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CHARADE de Stanley Donen – Etats-Unis – 1963 1h53 - Technicolor Dossiers réalisés par l'espace Histoire-Image de la médiathèque de Pessac dans le cadre des Ciné-Mémoires de l'Association des Cinémas de Proximité en Aquitaine et du Pôle régional d'éducation artistique et de formation au cinéma et à l'audiovisuel (Aquitaine) Scénario : Peter Stone, Marc Behm Producteur : Stanley Donen, James H. Ware / Universal International Directeur photographie : Charles Lang Jr. Ingénieur du son : Jacques Carrère Musique : Henry Mancini Décor : Jean d'Eaubonne Costumes : Hubert de Givenchy Montage : Jim Clark Date de tournage : 1962 Sortie en France en 1963 Interprétation Cary Grant... Peter Joshua James Coburn... Tex Pentollow Audrey Hepburn... Regina Lambert George Kennedy... Herman Scobie Walter Matthau... Hamilton Bartholomew Ned Glass... Leopold W. Gideon Jacques Marin... Insp. Edouard Grandpierre -1- Résumé Regina Lambert (Reggie) est à Megève pour les sports d'hiver, elle a pris la décision de divorcer et fait la connaissance de Peter Joshua. À son retour à Paris, elle découvre son appartement dévasté et vidé de ses meubles. L'inspecteur Grandpierre lui apprend l'assassinat de son mari, dans un train, alors qu'il se préparait à partir vers l'Amérique du Sud. Fait troublant, on a retrouvé quatre passeports différents à son nom. En fait, Reggie ne sait rien de son mari, ni de sa famille, ni de son travail. L'agent Bartholomew de la CIA lui apprend que pendant la Seconde Guerre mondiale, son mari et quatre complices ont volé 250 000 dollars US, destinés à financer les Résistants français. Arrêtés par les Allemands, l’un deux, Dyle, a été abattu. Reggie est poursuivie par les complices du forfait, ceux-ci étant persuadés que son mari lui a transmis le butin. Elle demande de l'aide à Joshua, l’homme rencontré à Megève, mais il semble de connivence avec les voleurs. De plus, elle lui découvre successivement plusieurs identités. Ses poursuivants sont mystérieusement assassinés les uns après les autres et les recherches révèlent le secret du butin : l'argent a été converti en trois timbres de collection. Au final, l’agent Bartholomew de la CIA n’est autre que le complice que tout le monde croyait mort, et Peter Joshua appartient aux services secrets américains. La restitution donne lieu à une demande en mariage. -2- Bio-filmographie Stanley Donen, né le 13 avril 1924 à Columbia, Etats-Unis Dès son plus jeune âge, Stanley Donen apprend à danser et fait ses débuts à Broadway en 1940 dans Pal Joey. Là, il rencontre Gene Kelly qui tient le rôle principal et George Abbot, le metteur en scène. Ils deviennent ses amis et collaborateurs. Stanley Donen suit Gene Kelly à Hollywood et tout en continuant à danser, commence à chorégraphier seul pour la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). Il devient surtout l'assistant personnel de Gene Kelly. Ainsi, lorsque l'on confie la réalisation d'Un jour à New York (1949) à Kelly, celui-ci demande naturellement à Donen d'être son assistant. Cette première collaboration marque l'histoire de la comédie musicale américaine et le début de Donen dans sa carrière de réalisateur. Fort de ce succès, les deux hommes réalisent ensemble une pièce maîtresse de ce genre, Chantons sous la pluie (1952). Drôles, originaux et inventifs, ils racontent le passage du cinéma muet au parlant, sur un rythme effréné. En 1955, Beau fixe sur New York ne remporte pas le succès commercial escompté. Parallèlement à cette collaboration avec Gene Kelly, Stanley Donen fait ses preuves seul. Il montre l'étendue de son talent dans Les Sept femmes de Barberousse (1954). Drôle de frimousse (1957) confirme ses qualités de réalisateur de musical ( le dernier rôle dansé de Fred Astaire et déjà Audrey Hepburn). Après Pique-nique en pyjama (1957), réalisé en collaboration avec George Abbot, Stanley Donen se lance dans la comédie pure. Il prend Londres comme quartier général et, avec Indiscret (1958), commence