Canada Dry
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Canada Dry
Canada Dry Luxembourg, 15 juillet 2009. Notre propos n’est pas ici de faire de la publicité pour Cadbury Schweppes qui commercialise cette boisson bien connue, mais de faire un petit cours d’analyse technique sur une configuration graphique récente du marché. C’est toutefois le terme qui nous vient à l’esprit, lorsque nous avons lu et entendu à foison que maints doctes analystes et autres stratèges n’ont cessé d’annoncer la fin du « bear market rally » et que la figure de « Head and shoulders » est complétée avec une implication baissière marquée. Nous précisons qu’évidemment il ne s’agit pas non plus ici du shampoing bien connu d’un géant des produits de la consommation faisant partie de l’indice Dow Jones, mais bien de la figure de retournement chartiste que beaucoup ont cru déceler avec la baisse des marchés qui a commencé début juin. Autant faire notre mea culpa tout de suite : dans notre note d’analyse du 6 juin « Rules of Engagement », nous avons noté l’allumage d’un signal d’alerte, dès lors que ceux qui avaient manqué la hausse gigantesque depuis le 9 mars et qui ont dénigré celle-ci, ont changé d’avis brusquement, pour sauter dans le train en marche début juin. En termes de « behavioural finance », c’était un signal de danger imminent. En effet, nous avons compris depuis fort longtemps qu’il est impossible de trouver des analystes qui ne se trompent jamais. Par contre, il est plus aisé de réunir un « aréopage » d’éditorialistes, d’analystes, de stratèges, etc…qui se trompent systématiquement et de faire…le contraire de ce qu’ils prédisent ! Nous étions donc fort marris quand la correction fut venue, dès lors que nous n’avons pas tenu compte des avis trop optimistes de certains de ces « contrarian indicators », notamment de ceux d’entre eux que nous connaissons personnellement, depuis des lustres. Ce qui nous a toutefois totalement rasséréné, c’est de constater que ces « contrarian indicators » avaient ensuite déclaré que toute cette hausse n’était qu’un simple « bear market rally » et que la figure graphique de « Tête et épaules », signifiant un retournement majeur à la baisse allait leur donner raison. Comme l’analyse graphique constitue le pilier le plus important de notre stratégie d’investissement, une fois défini notre scénario macroéconomique, nous nous sommes penchés sur cette fameuse figure graphique. Nous en avons déduit que la formation chartiste observée depuis début juin jusque vers la fin de la première décade de juillet en avait « la couleur, le goût, et l’odeur ( !) » pour reprendre les termes de la publicité sur cette boisson, mais que ce n’était nullement un « head and shoulders ». En effet, deux anomalies majeures venaient annihiler la validité de cette configuration : 1 1) Le marché avait progressé sensiblement d’environ 40% sur l’indice Eurostoxx 50 E en l’espace de plus de deux mois… mais il a fallu pratiquement le même laps de temps pour la configuration du pseudo-retournement majeur pour se mettre en place. Cela ne correspond nullement à une configuration de retournement classique de « head and shoulders » où la formation de celle-ci prend nettement moins de temps à se concrétiser que la période de hausse qui l’a précédée. 2) Le volume, lors de la glissade en juin-début juillet était ridiculement faible, y compris et surtout, lorsque la « ligne d’épaule droite » a été cassée à la baisse. La cassure s’est faite aux Etats-Unis sans aucune conviction, avec un rebond modeste dès le lendemain et un retournement violent, à la hausse cette fois-ci actuellement. Ces éléments là nous ont incité tranquillement à faire des arbitrages dans le portefeuille de la sicav-fis AWM Fund SIF 1 pour le structurer, de telle manière à ce qu’il puisse profiter pleinement de la reprise des marchés. Rarement une hausse aussi importante des indices depuis mars dernier n’avait rencontré des commentaires aussi critiques de maints stratèges. Celle la plus « amusante » à nos yeux étant que la hausse a été le fait de « poor-quality, smallcap stocks, which have driven the market higher ». Premièrement, nous ignorions que la progression d’un indice tel que l’Eurostoxx 50 E de + 40% a été le fait d’actions de « faible qualité » ! Nous pensions naïvement que c’était pourtant l’indice