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CHARADE
de Stanley Donen – Etats-Unis – 1963
1h53 - Technicolor
Dossiers réalisés par l'espace Histoire-Image de la médiathèque de Pessac
dans le cadre des Ciné-Mémoires de l'Association des Cinémas de Proximité
en Aquitaine et du Pôle régional d'éducation artistique et de formation
au cinéma et à l'audiovisuel (Aquitaine)
Scénario : Peter Stone, Marc Behm
Producteur : Stanley Donen, James H. Ware / Universal International
Directeur photographie : Charles Lang Jr.
Ingénieur du son : Jacques Carrère
Musique : Henry Mancini
Décor : Jean d'Eaubonne
Costumes : Hubert de Givenchy
Montage : Jim Clark
Date de tournage : 1962
Sortie en France en 1963
Interprétation
Cary Grant...
Peter Joshua
James Coburn... Tex Pentollow
Audrey Hepburn... Regina Lambert
George Kennedy... Herman Scobie
Walter Matthau... Hamilton Bartholomew
Ned Glass... Leopold W. Gideon
Jacques Marin... Insp. Edouard Grandpierre
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Résumé
Regina Lambert (Reggie) est à Megève pour les sports d'hiver, elle a pris la décision de
divorcer et fait la connaissance de Peter Joshua. À son retour à Paris, elle découvre son
appartement dévasté et vidé de ses meubles. L'inspecteur Grandpierre lui apprend
l'assassinat de son mari, dans un train, alors qu'il se préparait à partir vers l'Amérique du
Sud. Fait troublant, on a retrouvé quatre passeports différents à son nom. En fait,
Reggie ne sait rien de son mari, ni de sa famille, ni de son travail.
L'agent Bartholomew de la CIA lui apprend que pendant la Seconde Guerre mondiale, son
mari et quatre complices ont volé 250 000 dollars US, destinés à financer les Résistants
français. Arrêtés par les Allemands, l’un deux, Dyle, a été abattu.
Reggie est poursuivie par les complices du forfait, ceux-ci étant persuadés que son mari
lui a transmis le butin. Elle demande de l'aide à Joshua, l’homme rencontré à Megève,
mais il semble de connivence avec les voleurs. De plus, elle lui découvre successivement
plusieurs identités. Ses poursuivants sont mystérieusement assassinés les uns après les
autres et les recherches révèlent le secret du butin : l'argent a été converti en trois
timbres de collection.
Au final, l’agent Bartholomew de la CIA n’est autre que le complice que tout le monde
croyait mort, et Peter Joshua appartient aux services secrets américains. La restitution
donne lieu à une demande en mariage.
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Bio-filmographie
Stanley Donen, né le 13 avril 1924 à Columbia, Etats-Unis
Dès son plus jeune âge, Stanley Donen apprend à danser et fait ses débuts à Broadway
en 1940 dans Pal Joey. Là, il rencontre Gene Kelly qui tient le rôle principal et George
Abbot, le metteur en scène. Ils deviennent ses amis et collaborateurs.
Stanley Donen suit Gene Kelly à Hollywood et tout en continuant à danser, commence à
chorégraphier seul pour la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). Il devient surtout l'assistant
personnel de Gene Kelly. Ainsi, lorsque l'on confie la réalisation d'Un jour à New York
(1949) à Kelly, celui-ci demande naturellement à Donen d'être son assistant. Cette
première collaboration marque l'histoire de la comédie musicale américaine et le début
de Donen dans sa carrière de réalisateur.
Fort de ce succès, les deux hommes réalisent ensemble une pièce maîtresse de ce
genre, Chantons sous la pluie (1952). Drôles, originaux et inventifs, ils racontent le
passage du cinéma muet au parlant, sur un rythme effréné. En 1955, Beau fixe sur New
York ne remporte pas le succès commercial escompté.
Parallèlement à cette collaboration avec Gene Kelly, Stanley Donen fait ses preuves seul.