une longue série de comédies élégantes, interprétées par des acteurs de prestige comme Ingrid Bergman ou Cary Grant. Donen a continué d'employer pour ses comédies la virtuosité technique acquise avec ses 'musicals'. La juxtaposition de ce langage très cinématographique et de scénarios délibérément théâtraux a engendré un heureux contraste dans leur réalisation. Ce même contraste est utilisé dans les comédies policières Charade (1962) et Arabesque (1965). Dans Voyage à deux (1967), considéré comme son dernier grand film personnel, il retrouve Audrey Hepburn son actrice fétiche, et se livre à un véritable bilan sur luimême et sa génération. En 1968, L'Escalier, l'histoire de deux coiffeurs homosexuels vieillissants, est un échec. Dans les années 1970, il renoue avec la comédie musicale hollywoodienne. Il en résulte Folie, folie (1978), dans lequel il parodie avec affection les comédies musicales des années 1930. Il s'essaie à la science-fiction avec Saturn 3 (1980) continuant sur le chemin de l'hommage / parodie et de l'appropriation de multiples formes. La fin de sa carrière trahit un certain désarroi et désenchantement. Sans doute hanté par le passé, Donen fut parfois prisonnier de sa nostalgie, « On ne peut pas chanter sous la pluie toute sa vie » disait-il, mais il garde une place prépondérante dans l'histoire du cinéma américain. -3- Cary Grant, né le 18 janvier 1904 à Bristol, Grande-Bretagne † le 30 novembre 1986. Fils d'un modeste tailleur, mauvais élève, il se révèle très habile de ses mains et invente, enfant, un nouveau moyen d'éclairage théâtral. L'électricien du collège, impressionné, le présente au directeur d'un théâtre de Bristol. Là, à quinze ans, il décide de devenir acteur. Il quitte ses parents et se fait engager dans la troupe Pender et y apprend la danse, l'acrobatie et le métier de clown. L'année suivante, il part pour New York, avec une partie de la troupe pour y montrer une revue musicale. En 1921, il revient en Angleterre, fait la connaissance du producteur Arthur Hammerstein qui le ramène à New York et le fait engager sous le nom d'Archie Leach dans plusieurs spectacles de Broadway. Puis il part tenter sa chance à Hollywood. Agile, élégant, l'air faussement détaché, il sert d'abord de jeune premier à des partenaires de renom telle que Marlène Dietrich (Blonde Venus – 1932). Il s'impose aux côtés de Mae West dans Lady Lou - 1933 prouvant qu'il sait aussi manier l'art de la répartie. Dans Sylvia Scarlett – 1935 de George Cukor, avec Katharine Hepburn, il révèle l'étendue de son talent et enchante la critique. Grant quitte alors la Paramount pour s'installer à son compte et tourne en moyenne huit films par an. Le couple invisible de Norman MacLeod puis Cette sacrée vérité de Leo McCarey le propulsent au rang de vedette, Grant devient le prince de la comédie américaine. Séducteur invétéré, il joue son propre rôle avec une élégance sportive, capable de se jeter dans les situations les plus rocambolesques juste pour les besoins du rire. Il rejoint le mythe dans les comédies Arsenic et vieilles dentelles – 1943 de Frank Capra ou Embrasse-la pour moi – 1957 de Stanley Donen. A tel point que les cinéastes ne se risquent guère à l'employer autrement. Pourtant, le mélodrame lui réussit (La chanson du passé – 1941 de George Stevens, Elle et lui – 1957 de Leo McCarey). Mais c'est surtout Alfred Hitchcock qui exploite la note inquiétante de sa séduction (Soupçons – 1941, Les Enchaînés – 1946, La Main au collet – 1954, La Mort aux Trousses – 1959). Après le succès d'Opérations Jupons – 1959 de Blake Edwards, Grant tourne moins. Il se retire du cinéma en 1966. Il reçoit un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1970. d'après Christian Dureau. Dictionnaire international des acteurs du cinéma. Editions La Mascara. 