theme 3 l`union européenne : dynamiques de

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THEME 3
L’UNION EUROPÉENNE : DYNAMIQUES DE DÉVELOPPEMENT DES
TERRITOIRES
QUESTION 2
LES TERRITOIRES ULTRAMARINS DE L’UE ET LEUR DÉVELOPPEMENT
CHAPITRE 1
LE DÉVELOPPEMENT D’UN TERIRITOIRE ULTRAMARIN : ENTRE UNION
EUROPÉENNE ET AIRE RÉGIONALE
Etude de cas : La Guadeloupe
INTRODUCTION
Les 30 territoires ultramarins de l’Union Européenne partagent des handicaps
structurels liés à leur éloignement, à leur insularité et souvent aussi à des
contraintes naturelles puisque un grand nombre de ces territoires sont
volcaniques et soumis à un climat tropical et à des risques naturels. Parmi
eux, 12 appartiennent au territoire français. Ils sont dispersés dans trois
océans. Ces territoires sont les héritages d’une colonisation ancienne dans les
Caraïbes, l’Océan indien et le Pacifique.
La singularité de ces espaces réside dans le fait que ce sont des territoires de
l’Union Européenne bénéficiant de ce fait d’une certaine prospérité, enclavés
dans des aires régionales beaucoup moins développées. Comme d’autres
territoires ultramarins, la Guadeloupe, enserrée dans l’aire Caraïbe, bénéficie
d’un certain développement lié à son appartenance à la France et à l’UE.
PROBLÉMATIQUE
Comment se manifeste la double appartenance de la Guadeloupe à l’espace
européen et à l’aire Caraïbe ?
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ANNONCE DU PLAN
1. Les caractéristiques de la Guadeloupe.
2. La Guadeloupe, un territoire de l’Union Européenne.
3. La faible intégration de la Guadeloupe dans l’aire caraïbe.
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1. Les caractéristiques de la Guadeloupe.
A. Un département d’outre-mer.
La Guadeloupe est une île des Caraïbes appartenant géographiquement au
continent américain et située à 6.200 km de la France métropolitaine. Elle est
constituée de deux îles principales (Grande Terre et Basse Terre et de leurs
dépendances (Marie Galante, les Saintes, Petite Terre et la Désirade), au
cœur de l’arc des petites Antilles, entre la mer des Caraïbes et l’océan
Atlantique.
La Guadeloupe a le statut de Département d’Outre-Mer (DOM) depuis 1946,
et depuis 2003 elle est Département et Région d’Outre Mer (DROM). Ce
statut en fait un territoire de l’Union Européenne, malgré son appartenance
géographique au continent américain et aux Caraïbes. Son éloignement
extrême par rapport à l’UE en fait une RUP (Région Ultra Périphérique) aux
yeux de l’UE, au même titre que la Martinique, la Guyane, la Réunion et de ce
fait bénéficie d’aides spéciales liées à son éloignement.
A l’éloignement, s’ajoutent d’autres difficultés, telles que l’insularité et des
contraintes géographiques particulières : Basse-Terre est volcanique (la
Soufrière), la fréquence des cyclones.
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B. La population de la Guadeloupe et les indicateurs de
développement.
La Guadeloupe compte 450.000 habitants et une densité moyenne de 265
hab/km2 ce qui est plus élevé que la France métropolitaine (115). La densité
réelle est en fait supérieure puisque la population est concentrée sur le
littoral. La Guadeloupe compte deux villes principales : Basse-Terre et son
agglomération (30.000 habitants) et Point-à-Pitre et son agglomération
(110.000 habitants).
La population guadeloupéenne est plus pauvre que celle de la France
métropolitaine : le PIB par habitant est de 17.000$ par an et par habitant,
contre 25.000 en France métropolitaine. De même, le taux de chômage
s’élève à 23,4% contre 9,4% pour la métropole. L’IDH (0,914 soit le 21ème rang
mondial) y est cependant supérieur que dans le reste de la région caraïbe
tout en étant inférieur au PIB de la France métropolitaine (0,946).