Il montre l'étendue de son talent dans Les Sept femmes de Barberousse (1954). Drôle
de frimousse (1957) confirme ses qualités de réalisateur de musical ( le dernier rôle
dansé de Fred Astaire et déjà Audrey Hepburn). Après Pique-nique en pyjama (1957),
réalisé en collaboration avec George Abbot, Stanley Donen se lance dans la comédie
pure. Il prend Londres comme quartier général et, avec Indiscret (1958), commence une
longue série de comédies élégantes, interprétées par des acteurs de prestige comme
Ingrid Bergman ou Cary Grant. Donen a continué d'employer pour ses comédies la
virtuosité technique acquise avec ses 'musicals'. La juxtaposition de ce langage très
cinématographique et de scénarios délibérément théâtraux a engendré un heureux
contraste dans leur réalisation. Ce même contraste est utilisé dans les comédies
policières Charade (1962) et Arabesque (1965).
Dans Voyage à deux (1967), considéré comme son dernier grand film personnel, il
retrouve Audrey Hepburn son actrice fétiche, et se livre à un véritable bilan sur luimême et sa génération. En 1968, L'Escalier, l'histoire de deux coiffeurs homosexuels
vieillissants, est un échec. Dans les années 1970, il renoue avec la comédie musicale
hollywoodienne. Il en résulte Folie, folie (1978), dans lequel il parodie avec affection
les comédies musicales des années 1930. Il s'essaie à la science-fiction avec Saturn 3
(1980) continuant sur le chemin de l'hommage / parodie et de l'appropriation de
multiples formes. La fin de sa carrière trahit un certain désarroi et désenchantement.
Sans doute hanté par le passé, Donen fut parfois prisonnier de sa nostalgie, « On ne peut
pas chanter sous la pluie toute sa vie » disait-il, mais il garde une place prépondérante
dans l'histoire du cinéma américain.
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Cary Grant, né le 18 janvier 1904 à Bristol, Grande-Bretagne
† le 30 novembre 1986.
Fils d'un modeste tailleur, mauvais élève, il se révèle très habile de ses mains et
invente, enfant, un nouveau moyen d'éclairage théâtral. L'électricien du collège,
impressionné, le présente au directeur d'un théâtre de Bristol. Là, à quinze ans, il
décide de devenir acteur. Il quitte ses parents et se fait engager dans la troupe Pender
et y apprend la danse, l'acrobatie et le métier de clown. L'année suivante, il part pour
New York, avec une partie de la troupe pour y montrer une revue musicale. En 1921, il
revient en Angleterre, fait la connaissance du producteur Arthur Hammerstein qui le
ramène à New York et le fait engager sous le nom d'Archie Leach dans plusieurs
spectacles de Broadway.
Puis il part tenter sa chance à Hollywood. Agile, élégant, l'air faussement détaché, il
sert d'abord de jeune premier à des partenaires de renom telle que Marlène Dietrich
(Blonde Venus – 1932). Il s'impose aux côtés de Mae West dans Lady Lou - 1933 prouvant
qu'il sait aussi manier l'art de la répartie. Dans Sylvia Scarlett – 1935 de George Cukor,
avec Katharine Hepburn, il révèle l'étendue de son talent et enchante la critique. Grant
quitte alors la Paramount pour s'installer à son compte et tourne en moyenne huit films
par an. Le couple invisible de Norman MacLeod puis Cette sacrée vérité de Leo
McCarey le propulsent au rang de vedette, Grant devient le prince de la comédie
américaine. Séducteur invétéré, il joue son propre rôle avec une élégance sportive,
capable de se jeter dans les situations les plus rocambolesques juste pour les besoins du
rire.
Il rejoint le mythe dans les comédies Arsenic et vieilles dentelles – 1943 de Frank Capra
ou Embrasse-la pour moi – 1957 de Stanley Donen. A tel point que les cinéastes ne se
risquent guère à l'employer autrement. Pourtant, le mélodrame lui réussit (La chanson
du passé – 1941 de George Stevens, Elle et lui – 1957 de Leo McCarey). Mais c'est
surtout Alfred Hitchcock qui exploite la note inquiétante de sa séduction (Soupçons –
1941, Les Enchaînés – 1946, La Main au collet – 1954, La Mort aux Trousses – 1959).
Après le succès d'Opérations Jupons – 1959 de Blake Edwards, Grant tourne moins. Il se
retire du cinéma en 1966.
Il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1970.
d'après
Christian Dureau. Dictionnaire international des acteurs du cinéma. Editions La Mascara. 2002.
et http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php
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Audrey Hepburn, née le 4 mai 1929 à Bruxelles, Belgique
† le 20 janvier 1993.