2002. et http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php -4- Audrey Hepburn, née le 4 mai 1929 à Bruxelles, Belgique † le 20 janvier 1993. D'un père irlandais et d'une mère allemande, c'est à Amsterdam, puis à Londres qu'elle poursuit ses études. Elle suit des cours de danse et d'art dramatique à la Marie Rambert's School. Elle a onze ans quand sa mère la renvoie en Hollande, pensant qu'elle y sera plus en sécurité qu'en Angleterre. Inscrite au Conservatoire musicale d'Arnheim, elle interrompt une nouvelle fois ses études quand les Allemands envahissent le pays, confisquant la fortune de ses parents. Après la seconde guerre mondiale, elle travaille comme mannequin et apparaît dans des spectacles musicaux londoniens. Remarquée par Colette, elle est engagée pour le rôle de Gigi qui doit être monté à Broadway. Audrey Hepburn conquiert très vite Hollywood. William Wyler, alors en quête d’une comédienne pour la princesse de ses Vacances Romaines, reconnaît en elle une aristocrate "jusqu’au bout des doigts". Elle convainc en amoureuse tenue au secret par sa condition d’altesse. Billy Wilder renouvelle l’expérience avec Sabrina où l’actrice incarne une ingénue au dessein mystérieux. Mais Audrey Hepburn est aussi capable d’intensité. Elle est la Natacha Rostov de Guerre et Paix – 1956. Drôle de Frimousse – 1957 de Stanley Donen lui va parfaitement (tout comme les robes de Givenchy). Avec Le vent de la plaine – 1960, John Huston la révèle dans un genre qui ne lui est pas familier, le western. Elle est aussi ardente qu’imprévue dans Diamants sur Canapé –1961 (Blake Edwards). Audrey Hepburn doit sa légende à sa métamorphose dans My Fair Lady – 1964 (George Cukor). Pour ce film, elle chante, danse et consent même à s’exercer à la prononciation anglaise dans une scène devenue immortelle. Après Seule dans la nuit – 1967 (Terence Young) et La Rose et flèche – 1970 (Richard Lester), elle se retire des écrans. En 1990, elle revient une dernière fois au cinéma et incarne un ange pour Steven Spielberg dans Always. En 1988, elle est ambassadrice pour l’UNICEF et se rend en mission en Somalie en 1992. d'après Christian Dureau. Dictionnaire international des acteurs du cinéma. Editions La Mascara. 2002.et http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php -5- QUELQUES PISTES DE PRESENTATION Gilbert Salachas dans Télérama le 12/01/1964 Dynamisme, humour et beauté plastique, telles sont les qualités de ce très joli divertissement... A cela s'ajoute des effets spectaculaires démesurément grossis et « empruntés », comme pour une parodie, aux spécialistes du film d'espionnage et de suspense. Une bataille sur un toit, un homme accroché au dessus du vide, une poursuite dans un théâtre désert, cela ne vous rappelle rien ? Alors, je continue ; substitution d'identité, échange de personnalité, aveu enfin. Oui, ce film est aussi une aimable satire. Et vous avez tous deviné que dans cette Charade, mon tout c'est... (1) (1) Alfred pour les amis Un film hommage Stanley Donen s'est spécialisé dans la comédie musicale, avec notamment Chantons sous la pluie (Singin' in the Rain) en 1952. Avec Charade, il nous propose une comédie policière où le spectateur oscille entre le suivi de l'intrigue avec une série d'assassinats et la veine comique dont procède le jeu des acteurs. Au dialogue piquant du duo Cary Grant / Audrey Hepburn s'ajoute la balourdise de l'inspecteur Grandpierre (Jacques Marin), dont les interventions confinent au burlesque. Le film contient de nombreuses références à d'autres œuvres cinématographiques, à commencer par Vincente Minnelli, quand se promenant sur les quais de Seine, Reggie dit « C'est ici que Gene Kelly dansait dans Un Américain à Paris. Plus tard, on entend quelques notes de Chantons sous la pluie. Ailleurs, on entrevoit un décor de Drôle de frimousse. Il y a des références à l'œuvre d'Hitchcock avec la bagarre sur le toit qui est une allusion à Sueurs froides, l'enlèvement d'enfant à L'homme qui en savait trop et le meurtre dans la baignoire à Psychose. Le déroulement de l'intrigue et la présence de Cary Grant ne sont pas sans rappeler La Mort aux trousses. Stanley Donen récidiva dans ce genre de divertissement pétillant et malicieux, en signant en 1966 