1| sujet d`annale corrigé, concours 2014

Transcription

1| sujet d`annale corrigé, concours 2014
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 1| SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014
SUJET
Concours externe et interne de recrutement dans le grade de bibliothécaires assistants spécialisés
de classe normale
Durée : 4 heures
L’usage de tout ouvrage de référence, de tout dictionnaire et de tout matériel électronique
(y compris la calculatrice) est rigoureusement interdit.
Épreuve de cas pratique
Bibliothécaire assistant(e) spécialisé(e), vous exercez vos fonctions dans une bibliothèque
universitaire de sciences et techniques. Le responsable de la bibliothèque vient de se voir proposer
par un enseignant-chercheur de biologie parti en retraite un don constitué de 500 ouvrages des XIXe
et XXe siècles, d’une centaine de fascicules de périodiques, d’une dizaine de classeurs contenant des
planches d’herbiers. Le tout semble avoir été conservé dans de bonnes conditions. En proposant
sa collection à la bibliothèque, le donateur souhaite qu’elle puisse être utile à la communauté
universitaire et n’émet pas de conditions particulières à sa conservation ou sa diffusion.
Vous êtes chargé par le responsable de la bibliothèque d’étudier les conditions de l’intégration
de ce fonds aux collections de la bibliothèque et de sa valorisation auprès des étudiants et des
enseignants-chercheurs. En vous appuyant sur les documents fournis, vous rédigerez une note à
l’adresse de votre responsable, dans laquelle vous exposerez vos propositions et indiquerez les
moyens nécessaires pour :
• le transfert des documents : relations avec l’enseignant, modalités administratives de cession,
conditions du transport, installation dans le magasin ;
• le traitement physique et intellectuel des documents ;
• la valorisation de ce nouveau fonds en précisant différentes hypothèses susceptibles d’être mises
en œuvre, à court et moyen terme.
Vous joindrez à la note un calendrier de travail prenant en compte l’ensemble de l’opération.
Votre note ne devra pas excéder 4 à 5 pages.
109
Bibliothecaire assistant specialise.indd 109
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
Liste des documents fournis
• Document n° 1 : Benoît Tuleu, « Achats, dons, legs et dépôts », in Le Métier de bibliothécaire,
Cercle de la librairie, 2013, 12e édition mise à jour.
• Document n° 2 : Charte des dons, bibliothèque universitaire des langues et civilisations, version
26 janvier 2012, www.bulac.fr/les-collections/donner-des-livres
• Document n° 3 : Laurence Bobis, « Le patrimoine de l’Observatoire de Paris : chantier ou
laboratoire », in Arabesques, janvier-février-mars 2013, n° 69.
Document 1
Achats, dons, legs et dépôts
Si le mode le plus courant d’acquisition est l’achat de documents (on parle d’acquisitions à titres
onéreux), de temps à autre, les bibliothécaires se voient aussi proposer des dons de particuliers ou
d’institutions, ainsi que des legs : il faut alors parler d’acquisitions à titre gratuit même si, comme
c’est souvent le cas avec ce qui semble gratuit, ces dons génèrent en fait toute une série de coûts
cachés : le tri, le catalogage, l’équipement et, plus généralement, toute la chaîne du traitement de
ces documents ont un coût qui, lui, va peser sur le service en temps et en produits consommés.
Les trois règles d’or concernant les dons et les legs pourraient être édictées ainsi :
• un don ou un legs est un mode d’acquisition dans lequel il faut être aussi sélectif que s’il s’agissait
d’un achat ;
• les dons ne doivent pas encombrer les flux de documents déjà nombreux (circuit du document
mais aussi prêts, retours, dépôts, etc). On fera en sorte d’éviter que des particuliers déposent des
cartons de livres à trier comme si la bibliothèque était une antichambre de la déchetterie ;
• il faut sécuriser juridiquement les opérations de dons par une procédure aussi simple que
possible, notamment en soumettant chaque liste de documents donnés à l’approbation du conseil
municipal ou général pour les bibliothèques territoriales. Dans le cas de legs ou de dons importants,
on s’assurera auprès des services juridiques qu’ils ne sont pas assortis de conditions particulières
incompatibles avec le fonctionnement de la bibliothèque.
