monaco (fr) - Energy Cities

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monaco (fr) - Energy Cities
estion du Trafic
Commercial de
Livraison
MONACO (FR)
Il existe différentes expériences ayant fait l’objet d’une évaluation et les démarches en cours les plus avancées menées
dans des villes européennes petites ou moyennes dans le domaine de la gestion du trafic commercial de livraison en
zones urbaines. Cette fiche de cas décrit l'éxpérience menée dans la Ville de MONACO.
ASPECTS GENERAUX
Monaco, à la fois Ville et Etat, est située sur la côte
méditerranéenne, enclavée dans le département
français des Alpes-Maritimes.
La ville compte environ 30 000 emplois, dont 73 % sont
occupés par des pendulaires. Par la même, Monaco
connaît régulièrement des difficultés de circulation,
particulièrement aux heures de pointe du matin et du
soir.
CONTEXTE GENERAL
Ces dernières années, le nombre de véhicules
immatriculés n’a cessé d’augmenter, on en recense à
l’heure actuelle plus de 27 000 (80 % de véhicules légers,
18 % de deux roues et 2 % de poids lourds), ce qui ne fait
qu’aggraver la situation décrite plus haut. Le fait que le
nombre de places de stationnement soit très élevé (il y a
au total 32 700 places de stationnement, dont environ 17
500 privées) n’incite pas les habitants à « abandonner »
leur voiture.
CONTEXTE REGLEMENTAIRE LOCAL DES
LIVRAISONS
A Monaco, les poids lourds sont interdits de cité quel que
soit leur Poids Total Autorisé en Charge (PTAC) de 7h45
à 8h15, de 11h30 à 12h30 et de 13h45 à 14h15. En
dehors de ces horaires et hormis quelques exceptions (Cf
plus loin), les poids lourds dont le PTAC est supérieur à
8,5 tonnes ne peuvent circuler en ville.
En ce qui concerne les opérations de livraison sur la
voirie, elles sont autorisées de 8h30 à 11h30, de 12h30 à
13h45 et de 14h15 à 16h30. L’usage des zones de
livraisons, limité à 15 minutes, est strictement réservé aux
véhicules dont le PTAC n’excède pas 8,5 tonnes. Lors
des périodes d’interdiction de circuler suivantes : de
11h30 à 12h30 et de 13h45 à 14h15, les livreurs sont
autorisés à utiliser les zones de livraisons à des fins de
stationnement.
Gestion du Trafic Commercial de Livraison
MONACO (FR)
EXPERIENCE DE MONACO
* ORGANISATION JURIDIQUE
L’organisme mandaté pour exploiter la plate-forme de
fret, sélectionné après appel d’offres, es t l’Office Maritime
Monégasque (O.M.M.), une société privée monégasque
travaillant dans le domaine du transport routier.
C’est une convention entre le Gouvernement
Monégasque et l’O.M.M., consentie initialement pour une
durée de 5 ans, qui régit l’exploitation de la plate-forme
de fret.
* ORGANISATION OPERATIONNELLE
C’est en février 1986 que Mr. Bernard FAUTRIER,
Conseiller de Gouvernement pour les travaux publics et
les affaires sociales, exprime le souhait de pouvoir
affecter des locaux à usage de stockage, situés au centre
de la gare routière de la zone F de Fonvieille, nouveau
quartier industriel et commercial situé au sud-ouest de
Monaco, pour une activité de dégroupage des
marchandises amenées par camions « gros porteurs ».
En juillet 1986, l’Union des commerçants de Monaco,
annonce qu’elle est favorable à la réalisation du projet, à
condition que les véhicules concernés soient des « gros
porteurs » et que des zones d’entrepôts soient créées
pour réduire la rupture de charge et par la même le coût
de l’opération.
En février 1987, le Service de la Circulation fait parvenir
au Conseiller susnommé un rapport très détaillé (il
s’appuie sur deux enquêtes poids -lourds menées en
1982 et 1985) qui jette les bases de la création d’un
centre de dégroupage dénommé plate-forme de fret.