Arabesque, situé à Londres et plus axé sur l'espionnage, avec Gregory Peck et Sophia Loren. Un enthousiasme critique L'enthousiasme de la critique à la sortie du film mérite qu'on s'y intéresse. Il était bien sûr jubilatoire pour les journalistes de partir à la recherche des multiples références cinématographiques parsemées dans le film. L'Humanité le 31/12/1963 « [Stanley Donen] vient de réaliser son chef-d'oeuvre : Charade. C'est une comédie musicale sans musique, un ballet sans danse, un film à suspense avec une terreur pour rire et de vrais cadavres qu'on ne peut pas prendre au sérieux... Stanley Donen, pour notre plaisir, ne dissimule pas le sien, quand il pastiche Alfred Hitchcock, Vincente Minelli et les meilleurs réalisateurs d'Hollywood. Mais au-delà du pastiche – ce qui ne peut amuser que les initiés – il y a un film drôle, remarquablement conduit, qui peut passionner le plus large public. Le savoir-faire du metteur en scène, son talent et son métier, méritent mieux qu'un coup de chapeau. Charade est un petit bijou finement ciselé, selon toutes les recettes éprouvées par le cinéma américain, avec un art exceptionnel. » Mais c'est surtout la joie et la bonne humeur que dégage le film qui enthousiasment la critique. Arts le 01/01/1964 Cette manière de prendre gaiement les choses a toutes les séductions du monde. Et d'abord celle du bonheur. C'est un film qui rend heureux. Allez le voir. Combat le 20/12/1963 Quelle joie de voir enfin un film parfait, qui tient ses promesses, qui ne prétend bouleverser ni le -6- monde, ni l'histoire du cinéma et dont le seul but est de divertir ! Ce film si rare en son genre c'est Charade ; Stanley Donen – qui a bien du talent – y réunit l'intrigue policière, le suspense et le gentil marivaudage de la comédie américaine. Et chacun y va de sa petite charade : Libération le 25/12/1963 Mon premier est Audrey Hepburn, mon second est Cary Grant, mon troisième est l'excellent metteur en scène Stanley Donen et mon tout est une comédie à suspense parfaitement réussie... Tout ceci pour dire que Stanley Donen nous montre un vrai Paris, un vrai Megève et qu'on ne peut plus reprocher au cinéma américain les bourdes qu'il commettait invariablement chaque fois qu'on essayait de singer une ambiance européenne... Le plupart de [nos jeunes réalisateurs] devraient bien aller voir ce modèle de construction cinématographique, constater la maîtrise d'un réalisateur pour lequel aucun plan n'est inutile et parfaitement mesuré, ce qui ne l'empêche pas de diriger ses comédiens avec une précision absolue. Et reconnaître qu'un bon film, qu'il soit commercial, artistique, ambitieux ou nouvelle vague est toujours un bon film. Seuls, Les Cahiers du Cinéma (n° 152, Février 1964) se montrent critique vis à vis de ce film : « Donen (...) n’a pas été touché par la grâce. Cela n’a pas le charme magique de ses grandes comédies musicales... Il est difficile devant un film que l’on voit avec un sourire constant, qui est toujours joli à regarder, et où Cary Grant et Audrey Hepburn ont accordé avec habilité leurs talents respectifs, de déceler où est le défaut et la source de notre déception. "Comédie à suspense" dit Donen. La recette est bien connue, mais le secret de la réussite est sans doute dans le dosage, et c’est Hitchcock qui en connaît le mieux les proportions. » Cary Grant / Audrey Hepburn Claude Tarare dans L'Express le 16/12/1963 Quand il aura quatre-vingt ans, plus un cheveu ni une dent à lui, si des rhumatismes ne l'empêchent pas de se poser en S, la tête sur le côté, les sourcils levés, les bras pliés et légèrement écartés du corps, Cary Grant pourra, sans que personne crie à l'inceste, séduire, à l'écran, des filles de vingt-cinq ans. Au départ, Cary Grant était inquiet de sa différence d'âge avec Audrey Hepburn, jusqu'à ce que le scénariste Peter Stone ne le mette à l'aise avec un complément de dialogue qui fait la lumière sur leur disparité d'âge. Les scènes romantiques ont été sagement limitées à un minimum, permettant à leur