Mais surtout ce n’est pas parce qu’ils sont gratuits qu’il faut automatiquement accepter les livres
proposés ! Si les dons sont souvent présentés comme importants par le « généreux donateur », à
l’examen, ils se révèlent la plupart du temps d’un intérêt surestimé au regard de la collection de la
bibliothèque, de sa politique documentaire et des besoins de ses publics. On se méfiera, notamment,
110
Bibliothecaire assistant specialise.indd 110
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 des tombereaux de vieux livres déposés à la bibliothèque à la faveur d’un grand rangement du grenier
de la maison, que le donateur n’a pas eu le cœur de jeter lui-même et qu’il faudra bien pilonner à
sa place ! Dans ce genre d’opération débarras, autant le dire, les livres vraiment intéressants pour
la bibliothèque sont rares.
Toutefois il arrive que, parmi les dons, certains livres soient vraiment intéressants, notamment si
la bibliothèque a une mission patrimoniale, par exemple l’enrichissement d’un fonds local. Pour ne
pas décourager les bonnes volontés sans se faire déborder, il faut mettre en place une procédure
concernant les dons de documents dont chaque membre de l’équipe de la bibliothèque prendra
connaissance, en priorité ceux qui sont au contact du public (y compris au secrétariat et à l’accueil
téléphonique). Le message écrit ou verbal à faire passer à un donateur est le suivant : « Cher lecteur,
vous venez de faire la proposition d’un don. Nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à la
bibliothèque. Vous devez cependant savoir que votre don ne sera pas automatiquement affecté à
ses collections : l’équipe des bibliothécaires qui fait ses choix en fonction de critères bien précis en
décidera après examen et tri éventuel. [Si la bibliothèque dispose d’une charte documentaire, le
courrier peut y faire référence.] Si votre don est conséquent en volume, nous vous remercions dans
la mesure du possible de ne pas le déposer directement à la bibliothèque tant qu’un bibliothécaire
n’aura pas pris contact avec vous pour en savoir plus. »
Enfin il y a toujours la possibilité de réorienter les livres donnés et qu’on ne veut pas garder
vers d’autres bibliothèques ou d’autres organismes qui pourraient en avoir besoin, notamment à
l’étranger. Mais souvent, ce qui n’est pas intéressant pour notre bibliothèque ne l’est pas non plus
pour d’autres. Et ce travail de réorientation, coûteux en temps et en personnel, ne pourrait se justifier
que par une volonté de la bibliothèque de tisser des liens avec des associations et organismes sur
son territoire. D’une façon générale, il faut se méfier de l’idée que tous les vieux livres pourraient être
donnés en France ou à l’étranger. Ce qui est périmé pour des usagers en France l’est tout autant
pour des lecteurs en Afrique ou en Asie !
Benoît Tuleu, « Achats, dons, legs et dépôts », in Le Métier de bibliothécaire, Cercle de la
librairie, 2013, 12e édition mise à jour
111
Bibliothecaire assistant specialise.indd 111
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
Document 2
Charte des dons
La bibliothèque universitaire des langues et civilisations (Bulac) est à la fois l’héritière de
bibliothèques institutionnelles mais aussi de nombreux donateurs qui ont participé à la constitution
des fonds de celles-ci.
La Bulac poursuit cette tradition intimement liée à sa spécialisation dans le domaine des langues
et des civilisations du monde. Elle invite tous ceux qui, désireux de se défaire d’une documentation
rare, parfois recueillie au fil de leurs séjours ou de leurs travaux de recherche sur le terrain, sont
soucieux d’en faire profiter la communauté des étudiants et des chercheurs.
La charte des dons présente les principes à observer et les démarches à suivre pour effectuer un
don auprès de la Bulac.
1. Principes d’acceptation d’un don
L’acceptation d’un don par la Bulac est régie par les principes qualitatifs et opérationnels suivants.
• Cohérence avec la politique documentaire
La qualité du fonds de la Bulac sera d’autant plus grande qu’elle ne s’écartera pas de ses missions
documentaires en acceptant de nouveaux dons. Les dons sont un mode d’enrichissement essentiel
s’ils s’inscrivent dans des objectifs documentaires.
• Identification préalable des documents
Les documents clairement identifiés en amont (cohérence de la collecte, catalogue déjà établi, lien
avec les travaux de chercheurs, etc.) sont ceux dont l’utilité immédiate sera la plus grande. Leur
acceptation et leur traitement seront rendus plus aisés.
• Proposition du don
Un contact préalable avec les responsables de la bibliothèque est indispensable avant toute
démarche. Leur vision des besoins des lecteurs et des objectifs de développement des fonds de la
bibliothèque leur permettent d’évaluer ou de solliciter les dons qui viendront compléter utilement
les collections.
112
Bibliothecaire assistant specialise.indd 112
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 • État des documents
L’état des documents sera forcément pris en compte. À l’exception de documents rares ou uniques, il
est difficile sinon impossible d’engager des dépenses de restauration trop importantes pour la remise
en état de collections. Pour cette raison, il est indispensable de faire instruire chaque proposition de
don par le Pôle conservation en même temps que par le Pôle collections.
• Exemplaire unique
L’acceptation d’un second exemplaire d’un ouvrage déjà présent à la bibliothèque devra toujours être
justifiée (nécessité d’un second ou troisième exemplaire pour des raisons de fréquence d’emprunt,
volonté de remplacer un volume abîmé par un autre en meilleur état, particularités bibliophiliques du
second exemplaire telles que présence d’un ex-libris, caractéristiques de la reliure, annotations, etc.).
• Édition multiple
Le caractère patrimonial des collections de la Bulac implique toutefois la conservation des
différentes éditions successives des ouvrages en langues originales. On pourra donc recevoir en
don un exemplaire d’une édition différente d’un titre déjà présent dans les collections.
• Archives
Si le don est accompagné d’archives scientifiques, celles-ci doivent être en rapport direct avec les
objectifs documentaires de la bibliothèque ou en cohérence avec la documentation imprimée. La
Bulac ne peut en aucun cas recevoir des archives privées.
• Legs
La Bulac s’assurera que tout donateur est bien propriétaire du fonds qu’il offre. S’il s’agit d’un legs,
elle s’assurera de la valeur du testament et de la qualité de celui qui transmet le legs, ainsi que du
caractère acceptable ou non des conditions qui peuvent accompagner ce legs.
• Cession des documents
Une fois le don intégré à ses collections, la Bulac peut être amenée à disposer de ces ouvrages pour
échange, ou même à s’en dessaisir en dernier recours.
• Provenance des documents
La Bulac s’engage à conserver la mémoire de l’origine d’un don. Celle-ci restera clairement
identifiable pendant le traitement des documents et dans le catalogue de la bibliothèque. Selon
l’importance et l’homogénéité d’un don, il pourra être demandé au donateur d’y apposer un tampon
marquant le nom du fonds. La mémoire matérielle du donateur sera ainsi préversée.
113
Bibliothecaire assistant specialise.indd 113
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
• Acceptation du don
La direction de la bibliothèque est responsable des collections qui s’y trouvent. Elle est seule
habilitée à donner son accord pour l’entrée d’un don ou d’un legs. Selon l’importance du fonds cédé,
celui-ci pourra le cas échéant faire l’objet d’une acceptation par le conseil d’administration (CA) et
le conseil scientifique (CS) de la Bulac.
2. Procédure à suivre : don de plus de 10 volumes
1. Les donateurs doivent solliciter la direction de la Bulac en présentant leurs intentions et leur offre
de documentation accompagnée d’une première description du fonds (titres, volumétrie, domaine
et provenance des documents, etc.).
2. La direction du Pôle collections mandatera un spécialiste pour examiner – voire, le cas échéant,
établir – la liste des documents proposés, afin de juger de leur intérêt relativement aux collections
existantes et à la politique documentaire de la Bulac.
