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Info 10/2013
Les analyses de laboratoire chez le furet
Introduction
Prélèvements
une légère sédation, voire une courte anesthésie
à l’isoflurane, est envisageable pour un animal
trop vivace. Le volume maximal prèlevable sans
souci correspond à 10 % du volume sanguin, soit
environ 4 à 6 ml. Il existe quatre sites principaux
pour une prise de sang: les veines céphalique et
saphène latérale pour les petits volumes (aiguille
de 25 G pour la veine et seringue de 1 ml) et les
veines jugulaire et cave crâniale pour un volume
plus important. Si la prise de sang s’avère difficile, il vaut mieux récolter d’emblée le sang sur
tube hépariné: l’essentiel des paramètres biochimiques et une formule sanguine pourront être
mesurés.
1) Prélèvement sanguin
Prélèvement urinaire
La contention d’ un furet bien socialisé en présence du propriétaire en le tenant par la peau du
cou et/ ou en détournant son attention par une
friandise (pâte appétente) permet souvent de
prélever une quantité de sang suffisante aux examens hémato-biochimiques courants. A défaut,
On peut tout simplement prélever des urines souvent émises lors de la contention pour une prise
de sang ou à défaut presser manuellement sur
la vessie facilement palpable. Une cystocentèse
est également assez facilement réalisable.
Depuis environ 30 ans, le furet (Mustela putorius
furo), forme domestiquée depuis plus de 2000
ans du putois européen, a trouvé peu à peu sa
place dans les foyers aux côtés des chiens et des
chats. Ce petit carnivore de la famille des Mustélidés, gros dormeur, à une espérance de vie de
cinq à huit ans. Parmi ces particularités anatomiques, on peut noter une peau particulièrement
épaisse et un tube digestif très court avec absence de caecum et de séparation iléum-colon.
Tableau 1
Normes hématologiques du furet (mâles et femelles confondus)
Paramètres
Intervalle de référence
Hématocrite [l/l]
0,4 - 0,7
Hémoglobine [g/l]
13,85 - 20,94
Numération globulaire [T/l]
7,4 - 13,0
Numération leucocytaire [G/l]
3,0 - 16,7
Numération plaquettaire [G/l]
171,7 - 1280,6
VGM [fl]
49,6 - 60,6
CMH [mmol/l]
17,8 - 20,9
TCMH [fmol/l]
1,0 - 1,2
Source : Hein J, Speyer F, Hartmann K, Sauter-Louis C (2012): Reference ranges for laboratory parameters in ferrets, Veterinary
Record 171: 218
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Tableau 2
Formule leucocytaire du furet
Paramètres
Intervalle de référence
[G/l]
Monocytes
0,0-0,5
Lymphocytes
0,6-10,5
Neutrophiles non segmentés
0,0-0,1
Neutrophiles segmentés
0,9-7,4
Eosinophiles
0,0-0,7
Basophiles
0,0-0,2
Réf.: Hein J, Speyer F, Hartmann K, Sauter-Louis C (2012): Reference ranges for laboratory parameters in ferrets, Veterinary Record 171: 218
Par rapport aux chiens et aux chats, on peut
noter les particularités hématologiques suivantes:
- l’hématocrite (Ht) est élevé, parfois jusqu’à
80 % chez le sujet sain
- la numération leucocytaire est souvent plus
faible. Une leucocytose est rarement observé,
même en présence d’une maladie infectieuse
sévère, mais plutôt une neutrophillie (> 80 %).
Une inflammation chronique entraîne une
monocytose. Des saignements spontanés
peuvent apparaître avec un nombre de
plaquettes <20 000/microlitre.
Il ne faut pas oublier que l’emploi d’ isoflurane diminue certaines valeurs, en particulier l’hématocrite, le nombre d’ hématies et l’hémoglobinémie.
La cause la plus fréquente d’une anémie chez le
furet est, à côté de l’ulcère gastrique, l’hyperestrogénisme. D’abord normochrome ou macrocytaire hypochrome, l’anémie devient non régénérative grave avec une pancytopénie (leucopénie
et thrombopénie).
Une anémie est considérée comme régénérative à partir d’un taux de réticulocytes > 12 %.
Un test de Coombs n’est pas réalisable chez le
furet (absence de réactifs avec anticorps spécifiques). L’anémie hémolytique à médiation immune (AHAI) idiopathique n’est pas décrite chez
le furet; quant aux maladies virales et hémoparasitoses, elles ne provoquent pas une AHAI.
