IAE-Lyon_Synthèse_P.. - MEDEF Lyon

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IAE-Lyon_Synthèse_P.. - MEDEF Lyon
LA PLENIERE DE CLOTURE
Patrick BERTRAND
Robert VASSOYAN
Emmanuel POTIER
Igor et Grichka
BOGDANOFF
Navi RADJOU
Michael GOLDMAN
Pierre GATTAZ
Pour clore cette belle journée, des intervenants prestigieux ont animé cette plénière :
Patrick Bertrand, Directeur Général du Groupe Cegid
Très engagé sur toutes les questions qui ont trait au développement du Numérique, Patrick Bertrand est
cofondateur et a été Président (2007-2012) de l’AFDEL (Association Française des Editeurs de Logiciels
et de Services Internet) et membre du CCEN (Comité Consultatif pour l’Economie Numérique auprès du
Commissariat Général à l’Investissement).
Robert Vassoyan, Directeur Général de Cisco France
Alors qu’un nouveau cycle d’innovations s’ouvre dans domaines des réseaux, de la mobilité, de la vidéo
et des solutions de collaboration, Robert Vassoyan souhaite positionner Cisco comme un catalyseur et
contribuer significativement à l’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité des entreprises et du
territoire français.
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Igor et Grichka Bogdanoff, Producteurs-animateurs de télévision
Les frères Bogdanoff sont également essayistes dans le domaine de la science-fiction, de la cosmologie
et de la vulgarisation scientifique
Michael Goldman, Président de My Major Company
Michael Goldman lance en 2007 ce site de financement participatif avec Sevan Barsikian et deux autres
comparses. Un an plus tard, le succès est au rendez-vous avec le chanteur Grégoire, et l’arrivée de
Stéphane Courbit dans le capital. Aujourd’hui, Michael Goldman préside MyMajorCompany, leader
national du financement participatif généraliste avec plus de 20 millions d’euros collectés en cinq ans.
Emmanuel Potier, Directeur Général Délégué Stratégie, Innovation et Digital Clear Channel France
Il intègre en 2008 le Comex de Clear Channel France en qualité de Chargé de Mission auprès du
Président Directeur Général, en charge de la transformation de l’entreprise. Depuis 2010, il occupe les
fonctions de Directeur de la Stratégie et des Nouveaux Medias. Dernièrement, la direction de l’Innovation
lui a été rattachée.
Navi Radjou, Auteur, Conférencier et Conseiller
Navi Radjou est un conseiller en innovation et leadership basé dans la Silicon Valley. Affilié comme
Fellow à la Judge Business School de l’Université de Cambridge, Navi a fait partie du conseil sur le
programme mondial d’innovation du World Economic Forum et écrit pour le site de la Harvard Business
Review. Conférencier très recherché, il est cité par les médias du monde entier.
Pierre Gattaz, Président du MEDEF
Elu président du MEDEF depuis 2013 et président du directoire de Radiall, Pierre Gattaz est un
entrepreneur qui s’est très tôt engagé dans la défense et la promotion de l’entreprise.
Animateur :
Emmanuel Kessler, Journaliste chez LCI
Equipes de restitution pour l’IAE Lyon :
Anaïs DENIS et Antoine CZUBINSKI, étudiants en Licence 2 Sciences de Gestion
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« Le numérique : le champ des possibles »
Une ambiance de « french bashing » (sentiment anti-français) règne ces derniers mois, qu’en est-il de
l’attractivité de la France dans le domaine du numérique ?
Robert Vassoyan évoque le fait que Cisco, entreprise américaine spécialisée dans les
réseaux et serveurs, essaye d’anticiper les grandes tendances pour prendre le leadership des
marchés. Ainsi, il a remarqué de véritables atouts en France avec une grande vitalité numérique
notamment par une présence française très remarquée au CES, Consumer Electronics Show, de
Las Vegas. Pour lui, il y a des talents sur les secteurs de rupture en France en ce moment. C’est
pourquoi Cisco prévoit la signature d’un accord avec le gouvernement pour accélérer le
domaine du numérique en France se traduisant par la mise en place de partenariats avec des
universités françaises et des investissements dans le R&D en France pour améliorer la
compétitivité. Il est donc important pour lui d’accélérer le numérique dans l’entreprise.
Selon lui, le « nouvel Internet » étant 10 fois plus puissant que l’internet « classique », il y a des
possibilités de 2 à 3 % de croissance de PIB !
Patrick Bertrand réagit sur la notion de « french bashing » évoquée plus tôt. Pour lui, il
faut garder la R&D en France car nous avons une qualité d’éducation remarquable. Il faut donc
sanctuariser les domaines qui marchent bien comme le secteur de la recherche, rappelant que
la France a l’un des coûts de recherche le plus bas en raison des crédits impôts-recherche.
D’après M. Bertrand, il faut prendre conscience du retard pris par la France sur la
digitalisation des entreprises. Les pays émergents rattrapent la France en matière de PIB et
c’est dans le secteur du numérique que la différence se joue. Selon lui, le numérique
permettrait une augmentation de 40 % de la performance globale des entreprises contre une
diminution de 20 % à terme si elles ne passent pas au numérique.
Toutes les entreprises peuvent-elles intégrer le numérique ? Quels sont les impacts sur leur activité ?
Pour Patrick Bertrand le numérique crée des mutations, avec notamment un passage du
modèle « B to B » et du « B to C » au « B to one » car les entreprises ont de plus en plus une
relation personnalisée avec le client qui est surinformé.
Robert Vassoyan pense que l’on va assister à une mutation des métiers et des sociétés
grâce au numérique.
Michael Goldman explique pour sa part qu’il a créé un nouveau modèle en constatant
que le marché du disque s’était effondré de 60% avec en parallèle une explosion du numérique.
