Déformation médiatique des propos liés à la culture « arabo
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Déformation médiatique des propos liés à la culture « arabo
Des questions sur une terminologie dérogée Déformation médiatique des propos liés à la culture « arabo-musulmane » Présentation de l’auteur : Hicham Rouibah, étudiant en année de préparation de doctorat à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), parcours socio-économie en Etudes Comparatives de Développement (ECD), sous la direction de Mme Monique Selim 1. Titulaire d’un master 2 professionnel en Ingénierie de l’enquête à l’université de Lille1 (2014), après validation d’une maitrise (M1) en sociologie-anthropologie sous la direction de M. Laurent Bazin2 et d’une licence en Ressources humaines, Organisation et Travail à l’université de Bejaïa (2011) sous la direction de M. Mohand A. Faradji3. Les thèmes de recherche : la Chine-Afrique, la politique économique en Algérie, la formation universitaire en Algérie, la production statistique des organismes de sécurité sociale en France, le fanatisme en Islam. Introduction : « Islamiste », « jihadiste », « salafiste », « antisémite », « monde arabe », « monde musulman », … des propos et des expressions qui hantent au quotidien notre actualité. Pourtant, très peu d’intellectuels connaissent le vrai sens de ces termes à connotation religieuse en l’occurrence islamique. Cette contribution propose un éclaircissement et un questionnement sur la terminologie d’un sujet très brûlant qui dissimule continuellement les valeurs de la religion musulmane et augmente le malaise des musulmans, notamment d’occident et de France. Un malaise causé principalement par une médiatisation massive et diffamatoire qui pointe du doigt le radicalisme et l’extrémisme qui découle de l’islam, et qui place donc les musulmans sur le podium des infréquentables Sans prétendre être un connaisseur de la religion musulmane ou de la théologie, je sollicite simplement la logique et le bon sens pour mettre évidence certains faits qui sont commodément vérifiables sur les bibliographies des sciences de religion, de langue et d’histoire. L’une des aberrations monumentales des médias et de nombreux intellectuels c’est l’incapacité d’établir une différence entre certains termes du même champ lexical tels qu’islamiste et islamique, jihadiste et moujahid, arabe et musulman, alors que les règles 1 Directrice de recherche à l’IRD (axe Travail, Finance, Globalisation). L’INALCO/CESSMA, et associée à l’EHESS. Anthropologue attaché à l’IRD, l’INALCO, CESSMA et associé au CNRS. 3 Sociologue et économiste, maitre de conférences à l’université de Bejaïa. 2 Hicham ROUIBAH ECD EHESS grammaticales et le vocabulaire de la langue française nous enseignent que la terminaison des mots -parfois de la même racine- peut modifier entièrement le sens des termes. Islamiste / islamique, quelle différence et quel lien avec le terrorisme ? Tout commence lors d’un récent débat sur l’Islam et le « monde arabe » dans un établissement parisien d’études supérieures, j’ai posé des questions à des chercheurs et à des étudiants : quelle est la différence entre musulman, islamiste, islamique ? Entre « jihadiste » et « moujahid » ? Dans une salle d’une cinquantaine de personnes on n’arrive pas à m’apporter une seule réponse valable et argumentée par rapport à mes questions. Ceci reflète bien la méconnaissance du public, intellectuel ou pas, des mots qu’ils utilisent dans leurs discours d’une manière régulière et monotone. Littéralement le mot islamique désigne ce qui appartient à l’islam, et islamiste ce qui en rapport à l’islamisme, sachant que ce dernier englobe de différentes variétés de fondamentalisme et d’extrémisme. Pour ce qui l’islamisme, les dictionnaires de la langue française n’en donnent pas une même définition. Certains dictionnaires comme les 38 DRC le définissent par : « Ensemble des pays soumis à la loi du prophète Mohammed… vieilli religion musulmane ». Tandis que le dictionnaire de Larousse le présente comme : « mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l'islam, qui veulent faire de celui-ci une véritable idéologie politique par l'application rigoureuse de la charia…vieilli de l’islam ». Les deux définitions proposées par ces dictionnaires produisent une forme d’hybridation sémantique qui ne fait qu’accroitre l’amalgame autour de l’islam. On comprend par là la nature de la problématique qui caractérise les discours qui ne distingue guère « islam » et « islamisme ». Concrètement, selon les médias, un terroriste « musulman » se traduit inévitablement par l’islamiste en référence à son islamisme et à son radicalisme. Toutefois, et à titre de comparaison, les partis politiques dans certains pays musulmans (Les frères musulmans en Egypte, Al-Nahdha