕen faire une ligne dÕaffaires distincte, les Services aux intermŽdiaires. En 1995, la BLC dessert plus de 3 000 conseillers financiers indŽpendants ˆ travers le Canada. Son portefeuille dÕactifs sous administration sÕŽl•ve alors ˆ 4 milliards de dollars. En 1996, la Banque se porte acquŽreur de Trust Pr•t et Revenu du Canada, une institution de placement rŽputŽe de la ville de QuŽbec. Elle se dote alors dÕune expertise accrue en gestion privŽe et en gestion de fonds communs de placement. Quelques annŽes plus tard, en 1999, la Banque annonce son intention dÕacheter la Compagnie de Fiducie Sun Life du Canada. La transaction se concrŽtise au dŽbut de lÕannŽe 2000. Les activitŽs de la Fiducie Sun Life sont alors intŽgrŽes aux Services aux intermŽdiaires. Gr‰ce ˆ cette acquisition, la proportion des actifs de la Banque ˆ lÕextŽrieur du QuŽbec passe ˆ 55Ê%. La m•me annŽe, BLC Valeurs Mobili•res, une filiale de la BLC, ach•te la firme de courtage TassŽ & AssociŽs LimitŽe. LÕacquisition de cette firme permet ˆ BLC Valeurs Mobili•res de renforcer sa prŽsence sur le marchŽ quŽbŽcois. En rŽsumŽ, au cours de la pŽriode de 1988 ˆ 2000, la Banque Laurentienne est passŽe dÕune petite banque montrŽalaise ˆ une banque nationale diversifiŽe. Elle a rŽalisŽ plus dÕune douzaine dÕacquisitions, a presque triplŽ son actif au bilan et a dŽcuplŽ son actif sous gestion. Cela a menŽ ˆ lÕaugmentation de sa taille, ˆ la diversification de ses revenus, ˆ lÕŽlargissement de son rŽseau ˆ travers le Canada et ˆ lÕŽtablissement dÕune position de chef de file dans le secteur des Services aux intermŽdiaires. La Banque a aussi dŽveloppŽ une compŽtence reconnue en intŽgration dÕentreprise. 2.1.2 La vente du bloc dÕactions de la SociŽtŽ financi•re DesjardinsLaurentienne 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 67 Au dŽbut des annŽes 1990, la BLC conna”t des probl•mes financiers. Certains disent que cÕest le rŽsultat dÕune mauvaise diversification. En 1992 et 1993, la proportion des pr•ts douteux sÕŽl•ve ˆ presque 3 % du portefeuille de pr•ts de la Banque, un niveau inŽgalŽ depuis. En 1994, les revenus par action se chiffrent ˆ 0,41 $, en baisse par rapport ˆ 1,64Ê$ en 1993 et 2,04 $ en 1992. La m•me annŽe, la SociŽtŽ financi•re Desjardins-Laurentienne devient le nouvel actionnaire majoritaire de la Banque Laurentienne ˆ la suite du regroupement du Mouvement des caisses populaires et dÕŽconomie Desjardins et de la Corporation du Groupe La Laurentienne. De 1994 ˆ 1997, la SociŽtŽ financi•re Desjardins-Laurentienne essaie de se dŽpartir de la Banque, mais sans succ•s. Finalement en 1997, lÕactionnaire majoritaire de la Banque se retire et vend son bloc dÕactions par le biais dÕune Žmission secondaire sur le marchŽ. La Banque Laurentienne du Canada acc•de alors au statut de banque ˆ charte de lÕannexe I, comme les autres grandes banques canadiennes, avec aucun actionnaire ne dŽtenant plus de 10 % du capital-actions. Cela lui permet entre autres de se financer plus facilement et librement quÕauparavant sur les marchŽs financiers. La vente du bloc dÕactions de la SociŽtŽ financi•re DesjardinsLaurentienne conf•re Žgalement ˆ la Banque plus dÕautonomie dans lÕatteinte des objectifs de son nouveau plan dÕaffaires 1997. Ce nouveau plan dÕaffaires vise ˆ Žlargir et ˆ amŽliorer la distribution des produits et services financiers ˆ ses clients. Le plan repose sur quatre lignes dÕaffaires bien dŽfiniesÊ: les Services financiers aux particuliers; les Services financiers aux entreprises; les Services financiers aux intermŽdiaires; le Courtage, la gestion de fonds et les marchŽs financiers. La stratŽgie derri•re le plan dÕaffaires 1997 consiste alors ˆ accŽlŽrer la croissance des actifs sous gestion et ˆ diversifier la composition de lÕactif au bilan en vue dÕamŽliorer le rendement pour les actionnaires. Le plan dÕaffaires 1997 marque aussi le dŽbut de la rŽingŽnierie des Services financiers aux particuliers 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 68 qui met lÕaccent sur les services-conseils dans le rŽseau de succursales et lÕacc•s aux rŽseaux Žlectroniques. 2.1.3 La crŽation de B2B Trust Le 1er juillet 2000, la Banque crŽe sa filiale B2B Trust, un grossiste de produits et services financiers. En tant que grossiste, B2B Trust ne traite pas directement avec les consommateurs. Ses produits et services sont mis en marchŽ par des intermŽdiaires financiers indŽpendants (courtiers en assurances, courtiers en fonds communs de placement et courtiers en dŽp™ts) et par des distributeurs sous marque privŽe (compagnies dÕassurances, compagnies de fonds communs de placement, compagnies de courtage et dŽtaillants). B2B Trust est nŽe dÕune rŽorganisation survenue ˆ la suite de lÕintŽgration des activitŽs de la Compagnie de Fiducie Sun Life aux Services aux intermŽdiaires. B2B Trust bŽnŽficie de lÕexpŽrience de grossiste de la Banque avec Merrill Lynch Canada. Depuis 1999, la Banque et Merrill Lynch Canada sont associŽes pour la diffusion du compte Multi-Avantages, un produit bancaire haut de gamme. B2B Trust compte Žgalement sur lÕinfrastructure technologique de sa compagnie-m•re et de ses partenaires technologiques renommŽs, tels CGI, First Data Resources et IBM Canada. AujourdÕhui, B2B Trust est au service dÕenviron 10 000 intermŽdiaires financiers indŽpendants (IFI), ce qui reprŽsente le tiers du marchŽ canadien. Son actif au bilan totalise 2,4 milliards de dollars et son actif sous gestion 5,6 milliards de dollars. B2B Trust a aussi signŽ des ententes avec des partenaires pour la distribution de produits et services financiers sous marque privŽeÊ: Bombardier Capital, Capital Teraxis, AIC LimitŽe, Charles Schwab Canada, Partenaires Cartiers, etc. Pour lÕexercice financier terminŽ le 31 octobre 2001, B2B Trust a affichŽ de solides rŽsultats financiers. Le revenu net a atteint 20,5 millions de dollars par rapport ˆ 15,7 millions en 2000. Le rendement de lÕavoir des actionnaires a Žgalement augmentŽ, passant de 11,2 % en 2000 ˆ 15 % en 2001. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 69 B2B Trust est lÕimage du nouveau positionnement de la Banque LaurentienneÊ: une institution unique, innovatrice et flexible. B2B Trust est aussi la rŽalisation dÕun des trois p™les de la mission dÕaffaires ŽnoncŽe dans le rapport annuel 2000Ê: ÇÊlÕexploitation de niches de marchŽ bien ciblŽes o• elle peut •tre reconnue comme chef de fileÊÈ. La Banque a dÕailleurs annoncŽ son intention de constituer une sociŽtŽ de portefeuille afin dÕexploiter chacune de ses unitŽs dÕaffaires de mani•re distincte et de rechercher des partenaires complŽmentaires pour chacune dans leur crŽneau. En ce sens, la crŽation de B2B Trust, la premi•re filiale ˆ avoir complŽtŽ un premier appel public ˆ lÕŽpargne, est un pas majeur vers lÕaccomplissement de la nouvelle stratŽgie de la Banque. 2.2 Les valeurs du dirigeant et des employŽs Nous dressons ici un portrait sommaire des individus participant au succ•s de la BLC. Ces individus, par leurs dŽcisions et leurs actions, influencent la stratŽgie de lÕorganisation, puis ultimement ses rŽsultats. Nous avons accordŽ une attention particuli•re au prŽsident et chef de la direction, M. Rousseau, compte tenu de sa contribution Žnorme au positionnement actuel de la BLC, qui fait lÕobjet de la prochaine sous-section. 2.2.1 Le prŽsident et chef de la direction de la BLC Depuis 1994, Henri-Paul Rousseau est prŽsident et chef de la direction de la Banque Laurentienne du Canada. Il est Žgalement prŽsident et chef de la direction de B2B Trust. Sous la direction de son prŽsident actuel, les actifs au bilan de la Banque Laurentienne sont passŽs de 10 ˆ 17 milliards de dollars. Plusieurs attribuent ˆ monsieur Rousseau le succ•s actuel de la BLC. Monsieur Rousseau est dŽtenteur dÕun doctorat en Žconomie de lÕuniversitŽ Western. Il a dÕabord commencŽ sa carri•re comme professeur dÕŽconomie ˆ lÕUniversitŽ du QuŽbec ˆ MontrŽal, puis ˆ lÕUniversitŽ Laval. Il a dÕailleurs publiŽ plusieurs travaux de recherche au QuŽbec et au Canada. De 1986 ˆ 1992, monsieur Rousseau a occupŽ plusieurs postes ˆ la Banque Nationale du Canada, dont celui 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 70 de premier vice-prŽsident, TrŽsorerie et MarchŽ financiers. De 1992 ˆ 1994, il a ŽtŽ prŽsident et chef de la direction de BorŽal Assurances inc. Le prŽsident de la BLC est reconnu comme un vŽritable visionnaire au sein de son entreprise, quelquÕun qui a toujours ÇÊplein dÕidŽesÊÈ. Monsieur Rousseau a surtout une idŽe tr•s claire de la direction dans laquelle doit aller lÕorganisation. Selon un dirigeant de la BanqueÊ: ÇÊMonsieur Rousseau est un homme tr•s moderne, tr•s visionnaire, il est toujours deux temps en avance sur le marchŽÊÈ. Par exemple, en 1999, dans un communiquŽ de presse portant sur les intentions du ministre Paul Martin en ce qui a trait au projet de rŽforme du secteur financier canadien, monsieur Rousseau se pronon•ait dŽjˆ en faveur de plusieurs ŽlŽments de sa stratŽgie actuelle. Nous sommes heureux de retrouver un cadre stratŽgique permettant aux institutions financi•res de disposer de la marge de manÏuvre nŽcessaire pour sÕadapter ˆ un marchŽ en pleine Žvolution, en particulier les ŽlŽments suivantsÊ: la possibilitŽ de crŽer une sociŽtŽ de portefeuille; lÕassouplissement des r•gles de propriŽtŽ; la possibilitŽ de crŽer des filiales et alliances stratŽgiques. Un autre exemple de la vision du prŽsident est la crŽation de B2B Trust. LÕidŽe nÕest pas nŽe dÕhier. Il y a dŽjˆ quelques annŽes que monsieur Rousseau discutait de sa crŽation avec son Žquipe de direction. DÕailleurs, lÕidŽe de B2B Trust nÕest pas Žtrang•re au sŽjour de monsieur Rousseau dans le domaine de lÕassurance. Les assureurs poss•dent lÕexpertise dans les services aux intermŽdiaires. Plusieurs distribuent leurs produits ˆ travers des rŽseaux de courtiers en assurance. En mettant sur pied B2B Trust, aujourdÕhui au service de pr•s de 10 000 IFI, monsieur Rousseau a en quelque sorte appliquŽ le mod•le de lÕassurance ˆ une banque. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 71 La citation suivante prŽsente un extrait du communiquŽ de presse tenu ˆ lÕoccasion de la mise sur pied de B2B Trust en avril 2000 o• monsieur Rousseau nous fait part de sa vision de la nouvelle filiale. LÕenvironnement concurrentiel du secteur financier sÕest considŽrablement modifiŽ au cours des derni•res annŽes et le commerce Žlectronique en mode grossiste permettra ˆ la Banque de dŽvelopper de nouveaux marchŽs sans craindre de perdre ses propres parts de marchŽ au profit de nouvelles pratiques bancaires. Monsieur Rousseau est aussi reconnu pour son leadership, pour sa capacitŽ dÕamener les gens dans la direction voulue. Il a dÕailleurs su sÕentourer de personnes clŽs; des gestionnaires chevronnŽs qui aujourdÕhui le suivent et lÕappuient dans lÕexercice de sa direction. Son leadership lui vient Žgalement de sa forte personnalitŽ et de sa qualitŽ dÕexcellent communicateur. Pour reprendre les mots dÕun dirigeantÊ: ÇÊMonsieurÊRousseau a la chance dÕ•tre un excellent communicateur et dÕavoir une Žquipe solidaire qui le suitÊÈ. Tous sÕentendent pour dire que monsieur Rousseau est la personne idŽale pour •tre ˆ la t•te de la BLC. Il a su vŽhiculer son message avec clartŽ ˆ travers lÕorganisation enti•re et ainsi gagner la confiance de ses troupes. Comme plusieurs dirigeants dÕentreprise, monsieur Rousseau est un homme dŽvouŽ qui travaille tr•s fort. ÇÊCÕest un vŽritable bourreau de travail; un individu tr•s exigeant envers les autres, mais qui nÕen demande pas moins de luim•meÊÈ, a dit un haut dirigeant lors dÕune entrevue. Il a vraiment ˆ cÏur la rŽussite de la Banque. Un membre de la haute direction a soulignŽ lÕimportance quÕil accorde ˆ la satisfaction des actionnairesÊ: ÇÊIl croit vraiment que sa mission premi•re consiste ˆ faire en sorte que les actionnaires re•oivent tout le mŽrite et la valeur quÕil est possible de soutirer de la BanqueÊÈ. Ë lÕoccasion dÕune prŽsentation faite au Sommet financier 2001 de Scotia Capitaux, monsieur Rousseau a dÕailleurs lui-m•me identifiŽ la crŽation de valeur pour les actionnaires comme la prioritŽ numŽro un de la Banque au cours du prochain exercice. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 72 DÕautres caractŽristiques de monsieur Rousseau sont ressorties lors de nos entrevuesÊ: son dynamisme et son implication. Monsieur Rousseau est rŽputŽ pour mener ses projets de mani•re tr•s rapprochŽe. B2B a ŽtŽ son ÇÊbŽbŽÊÈ au cours des deux derni•res annŽes. Il entend aujourdÕhui se rapprocher des autres secteurs de la BLC. Il est aussi tr•s pr•s des gens et des opŽrations comme le mentionnait un dirigeant ˆ lÕoccasion dÕune entrevueÊ: ÇÊCÕest quelquÕun qui est tr•s proche de ses gens et des activitŽs de chacun, il sait tout ce qui se passeÊÈ. Plusieurs sont m•me surpris par sa connaissance des dŽtails, m•me des plus techniques. 2.2.2 Les employŽs de la BLC Parmi les dirigeants que nous avons interrogŽs, la plupart poss•dent une solide expŽrience dans lÕindustrie des services financiers. Plusieurs ont dÕabord ŽvoluŽ au sein dÕune autre banque canadienne ou du Mouvement des caisses populaires Desjardins. Dans lÕensemble, les dirigeants de la BLC sont titulaires dÕun dipl™me universitaire de deuxi•me cycle ou dÕun dipl™me de premier cycle avec un titre comptable. De mani•re plus gŽnŽrale, les employŽs de la BLC prŽsentent trois caractŽristiques communes, aptitudes ou comportements, qui leur permettent de fonctionner et de rŽussir dans lÕentreprise : le gožt de relever des dŽfis, lÕentrepreneurship et la rapiditŽ de dŽcision et dÕaction. Comme disait lÕun de ses dirigeants : ÇÊla Banque a toutes les m•mes responsabilitŽs que les autres grandes banques, mais elle nÕa pas leurs ressourcesÊ[É]ÊÈ. En dÕautres mots, les employŽs de la BLC ont gŽnŽralement plus de responsabilitŽs que leurs homologues des grandes banques. La charge de travail qui en rŽsulte les am•ne ˆ travailler tr•s fort, ˆ toucher ˆ beaucoup de facettes de lÕentreprise et souvent ˆ mener plusieurs projets de front. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 73 ‚a fait 20 ans que je suis dans lÕindustrie bancaire, nulle part ailleurs les gens ne travaillent aussi fort quÕici dans une banque. Vraiment on nous en demande tout le temps. Il y a toujours des facteurs extraordinairesÊ[É] On avait toujours une acquisition en cours, moi jÕai pilotŽ huit ou neuf dossiers dÕacquisition. Les employŽs qui travaillent ˆ la BLC doivent donc avoir le gožt de relever des dŽfis. ÇÊSi tu veux travailler ˆ la Banque, il faut que tu aimes le dŽfi, que tu sois passionnŽ et que tu y croisÊÈ, a clairement prŽcisŽ un dirigeant de la Banque en entrevue. DÕailleurs, ceux que nous avons interrogŽs consid•rent leur travail comme fort stimulant et valorisant. Plusieurs ont mentionnŽ quÕils prŽfŽraient de loin leur expŽrience ˆ la BLC ˆ celle vŽcue dans dÕautres institutions plus grandes. Dans lÕensemble, ils sont passionnŽs par leur travail, croient au succ•s de la BLC et sont des ardents dŽfenseurs de sa stratŽgie. Une autre caractŽristique des employŽs de la BLC est leur comportement entrepreneurial. Ë la Banque Laurentienne, lÕinitiative est tr•s valorisŽe chez les employŽs. Les employŽs sont responsables et sont appelŽs ˆ prendre plusieurs dŽcisions. Il nÕest pas rare de voir des gens outrepasser la structure hiŽrarchique et les processus formels pour atteindre leurs fins. Comme on est une petite banque, on est obligŽ de se comporter en entrepreneur, parfois m•me de bypasser la hiŽrarchie et les Žtapes dÕapprobation Žtablies. En dÕautres mots, on doit •tre plus autonome dans nos dŽcisions et dans nos actions quotidiennes. LÕentrepreneurship ˆ la Banque Laurentienne, cÕest aussi des individus ˆ la recherche de nouveaux dŽbouchŽs et de nouvelles fa•ons de faire. Le succ•s des stratŽgies de niche ˆ la banque, •a rel•ve avant tout dÕindividus. Par exemple, dans le domaine des pr•ts aux marchands, deux personnes ont vraiment tout montŽÊ: un vice-prŽsident, affaires commerciales, et un super vendeurÊ[É] On pourrait probablement dire la m•me chose pour chacune des stratŽgies de niche quÕon a adoptŽes dans nos lignes dÕaffaires. Ë chaque fois, on attribuerait leur succ•s ˆ un ou ˆ quelques individus entrepreneurs. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 74 La crŽation de Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne est un autre exemple de succ•s attribuable ˆ quelques individus entrepreneurs. Contrairement ˆ la plupart des grandes banques, la BLC, faute des ressources nŽcessaires, nÕa pas achetŽ mais crŽŽ sa propre filiale de courtage. En fŽvrier 1995, ˆ la demande dÕHenri-Paul Rousseau, sept personnes ont mis sur pied BLC Valeurs Mobili•res, aujourdÕhui devenue Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne. Apr•s six ans seulement, la filiale de courtage de la BLC est dŽjˆ bien Žtablie sur le marchŽ obligataire institutionnel. Les ressources Žtant limitŽes, les employŽs de la Banque doivent souvent innover dans leurs fa•ons de faire. Ê[É] il faut absolument que les employŽs de la Banque soient capables de travailler dans un environnement o• les ressources sont limitŽes; cela veut souvent dire faire preuve dÕimagination et de dŽbrouillardise. Par exemple, de par sa taille, la BLC a un cožt des fonds propres supŽrieur ˆ celui des grandes banques canadiennes. MalgrŽ cela, elle doit offrir ses produits ˆ une tarification compŽtitive sur le marchŽ. Les employŽs ˆ la trŽsorerie doivent donc faire preuve dÕingŽniositŽ et recourir ˆ des stratŽgies financi•res innovatrices afin de rŽduire leur cožt des fonds propres et assurer la compŽtitivitŽ de la Banque sur le marchŽ. La derni•re caractŽristique des employŽs de la BLC est leur aptitude ˆ prendre des dŽcisions et ˆ agir rapidement. Les employŽs de la BLC ont le sens de lÕurgence. Comme disait un dirigeant de la BanqueÊ: ÇÊÊ[É] on est orientŽ ˆ court terme, il faut livrer la marchandiseÊÈ. Les employŽs de la BLC sont capables de se rallier rapidement devant des dŽfis importants et ponctuels. LÕacquisition de la Fiducie Sun Life en est un exemple frappant. En moins de trois mois, les activitŽs de lÕentreprise ont ŽtŽ intŽgrŽes ˆ celles de la Banque. Dans un tel environnement, la rapiditŽ de dŽcision et dÕaction implique aussi une certaine aisance avec 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 75 lÕincertitude. Le bon sens et lÕintuition prŽvalent souvent sur lÕanalyse et la rigueur. Ê[É] il faut savoir gŽrer sur la largeur plut™t que sur la profondeur. Quand on prend une dŽcision, on nÕa pas le temps de prendre deux mois ou de se commander deux rapports de 500 pages et de faire des analyses tr•s poussŽes. Alors on va prendre notre dŽcision sur quelques ŽlŽments et plusieurs fronts en m•me temps. 2.3 Le positionnement de la BLC Nous abordons maintenant la question du positionnement de la BLC. En particulier, nous mettons en Žvidence lÕessence de la stratŽgie globaleÊde la Banque LaurentienneÊ: sa vision, son approche gŽnŽrale face au marchŽ et ses principaux objectifs dÕaffaires. Nous montrons Žgalement comment la stratŽgie globale de la Banque sÕins•re dans les dŽveloppements rŽcents de chacune de ses lignes dÕaffaires. 2.3.1 La stratŽgie globale de la BLC La stratŽgie globale de la BLC se rŽsume ˆ deux concepts clŽsÊ: les niches de marchŽ et les partenariats. Sous la prŽsidence dÕHenri-Paul Rousseau, lÕobjectif nÕest plus seulement de cro”tre, mais Žgalement de se diffŽrencier. Le titre du rapport annuel 2000 ÇÊRŽinventer le mŽtier de banquier. Une stratŽgie rentableÊÈ montre la nouvelle orientation de la BLC et son intention claire de se distinguer sur le marchŽ. Comme le mentionnait un dirigeant : ÇÊLa Banque a compris quÕelle ne pouvait pas •tre tout pour tout le monde [É] elle doit se nicher de plus en plusÊÈ. La Banque cherche maintenant ˆ exploiter une position unique dans chacun de ses marchŽs traditionnels et ˆ occuper une place de choix dans les nouvelles niches de marchŽ, telles B2B Trust et la Gestion du patrimoine. La Banque sÕest extraordinairement bien nichŽe sur le marchŽ canadien avec B2B Trust. CÕest vrai aussi dans les affaires commerciales, par exemple, o• on nÕessaie pas dÕ•tre dans tous les types dÕentreprises. On se concentre sur certains crŽneaux dans lesquels on excelle. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 76 La Banque a aussi rŽalisŽ que sa taille et ses ressources actuelles ne lui permettaient pas de survivre seule dans lÕindustrie. La Banque ˆ sa grosseur ne peut pas survivre seule. Ceci dit, on nÕest pas en faillite, on dŽgage plus de 50 millions de dollars de profit par annŽe. Mais la Royale en dŽgage pas loin de 2 milliards et elle en investit une partie en dŽveloppement technologique [É] Nous il faut suivre, mais on nÕa pas le capital nŽcessaire. Pour cro”tre et continuer de se dŽvelopper dans chacun de ses crŽneaux, la Banque a amorcŽ la restructuration de ses activitŽs en sociŽtŽ de portefeuille. Les filiales actuelles deviendront des compagnies publiques dans lesquelles des partenaires externes pourront prendre une participation financi•re. Les nouvelles compagnies auront alors leur propre monnaie dÕŽchange sur les marchŽs financiers. Cela favoriseraÊlÕobtention de financement sur les marchŽs et la conclusion de partenariats dÕaffaires. Les nouvelles compagnies seront ainsi mieux armŽes face ˆ la concurrence dans leur marchŽ. Pour leur part, les investisseurs auront lÕoccasion dÕinvestir dans les secteurs ˆ plus forte croissance de la Banque et de rŽaliser un meilleur rendement. Le tableau 10 montre les objectifs stratŽgiques de la BLC, tels que prŽsentŽs lors du Sommet financier 2001 de Scotia Capitaux. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 77 Tableau 10 Objectifs stratŽgiques de la BLC 2002 Objectifs Plans 1. Mettre en Ïuvre des technologies de pointe Simplifier les opŽrations et rŽduire la structure de cožts au minimum 2. CrŽer des activitŽs bancaires davantage centrŽes sur le client AmŽliorer lÕefficacitŽ, les structures et se concentrer sur une approche clairement centrŽe sur le client 3. ƒtablir le statut de chef de file de B2B Trust Miser sur un solide rŽseau composŽ de 10 000 IFI et partenaires de distribution 4. Positionner les activitŽs de gestion du patrimoine Maximiser lÕefficacitŽ et la synergie avec les partenaires 5. PrŽparer la transition vers une sociŽtŽ de portefeuille Mettre en Ïuvre des outils de planification efficace de gestion du risque, du capital et de rŽgie dÕentreprise en vue de la migration vers une sociŽtŽ de portefeuille 2.3.2 Les crŽneaux de la BLC B2B Trust et les Services aux intermŽdiaires (SAI) B2B Trust et les SAI sont lÕillustration parfaite dÕune nouvelle niche de marchŽ o• la Banque vise une position de chef de file dans lÕindustrie. B2B Trust est le fer de lance de la stratŽgie hors-QuŽbec de la Banque. MalgrŽ une forte prŽsence au QuŽbec, la BLC poss•de une part de marchŽ infŽrieure ˆ 2 % au Canada. [É] suite ˆ une rŽflexion avec les consultants de Mackensie et Ass., on a vu une opportunitŽ pour la Banque de grandir ˆ lÕextŽrieur du QuŽbec, pas en brique et mortier traditionnel, mais surtout avec les intermŽdiaires et les partenaires. La stratŽgie de B2B, cÕest vraiment de devenir le wholesaler de tout ce monde. B2B Trust et les SAI sont aussi la rŽponse claire de la BLC ˆ trois tendances de lÕindustrieÊ: changement dŽmographique, multiplicitŽÊdes produits 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 78 financiers et nouveaux entrants dans la distribution de services financiers. Le tableau 11 prŽsente les relations entre les tendances de lÕindustrie, les opportunitŽs qui en rŽsultent et les forces de la BLC. Tableau 11 Positionnement de la BLC comme grossiste Tendances OpportunitŽs § Changement dŽmographique § § § § MultiplicitŽ des produits § Nouveaux entrants § Forces Baby-boomers approchent de la retraite Augmentation de lÕŽpargne Transfert de richesse intergŽnŽrationnel § Gestion plus sophistiquŽe des avoirs des mŽnages Besoin dÕune relation plus Žtroite avec un spŽcialiste en planification financi•re § Nouvelles technologies de lÕinformation (Internet, diminution des cožts de distribution) Compagnies dÕassurance, de fonds communs de placement et dŽtaillants § § § § § § Institution financi•re Žtablie Gamme compl•te de produits et services financiers Leader en pr•ts investissement et en REER autogŽrŽs ExpŽrience avec un rŽseau de plus de 10 000 IFI Infrastructure technologique flexible Acc•s au syst•me de paiements CompŽtence en intŽgration dÕentreprise ExpŽrience avec Merrill Lynch Canada La BLC a donc vu une opportunitŽ en or de se positionner comme grossiste de produits et services financiers avec B2B Trust et les SAI. La Banque nÕa pas la plus forte renommŽe, ni le rŽseau de distribution le plus Žtendu ˆ lÕextŽrieur du QuŽbec, mais elle poss•de des atouts indŽniables. En sÕassociant avec des partenaires de distribution possŽdant une puissante marque et un rŽseau de distribution national, la Banque a la possibilitŽ de mettre ˆ contribution ses atouts et de poursuivre sa croissance hors-QuŽbec. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 79 De plus, la taille de la BLC nÕest pas une faiblesse mais une force dans sa nouvelle niche. La BLC est suffisamment grande pour servir les nouveaux concurrents des banques et suffisamment petite pour ne pas constituer une menace. Avec une part de marchŽ de moins de 2 % au Canada, elle ne risque pas de cannibaliser ses propres opŽrations. LÕimpact serait tout autre pour une grande banque canadienne. Ceci rŽduit donc considŽrablement lÕattrait de la nouvelle niche pour les banques ayant une forte part de marchŽ au Canada. Pour toutes ces raisons, B2B Trust a ŽtŽ le projet principal de la BLC au cours des derni•res annŽes. Plusieurs dirigeants lÕont dÕailleurs identifiŽe comme la ÇÊstratŽgie ultimeÊÈ de la Banque Laurentienne. B2B Trust, cÕest lÕendroit o• la Banque a mis le plus dÕefforts au cours des trois ˆ quatre derni•res annŽes. CÕest peut-•tre sa planche de salut. [É] se dŽvelopper, augmenter sa taille, amŽliorer sa masse critique pour que le reste de la Banque en bŽnŽficie. B2B Trust a ŽtŽ le fer de lance de la Banque pour se nicher davantage. CÕest le premier ŽlŽment et les autres vont suivre. Services financiers aux particuliers (SFAP) Les SFAP de la BLC sont concentrŽs au QuŽbec, surtout sur lÕ”le de MontrŽal o• la Banque est prŽsente depuis 1846. Ce nÕest quÕen 1975 que des modifications lŽgislatives ont permis ˆ la Banque dÕouvrir une premi•re succursale ˆ lÕextŽrieur de la rŽgion de MontrŽal. En consŽquence, le rŽseau de succursales de la Banque est beaucoup moins Žtendu que celui de ses principaux concurrents ˆ lÕextŽrieur de la rŽgion mŽtropolitaine. NŽanmoins, lÕacquisition rŽcente de 43 succursales de la Banque Scotia, reprŽsentant un bassin de plus de 165 000 clients, montre la volontŽ de la Banque de consolider sa position au QuŽbec dans le secteur des SFAP. Pour assurer la crŽation de nouvelles client•les, la BLC mise Žgalement sur un rŽseau de plus de 6 200 marchands associŽs ˆ travers le Canada. La Banque offre des services financiers aux clients qui souhaitent acheter les produits de 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 80 consommation des marchands associŽs. Gr‰ce ˆ des ententes avec des partenaires tels que Bombardier Capital, Arctic Cat, Doral, Campion, etc., la Banque est devenue un leader dans le financement aux points de ventes. [É] la Banque a dŽveloppŽ un crŽneau o• elle se spŽcialise dans les pr•ts aux marchands, les vendeurs de piscine, les vendeurs de vŽhicules rŽcrŽatifs, etc. On est devenu bon, on a de bons produits, on est tr•s rapide dans lÕapprobation, ce qui fait quÕon a probablement la part de marchŽ principale aupr•s des marchands. Services financiers aux entreprises (SFAE) Les SFAE de la BLC se spŽcialisent dans un crŽneau tr•s ciblŽÊ: les moyennes entreprises ayant un chiffre dÕaffaires entre 5 et 100 millions de dollars et des besoins de financement entre 1 et 15 millions de dollars. Soixante pour cent des entreprises visŽes sont situŽes dans les rŽgions mŽtropolitaines de MontrŽal et de Toronto o• la BLC occupe 5 % du marchŽ. De 1996 ˆ 1998, des Žtudes rŽalisŽes par la firme Hart & Associates Management Consultants ont classŽ la Banque Laurentienne au premier rang pour la qualitŽ de ses services aux entreprises. Notre positionnement au cours des derni•res annŽes consistait ˆ nous dŽmarquer des ÇÊgrosÊÈ compŽtiteurs en tablant sur lÕinefficacitŽ de ceuxci ˆ bien comprendre les besoins des moyennes entreprises et sur leur lenteur ˆ mettre en place des solutions. Nous avons exploitŽ le fait que certaines grosses banques pouvaient m•me faire preuve dÕarrogance envers ce segment de marchŽ. Le succ•s des SFAE dans leur crŽneau repose sur plusieurs partenariats. En 2000, la BLC a signŽ une entente avec la Banque de dŽveloppement du Canada (BDC) pour la crŽation dÕun fonds de 100 millions de dollars. LÕentente permettra de mieux rŽpondre aux besoins de croissance des petites et moyennes entreprises canadiennes en leur donnant acc•s ˆ une gamme compl•te de produits financiers et de services de consultation. DÕautres partenariats ont pour but lÕamŽlioration de la gamme de produits des SFAE. En 2000, la Banque sÕest associŽe avec Gestion Penfund LimitŽe pour le financement de type mezzanine et avec Les AssociŽs 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 81 Capital LimitŽe pour le crŽdit-bail. Enfin, les SFAE peuvent compter sur un rŽseau de professionnels associŽs (comptables, avocats et consultants) pour leur rŽfŽrer des nouveaux clients. Ë lÕheure actuelle, le rŽseau est responsable de pr•s de 50 % des nouveaux clients des SFAE. Comme B2B Trust, les SFAE sont appelŽs ˆ devenir une compagnie publique dans laquelle un partenaire dÕaffaire pourra participer au capital-action. La ligne dÕaffaires a dÕailleurs affirmŽ son intention de sÕengager dans un partenariat majeur avec un autre joueur de lÕindustrie afin dÕaccŽlŽrer leur pŽnŽtration de marchŽ au Canada. Gestion du patrimoine et Courtage La nouvelle ligne dÕaffaires Gestion du patrimoine et Courtage regroupera les activitŽs de deux filiales de la BanqueÊ: Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne et BLC-Edmond de Rothschild Gestion dÕactifs. Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne offre une gamme compl•te de services de courtage. Bien quÕelle agisse comme courtier de plein exercice et quÕelle offre des services de courtage ˆ escompte aupr•s des particuliers, Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne se spŽcialise dans le marchŽ obligataire institutionnel. Depuis sa crŽation en 1995, elle a rŽussi ˆ accro”tre sa participation dans les Žmissions de titres de plusieurs provinces canadiennes. Un exemple bien prŽcis, la province de QuŽbecÊ: •a nous a pris 5 ans seulement pour passer dÕune participation nulle ˆ une participation de 13Ê%, ce qui fait de nous la deuxi•me en importance au pays apr•s la Banque Nationale. Pour en arriver lˆ, il a fallu convaincre sur une base quotidienne, hebdomadaire et mensuelle le Fonds dÕamortissement de la province de QuŽbec que nous Žtions parmi les meilleurs [É] BLC-Edmond de Rothschild Gestion dÕactifs est une coentreprise issue de lÕassociation de la Banque Laurentienne avec la Compagnie Financi•re Edmond de Rothschild Banque, la banque fran•aise du groupe mondial LCF Rothschild. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 82 Elle offre des services de gestion de portefeuille dÕinstitution et de fonds communs de placement. En 2000, la coentreprise a lancŽ les FondsÊR, une nouvelle famille de fonds diversifiŽs ˆ caract•re international. Les Fonds R ont connu un succ•s immŽdiat qui, selon M. AndrŽ Dubuc, alors prŽsident de BLC-Edmond de Rothschild, est en partie dž ˆ lÕexcellente rŽputation des gestionnaires parisiens de ces fonds. RŽcemment, la Banque a annoncŽ la rŽorganisation de ses Fonds Iris et des Fonds R. Les Fonds Iris seront rŽunis sous la banni•re des Fonds R et administrŽs par BLC-Edmond de Rothschild. La rŽorganisation sÕinscrit dans la stratŽgie de la Banque ˆ lÕŽgard de la ligne dÕaffaires Gestion du patrimoineÊ: amŽliorer les synergies entre ses activitŽs et atteindre une plus grande masse critique. BLC-Edmond de Rothschild Gestion dÕactifs offre aussi des services de gestion du patrimoine aupr•s des particuliers. Ce secteur dÕactivitŽ est appelŽ ˆ prendre une importance accrue. Le prŽsident et chef de la direction de la Banque Laurentienne a annoncŽ publiquement son intention de procŽder ˆ des acquisitions ciblŽes dans le secteur de la gestion du patrimoineÊ: ÇÊmaintenant que nous avons les gens en place, nous allons regarder toute acquisition potentielle ou toute occasion potentielle de croissance intŽressanteÊÈ10. La Banque esp•re ainsi profiter de la croissance prŽvue dans ce secteur pour augmenter ses revenus et accro”tre sa valeur sur le marchŽ. 2.4 Le fonctionnement de la BLC Nous venons de voir comment les piliers de la stratŽgie globale de la BLC (les niches de marchŽ et les partenariats) affectent le positionnement des lignes dÕaffaires. Il reste ˆ Žlucider le processus par lequelÊla Banque arrive ˆ se dŽmarquer dans chacun de ses crŽneaux. Pour cela, nous prŽsentons ici des exemples de fa•ons de faire ou de pratiques originales qui, chacune ˆ leur mani•re, contribuent au succ•s global de la BLC. Ces exemples sont liŽs ˆ diffŽrents 10 La Laurentienne ˆ la recherche dÕacquisitions, La Presse, 5 dŽcembre 2001, p. 7. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 83 aspects du fonctionnementÊde la Banque : lÕoffre de produits et de services; la gestion des ressources technologiques, financi•res et humaines; et lÕorganisation de la structure organisationnelle. 2.4.1 Les produits et services Au cours de la derni•re dŽcennie, la Banque Laurentienne sÕest efforcŽe de crŽer des filiales variŽes de fa•on ˆ rŽpondre ˆ lÕŽventail des besoins financiers des consommateurs. AujourdÕhui, elle offre une gamme Žlargie de produits et services financiers, semblable ˆ celle des grandes banques canadiennes. Avec la consolidation de lÕindustrie des services financiers, il est de plus en plus difficile pour les banques de se diffŽrencier, en particulier sur la base des produits. On Žvolue dans une industrie o• tous les joueurs vendent les m•mes produits, au m•me prix et aux m•mes heures. Les banques nÕont jamais vraiment rŽussi ˆ se diffŽrencier [É] Les clients de la Banque Laurentienne sÕattendent ˆ avoir les m•mes produits quÕˆ la Banque Nationale ou ˆ la Banque Royale. La Banque Laurentienne, comme dÕautres banques, mise donc sur la qualitŽ du service quÕelle offre ˆ ses clients. La crŽation dÕactivitŽs bancaires davantage centrŽes sur le client figure dÕailleurs parmi ses objectifs stratŽgiques 2002. Dans ce qui suit, nous illustrons, ˆ lÕaide dÕexemples, lÕimportance du service ˆ la client•le ˆ la Banque, en particulier de la relation-client et des solutions-clients. La relation-client DÕapr•s un sondage de suivi rŽalisŽ en 2000,ʈ la demande de la BLC, la majoritŽ des clients de la Banque la consid•re comme semblable ˆ ses concurrents. Elle se distingue toutefois sur deux ŽlŽments aupr•s dÕun certain nombre dÕentre eux : la relation-client (proximitŽ et respect) et le positionnement conseil. Les dirigeants de la BLC accordent dÕailleurs une grande importance ˆ la relationclient et au r™le de lÕindividu dans celle-ci. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 84 LÕinstitution ce nÕest plus important, ce qui compte aujourdÕhui cÕest la relation qui a ŽtŽ dŽveloppŽe avec le client [É] la compŽtition se fait beaucoup plus au niveau des individus. [É] on a vraiment lÕimpression que lorsquÕon perd un client, cÕest parce quÕil a prŽfŽrŽ aller avec un autre conseiller qui a rŽussi ˆ le convaincre quÕil serait mieux avec lui quÕavec son conseiller actuel. La ligne dÕaffaires des SFAE constitue un bel exemple de la volontŽ de la Banque de se diffŽrencier par la qualitŽ du service et la relation-client. Les SFAE ont adoptŽ une stratŽgie relativement simple pour maximiser la qualitŽ de leur force de venteÊ: augmenter la disponibilitŽ des directeurs de comptes en rŽduisant le nombre de clients quÕils doivent gŽrer. La Banque esp•re ainsi se dŽmarquer non pas sur le terrain cožteux de la technologie et des produits sophistiquŽs, mais sur celui de la compŽtence, de la disponibilitŽ des directeurs et de la qualitŽ des services offerts. Chez nos concurrents, un directeur peut gŽrer jusqu'ˆ 80 clients en moyenne. Ë la Banque Laurentienne, un directeur ne gŽrera jamais plus de 30 clients, lui permettant ainsi de rencontrer chaque client quatre fois par annŽe. Cette structure dÕopŽrations est calquŽe sur le mod•le observŽ aux ƒtats-Unis, o• certaines banques commerciales de notre taille ont rŽussi ainsi ˆ sÕimposer comme spŽcialiste du Relationship Banking. Pour appuyer sa stratŽgie, la Banque a lancŽ une campagne publicitaire de 1998 ˆ 2000Ê: ÇÊNÕappelez pas la banque. Appelez le banquierÊÈ. La publicitŽ Žtait assortie dÕune promesse de garantie de service unique dans lÕindustrieÊ: retour dÕappel en moins de 2 heures, rencontre en moins de 2 jours, esquisse de financement en moins de 2 jours et proposition finale en moins de 10 jours. Le but de la campagne publicitaire Žtait dÕidentifier les entreprises mal servies dans le marchŽ et intŽressŽes par un service amŽliorŽ. Les solutions-clients Les solutions-clients sont une autre fa•on pour la Banque dÕamŽliorer la qualitŽ du service quÕelle offre ˆ ses clients. Un exemple de solution-clientÊest le financement aux points de ventes. La Banque offre aux consommateurs la 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 85 possibilitŽ dÕobtenir du financement sur les lieux m•mes de leurs achats. Le processus dÕachat du consommateur se trouve alors simplifiŽ et lÕoffre du marchand bonifiŽe. Les rŽsultats du sondage de suivi montrent le succ•s de cette initiative. En 2000, 20 % des clients qui ont choisi la Banque comme nouvelle institution lÕont fait ˆ la suite dÕun achat important chez un marchand associŽ. Le relevŽ consolidŽ Le gestionnaire est un autre exemple de solutionclient. Les clients de la Banque Laurentienne ont la possibilitŽ de recevoir un seul relevŽ mensuel prŽsentant lÕensemble des soldes ˆ une date donnŽe pour chacun des produits dŽtenus. JusquÕˆ tout rŽcemment, aucune autre banque nÕoffrait ce service ˆ ses clients. B2B Trust et les SAI comptent plusieurs solutions-clients. Au cours des quatre derni•res annŽes, la Banque a dŽpensŽ au-delˆ de 135 millions de dollars en technologie afin de moderniser sa plate-forme technologique. La plate-forme technologique de la Banque lui permet maintenant dÕoffrir ˆ ses partenaires non bancaires une gamme compl•te de produits et services financiers sous marque privŽe dans des dŽlais relativement courts. Les partenaires bŽnŽficient donc dÕune solution flexible leur permettant non seulement de complŽter leur gamme, mais Žgalement de renforcer la notoriŽtŽ de leur marque. Les intermŽdiaires financiers indŽpendants qui font affaire avec B2B Trust et les SAI profitent de plusieurs solutions sur lesquelles ils peuvent compter pour amŽliorer leur compŽtitivitŽ sur le marchŽ. Les IFI ont acc•s ˆ une gamme compl•te de produits et services financiers. En juin 2001, B2B Trust a lancŽ Le Choix du conseiller, un programme permettant aux IFI dÕoffrir ˆ leurs clients un large Žventail de produits bancairesÊ: compte de ch•ques, compte dÕŽpargne, carte de dŽbit, marge de crŽdit, site Web transactionnel et services tŽlŽbancaires. Ë lÕheure actuelle, la BLC est la seule institution sur le marchŽ ˆ offrir ce service aux IFI. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 86 Il nÕy a personne dans le marchŽ qui fait tout ce que nous on fait. Par exemple, il nÕy a personne qui offre ˆ la fois des CPG, une plate-forme fiduciaire pour administrer des REER autogŽrŽs et tout ce que •a inclut [É] Il nÕy a pas de banque lˆ-dedans autre que la Canadian Western. La BLC met Žgalement au service des IFI le site Natlink.com. Par lÕintermŽdiaire de ce site, les IFI ont acc•s ˆ des donnŽes sur leurs clients et au traitement des commandes. Ils sont ainsi en mesure de rŽpondre plus aisŽment et dans les plus brefs dŽlais aux clients en ce qui concerne leurs REER, leurs FERR et leurs pr•ts. La BLC a rŽcemment mis sur le marchŽ le monportailfinancier.com, un outil Internet permettant le regroupement des comptes dŽtenus aupr•s de diffŽrentes institutions financi•res. Le nouvel outil sera fort utile pour les conseillers financiers dŽsirant assurer une gestion plus Žtroite des avoirs de leurs clients. Les clients abonnŽs au service peuvent obtenir ÇÊen ligneÊÈ un portrait complet de leur situation financi•re. 2.4.2 La technologie Deux ŽlŽments caractŽrisent la gestion de la technologie ˆ la Banque LaurentienneÊ: les partenariats technologiques et lÕorientation smart follower. Ces deux ŽlŽments sont intimement liŽs ˆ sa position dans le marchŽ et ˆ ses ressources limitŽes. Les partenariats technologiques La Banque a conclu plusieurs ententes dÕimpartition avec des partenaires renommŽs en ce qui a trait ˆ la technologie, tels CGI, IBM et First Data Resources (FDR). En vertu de ces ententes, la BLC bŽnŽficie de lÕexpertise et des ressources de ses partenaires pour assurer le dŽveloppement et le fonctionnement de son infrastructure technologique. Selon lÕun des ses dirigeantsÊ: ÇÊon sait tr•s bien que la Banque Laurentienne est trop petite pour sÕimaginer quÕelle peut se dŽvelopper enti•rement de son propre chef et •tre la meilleure dans toutÊÈ. La Banque demeure en charge de la gestion des ententes dÕimpartition et des orientations stratŽgiques en mati•re de technologie. Elle conserve Žgalement les droits de 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 87 propriŽtŽ intellectuelle et la propriŽtŽ de ses logiciels et de son infrastructure technologique. RŽcemment, la BLC a conclu une entente avec CGI concernant lÕimpartition de la gestion de ses services de technologie de lÕinformation. Elle esp•re ainsi assurer le dŽveloppement continu de sa capacitŽ technologique. La Banque a aussi un partenariat avec IBM pour la gestion de ses opŽrations informatiques. Notamment, les logiciels dŽveloppŽs par la Banque fonctionnent sur des syst•mes IBM. LÕassociation avec IBM, en plus de favoriser lÕacc•s ˆ une technologie de pointe, entra”ne la diminution des cožts dÕexploitation de la Banque. Finalement, la Banque a imparti ˆ FDR le traitement de son portefeuille de cartes de crŽdit. Cela lui permet de rŽduire ses cožts dÕentretien, de mise ˆ niveau et de traitement. De plus, la Banque se positionne de mani•re ˆ tirer profit des retombŽs technologiques des dŽveloppements futurs dans ce domaine. LÕorientation smart-follower La Banque Laurentienne nÕaspire pas ˆ une position de leader en mati•re de technologie. Elle se dŽfinit davantage comme un smart-follower. Comme la technologie reprŽsente un centre de cožts important pour la Banque, elle adopte une approche conservatrice dans sa fa•on de la gŽrer. Lorsque je prends une dŽcision technologique, je ne peux pas faire dÕerreur. La technologie en gŽnŽral •a cožte cher, on parle toujours de millions de dollars. Quand tu fais une erreur, tu hypoth•ques la Banque pour des annŽes en mati•re de dŽveloppement des affaires, de produits et dÕavancement de toutes sortes. [É] Aussi, parce quÕon est une petite banque, on ne peut pas •tre les premiers ˆ explorer une nouvelle technologie, cÕest trop risquŽ et la technologie nÕest souvent pas assez stable. Ainsi, en raison de ses ressources plus limitŽes, la Banque essaie rarement de devancer la concurrence sur le plan des innovations technologiques. Elle prŽf•re adopter une nouvelle technologie lorsque celle-ci est ŽprouvŽe et que les cožts ont diminuŽ. