KAMPEL Rafael Travaux Pratiques Chimie Organique IB Semestre
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KAMPEL Rafael Travaux Pratiques Chimie Organique IB Semestre d'hiver 1998/99 Assistant: J. Jodry Projet n° 36: Genève, le 2 février 1999 1. Introduction Le but de cette expérience est de synthétiser l'acide anthranilique, aussi connu sous le nom d’acide amino benzoïque, par dégradation de Hofmann de la phtalimide. La réaction étudiée est illustrée ci-dessous: O COOH NH O Phtalimide NH2 Acide anthranilique L'acide anthranilique est couramment employé comme anti-corrosif pour métaux. Son ester méthylique est largement utilisé en parfumerie (orange). 2. Résultats et discussion Le mécanisme de cette réaction n'est guère évident à déterminer. Il est nécessaire premièrement de déterminer s'il y a une hydrolyse menant à l'ouverture du cycle au début de la réaction ou non. Toutefois, dans le cas d'une hydrolyse par catalyse basique, il faudrait chauffer les réactifs à 300°C, ce qui écarte cette possibilité. Voici donc la suite des réactions menant du substrat au produit final, l'acide anthranilique : • • • • • • • • Déprotonation de la phtalimide. Bromation du substrat. Addition d'un ion hydroxyle. Elimination du brome halogénure et formation d’un acylnitrène. Réarrangement et formation d’un isocyanate. Hydrolyse aboutissant à un acide carbamique. Décomposition de ce dernier et formation de l’acide anthranilique. Neutralisation du milieu afin de pouvoir récupérer le produit. Toute la réaction commence par la déprotonation de l'azote suivie par son halogénation. L'addition d'un nouveau ion d'hydroxyde entraîne l'élimination du brome. Une fois le brome éliminé nous avons un ion nitrène (acylnitrène) qui est très instable car il contient un atome neutre déficient en électrons ; il se stabilise par migration du groupe alkyle donnant ainsi un isocyanate, analogue azoté du dioxyde de carbone. Le carbone de l’isocyanate hybridé en sp est extrêmement électrophile et est donc attaqué par l’eau aboutissant à un acide carbamique. Ce dernier étant instable, il se décompose en amine et dioxyde de carbone. La dernière étape consiste à neutraliser le milieu, visant à reprotoner le groupement carboxylique, entraînant ainsi sa précipitation. Voici le mécanisme de la réaction: O NaOH -H2O NH Phtalimide O O O + N Na Br Br -NaBr NBr O O O O OH OH -OH NBr NBr - Br Acylnitrène O O O O OH O OH OH H2 O N Isocyanate O O OH N N C O H O -CO2 Acide carbamique OH NH2 Acide anthranilique Comme discuté plus tôt, il serait également possible d'effectuer cette réaction en commençant par une hydrolyse. L'hydrolyse est très importante car elle ouvre l'hétérocycle, permettant ainsi à l'amide de réagir par la dégradation de Hofmann. S'en suit la dégradation elle-même dont on peut résumer en quelques lignes en précisant que la réaction commence avec la déprotonation de l’azote entraînant la formation d’un ion amidate. Il survient ensuite l’halogénation de l’azote et la perte d’un autre proton de l’azote de manière à fournir un Nhalogénoamidate qui élimine immédiatement l’halogène sous forme d’ion: O NH Phtalimide O O OH- , H2O O NH2 -H2O O NH- O O O Br Br O O N H Br O En tous les cas, on peut affirmer que la dégradation de Hofmann est une réaction catalysée par un halogène et ayant lieu en milieu basique. L’analyse des spectres nous permet de constater, à première vue, la présence de quelques impuretés non-identifiables (produits de vaisselle, graisse, etc ( ?)) ainsi que des traces de solvants, le CDCl3. L’analyse complète du spectre sera présentée lors de la partie expérimentale. Le rendement de la réaction est de 22,5%. 3. Questions 1. Expliquez pourquoi il est nécessaire de neutraliser le mélange réactionnel pour isoler le produit de manière efficace. Etant donné que le produit est un acide, en milieu basique il se trouvera sous forme déprotonée. Dès lors, il faut qu’il soit en milieu acide ou basique afin de pouvoir l’isoler efficacement. 2. Ecrivez le mécanisme des réarrangements de Curtius et Beckmann et expliquez pourquoi ils sont corrélés au réarrangement de Hofmann. Réarrangement de Curtius: O R C ∆ O R C N3 -N2 O C N R + H2 O N N N H RNH2 + CO2 O C N R OH O C N R O H + H La ressemblance avec la dégradation de Hofmann est très grande, du point de vue mécanistique. Dans les deux cas nous avons une déprotonation du substrat amenant à une dégradation en amine et dioxyde de carbone. Le mécanisme du réarrangement de Beckmann diffère de celui de Curtius dans le fait qu'il n'y a pas de décomposition du produit final. Il s'agit d'une réaction de réarrangement des oximes de cétones en amines lorsque celles-ci sont chauffées avec des réactifs, suivi d'un traitement avec de l'eau. Les réactifs les plus utilisés couramment sont le PCl5 et SOCl2. Le mécanisme se fait en 4 étapes: • Formation d'un bon groupe sortant au niveau du groupement hydroxyle (par estérification ou protonation de celui-ci). • Migration d'un