Film français – 2001 – 1h32 – Film d`ani

Régie du secteur socioculturel
Activité cinéma
Loriol sur Drôme
N° 42 bis - OCTOBRE 2010
Film français – 2001
– 1h32 – Film d’animation réalisé par
Pascal Morelli. Avec
Richard Berry, Patrick Bouchitey, Marie
Trintignant.
En 1919, l'Asie est
plongée dans le chaos.
De fabuleux trains
blindés chargés d’or sillonnent la Russie dont celui de l'amiral Koltchak du gouvernement contrerévolutionnaire…
Séance
Le trait épuré de Pratt, parfois à la limite du silence
graphique, en fait un maître incontesté du noir et blanc.
S’il compte parmi ses créations majeures Junglemen,
Sergent Kirk, Ernie Pike, Ann de la jungle ou Les Scorpions du désert, son œuvre la plus marquante reste la
saga de Corto Maltese. Corto est le double d’Hugo.
Dans un grand désordre chronologique, Pratt nous
conte des fragments de ses aventures, qui se déroulent sous des latitudes variées, où il croise tour à tour
nombre de personnages bien réels pour certains
d’entre eux : l'écrivain américain Jack London, l'as
allemand de 1914-1918 Manfred von Richthofen (et
même, furtivement, son subordonné, un certain Hermann Goering), le baron fou, russe blanc, von UngernSternberg et son rival l'ataman Sémenoff, Joseph Staline (au téléphone), Hernestway (pour Ernest Hemingway), Louise Brookszowyc (Louise Brooks, l'interprète
inoubliable de Loulou), etc.
Grâce à Hugo Pratt le lecteur découvre ou redécouvre des époques et des lieux quelque peu oubliés : la
Sibérie, l’île de Pâques, la Cornouailles. Sa minutie
dans le choix des costumes, l'évocation des traditions,
du langage, des objets, en font un modèle. La plupart
des albums de Corto Maltese (particulièrement ceux
en couleurs) présentent une riche documentation
Vendredi 1er octobre
Horaire
19h30
historico-politique.
I - Corto Maltese, gentilhomme de fortune
Corto Maltese est né à La Valette, à Malte, le 10
juillet 1887, d’un père originaire de Cornouailles, marin dans la Royal Navy, et d’une gitane, originaire de
Séville, il est de nationalité britannique. Officiellement, il réside à Antigua, dans les Petites Antilles,
cependant la seule maison qu'il possède se trouve à
Hong Kong.
Enfant illégitime, il grandit dans un univers de magie auprès de sa mère, cartomancienne et chiromancienne. Corto doit son éducation à Ezra Toledano, un rabbin qui le fait entrer à 12 ans, dans un
collège hébraïque de La Valette où il étudie la Torah,
le Talmud et le Sefer Ha Zohar, ouvrage majeur de la
Kabbale juive. Sa ligne de chance est à l’image du
personnage : une énigme. Un jour, une amie de sa
mère, tente de lire son avenir dans les lignes de sa
main et se trouve étonnée de ne pas voir de ligne de
NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE
chance. Corto lui-même la dessinera lui-même en s’entaillant profondément la paume de la main. De son père, souvent absent, il hérite un goût prononcé pour
la liberté et les fables.
Un aventurier part souvent à la découverte de territoires
vierges, à la recherche de trésors perdus. Leurs exploits
et leur audace font l’Histoire, Hernán Cortés ou Antoine
de Tounens en témoignent. Corto est assurément un
mélange d’aventurier et de dandy romantique dont les
pérégrinations nous entraînent sur les traces de Stevenson, Conrad et Melville. Corto est un gentilhomme de
fortune. D'une manière allégorique, la Fortune est, dans
la mythologie romaine, la déesse du hasard. Corto semble aller et venir au gré du hasard. En apparence seulement. Son voyage est une quête peut-être matérielle
(les mines du roi Salomon, Eldorado) mais plus certainement spirituelle, du Graal (Les Helvétiques) à
la cité perdue de Mû, métaphore de l’Eden ?
Corto Maltese est gentilhomme de fortune mais il est
aussi un initié. De La Ballade de la mer salée à Mû, la
citée perdue en passant par Fable de Venise, l’itinérance maritime et terrestre de Corto est d’abord la métaphore du voyage intérieur. Cette saga constitue un
espace de références multiples et complexes aux mythologies et aux ésotérismes occidentaux et orientaux.
