Boston - Prestige Immobilier
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Les Acteurs de l’Immobilier Les Acteurs de l’Immobilier Les marathons de l’architecture Boston Après les marathons de New York (Prestige Immobilier n° 10), de Chicago (Prestige Immobilier n° 11), et de Barcelone (Prestige Immobilier n° 12) Patrick Blaser vient de boucler le triptyque des marathons américains les plus prestigieux avec celui de Boston, qui s’est déroulé le 21 avril dernier. Une occasion rêvée d’apprécier le paysage urbain d’une ville américaine restée si britannique. A vec ses 112 ans d’âge, le marathon de Boston fait office de vénérable vétéran de la discipline, tous pays confondus. A cela s’ajoute que le marathon de Boston fait partie des Big Five avec ceux de New York, Chicago, Londres et Berlin. Par ailleurs ce marathon est quasiment élitiste, puisque des temps minima sont exigés (rassurezvous ils sont variables en fonction de … l’âge!). Enfin, dernière caractéristique, les trois quarts du marathon de Boston se courent à l’extérieur de la ville, dans une campagne où la nature a été étonnamment préservée, avant d’atteindre le cœur de la ville où l’expression «Nouvelle-Angleterre» prend tout son sens. Voilà autant de bonnes raisons d’inscrire impérativement le marathon de Boston à son agenda, puis à son palmarès. Le Freedom Trail (chemin de la liberté) Comme le marathon de Boston ne traverse qu’une partie des quartiers historiques de la ville, il est recommandé de parcourir l’autre partie la veille, en guise de parcours «d’échauffement». Et dans ce cadre, Boston bénéficie 62 N u m é r o 13 d’un itinéraire «pré-marathon» fait sur mesure. Il s’agit du Freedom Trail, ou chemin de la liberté (qui porte très bien son nom, puisqu’il comprend plusieurs «témoins» de la lutte pour l’indépendance dont Boston est le berceau), lequel part du parc central de Boston (le Boston Common) pour rejoindre de l’autre côté de la rivière Charles le Bunker Hill Monument, en traversant plusieurs quartiers historiques de Boston. Cet itinéraire (sur 4 km) est facile à suivre, puisqu’il est marqué au sol par une ligne rouge (peinte ou en brique) continue. Impossible de se perdre (sauf les jours de marché!). Pour éviter d’avoir les yeux rivés sur le trottoir, il suffit de longer, si possible depuis le trottoir d’en face, la file de touristes processionnaires qui ne voudraient pour rien au monde s’écarter de la ligne rouge. L’avantage indéniable du Freedom Trail, c’est qu’il permet de ne manquer aucun des monuments et bâtiments historiques essentiels de Boston. Un véritable écomuseum de l’architecture et de l’histoire de la Cité. Le départ est situé au Boston Common, le plus ancien parc public des Etats-Unis. C’est l’équivalent du Central Park de New York (mais en version miniature). Lieu privilégié de pendaisons publiques vers 1800, ce parc est devenu un centre incontournable de délassement et de manifestations culturelles (patinoire en hiver et concerts en été). Un chemin de contrastes architecturaux Le long du chemin de la liberté, l’œil est immanquablement attiré par une première vaste construction de briques rouges. Il s’agit de la Old South Meeting House; en fait un temple construit en 1729. Ce temple servait aussi de lieu de rassemblement politique, d’où partit d’ailleurs l’une des premières insurrections des Bostoniens (et Bostoniennes!) à l’encontre de leurs ancêtres les Anglais. Depuis, ce bâtiment, étonnamment préservé des marteaux-piqueurs, est tout naturellement devenu le musée de la Révolution américaine. Ensuite, le joggeur tombe sur la Old State House, construite en 1713 (ce qui en fait l’un des bâtiments les plus anciens des Etats-Unis, lui aussi miraculeusement sauvegardé de la destruction). On a peine à croire que ce bâtiment, de briques j u i n – s e p t e m b r e 2 0 0 8 • 63 Les Acteurs de l’Immobilier rouges et surmonté d’une tour blanche, ait été l’un des plus grands de son temps. Mais la grandeur