en Tunisie…) sont présentés par les médias comme des partis islamistes et non pas islamiques. Ainsi, en suivant la logique de ces présentations, les partis politiques islamistes seraient donc des partis potentiellement terroristes ? Pourtant, le lien que l’on veut accorder ici et dans la plupart des cas est l’attachement de ces partis politiques à l’islam et non pas à l’islamisme. D’autre part, paradoxalement les groupes de DAESH sont présentés comme un « Etat islamique » et non pas un « Etat islamiste », bien que les membres de DAESH, selon les médias, sont bel et bien des islamistes-terroristes. Alors, pourquoi ne pas les qualifier d’« Etat islamiste » ? Ou bien islamiste rime seulement avec une personne physique et islamique uniquement avec une personne morale ? Si c’est le cas, pourquoi parle-on de partis politiques islamistes (qui sont bien des organisations et non pas des individus) ? Je rappelle tout de même que le dictionnaire nous apprend que l’islamique est renvoyé à l’islam et non pas à l’islamisme. Ainsi, est-on conscients des enjeux suscités par ces termes significatifs sur Hicham ROUIBAH ECD EHESS l’image de l’islam et des musulmans ? Ou bien veut-on effectivement déformer la figure de l’islam et mener des attaques frontales contre ce dernier ? On peut poser de nombreuses questions autour de ces propos choisis arbitrairement par d’innombrables intellectuels : journalistes, chroniqueurs, présentateurs… qui ne donnent jamais d’explications justifiées, seuls de rares penseurs manifestent leur position, tel qu’Edgar Morin qui dit : «(…) le mot islamique est un mot valise qui recouvre beaucoup de réalités(…) et qu’il est dommage, à mon avis, de réduire le mot islamique comme on le fait actuellement (…) » (L’invité de Patrick Simon, TV5 Monde, 2013). Questions intrigantes sur DAESH : Quoique l’objet de ce document ne soit l’organisation de DAESH, il me semble utile de placer quelques commentaires à ce sujet. D’abord, un retour sur l'acronyme DAESH ; un terme qui vient d’une abréviation arabe " " داعش, dans sa forme longue et intégrale : الدولة اإلسالمية في العراق والشام, qui signifie : Etat islamique de l'Iraq et du levant. Avant tout, il faut savoir que dans la tradition lexicale arabophone on ne fait jamais4 recours aux abréviations ni aux sigles ou aux acronymes pour désigner une organisation ou une structure. La seconde remarque, comment se fait-il qu’un groupe –après un premier échec de création en 2003- se retrouve avec un immense monopole au milieu d’une guerre civile, et capable de faire face à l’armée syrienne et irakienne au niveau militaire et financier, mais aussi avec un large et solide système d’information et de télécommunications. N’est-il pas étonnant qu’un groupe atteigne ce stade de maîtrise et de compétence dans un laps de temps si bref ? Certains disent que DAESH alimente ses caisses avec l’argent du pétrole. Cela n’est pas faux, en revanche, comment DAESH s’ « autofinançait » avant qu’il s’empare d’une part des ressources pétrolières de l’Irak ? Vu qu’il n’a mis la main sur la moitié de l’Irak qu’après une longue et pénible conquête en Syrie. Et puis, même si DAESH vend le pétrole irakien (kurde), qui l’aide à exploiter cette ressource, sachant que cette opération nécessite un savoir-faire très précis, de l’extraction de la matière première des puits à l’entretien technique des dispositifs et des mécanismes industriels des bases pétrolières ? Possède-t-il des équipes d’ingénieurs compétents en hydrocarbures pour assurer tout ce fonctionnement si minutieux et particulier ? Admettons qu’il l’exploite en toute autonomie ! Qui est capable d’acheter le pétrole d’un Etat terroriste ? Il se trouve que l’Union Européenne affirme avoir acheté le pétrole de DAESH sous prétexte qu’elle ignorait sa provenance, puisque sa transaction passait par le biais de la Turquie (voir la déclaration de Roland Jacquard : Président de l’observatoire international du terrorisme sur l’émission de C’est dans l’air, « Terrorisme et Haine », France5, Novembre 2014). De l’autre côté, l’agence Reuters, confirme avoir repéré un des tankers transportant du pétrole kurde avant que celui-ci transfère au large de Malte sa cargaison dans un autre tanker, l'Altaï, qui lui a accosté en Israël ! Ensuite, qui est leur chef « califa » Al-Baghdadi ? Comment un ex-militaire de l’armée syrienne libre, sous le nom d’Abou Youssef, à un moment donné prisonnier des USA 4 Sauf dans le cas des nomenclatures économiques et commerciales telles que les entreprises. Hicham ROUIBAH ECD EHESS pendant deux ans dans la tristement célèbre prison d’Abou Ghraib en Irak se retrouve à la tête de cette organisation ? (lire Thierry Meyssan sur le conflit en Syrie et en Irak) En outre, l’organisation de DAESH diffuse ses vidéos en toute facilité et communique