identite nationale - France Jeunesse Civitas

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L’IDENTITE NATIONALE FRANCAISE
Pierre MARTIN
« La vie nationale est, de sa nature, l’ensemble actif de toutes les valeurs de civilisation qui sont propres à un
groupe déterminé, le caractérisent et constituent comme le lien de son unité spirituelle. »
Pie XII, Radiomessage de Noël, 24 décembre 1954
Qu’est-ce que l’identité nationale ?
L’identité nationale est ce qui fait la spécificité d’une nation, ce qui la caractérise, ce qui
permet de la reconnaître. Cette identité nationale, appelée en France la francité, est l’âme
même de l’être national1.
Les éléments de l’identité nationale
L’identité nationale s’appréhende à partir d’un certain nombre d’éléments permanents et
positifs dont on peut citer parmi les plus évidents :
- la langue (la défense de la langue française comme élément de l’identité nationale
française est très ancienne, puisque Joachim du Bellay publie en 1549 -avec l’aide de
Pierre de Ronsard- un ouvrage intitulé Défense et illustration de la langue française et
qu’il explique : « La mesme loi naturelle qui commande à chacun de défendre le lieu
de sa naissance, nous oblige aussi de garder la dignité de nostre langue. »2 ; en plus
du français d’oïl, langue officielle de l’Etat en France depuis l’ordonnance de VillersCotterêts promulguée le 5 août 1539 sous le règne de François Ier, il existe en France
huit autres langues nationales historiques : le français d’oc ou occitan, le francoprovençal, le flamand, l’alsacien, le corse, le catalan, le basque et le breton, dont il est
parfaitement légitime de permettre l’expression sur leur territoire historique, à travers
des journaux, des livres ou éventuellement des écoles) ;
- la religion, quand elle constitue réellement un élément positif du patrimoine de la
nation, comme c’est le cas pour le catholicisme ; la religion influe toujours fortement
sur le genre de vie des hommes mêmes lorsqu’ils sont indifférents du point de vue
religieux ; ainsi, dans les pays de civilisation chrétienne, on compte les années depuis
la naissance du Christ, on ne travaille pas le dimanche, ni les jours de grandes fêtes
religieuses -à savoir l’Ascension, l’Assomption, la Toussaint, Noël-, la famille est
monogamique ;
- les traditions et coutumes, qui constituent parfois un véritable art de vivre -la façon de
chanter et de danser, c’est-à-dire le folklore ; les traditions culinaires, à savoir l’art de
la table, avec ses plats nationaux et ses produits du terroir ; les coutumes
vestimentaires ;
1
Traditionnellement, le terme de nation renvoie à la communauté d’appartenance, au sein de laquelle les
hommes naissent et sont éduqués. Par son étymologie même, qui exprime une idée de filiation, de naissance nation vient de nasci-, la nation représente une réalité dynamique. Elle n’est pas le simple total des vivants,
puisqu’elle existait avant ceux-ci et qu’elle continuera après leur mort : elle est une communauté de morts, de
vivants et de fils à naître. On appelle donc d’une façon habituelle nation la communauté vivante des générations
qui se transmettent et gèrent l’héritage très précieux constitué par le patrimoine matériel et spirituel légué par les
ancêtres, désigné lui-même sous le terme d’identité nationale ou de vie nationale, ou encore de caractéristiques
nationales.
2
Cité par Marie-Madeleine Martin. Histoire de l’unité française. Paris. 1949. Réédition aux Editions du
Conquistador. 1957. 430 p.
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l’Histoire (c’est dans le passé que s’enracine l’identité nationale ; une nation -comme
un individu d’ailleurs- a besoin de connaître ses origines, de savoir d’où elle vient, qui
elle est, d’avoir des souvenirs en commun) ;
les vertus (une nation peut être patiente, laborieuse, ardente, généreuse) : Pie XII, dans
son Message du 24 juin 1956, adressé par radio au peuple de France, à l’occasion des
fêtes de la restauration de la cathédrale de Rouen et du Ve centenaire de la
réhabilitation de Jeanne d’Arc, parle de sainte Jeanne d’Arc et de la cathédrale de
Rouen comme du « symbole tangible des vertus d’une race » et comme d’une
« authentique expression de l’âme nationale » ; ces vertus correspondent à une
vocation ;
éventuellement un alphabet particulier : latin, grec, cyrillique par exemple (Croates et
Serbes parlent deux langues extrêmement proches, mais ils sont séparés par des
alphabets différents : les premiers utilisent l’alphabet latin et se réunissent par là à
l’Occident, les seconds se servent de l’alphabet cyrillique, et se rattachent par là à
l’Orient) ; le fait de parler une même langue n’implique cependant pas forcément
l’appartenance à une même nation, car l’Histoire a pu entraîner des différenciations :
les Autrichiens parlent allemand, mais sont depuis la fin du Moyen-Age une nation
différente de la nation allemande ; de même les Québécois parlent français, mais
appartiennent aujourd’hui à une nation différente de la nation française ; de même les
Brésiliens par rapport aux Portugais ; et il ne viendrait à l’idée de personne, sous
prétexte de la similitude de langue qui unit les peuples d’Amérique du Sud avec
l’Espagne, ou les peuples d’Amérique du Nord avec l’Angleterre, de considérer qu’il
s’agit aujourd’hui d’une seule et même nation espagnole ou anglaise : ces nations sont
certes des nations-sœurs, mais maintenant bien distinctes les unes des autres
Une nation, par la transmission de son identité nationale, de génération en génération, peut se
maintenir même sans une terre pour s’enraciner, d’où l’importance de la défense de l’identité
nationale pour la survie d’une nation.