3. Il transmettra ses conclusions à la direction. Si celle-ci donne un avis favorable, il sera si possible
procédé à un examen sur place du fonds par un responsable du Pôle collections et un responsable
du Pôle conservation pour juger de l’état physique du don.
4. La Bulac procédera ensuite sur place à un tri des documents. Seuls les documents identifiés
comme pertinents eu égard aux objectifs documentaires de la Bulac seront sélectionnés. La liste
définitive des documents sera jointe à la convention de cession.
5. Selon le résultat de cette opération, une convention de cession sera proposée au donateur
(cf. modèle ci-dessous), qui la remplira et l’enverra pour signature à la direction de la Bulac. Celle-ci
pourra éventuellement prendre avis du conseil d’administration ou du conseil scientifique. Après
signature la cession sera effective.
6. Les modalités de conditionnement et de transport seront déterminées par les deux parties,
sachant que la Bulac ne possède pas de véhicule propre.
7. La livraison se fera à la Bulac au 45-51, rue du Chevalet, Paris 13e. Un rendez-vous sera fixé entre
la Bulac et le donateur, pour procéder à la réception du don dans les meilleures conditions d’accès
et de prise en charge des documents par les bibliothécaires.
114
Bibliothecaire assistant specialise.indd 114
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 3. Procédure à suivre : don de moins de 10 volumes
Pour les « petits dons » (1 à 10 volumes) une procédure simplifiée est prévue.
1. Le donateur remplit un formulaire de proposition de don (cf. modèle ci-dessous) transmis par les
bibliothécaires ou accessible sur www.bulac.fr
Ce formulaire prévoit que la bibliothèque dispose à sa guise des volumes reçus.
2. Les documents pourront être acceptés aux banques d’accueil des salles de lecture ou lors d’un
rendez-vous pris par le donateur avec un représentant du Pôle collections.
3. Un accusé de réception sera remis au donateur. Le don sera dès lors inscrit dans le circuit de
traitement avec indication de son origine.
Il en sera de même pour les dons reçus par la poste. Un accusé de réception ou une lettre de
remerciement seront transmis en retour au donateur ou à l’établissement d’origine.
4. Dons institutionnels
Par dons institutionnels, on entend les dons réguliers faits par une institution avec laquelle la Bulac
aura établi un accord, ou bien avec laquelle elle entretient des relations. La Bulac veillera à garder
trace de l’origine des volumes ou fascicules remis. Sauf instructions contraires, la procédure de
traitement des ouvrages est identique aux cas précédents.
5. Conclusion
Compte tenu de l’importance des dons pour la vie de la bibliothèque, l’objet de ces procédures est
d’en rationaliser le traitement, de les rendre plus rapidement présents au catalogue et de mieux les
valoriser.
115
Bibliothecaire assistant specialise.indd 115
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
Convention de cession de documents à la bibliothèque universitaire
des langues et civilisations
Entre
nommé ci-après le donateur, d’une part ;
et
Le GIP, Bibliothèque universitaire des langues et civilisations, dont le siège est établi 65, rue des
Grands-Moulins à Paris 13e, représenté par son directeur, nommé ci-après la Bulac, d’autre part ;
Il a été convenu ce qui suit :
Article I. Objet de la convention
Le donateur cès à la Bulac, ce jour, le fonds documentaire décrit à l’annexe 1 de la présente
convention. La Bulac devient propriétaire dudit fonds.
Ces documents alimentent un fonds collectif dont la Bulac s’engage à assurer la meilleure gestion
possible, au service de la communauté de ses usagers, ceci dans le cadre des objectifs définis par
sa convention constitutive, objectifs dont les contours sont précisés par sa charte documentaire.
Article II. Engagement de la Bulac
II.1. Conservation
La Bulac s’engage à conserver les collections retenues dans son fonds collectif dans des conditions
optimales ; elle les intégrera à son catalogue en mentionnant l’origine du don.
La Bulac apporte un soin particulier à la sécurité des documents qu’elle conserve.
II.2. Communication
Les documents cédés sont communicables sur place rue des Grands-Moulins aux lecteurs inscrits à
la Bulac, prêtables, selon les conditions réglementaires propres à la Bulac, aux usagers autorisés et
aux établissements participant au prêt entre bibliothèques.