ses informations à travers son site internet anglophone SITE intel group (Monitoring service, jihadist threat) sans que les forces occidentales avec leurs génies informaticiens du pentagone (département de défense des USA) et de l’action contre la cybercriminalité de l’Union Européenne puissent neutraliser ou pirater un site internet d’un groupe terroriste ? Alors que la CIA nous a montré ses compétences en déprédation à travers sa capacité à paralyser des drones et à saboter des satellites à des milliers de kilomètres. De plus, a-t-on négligé les contestations des journalistes et des infographes américains et français qui ont examiné les vidéos des décapitations et les qualifient de pièces de propagande voir d’un ridicule montage vidéo amateur ? Pourquoi les analyses de ces spécialistes ne sont jamais diffusées par les médias ? Ou encore, pourquoi leurs analyses sont systématiquement supprimées de la toile à chaque fois qu’elles soient publiées ? Sans vouloir tirer des conclusions très hâtives, je crains que le scénario de la mystification des activités d’Al-Qaïda et des effroyables impostures sur les attentats du 11 septembre 2001, ainsi que la mort mystérieuse d’Oussama Ben Laden -des événements largement critiqués par de nombreux intellectuels occidentaux- se répète encore une fois. Des « islamistes » mais pas de « christianistes » ou de « judaïstes » ! Revenons au sujet initial du faux usage des propos à connotation islamique, car on ne peut absolument pas garder le silence à propos de la malhonnêteté appliquée sur la finalité des mots choisis dans le langage de la communication et de l’information. Si on procède à un sondage 5 pour interroger des gens sur la définition des mots « christianiste » ou « judaïste 6 », la réponse sera incontestablement manifestée par la méconnaissance ou la relativité, puisque tout simplement ces mots n’existent pas dans notre langage, il n’y a que le mot islamiste qui s’est fait une renommée internationale. Dans une perspective comparative, je m’interrogeais intrinsèquement sur la fabrication linguistique de la construction symbolique autour des termes qui expriment manifestement l’extrémisme dans la religion musulmane, en se mesurant à la représentation de l’extrémisme dans les autres religions monothéistes (christianisme, judaïsme). On se permet de qualifier un musulman terroriste spontanément d’ « islamiste » mais jamais un terroriste chrétien de « christianiste » ou bien un terroriste juif de « judaïste ». Dans la dénomination la plus critique on parle de fanatiques religieux chrétiens ou juifs. Les medias et intellectuels craignent-ils d'employer ce terme « christianiste » ou « judaïste » au risque de voir une masse de personnes s'excommunier lorsqu'ils entendent christianisme ou judaïsme ? En définitive, l’islam est « suffixable » mais pas les autres religions. 5 J’ai posé cette question en 2010 sur un blog de dialogues interreligieux, les échanges étaient trop vifs entre les internautes musulmans et chrétiens. 6 Bien que le mot « judaïste » était évoqué auparavant par certains intellectuels juifs. Hicham ROUIBAH ECD EHESS Et pourtant les exemples n’en manquent pas : l’assassin norvégien Andres Behring Breivik, auteur des attentas de juillet 2012 (explosion à Oslo et massacres d’Utøya) avec un bilan lourd de 77 morts et 151 blessés. Breivik affirme que le motif de ces crimes était de cesser le multiculturalisme (présence de musulmans et de juifs au Norvège) pour préserver la chrétienté. Cependant, Breivik est présenté comme terroriste norvégien d’extrême droite (pour ne pas évoquer son endoctrinement à la religion chrétienne) ayant des troubles psychiatriques, mais en aucun cas le mot « christianiste » ne fait surface comme c’est le cas avec tous les terroristes musulmans. D’ailleurs, ces derniers font rarement preuve d’examens psychiatriques ou psychologiques 7, puisqu’ils sont en définitif des « islamistes » qui font leur Jihad. Le meilleur exemple est le cas de Mohamed Merah, responsable de la fusillade de mars 2012 à Toulouse causant 7 victimes et 6 blessés, il est présenté par les médias et les sites internet comme un terroriste-islamiste tout court, sans évoquer ses problèmes psychologiques, bien que son profil soit connu bien avant l’attentat commis : «( …) personne fragile, introvertie, anxieuse, manifestant des troubles comportementaux (…) » a déclare le psychologue clinicien qui a examiné Merah en 2011. Prenons un autre exemple, le carnage de l’Etat israélien sur la bande de Gaza en juillet et aout 2014. Les roquettes lancées par le Hamas sont qualifiées d’actes terroristes à vocation « islamiste » et/ou « jihadiste ». Par contre, le sous-marin israélien, et sans compter toutes les attaques aériennes sur des milliers de civils, qui a bombardé volontairement quatre enfants