la ligne de chemin de fer pontoise- poissy : un

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la ligne de chemin de fer pontoise- poissy : un
Dans l'agglomération
LA LIGNE DE CHEMIN
DE FER PONTOISEPOISSY : UN TACOT
MAL COTÉ
Née voilà un siècle, la ligne de chemin de fer Pontoise-Poissy n’a été
exploitée que 21 ans avant de devenir... sentier de randonnée.
Halte de Jouy-le-Moutier - 1927 © Collection Clavier
Quatre allers et retours par jour, 19 arrêts desservis, 21 km couverts en
1h15 : la voie ferrée Poissy-Pontoise, inaugurée le 4 décembre 1912, était
prometteuse. Élus locaux et exploitants agricoles la réclamaient depuis 1880.
Avec les lignes Magny-Pontoise et Meulan-Magny, elle formait un réseau
utile pour livrer Paris et les marchés de Poissy et Saint-Germain en fruits,
légumes et vins produits à Cergy, Vauréal, Jouy-le-Moutier, Neuville ou
Maurecourt, transportant aussi des voyageurs et, au retour, les boues de la
capitale, utilisées comme engrais.
Tout à l’éco
Mais la petite ligne déçoit vite. Le département de la Seine-et-Oise et la
compagnie exploitante, privée comme toujours à l’époque, l’ont en effet
conçue à l’économie. Ainsi, le tracé de la voie unique emprunte souvent le
réseau routier ou le chemin de halage, pour réduire les frais d’expropriation.
Des rampes un peu trop fortes et des rayons de courbure serrés limitent les
coûts de terrassement et de matériaux. Du coup, lors des premiers essais, le
train déraille une fois sur deux entre Pontoise et Cergy. Quant au matériel
roulant, d’occasion, il est dépeint par la presse locale comme « une série de
rossignols » au chauffage intermittent, dont on ne peut fermer les fenêtres.
Selon un inspecteur, 50 % du parc de locomotives n’est pas en état de
rouler…
Décati, le tacot
Conséquence de ces économies, des pannes fréquentes, des pièces de
rechange introuvables car trop anciennes et des retards en série, voire des
trajets interrompus, laissant les voyageurs finir à pied leur périple… Dès le
1er mai 1913, les avaries successives ont raison des quatre rotations
quotidiennes, qui passent à trois. Un contentieux s’amorce entre le préfet et
la compagnie, qui abandonnera l’exploitation le 1er mai 1916. Première
Guerre mondiale oblige, une partie de la voie est démontée et le matériel
réquisitionné. Reconstruite à l’identique aux frais de l’état, la ligne reprend
son activité en octobre 1921.
Reconversion
Sursaut commercial, de 1926 à 1933, les trains empruntent les voies de
tramway pour rallier les Halles depuis Cergy sans correspondance, via la
place de l’Étoile, de nuit. Mais les habitants chics des quartiers parisiens
traversés font cesser ces nuisances nocturnes. Progressivement, le tacot
s’efface devant la route : la section Poissy-Maurecourt ferme en 1934,
Maurecourt-Gency en 1939, tandis que Gency-Pontoise fonctionne dix ans de
plus. Un siècle plus tard, le sentier de randonnée aménagé sur l’ancien
tracé, qui suit la boucle de l’Oise à flanc de coteau, permet au promeneur de
rallier Maurecourt depuis Cergy village et de découvrir quatre viaducs en
meulière, aussi beaux qu’anachroniques.
GRANDE & PETITES HISTOIRES
André Metzger, ancien professeur d’histoire, ancien maire-adjoint de Jouyle-Moutier
André Metzger a consulté diverses archives pour bâtir une exposition sur les cent
ans de la voie ferrée, et recueilli divers témoignages d’usagers du petit train. L’un
confie avoir échangé son premier baiser dans le tacot. L’autre se souvient des
vaches venant paître sur la voie, que les gamins chassaient, le tacot heurtant un
soir l’une d’elles, trop téméraire, qui fut tuée sur le coup tandis que le train
déraillait. Une voyageuse menucourtoise, écolière à l’époque, raconte le chef de
train, descendu au passage à niveau puis « oublié » par le conducteur, qui dut
courir derrière le convoi, à la grande joie des gamins. Et en cas de panne, le calcul
était le suivant : deux heures pour chauffer la machine à Magny, deux heures de
trajet Magny-Pontoise, près d’une heure pour atteler, manœuvrer et revenir à
Menucourt. Les élèves pouvaient ainsi rentrer de l’école à 1 heure du matin…
PRATIQUE
Départ du sentier de randonnée : ancienne
gare de Cergy, place de Verdun à Cergy
village
EN SAVOIR PLUS
« Les petits trains et les tramways du Val
e
d’Oise, du XIX siècle aux années 2000 »
de Claude Wagner, paru aux Éditions du
Valhermeil, est disponible dans les
bibliothèques du réseau.