Il y avait alors beaucoup d’artistes pour peu de producteurs et il a pu ainsi mettre en place un
renversement de la chaîne de valeur. My Major Company a déjà permis de lancer soixante
artistes en six ans. On peut dès lors imaginer une extension à d’autres secteurs avec néanmoins
une limite à prendre en compte : la spéculation qui peut conduire finalement à la déception.
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Navi Radjou évoque alors le fait que l’on assiste à un bouleversement des modes de
financement avec le numérique et le crowdfunding. Il a créé le terme d’ « Innovation Jugaad »
qui est synonyme de « système D ». En Afrique par exemple, se développe un nouveau modèle
basé sur la mobilité grâce aux téléphones portables (30% des africains ont des portables mais
80% n’ont pas de compte bancaire).
Il a également crée également le terme « d’innovation frugale » ou « quand le
numérique rencontre les atomes » (exemple de la création de capteurs sans fils développés à
très bas coût grâce à la baisse des coûts des microprocesseurs pour optimiser l’irrigation des
cultures en Californie et économiser les ressources). Cela permet de donner du sens à des
secteurs traditionnels. Pour lui, il faut donc essayer de développer la créativité et le
développement à bas coût et abandonner les longs et coûteux processus de R&D afin de
proposer des produits « France Inside » qui contiennent des technologies développées en
France.
Robert Vassoyan rebondit sur ces paroles en soulignant que CISCO met aussi en place
des projets d’innovation en soutenant des start-up françaises qui ont par exemple contribué au
développement des capteurs sans fil cités plus tôt.
Monsieur Kessler demande alors l’avis d’Emmanuel Pottier concernant le passage au
numérique, dont l’entreprise est spécialisée dans un domaine « classique » qu’est l’affichage.
Ainsi, pour Emmanuel Pottier, il est nécessaire pour la survie des marques qu’elles
transmettent du sens et le numérique permet de « faire mieux avec moins » en proposant des
publicités mieux ciblées et moins intrusives ce qui permet de diviser par trois les espaces
d’affichage dans des centres commerciaux par exemple. La digitalisation a également permis à
sa société de transformer le domaine des ressources humaines.
Du big data au big brother ?
Les frères Bogdanoff expliquent que cette notion est comparable au Big Bang. En effet,
depuis les années 80, on assiste à une expansion accélérée de l’univers du numérique et nous
sommes passés dans « l’ère de l’information ». Pour exemple, début 2010, la totalité des
données numériques représentait 1,8 zettaoctets (1 000 000 000 000 000 000 000 d’octets), 9
zettaoctets de nos jours et ce nombre devrait passer à 40 d’ici 2020. Pour eux il est donc
important de savoir gérer la collecte et l’utilisation des données numériques qui sont de plus en
plus nombreuses.
Patrick Bertrand évoque la non gratuité d’Internet. En effet, nous payons de manière
non monétaire car nous communiquons des données sans nous en rendre compte. Les
informations se troquent. Il évoque un problème de transparence qui n’est pas acceptable.
Michael Goldman, défend une position opposée. Il s’appuie sur l’exemple d’UBER qui
utilise la géolocalisation et qui sans cet accès ne peut pas avoir les informations nécessaires à
son service. Il pointe du doigt une tendance à la marginalisation des personnes qui
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n’accepteront pas d’utiliser ce type de fonctionnalités. Il affirme en être très heureux mais “il
ne faut pas que ça tombe dans les mains de n’importe qui”. Il ajoute que le développement
d’Internet a permis de faciliter certaines missions comme le repérage des pédophiles.
Emmanuel Potier quant à lui nous alerte sur les transmissions d’informations car d’après
une étude, 87% de la génération dite “hashtag” accepte d’être géolocalisée. C’est une question
de liberté d’accepter ou non.
Navi Radjou rajoute que le numérique peut engendrer un bénéfice collectif. La collecte
d’informations peut ainsi avoir une valeur sociale. Par exemple dans le domaine de la santé, et
avec l’augmentation de la consumérisation des produits de santé, il est désormais possible de
récolter des informations de manière anonyme permettant d’améliorer le produit pour
l’ensemble des usagers.
Robert Vassoyan évoque toutefois un problème de confiance et affirme que la
confidentialité des données n’est pas un problème technologique mais démocratique. Il faut
trouver un équilibre quant à la politique d’anonymat et de portabilité des données. Mais il faut
une certaine souplesse de la part du législateur afin qu’il ne casse pas la révolution économique
liée au numérique. Cette expansion crée aussi une industrie de la cybersécurité afin de mieux
protéger les données. Il affirme rester confiant sur la capacité des différents acteurs à trouver
ensemble un cadre démocratique.
Conclusion
Malgré encore une trop faible digitalisation des entreprises, la France possède de
nombreux atouts dans le domaine du numérique. Cette révolution numérique induit une
mutation inévitable des métiers, activités et processus associés. Pour autant, se posent les
questions de la sécurité, de la confidentialité et de l’utilisation des données, comme enjeux
majeurs pour la prochaine décennie.
Pierre Gattaz conclue enfin cette journée riche en découvertes, par les trois “V” :
-
V de Vision : nécessite de donner un sens aux choses, à la fiscalité que nous voulons
V de Valeur : valeur du travail en équipe, volonté d’avoir des salariés employables,
valeur de l’entrepreneur qui se lance
V de Vérité : prôner la vérité et montrer le fonctionnement et la réalité des
entreprises. La mondialisation n’est ni à droite ni à gauche. La mise en place du
pacte de responsabilité durant ces 18 derniers mois doit permettre d’adopter un
discours plus entrepreneurial.
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