palestiniens 8 en train de jouer au foot sur l’une des plages de Gaza n'est nullement qualifié d'acte terroriste ou « judaïste ». A vrai dire, actuellement, dans la conscience et l’imaginaire collectif de la plupart des occidentaux il y a une sorte d’instrumentalisation du religieux par le politique. Une attaque accompagnée d’un cri « Allah Akbar » (qui signifie Dieu est grand) est considérée par induction comme un acte terroriste, mais une attaque vide de cette même expression au moment de l'action n'est pas forcément considérée comme un acte terroriste, mais plutôt comme un attentat criminel ou de délinquance ou bien de riposte comme fût le cas pour l’armée israélienne. En d’autres termes, on a visiblement oublié que « terreur » est la racine du mot terrorisme. Du Jihad au Jihadisme, du Salafiya au salafisme ! Il ne nous échappe pas que parmi les termes connus par les auditeurs de toute confession figurent « jihadiste » et « salafiste ». Bien que les médias nous les présentent comme des expressions qui signifient littéralement un terroriste musulman sans montrer la segmentation linguistique et compréhensive du jihad et du salafiya.. Il suffit de feuilleter les grands ouvrages d’interprétation du coran et des hadiths (paroles de prophète) pour appréhender les conformes énonciations du Jihad et du Salafiya. Brièvement, Jihad en langue arabe peut prendre le sens de lutte ou d’effort sur soi, qui n’a rien à voir avec la guerre ou la guérilla. Afin de proposer une grille de lecture contextualisée, il 7 Dounia Bouzar, spécialiste de la question du Jihadisme explique qu’il faut faire davantage un travail sur la psychologie des jeunes jihadistes qui souffrent généralement de troubles et de déséquilibres. 8 Les palestiniens ne sont pas tous musulmans, il y a une forte communauté chrétienne orthodoxe. Hicham ROUIBAH ECD EHESS n’est pas inutile de rappeler que le Jihad à quatre formes en islam (certains savants les catégorisent en trois), de la lutte contre les mauvaises inspirations de son âme, la lutte contre les difficultés de la vie, à la lutte physique pour se libérer de l’oppression d’un ennemi. De plus, le coran n’incite pas à tuer délibérément comme beaucoup de personnes « zemmourisés » 9 le pensent. Il faut vérifier les textes pour comprendre que le coran au contraire interdit et condamne à plusieurs reprises l’assassinat d’innocents. (Voir Al-Baqara [la Vache] : versets 84-85. An-Nisâ' [les femmes] : versets 29-30, 92-93,97. Al-Mâ'ida [la table] : versets 27-32. Al-'An`âm [les animaux] : versets 137, 140, 151). Plus encore, il faut que les intellectuels occidentaux et orientaux, musulmans et nonmusulmans révisent les règles de guerre en islam tels que les traditions prophétiques l’expliquent. Plusieurs textes authentiques de différentes versions définissent ce que le prophète a recommandé pour ses compagnons avant d’entamer une bataille (et je cite ici des sources combinées avec une traduction approximative, voir Sahih Muslim) : « (…) Epargnez les civils, femmes, enfants et vieillards, malades …ne coupez pas un arbre, (…) ne tuez pas d’animaux sans nécessité, (…) ne détruisez pas une habitation … ». Je rappelle aussi qu’en islam le suicide n’est pas autorisé y compris les attentas kamikaze comme l’approuvent plusieurs savants sunnites. D’autres haddiths l’expliquent clairement. Il est rapporté dans un récit authentique : « Celui qui tue un pactisé10 hormis son temps, Allah lui aura interdit le paradis » [Abou-Dâoud 2760]. Dans un autre texte prophétique aussi : « celui qui tue quelqu’un parmi les gens de la ‘dimma’ (gens ayants la garantie de protection des musulmans) ne sentira pas l’odeur du paradis » [Abou-Dâoud 2760, El-Nassâi 4747]. D’autres haddiths l’expliquent clairement. Il est rapporté dans un récit authentique : « Celui qui tue un pactisé11 hormis son temps, Allah lui aura interdit le paradis » [Abou-Dâoud 2760]. Dans un autre texte prophétique aussi : « celui qui tue quelqu’un parmi les gens de la ‘dimma’ (gens ayants la garantie de protection des musulmans) ne sentira pas l’odeur du paradis » [Abou-Dâoud 2760, El-Nassâi 4747]. Certes, l’interprétation individuelle des textes coraniques et prophétiques est au cœur de la controverse, ce qui engendre la multiplication des dérives sectaires en islam. A l’image des histoires conflictuelles juste après la mort du prophète pour bien illustrer la prise de position de l’islam et des compagnons proches du prophète qui se sont opposés fermement à la radicalisation des « khawarij ». D’autre part, c’est quasiment le même souci de positionnement linguistique avec le mot jihadiste qui se répète avec le mot salafiste. En langue arabe Salafiya dont la racine est « salaf » qui signifie ce qui est passé ou précédant. En aucun cas le terme salafiya exprime un engagement idéologique, politique ou militaire (s’oppose même aux principes de la 9 En référence à l’influence d’Eric Zemmour et son influence sur les auditeurs français. Celui qui a un contrat de vie sociale et de paix avec les musulmans comme les juifs et les chrétiens. 