des 50 plus grandes entreprises européennes de la zone Euro. D’autre part, la « faible qualité » signifiait pour ces doctes analystes, que les financières, par exemple ou encore les valeurs cycliques, ne constituaient pas des « value » stocks, sous le prétexte que la crise économique étant là, il fallait s’en détourner, car leurs perspectives de croissance étaient nulles ! Les financières, qui ont mené le rally étaient notamment l’objet de toutes les critiques. Iconoclastes que nous sommes, nous avons écrit en mars dans la note « Kriegswende » : « à partir du moment où le taux de refinancement est à zéro aux US et à 1,50% en Europe, les banques sont en train de dégager des profits plantureux en faisant leur métier de base qui est l'intermédiation…il ne faut pas être grand clerc pour prévoir que l'argent étant abondant et disponible, l'activité économique pourra repartir brutalement dans les mois à venir.. ». Le fameux « Ted Spread » l’un de nos indicateurs favoris, concernant les banques est redescendu à 33 points de base, soit le niveau d’avant la première alerte sur les subprimes de l’été 2007. Il y a quelques jours, une excellente analyste bancaire, qui avait prévu correctement l’effondrement des valeurs financières en 2008 est repassée à l’achat sur des titres majeurs comme Goldman Sachs et Bank of America. Et quelle « surprise » de constater que Goldman a publié des résultats, où il ressort que la banque avait dégagé des profits proprement fabuleux en T2 2009. Nous avons maintes fois indiqué que nous nous intéressons UNIQUEMENT à la dynamique interne des marchés, pour repérer les valeurs les plus fortes intrinsèquement et que peut nous chaut de lire les analyses et les prophéties apocalyptiques de moult Cassandre. Ils remplissent toutefois une fonction essentielle pour les marchés : c’est celle d’introduire la peur, qui est toujours une alliée précieuse pour le gestionnaire. 2 Ainsi, avec la glissade récente et les analyses négatives qui s’accumulaient, le sondage hebdomadaire de l’ « American Association of Individual Investors » indiquait au 9 juillet que seuls 27,91% des investisseurs étaient positifs sur les marchés et 54,65% négatifs sur leur évolution, alors que les pourcentages « moyens » sur le long terme sont respectivement de 38,90% et 30%. Comme par « hasard », au moment où le sentiment de pessimisme était de plus en plus prononcé, voilà que l’un des poids lourds du secteur technologique et composants du Dow Jones, à savoir Intel, vient de publier ses résultats trimestriels. Nonobstant la perte reportée en T2 2009, due à une amende de la Commission Européenne, il en ressort que le géant technologique a émis pour la première fois des prévisions optimistes, ce dont il s’est abstenu lors des publications trimestrielles précédentes. Là encore, cela ne fut pas une surprise pour nous, dans la mesure où en T1 2009, nous avons retenu à ce moment-là qu’Intel avait déjà déclaré que le point bas dans l’industrie des PC a été atteint. Paul Otellini, le CEO d’Intel a indiqué cette fois-ci que ce fut la « plus forte hausse du premier au deuxième trimestre depuis 1988 » ! rien moins que cela ! et qu’il s’attendait à un marché très solide pour la seconde moitié de l’année. Connaissant l’austérité et la prudence des dirigeants d’Intel, ces déclarations d’un leader du secteur des semi-conducteurs n’ont fait que confirmer nos choix stratégiques de privilégier dans le portefeuille les valeurs technologiques, outre les financières et les valeurs cycliques et matériaux de base. Dans notre note précédente, nous avons utilisé le mot « piège » et nous avons indiqué en mars dernier que le marché allait surprendre beaucoup de monde en 2009, mais à la hausse cette fois-ci, contrairement à 2008 où c’était l’inverse. Le retournement actuel des indices à la hausse illustre bien la caractéristique des marchés boursiers, qui, toujours, défient les prévisions « trop » évidentes, surtout lorsqu’elles sont relayées par les media à grands renforts d’effets de manche. Agir, plutôt que discourir étant notre philosophie d’investissement, nous continuerons notre promenade rousseauiste et bucolique à travers les indices pour cueillir les titres qui puissent contribuer à la surperformance du portefeuille vs. les indices depuis le début de l’année. Thanh Liêm Nguyen, CFA. 3