relation de s'exprimer en grande partie par la chimie naturelle et l'imagination des spectateurs. Lors d'une interview en 1963, Grant dit : "Tout que je veux pour Noël est un autre film avec Audrey Hepburn !". Malheureusement, ils ne travailleront plus jamais ensemble. La comédie américaine La "comédie américaine" ne prend son véritable essor qu’au début des années 30. Même si elle entretient avec la "comédie musicale", née par définition avec le parlant, des relations rendues inextricables par la présence des mêmes réalisateurs, acteurs ou scénaristes, elle ne saurait se confondre avec sa sœur jumelle qui subit dans les années 60, un déclin irrémédiable, alors que la comédie pure se prolonge de nos jours au prix de nombreuses transformations. S’opposant aux genres épiques – western, films d’aventure ou de guerre – la comédie se met plus volontiers sur le terrain du quotidien, proposant une critique parfois acerbe des mœurs et des valeurs américaines. A côté du burlesque se développe dès la fin des années 1910, une comédie de mœurs, devenue comédie mondaine. Mais c’est le réalisateur allemand, Ernst Lubitsch, qui invente la sophisticated comedy. La "sophistication" concerne moins le sujet que le milieu social, le décor et surtout le -7- raffinement stylistique qui joue avec maestria des vertus de l’ellipse, de la litote et du double langage. Le parlant ne fait que renforcer ces dédoublements et détournement de sens : Haute Pègre – 1932, Sérénade à Trois – 1933... On peut aussi citer les comédies de Georges Cukor : Les Invités de minuit – 1933, Sylvia Scarlett – 1935, Femmes – 1939, Indiscrétions – 1940. A l’opposé, une comédie plus populaire choisit de se situer dans des milieux moins aisés et ne répugne pas à des situations empruntées au bon vieux burlesque. La sexualité y est plus ouvertement donnée d’emblée comme le ressort de l’intrigue. Cette tough comedy, correspond au dynamisme et à la modernité dans lesquels aime à se reconnaître le public américain. En 1934 s’opère symboliquement la synthèse entre sophistication et populisme. Avec New York – Miami, Frank Capra donne naissance à la screwball comedy, qui correspond parfaitement au terme français de comédie américaine. Par la suite, il développe le genre en s’orientant vers le film à message socio-politique (L’extravagant M. Deeds – 1936, Vous ne l’emporterez pas avec vous – 1938, M. Smith au sénat – 1939, L’Homme de la rue – 1941). L’éloge du libéralisme, la lutte contre le nazisme puis contre le communisme font intimement partie de ce genre : Ninotchka – 1941, To be or not to be – 1942, Comrad X – 1940, Living in a Big Way – 1947. Si un cinéaste tel que Howards Hawks semble étranger aux préoccupations sociales, ses meilleures comédies (Train de luxe – 1934, L’Impossible Monsieur bébé – 1938) constituent une subtile réflexion sur l’évolution d’une Amérique passée de l’ère des pionniers à celle des savants et des techniciens. Un nouveau venu, Preston Sturges réinsuffle au genre le dynamisme et l’esprit du burlesque primitif. Dans une époustouflante dépense d’énergie, il dynamite les lois d’un genre qui perd ainsi son rôle de miroir social. Miracle au village – 1943, Infidèlement vôtre – 1948 ou Mademoiselle Mitraillette – 1949, portent moins sur la société américaine que sur sa représentation, la comédie faisant ainsi retour sur elle-même. Cet aspect iconoclaste se retrouve dans les comédies de Frank Tashlin, ancien gagman de Harpo Max et dessinateur de cartoon. C’est lui qui développe le personnage de Jerry Lewis, entre burlesque et comédie moderne. Les films de Lewis lui-même se réfèrent également fréquemment au cinéma et à ses genres. C’est également dans cette veine burlesque qu’il faut situer Blake Edwards (Diamants sur canapé – 1960, La Grande course autour du monde – 1965). Son ami Richard Quine oscille, lui, entre satire sociale ( Une Cadillac en or massif – 1956) et sophistication sentimentale (Adorable voisine – 1958, Une vierge sur canapé – 1964). L’une des personnalités la plus marquante