Principales causes d’anémie non
régénérative:
•
•
•
•
Affection inflammatoire chronique
Insuffisance rénale
Hyperestrogénisme
Lymphome
Principales causes d’anémie régénérative:
• Traumatisme
• Maladie surrénalienne
• Ulcère gastrique
(à Helicobacter mustelae notamment)
• Gastroentérites inflammatoire et
infectieuse, colites
• Corps étranger
Le furet n’a pas de groupe sanguin détectable et
des transfusions multiples peuvent être réalisées
sur le même animal avec un risque de réaction
pratiquement nul. Une injection de corticoïde à
action rapide préalablement à la transfusion est
cependant une précaution utile.
Urine
Les données de l’examen urinaire (biochimie,
cytologie d’un culot) sont rassemblées dans le
tableau ci-dessous. Un examen d’urine apporte
des renseignements précieux en cas de calculs
urinaires et de cystite bactérienne sans calcul,
deux affections touchant les furets des deux
sexes. Une uroculture avec antibiogramme est
toujours recommandée lors du traitement d’une
cystite. Des complications d’abcès prostatique
sont assez fréquentes chez le mâle atteint
d’hyperprostatisme, affection liée à une maladie
surrénalienne.
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Tabelle 3
Normes urinaires chez le furet sain
Paramètres
Résultats normaux
couleur de l’ urine
jaune, limpide
pH
6,5 -7,5 (variable selon l’alimentation, autour de 6 avec des
protéines très digestibles)
Densité (DU)
> 1015
Protéines
faible
Glucose
negatif
Bactéries
rares
Leucocytes
rares
Corps cétoniques
négatif
Billirubine
négatif
Cristaux
négatif
Cellules épithéliales
rares
Références: Müller K (2011): exposé cursus de Master à l’université FU-Berlin, module 12: maladies des animaux de compagnie
(NAC)
Apport de la biochimie
Pancréas
Foie
Les paramètres pour le diagnostic d’une insuffisance pancréatique ou d’une pancréatite ne sont
pas validés chez le furet. Une augmentation de la
lipase lors de pancréatite est possible (intervalle
de référence: 166 - 558 U/l Kawasaki, 1994).
Les hépatopathies ne sont pas rares, avec
comme principale modification biochimique une
augmentation de l’activité des PAL et des ALAT,
voire plutôt des ASAT lors d’évolution chronique.
Une valeur des ALAT > 300 UI est en faveur
d’une atteinte hépatique (primaire au secondaire), une bilirubinémie élevée s’observe lors
d’atteinte primitive du foie. Les PAL et les ALAT
sont également augmentées au bout de deux
jours de jeûne. Contrairement aux chiens et aux
chats, les corticoïdes (endogènes ou exogènes)
n’entraînent pas une élévation des PAL.
Rein
Une polykystose rénale est décrite chez le furet
surtout à partir de trois ans, et il s’agit la plupart
du temps d’une découverte fortuite lors d’une palpation, L’ animal ne présente en général aucun
symptôme et cette maladie n’est pas évolutive.
L’insuffisance rénale touche généralement des
sujets de quatre ans et plus où la lésion la plus
fréquente est une néphrite interstitielle chronique.
Dans cette espèce, l’élévation de la créatininémie n’est pas forcément corrélée à l’élévation de
l’urémie. En d’autres termes, la créatinine est
un marqueur peu sensible de l’insuffisance rénale. On lui préfère le dosage de certains électrolytes: l’hyperphosphorémie, l’hyperkaliémie et
l’hypocalcémie sont des marqueurs plus précis.
Inflammations et tumeurs
Une élévation des protéines totales est
commune dans toute inflammation, mais aussi
en cas de déshydratation, maladie hépatique,
lymphome, ainsi que lors de la maladie aléoutienne. Dans cette maladie virale, une électrophorèse des protéines révèle une hypergammaglobulinémie prononcée ( augmentation de
20 à 60 % des gammaglobulines).
Coeur
Les troubles cardiaques sont relativement fréquents chez le furet d’âges moyen et avancé,
l’affection la plus répandue restant la cardiomyopathie dilatée. Un biomarqueur telle que la troponine pourrait avoir un intérêt diagnostique, au vu
de la grande ressemblance structurale des troponines du furet et de l’homme (à 90 % identiques).