11 Celui qui a un contrat de vie sociale et de paix avec les musulmans comme les juifs et les chrétiens. 10 Hicham ROUIBAH ECD EHESS démocratie politique). Il ne désigne ni un groupe, ni un parti, ni une secte, ni une théorie. Il s’agit d’un « minhaj », c'est-à-dire un paradigme méthodologique basé sur le Coran et la tradition prophétique comme l’a interprété le prophète Mohammed et ses compagnons les plus proches et ceux qui les ont suivi d’une manière rigoureuse et cohérente, entre autres, les trois premières générations après le prophète Après ce bref rappel sur la position de l’islam par rapport au jihad et au terrorisme, je me demande si les « professionnels » des médias audiovisuels et écrits, du chef de la rédaction au présentateur, sont (in)capables d’avoir une réflexion distanciée/critique sur la terminologie pour différencier entre le Jihad et la salafiya en islam et faire la part du terrorisme ? Peut-on attribuer le mot jihadiste ou salafiste à un terroriste, tout en sachant que ça n’a nullement un lien avec le jihad ? Ou bien, puisque les terroristes, comme ceux de DAESH, s’autoproclament jihadistes doit-on valider cette appellation en la reprenant sans distanciation ? Bien au contraire, en attribuant les titres de jihadistes à des terroristes, on leur accorde inconsciemment un statut et une crédibilité qu’ils souhaitent obtenir, puisqu’on a indirectement approuvé que leurs actes sont inscrits dans un principe islamique valable. Or on ne peut que désapprouver leurs actes vis-à-vis de l’islam et de l’humanité tout court. En fin de compte, il est complètement mystificateur et incohérent de rajouter, encore une fois, des suffixes pour les mots Jihad et Salaf afin d’exprimer l’extrémisme avec les termes jihadisme et jihadiste, salafisme et salafiste, étant donné que l’islam lui-même déplore tout acte extrémiste et terroriste. La conséquence est plus ample que ce qu’on peut imaginer. Un musulman peut être un salafi parfaitement intégré dans la société occidentale, se sentira dans un double registre intimidé et déstabilisé à entendre parler du salafisme et des salafistes comme un courant extrémiste et terroriste. Sémite : un terme improprement attribué aux juifs ! Parmi les mots qui reviennent sur les premières pages de la presse et qui font la une des journaux télévisés : l’ « antisémite », notamment lors de cette dernière année avec l’affaire Dieudonné qui a fait un bruit sans précédent. Pour essayer de comprendre le sens de ce célèbre mot généralement requiert par la LICRA et le CRIF, j’ai fait quelques lectures sur les manuels d’histoire et les dictionnaires de langue, je m’aperçois vite que le mot sémite désigne ce qui appartient aux peuples du Proche-Orient parlant ou ayant parlé une langue sémitique : arabes, hébreux, phéniciens, éthiopiens (amharique), araméen12, babyloniens et secondairement les berbères du nord-est. On comprend par là que le « sémite » n’est pas uniquement le juif, tel que les médias le présentent. Il est donc préférable de remettre le sens de ces définitions à jour. C’est hautement illogique de considérer d’une manière scientifique et confirmée que le mot « sémite » est relatif à tous ces peuples (cités au-dessus) et qu’en parallèle le mot « antisémite » désigne exclusivement les attitudes hostiles envers les juifs. 12 Habitants de l’Aram (Syrie et haute Mésopotamie) Hicham ROUIBAH ECD EHESS Ceci dit, on doit reconnaitre que les mots « sémite » et « antisémite » signifient improprement et déraisonnablement juif et anti-juif. Ainsi, les arabes -musulmans ou pas- doivent vitupérer la définition du mot « sémite ». Tout simplement, ils ne peuvent être antisémites puisque euxmêmes sont justement des sémites. Contester ces définitions est une manière de protéger et de veiller sur l’histoire de tous ces peuples qui partagent le sémitisme. Ce dernier porte l’honneur d’avoir créé l’alphabet, et que les mémoires doivent savoir qu’il ne s’agit pas uniquement de l’hébreu et des juifs mais plusieurs langues et peuples y font partie. De la même sorte, lorsqu’on évoque le révisionnisme on pense instantanément au rejet de l’histoire de la Shoah 13 ; tandis que le révisionnisme signifie toute attitude qui consiste à critiquer, à remettre en cause la valeur d’une théorie, d’une croyance, d’une idéologie, d’un système politique, d’un jugement, etc. A ce titre, je rappelle pour les amateurs de l’économie et de la sociologie que ce terme fut notamment employé par Lénine pour qualifier ceux qui critiquaient les principes de base du marxisme. Et pourtant, le