D'un père irlandais et d'une mère allemande, c'est à Amsterdam, puis à Londres qu'elle
poursuit ses études. Elle suit des cours de danse et d'art dramatique à la Marie Rambert's
School. Elle a onze ans quand sa mère la renvoie en Hollande, pensant qu'elle y sera plus
en sécurité qu'en Angleterre. Inscrite au Conservatoire musicale d'Arnheim, elle
interrompt une nouvelle fois ses études quand les Allemands envahissent le pays,
confisquant la fortune de ses parents.
Après la seconde guerre mondiale, elle travaille comme mannequin et apparaît dans des
spectacles musicaux londoniens. Remarquée par Colette, elle est engagée pour le rôle
de Gigi qui doit être monté à Broadway.
Audrey Hepburn conquiert très vite Hollywood. William Wyler, alors en quête d’une
comédienne pour la princesse de ses Vacances Romaines, reconnaît en elle une
aristocrate "jusqu’au bout des doigts". Elle convainc en amoureuse tenue au secret par
sa condition d’altesse. Billy Wilder renouvelle l’expérience avec Sabrina où l’actrice
incarne une ingénue au dessein mystérieux. Mais Audrey Hepburn est aussi capable
d’intensité. Elle est la Natacha Rostov de Guerre et Paix – 1956. Drôle de Frimousse –
1957 de Stanley Donen lui va parfaitement (tout comme les robes de Givenchy). Avec Le
vent de la plaine – 1960, John Huston la révèle dans un genre qui ne lui est pas familier,
le western. Elle est aussi ardente qu’imprévue dans Diamants sur Canapé –1961 (Blake
Edwards). Audrey Hepburn doit sa légende à sa métamorphose dans My Fair Lady – 1964
(George Cukor). Pour ce film, elle chante, danse et consent même à s’exercer à la
prononciation anglaise dans une scène devenue immortelle. Après Seule dans la nuit –
1967 (Terence Young) et La Rose et flèche – 1970 (Richard Lester), elle se retire des
écrans. En 1990, elle revient une dernière fois au cinéma et incarne un ange pour Steven
Spielberg dans Always.
En 1988, elle est ambassadrice pour l’UNICEF et se rend en mission en Somalie en 1992.
d'après
Christian Dureau. Dictionnaire international des acteurs du cinéma. Editions La Mascara. 2002.et
http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php
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QUELQUES PISTES DE PRESENTATION
Gilbert Salachas dans Télérama le 12/01/1964
Dynamisme, humour et beauté plastique, telles sont les qualités de ce très joli divertissement...
A cela s'ajoute des effets spectaculaires démesurément grossis et « empruntés »,
comme pour une parodie, aux spécialistes du film d'espionnage et de suspense.
Une bataille sur un toit, un homme accroché au dessus du vide, une poursuite dans un théâtre désert,
cela ne vous rappelle rien ? Alors, je continue ; substitution d'identité,
échange de personnalité, aveu enfin. Oui, ce film est aussi une aimable satire.
Et vous avez tous deviné que dans cette Charade, mon tout c'est... (1)
(1) Alfred pour les amis
Un film hommage
Stanley Donen s'est spécialisé dans la comédie musicale, avec notamment Chantons
sous la pluie (Singin' in the Rain) en 1952. Avec Charade, il nous propose une comédie
policière où le spectateur oscille entre le suivi de l'intrigue avec une série d'assassinats
et la veine comique dont procède le jeu des acteurs.
Au dialogue piquant du duo Cary Grant / Audrey Hepburn s'ajoute la balourdise de
l'inspecteur Grandpierre (Jacques Marin), dont les interventions confinent au burlesque.
Le film contient de nombreuses références à d'autres œuvres cinématographiques, à
commencer par Vincente Minnelli, quand se promenant sur les quais de Seine, Reggie dit
« C'est ici que Gene Kelly dansait dans Un Américain à Paris. Plus tard, on entend
quelques notes de Chantons sous la pluie. Ailleurs, on entrevoit un décor de Drôle de
frimousse. Il y a des références à l'œuvre d'Hitchcock avec la bagarre sur le toit qui est
une allusion à Sueurs froides, l'enlèvement d'enfant à L'homme qui en savait trop et le
meurtre dans la baignoire à Psychose. Le déroulement de l'intrigue et la présence de
Cary Grant ne sont pas sans rappeler La Mort aux trousses.