groupement alkyle ou aryle du carbone α avec élimination du groupe sortant. • • Recombinaison du groupe sortant avec le carbone chargé positivement pour donner un énol d'amine. Hydrolyse de l'énol pour donner une amine par traitement avec l'eau. Réarrangement de Beckmann: Me C N OH Me C N PCl5 OPCl4 Me + C N + OPCl3 + Cl Acétophénone-oxime O H Me C N H2 O Me Cl C N Cl Acétanilide 4. Conclusion La synthèse de l’acide anthranilique par dégradation de Hofmann de la phtalimide est une méthode très simple à réaliser au laboratoire. Toutefois, elle possède un mécanisme compliqué en plusieurs étapes nécessitant plus que de la simple déduction afin de l’élucider. Il existent plusieurs autres alternatives de synthèse de l’acide anthranilique, mais celles-ci sont souvent plus complexes que celle que nous avons effectuée. Ces deux alternatives sont illustrées ci-dessous : COOEt COOEt HMPT N NH2 O H HMPT = Hexamethyl phospohric triamide Pedersen, E.B.; Tetrahedron, 1977, 33, 217 NH2 COOH COOH N N H H Errede, L.A.; J. Org. Chem., 1976, 41, 1763 NH2 + H H N N 5. Partie expérimentale 5.1 Mode opératoire Environ 8,0g de NaOH ont été dissoutes dans 30 ml d’eau, dans un Erlenmeyer de 100 ml. Lors de la dissolution le mélange est refroidi dans un bain de glace. On ajoute alors 2,1 ml de brome en une fois et l’on place le mélange sous agitation, en attendant que la température du mélange redescende à 0°C. On ajoute alors 5,81g de phtalimide pulvérisée, puis une solution de 5,5g de NaOH dans 20 ml d’eau. Le mélange est alors laissée sous agitation à température ambiante. Un temps d’environ 25 minutes a été nécessaire pour que tout le contenu réagisse, passant d’une coloration jaune avec des granulés au noir. La solution est alors refroidie avec un bain de glace et neutralisée avec 18 ml de HCl concentré, jusqu’à pH 7. La solution est alors transvasée dans un bécher de 500 ml afin d’éviter tout débordement lors de la précipitation de l’acide anthranilique par l’acide acétique. Le précipité est alors filtré et lavé à l’eau froide, puis traité au charbon actif. Plusieurs traitements ont été nécessaires, mais le produit a gardé une couleur brunâtre, sans donner des cristaux blancs. L’acide anthranilique est alors recristallisé et séché. 5.2 Résultats Après la recristallisation, 1,22g de produit sont récupérés. Le rendement est alors calculé, sachant que le réactif limitant est la phtalimide et que l’on dispose de 5,81g, soit 39,49 mmol de ce produit. A l’arrivée nous disposons de 1,22g (8,89 mmol), soit un rendement de 22,5%. 5.3 Analyse des spectres Premièrement, nous portons notre attention sur le spectre infrarouge de l’acide anthranilique. On y trouve les pics suivants : IR (cm-1) : 2971 ; 2360 ; 1690 ; 1616 ; 1589 ; 1560 ; 1488 ; 1455 ; 1291 ; 1236 ; 1161 ; 1039 ; 926 ; 853 ; 804 ; 786 ; 758 ; 732 ; 705 ; 676. On peut alors attribuer les bandes caractéristiques à ce composé : - 2971 cm-1 : O-H stretching 1690 cm-1 : -COOH conjugué 1589 cm-1 : noyau aromatique 1560 cm-1 : N-H bending 750 – 730 cm-1 : composé disubstitué en ortho (out of plane) On aperçoit également les mêmes raies d’interférence que lors des dernières expériences : - 3022 cm-1 : provient possiblement du solvant, chloroforme deutéré. 1236 cm-1 : peut être originaire du CO2 de l’air. On analyse alors le spectre RMN afin de vérifier la structure de la molécule obtenue. On constate toutefois qu'aucun des groupes fonctionnels de cette molécule ne laisse de trace sur le spectre RMN. Premièrement, le groupement carboxylique car le déplacement chimique de ce proton se situe au delà de la portée de ce spectre. Deuxièmement, les protons de l'amine sont indécelables car leur déplacement est d'une trop grand ampleur (probablement l’intégrale située entre 6 et 4 PPM). Seuls les protons benzyliques sont visibles sur le spectre. On attribue le nom Ha au proton adjacent au groupement carboxylique. Il sera sous forme d’un doublet de doublet à cause des effets de résonance avec le proton carboxylique ; son déplacement se situe entre 7,90-7,95 PPM. Le proton Hc a, quant à lui un déplacement chimique valant 7,32 PPM et est composé d’un multiplet. Finalement nous avons Hb et Hd qui sont confondus et δH se situe entre 6,64-6,71 PPM. En outre le spectre accuse la présence de chloroforme (7,26 PPM), acétone (2,17 PPM) et TMS (0,0001 PPM). On y décèle également des petits pics aux alentours de 8 et 6,5 PPM qui représentent des petites quantités des produits de départ. La « bosse » entre 1 et 2 PPM est due à des impuretés telles que des produits de vaisselle ou de graisse de rodage. RMN 1H (CDCl3, 200MHz)δ: 6.64-6.71 (m, 2H, J1=1.25 Hz, J2=9.55 Hz, J3=14,32 Hz, Hb, Hd); 7.32 (m, 1H, Hc) ; 7.90-7.95 (dd, 1H, J1=1.66 Hz, J2=9.96 Hz, Ha). 6. Références - Vollhardt, Schore; Traité de Chimie Organique, 2ème éd., 1995, ch. 20. Allinger et al.; Organic Chemistry, 1976, ch. 20. Errede, L.A.; J. Org. Chem., 1976, 41, 1763. Pedersen, E.B.; Tetrahedron, 1977, 33, 217.