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 88 La raison pour laquelle on est rarement les premiers, cÕest quÕon nÕa pas les ressources financi•res. Il faut quÕon g•re de fa•on conservatrice et que nos cožts soient les plus bas possibles si on veut •tre compŽtitif. On est obligŽ dÕavoir les m•mes produits et services que la concurrence, mais on nÕa pas leur masse critique [É] il faut quÕon travaille plus fort pour arriver aux m•mes rŽsultats. Par exemple, la BLC a ŽtŽ la derni•re banque canadienne ˆ implanter la carte de dŽbit. Elle a laisser le marchŽ expŽrimenter la nouvelle technologie avant de prendre sa dŽcision. Une fois dŽcidŽe, la Banque a implantŽ la carte de dŽbit en moins de six mois et ˆ un cožt de loin infŽrieur aux institutions pionni•res. En ce moment, le concept de Customer Relationship Management (CRM) est ˆ la mode dans lÕindustrie des services financiers au Canada. Le CRM est le processus dÕidentifier, dÕacquŽrir et de retenir les clients les plus profitables pour lÕorganisation ou ceux quÕelle dŽsire servir11. Le CRM est supportŽ par une technologie permettant la collecte, lÕanalyse et lÕutilisation des donnŽes sur les clients. Pourtant, ˆ la Banque Laurentienne, on a dŽcidŽ de retarder son implantation. Pour le moment, la technologie nÕest pas mature, les cožts sont trop ŽlevŽs, les besoins des utilisateurs ne sont pas clairement dŽfinis et lÕorganisation nÕest pas pr•te ˆ enclencher un tel programme. NŽanmoins, la Banque utilise les outils technologiques en place en vue de se prŽparerʈ lÕimplantation Žventuelle du CRM. MalgrŽ son orientation smart-follower, la Banque se positionne en gŽnŽral tr•s bien par rapport ˆ la concurrence. Selon un dirigeantÊ: ÇÊnotre parc technologique est comparable ˆ celui de nÕimporte quelle autre banqueÊÈ. Gomez.com, lors dÕun rŽcent sondage, a classŽ le site Internet de la BLC au second rang parmi les banques canadiennes pour sa fonctionnalitŽ et la qualitŽ du service. La Banque a Žgalement re•u le prix dÕexcellence du CIPA 2001 (Concours de lÕinformatique et de la productivitŽ pour lÕavenir) pour la meilleure solution technologique. Le projet de dŽveloppement technologique de B2B Trust 11 Price Waterhouse Cooper www.pwcglobal.com. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 89 lui a valu ce prix, i.e. lÕisolement pŽriphŽrique des infrastructures technologiques existantes par lÕutilisation des technologies Internet pour prendre avantage de la maturitŽ et de la stabilitŽ des syst•mes patrimoniaux. Lors du banquet annuel du CIPA, Henri-Paul Rousseau a dŽclarŽÊ: ÇÊGr‰ce ˆ notre solution, nous pouvons maximiser le potentiel de notre Žventail dÕapplications tout en fournissant un environnement con•u pour desservir de nombreux partenairesÊÈ. En effet, la solution adoptŽe pour B2B Trust contribue ˆ rentabiliser les syst•mes actuels de la Banque en mettant leur capacitŽ au service dÕun nouveau segment de marchŽ. 2.4.3 La finance et le contr™le Les trois moteurs des revenus de la Banque Laurentienne sont les Services financiers aux particuliers, les Services financiers aux entreprises et B2B Trust et les Services aux intermŽdiaires. Pour le moment, les rŽsultats de la ligne dÕaffaires Gestion du patrimoine et Courtage nÕapparaissent pas de mani•re distincte aux Žtats financiers de la Banque. Le tableau 12 prŽsente les revenus des secteurs de la BLC ainsi que la contribution de chacun pour les exercices financiers 2000 et 2001. Tableau 12 Revenus sectoriels 2000-2001 (en millions de dollars) Secteurs SFAP Brut 274,9 2000 Cont. Net 55,9 % 16,2 Cont. 19,8 % Brut 363,1 2001 Cont. Net 57,5 % 29,8 Cont. 32.9 % SFAE 82,7 16,8 % 28,4 34,7 % 97,0 15,3 % 30,5 33,6 % B2B Trust et SAI Autres 101,0 20,5 % 24,8 30,4 % 123,3 19,5 % 26,0 28,7 % 33,1 6,8 % 12,3 15.1 % 48,3 7,7 % 4,4 4.8 % Total 491,7 100 % 81,7 100 % 631,7 100 % 90,7 100 % Les donnŽes du tableau 12 montrent que les trois secteurs dÕaffaires principaux de la BLC ont contribuŽ dans des proportions semblables aux revenus nets de la BLC en 2001. Par contre, la contribution aux revenus nets des Services 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 90 financiers aux particuliers de 33 % ne refl•te pas sa contribution aux revenus bruts de pr•s de 60 %. LÕŽcart sÕexplique par la faible efficacitŽ des SFAP. LÕefficacitŽ de ce secteur constitue le talon dÕAchille de la BLC. MalgrŽ une progression considŽrable des revenus en 2001, les SFAP continuent dÕafficher un ratio dÕefficacitŽ dŽficient par rapport ˆ lÕindustrie. Le ratio dÕefficacitŽ reprŽsente le cožt associŽ ˆ un dollar de revenus. LÕefficacitŽ nÕest pas la m•me pour chaque ligne dÕaffaires. LÕefficacitŽ du commercial est tr•s forte. Celle de B2B et des Services aux intermŽdiaires est supŽrieure ˆ lÕensemble de lÕindustrie bancaire. O• on a un gros probl•me dÕefficacitŽ, cÕest avec les Services financiers aux particuliers o• le ratio dÕefficacitŽ est dÕenviron 80 %. ‚a leur cožte 0,80Ê$ pour produire 1 $ de revenus versus entre 0,50 $ et 0,60 $ dans le reste de lÕindustrie [É] Si on compare le ratio dÕefficacitŽ de la Banque Laurentienne dans son ensemble ˆ celui de lÕindustrie, on constate quÕil lui cožte environ 0,10 $ de plus pour produire un dollar de revenus. Aux dires de plusieurs dirigeants, la taille de la Banque constitue la principale raison de son inefficacitŽ, en particulier lÕabsence dÕŽconomie dÕŽchelle comparativement ˆ la concurrence. De par sa grosseur, la Banque est moins efficace que ses concurrents. [É] DÕapr•s moi, la seule chose qui explique cela, cÕest le fait que nous nÕavons pas la masse critique de nos compŽtiteurs pour absorber les cožts fixes. Par exemple, la technologie, •a cožte tr•s cher. Nous avons 1Êmillion de clients pour absorber les cožts comparativement ˆ 2, 3 ou 4Êmillions de clients chez nos concurrents. ‚a nous cožte donc proportionnellement beaucoup plus cher. Pour ces raisons, le contr™le des cožts est un ŽlŽment tr•s important pour la Banque. Plusieurs moyens sont mis en Ïuvre pour rŽduire lÕŽcart dÕŽconomies dÕŽchelle avec les grandes banques et amŽliorer lÕefficacitŽ de la Banque, surtout du rŽseau de Services financiers aux particuliers. Parmi ceux-ci, on retrouveÊ: les acquisitions ciblŽes, les synergies entre les filiales, la centralisation des activitŽs administratives, lÕimpartition et la gestion des risques. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 91 Par exemple, en 2000, la Banque a fait lÕacquisition de 43 succursales de services aux particuliers de la Banque Scotia au QuŽbec, incluant des portefeuilles de pr•ts et de dŽp™ts dÕune valeur approximative de 1,8 milliard et de 1,4Êmilliard de dollars respectivement. En plus dÕaugmenter les revenus des SFAP, la transaction a permis une rŽpartition des frais fixes sur une base dÕaffaires plus large. Ë la suite de lÕintŽgration des succursales de la Banque Scotia, le ratio dÕefficacitŽ du secteur des SFAP sÕest amŽliorŽ de 5 % en 2001. La crŽation de B2B Trust est un bel exemple de synergie entre les filiales. Les clients des partenaires de distribution de B2B Trust utilisent les m•mes infrastructures technologiques que ceux des SFAP. Comme dans le cas de lÕacquisition des 43 succursales de la Banque Scotia, la crŽation de B2B Trust a un impact positif sur les cožts moyens de la Banque en permettant de rŽpartir les frais fixes sur un plus grand nombre de clients. La Banque a aussi procŽdŽ ˆ la centralisation des activitŽs administratives pour amŽliorer lÕefficacitŽ des SFAP. En 1997, la Banque a amorcŽ un virage vers les services-conseils dans ses succursales. Ë partir de ce moment, on a transfŽrŽ les activitŽs administratives des succursales vers des centres administratifs spŽcialisŽs. En plus dÕamŽliorer la qualitŽ du service ˆ la client•le en rendant plus disponibles les conseillers, la centralisation a permis une gestion plus efficiente des activitŽs administratives par les centres spŽcialisŽs. Dans le rŽseau, on a dŽveloppŽ, il y a quelques annŽes, un programme qui sÕappelait focus-ventes. LÕobjectif Žtait de sortir les t‰ches administratives des succursales et de les centraliser et de les automatiser afin que les conseillers se concentrent davantage sur les ventes. Cela a ŽtŽ suivi dÕun autre programmeÊ: SAVA (service amŽliorŽ Ð ventes amŽliorŽes). [É] La plupart des banques ont fait ce virage, mais on a ŽtŽ parmi les premiers au Canada. Cela nous a permis dÕŽconomiser ŽnormŽment, donc de pouvoir se rapprocher de la compŽtition en ce qui a trait aux Žconomies dÕŽchelle. Comme nous lÕavons mentionnŽ dans la section portant sur la technologie, la Banque a recours ˆ lÕimpartition pour diminuer ses cožts et se concentrer sur les 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 92 activitŽs clŽs. La technologie nÕest pas le seul domaine o• la Banque a cŽdŽ en impartition une partie de ses activitŽs. Ce fut Žgalement le cas pour les inventaires de papeterie, lÕimmobilier et autres. Dans le passŽ, on a ŽtŽ lÕune des banques qui, je crois, a fait le plus appel ˆ des partenariats dÕimpartition. [É] Par exemple, ˆ un moment donnŽ, la Banque gŽrait son propre entrep™t dÕinventaire de crayons, de gomme ˆ effacer, etc. Comme on nÕŽtait pas des spŽcialistes dans ce domaine, on a donnŽ la gestion ˆ un fournisseur de bureau. On a fait la m•me chose avec la gestion de nos immeubles. La Banque a rŽcemment crŽe un poste de vice-prŽsident intŽgration des risques et gestion du risque opŽrationnel. La gestion du risque opŽrationnel est une nouvelle composante qui sÕajoute ˆ la gestion des risques de marchŽ et de crŽdit. Le risque opŽrationnel regroupe tous les risques liŽs ˆ la fraude, aux erreurs humaines, aux syst•mes; tous les risques qui ne sont pas associŽs aux risques de marchŽ ou de crŽdit. Selon un dirigeant de la BanqueÊ: ÇÊ[É] dans lÕindustrie bancaire canadienne, 20 % ˆ 30 % des risques proviennent du risque opŽrationnel, cÕest donc non nŽgligeableÊÈ. La gestion du risque opŽrationnel sÕaccompagne dÕune augmentation des contr™les dans chacune des lignes dÕaffaires et des fonctions corporatives visant ˆ diminuer les cožts et ˆ amŽliorer lÕefficacitŽ globale de la Banque. LÕintŽgration des trois sortes de risque, contrairement ˆ dÕautres banques, nÕa pas encore ŽtŽ complŽtŽe ˆ la Banque Laurentienne. LÕimplantation prochaine dÕun mod•le de calcul des risques en fonction dÕune unitŽ de mesure commune, le capital, permettra lÕintŽgration compl•te. En plus dÕamŽliorer la compŽtitivitŽ globale de la Banque, cela rendra possible le calcul du capital rŽglementaire en fonction des risques rŽels. Le Basel Committee on Banking Supervision Žtudie prŽsentement la possibilitŽ pour les banques dÕutiliser un mod•le interne basŽ sur les risques pour calculer le capital rŽglementaire requis. La Banque pourrait •tre avantagŽe par la nouvelle rŽglementation, son niveau de capital actuel Žtant, selon elle, plus ŽlevŽ que le niveau qui sera requis une fois la nouvelle mŽthode de calcul permise. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 93 DÕici trois ans, on pourrait avoir un tr•s gros avantage concurrentiel. Toutes proportions gardŽes, les banques maintiennent en gŽnŽral un niveau de capital rŽglementaire plus ŽlevŽ que ce qui serait normalement exigŽ en fonction du risque rŽel. Donc, lorsque que le comitŽ de B‰le autorisera lÕutilisation dÕun mod•le interne pour le calcul du capital rŽglementaire, les banques se retrouveront avec un capital infŽrieur ˆ ce quÕelles ont actuellement. Dans notre cas, on pense bŽnŽficier dÕune diminution de capital beaucoup plus importante que les autres banques. On pourra ainsi libŽrer le capital pour lÕallouer ˆ dÕautres activitŽs plus profitables pour la Banque. 2.4.4 Les ressources humaines Dans lÕensemble, la Banque ne semble pas pŽnalisŽe par sa taille ou par ses ressources en ce qui concerne la gestion des ressources humaines. Ç Nous pouvons nous permettre dÕaller chercher tout ce dont nous avons besoin sur le marchŽÊÈ. Selon un dirigeant, les politiques de ressources humaines de la BLC (recrutement, rŽmunŽration, formation, rŽtention, etc.) sont tout ˆ fait comparables ˆ celles de la concurrence dans lÕindustrie. De m•me, le fait que la BLC soit la seule banque syndiquŽe au Canada, en raison de son rŽseau de services financiers aux particuliers, ne semble pas lÕaffecter outre mesure. Pour les gestionnaires en place, le syndicat ne reprŽsente pas un vŽritable obstacle, mais une rŽalitŽ ˆ laquelle ils se sont habituŽs. Dans le day-to-day, •a [le syndicat] occasionne parfois des dŽlais. Mais cela dit, on est habituŽ, on nÕest pas syndiquŽ depuis hier, on est syndiquŽ depuis tr•s longtemps. LÕentreprise a ŽvoluŽ avec le syndicat. Ce nÕest pas un probl•me quotidien. La Banque Laurentienne mise beaucoup sur son programme de rŽmunŽration incitative pour offrir ˆ ses employŽs une rŽmunŽration compŽtitive sur le marchŽ. On fait une vigie de marchŽ de fa•on constante sur la rŽmunŽration. On sait quÕau niveau des salaires, on nÕest pas toujours les plus hauts, mais on se place tout de m•me bien. Mais on est plus fort au niveau de la bonification. Nos programmes de bonification sont gŽnŽralement plus ŽlevŽs que le marchŽ. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 94 Le calcul du boni est fonction de trois facteursÊ: la performance de la Banque dans son ensemble, la performance du secteur dÕactivitŽ de lÕindividu et la performance de lÕindividu. Le programme de rŽmunŽration incitative vise ˆ supporter la stratŽgie de lÕorganisation, ˆ encourager les comportements individuels en ligne avec la stratŽgie de lÕorganisation, ˆ responsabiliser les employŽs face aux rŽsultats de lÕorganisation et ˆ rŽcompenser la contribution des individus au succ•s de lÕorganisation. Par exemple, la Banque a rŽcemment annoncŽ que les conseillers des SFAP seraient rŽmunŽrŽs sur la base de la rŽtention des clients. Cette nouvelle politique sÕins•re dans le dŽsir de la Banque de se centrer davantage sur le client en 2002. Les conseillers en succursale devraient donc porter une attention accrue aux clients existants, dŽvelopper la relation avec eux et faire de la BLC leur principale institution bancaire. LÕŽtablissement de politiques alignŽes sur la stratŽgie de lÕorganisation constitue dŽfinitivement une prioritŽ pour le secteur des ressources humaines. Pour cela, la Banque a dŽcentralisŽ la gestion des ressources humaines dans les lignes dÕaffaires. Des Žquipes de gestionnaires en ressources humaines ont ŽtŽ mises en place dans chacune des lignes dÕaffaires. Ces derniers sont responsables de lÕimplantation des grandes orientations corporatives de la Banque en mati•re de ressources humaines et de leur harmonisation avec les objectifs propres ˆ chacune des lignes dÕaffaires. Les actions entreprises au niveau des ressources humaines sont arrimŽes avec le plan dÕaffaires des unitŽs. De cette fa•on, le temps de rŽaction est beaucoup plus rapide, les ressources sont plus pr•s de lÕinformation sur le terrain et les politiques sont plus adaptŽes. Cette mesure est dÕautant plus appropriŽe quÕelle contribue ˆ renforcer le r™le jouŽ par la gestion des ressources humaines dans les activitŽs des lignes dÕaffaires. En mettant une Žquipe sur place, la Banque sÕassure non seulement dÕun soutien ˆ la ligne dÕaffaires, mais Žgalement dÕun contr™le sur les pratiques qui sont rŽellement implantŽes sur le terrain. La rŽalitŽ des lignes dÕaffaires diff•re 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 95 parfois des grandes orientations corporatives en mati•re de ressources humaines, surtout dans une organisation o• la culture entrepreneuriale domine. Les gens ne rŽalisent pas toujours lÕimportance des ressources humaines parce que ce sont des entrepreneurs. Ce sont des gens qui ont commencŽ petit avec des secteurs o• il nÕy avait encore personne. Ils ont montŽ leur secteur eux-m•mes, et ce, non pas en faisant de lÕŽvaluation de personnel, mais en travaillant fort et en mettant beaucoup dÕheures. On a grossi, il faut changer nos fa•ons de faire et ce nÕest pas toujours Žvident pour tout le monde. 