de ce bâtiment réside surtout dans son histoire: c’est en effet de son balcon qu’a été lue publiquement pour la première fois la Déclaration d’Indépendance. Par ailleurs c’est à quelques mètres de là qu’eut lieu le massacre de Boston (en fait seules cinq personnes trépassèrent) qui a lancé la rébellion contre les Anglais. Plus loin (une pause n’y est pas interdite et même fortement conseillée), les anciennes halles de Boston ont été, et c’est une réussite architecturale, radicalement rénovées et transformées en marchés, boutiques et restaurants. Le touriste y est roi et l’animation reine. C’est l’un des lieux les plus fréquentés de Boston. En poursuivant son footing il ne faut pas manquer, après avoir traversé le quartier des restaurants italiens (très recherchés par les marathoniens) de visiter la Old North Church, d’abord parce que c’est l’une des plus anciennes églises de Boston (1723) avec une architecture très … britannique. Comme on le voit, l’esprit architectural de Boston a mis beaucoup plus de temps à s’affranchir du joug britannique qu’il n’en a fallu aux Bostoniens pour gagner leur indépendance. En tout état, ce qui frappe dans le paysage urbain de Boston, c’est que des bâtiments historiques isolés, hauts d’à peine quelques étages, côtoient de gigantesques gratte-ciel ultramodernes qui les dominent de plusieurs dizaines d’étages. Le contraste entre ces deux genres de bâtiments est d’autant plus frappant que plus de deux siècles les séparent, sans aucune transition architecturale. 64 N u m é r o qui marque tant le km 40 que le mile 25! (chacun y trouve son compte; l’arrivée est proche). La foule, de plus en plus compacte, transporte (et le mot n’est pas faible! on pourrait d’ailleurs presque parler d’«agoraphine») littéralement tous les marathoniens, quel que soit leur rythme, sur les derniers kilomètres jusqu’à l’arrivée. Ensuite, la voie est libre pour prendre le grand large en enjambant la rivière Charles par le pont de Charlestown et rejoindre sur l’autre rive le Bunker Hill Monument (qui commémore l’une des nombreuses batailles qui menèrent finalement à l’indépendance) d’où l’on a, du haut de l’obélisque de granit, une magnifique vue sur Boston, ses gratte-ciel, ses parcs et son port. Au passage il ne faut pas manquer de visiter le magnifique vaisseau USS Constitution, dont l’authenticité est garantie, qui a vaillamment résisté en 1812 au canardage des navires anglais. Le retour peut se faire par le même chemin, ce qui donne l’agréable impression de remonter le temps au gré des bâtiments historiques, sans risque de s’y perdre, ligne rouge oblige! Et demain, c’est le marathon... Un marathon par monts et par vaux Le départ du marathon est donné dans le village de Hopkinton, situé à 26 miles (la distance du marathon) du centre de Boston. Les 25 000 heureux élus s’y rendent, depuis le parc central de Boston, grâce à plusieurs dizaines de ces célèbres longs bus jaunes américains «school buses» qui sont mis à leur 13 disposition. A eux seuls, ces bus valent déjà le déplacement. Les chauffeurs de bus n’hésitent en outre pas à profiter de l’événement pour rivaliser de vitesse sur l’autoroute qui mène à Hopkinton. L’ambiance est garantie. Et là, mais c’est une «tradition» des grands marathons comme ceux de New York ou de Londres, les participants sont condamnés à «poireauter» pendant 2 à 3 heures avant le départ. A l’heure H, tout s’enchaîne rapidement. C’est d’abord l’hymne américain écouté quasi religieusement (ou en tout cas dans le plus grand des silences) par l’ensemble des participants (même non américains) debout, immobiles, la main sur le cœur (en tout cas les Américains). Le drapeau américain ne manque évidemment pas à l’appel. Au coup de feu de 10 heures pile, c’est la délivrance et un départ en trombe. A se demander si les participants sont conscients que ce sont 42 km qui les attendent. A décharge de l’inconscience: le parcours commence par une longue descente. Ceci peut