Les indicateurs démographiques se rapprochent de ceux de la France
métropolitaine et on constate un vieillissement de la population bien que la
population guadeloupéenne soit plus jeune que la population de la France
métropolitaine. La population jeune a tendance à quitter de plus en plus le
territoire de la Guadeloupe vers la métropole afin de trouver un emploi,
tandis que l’île enregistre une immigration de retraités, ce qui accélère
davantage le processus de vieillissement.
C. Les activités économiques.
Le tourisme constitue une activité essentielle de la Guadeloupe. Toutefois,
ses recettes n’empêchent pas la Guadeloupe d’être déficitaire (plus de 2.000
millions d’euros importés, contre environ 200 millions importés en 2009).
C’est un secteur assez peu développé si on le compare avec le reste de la
zone-Caraïbe. Ainsi, en 2009, la Guadeloupe a reçu 364.000 touristes, tandis
que la République dominicaine en recevait 4 millions : infrastructures
insuffisantes, main d’œuvre chère par rapport au reste de la région et
desserte aérienne insuffisante.
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D’autre part, les échanges commerciaux sont très dépendants de la
métropole, qui représente plus de 50% des importations de la Guadeloupe.
Les exportations reposent sur la production de bananes et, dans une
moindre mesure, la filière canne-sucre-rhum (fait vivre environ 30.000
personnes). Mais la production et les exportations sont en baisse dans ces
deux secteurs. La Guadeloupe produit de l’ananas, du café, du cacao et de la
vanille, mais en petite quantité. Quant aux autres secteurs d’activité (pêche,
élevage, industrie, artisanat), ils sont destinés á la consommation locale et
n’exportent pas, mais ne satisfont pas la totalité des besoins de la
population. C’est pourquoi, la Guadeloupe doit importer l’essentiel de ses
produits alimentaires et manufacturés.
2. La Guadeloupe, un territoire de l’Union Européenne.
A.
Le soutien de l’UE
Depuis une vingtaine d’années, l’UE soutient économiquement la
Guadeloupe dans le cadre de sa politique de cohésion destinée à rééquilibrer
le territoire de l’Union et à rattraper le retard économique des RUP (Régions
Ultra Périphériques). Ce soutien financier européen s’ajoute au soutien
économique national et régional. Les Fonds Européens du « Programme
Opérationnel Guadeloupe » représentent 871 millions d’Euros pour la
période 2007-2013 et sont répartis de la manière suivante :
 FEDER (Fonds Européen de Développement Régional)
 FSE (Fonds Social Européen)
 FEADER (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural)
 FEP (Fonds Européen pour la Pêche)
Les objectifs sont multiples : aides aux entreprises, construction
d’infrastructure (rénovation urbaine, transports, barrages, aménagements
portuaires), aide à l’agriculture, au tourisme, à l’innovation, à la formation
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professionnelle, à la prévention des risques, le tout dans une perspective de
développement durable.
La politique d’aide européenne à la Guadeloupe s’articule autour de trois
axes :
 Accélérer le développement économique et améliorer la
compétitivité (tourisme, soutien aux entreprises et innovation).
 Offrir une meilleure qualité environnementale (problème du
traitement des eaux et des déchets et protection de la biodiversité)
 Renforcer la cohésion sociale (amélioration des transports collectifs,
rénovation urbaine, éducation).
B.
Des résultats nuancés.
RÉUSSITES
Secteur agricole :
Ces aides sont importantes quantitativement puisqu’en matière agricole,
elles représentent 30% de la valeur de la production. Elles ont permis à des
exploitations de restructurer ou d’affronter les accidents climatiques (le
cyclone Dean en aout 2007 a détruit 70% des bananeraies)
Education et formation professionnelle :
Amélioration de la couverture scolaire et de la formation professionnelle.
Infrastructures
Financements d’infrastructures nouvelles et modernisations de certaines
installations, comme l’adaptation des ports à la conteneurisation et création
de l’aéroport international « Pôle Caraïbes ».