2.4.5 La structure organisationnelle Le structure organisationnelle de la Banque Laurentienne prŽsente deux caractŽristiques principalesÊ: la dŽcentralisation du pouvoir dans les secteurs dÕactivitŽ et la proximitŽ hiŽrarchique. La dŽcentralisation Chaque secteur dÕactivitŽ de la Banque, lignes dÕaffaires et secteurs corporatifs, est sous la responsabilitŽ dÕun vice-prŽsident exŽcutif qui rel•ve directement du prŽsident et chef de la direction. La figure 6 prŽsente lÕorganigramme de la haute direction en 2002. Le comitŽ de direction est lÕendroit o• les grandes orientations stratŽgiques de la Banque sont dŽcidŽes et les objectifs dÕaffaires sont fixŽs. Chaque secteur dÕactivitŽ est responsable de la mise en Ïuvre de sa stratŽgie et de lÕatteinte de ses objectifs. Notre processus est tr•s peu formel. Le comitŽ de direction nÕest pas un lieu o• nous devons absolument prŽsenter chaque business case et en dŽbattre pendant deux heures. On est tr•s dŽcentralisŽ. On a beaucoup de latitude dans la fa•on de mener nos activitŽs. Avec la restructuration de la Banque en sociŽtŽ de portefeuille, la dŽcentralisation du pouvoir dans les lignes dÕaffaires devrait sÕaccentuer. CÕest dŽjˆ le cas de B2B Trust, la premi•re filiale publique du groupe. B2B Trust a ŽtŽ 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 96 constituŽe comme une entitŽ indŽpendanteÊ: elle poss•de son propre comitŽ de direction, son propre conseil dÕadministration et des actionnaires diffŽrents du reste de la Banque. De plus en plus, la sociŽtŽ parente commence ˆ •tre exclue parce quÕon doit gŽrer en fonction des autres actionnaires aussi. Alors, on est de plus en plus autonome face ˆ la Banque dans notre processus de prise de dŽcision. La proximitŽ Les donnŽes recueillies nous am•nent ˆ penser que la Banque compte moins de paliers hiŽrarchiques que les grandes institutions financi•res et surtout, que la distance hiŽrarchique entre les individus y est moins marquŽe. Comme le montrent les citations suivantes, les membres de la haute direction ne sont pas tr•s loin des opŽrations. Nous avons une structure tr•s opŽrationnelle. La pyramide est donc tr•s ŽcrasŽe. Dans notre secteur, il y a un vice-prŽsident exŽcutif, des viceprŽsidents rŽgionaux, des gestionnaires de succursale et tout de suite apr•s, il y a des directeurs de comptes qui traitent avec les clients. On [la direction] est tr•s pr•s de nos conseillers, donc tr•s pr•s de nos clients. CÕest certainement un avantage concurrentiel pour la Banque. En tant que vice-prŽsident, je ne suis jamais bien loin de mon conseiller lorsquÕil a besoin de moi ou de quelque chose de spŽcial pour enclencher une vente. La proximitŽ hiŽrarchique signifie Žgalement que les interrelations entre les individus ne sont pas limitŽes ˆ lÕordre hiŽrarchique, tel que dŽfini par lÕorganigramme de la Banque. Dans les faits, il nÕest pas rare quÕun directeur ou un analyste communique directement avec un membre de la haute direction de son secteur dÕactivitŽ. DÕailleurs, les cadres intermŽdiaires sont souvent appelŽs ˆ participer ˆ la prise de dŽcisions importantes concernant leur ligne dÕaffaires, et parfois m•me la Banque dans son ensemble. 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 97 CÕest une banque o• lÕaction se situe beaucoup au niveau du middle management et de la haute direction [É] Pour quelquÕun comme moi, cÕest lÕoccasion de participer aux grandes orientations de ma ligne dÕaffaires, mais aussi de siŽger au comitŽ de planification stratŽgique de la Banque. Une consŽquence de la structure ˆ la fois dŽcentralisŽe, aplanie et informelle de la Banque est la rapiditŽ de son processus de prise de dŽcision. Comme nous lÕavons mentionnŽ, les employŽs de la Banque sont capables de dŽcider et dÕagir rapidement. Cette capacitŽ semble renforcŽe par la structure de la Banque, en particulier par sa petite taille. Si tu parles avec des gens qui ont travaillŽ chez Desjardins ou dans une grande banque, ils te diront quÕici les dŽcisions se prennent tr•s facilement et tr•s rapidement. [É] Il nÕy pas ŽnormŽment dÕŽchelons. On a acc•s au prŽsident et au comitŽ de direction assez facilement. Figure 7 ComitŽ de direction de la BLC Henri-Paul Rousseau PrŽsident et chef de la direction Michel Pelletier Vice-prŽsident exŽcutif Services aux IntermŽdiaires Co-chef de lÕexploitation, B2B Trust Bernard PichŽ Vice-prŽsident exŽcutif Co-chef de lÕexploitation et Chef de la direction financi•re, B2B Trust Suzanne Masson Vice-prŽsidente exŽcutive Ressources humaines Affaires corporatives et SecrŽtaire Robert Cardinal Premier vice-prŽsident exŽcutif et Chef de la direction financi•re V.P. Pham Vice-prŽsident exŽcutif Chef de la direction de lÕinformation Richard Guay Premier vice-prŽsident exŽcutif Services financiers aux particuliers et aux entreprises Jacques Daoust Premier vice-prŽsident exŽcutif Gestion du patrimoine et Courtage Robert Teasdale Premier vice-prŽsident Services financiers aux particuliers Ontario et Ouest du Canada Charles Murphy PrŽsident et Chef de la direction Valeurs mobili•res Banque Laurentienne Inc. Jean-Fran•ois Doyon Vice-prŽsident VŽrification et SŽcuritŽ AndrŽ Dubuc Premier vice-prŽsident exŽcutif TrŽsorerie et MarchŽs financiers et Chef de la gestion des risques 4e partieÊ: PrŽsentation des donnŽes 2.5 99 La BLCÊ:Êen conclusion La Banque Laurentienne, bien que loin derri•re ses rivales en termes dÕactifs ou de parts de marchŽ, a rŽussi ˆ se tailler une place bien ˆ elle dans lÕindustrie bancaire canadienne. LÕŽtude de son histoire rŽcente montre son cheminement vers une organisation beaucoup plus ciblŽe. La pŽriode dÕacquisitions lui a permis de devenir une banque dÕenvergure nationale avec diverses lignes dÕaffaires. Certaines de ces acquisitions ont jouŽ un r™le dŽterminant dans le positionnement actuel de la Banque. B2B Trust, qui reprŽsente en quelque sorte lÕaboutissement de la stratŽgie de la Banque, nÕexisterait pas sans lÕacquisition de la Fiducie Sun Life du Canada en 2000 et celle de North American Trust en 1995. La vente du bloc dÕactions de la SociŽtŽ financi•re Desjardins-Laurentienne, en 1997, aura permis au prŽsident et chef de la direction de la BLC, Henri-Paul Rousseau, dÕexprimer pleinement son leadership et sa vision de lÕentrepriseÊ: exploiter une position unique dans chacun de ses marchŽs traditionnels et occuper une place de choix dans les nouvelles niches de marchŽ. En 2001, lÕannonce de restructurer la Banque en sociŽtŽ de portefeuille constituait un pas de plus vers la rŽalisation de la nouvelle vision. LÕorganisation pourra ainsi se prŽvaloir de la flexibilitŽ nŽcessaire ˆ la poursuite de sa croissance, surtout en ce qui a trait ˆ lÕajout de nouveaux partenaires dÕaffaires. LÕŽtude de la Banque Laurentienne nous indique Žgalement que le succ•s repose en grande partie sur la qualitŽ des employŽs. Ce sont les employŽs, qui, chacun dans leur domaine, ont su trouver des fa•ons originales de concurrencer avec les grandes banques dans les segments de marchŽ ciblŽs. Ils ont rŽussi, par leur entrepreneurship, leur gožt du dŽfi et leur efficacitŽ, ˆ contourner les contraintes de ressources par des solutions ingŽnieuses. Finalement, le cas de la BLC montre quÕil est possible pour une entreprise ayant une taille et des ressources limitŽes de concurrencer, m•me dÕavoir du succ•s, dans une industrie dominŽe par quelques gros joueurs. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes Dans cette partie, nous analysons les informations prŽsentŽes dans la partie prŽcŽdente. Nous cherchons ˆ savoir dans quelle mesure les propositions du mod•le thŽorique expliquent le succ•s de la BLC. Correspondent-elles rŽellement aux stratŽgies et aux dimensions de la compŽtitivitŽ ˆ lÕorigine de son succ•s? Sinon, comment peuvent-elles •tre complŽtŽes ou raffinŽes pour mieux reflŽter la rŽalitŽ de la Banque et possiblement de plusieurs autres END? Afin de rŽpondre ˆ ces questions, nous abordons lÕanalyse de donnŽes par une discussion de chacune des propositions de recherche. Puis, nous revenons sur les principaux rŽsultats de lÕŽtude afin de bien dŽgager les facteurs clŽs du succ•s des END mis en Žvidence par le cas de la BLC. 1 La discussion des propositions de recherche Proposition 1Ê: Les END peuvent •tre aussi profitables que les entreprises ayant une forte part de marchŽ. Nous avons dŽfini une END performante comme une entreprise rŽpondant ˆ la dŽfinition dÕune END et dont le rendement sur lÕavoir des actionnaires est comparable ou supŽrieur ˆ la moyenne de lÕindustrie. La BLC rŽpond ˆ la dŽfinition dÕune END. Elle poss•de une faible part de marchŽ, une taille modeste et des ressources limitŽes par rapport ˆ ses concurrents. Le tableau 13 prŽsente 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 101 quelques donnŽes rŽcentes mettant en Žvidence la situation de non-dominance de la Banque. Il montre lÕŽcart considŽrable qui la sŽpare du leader de lÕindustrie bancaire au Canada, la Banque Royale, de m•me que de sa plus proche rivale, la Banque Nationale. Tableau 13 ComparaisonÊÊ2001 : BLC, BNC et RBC Banques Rang dans lÕindustrie Part de marchŽ Actif total (en milliards de $) Revenus nets (en millions de $) Banque Laurentienne du Canada 7 1,07 % 16,78 90,7 Banque Nationale du Canada 5 4,79 % 75,25 627 RBC Groupe Financier 1 19,3 % 303,22 2 411 MalgrŽ les Žvidences du tableau 13, la Banque Laurentienne a obtenu en 2000 un rendement sur lÕavoir des actionnaires comparable ˆ la moyenne de lÕindustrie, soit 14,8 % par rapport ˆ 16,3 % pour lÕindustrie. Le cas de la BLC montre, comme lÕindique la proposition 1, que les END ne sont pas nŽcessairement condamnŽes ˆ une profitabilitŽ marginale (Hambrick et al., 1982). La Banque est la preuve que des budgets R&D limitŽs, des Žconomies dÕŽchelle nŽgligeables, un rŽseau de distribution restreint ne constituent pas des obstacles incontournables ˆ la profitabilitŽ dÕune END, m•me dans une industrie o• un petit nombre de joueurs contr™le le marchŽ. Proposition 2Ê: Les END performantes innovent dans leur fa•on de concurrencer; elles dŽveloppent des stratŽgies et des dimensions de la compŽtitivitŽ diffŽrentes de celles des entreprises ayant une forte part de marchŽ. La Banque Laurentienne, contrairement ˆ ses rivales de plus grande taille, ne poursuit pas une stratŽgie dÕexpansion ˆ lÕŽtranger. Ses activitŽs sont concentrŽes au QuŽbec, en Ontario et dans lÕOuest canadien. Bien quÕelle ait 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 102 participŽ au mouvement de diversification dans lÕindustrie, ses activitŽs non traditionnelles restent, toutes proportions gardŽes, moins importantes que celles des grandes banques. En 2000, les revenus autres que dÕintŽr•t ont comptŽ pour 43,1 % des revenus totaux de la Banque comparativement ˆ 55,6 % en moyenne pour les six grandes banques. Comme les END de Woo et Cooper (1981; 1982), la Banque Laurentienne ne cherche pas ˆ imiter les stratŽgies des grandes banques, mais bien ˆ sÕen distinguer. Elle nÕa dÕailleurs ni la taille, ni les ressources de ses rivales pour devenir elle aussi une banque internationale diversifiŽe. Elle poursuit davantage une stratŽgie de concentration (Porter, 1982). LÕexploitation de niches de marchŽ ciblŽes, plus que le marchŽ dans son ensemble, caractŽrise sa stratŽgie. De plus, la Banque mise sur la conclusion dÕalliances stratŽgiques et sur bien dÕautres moyens pour concurrencer dans chacune de ses lignes dÕaffaires. Nous reviendrons plus en dŽtail sur les stratŽgies et les dimensions de sa compŽtitivitŽ dans le reste de cette section. DŽjˆ, nous pouvons dire que le cas de la BLC confirme lÕimportance pour les END dÕinnover dans leur fa•on de concurrencer (Woo, 1986) et de ne pas attaquer les entreprises leaders avec une stratŽgie dÕimitation (Porter, 1986). Proposition 3Ê: Les END performantes ont un dirigeant dynamique, influent, dŽterminŽ et impliquŽ dans les activitŽs courantes de lÕentreprise. Les donnŽes recueillies lors de nos entrevues mettent en Žvidence la contribution Žnorme de monsieur Rousseau au succ•s de la Banque. Depuis son entrŽe en poste en 1994, le rendement sur lÕavoir des actionnaires est passŽ de 2,1Ê%, un creux dans lÕhistoire de la BLC, ˆ 13,8 % en 2001. Monsieur Rousseau correspond au profil des dirigeants dÕEND de lÕŽtude dÕHamermesh et al. (1978); on le reconna”t pour son dynamisme, son influence, sa dŽtermination et son implication dans les activitŽs courantes de lÕentreprise. On le consid•re aussi comme un visionnaire, quelquÕun qui devance le marchŽ, qui donne ˆ lÕorganisation une direction claire. On attribue dÕailleurs ˆ lÕ•re Rousseau la volontŽ de la Banque de se dŽmarquer des grandes banques, de faire les choses ˆ 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 103 sa mani•re. La qualitŽ de visionnaire de monsieurÊRousseau appuie la capacitŽ de la Banque ˆ innover dans sa fa•on de concurrencer. Pour cela, nous pensons que les dirigeants des END qui rŽussissent, en plus dÕavoir les qualitŽs ŽnoncŽes dans la proposition 3, poss•dent surtout une vision claire de lÕindustrie et de la direction ˆ suivre par lÕorganisation. Proposition 4Ê: Les employŽs des END performantes sont engagŽs dans la direction choisie par lÕentreprise, ont le gožt du dŽfi, sÕadaptent ˆ lÕincertitude et au changement, sont crŽatifs et font preuve dÕentrepreneurship. Dans lÕensemble, la thŽorie refl•te assez bien la rŽalitŽ du cas de la BLC. Les employŽs de la Banque sont engagŽs dans la direction choisie par lÕentreprise. Ils croient au succ•s de lÕorganisation et sont des ardents dŽfenseurs de sa stratŽgie. Les employŽs trouvent aussi valorisant de travailler ˆ la Banque. Ils sont stimulŽs ˆ lÕidŽe de participer au succ•s de la plus petite des grandes banques canadiennes. Le cas de la BLC nous am•ne ˆ penser quÕil existe un lien fort entre lÕengagement des employŽs envers une END et le dŽfi que reprŽsente pour eux sa rŽussite. La capacitŽ dÕadaptation ˆ lÕincertitude et au changement ˆ la BLC se traduit par la capacitŽ des employŽs ˆ prendre des dŽcisions et ˆ agir rapidement. Les employŽs ont beaucoup de responsabilitŽs, sont souvent impliquŽs dans plusieurs dossiers ˆ la fois, mais ont rarement le temps de sÕy attarder en profondeur. De plus, ils doivent •tre capables de rŽagir rapidement pour profiter dÕune ouverture dans le marchŽ ou enclencher une action compŽtitive. La rapiditŽ de dŽcision et dÕaction influence donc la capacitŽ des END de saisir les occasions de se distinguer sur le marchŽ. La dimension entrepreneuriale est ressortie tr•s forte chez les employŽs de la Banque. LÕinitiative est tr•s valorisŽe dans lÕorganisation. Les employŽs en place ne se contentent pas dÕexŽcuter des directives, ils sÕefforcent de trouver de nouveaux dŽbouchŽs et de nouvelles fa•ons de faire pour amŽliorer la 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 104 compŽtitivitŽ de la Banque. Comme la vision du dirigeant, le comportement entrepreneur des employŽs aide les END ˆ innover dans leur fa•on de concurrencer. DÕailleurs, la perspective de lÕŽcole autrichienne (Jacobson, 1992) consid•re lÕinnovation entrepreneuriale comme le moteur de la remise en cause de la dominance. Les END, gr‰ce ˆ des individus entrepreneurs, remettent en cause lÕunicitŽ de la stratŽgie des entreprises leaders. Elles sont la preuve que les Žconomies dÕŽchelle (Hambrick et al., 1982; Buzzell et Gale, 1975) et les investissements massifs (Shamsie, 1991) ne sont pas les seules fa•ons de concurrencer. Proposition 5Ê: Les END performantes privilŽgient la profitabilitŽ plut™t que la croissance des parts de marchŽ dans leurs choix stratŽgiques. Au cours de la pŽriode 1988 ˆ 2000, la Banque a rŽalisŽ de nombreuses acquisitions, et ce, dans le but avouŽ dÕaugmenter sa taille. Selon plusieurs dirigeants, sans toutes ces acquisitions, la Banque nÕexisterait plus aujourdÕhui. Donc, les END, m•me si elles nÕaspirent pas ˆ une position de dominance dans le marchŽ, sont parfois forcŽes dÕaugmenter leur taille pour survivre et demeurer concurrentielles. Au cours des derni•res annŽes, la Banque a cependant dŽcidŽ de concentrer sa croissance dans des segments de marchŽ ciblŽs o• elle pense bien rŽussir. LÕŽtude des dŽveloppements rŽcents de chacune des lignes dÕaffaires met en Žvidence cette nouvelle rŽalitŽ de sa stratŽgie globale. Nous avons vu que la Banque investit beaucoup dÕŽnergie dans B2B Trust et les SAI; des secteurs possŽdant un fort potentiel de rentabilitŽ. De m•me, consciente des limites de son rŽseau de succursales, elle mise ŽnormŽment sur le financement aux points de ventes pour assurer la croissance hors-QuŽbec des SFAP. Cette alternative de croissance est de loin plus rentable que la construction ou lÕacquisition de nouvelles succursales partout au pays. La Banque montre Žgalement sa volontŽ de concentrer sa croissance dans les SFAE o• la spŽcificitŽ du crŽneau ciblŽ contribue ˆ la rentabilitŽ de la ligne dÕaffaires. Nous avons aussi vu que la BLC, par lÕintermŽdiaire de sa filiale Valeurs Mobili•res Banque Laurentienne, a su se 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 105 tailler une place de choix dans le courtage institutionnel. Ce rŽsultat dŽcoule en grande partie des efforts soutenus de la direction en ce sens. En rŽsumŽ, la Banque a compris quÕelle ne pouvait pas •tre tout pour tout le monde, et ce, dans chacune de ses lignes dÕaffaires. Elle a fait le pari quÕune position forte sur quelques segments de marchŽ rapporte davantage quÕune position faible sur lÕensemble du marchŽ. Comme lÕindique Porter (1986), la concentration implique nŽcessairement un arbitrage entre la profitabilitŽ et la part de marchŽ dÕune entreprise. Le cas de la BLC appuie la proposition 5. Il montre que le succ•s des END dŽpend plus de lÕexploitation de segments de marchŽ rentables que de la recherche de la croissance en soi. NŽanmoins, le cas de la BLC rŽv•le aussi que la croissance sÕav•re parfois essentielle ˆ la survie des END, surtout celles situŽes dans des industries o• la taille est importante. Ainsi, les END doivent dÕabord sÕassurer de possŽder la taille nŽcessaire pour demeurer en vie, puis cibler leur croissance dans les segments de marchŽ offrant le meilleur potentiel de rentabilitŽ Proposition 6aÊ: Les END performantes Žvoluent dans des environnements stables, souvent des industries ˆ maturitŽ. Comme nous lÕavons vu, plusieurs facteurs se combinent pour transformer lÕindustrie des services financiers au CanadaÊ: consolidation, nouveaux concurrents, technologie, vieillissement de la population et mondialisation. Ces facteurs alimentent la poursuite de la croissance des firmes du secteur et retardent la transition vers la maturitŽ. Bien que certaines caractŽristiques des secteurs ˆ maturitŽ apparaissent dans lÕindustrie bancaire canadienne (accent sur les cožts et le service, nouveaux produits et nouvelles applications limitŽs, intensification de la concurrence internationale, etc.), la principale caractŽristique, le ralentissement de la croissance, nÕest pas encore observable (Porter, 1982). Depuis 1994, la croissance annuelle moyenne des revenus cumulŽs de lÕindustrie sÕŽl•ve ˆ pr•s de 40Ê%12. 12 Industry Report, Banks & Trusts Industry, Financial Post, Oct. 12, 2001. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 106 NŽanmoins, on observe une certaine stabilitŽ en ce qui a trait aux acteurs dominants dans lÕindustrie. Ë ce jour, les six grandes banques dŽtiennent encore plus de 90Ê%13 de lÕactif total des banques canadiennes. En ce sens, malgrŽ lÕarrivŽe de nouveaux concurrents, la structure concentrŽe de lÕindustrie bancaire canadienne nÕest pas compl•tement diffŽrente de celle dÕune industrie mature. Nous croyons tout de m•me que les forces en prŽsence prŽserveront le dynamisme de lÕindustrie. Ainsi, nous ne considŽrons pas que les conditions favorables ˆ la compŽtitivitŽ des END dŽcrites dans lÕŽtude de Woo et Cooper (1981; 1982), telles une compŽtition moins fŽroce ou des changements dans les produits et les processus moins frŽquents, aient une incidence majeure sur la rŽussite de la BLC. Sans affirmer pour autant que la stabilitŽ ne contribue pas au succ•s de certaines END, on constate que les END peuvent bien rŽussir dans des environnements o• la stabilitŽ nÕest pas forcŽment la caractŽristique principale. Nous verrons m•me dans ce qui suit que des discontinuitŽs dans lÕenvironnement sont souvent ˆ lÕorigine du succ•s du positionnement des END. Proposition 6bÊ: Les END performantes se concentrent sur un ou quelques segments de marchŽ o• leurs forces sont valorisŽes et o• elles peuvent concurrencer. Le cas de la BLC appuie les recommandations de la littŽrature en stratŽgie en ce qui a trait ˆ lÕimportance pour les END de se trouver une niche de marchŽ (Porter, 1982; 1986; Buzzell et Gale, 1987; Katz, 1970). Les niches de marchŽ ou la concentration de lÕactivitŽ sont des ŽlŽments clŽs de la stratŽgie globale de la Banque. La Banque mise sur les nouvelles niches de marchŽ, comme B2B Trust et la Gestion du patrimoine, pour favoriser sa croissance et rehausser sa valeur sur le marchŽ. Dans les marchŽs plus traditionnels, comme les SFAP et les SFAE, la Banque concentre ses efforts et ses ressources sur une portion spŽcifique du marchŽ. 13 Minist•re des Finances Canada, www.fin.gc.ca. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 107 Comme lÕindique Porter (1982), la rŽussite dÕune stratŽgie de concentration dŽpend en grande partie de lÕopportunitŽ que prŽsente le segment de marchŽ choisi. La thŽorie explique que les opportunitŽs de niche peuvent rŽsulter dÕune forte concentration (Carroll, 1984) ou encore dÕune discontinuitŽ dans lÕenvironnement de lÕindustrie (Swaminathan, 1998). Les industries tr•s concentrŽes offrent la possibilitŽ ˆ des spŽcialistes de se positionner sur des segments de marchŽ dŽlaissŽs ou nŽgligŽs par les grandes firmes. CÕest probablement ce qui explique le succ•s des SFAE spŽcialisŽs dans le financement de moyennes entreprises, un segment de marchŽ mal desservi par les grandes banques selon un dirigeant de la BLC. Le positionnement de la Banque dans les nouvelles niches de marchŽ nÕest pas Žtranger ˆ lÕav•nement de discontinuitŽs dans lÕenvironnement de lÕindustrie bancaire au Canada. LÕarrivŽe de nouveaux joueurs dans la distribution de services bancaires, aidŽe par le dŽveloppement des technologies de lÕinformation, a largement contribuŽÊˆ la dŽcision de mettre sur pied B2B Trust. De la m•me mani•re, la crŽation dÕune filiale sŽparŽe dŽdiŽe ˆ la Gestion du patrimoine sÕexplique surtout par lÕarrivŽe des baby-boomers ˆ la retraite. La rŽussite dÕune stratŽgie de concentration dŽpend aussi de la capacitŽ de la firme ˆ concurrencer dans le segment de marchŽ choisi (Porter, 1982). Le cas de la BLC regorge dÕexemples de rŽussite. Ces exemples sont la preuve que les forces de la Banque sont valorisŽes dans les segments de marchŽ choisis. Le tableau 14 rŽsume les principales forces de la Banque lui permettant de concurrencer dans chacun de ses secteurs dÕactivitŽ. La rŽponse des concurrents constitue un autre ŽlŽment qui influence la rŽussite dÕune stratŽgie de concentration. La prŽsence de barri•re ˆ la rŽponse (Porter, 1986; Buzzell et Gale, 1987) ou des cožts ŽlevŽs de contre-attaque (Lee et al., 1999) entra”nent habituellement un comportement dÕaccommodation chez les concurrents en place. Bien que ce dernier ŽlŽment ne sÕapplique pas ˆ la Banque 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 108 dans son ensemble, il contribue ˆ la rŽussite de sa filiale B2B Trust. Dans le cas de B2B Trust, la Banque ne fait pas face ˆ la m•me rivalitŽ que dans les autres secteurs dÕactivitŽ. Les grandes banques, en particulier les cinq premi•res, risqueraient de cannibaliser leurs propres opŽrations en faisant affaire avec des partenaires de distribution. Ë lÕinverse, la BLC ne court aucun risque puisque quÕelle contr™le moins de 2Ê% du marchŽ canadien. Donc, dans la nouvelle niche de marchŽ desservie par B2B Trust, la Banque bŽnŽficie dÕune barri•re ˆ la rŽponse liŽe dÕune part ˆ la concentration dans lÕindustrie et dÕautre part ˆ la dŽcision des grandes banques de ne pas entrer en force dans ce segment de marchŽ. Tableau 14 Principales forces de la BLC Secteurs Forces SFAP § § § § § ExpŽrience depuis plus de 150 ans RŽseau bien Žtabli au QuŽbec Gamme compl•te Site Internet classŽ 2e selon Gomez.com Leader dans le financement aux points de ventes SFAE § § § Premier rang pour la qualitŽ du service RŽmunŽration concurrentielle Partenariats dÕaffaires (BDC, Gestion Penfund LimitŽ, etc.) B2B Trust et SAI § § ExpŽrience avec plus de 10 000 IFI Leader dans les pr•ts ˆ lÕinvestissement et les REER autogŽrŽs Infrastructure technologique flexible CompŽtence en intŽgration dÕentreprise Acc•s au syst•me de paiements Partenaires de distribution (Merrill Lynch Canada, Schwab Canada, etc.) § § § § Gestion du patrimoine § et Courtage § § CompŽtence reconnue sur le marchŽ obligataire institutionnel Association avec la Compagnie Financi•re Rothschild Banque pour la gestion de portefeuille et de fonds communs de placement Reconnaissance des Fonds R sur le marchŽ 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 109 Proposition 6cÊ: Les END performantes Žtablissent des alliances stratŽgiques avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires, souvent ˆ titre de fournisseur ou de sous-traitant privilŽgiŽ. La proposition 6c co•ncide avec la rŽalitŽ du cas de la BLC. Les alliances avec des partenaires dÕaffaires complŽmentaires font partie intŽgrante de la stratŽgie globale de la Banque. Comme lÕindiquent Lee et al. (1999), les alliances permettent aux END de combler le dŽsavantage de leurs ressources limitŽes. CÕest dÕailleurs le but avouŽ de la restructuration de la banque en sociŽtŽ de portefeuille. La crŽation dÕune sociŽtŽ de portefeuille favorisera la conclusion dÕalliances dans chacune des lignes dÕaffaires. DŽjˆ, les lignes dÕaffaires ont recours ˆ des alliances diverses. Comme plusieurs END citŽes dans la revue de littŽrature, la Banque saisit les occasions de se positionner comme manufacturierÊ: services bancaires de marque privŽe; services aux IFI; financement aux points de ventes; courtage institutionnel; gestion de portefeuille dÕinstitution. Elle Žvite ainsi dÕŽnormes cožts associŽs ˆ la distribution et ˆ la mise en marchŽ de ses produits. Par exemple, il lui cožte moins cher de distribuer ses produits par le biais dÕIFI, dÕinstitutions financi•res non bancaires ou encore de marchands que de construire de nouvelles succursales ˆ travers le Canada. De la m•me fa•on, les frais de publicitŽ sont souvent moins ŽlevŽs lorsque le fournisseur nÕa pas ˆ traiter directement avec le consommateur final (Woo et Cooper, 1981; 1982). Enfin, la Banque est bien positionnŽe pour profiter de la reconnaissance de la marque acquise par certains partenaires de distribution. Le cas de la BLC confirme que les alliances stratŽgiques reprŽsentent une stratŽgie profitable pour les END, surtout lorsquÕil existe un Žcart considŽrable entre les ressources des entreprises leaders et celles des END. Proposition 7aÊ: Les END performantes se dŽmarquent par la qualitŽ des produits et le contr™le des cožts. Nous avons vu quÕil est de plus en plus difficile pour les banques canadiennes de se diffŽrencier sur la base des produits. LÕoffre des banques est devenue homog•ne; la plupart des produits prŽsentent des caractŽristiques 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 110 similaires. Les clients sÕattendent ˆ ce que leur banque soit en mesure dÕoffrir les m•mes produits que la concurrence. La BLC, comme dÕautres banques, mise donc sur la qualitŽ du service pour se dŽmarquer dans le marchŽ. DÕailleurs, Roth et van der Velde (1991) identifient la qualitŽ per•ue par le consommateur comme une dimension premi•re de la compŽtitivitŽ des institutions financi•res. Cela est dÕautant plus vrai pour la Banque Laurentienne quÕelle ne peut se permettre dÕentrer dans une guerre de prix avec ses rivales bŽnŽficiant dÕŽconomies dÕŽchelle plus significatives. La Banque a particuli•rement bien rŽussi ˆ se dŽmarquer dans les secteurs des SFAE, de B2B Trust, et aussi des SFAP en ce qui a trait au financement aux points de ventes. Comme les END de lÕŽtude Woo et Cooper (1981; 1982), on remarque que la Banque se dŽmarque surtout dans les secteurs o• elle dessert des entreprises. Dans ces secteurs, elle rŽussit ˆ donner un service de qualitŽ supŽrieure, que ce soit en termes de relation avec le client ou de solutions apportŽes ˆ ses besoins. ConsidŽrant ses ressources limitŽes, nous pensons quÕen ciblant un nombre limitŽ dÕentreprises plut™t quÕun nombre ŽlevŽ de particuliers, la Banque se trouve en meilleure position pour offrir un service de qualitŽ supŽrieure (meilleure connaissance des besoins, personnalisation de la solution, etc.). Le contr™le des cožts constitue une prioritŽ pour la BLC. Il lui permet de rŽduire lÕŽcart dÕefficacitŽ avec les grandes banques et ainsi de demeurer concurrentielle. Contrairement ˆ certains cas dÕEND, tels Union Camp ou Nucor, le contr™le des cožts ˆ la BLC ne constitue pas la base dÕun avantage concurrentiel, mais une condition nŽcessaire ˆ sa survie. La Banque a mis en Ïuvre