II - Corto l’aventurier
Adolescent, Corto prend le large pour la première fois
pour débarquer en juin 1900 près de Pékin, pendant la
révolte des Boxers. Cinq ans plus tard, à la fin de la
guerre russo-japonaise, non loin de Port-Arthur et de
la frontière Russo-chinoise, il rencontre Raspoutine
(son âme damnée) jeune déserteur de l’armée du Tsar
(La Jeunesse de Corto). Ils s’embarquent tous deux
pour l’Afrique à la recherche des mines d’or du roi
Salomon. Victimes d’une mutinerie, le voyage tourne
court. Recueillis par un cargo en route pour l’Amérique,
ils sont débarqués à Valparaiso. Ils regagnent l’Argentine, après avoir traversé le Chili. En Patagonie en
1906, Corto fréquente les hors-la-loi Butch Cassidy et
Sundance Kid et côtoie de riches propriétaires étrangers.
Pendant sept années, Corto court de ports en ports si
bien que l’on perd sa trace. On sait seulement qu’il
était à Buenos Aires en 1910 (Tango, préface de Marco
Castellani).
On le retrouve en 1913 engagé en qualité de capitaine
dans la flotte pirate du « Moine » (La Ballade de la mer
salée). Pour une sombre histoire de femme, l’équipage
se mutine. Corto se retrouve à la dérive, entravé sur un
radeau de fortune. Repéré et sauvé par Raspoutine, il
fait la connaissance de Pandora Groovesnore et de son
cousin Caïn également recueillis après le naufrage de
leur bateau. Toujours en compagnie de Raspoutine,
Corto fera route vers l’île de Pitcairn. Ils se quitteront à
Panama quelque temps plus tard.
En 1916, il est en Guyane hollandaise (Sous le signe
du Capricorne), où il rencontre le professeur Jeremiah Steiner (en référence à Rudolf Steiner (18611925), fondateur de l'anthroposophie ?) et le jeune
Hugo Pratt s'est essayé à la littérature et a
publié quelques romans dont Corto Maltese
qui reprend l'histoire de la Ballade de la mer
salée…
Tristan Bantam (Bantam : ancien nom que les Européens donnaient à la ville et au royaume de Banten en
Indonésie), point de départ de son intérêt pour le
Royaume disparu de Mû (continent perdu que James
Churchward situe dans le Pacifique). Ainsi il se retrouve, auprès des cangaceiros (Cangaço est le nom
donné à une forme de banditisme social dans le nordest du Brésil à la fin du XIXème et début du XXème
siècle) et aux côtés de Bouche Dorée pour contrecarrer les plans de la flotte allemande et aider les
Anglais.
Par un malencontreux concours de circonstance, Corto
devient amnésique. À Maracaibo, la médecine est impuissante. Il se tourne alors vers la magie des indiens
Jivaros. Elle se révèlera efficace (Corto toujours un
peu plus loin). Après avoir démonté la supercherie
mise en place par le pouvoir en place à La Barbade, il
revient en Amazonie.
Poursuivant toujours ses recherches sur l’Eldorado, Corto Maltese se rend à Venise en 1917, en pleine guerre. En effet, les franciscains connaissent l’emplacement des gisements aurifères du Haut-Marañon.
Or il n’est pas seul à s’y intéresser. Pris dans le tourbillon
de la guerre il assiste, en octobre, à la défaite des Italiens
sur les Austro-allemands à Caporetto (bataille qui a eu lieu
du 24 octobre au 9 novembre 1917).
Il se rend en France, en avril 1918, pour revoir Caïn
Groovesnore, engagé volontaire dans la RAF. Ce dernier
lui apprend que sa cousine Pandora va se marier. Corto
accuse le coup. Un mois après, il quitte les côtes françaises pour celles de la mer Rouge (Les Éthiopiques). À
peine débarqué, on l’engage pour libérer un jeune
prince retenu en otage. Le guerrier Cush le seconde
dans cette entreprise. Il deviendra son alter ego au
cours de diverses aventures en ces terres qui gardent le
souvenir d’Arthur Rimbaud.
Fin 1918, la guerre est terminée en Europe. Il sait Bouche
Dorée à Venise et l’envie de la revoir. Rompant la douce
torpeur de la cité des doges, il gagne Hong Kong (Corto
Maltese en Sibérie). Les combats continuent entre les révolutionnaires communistes et les Alliés soutenant les
Russes blancs. Les membres de la société secrète des
Lanternes Rouges lui demandent son concours pour
récupérer l’or impérial que l'amiral Koltchak transporte en train blindé. Dans cette mêlée où chacun cherche à s’approprier l’or du Tsar, Corto rencontre des personnages haute en couleur comme le baron von UngernSternberg (ce dernier a combattu dans les armées blanches avant de combattre pour son propre compte dans le
but de créer un empire à l'est du lac Baïkal), la duchesse
Marina Seminova, l’irrésistible Shanghaï Li ou cet ancien amour jamais nommé qui hante ses pensées.
