Autoriser le voile à l`école - De Boeck

CONCOURS ANTIGONE VOILÉE
Écrire une carte blanche
Autoriser le voile à l'école
La différence, richesse culturelle et occasion de rencontre
Zoé Borbé, 5e secondaire, Institut Saint-Roch, Theux
Faut-il interdire le port du voile à l’école? L’établissement que je fréquente n’a jusqu’ici,
je pense, pas eu à faire face à ce choix (ayant une population d’élèves assez homogène).
Cela a des avantages et son lot d’inconvénients. Avantage parce que la différence suscite
la peur et mène aux conflits, ce que l’école semble avoir su assez bien éviter.
Inconvénients car, de ce fait, nous ne fréquentons pas de gens d’horizons très différents.
Chance ou lacune ? J’ai du mal à me positionner. Toujours est-il que l’arrivée d’une jeune
fille ou d’une enseignante voilée au sein de l’école ne passerait pas inaperçue dans un tel
environnement (qui plus est une école chrétienne).
Là où certains trouveront matière à interdire le port du voile, en argumentant que la
religion de l’école n’est pas l’Islam et que, par conséquent, les nouvelles arrivantes
n’auraient aucune raison de se couvrir la tête, je ne pourrai que reconnaître la logique de
leur raisonnement, mais ne l’approuverai qu’en partie du moins. Car, étant nous-mêmes
croyants, ne pourrions-nous pas comprendre l’importance qu’accordent ces femmes à
afficher leur foi dans le port du voile ? Ne serait-ce pas un manque d’indulgence que leur
interdire ce dont elles sont fières alors même que la religion chrétienne prône la tolérance
et l’accueil de l’autre ?
Je ne veux pas dire pour autant que ceux qui optent en faveur de l’interdiction du voile
sont intolérants.
Je conçois que le port du voile puisse être choquant (bien que pour ma part, il ne me gêne
pas du tout) car, dans notre méconnaissance, il véhicule une certaine image de soumission
de la femme et d’inégalité des sexes. De plus, cette marque de respect du Coran
apparaissant comme contraignante à nos yeux d’Occidentaux, nous nous demandons
parfois si elle naît réellement d’un choix personnel. Et dès lors que les intéressées nous
affirment que c’est leur volonté de porter le voile, nous ne pouvons nous empêcher de
nous poser la question : ces filles et ces femmes ne sont-elles pas sous l’influence d’une
religion trop stricte et d’un diktat social et culturel ? Certes, toute religion peut paraître
extrême quand elle est mal comprise mais nous, Occidentaux, n’aurions-nous pas tendance
à considérer tous les Musulmans comme des extrémistes ? Durant les croisades pourtant,
combien de Sarrasins sont tombés sous les épées des Chrétiens tuant au nom de Dieu ?
Aimerions-nous que le reste du monde nous résume à des massacres (et des erreurs)
effectuées par nos ancêtres ?
Par ailleurs, si ces filles portaient le voile par obligation, leur interdire l’accès à l’école
pour cette raison ne serait-ce pas les marginaliser davantage ?
Je n’encouragerais pas le port du voile car je ne peux pas prétendre connaître les raisons
qui y poussent, cependant, je ne vois aucun motif suffisant pour l’interdire. Plutôt une
occasion à la rencontre et la découverte d’opinions différentes des nôtres. Si du moins, les
jeunes filles voilées sont acceptées au sein de nos écoles.