Article III. Engagement du donateur
Le donateur garantit que les documents transférés sont sa propriété. Les documents sont cédés sans
conditions particulières.
116
Bibliothecaire assistant specialise.indd 116
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 Article IV. Durée de la convention
Les documents cédés à la Bulac le sont à titre définitif. La présente convention n’est pas révisable.
Fait à Paris, le
Le directeur du GIP Bulac
Le Donateur
Charte des dons, bibliothèque universitaire des langues et civilisations,
version 26 janvier 2012, www.bulac.fr/les-collections/donner-des-livres
Document 3
Le patrimoine de l’Observatoire de Paris : chantier ou laboratoire
Le patrimoine de l’Observatoire de Paris couvre un large éventail de documents : imprimés,
archives, collections muséales composées d’instruments, peintures, sculptures, pastels, dessins,
meubles, éléments de décor, etc. S’il est aujourd’hui conservé et valorisé par la bibliothèque, c’est
l’aboutissement d’une histoire complexe et non linéaire.
Fondée en 1785, la bibliothèque se voit aussitôt rattaché le cœur des archives de l’Observatoire,
les journaux des observations conduites depuis 1671. Quand l’Observatoire passe en 1795 sous
la tutelle du Bureau des longitudes, la Bibliothèque astronomique prend de l’ampleur et reçoit par
décret d’importantes collections prélevées sur les « dépôts de livres appartenant à la Nation, et les
doubles de la Bibliothèque nationale ». Non mentionnées, les archives sont cependant concernées :
on transfère alors à l’Observatoire les très riches collections astronomiques du dépôt de la Marine,
constituées par Joseph-Nicolas Delisle, tandis que les membres du Bureau des longitudes font
don des manuscrits en leur possession. Le Bureau, conscient de la lourdeur de la tâche, demande
bientôt de l’aide et obtient en 1801 la création d’un poste de secrétaire-bibliothécaire confié à des
astronomes. François Arago sera son plus illustre titulaire.
Les instruments sont moins bien traités : à la différence des archives qui contiennent des données
d’usage pérenne, ils sont amenés à être modifiés au cours de leur vie scientifique et éliminés
lorsqu’ils sont techniquement dépassés. De façon générale, le patrimoine scientifique et technique
a été en France, au contraire des pays anglo-saxons, passablement négligé. À l’Observatoire, il
connaîtra de ce fait bien des vicissitudes. Ainsi, le projet de musée qui naît à la fin du XVIIIe siècle
vise surtout à éloigner les importuns des instruments en activité et des astronomes.
117
Bibliothecaire assistant specialise.indd 117
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
Les riches heures du musée
À son arrivée à la tête de l’Observatoire, le contre-amiral Mouchez a une autre vision : créer le musée
français de l’astronomie. Déplorant que l’Observatoire « n’ait gardé que des traces relativement
récentes de son passé scientifique et presque pas de l’époque de sa fondation », il obtient des
crédits, collecte photographies et instruments auprès des observatoires étrangers, sollicite consulats
et ambassades, descendants des astronomes illustres ou fabricants. Il envisage même d’enrichir ses
collections par des prélèvements sur d’autres établissements, espérant que « l’intérêt général d’une
répartition plus méthodique et plus scientifique de ces richesses nationales » finira par prévaloir…
Le musée incite aussi à un travail de collecte qui amènera des « trouvailles » inespérées, comme
celle d’instruments du XVIe siècle oubliés dans un placard ; ou encore le rappel d’instruments prêtés
dans des observatoires en province au cours des années 1830.
Les rapports annuels, inaugurés par Mouchez en 1878, égrènent fièrement au même titre que les
travaux scientifiques les enrichissements du Musée astronomique. Alors que la bibliothèque peine à
réaliser son catalogue, le musée prend son essor et occupe bientôt les plus belles salles du bâtiment
historique construit par Claude Perrault. On y admire entre autres les étalons du système métrique,
les appareils d’optique de Fresnel, d’Arago et de Fizeau, ou les merveilleux instruments d’Erasmus
Habermel. Au deuxième étage, la salle du méridien, toujours aménagée pour les visites, abrite des
bustes et des instruments de grande dimension.