La plate-forme est ouverte le 26 juin 1989 ; la presse est
convoquée afin qu’elle se fasse l’écho du nouveau
système de livraison des marchandises en ville.
Quelques mois plus tard, les transporteurs professionnels
font valoir le fait qu’ils ne doivent pas être les seuls
impliqués dans l’opération et demandent que leurs clients
soient informés des modalités de fonctionnement de la
plate-forme (tonnage et horaires autorisés, tarif des
prestations non prises en charge par l’Administration
notamment),
ceci
afin
d’éviter
les
pressions
commerciales.
Pour répondre à cette préoccupation, le Service de la
Circulation propose d’établir, en collaboration avec la
Direction du Commerce, de l’Industrie et de la Propreté
Industrielle, la liste des sociétés, commerces, etc.
concernés par le nouveau système mis en place, le but
étant de les en informer.
Parallèlement, les transporteurs mettent en avant
l’indisponibilité des zones de livraisons, trop souvent
neutralisés par des véhicules particuliers, ce qui les
obligent à effectuer leurs opérations dans des conditions
perturbant la fluidité du trafic.
En décembre 1991 et en vue d’améliorer le
fonctionnement de la plate-forme de fret, on rappelle que
les agents de la Sûreté Publique sont habilités à dresser
procès-verbal afin de faire respecter l’obligation qui
incombe aux conducteurs de véhicules transportant des
Energie-Cités/Ademe
marchandises dont le PTAC est supérieur à 13 tonnes,
de procéder au dégroupage à la plate-forme.
Fin décembre 1991, vingt trois des plus importantes
entreprises de transport des Alpes -Maritimes, les
représentants des syndicats des transporteurs publics de
marchandises et des transitaires en douane participent à
une réunion ayant pour objet les améliorations possibles
au bon fonctionnement de la plate-forme. Outre une
réelle bonne volonté à participer à sa bonne marche, il en
ressort qu’une majorité des transporteurs est réellement
prête à collaborer avec l’Administration.
Par ailleurs et toujours fin 1991, la limite supérieure au
delà de laquelle les véhicules sont dans l’obligation de
procéder au dégroupage est abaissée de 13 à 8,5
tonnes.
En 1993, la plateforme de fret est transférée de la zone F
à la zone J du quartier de Fontvieille, emplacement
définitif plus vaste et conçu spécialement pour assurer le
dégroupage.
La plate-forme de fret, que l’O.M.M. utilise à la fois pour
la distribution urbaine et pour ses propres activités de
transport, a été aménagée en souterrain (sous un centre
commercial). La superficie de la plate-forme est de 1 320
m² (elle était de 700 m² en zone F).
C’est l’Etat qui a pris en charge l’aménagement du quai
de déchargement et les protections, des grilles de
séparation et de cloisonnement, de la plate-forme de
levage, du bureau de gestion et d’accès ainsi que du
groupe sanitaire.
L’O.M.M. quant à lui, a pris en charge l’installation
électrique, la peinture des sols et murs ainsi que
l’installation téléphonique et informatique (câblage).
L’Arrêté Municipal N° 89-33 du 06/10/89 prévoit les
horaires d’ouverture suivants :
- de 6h00 à 22h00 du lundi au vendredi,
- de 6h00 à 14h00 le samedi.
Durant la journée et excepté quelques dérogations
limitées (véhicules transportant des hydrocarbures ou des
marchandises sous température dirigée, véhicules de
déménagement et ceux desservant les zones
industrielles de Fonvieille ainsi que les immeubles
industriels de l’avenue de la quarantaine) les véhicules de
transport de plus de 8,5 tonnes de PTAC n’ont pas le
droit de cité et sont alors orientés vers la plate-forme de
fret. Ce guidage impose donc, dès l’entrée de ville, un
parcours spécifique pour ces véhicules, considéré
comme le moins nuisant pour les résidents. l’O.M.M. est
alors tenu de réceptionner les marchandises et d’informer
le destinataire de leur arrivée.