divers moyens pour rŽduire ses cožtsÊet amŽliorer son efficacitŽ : acquisitions, synergies entre filiales, centralisation des activitŽs administratives, gestion des risques, etc. Le contr™le des cožts implique aussi un usage efficient des ressources limitŽes des END (Hamermesh et al., 1978; Woo et Cooper, 1981; 1982). En ce sens, nous avons vu que la Banque prŽconise une approche conservatrice, qualifiŽe de smart-follower, dans la gestion de sa technologie. Le cas de la BLC montre aussi quÕelle favorise lÕimpartition des activitŽs nÕŽtant pas 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 111 directement liŽes ˆ son domaine dÕactivitŽ principal. Donc, le contr™le des cožts constitue une dimension essentielle de la compŽtitivitŽ des END. Sans nŽcessairement mener ˆ un avantage concurrentiel, il contribue ˆ amoindrir le dŽsavantage de leur taille vis-ˆ-vis des entreprises dominantes. Proposition 7bÊ: Les END performantes se dŽmarquent par lÕintensitŽ, la rapiditŽ et la discrŽtion de leurs actions compŽtitives. Comme notre recherche se limite ˆ lÕŽtude dÕun cas unique, il est difficile de vŽrifier si rŽellement la BLC initie plus dÕaction compŽtitives, et ce, de mani•re plus rapide et plus discr•te que ses rivales (Chen et Hambrick, 1995). NŽanmoins, le cas de la BLC dans son ensemble dŽmontre le dynamisme avec lequel la Banque concurrence. Non seulement ses actions compŽtitives sont nombreuses, mais elles sont mises en Ïuvre avec rapiditŽ. DÕailleurs, un membre de la haute direction a qualifiŽ dÕimpressionnant le bilan de ce qui sÕaccomplit ˆ la Banque en une annŽe. Par exemple, en 2000 seulement, la Banque a rŽalisŽ des acquisitions majeures, dont la Compagnie de Fiducie Sun Life et les 43 succursales de la Banque Scotia, elle a mis sur pied B2B Trust, elle a conclu de nombreuses ententes, surtout en mati•re de technologie, etc. La discrŽtion des actions compŽtitives ne semble pas sÕappliquer au cas de la BLC. Ë ce sujet, un responsable des affaires publiques nous a confiŽ que les institutions financi•res sont soumises ˆ des r•gles tr•s strictes en mati•re de divulgation de lÕinformation. Toute nouvelle information susceptible dÕentra”ner une variation du cours de lÕaction au marchŽ doit aussit™t faire lÕobjet dÕune annonce publique par la direction. La littŽrature explique lÕintensitŽ des actions compŽtitives des END par leur motivation constante ˆ trouver des occasions de se dŽmarquer de la concurrence (Chen et Hambrick, 1995). Nous pensons que cÕest le cas de la Banque Laurentienne qui saisit chaque occasion de battre de vitesse la concurrence, de faire les choses ˆ sa mani•re. ƒvidemment, la situation concurrentielle de la Banque limite parfois son champ dÕaction. Nous avons vu ˆ 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 112 ce propos quÕelle adopte gŽnŽralement une approche conservatrice dans la gestion de sa technologie. NŽanmoins, malgrŽ ses ressources limitŽes, elle a su se distinguer sur le marchŽ par son site Internet et par lÕingŽniositŽ de la solution technologique utilisŽe pour B2B Trust. Lorsque la Banque innove dans sa fa•on de concurrencer, elle sÕattend ˆ ce que t™t ou tard la concurrence en fasse autant ou du moins rŽagisse. Elle sÕefforce donc constamment de renouveler sa position concurrentielle dans chacun de ses marchŽs de fa•on ˆ prŽserver lÕunicitŽ de sa position, dÕo• lÕimportance des solutions-clients. Les solutions-clients montrent le souci de la Banque dÕamŽliorer sans cesse la qualitŽ de ses services. La capacitŽ des employŽs de la BLC ˆ prendre des dŽcisions et ˆ agir rapidement favorise grandement lÕefficacitŽ de ses actions compŽtitives. La Banque a ainsi plus de chances de saisir, avant la concurrence, les occasions qui se prŽsentent dans le marchŽ. Un autre ŽlŽment qui contribue ˆ la rapiditŽ dÕaction de la Banque est lÕŽtroitesse du marchŽ ciblŽ dans chacun de ses secteurs dÕactivitŽ (Hambrick et al., 1982). PuisquÕelle ne vise pas lÕensemble du marchŽ, ses actions compŽtitives sont souvent plus ciblŽes et plus faciles ˆ orchestrer que celles de ses rivales ˆ cible large. La simplicitŽ de la structure organisationnelle (Mintzberg, 1979) influence aussi la rapiditŽ dÕaction de la Banque, mais nous y reviendrons plus loin. En rŽsumŽ, le cas de la BLC confirme que les END concurrencent par lÕintensitŽ et la rapiditŽ de leurs actions compŽtitives. Bien que la discrŽtion des actions compŽtitives ne sÕapplique pas au cas de la BLC, nous pensons comme Chen et Hambrick (1995) quÕelle peut crŽer un avantage pour plusieurs autres END. Proposition 8aÊ: Les END performantes ont une structure flexible, peu intŽgrŽe, souvent organisŽe en rŽseau. Dans notre mod•le, la flexibilitŽ attribuŽe aux END se refl•te dans leur capacitŽ de sÕadapter aux variations de la demande dans leur industrie (Fiegenbaum et Karnani, 1991). La BLC a bien su sÕadapter ˆ lÕŽvolution de la demande dans lÕindustrie des services financiers au Canada. Elle a poursuivi une 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 113 stratŽgie de diversification nŽcessaire au cours de la pŽriode de 1988 ˆ 2000 qui lui a permis de mieux rŽpondre aux besoins de sa client•le. Elle a Žgalement prouvŽ sa capacitŽ ˆ tirer profit des nouvelles tendances de lÕindustrie en rŽorganisant sa structure, souvent m•me en crŽant de nouvelles lignes dÕaffaires. CÕest ainsi que la Banque a mis sur pied les Services aux intermŽdiaires en 1995, B2B Trust en 2000 et, rŽcemment, la Gestion du patrimoine en 2001. Sa structure dŽcentralisŽe lui a aussi permis de donner ˆ chaque ligne dÕaffaires lÕautonomie nŽcessaire pour sÕajuster rapidement aux alŽas du marchŽ. CÕest sans doute ainsi que la Banque a rŽussi ˆ se dŽmarquer par la qualitŽ de son service dans certains secteurs dÕactivitŽ. La proposition 8a sugg•re aussi que les END performantes poss•dent une structure peu intŽgrŽe, souvent organisŽe en rŽseau. Ces deux caractŽristiques contribuent ˆ la flexibilitŽ de lÕorganisation. Une structure peu intŽgrŽe a souvent comme avantage des cožts fixes moins ŽlevŽs (Fiegenbaum et Karnani, 1991). Dans les secteurs o• la Banque se positionne comme manufacturier, elle bŽnŽficie dÕune structure qui nÕest pas compl•tement intŽgrŽe. Dans ces secteurs, la Banque sÕassocie ˆ des tiers qui sÕoccupent de la distribution aupr•s des consommateurs. Elle nÕa donc pas ˆ supporter les cožts liŽs ˆ un rŽseau de distribution. Une organisation en rŽseau, en plus de rŽduire les cožts fixes, favorise aussi lÕacc•s ˆ des ressources ou ˆ des compŽtences non disponibles au sein de lÕorganisation. Bien que nÕŽtant pas organisŽe en rŽseau au sens international du diamant virtuel de Demers et Hafsi (1993), la Banque a recours ˆ diverses alliances pour mener ˆ bien ses activitŽs (ententes de distribution, dÕimpartition, de dŽveloppement technologique, etc.) La restructuration de la Banque en sociŽtŽ de portefeuille accentuera sans doute sa structure en rŽseau en facilitant la conclusion de nouveaux partenariats. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 114 Proposition 8bÊ: La structure hiŽrarchique des END performantes est aplanie et laisse beaucoup de latitude aux cadres intermŽdiaires dans lÕexŽcution de la stratŽgie. La proposition 8b illustre bien la structure organisationnelle de la Banque Laurentienne. Les rŽpondants ont clairement prŽcisŽ que la structure de la Banque est peu hiŽrarchisŽe; on y retrouve moins de paliers hiŽrarchiques et la distance hiŽrarchique entre les individus est moins marquŽe que dans dÕautres institutions plus grandes. Nous avons vu quÕune structure aplanie entra”ne plus de responsabilitŽs pour les employŽs de la BLC, en particulier pour les cadres intermŽdiaires responsables de faire le lien entre la haute direction et les opŽrations. Comme leurs responsabilitŽs sont Žlargies, les cadres intermŽdiaires bŽnŽficient dÕune marge de manÏuvre considŽrable dans lÕexŽcution des grandes orientations dŽcidŽes au comitŽ de direction. Cette marge de manÏuvre rŽsultant dÕune structure aplanie favorise lÕŽmergence ou lÕexpression de comportements entrepreneurs chez les employŽs. Comme nous lÕavons indiquŽ ˆ la proposition 4, ces m•mes comportements supportent la capacitŽ dÕune END ˆ innover dans sa fa•on de concurrencer. Pour cette raison, nous pensons que les END qui rŽussissent le mieux mettent en place une structure qui laisse beaucoup de latitude aux personnes chargŽes de mettre en Ïuvre la stratŽgie de lÕentreprise. La structure peu hiŽrarchisŽe de la Banque ne favorise pas seulement la crŽativitŽ des employŽs, elle accŽl•re aussi le processus de prise de dŽcision. En plus de rŽduire le nombre de personnes impliquŽes dans le processus, une structure peu hiŽrarchisŽe facilite les Žchanges dÕinformation entre les individus. Ë ce sujet, nous avons vu que les communications interpersonnelles ˆ la Banque ne se limitent pas ˆ lÕordre hiŽrarchique Žtabli. Puisque le processus de prise de dŽcision se trouve accŽlŽrŽ, les actions compŽtitives entreprises par la Banque le sont aussi. La capacitŽ des END ˆ mettre en Ïuvre des actions compŽtitives efficaces dŽpend donc en partie de la structure en place, en particulier de son degrŽ de hiŽrarchisation. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 115 Proposition 8cÊ: Les END performantes offrent ˆ leurs employŽs un programme de rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats. Comme lÕindique la proposition 8c, la BLC offre ˆ ses employŽs un programme de rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats. Selon un responsable de la rŽmunŽration, le programme de la Banque se compare avantageusement ˆ ceux offerts par la concurrence. La Banque compte beaucoup sur son programme de rŽmunŽration incitative pour encourager les comportements individuels en ligne avec sa stratŽgie. Nous pensons que la rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats sÕav•re dÕautant plus nŽcessaire dans un milieu o• les personnes bŽnŽficient dÕune grande latitude dans leur travail. LÕorganisation sÕassure ainsi que les initiatives individuelles contribuent ˆ lÕatteinte des objectifs corporatifs tels que dŽfinis par la haute direction. Compte tenu de la prŽcaritŽ de leur situation, on comprend aisŽment lÕimportance quÕaccordent les END ˆ lÕatteinte des rŽsultats, surtout en ce qui a trait ˆ la rentabilitŽ. Nous pensons que la rŽmunŽration incitative permet aussi aux END, comme ˆ la Banque, de rŽduire les cožts fixes liŽs ˆ la masse salariale. Puisque cette forme de rŽmunŽration dŽpend des rŽsultats obtenus, elle constitue un cožt variable pour lÕorganisation. En misant sur la rŽmunŽration incitative, les END sont en mesure dÕoffrir une rŽmunŽration concurrentielle sans pour autant nuire ˆ leur rentabilitŽ. Cela reprŽsente donc une autre fa•on pour les END de compenser le dŽsavantage occasionnŽ par leurs ressources limitŽes. 2 La revue des rŽsultats Nous avons discutŽ de chacune des propositions de recherche individuellement. Dans lÕensemble, elles correspondent ˆ la rŽalitŽ du cas ˆ lÕŽtude. Nous voulons maintenant revenir sur les principaux rŽsultats de lÕŽtude, i.e. les facteurs clŽs du succ•s des END que nous avons identifiŽs, de m•me que les liens qui unissent ces facteurs. En partant de la prŽmisse que la Banque Laurentienne du Canada constitue un cas reprŽsentatif dÕEND performante, les 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 116 facteurs clŽs de son succ•s peuvent nous aider ˆ expliquer le succ•s des END en gŽnŽral. Nous avons constatŽ lÕimportance majeure pour les END dÕinnover dans leur fa•on de concurrencer. Il sÕagit selon nous dÕun facteur clŽ de leur succ•s auquel se rattachent ou participent plusieurs autres. Les facteurs de succ•s qui suivent peuvent •tre divisŽs en deux catŽgoriesÊ: les facteurs externes qui expriment ÇÊlÕinnovation dans la fa•on de concurrencerÊÈÊ sur le marchŽ et les facteurs internes qui supportent ÇÊlÕinnovation dans la fa•on de concurrencerÊÈ. Les facteurs externes sont en gŽnŽral les plus visibles; ils ont surtout trait ˆ la position de lÕorganisation ou encore ˆ sa fa•on de se dŽmarquer dans la position choisie. Parmi les facteurs externes dŽcelŽs dans notre Žtude, on retrouve : _ La concentration de lÕactivitŽ. Les END se concentrent sur des segments de marchŽ o• leurs forces sont valorisŽes. Elles ne cherchent pas ˆ concurrencer sur lÕensemble du marchŽ. La concentration de lÕactivitŽ implique la prŽsence dÕune opportunitŽ de niche qui rŽsulte souvent de la nŽgligence des entreprises ˆ cible large ou encore dÕune discontinuitŽ dans lÕenvironnement de lÕindustrie. LorsquÕil y a prŽsence de barri•re ˆ la rŽponse des concurrents dans le segment choisi, les chances de succ•s de lÕEND sont accrues. _ Les alliances stratŽgiques. Les END favorisent la conclusion de partenariats dÕaffaires complŽmentaires. Elles augmentent ainsi leur acc•s ˆ une multitude de ressources ou dÕavantages leur permettant de demeurer concurrentielles dans leur marchŽ. Les END sÕassocient souvent avec des distributeurs de produits finis ˆ titre de manufacturier. Elles Žvitent ainsi des cožts liŽs ˆ la mise en marchŽ et ˆ la distribution des produits ou des services, en plus de bŽnŽficier de la reconnaissance de la marque de certains partenaires. _ La qualitŽ des produits ou des services. PuisquÕil est difficile pour les END de se dŽmarquer sur la base des cožts, elles misent sur la vente de produits ou de services ˆ valeur ajoutŽe. Un positionnement comme manufacturier semble propice ˆ la construction dÕun avantage concurrentiel basŽ sur la qualitŽ. Dans ce cas, lÕEND concentre ses ressources limitŽes sur la satisfaction de quelques partenaires ˆ fort potentiel. De plus, la relation dÕaffaires qui prŽvaut rend plus facile la personnalisation de lÕoffre. _ LÕintensitŽ et la rapiditŽ des actions compŽtitives. Les END concurrencent aussi par le dynamisme de leurs actions compŽtitives. Leurs actions compŽtitives sont ˆ la fois 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 117 frŽquentes et rapides. LÕEND esp•re ainsi saisir, lorsque ses ressources le permettent, chaque occasion de se dŽmarquer dans le marchŽ, battre de vitesse la concurrence et prŽserver lÕunicitŽ de sa position vis-ˆ-vis de ses rivales. Les facteurs internes sont en gŽnŽral moins visibles que les facteurs externes; ils rel•vent surtout de la structure, des ressources ou encore des compŽtences de lÕorganisation. Ces facteurs constituent les moteurs derri•re les facteurs externes du succ•s des END, ils permettent leur expression sur le marchŽ. Parmi les facteurs internes notŽs dans notre Žtude, on retrouveÊ: _ Un dirigeant et des employŽs particuliers. Le succ•s des END repose en grande partie sur la capacitŽ du dirigeant et des employŽs ˆ trouver des fa•ons originales de concurrencer, ˆ identifier des alternatives rentables aux stratŽgies utilisŽes par les entreprises