La bibliothèque au centre des collections
La tendance va rapidement s’inverser : la bibliothèque rend un service incontournable aux
astronomes quand les pressions sur les locaux imposent de réduire l’emprise du musée. Au début
du XXe siècle, ce dernier finit par se volatiliser littéralement et le déplacement des collections pour les
greniers ou les caves n’est pas même jugé digne d’être signalé. Pénurie de locaux oblige, ces zones
délaissées, et au demeurant mal adaptées, sont attribuées à la bibliothèque au cours du siècle. Cela
permettra paradoxalement de sauver des documents exceptionnels, photographies scientifiques,
plans, dessins, archives, exhumés peu à peu dans les années 2000, quand d’autres, dispersés dans
les services, ont été égarés.
La mission patrimoniale, sans jamais disparaître, se maintient dans les marges de la fonction
documentaire avec une activité très irrégulière d’expositions et de collecte, souvent dans l’urgence.
Dans les années 80 et 90, on relève cependant d’importants versements d’archives institutionnelles
et scientifiques (fonds de la Présidence, du Bureau international de l’heure, etc.) à la bibliothèque
tandis que la fermeture du laboratoire d’optique, installé dans la salle de la méridienne, y ramène de
118
Bibliothecaire assistant specialise.indd 118
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 nombreux instruments anciens. Au cours de la même période, la bibliothèque intègre des archives
photographiques provenant de laboratoires ainsi que les collections collectées à l’Observatoire de
Meudon par un groupe de chercheurs.
Une démarche active de valorisation…
Une politique volontariste est mise en place en 2001 pour mettre en valeur ce patrimoine
considérable, jusque-là montré lors d’événements mémoriels ponctuels comme le tricentenaire de
l’Observatoire en 1967. Elle prend d’abord la forme d’expositions (« Léon Foucault : le miroir et
le pendule » (2002), « François Arago et l’Observatoire » (2003), « c » à Paris en 2005). Cette
valorisation n’est pas sans impact sur les collections car elle s’accompagne d’un travail de recherche
qui permet de signaler des manuscrits et des instruments oubliés et de conduire des restaurations
parfois spectaculaires, comme celle du tableau noir de François Arago, abandonné et abîmé à la
suite de nombreux déplacements au sein du bâtiment. Elle aura aussi des prolongements virtuels
grâce à la mise en ligne d’expositions sur le portail www.science.gouv.fr Cette valorisation entraînera
une augmentation de moyens encore insuffisante mais néanmoins significative : une ligne budgétaire
est ouverte à compter de 2006, qui chute cependant quatre ans plus tard, tandis que l’équivalent
d’un ETP est dégagé en 2010 pour les missions liées au patrimoine. Cela permettra notamment
la rénovation des espaces muséaux (2010) et le lancement de chantiers inédits (récolement des
instruments du site de Paris, signalement et conservation du patrimoine audiovisuel, des fonds
photographiques…) à côté des activités classiques comme la réalisation d’expositions annuelles ou
les prêts d’œuvres.
… au service d’une politique patrimoniale globale
L’effort a porté également sur la mise en ligne des catalogues anciens, avec l’ouverture en 2007 de
la plateforme Alidade1 (basée sur Pleade) qui donne accès au noyau dur des collections d’archives
et de manuscrits et à une partie des instruments et des fonds iconographiques encodés selon la
DTD/EAD. Le point dur reste le signalement rétrospectif et le développement de nouveaux outils : ce
travail de longue haleine tend en effet à être rejeté au second plan faute de moyens. Bien des fonds
sont en attente de traitement, une version enrichie d’Alidade est en suspens depuis 2011, de même
que la base de données de gestion des collections ou un projet de photothèque.
