Deux ou trois choses que je connais des contes comoriens

Transcription

Deux ou trois choses que je connais des contes comoriens
Deux ou trois choses que je connais des contes comoriens
Lee Harring
Dans le cadre de l'opération de recherche "Discours canoniques dans leurs modalités
linguistiques", Lee Harring nous propose le jeudi 9 octobre de 10 à 12h une séances
intitulées: « Deux ou trois choses que je connais des contes comoriens » et aura lieu au
Llacan, Salle 408, Bâtiment D, 7 rue Guy Môquet, Villejuif.
Deux ou trois cents contes des Comores, surtout de Mayotte, ont acquis une position
canonique pour le chercheur, au moyen des démarches de l’enregistrement, la transcription, et
la traduction. Mayotte, aujourd'hui Département d’Outre-Mer, se trouve plus multilingue que
jamais. Y sont présentes les langues kibôsy (malgache de Mayotte), shimaore (langue propre
de l’île) et le français (éternellement langue des étrangers) ainsi que les langues des autres
îles. La circulation des textes en Mayotte est le résultat des déplacements des gens entre
Madagascar et les autres îles.
On peut modifier les données du concept de l’intertextualité à partir de telles particularités
énonciatives (la performance, c-à-d. l’ethnographie descriptive), des théories de la traduction,
et des principes de la créolisation. La croissance des études de la traduction fait mieux
comprendre ce qui se passe quand les conteurs mahorais reconstituent un conte tel que la fille
difficile. Le concept de l’interprétant, disséminé par le théoricien Lawrence Venuti, a son
équivalent parmi les chercheurs de la littérature orale. La notion de la fidélité d’une traduction
devient variable selon les genres "ethniques". ‘L’objet de la science de la littérature [dit
Jakobson] n’est pas la littérature mais la “littérarité”, c’est-à-dire ce qui fait d’une œuvre
donnée une œuvre littéraire’ -- ce qui veut dire les genres "ethniques". Le contact
socioculturel amène une créolisation culturelle. Comme les langues créoles ne peuvent être
prévues à partir de leurs langues parentales, il est bien possible que les contes de Mayotte
seront des produits nouveaux, des pièces de bricolage, utilisant des matériaux de Madagascar,
de l’Afrique, et d’autre part; que le remaniement est l’essentiel dans toutes les époques de
l’agitation culturelle.
On peut étendre le concept du discours canonique en regardant la communauté de chercheurs
et lecteurs côte à côte avec les performers et les auditeurs comoriens. Le chercheur travaillant
sur la littérature orale, pour diriger ses travaux, va cerner non seulement les productions
littéraires étrangères. Pour diriger ses travaux, il va aussi invoquer les discours canoniques de
son domaine: les écrits de Marcel Mauss, Franz Boas, Stith Thompson, Michel Foucault . . .
et de ses professeurs. Si les contes sont des produits de l’histoire, le large éventail où l'on
mettra tous les genres de l’expression le sera aussi.