révisionnisme est surtout utilisé aujourd’hui, en France, pour désigner ceux qui tendent à nier le génocide des juifs durant la seconde guerre mondiale. Ainsi, le mot révisionnisme est tendanciellement réduit à cette dernière définition. Or, dans la démarche scientifique et en l’occurrence dans les sciences sociales les chercheurs et les universitaires sont majoritairement réformistes et révisionnistes des théories économiques, sociologiques, philosophiques, politiques et d’histoire… à travers un travail de réflexion critique et de la déconstruction méthodologique de certaines théories, néanmoins, on ne peut les considérés comme étant des anti-juifs parce qu’ils contestent des tendances historiques de toutes origines géographiques et croyances religieuses. D’ailleurs, antijuif ou antisioniste ? Un autre amalgame plus conséquent, celui de l’interprétation de la définition de l’antisionisme. Il est évident que ce dernier est un terme orienté d’une manière obstinée pour exprimer l’antijudaïsme. Contrairement aux idées reçues, le juif peut prendre une position rivale au sionisme. Entre le judaïsme comme croyance religieuse et le sionisme comme mouvement culminé en 1948 pour la création de l’Etat israélien, on constate l’immense distance compréhensive entre ces deux mots. C’est d’ailleurs pourquoi figurent parmi les nombreux opposants au sionisme des juifs qui vivent à Israël, et qui souhaitent voir un Etat uni avec les palestiniens, et contestent fortement la démarche colonialiste sur les terres palestiniennes. Il faut revoir les manifestations un peu partout dans le monde contre l’Etat israélien qui comptent dans leurs rangs des citoyens de toute ethnie et croyance dont de nombreux juifs. Malheureusement par tous les moyens on essaye de masquer la différence entre juif et sioniste. 13 Terme hébreu signifiant « catastrophe » et désignant notamment l’extermination des Juifs par les Nazis. Hicham ROUIBAH ECD EHESS « Monde arabe » et « monde musulman » ne sont-ils pas indéfiniment un « monde arabo-musulman » ? Dans un contexte de globalisation et en suivant une démarche anthropologique je m’interroge sur les expressions « monde arabe » et « monde musulman ». Pourquoi parle-t-on d’un « monde arabe » ? Que vise-t-on à travers cette appellation ? Est-ce les populations qui parlent la langue arabe ? Si oui, pourquoi n’existe-t-il pas une expression « monde français » pour les pays qui parlent la langue française, « monde anglais » pour ceux qui parlent anglais [on dit fréquemment en français « anglo-saxon »… terme qui est lui-même très contestable], « monde espagnol »… Et puis, l’expression « monde arabe » laisse entendre qu’il y a un autre monde quelque part qui est complètement différent de ce dernier, à croire qu’il y a une seconde planète sur laquelle on peut trouver d’autres populations. En vrai, c’est une expression ségrégationniste qui met instinctivement les « arabes » de côté et tous les autres peuples de l’autre côté. Je tiens à souligner que les géographes et les historiens (je cite ici l’historien Pascal Blanchard) affirment que l’arabe est celui qui est originaire de l’Arabie Saoudite et de ces pays voisins14 du Moyen-Orient comme le Yémen, Oman, Emirats Arabes. Dans un second lieu, le « monde arabe » englobe le Maghreb, bien que les populations de l’Algérie, Maroc, Tunisie, Lybie sont berbères parlant la langue arabe (dialectale-maternelle et littéraire académique) et d’autres langues dérivées de Tamazight. Considérer les maghrébins comme des arabes est inéluctablement une forme d’atteinte à leur identité nordafricaine et à leur origine berbère, même si que leur bien-aimée arabité fait partie de leur culture musulmane héritée tout comme la culture française. De plus, on a tendance à séparer le Maghreb de l’Afrique ce qui est absolument impertinent et équivoque. Lorsqu’on parle de l’Afrique on pense aux populations noires subsahariennes en oubliant que les peuples des régions du sud de la Lybie, Algérie, Maroc et Mauritanie sont noirs « maghrébins ». le « Maghreb » n’est rien d’autre que l’Afrique du nord dont le sud de l’Algérie, du Maroc et de la Lybie n’est que l’extension (géographique et ethnique) du nord du Mali, du Tchad et du Niger. On peut facilement le repérer à travers la proximité ethnique et culturelle des populations qui vivent dans ces pays. Un autre point important, par définition la confusion entre l’arabe et le musulman est patente, plusieurs personnes en l’occurrence occidentales ne distinguent pas entre l’arabe et le musulman, à l’exemple des 38 dictionnaires nous informent que l’arabe c’est quelqu’un qui est originaire d’un pays ou d’une communauté musulmane .Cette logique nous pousse à comprendre que les populations musulmanes des pays non-arabes tels