Parallèlement, une politique d’acquisition a permis des accroissements modestes et réguliers voire
des enrichissements majeurs comme la Mesure de la Terre ou les cartes de la Lune de Claude
1. http://alidade.obspm.fr/sdx/alidade
119
Bibliothecaire assistant specialise.indd 119
jeudi17/09/15 12:29
SUJETS D’ANNALES CORRIGÉS
Mellan. Les dons restent un apport important, attirés par le prestige de l’établissement et de ses
collections. Face à l’impossibilité d’ouvrir le chantier des locaux, la politique de conservation s’est
concentrée sur le reconditionnement des collections, ainsi que le contrôle et l’amélioration marginale
des conditions climatiques. Cependant, des financements divers, notamment extérieurs, ont permis
de mener à bien plus de 200 restaurations depuis 2003. Enfin la bibliothèque peine à faire émerger
des projets qu’elle aurait matière à conduire comme celui d’une plateforme de signalement des fonds
astronomiques français voire européens.
Le patrimoine scientifique et technique met en jeu, du point de vue de la valorisation, du traitement
et de la conservation, les mêmes processus que les collections muséales classiques, mais ses
modes de constitution sont fort différents. Il émerge de l’activité scientifique même de l’institution
et sa valeur patrimoniale n’est pas un a priori. Patrimoine en chantier, il est en cela plus proche
de l’archive que de la collection muséale, la collecte et la sélection primant sur l’acquisition.
À l’Observatoire, la bibliothèque est un laboratoire qui définit comme patrimonial ce qu’elle décide
de conserver. C’est une responsabilité qui doit être partagée : en témoigne le projet de création d’un
Conseil du patrimoine.
En dépit d’une forte centralisation due à la perception de la bibliothèque comme structure
fondamentale de conservation, une partie du patrimoine se trouve encore dans les laboratoires
répartis sur trois sites (Paris, Meudon et Nançay). Un des enjeux d’avenir est précisément
l’identification et la mise en valeur de l’ensemble du patrimoine de l’Observatoire et, au-delà,
l’exploration de champs à peine effleurés, comme les archives orales, ou nouveaux, comme le
patrimoine immatériel.
Laurence Bobis, « Le patrimoine de l’Observatoire de Paris : chantier ou laboratoire »,
in Arabesques, janvier-février-mars 2013, n° 69.
120
Bibliothecaire assistant specialise.indd 120
jeudi17/09/15 12:29
SUJET D’ANNALE CORRIGÉ, CONCOURS 2014 Questionnair
e
1. Qu’est-ce qu’un plan de conservation partagée ? Quels documents sont le plus souvent
concernés ? (8 lignes)
2. Le dépôt légal. Qu’est-ce ? Précisez son origine et indiquez deux organismes qui ont actuellement
la responsabilité de sa gestion en France. (8 lignes)
3. La VAE. Développez le sigle et précisez l’objectif du dispositif. (3 lignes)
4. Quelle est la particularité de Wikipédia ? (3 lignes)
CORRIGÉ
Épr euv e de cas pratique
¾ Étape 1 : lecture du sujet
• Lecture attentive et analyse du sujet
1. Dans cette partie du sujet, les informations en gras vous seront utiles pour rappeler le contexte
du sujet et les éléments à présenter dans l’introduction.
Bibliothécaire assistant(e) spécialisé(e), vous exercez vos fonctions dans une bibliothèque
universitaire de sciences et techniques. Le responsable de la bibliothèque vient de se voir proposer
par un enseignant-chercheur de biologie parti en retraite un don constitué de 500 ouvrages des
XIXe et XXe siècles, d’une centaine de fascicules de périodiques, d’une dizaine de classeurs
contenant des planches d’herbiers. Le tout semble avoir été conservé dans de bonnes
conditions. En proposant sa collection à la bibliothèque, le donateur souhaite qu’elle puisse
être utile à la communauté universitaire et n’émet pas de conditions particulières à sa
conservation ou sa diffusion.
Vous êtes chargé par le responsable de la bibliothèque d’étudier les conditions de l’intégration
de ce fonds aux collections de la bibliothèque et de sa valorisation auprès des étudiants et
des enseignants-chercheurs.
121
Bibliothecaire assistant specialise.indd 121
jeudi17/09/15 12:29

Documents pareils