Stanley Donen récidiva dans ce genre de divertissement pétillant et malicieux, en
signant en 1966 Arabesque, situé à Londres et plus axé sur l'espionnage, avec Gregory
Peck et Sophia Loren.
Un enthousiasme critique
L'enthousiasme de la critique à la sortie du film mérite qu'on s'y intéresse. Il était bien
sûr jubilatoire pour les journalistes de partir à la recherche des multiples références
cinématographiques parsemées dans le film.
L'Humanité le 31/12/1963
« [Stanley Donen] vient de réaliser son chef-d'oeuvre : Charade. C'est une comédie musicale sans
musique, un ballet sans danse, un film à suspense avec une terreur pour rire et de vrais cadavres
qu'on ne peut pas prendre au sérieux...
Stanley Donen, pour notre plaisir, ne dissimule pas le sien, quand il pastiche Alfred Hitchcock,
Vincente Minelli et les meilleurs réalisateurs d'Hollywood. Mais au-delà du pastiche – ce qui ne peut
amuser que les initiés – il y a un film drôle, remarquablement conduit, qui peut passionner le plus
large public. Le savoir-faire du metteur en scène, son talent et son métier, méritent mieux qu'un
coup de chapeau. Charade est un petit bijou finement ciselé, selon toutes les recettes éprouvées
par le cinéma américain, avec un art exceptionnel. »
Mais c'est surtout la joie et la bonne humeur que dégage le film qui enthousiasment la
critique.
Arts le 01/01/1964
Cette manière de prendre gaiement les choses a toutes les séductions du monde. Et d'abord celle du
bonheur. C'est un film qui rend heureux. Allez le voir.
Combat le 20/12/1963
Quelle joie de voir enfin un film parfait, qui tient ses promesses, qui ne prétend bouleverser ni le
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monde, ni l'histoire du cinéma et dont le seul but est de divertir ! Ce film si rare en son genre c'est
Charade ; Stanley Donen – qui a bien du talent – y réunit l'intrigue policière, le suspense et le gentil
marivaudage de la comédie américaine.
Et chacun y va de sa petite charade :
Libération le 25/12/1963
Mon premier est Audrey Hepburn, mon second est Cary Grant, mon troisième est l'excellent metteur
en scène Stanley Donen et mon tout est une comédie à suspense parfaitement réussie...
Tout ceci pour dire que Stanley Donen nous montre un vrai Paris, un vrai Megève et qu'on ne peut
plus reprocher au cinéma américain les bourdes qu'il commettait invariablement chaque fois qu'on
essayait de singer une ambiance européenne...
Le plupart de [nos jeunes réalisateurs] devraient bien aller voir ce modèle de construction
cinématographique, constater la maîtrise d'un réalisateur pour lequel aucun plan n'est inutile et
parfaitement mesuré, ce qui ne l'empêche pas de diriger ses comédiens avec une précision absolue.
Et reconnaître qu'un bon film, qu'il soit commercial, artistique, ambitieux ou nouvelle vague est
toujours un bon film.
Seuls, Les Cahiers du Cinéma (n° 152, Février 1964) se montrent critique vis à vis de
ce film :
« Donen (...) n’a pas été touché par la grâce. Cela n’a pas le charme magique de ses grandes
comédies musicales... Il est difficile devant un film que l’on voit avec un sourire constant, qui est
toujours joli à regarder, et où Cary Grant et Audrey Hepburn ont accordé avec habilité leurs talents
respectifs, de déceler où est le défaut et la source de notre déception. "Comédie à suspense" dit
Donen. La recette est bien connue, mais le secret de la réussite est sans doute dans le dosage, et
c’est Hitchcock qui en connaît le mieux les proportions. »
Cary Grant / Audrey Hepburn
Claude Tarare dans L'Express le 16/12/1963
Quand il aura quatre-vingt ans, plus un cheveu ni une dent à lui, si des rhumatismes ne l'empêchent pas
de se poser en S, la tête sur le côté, les sourcils levés, les bras pliés et légèrement écartés du corps,
Cary Grant pourra, sans que personne crie à l'inceste, séduire, à l'écran, des filles de vingt-cinq ans.
Au départ, Cary Grant était inquiet de sa différence d'âge avec Audrey Hepburn, jusqu'à
ce que le scénariste Peter Stone ne le mette à l'aise avec un complément de dialogue
qui fait la lumière sur leur disparité d'âge. Les scènes romantiques ont été sagement
limitées à un minimum, permettant à leur relation de s'exprimer en grande partie par la
chimie naturelle et l'imagination des spectateurs.