l’Iran, Turquie, Pakistan, Afghanistan, Ouzbékistan, Indonésie, Malaisie, Mali, Sénégal, Iles Comores etc. sont bien des « arabes ». Malencontreusement, le terrain nous confirme que cette assimilation ethnique arabes-musulmans existe réellement dans les sociétés occidentales, à l’image de 14 A exclure les pays du levant. Hicham ROUIBAH ECD EHESS l’expression combinée du « monde arabo-musulman » qui met l’arabe et le musulman systématiquement dans le même contexte identitaire et culturel. De la même sorte, l’expression « monde musulman » subsiste avec islam et non pas avec le reste des religions, puisqu’on ne parle pas d’un « monde chrétien », « monde juif », « monde bouddhiste ». Dès lors, « monde musulman » sous entend qu’il y a une forme de masse identitaire partagée par tous les pays musulmans. Quoique, irrationnellement cette locution « monde musulman » s’exprime à la défaveur des populations minoritaires non-musulmanes dans tous les pays musulmans, les chrétiens de Liban, Turquie, Syrie, Irak, Egypte, Algérie,… sans parler de nombre d’athées qui se désolidarisent de toute croyance. La question qui s’impose ici, respectivement aux droits de l’homme et la démocratie qu’on prône en occident, n’est-il pas leur (les minorités non-musulmanes) droit le plus strict d’avoir leur propre appartenance religieuse au nom de la liberté de culte et de la représentation de se démarquer de leurs concitoyens musulmans ? La réponse est évidente Oui. Alors pourquoi les positionnent-ils dans une connotation consubstantielle juxtaposés dans une sorte de subordination singulière avec cette expression « monde musulman » ? Peut-être qu’il est temps de s’intéresser à la déconstruction des définitions imaginaires qui assimilent inconditionnellement arabes et musulmans, à l’exemple de l’appellation « printemps arabe » qui est toute fois confuse que généraliste. Conclusion : Dans une époque où le milieu universitaire insiste sur l’importance du choix des termes empruntés dans les différentes sciences afin d’apprendre à respecter les principes de la démarche scientifique (la clarté, la précision et la simplicité) est vivement recommandée voir indispensables dans les discours ou les récits d’un étudiant ou d’un chercheur. Parlons des éléments méthodologiques et scientifiques. On ne peut pas nier que le travail de tout intellectuel est de rétablir la vérité. C’est pourquoi il était essentiel dans ce document critique de remettre la terminologie en perspective par une désacralisation de la concurrence interculturelle (chrétiens, juifs, musulmans, athées…) et interethnique (arabe, africains, européens..) afin de mesurer l’importance et le poids des mots que l’on « consomme ». Par ailleurs, il faut bien reconnaitre que le texte manque d’alternatives aux critiques mises à pied dans cet article. Beaucoup d’interrogations sont posées dans le but de déconstruire plusieurs termes et expressions sans apporter nécessairement des réponses. Par contre, ces questions occultes restées en suspens laissent place à une ouverture réflexive qui nous incite à faire appel aux compétences des spécialistes et des interprètes pour penser sur les définitions appropriées des termes et expressions relatifs à la religion musulmane. Les récents événements tragiques de décembre 2014 un peu partout en France illustrent parfaitement le dérapage des médias. Une confusion a été faite entre l’auteur de l’agression à Joué-lés-Tours (un jeune noir musulman attaque trois policiers dans un commissariat) avec l’humoriste amateur Rafik Mhamadi (musulman d’origine africaine) : en récupérant une vidéo qui circulait sur facebook. Cette confusion s’est faite notamment sur la ressemblance physique entre Rafik et le présumé coupable de l’agression. Les médias ont repris les photos de Rafik Hicham ROUIBAH ECD EHESS sans vérifier la fiabilité de la source de l’information. De plus, les médias qui ont abusé de l’utilisation des photos de cet artiste n’ont pas présenté d’excuses publiques pour lui et sa famille, d’ailleurs choquée de voir les photos de leur proche à la télévision sur une affaire terroriste. Dans le même registre, des faux15 témoignages ont été diffuser à la télévision qui affirmaient les cris « allah akbar » au moment des actes à Nantes (un conducteur de camion qui a fauché 11 personnes sur le marché de Noel de la ville) et à Joué-lés-Tours. Il n’y a pas de qualificatif autre que la diffamation pour définir cette situation. Après tout, ce n’est pas si impressionnant de la part des médias vu les agissements de « mauvaise foi » et/ou le manque de professionnalisme symbolisés à travers des méthodes manichéennes orientées systématiquement vers le mal. Ceci pour détourner les discours de fond sur les crises économiques et politiques par le « problème » de l’islam, en faisant de ce dernier un bouc émissaire16 avec une mobilisation