NUANCES
Agriculture :
Un rapport de la cour des comptes de 2011 dresse un rapport assez négatif
du bilan de cette politique. L’aide aux secteurs exportateurs (banane et
sucre) se serait fait au détriment de productions plus diversifiées.
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Les objectifs en termes d’emplois agricoles n’ont pas été remplis : les emplois
agricoles ont chuté de 36%. Les aides ont été utilisés par les producteurs
pour se regrouper et réduire leur main d’œuvre.
L’agriculture vivrière qui devait s’en trouver encouragée afin de garantir la
sécurité alimentaire de la Guadeloupe n’a en fait pas progressé.
Environnement :
Résultats décevants. La part de l’agriculture biologique demeure insuffisante
(0,2% de la SAU).
Persistance des problèmes de pollution des eaux et des rivières.
3. La faible intégration de la Guadeloupe dans l’aire caraïbe.
A. Une ouverture limitée sur la région Caraïbe.
Comme d’autres Territoire d’outre-mer français, la Guadeloupe est assez peu
ouverte sur le monde et sur la région dans laquelle elle se trouve.
Ce phénomène s’explique en grande partie par le fait que la Guadeloupe,
comme les autres DOM français, bénéficie de la protection sociale et de
l’aide économique française et européenne et par conséquent ne ressent
pas le besoin de tisser des liens économiques avec la région qui l’entoure et
le reste du monde. Cela se traduit par une faible part de la région Caraïbe
dans le commerce extérieur de la Guadeloupe (9% des importations et 1%
des exportations). Par ailleurs, la Guadeloupe n’appartient pas lá la
communauté caribéenne (CARICOM) qui regroupe la plupart des Etats
insulaires du Bassin caraïbe dans une zone de coopération et de libreéchange.
Par ailleurs, l’appartenance de la Guadeloupe à la France entraine une cherté
des prix et par conséquent un enclavement de l’île et contribue à la rendre
peu attractive pour le tourisme international.
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B. Les solutions pour surmonter l’isolement.
La priorité est de désenclaver la Guadeloupe et d’améliorer son accessibilité.
C’est l’objectif de l’aménagement du terminal de conteneurs de port Jarry.
Toutefois, l’accessibilité aérienne avec le reste du monde demeure
déficiente. En effet, 90% des vols relient l’archipel à Paris et très peu avec le
reste du monde ou la région caraïbe.
Le second défi à relever consiste à diversifier les activités économiques et à
améliorer la compétitivité touristique de l’île afin de la rendre plus attractive.
De cette manière, la Guadeloupe devrait être mieux intégrée à la région
caraïbe. C’est l’objectif du programme de coopération territoriale Interreg IV
Caraïbes. Selon le site officiel de la Région Guadeloupe, l’objectif de ce
programme est de « renforcer les relations étroites avec les pays et
territoires avoisinants de la Caraïbe favorisant ainsi les échanges de
connaissances de bonnes pratiques et l’émergence de réseaux d’acteurs
économiques en vue de développer des projets structurant pour la Région
Caraïbe ».
CONCLUSION
Son économie essentiellement agricole et touristique, sa position
géographique et ses caractéristiques bioclimatiques font de la Guadeloupe
une île appartenant à l’aire caraïbe. Cependant, son intégration à la région
caraïbe est très faible et, comme les autres territoires ultramarins français,
elle apparait comme un espace enclavé à l’intérieur de son aire régionale. Au
contraire, malgré l’éloignement de l’Union Européenne, la Guadeloupe
semble davantage intégré à l’espace national français et à l’UE. Cela
s’explique par les politiques européennes de cohésion, destinées en partie à
réduire les inégalités spatiales entre les espaces métropolitains et les Régions
Ultra Périphériques (RUP) auxquels appartient la Guadeloupe. Ces politiques
d’aide favorise l’identification des espaces ultramarins à l’Europe, même si
cette identification demeure incomplète.
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