Défendre l’identité nationale
Un Français conscient de sa formation se doit de défendre l’identité nationale française, c’està-dire essentiellement la langue française et surtout le christianisme, étant entendu que le
christianisme au sens plénier du terme est le catholicisme. Même les indifférents et les nonchrétiens peuvent défendre le christianisme, comme une partie intégrante de l’identité
nationale, comme un élément essentiel et constitutif, donc inaliénable du patrimoine
historique national. C’est ce que disait Maurras lui-même : « Sans doute, l’Action Française
n’est pas à proprement parler et uniquement une assemblée de catholiques. Mais, chez elle,
les incroyants eux-mêmes défendent la religion, si bien qu’il paraît impossible de lire
l’ « Action Française » et de pratiquer ses doctrines sans se sentir catholique autant que bon
Français et sans être poussé vers l’action catholique »3.
Il existe en effet une identité chrétienne de la France et de l’Europe : la France, comme tous
les pays d’Europe, a des racines chrétiennes, un héritage chrétien, des traditions chrétiennes,
une civilisation chrétienne à préserver. En effet, que trouve-t-on au centre des villages de
France ? Une église. Et dans l’église ? L’autel. Cela indique clairement que l’identité
française s’est constituée autour de la sainte messe catholique. Sur la vocation chrétienne des
nations, et de la France en particulier, nous conseillons la lecture de La mission divine de la
3
Cité par Roger Tébib dans Charles Maurras ou la seule France. Paris. La Restauration Nationale. 1986. 145 p.,
p.88.
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France du Marquis de La Franquerie et l’excellent numéro 58 de la revue Savoir et Servir,
intitulé : 496-1996 : un seul baptême, une seule foi.
L’Eglise invite les fidèles avec force à défendre leur identité nationale.
« Toutes les orientations, toutes les sollicitudes dirigées vers un développement sage et ordonné des forces et
tendances particulières, qui ont leurs racines dans les fibres les plus profondes de chaque rameau ethnique,
pourvu qu’elles ne s’opposent pas aux devoirs dérivant pour l’humanité de son unité d’origine et de sa commune
destinée, l’Eglise les salue avec joie et les accompagne de ses vœux maternels.(…) Tout ce qui, dans ces usages
et coutumes, n’est pas indissolublement lié à des erreurs religieuses sera toujours examiné avec bienveillance,
et, quand ce sera possible, protégé et encouragé.»
Pie XII, Summi Pontificatus, 20 octobre 1939
Pour l’Eglise, cette identité nationale correspond à une vocation.
« (…) A la France d’aujourd’hui, qui l’interroge, la France d’autrefois va répondre en donnant à cette hérédité
son vrai nom : la vocation. Car, mes Frères, les peuples, comme les individus, ont aussi leur vocation
providentielle ; comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurément
stériles, selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur vocation. (…)
Regina pacis ! (…) que par vous la France, fidèle à sa vocation, soutenue dans son action par la puissance de la
prière, par la concorde dans la charité, par une ferme et indéfectible vigilance, exalte dans le monde le triomphe
et le règne du Christ Prince de la paix, Roi des rois et Seigneur des seigneurs. »
Discours prononcé par le cardinal Pacelli, futur Pie XII, à Notre-Dame de Paris, le 13 juillet 1937
« Au nom de vos familles et de la France, préparez et procurez l’avènement du règne de Dieu et du Cœur de
Jésus dans votre patrie, la reconnaissance de sa divine majesté, la sanctification du dimanche et des fêtes,
l’exercice du culte public; la pratique de la justice, de la charité sociale, de la fraternité chrétienne entre tous
les Français par leur réconciliation mutuelle dans le calme et dans l’ordre, en un mot dans la paix. Vous venez
de proclamer, une fois de plus, que vous croyez à la vocation chrétienne de la France. »
Pie XII aux pères de familles chrétiennes rassemblés à Montmartre pour consacrer la France au Sacré-Cœur en
1945
Qui peut maintenir et transmettre cette identité nationale ? Et comment ? Le maintien et la
transmission de l’héritage impliquent au préalable une piété filiale envers celui-ci, car la piété
témoigne de la valeur de l’héritage : l’impie ne maintiendra et ne transmettra rien.