Lors d'une interview en 1963, Grant dit : "Tout que je veux pour Noël est un autre film
avec Audrey Hepburn !". Malheureusement, ils ne travailleront plus jamais ensemble.
La comédie américaine
La "comédie américaine" ne prend son véritable essor qu’au début des années 30. Même
si elle entretient avec la "comédie musicale", née par définition avec le parlant, des
relations rendues inextricables par la présence des mêmes réalisateurs, acteurs ou
scénaristes, elle ne saurait se confondre avec sa sœur jumelle qui subit dans les années
60, un déclin irrémédiable, alors que la comédie pure se prolonge de nos jours au prix
de nombreuses transformations.
S’opposant aux genres épiques – western, films d’aventure ou de guerre – la comédie se
met plus volontiers sur le terrain du quotidien, proposant une critique parfois acerbe des
mœurs et des valeurs américaines. A côté du burlesque se développe dès la fin des
années 1910, une comédie de mœurs, devenue comédie mondaine. Mais c’est le
réalisateur allemand, Ernst Lubitsch, qui invente la sophisticated comedy. La
"sophistication" concerne moins le sujet que le milieu social, le décor et surtout le
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raffinement stylistique qui joue avec maestria des vertus de l’ellipse, de la litote et du
double langage. Le parlant ne fait que renforcer ces dédoublements et détournement de
sens : Haute Pègre – 1932, Sérénade à Trois – 1933... On peut aussi citer les comédies
de Georges Cukor : Les Invités de minuit – 1933, Sylvia Scarlett – 1935, Femmes –
1939, Indiscrétions – 1940.
A l’opposé, une comédie plus populaire choisit de se situer dans des milieux moins aisés
et ne répugne pas à des situations empruntées au bon vieux burlesque. La sexualité y est
plus ouvertement donnée d’emblée comme le ressort de l’intrigue. Cette tough comedy,
correspond au dynamisme et à la modernité dans lesquels aime à se reconnaître le
public américain.
En 1934 s’opère symboliquement la synthèse entre sophistication et populisme. Avec
New York – Miami, Frank Capra donne naissance à la screwball comedy, qui correspond
parfaitement au terme français de comédie américaine. Par la suite, il développe le
genre en s’orientant vers le film à message socio-politique (L’extravagant M. Deeds –
1936, Vous ne l’emporterez pas avec vous – 1938, M. Smith au sénat – 1939, L’Homme
de la rue – 1941).
L’éloge du libéralisme, la lutte contre le nazisme puis contre le communisme font
intimement partie de ce genre : Ninotchka – 1941, To be or not to be – 1942, Comrad
X – 1940, Living in a Big Way – 1947. Si un cinéaste tel que Howards Hawks semble
étranger aux préoccupations sociales, ses meilleures comédies (Train de luxe – 1934,
L’Impossible Monsieur bébé – 1938) constituent une subtile réflexion sur l’évolution
d’une Amérique passée de l’ère des pionniers à celle des savants et des techniciens.
Un nouveau venu, Preston Sturges réinsuffle au genre le dynamisme et l’esprit du
burlesque primitif. Dans une époustouflante dépense d’énergie, il dynamite les lois d’un
genre qui perd ainsi son rôle de miroir social. Miracle au village – 1943, Infidèlement
vôtre – 1948 ou Mademoiselle Mitraillette – 1949, portent moins sur la société
américaine que sur sa représentation, la comédie faisant ainsi retour sur elle-même.
Cet aspect iconoclaste se retrouve dans les comédies de Frank Tashlin, ancien gagman
de Harpo Max et dessinateur de cartoon. C’est lui qui développe le personnage de Jerry
Lewis, entre burlesque et comédie moderne. Les films de Lewis lui-même se réfèrent
également fréquemment au cinéma et à ses genres. C’est également dans cette veine
burlesque qu’il faut situer Blake Edwards (Diamants sur canapé – 1960, La Grande
course autour du monde – 1965). Son ami Richard Quine oscille, lui, entre satire sociale
( Une Cadillac en or massif – 1956) et sophistication sentimentale (Adorable voisine –
1958, Une vierge sur canapé – 1964).