III - Corto l’initié
Entre novembre 1917 et avril 1918, il se rend en Irlande (Les Celtiques). Là-bas, séduit par le courage de
Moïra Banshee (banshee : être légendaire, issu du folklore irlandais et écossais et que l'on retrouve dans le folklore breton. Ses hurlements annonceraient une mort pro-
chaine.), il ne peut rester indifférent à la lutte des
Indépendantistes auxquels il livre des armes en
contrebande. Bravant tous les conflits il se rend sur
le site de Stonehenge, attiré par les légendes celtes.
Il revient à Venise en 1921 suite à la réception d’une lettre de Frederick Rolfe, le baron Corvo, mort
depuis peu (Fable de Venise). Il s’agit de résoudre
une énigme pour retrouver une émeraude légendaire (la clavicule de Salomon)…
Sachant son ami Raspoutine enfermé dans une prison
près de Samarkand, Corto décide d’entreprendre le
voyage pour le délivrer (La Maison dorée de Samarkand). En route, il fait escale à Rhodes (île grecque), en décembre 1921, pour vérifier le contenu
d’un autre message du baron Corvo. Edward John
Trelawnay (aventurier et écrivain anglais) aurait dissimulé les mémoires de son ami Lord Byron dans une
mosquée de cette ville. Après avoir trouvé et étudié
le document, il se rend compte que le trésor d’Alexandre le Grand est au bout de la quête : à la
frontière des Indes et de l’Afghanistan. C’est avec
un regain d’intérêt qu’il poursuit son voyage jusqu’au
Turkestan (actuel Tadjikistan). La rivalité entre le
général Enver Pacha (l'un des chefs de la révolution
Jeunes-Turcs) et Mustafa Kemal Atatürk, ainsi que
l’existence d'un sosie, ne faciliteront pas la découverte du trésor.
En rentrant de ce périple, en 1923, il trouve une lettre
de Louise Brookzowyc qui l’appelle à la rescousse.
Aussitôt, Corto se rend à Buenos Aires. Là-bas, il
apprend sa mort, laissant une petite orpheline
(Tango). Pour la venger, il enquête sur le réseau de
prostitution dans lequel elle travaillait. L’enfant est
confié à Esmeralda pour qu'elle l'emmène chez des
amis à Venise.
En 1924, en compagnie de son vieil ami, le profes-
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seur Steiner, Corto va séjourner en Suisse dans la
maison de l’écrivain Herman Hesse (Les Helvétiques).
Propice aux songes, le lieu plonge Corto dans la quête
du Graal. L’année suivante il est en route pour Mû…
IV - Corto toujours vivant
Depuis, le lecteur a peu de nouvelles. La disparition de
Corto pendant la Guerre d’Espagne, est évoquée par
Cush dans Les Scorpions du désert (épisode 2 : j’ai
deux amours). On perd alors sa trace mis à part un courrier du 16 juin 1965 de Caïn Groovesnore lequel mentionne sa présence auprès de Pandora (on peut lire son
contenu en exergue du récit de La Ballade de la mer
salée, dans l’album en couleurs). Il y transmet quelques
paroles de sa cousine qui nous dépeint un Corto vieillissant : « L’oncle Tarao est mort. […] Mais c’est surtout
pour l’oncle Corto que je me fais du souci. Ils se comprenaient parfaitement et étaient inséparables. Maintenant que je vois l’oncle Corto aller s’asseoir seul dans
le jardin, le regard éteint, face à la mer, mon cœur se
serre. »
Hugo Pratt est mort mais Corto s’est depuis longtemps
affranchi de son créateur pour mener une existence propre, ressuscitera-t-il sous la plume d’un autre dessinateur ? C’est peut-être le souhait de Pratt qui avouait,
dans une interview accordée aux Inrockuptibles en juin
1990 : « J’aimerais que Corto continue d’exister quand
je serai mort.»
Synthèse réalisée par Olivier VENET,
Directeur de la régie du secteur socioculturel
Tarif plein : 7 euros - Tarif réduit : 6 euros
Films « jeune public » : 5 euros - Abonnement de 10 places : 55 euros - Abonnement de 5 places : 30 euros
Nous acceptons les chèques vacances, les chèques sport
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