d’interprétations erronées par l’insertion des concepts réducteurs voir faussaires. Les termes d’origine arabe sont introduits dans les langues occidentales pour leur accorder par la suite un sens parfois complètement opposé au sens initial en langue arabe et dans la tradition musulmane. On se demande pourquoi on ne met pas en lumière la majorité éclipsée qui se pense minoritaire parce que justement on ne parle pas d’elle, et je veux dire par là, les millions de musulmans qui font un formidable travail professionnel et social. Car depuis près de trente ans l’islam est devenu l’otage d’une stigmatisation provoquée par une poignée d’extrémistes et de radicaux et les médias accroissent l’islamophobie à partir de présentations exocentriques et disproportionnées. Outre cela, il y a deux poids deux mesures dans la diffusion de l’information entre islamophobie et judéophobie. Les actes à caractère antijuifs17 à Créteil en décembre 2014 ont été immédiatement médiatisés sur les JT et la presse, suivis d’un discours du ministre de l’intérieur et du premier ministre. Par contre, quelques jours après, les actes à caractère antimusulman18 à l’égard d’une femme voilée à Choisy-le-Roi n’ont été évoqués sur aucun média officiel. Cette médiatisation variante et sélective des événements de la même nature (ou presque) produit un contre-effet qui ne fait qu’augmenter le sentiment de marginalisation auprès des musulmans. Il est aussi du devoir des intellectuels de dénoncer les assimilations qui atteignent toutes les origines et cultures. Loin de l’extravagance autour de l’islam, je refuse catégoriquement d’entendre dire que tous les juifs sont sionistes, ou que tous les évangélistes sont manipulateurs, que tous les prêtres chrétiens sont des pédophiles. Car de nombreux religieux trouvent un certain cheminement spirituel qui les aident à maintenir un équilibre dans leur vie sociale. La communauté musulmane est invitée à lire et à s’ouvrir intellectuellement… Il ne faut pas se voiler la face, un retour à l’autocritique s’impose. L’un des problèmes majeurs réside au niveau de l’instruction religieuse de la communauté musulmane en 15 Des témoignages démentis par la majorité des témoins sur les lieux des actes. Expression d’Edwin Plenel 17 Les auteurs pensaient que leurs victimes ont de l’argent puisqu’ils sont juifs. 18 L’auteur a frappé la femme à coups de points et l’a traitant de sale musulmane. 16 Hicham ROUIBAH ECD EHESS elle-même (même si les médias attaquent l'Islam d'une manière dérogatoire), mais il faut reconnaitre que nous les musulmans, et d’une manière générale, nous lisons très peu, nous connaissons la religion qu'à travers les prêches de la grande prière du vendredi (si nous n’arrivions pas en retard pour écouter, et encore, il reste à savoir quel est l’imam qui nous parle), combien d’entre-nous lisent l'interprétation du Coran des grands penseurs et linguistes : Ibn Kathir, Kortobi,..., combien lisent les grands penseurs : Ibn Kayim, Ibn Taymiya, ... qui éclaircissent les traditions prophétiques. Ces dernières nous apprennent le vivre ensemble avec nos différences, à commencer par accepter l’autre musulman avec son origine ethnique, son courant de penser etc., et puis accepter le non musulman pour veiller à l’harmonie de la concitoyenneté tout en préservant ses principes de musulman. On peut transcender nos conditions avec plus de savoir pour éveiller les consciences et éviter le radicalisme et les dérives sectaires manipulés par des musulmans ignorants et égarés ou par des antagonistes de l'Islam qui veulent le détruire avec tous les moyens possibles comme G.W. Bush l'a annoncé un jour de septembre 2011. En toute simplicité, plus on est informé mieux on comprend, plus on est capable de riposter, de résister, d'avancer, de convaincre et faire face à des inepties prononcées par des « intellectuels » énergumènes et hystériques du genre Zemmour et Finkielkraut, … Eu égard aux références bibliographiques des grands savants en islam, il est rudimentaire de lire les intellectuels contemporains et occidentaux qui vivent avec nous les polémiques et les transformations de la perception des idéologies (symboliques et imaginaires) et des représentations sociales en connexion avec l’islam. Je cite par cette occasion les travaux de Dounia Bouzar, Roland Jacquard, Alain Gresch, Saïd Bouâmama, Edwin Plenel, Christophe Barbier, Tarik Ramadan, Pascale Boniface, Dominique Vidal, Frédéric Encel et d’autres auteurs mentionnés dans le corps de cet article. Une lecture n’est jamais vide de regard critique et de recul. Se sont les variables d’ajustement de nos compréhensions par rapport aux prises de positions de ces auteurs que j’ai cité par rapport aux sujets, pour ne tomber ni dans les théories excessives de complot ni dans le communautarisme démesuré.