Une fois les véhicules à quai, c’est donc l’O.M.M. qui
assure le déchargement des marchandises (s’il n’est pas
effectué par le destinataire) et leur stockage durant une
période pouvant aller jusqu’à trois jours dans les locaux
de la plate-forme de fret. Le destinataire de la livraison
décide alors, soit de faire son affaire du transport final
jusqu’à son magasin ou dépôt en ville, soit de sous -traiter
1997
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à l’O.M.M. cette prestation urbaine selon les tarifs
d’exploitation agréés par l’Administration monégasque et
affichés sur les lieux de l’exploitation. Ces tarifs sont les
suivants :
* ORGANISATION FINANCIERE
La convention entre le Gouvernement Monégasque et
l’O.M.M prévoit un partage des coûts entre :
- les pouvoirs publics, sous forme de subventions
directes
gratuitau gestionnaire et de mise à disposition
gratuite
gratuit
des locaux et entrepôts,
- le 20
gestionnaire
francs le m 3 de la plate-forme , qui met à
disposition
10 francs le
les personnel
100 kg
de manutention et de
transport ainsi que les véhicules,
- les destinataires, qui participent financièrement à
l’opération de livraison lorqu’ils ne l’assurent pas
eux-mêmes (10 francs les 100 Kg). Il est à noter que
ce sont les transporteurs qui ont finalement pris en
charge la facturation des livraisons finales à la place
des destinataires.
- prise en charge et déchargement des véhicules :
- stockage durant six heures :
- stockage durant trois jours :
- livraison à Monaco :
Il est à noter que la partie urbaine du transport final
(plate-forme de fret / destinataire) est effectuée à l’aide
de petits véhicules de livraison (leur PTAC est de 6,5
tonnes) et que des zones de livraison ont été aménagées
dans toute la ville pour éviter l’encombrement du réseau
viaire.
La subvention annuelle de l’Etat à l’O.M.M. s’élève à 250
000 francs (elle était de 100 000 francs dans l’ancienne
zone F). Malgré cette aide, la plate-forme de fret connait
une perte d’exploitation d’environ 13 500 francs par mois
(elle était d’environ 25 000 francs dans l’ancienne zone
F).
EVALUATION
Après sept années d’existence et à l’aide des données
mensuelles fournies par l’O.M.M. à l’Administration des
Domaines, nous nous sommes efforcés de faire le bilan
du dispositif mis en place à Monaco en 1989.
De juin 1989 à janvier 1992 : lent démarrage. Le trafic
mensuel croît en effet lentement, passant en moyenne
annuelle de 17 véhicules par mois au deuxième semestre
1989 à 19 pour l’année 1990 et 20 pour 1991.
L’année 1992 est une excellente année en terme de
fréquentation avec environ 100 véhicules par mois en
moyenne (minimum 65 véhicules par mois, avec une
pointe de 141 véhicules en juin). Cette évolution est
certainement due à l’abaissement du seuil minimum au
delà duquel les véhicules sont dans l’obligation de se
dégrouper (8,5 tonnes au lieu de 13). Il est à noter que
même quelques véhicules dont le PTAC était inférieur à
ce seuil se sont dégroupés.
L’année 1993 marque un fléchissement de la
fréquentation avec une moyenne de 74 véhicules par
mois, dû probablement à une démobilisation des
différents partenaires impliqués dans le dispositif.
L’année 1994 marque la reprise de la fréquentation avec
une moyenne de 107 véhicules par mois. Selon l’O.M.M.,
cette
tendance
s’explique
principalement
par
l’intensification des contrôles de police à l’entrée de la
ville afin que les véhicules de plus de 8,5 tonnes de
PTAC se dégroupent effectivement à la plate-forme de
fret.
L’année 1995 confirme la reprise de la fréquentation avec
une moyenne de 127 véhicules par mois, on atteint
même un record de fréquentation en septembre avec 197
véhicules.
Avec 179 véhicules en janvier et février, 190 en mars et
215 en avril, la fréquentation du début de l’année 1996
tend à prouver que le dispositif mis en place semble
désormais bien rodé. Il donne en effet satisfaction à
l’ensemble des parties prenantes à savoir, transporteurs,
clients et pouvoirs publics pour ce qui est de l’aspect
congestion-pollution de la ville, les véhicules « gros
porteurs » ayant quasiment disparu des rues
monégasques.