de la période 1950-1970 est Billy Wilder, qui fait rire en 1953 avec une comédie située dans un "Stalag" (Stalag 17). Quoique formé à l’école viennoise, Wilder se rapproche de la tough comedy, appelant "un chat un chat" et proposant une cruelle description des obsessions sexuelles et financières de la middle class américaine (Certains l’aiment chaud – 1959, La Garçonnière – 1960, Embrassemoi idiot – 1960). Dans une période plus récente, une autre personnalité a dominé la comédie américaine moderne, faisant triompher un "humour juif" déjà illustré dans le domaine du burlesque par les Marx Brothers au début du parlant, Jerry Lewis ou Mel Brooks. Woody Allen crée à la fois un personnage original et un humour à fort soubassement culturel. D'après Joël Magny dans Universalis. -8- Présenter un film du patrimoine Quelques repères Le public quel est-il ? La présentation doit tenir compte du public accueilli (classes, groupes divers, public habituel, cinéphiles...) qui a des attentes différentes Intérêts de la présentation Compléter une culture cinématographique Une découverte ou redécouverte dans de bonnes conditions, en grand écran Donner accès à des films oubliés Porter un regard différent, nouveaux sur des films qui appartiennent à l'histoire du cinéma Partager une passion pour un film, pour le cinéma, communiquer son plaisir (le « gai savoir » ) Choisir le moment de l'intervention : Parler avant et/ou après le film ? avant : présenter le contexte, relever les points d'intérêts (la difficulté étant de ne pas déflorer l'intrigue du film) après : proposer une analyse plus précise et un échange avec la salle Les besoins pour construire sa présentation : Se documenter (ouvrages...) Une certaine culture cinématographique et connaissance du film sont nécessaires. Quelques pistes pour construire la présentation : (entre parenthèses, exemples donnés pour Charade) Mettre l'accent sur certains passages même si le film n'est pas connu Replacer le film dans son contexte, le genre qu'il représente, le mouvement auquel il appartient ou pas (la comédie américaine) Donner quelques clés essentielles sur le film : un retour sur l'histoire de..(la comédie américaine, liens à la comédie musicale) ; un personnage incontournable, à l'écran ou dans la production (Cary Grant) ; le décryptage de certaines scènes importantes pour le sens, dans leur construction formelle (références aux films d'Hitchcock) l'origine des réalisateurs (Stanley Donen, un cinéaste à part) la réception du public à l'époque (Voir un enthousiasme critique) Laisser une trace écrite Fiche spectateur Chronologie... -9- Documents disponibles pour les bibliothèques Ouvrages Hollywood et la difficulté d'aimer. Laurent Jullier. Stock, 2004 Politique des acteurs : Gary Cooper, John Wayne, Cary Grant, James Stewart. Luc Moullet. Cahiers du cinéma, 1993 Audrey : une vie en image. Carol Krenz. Soline, 1998 Audrey Hepburn : souvenirs et trésors d'une femme d'élégance. Ellen Erwin, Jessica Z. Diamond. - Naïve, 2006 Cary Grant. Taschen, 2007 Films Les enchaînes (Notorious). Alfred Hitchcock, 1946 Un jour à New-York ( On the Town). Gene Kelly, Stanley Donen, 1949 Mariage royal (Royal Wedding). Stanley Donen, 1951 Chantons sous la pluie ( Singin' in the Rain). Gene Kelly, Stanley Donen, 1951 Les Sept femmes de Barberousse (Seven Brides for Seven Brothers). Stanley Donen, 1954. Drôle de frimousse (Funny Face). Stanley Donen, 1956 Pique-nique en pyjama (The Pajama Game). Stanley Donen 1957 Charade. Stanley Donen, 1963 My Fair Lady. George Cukor, 1963 Arabesque. Stanley Donen, 1966 Voyage à deux (Two for the Road). Stanley Donen, 1966 Fantasmes (Bedazzled). Stanley Donen, 1967 Saturne 3. Stanley Donen, 1980 Documentaire Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain. Martin Scorsese, Michael Henry Wilson, 1995 Sites Site de fan sur Audrey Hepburn http://audrey.hepburn.free.fr/ Site Bifi (Bibiblithèque du film); 80 photos numérisées de Charade accessibles en ligne http://cineressources.bifi.fr/recherche_t.php - 10 -