SouS une bonne étoile

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SouS une bonne étoile
© Vendredi Film
les gets
Lucien Jean Baptiste
Sous une
bonne étoile
Depuis « Rasta Rocket », au début des années 90, on n'avait pas vu beaucoup de couleurs sur les
planches de ski. Mais en 2008, l'acteur/réalisateur Lucien Jean-Baptiste, d'origine martiniquaise,
lance le clan Elizabeth sur les pentes gêtoises pour une comédie familiale : « la Première
Etoile » ou quand la montagne devient exotique.
Par Mélanie Marullaz
ean-Gabriel Elizabeth, dit « JG »,
vit du PMU et de petits boulots en
banlieue parisienne. Les fins de mois
sont difficiles, trop pour envisager de partir
en vacances, encore moins à la neige. Il n’a
pourtant pas le cœur de refuser à sa fille
un séjour au ski et met tout en œuvre pour
faire découvrir à sa famille les joies de la
glisse.
Une histoire “basée à 85 % sur des souvenirs
d’enfance, sauf que c’est ma mère qui nous
avait emmenés à Morzine d’abord, puis à
Orcières Merlette”, résume Lucien JeanBaptiste. Pour planter le décor, il a donc
besoin d’une station “restée dans son jus,
familiale, humaine ; pour ça, les Gets sont
assez hors du temps, ne font pas usine”. Au
début pourtant, la municipalité est un
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les gets
échangent, à l’eucharistie, une rafale de
regards en biais. “On avait commencé à
sympathiser entre les prises, se rappelle-telle, mais pour le rôle, il ne fallait pas qu’on
copine, alors on m’a demandé de ne plus lui
parler !” Elle se souvient aussi de ce petit
moment de gloire à l’avant-première du
film à Archamps, quand le réalisateur l’a
reconnue dans le public et l’a fait applaudir
par toute la salle.
Ludovic François et Michel Jonasz
peu frileuse. “C’était un film à petit budget…”,
se rappelle Christophe Mutillod, directeur
de l’Office de Tourisme et Adjoint au maire,
“on ne savait pas quel succès il connaîtrait
et partait quand même du message : le
ski, c’est cher. Mais il servait l’image de la
montagne en général et celle des Gets en
particulier, alors on a mis de l’huile pour que
tout se passe bien.” Une belle réussite en
terme de placement de produits, puisque
la station est parfaitement identifiable,
citée dans les dialogues, lisible sur les
balises de pistes, engins de damage ou
dossards, en échange de quoi, elle est aux
petits soins pour la production parisienne.
“Quand je disais « action », raconte Lucien
Jean-Baptiste, c’est toute une station qui se
mettait en route”.
Approvisionnement local
“Nous avions fait les repérages en décembre,
quand le village était couvert de neige,
la route poudrée, les sapins tout blancs.
Mais nous sommes venus tourner en mars
et là, tout était vert !!” Afin que la scène
d’arrivée, en pleine tempête, puisse se faire,
Alain Anthoine, actuel responsable des
Services Techniques, se rappelle donc être
allé chercher, dans les réserves à neige de
la station, des camions et des camions de
« blanche » pour enneiger 2 km de route
communale et le toit de la petite chapelle
du Moudon. “Les décorateurs s’étaient
également installés dans le local du service
pour faire leurs éléments au chaud, on leur
donnait de petits coups de main à droite
à gauche, pour dépanner la production en
limitant les coûts. Les gars l’ont fait avec
plaisir, ça changeait de notre train-train
quotidien et on a appris un tas de choses.”
Pendant 4 semaines, l’équipe s’appuie donc
sur les ressources autochtones : le personnel
des remontées mécaniques, qui transforme
leurs télésièges en dollies (support pour
les travellings) ; les moniteurs de l’ESF, qui
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sont remplacés par des « professionnels »
pour le tournage, mais coachent les
acteurs principaux sur les skis ; l’Igloo
- historiquement, le premier Dancing de
France, ouvert en 1938 ! - qu’elle fréquente
un peu avant l’ouverture au public et qui
se souvient encore de l’incroyable talent
de danseur de « Ludo » (petit dernier de la
famille Elizabeth, joué par Ludovic François,
7 ans à l’époque).
Mais on retrouve aussi les gens du cru
devant la caméra, évidemment, car l’air de
rien, le Savoyard est un brin cabotin. Ils sont
donc légion dans la scène du bar, tournée
au Lion d’Or - qui a fermé depuis, “c’est là
qu’on m’a appris la différence entre la Savoie
et la Haute-Savoie, en rigole encore Lucien
Jean-Baptiste, comme entre la couture et la
haute-couture !” (Sans rancune la Savoie ?
Vous la connaissiez de toute façon). On
les retrouve aussi sur la patinoire ou dans
les rues de la station, et à l’église. Avec un
nom prédestiné, la blanche Elvire Paroissien
incarne une grenouille de bénitier étonnée
de voir débarquer la black Firmine Richard
(« Bonne Maman ») sur son banc. Elles
Malgré les moments de galère - une journée
de tournage perdue à attendre que le
Mont-Blanc veuille bien sortir des nuages,
ou la cascade en luge de Firmine Richard
qui se termine plus mal encore qu’à l’écran,
la blessant et blessant la chef op’, “les Saints
des Gets nous ont protégés !” - et le film est
un joli succès en salle : 1,6 million d’entrées.
Impossible par contre d’en chiffrer, en
nombre de séjours déclenchés, l’impact
sur la notoriété de la station, mais la série
télévisée « Les Edelweiss » diffusée sur TF1
avec Claire Keim et Marie-Anne Chazel, y a
été tournée dans la foulée, et il se pourrait
qu’elle accueille la suite des aventures de
la Famille Elizabeth en 2017. Lucien JeanBaptiste est attaché à ce village dans lequel
il a réalisé un rêve d’enfant : participer à la
descente aux flambeaux organisée par l’ESF
pour la sortie du film. “Dire qu’il y a 30 ans,
je n’avais pas d’argent, j’étais là, au pied des
pistes à les regarder… C’est dingue de voir
tout ce qu’un film peut vous apporter.”
Première en tant que réalisateur, sur une
première fois au ski, la Première Etoile est
donc, pour lui, un film à part, car “ça n’arrive
qu’une fois une première fois”. + d’infos : Première Etoile (2009) - de et avec
Lucien Jean-Baptiste - Firmine Richard, Bernadette
Lafont, Michel Jonasz, Anne Consigny…
La Famille Elizabeth dans les rues des Gets
© Vendredi Film
© Vendredi Film
Ça n’arrive qu’une fois
une première fois

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