L’une des personnalités la plus marquante de la période 1950-1970 est Billy Wilder, qui
fait rire en 1953 avec une comédie située dans un "Stalag" (Stalag 17). Quoique formé à
l’école viennoise, Wilder se rapproche de la tough comedy, appelant "un chat un chat" et
proposant une cruelle description des obsessions sexuelles et financières de la middle
class américaine (Certains l’aiment chaud – 1959, La Garçonnière – 1960, Embrassemoi idiot – 1960).
Dans une période plus récente, une autre personnalité a dominé la comédie américaine
moderne, faisant triompher un "humour juif" déjà illustré dans le domaine du burlesque
par les Marx Brothers au début du parlant, Jerry Lewis ou Mel Brooks. Woody Allen crée
à la fois un personnage original et un humour à fort soubassement culturel.
D'après Joël Magny dans Universalis.
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Présenter un film du patrimoine
Quelques repères
Le public
quel est-il ?
La présentation doit tenir compte du public accueilli (classes, groupes divers,
public habituel, cinéphiles...) qui a des attentes différentes
Intérêts de la présentation
Compléter une culture cinématographique
Une découverte ou redécouverte dans de bonnes conditions, en grand écran
Donner accès à des films oubliés
Porter un regard différent, nouveaux sur des films qui appartiennent à l'histoire
du cinéma
Partager une passion pour un film, pour le cinéma, communiquer son plaisir (le
« gai savoir » )
Choisir le moment de l'intervention : Parler avant et/ou après le film ?
avant : présenter le contexte, relever les points d'intérêts (la difficulté étant de
ne pas déflorer l'intrigue du film)
après : proposer une analyse plus précise et un échange avec la salle
Les besoins pour construire sa présentation :
Se documenter (ouvrages...)
Une certaine culture cinématographique et connaissance du film sont nécessaires.
Quelques pistes pour construire la présentation :
(entre parenthèses, exemples
donnés pour Charade)
Mettre l'accent sur certains passages même si le film n'est pas connu
Replacer le film dans son contexte, le genre qu'il représente, le mouvement
auquel il appartient ou pas (la comédie américaine)
Donner quelques clés essentielles sur le film : un retour sur l'histoire de..(la
comédie américaine, liens à la comédie musicale) ; un personnage incontournable, à l'écran ou
dans la production (Cary Grant) ; le décryptage de certaines scènes importantes pour le
sens, dans leur construction formelle (références aux films d'Hitchcock)
l'origine des réalisateurs (Stanley Donen, un cinéaste à part)
la réception du public à l'époque (Voir un enthousiasme critique)
Laisser une trace écrite
Fiche spectateur
Chronologie...
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Documents disponibles pour les bibliothèques
Ouvrages
Hollywood et la difficulté d'aimer. Laurent Jullier. Stock, 2004
Politique des acteurs : Gary Cooper, John Wayne, Cary Grant, James Stewart. Luc
Moullet. Cahiers du cinéma, 1993
Audrey : une vie en image. Carol Krenz. Soline, 1998
Audrey Hepburn : souvenirs et trésors d'une femme d'élégance. Ellen Erwin, Jessica
Z. Diamond. - Naïve, 2006
Cary Grant. Taschen, 2007
Films
Les enchaînes (Notorious). Alfred Hitchcock, 1946
Un jour à New-York ( On the Town). Gene Kelly, Stanley Donen, 1949
Mariage royal (Royal Wedding). Stanley Donen, 1951
Chantons sous la pluie ( Singin' in the Rain). Gene Kelly, Stanley Donen, 1951
Les Sept femmes de Barberousse (Seven Brides for Seven Brothers). Stanley Donen, 1954.
Drôle de frimousse (Funny Face). Stanley Donen, 1956
Pique-nique en pyjama (The Pajama Game). Stanley Donen 1957
Charade. Stanley Donen, 1963
My Fair Lady. George Cukor, 1963
Arabesque. Stanley Donen, 1966
Voyage à deux (Two for the Road). Stanley Donen, 1966
Fantasmes (Bedazzled). Stanley Donen, 1967
Saturne 3. Stanley Donen, 1980
Documentaire
Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain. Martin Scorsese,
Michael Henry Wilson, 1995
Sites
Site de fan sur Audrey Hepburn
http://audrey.hepburn.free.fr/
Site Bifi (Bibiblithèque du film); 80 photos numérisées de Charade accessibles en ligne
http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php
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