dominantes. Pour cela, les END comptent sur un dirigeant visionnaire et des employŽs entrepreneurs. De plus, la capacitŽ des employŽs ˆ prendre des dŽcisions et ˆ agir rapidement rehausse le dynamisme des actions compŽtitives. _ LÕexploitation de segments de marchŽ rentables plus que la croissance en soi. Ë moins de circonstances particuli•res, chez les END la rentabilitŽ prime sur la croissance des parts de marchŽ dans leurs choix stratŽgiques. Elles assument pleinement le compromis quÕimplique une stratŽgie de concentration; elles rŽalisent quÕune position forte sur quelques segments rapporte davantage quÕune position faible sur lÕensemble du marchŽ. _ Un contr™le serrŽ des cožts. Le contr™le des cožts constitue une dimension globale de la compŽtitivitŽ des END. LÕexpression de tous les facteurs externes en dŽpend. Les possibilitŽs dÕŽconomies dÕŽchelle Žtant limitŽes, les END Žlaborent des moyens ingŽnieux de rŽduire leurs cožts afin dÕaccro”tre leur efficacitŽ. Parmi les principaux moyens utilisŽs, on retrouveÊ: les acquisitions ciblŽes, les synergies entre les secteurs dÕactivitŽ, la centralisation des activitŽs administratives, lÕimpartition, la gestion des risques et une approche conservatrice en mati•re de gestion technologique. _ Une structure flexible et peu hiŽrarchisŽe. Une structure flexible, caractŽrisŽe par une faible intŽgration ou encore une organisation en rŽseau, amŽliore la capacitŽ des END ˆ sÕadapter ˆ la demande. Une structure peu hiŽrarchisŽe permet, en laissant beaucoup de latitude dans lÕexŽcution,Êde tirer profit dÕoccasions dÕaffaires et, en accŽlŽrant le processus de prise de dŽcision, de mettre en Ïuvre des actions compŽtitives rapidement. _ LÕusage de la rŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats. Les END ont avantage ˆ mettre en place un programme de rŽmunŽration incitative concurrentiel. Cela leur permet dÕune part de sÕassurer de lÕalignement des comportements individuels avec la 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 118 stratŽgie dÕentreprise et dÕautre part dÕoffrir une rŽmunŽration concurrentielle ˆ leurs employŽs tout en rŽduisant les cožts fixes. Les rŽsultats observŽs soulignent lÕinterdŽpendance Žvidente entre les facteurs clŽs du succ•s des END identifiŽs. Comme nous lÕavons mentionnŽ prŽcŽdemment, les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ des END interagissent et se combinent pour engendrer le succ•s. La figure 8 illustre les principales relations entre celles-ci. MalgrŽ le caract•re unidirectionnel des fl•ches apparaissant ˆ la figure 8, nous nÕexcluons pas lÕinfluence des facteurs externes sur les facteurs internes du succ•s des END. Nous avons seulement cherchŽ ˆ souligner les relations de ÇÊcause ˆ effetÊÈ mises en Žvidence dans notre Žtude. Nous nÕinsinuons donc pas que les facteurs internes prŽc•dent invariablement les facteurs externes du succ•s des END. Nous pensons quÕil importe surtout de bien comprendre quÕil existe une forte relation entre les divers ŽlŽments qui permettent ˆ une END de rŽussir. Comme nous lÕavons fait pour le mod•le thŽorique, nous avons pris soin dÕinclure une fl•che de rŽtroaction pour rappeler que les rŽsultats obtenus affectent ˆ leur tour les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ des END. 5e partieÊ: Analyse de donnŽes 119 Figure 8 Facteurs clŽs du succ•s des END INNOVATION DANS LA FA‚ON DE CONCURRENCER Facteurs internes ÇÊsupport de lÕinnovationÊÈ Facteurs externes ÇÊexpression de lÕinnovationÊÈ _ _ Concentration de lÕactivitŽ RentabilitŽ plus que croissance en soi _ _ Alliances stratŽgiques Contr™le serrŽ des cožts _ _ QualitŽ des produits / services Structure flexible et peu hiŽrarchisŽe _ _ IntensitŽ / rapiditŽ des actions compŽtitives RŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats _ RŽtroaction Dirigeant / employŽs particuliers Succ•s des END Conclusion Dans ce mŽmoire, nous nous sommes intŽressŽ au cas des entreprises non dominantes (END). Nous avons cherchŽ ˆ mieux comprendre le succ•s de ces entreprises par lÕŽtude du cas de la Banque Laurentienne du Canada (BLC). Nous avons pour cela interrogŽ plusieurs membres de la haute direction et parcouru divers documents sur lÕorganisation. Comme dÕautres avant nous (Hamermesh et al., 1978; Woo et Cooper, 1981; 1982), nous en sommes arrivŽ ˆ la conclusion que le succ•s des END est possible, mais quÕil dŽpend en grande partie de leur capacitŽ de se distinguer des entreprises dominantes. Nous avons dÕailleurs identifiŽ ÇÊlÕinnovation dans la fa•on de concurrencerÊÈ comme le dŽterminant majeur de leur rŽussite. Nous avons aussi remarquŽ que les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ de ces entreprises se combinent prŽcisŽment pour mener ˆ cette innovation. Parmi celles-ci, certaines expriment lÕinnovation, dÕautres la supportent. Nous les avons respectivement nommŽes les ÇÊfacteurs de succ•s externesÊÈ et les ÇÊfacteurs de succ•s internesÊÈ. Les facteurs internes Les facteurs externes 1. 2. 3. 4. 5. 1. 2. 3. 4. Dirigeant et employŽs particuliers RentabilitŽ plus que croissance en soi Contr™le serrŽ des cožts Structure flexible et peu hiŽrarchisŽe RŽmunŽration basŽe sur les rŽsultats Concentration de lÕactivitŽ Alliances stratŽgiques QualitŽ des produits ou des services IntensitŽ et rapiditŽ des actions compŽtitives Conclusion 121 Ce mŽmoire apporte une contribution tant ˆ la thŽorie quÕˆ la pratique. Du point de vue de la thŽorie, notre but initial Žtait dÕinspirer le dŽveloppement dÕune nouvelle thŽorie sur la profitabilitŽ des END. Nous croyons avoir atteint ce but, et ce pour plusieurs raisons. DÕabord, nous avons su rassembler au sein dÕun seul travail divers Žcrits pertinents au cas des END, auparavant dispersŽs ˆ travers la littŽrature en stratŽgie, marketing et PME. Cela nous a permis, entre autres, de faire le point sur lÕŽtat des connaissances en ce qui a trait au succ•s des END. DÕautres chercheurs intŽressŽs au cas des END seront ainsi mieux ˆ m•me dÕapprŽcier les lacunes de la littŽrature actuelle, et surtout dÕidentifier les besoins en ce sens. Ensuite, ˆ la lumi•re de la thŽorie actuelle, mais aussi gr‰ce ˆ notre intuition personnelle, nous avons dŽveloppŽ un mod•le thŽorique propre ˆ la situation des END. Au-delˆ de nos attentes, presque toutes les propositions du mod•le se sont avŽrŽes utiles pour expliquer le succ•s de la BLC. Ë partir de ces rŽsultats, dÕautres pourront recourir ˆ un Žchantillon plus grand pour valider de mani•re empirique le mod•le ou du moins certaines de ses propositions. LÕŽtude du cas de la BLC, en plus de souligner lÕapport particulier de certains ŽlŽments au succ•s des END, nous a permis dÕŽlever notre comprŽhension au niveau des relations entre les stratŽgies et les dimensions de la compŽtitivitŽ des END. Nous sommes dÕavis que ce mŽmoire servira de point de dŽpart ˆ des recherches ultŽrieures sur les END qui Žventuellement, nous lÕespŽrons, m•neront ˆ lÕŽmergence dÕune nouvelle thŽorie. Du point de vue de la pratique, nous pensons, comme Hafsi et al. (2000), que lÕexamen de cas ˆ succ•s est fructueux pour le praticien. Ceci est dÕautant plus vrai dans le contexte de ce mŽmoire que la plupart des entreprises existantes se trouvent en situation de non-dominance dans leur marchŽ. Les rŽsultats de lÕŽtude peuvent donc reprŽsenter des points de rep•re fort utiles pour plusieurs dirigeants qui, comme ceux de la BLC, doivent trouver des fa•ons originales de concurrencer avec une taille et des ressources souvent limitŽes. De plus, ce mŽmoire offre ˆ la Conclusion 122 Banque Laurentienne et ˆ ses dirigeants un recul intŽressant sur les aspects variŽs de sa stratŽgie. Nous sommes parvenus, du moins en partie, ˆ mettre en Žvidence les facteurs clŽs de son succ•s. LÕattention qui sera accordŽe ˆ ces facteurs dans lÕavenir pourrait avoir des rŽpercussions sur la rentabilitŽ de lÕorganisation. Notre Žtude donne aussi ˆ la BLC lÕoccasion de valider ou de comparer les ŽlŽments essentiels de sa stratŽgie ˆ la lumi•re de la littŽrature acadŽmique. La rŽalisation de ce mŽmoire comporte aussi ses limites. La gŽnŽration dÕune nouvelle thŽorie ˆ partir dÕŽtudes de cas implique que cÕest la spŽcificitŽ des donnŽes qui donne naissance ˆ la gŽnŽralitŽ de la thŽorie. En choisissant dÕŽtudier un cas unique, nous courons la chance que les rŽsultats obtenus ne dŽcrivent quÕun phŽnom•ne particulier. Ë la limite, la thŽorie rŽsultante pourrait sÕavŽrer trop Žtroite ou trop spŽcifique pour sÕappliquer, de mani•re gŽnŽrale, ˆ la situation des END. M•me si, comme nous lÕavons mentionnŽ, le cas de la BLC constitue un Žchantillon propice ˆ lÕŽtude des END, il est plus que probable que son Žtude ne suffise pas ˆ dresser un portrait complet du succ•s des END. Nous croyons quÕil existe une multitude dÕautres solutions possibles permettant ˆ ces organisations de rŽussir. CÕest sans doute pourquoi certains ŽlŽments de la littŽrature, comme lÕimportance dÕun environnement stable (Woo et Cooper, 1981; 1982) ou encore la discrŽtion des actions compŽtitives (Chen et Hambrick, 1995), ne sont pas ressortis dans notre Žtude. Enfin, compte tenu des contraintes de temps inhŽrentes ˆ la rŽalisation dÕun mŽmoire, nous nÕavons pu, comme nous lÕaurions voulu, interroger des personnes autres que des membres de la direction. Cela nous aurait sans doute permis de mieux apprŽcier la portŽe rŽelle des propos de ces derniers sur le reste de lÕorganisation. Nous aurions aussi pu en apprendre davantage sur le dŽroulement des opŽrations au jour le jour, en particulier sur le travail des personnes Conclusion 123 responsables de faire la promotion de lÕorganisation aupr•s des clients sur le terrain. NŽanmoins, par ce mŽmoire, nous espŽrons avoir ramenŽ ˆ lÕagenda de la recherche en stratŽgie la question des END; une question qui depuis les travaux dÕHamermesh et al. (1978) et de Woo et Cooper (1981 1982), voilˆ plus de vingt ans, nÕa malheureusement pas retenu lÕattention de nombreux chercheurs. Bien que plusieurs travaux aient fait rŽfŽrence ˆ ces Žtudes, rares sont ceux qui se sont intŽressŽs spŽcifiquement aux END. Cela dit, il reste encore beaucoup de travail ˆ faire. DÕautres Žtudes de cas dÕEND, en particulier des Žtudes qualitatives favorables ˆ une description riche de la rŽalitŽ, contribueront sans doute ˆ lÕŽlargissement de nos connaissances des facteurs clŽs de leur succ•s. De m•me, nous pourrions bŽnŽficier dÕŽtudes de cas comparatives, comme celle de Chen et Hambrick (1995), mettant en Žvidence les principales diffŽrences dans la fa•on de concurrencer des entreprises dominantes et non dominantes. Enfin, t™t ou tard, des Žtudes empiriques, semblables ˆ celle de Woo et Cooper (1981; 1982), seront nŽcessaires ˆ la validation ainsi quÕˆ la gŽnŽralisation des nouvelles connaissances acquises par le biais des Žtudes de cas. Annexe 1Ê: Guide dÕentrevue Ce guide dÕentrevue est con•u pour aider ˆ rassembler les informations requises pour lÕŽtude du cas de la Banque Laurentienne dans le cadre dÕun mŽmoire de ma”trise (M.Sc. management, HEC) portant sur la stratŽgie des entreprises non dominantes, i.e. les entreprises qui nÕont pas une forte part de marchŽ et qui malgrŽ cela coexistent et concurrencent avec les entreprises leaders. Il est important de mentionner que les informations recueillies ne seront utilisŽes quÕavec lÕassentiment des personnes interrogŽes. Celles-ci auront ŽtŽ informŽes d•s le dŽbut de lÕentretien de lÕanonymat des informations recueillies. M•me si ces informations pourront •tre utilisŽes pour lÕŽtude du cas de la Banque Laurentienne, les citations ne seront identifiŽes quÕavec lÕassentiment des personnes concernŽes. La structure du questionnaire est la suivanteÊ: 1. Background de la personne interrogŽe 2. Industrie des services financiers 3. Banque Laurentienne 4. Secteur dÕactivitŽ de la personne interrogŽe Annexe 1Ê: Guide dÕentrevue 1. 125 Background de la personne interrogŽe 1.1 Pouvez-vous nous parler un peu de votre cheminement avant votre arrivŽe ˆ la Banque Laurentienne, si pertinent, et depuis que vous y •tes? 1.2 Quels r™les et fonctions sont associŽs ˆ votre poste actuel? 2. Industrie des services financiers 2.1 Quelles sont les tendances actuelles de lÕindustrie des services financiers? 2.2 Lesquelles ont le plus dÕinfluence sur la Banque Laurentienne? 2.3 Comment voyez-vous le futur de lÕindustrie des services financiers? 3. Banque Laurentienne 3.1 Selon vous, quels sont les ŽvŽnements marquants de lÕhistoire de la Banque Laurentienne au cours des 10 derni•res annŽes? 3.2 Quels sont les comportements et les aptitudes qui sont favorisŽs ˆ la Banque Laurentienne? 3.3 Quels sont les mots qui caractŽrisent le mieux la Banque Laurentienne? 3.4 Comment dŽcririez-vous la stratŽgie de la Banque Laurentienne ˆ lÕheure actuelle? Quelles sont ses forces? Quels sont ses objectifs? 3.5 Comment dŽcririez-vous son prŽsident Henri-Paul Rousseau? 3.6 Comment voyez-vous le futur de la Banque Laurentienne? 4. Secteur dÕactivitŽ de la personne interrogŽe 4.1 Environnement et concurrence 4.1.1 Qui sont les concurrents de la Banque Laurentienne dans votre secteur dÕactivitŽ? Quelle est la dynamique de la concurrence? 4.1.2 Existe-il des produits alternatifs ˆ ceux que vous offrez? Si oui, quelles menaces reprŽsentent-ils? 4.1.3 Quel genre de clients attirez-vous et pourquoi? 4.1.4 Est-ce que vous avez des partenariats avec des entreprises ou des ententes particuli•res avec des grands fournisseurs? Qui sont-ils et quelles sont les raisons dÕassociation? Annexe 1Ê: Guide dÕentrevue 4.1.5 126 Quels r™les jouent les institutions comme les appareils gouvernementaux et les associations professionnelles ou syndicales dans votre secteur? 4.2 Ressources et fonctionnement gŽnŽral 4.2.1 Selon vous, quels sont les avantages concurrentiels de la Banque Laurentienne dans votre secteur dÕactivitŽ? ConsidŽrez-vous ces avantages comme durables? 4.2.2 Par rapport aux concurrents, comment qualifieriez-vous les actions compŽtitives que vous entreprenez? 4.2.3 Pouvez-vous commenter les ressources dont dispose votre secteur dÕactivitŽ et sa structure? 4.2.4 Selon vous, quels ŽlŽments pourraient •tre amŽliorŽs? 4.3 Leadership et valeurs 4.3.1 Avez-vous un ŽnoncŽ de mission et/ou une dŽclaration de valeur ˆ respecter? 4.3.2 Comment prŽparez-vous vos gestionnaires ˆ leurs responsabilitŽs prŽsentes et futures? 4.3.3 Quel style de direction est favorisŽ? Comment qualifieriez-vous le processus de prise de dŽcision? 4.4 StratŽgie et avenir 4.4.1 O• situez-vous votre secteur dÕactivitŽ dans la stratŽgie globale de la Banque Laurentienne? 4.4.2 Comment voyez-vous lÕavenir de votre secteur dÕactivitŽ au sein de la Banque Laurentienne? Bibliographie Allen, F. et A.M. Santomero. 1998. ÇThe theory of financial intermediationÈ. Journal of Banking and Finance, vol. 21, p. 1461-1485. 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