expliquer cela. De toute façon, on suit le rythme. C’est ensuite une succession de forêts bordant rivières et lacs. Outre la beauté sauvage des sites, le parcours est loin d’être monotone, puisqu’il est particulièrement vallonné (presque Morat-Fribourg!). C’est aussi une succession de villages (à l’américaine) où les maisons en bois se côtoient dans un festival de couleurs. Chacune de ces maisons individuelles en bois semble, par son volume, ses façades, sa couleur et … son degré d’entretien, devoir représenter, au même titre que la voiture, la carte de visite sociale de son propriétaire. Cela donne en tout cas un cachet architectural très diversifié à chaque village traversé. Et partout une foule compacte, sortie d’on ne sait où, qui ne ménage pas sa ferveur au passage du marathon, avec en point d’orgue le passage devant le collège Wellesley (km 20) puis celui de Boston (km 34). Le vif du sujet est déjà très largement entamé lorsque le marathon aborde la banlieue (manifestement aisée!) de Boston par ses artères principales que sont la Commonwealth Avenue dans le quartier de Newton, puis la Beacon Street à Brookline. Au passage, les marathoniens ne peuvent manquer d’admirer le fameux cinéma Art Déco situé au Coolidge Corner, avant de repérer un monumental panneau publicitaire (de 18 m sur 18 m!) de la marque CITGO qui est un point de repère visible de loin et Un charme très … british Cet engouement populaire ne doit toutefois pas empêcher d’apprécier le charme très british de l’une des plus belles avenues de Boston, la Commonwealth Avenue. Cette large avenue se caractérise par la présence en son centre d’un magnifique chemin piétonnier qui mène tout droit, sur environ 2 km, au principal parc public de Boston situé à son extrémité. Cette avenue est bordée d’arbres et de magnolias quasi centenaires qui donnent de l’ombrage à l’alignement de maisons de briques rouges érigées sur trois étages. On se croirait dans une banlieue aisée de Londres. Le calme et la sérénité de cette avenue contrastent d’ailleurs sans aucune transition avec la rue parallèle, la Newbury Street, qui est la rue commerçante par excellence, animée par de nombreux magasins et terrasses de restaurants. Dans ce quartier, la Nouvelle-Angleterre n’usurpe manifestement pas son nom. L’arrivée à l’ombre de la John Hancock Tower Ensuite, et enfin, le marathon débouche sur la Boylston Street, menant tout droit à la célèbre arrivée du marathon de Boston, haute en couleur, qui se situe à la hauteur du Copley Square. L’arrivée franchie, sous les acclamations exubérantes d’un public qui restera chaleureux jusqu’au passage du dernier des 25 000 marathoniens, un temps nécessaire et salutaire de récupération permet d’admirer les monuments architecturaux les plus caractéristiques de Boston qui entourent le Copley Square. Il s’agit d’abord de la tour John Hancock, le plus haut bâtiment de Boston. Ce gratte-ciel vitré de 62 étages a été construit en 1975 par l’architecte I. M. Pei et domine de sa stature moderne tout Boston. Retour sur terre: c’est le bâtiment de la Boston Public Library qui attire le plus l’attention par ses volumes et façades imposantes, ainsi que par l’aura qui l’entoure, puisqu’il s’agit là de la plus ancienne bibliothèque des Etats-Unis. Enfin, c’est la magnifique Trinity Church dont les façades en grès et granit, de style roman, se reflètent magnifiquement sur les baies vitrées pleines de modernité de la John Hancock Tower dans un contraste saisissant de deux époques qui ne s’excluent pas mais se complètent à merveille, l’une servant de miroir à l’autre. La remise de la médaille et les «congratulations» dûment renouvelées mettent fin à la rêverie. La série des grands marathons américains (New York, Chicago, Boston) est ainsi (provisoirement) terminée. Prochaines étapes: sur le continent européen avec les marathons de Berlin, Paris et … d’autres. n Patrick Blaser [email protected] j u i n – s e p t e m b r e 2 0 0 8 65