Ce maintien et cette transmission est du domaine de la résistance et de la reconquête sociale,
que chacun peut mener facilement dans son environnement naturel immédiat -famille,
commune, métier.
C’est d’abord le rôle des parents que de transmettre au quotidien cette identité nationale, en
famille -puisque la famille est le lieu privilégié de l’éducation. Pour mener à bien cette
entreprise de ressourcement, il est indispensable de commencer par refuser la présence dans le
sanctuaire familial de cet agent de la subversion cosmopolite qu’est la télévision. Les parents
peuvent alors par exemple proposer au jeune enfant des jeux qui s’inscrivent dans une
perspective de piété filiale ; ils peuvent également le guider dans ses lectures (voir les titres de
l’excellente collection Le Lys d’or, publiés aux éditions Clovis ) et lui faire écouter de la
bonne musique.
C’est ensuite le rôle des éducateurs -abbés et professeurs notamment- que d’aider l’enfant à
construire sa personnalité conformément aux traditions et aux valeurs de civilisation dont sa
nation est porteuse, à travers la formation intellectuelle qu’ils dispensent et les activités qu’ils
proposent : par exemple les sorties -excursions, visites de musées- ou bien le chant choral.
C’est également le rôle des unions professionnelles, que de défendre l’identité nationale, par
un souci constant de conservation des traditions et des savoir-faire ancestraux des différents
corps de métiers et par une préoccupation de sauvegarde de l’œuvre intellectuelle des pères.
C’est aussi le rôle des institutions locales, et éventuellement des associations, que de
défendre l’identité nationale, notamment par un effort de protection et de mise en valeur de
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l’environnement naturel et du patrimoine historique matériel, en créant des musées, en
proposant des circuits de randonnée et en favorisant l’ouverture d’un hébergement touristique.
Les communes disposent d’instruments très efficaces de promouvoir leur patrimoine local : ce
sont les Offices de Tourisme, les bibliothèques municipales et les comités des fêtes. Pour
mettre en valeur ce patrimoine, une bonne formule a également été trouvée avec les fêtes
historiques qui se déroulent dans le cadre des monuments et qui permettent aux habitants -et
notamment aux plus jeunes- de prendre conscience des trésors dont ils sont les usufruitiers.
Les journées du patrimoine sont elles aussi un bon moyen d’intéresser la population locale à
cet héritage. Mais le meilleur moyen pour que ce patrimoine reste une réalité vivante et non
pas du « passé conservé » selon l’expression de Jean de Viguerie dans Les deux patries -p.
270- est encore de lui redonner sa fonction d’origine, comme cela a été fait pour tous ces
édifices religieux laissés à l’abandon et qui ont été rendus à leur vocation première de lieu de
culte pour la messe traditionnelle romaine.
C’est enfin, dans le respect du principe de subsidiarité, le rôle de l’Etat -d’un véritable Etat
soucieux du bien commun, cela va sans dire- que de veiller à ce que l’héritage national soit
préservé et transmis, d’une part en protégeant la -ou les nations- dont il a la charge et son leur- territoire des menaces extérieures et des forces de dissolution intérieures et d’autre part
en promulguant une législation favorable à l’épanouissement de l’identité nationale, qui mette
en particulier à l’honneur la langue nationale -ou les langues nationales- et les symboles du
christianisme. Et grâce éventuellement à des organismes spécialisés travaillant dans ce sens.
En France, l’Etat agit actuellement en faveur de la sauvegarde du patrimoine à travers les
Monuments historiques, chargés de recenser et d’aider au financement de la restauration des
bâtiments -églises et châteaux surtout- considérés comme des biens très précieux de l’héritage
national. Un ministère est spécialement chargé de toutes ces questions : le Ministère de la
Culture. Cependant, le mot culture ayant été galvaudé, il vaudrait mieux le rebaptiser
Ministère du Patrimoine. S’il n’est pas dans la mission de l’Etat d’être le centre d’élaboration
de l’ensemble de la vie sociale en général et de l’identité nationale en particulier, en revanche,
il est de son devoir de créer les conditions du maintien de celle-ci : il est en effet douteux que
l’héritage national puisse se perpétuer longtemps sans un Etat -ou des institutions de type
étatique- pour le protéger.
D’autres facteurs peuvent contribuer au maintien de l’identité nationale : une dynastie, une
aristocratie locale, des organismes politiques développant une conscience nationale.
Conclusion
Sans hommes ni institutions pour préserver fidèlement l’identité nationale, la faire vivre et la
transmettre aux générations suivantes, la nation ne se maintiendra que quelques temps comme
un héritage du passé -plus ou moins longtemps en fonction de l’attitude indifférente ou hostile
de ses adversaires-, puis elle disparaîtra.