Etats statistiques de la plate-forme de fret de 1989 à 1995
1989
(6 mois)
camions
105
Nombre
de
déchargés
Nombre de livraisons
Nombre de colis
Poids manipulé en tonnes
Energie-Cités/Ademe
195
2991
167
1990
1991
1992
1993
1994
1995
178
102
1208
889
1291
1650
233
3573
288
140
2115
102
7630
42701
1136
3678
22644
592
7810
31428
1062
9089
39101
1351
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MONACO (FR)
PERSPECTIVES
Selon le Gouvernement monégasque, le dispositif mis en
place reste perfectible à différents niveaux ; il est
envisagé notamment :
- de contrôler plus efficacement l’accès à la ville grâce
à la brigade du centre de régulation de la circulation
de la Principauté créée spécialement à cet effet,
laquelle sera amenée à travailler en étroite
collaboration avec la police urbaine,
- de supprimer le stationnement sauvage des voitures
particulières sur les zones de livraison, notamment
par la multiplication des contrôles de la part de la
brigade susmentionnée et la police urbaine afin que
tout véhicule de plus de 8,5 tonnes de PTAC se
dégroupe effectivement à la plate-forme de fret,
- de trouver des surfaces supplémentaires sur le site
de la zone J pour assurer un meilleur
fonctionnement de la plate-forme,
- d’organiser les « enlèvements » (retour des vides,
des emballages, etc.) et de prévoir leur retour vers
l’expéditeur,
- d’engager une action d’information et de
responsabilisation auprès des commerçants en vue
de les impliquer davantage dans le dispositif,
- de doter l’O.M.M. d’un système informatique
permettant
d’informer
l’expéditeur
que
la
marchandise est arrivée en bon état chez le
des tinataire, ceci afin d’assurer la continuité de la
« chaîne informatique » entre l’expéditeur et le
destinataire,
- de mieux harmoniser le dispositif mis en place avec
la réglementation municipale en matière de
circulation (certaines rues sont interdites aux
véhicules de plus de 3,5 tonnes de PTAC, d’autres
aux 6 tonnes, etc.),
- de mieux prendre en compte à priori lors de tout
projet d’aménagement le trafic de marchandises
(livraisons et enlèvements).
Au total, le Gouvernement monégasque souhaite à terme
que la plate-forme de fret devienne l’unique dépôt
municipal de marchandises. Pour cela, il entend abaisser
à 3,5 tonnes la limite au delà de laquelle les véhicules
seront dans l’obligation de se dégrouper. Le
Gouvernement reste cependant prudent sur ce point et
entend avant tout faire des essais car selon lui, il n’est
pas sûr qu’en imposant un PTAC de 3,5 tonnes, on ne
génère pas un flux de circulation plus nuisant que celui
que l’on désire supprimer (véhicules de livraison plus
petits mais plus nombreux). De plus, il pense que
réglementer outrancièrement le trafic de marchandises
pourrait aboutir à détériorer le tissu économique de la
ville.
Enfin il est envisagé à plus long terme d’utiliser des
véhicules électriques pour effectuer la livraison des
marchandises en ville lorsque ce type de véhicules sera
disponible sur le marché, ce qui devrait permettre de
réaliser des gains en terme de diminution de la pollution
atmosphérique et du bruit en ville.
POUR ALLER PLUS LOIN
PRINCIPAUTE DE MONACO
Centre Administratif
Monsieur Jean LAVAGNA
Conseiller Technique auprès du Département
des Travaux Publics et des Affaires Sociales
8, rue Louis Notari
MC-98000 MONACO
Tel : +33 93 15 82 32
Fax : +33 93 15 86 04
OFFICE MARITIME MONEGASQUE (O.M.M)
Monsieur Gérard TOMATIS
Administrateur Délégué de l'OMM
2 rue Gabian
MC-98000 MONTE CARLO
Cette fiche de cas a été réalisée par Energie-Cités grâce à la collaboration des
responsables de la Ville de Monaco et au soutien technique et financier de l'Agence de
l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe)
Energie-Cités/Ademe
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