La valeur normale de référence serait inférieure
ou égale à 0,1 ng par millilitre (pas d’étude exhaustive disponible à ce jour).
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Tableau 3
Normes biochimiques sanguines chez le furet
Parameter
Valeurs usuelles
ALAT [IU/l]
49,0 - 242,8
ASAT [IU/l]
40,1 - 142,7
PAL [IU/l]
13,3 - 141,6
Glucose [mmol/l] (g/l)
3,0 - 8,5
Protéines totales [g/l]
54,7 - 77,9
Albumine [g/l]
28,0 - 43,9
Urée [mmol/l]
4,8 - 16,8
Créatinine [µmol/l]
23,0 - 76,7
Calcium [mmol/l]
2,0 - 2,6
Phosphate
1.0-3.0
Potassium
3.8-5.5
Source: Hein J, Speyer F, Hartmann K, Sauter-Louis C (2012): Reference ranges for laboratory parameters in ferrets, Veterinary
Record 171: 218
Endocrinopathies
L’insulinome est une des tumeurs les plus répandues chez le furet d’âge moyen et est souvent associée à une maladie surrénalienne.
L’hyperinsulinémie entraîne l’apparition de crises
d’hypoglycémie après trois à quatre heures de
jeûne. Les furets présentés en état de coma ou
de faiblesses ont souvent des glycémies comprises entre 0,2 et 0,4 g/l (Mayer,2012). Sur un
furet cliniquement suspect présentant une glycémie plus élevée, on peut effectuer une mesure
de l’insulinémie. Une insulinémie seule n’a pas
d’intérêt, son dosage doit toujours être combiné
avec la glycémie à jeûn.
Une suspicion de diabète sucré peut être faite
à partir de valeurs de glycémie de 15 mmol/l
(2,7 g/l).
L’hyperestrogénisme, ou anémie post-oestrale,
peut se déclencher sur une femelle non saillie
après un mois d’estrus prolongé. D’un point de
vue hématologique, sont notées une thrombocytose et une leucocytose neutrophilique en début
d’évolution, lesquelles sont rapidement suivies
par une pancytopénie grave, souvent accompagnée d’une anémie non régénérative sévère.
L’ovariectomie est à envisager le plus vite possible et la valeur de l’hématocrite est une aide à
la décision opératoire (Ht > 25 % bon pronostic,
Ht <15 %; mauvais pronostic).
La maladie surrénalienne du furet stérilisé,
improprement appelé hypercorticisme du furet,
n’a pas grand-chose à voir avec le syndrome
de Cushing chez le chien. Elle est consécutive
à la sécrétion excessive d’hormones sexuelles
par la zone réticulée d’une glande surrénale
malade. Le diagnostic de laboratoire repose sur
le dosage sérique des trois stéroïdes sexuels
suivants : 17- hydroxyprogestérone, estradiol et
androsténedione. L’élévation plasmatique d’au
moins un des trois stéroïdes, de concert avec
des symptômes évocateurs, est significative.
Sont augmentés, par fréquence décroissante, la
17-hydroxyprogestérone puis l’estradiol et plus
rarement l’androsténedione. Aucune augmentation exclut une maladie surrénalienne.
Cas particulier: rémanence ovarienne sur une
femelle avec pour seul symptôme une vulve gonflée. Dans ce cas précis, suite à une injection d’
hCG, la vulve de l’animal reprend une taille normale alors qu’elle reste hypertrophiée en cas de
maladie surrénalienne.
Propxhylaxie médicale
- Consultation annuelle de médecine préventive:
vaccinations contre la maladie de Carré et la
rage (surtout pour les furets de chasse) et
déparasitages.
- Bilan: dosage de la créatinine et de la glycémie
recommandé chez le furet de plus de quatre
ans.
Références:
Fehr, Sassenburg & Zwart (2005): Krankheiten der Heimtiere,
6. Aufl. Schlütersche
Fox (1998): Biology and diseases of the ferret, Williams and
Wilkens
Hein J, Speyer F, Hartmann K, Sauter-Louis C (2012): Reference ranges for laboratory parameters in ferrets, Veterinary
Record 171: 218
Quesenberry KE, Carpenter JW (2012): Ferrets, Rabbits and
Rodents.Saunders, 3.Aufl.St. Louis.
“NAC : petits mammifères “, J.F. Quinton, collections, abrégés
Masson.
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