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info-drogues
amphétamine - speed
Les amphétamines et ses substances dérivées également connues
sous le nom de speed sont des produits psychotropes utilisés comme stimulants,
dopants, antidépresseurs, coupe-faim ou encore «must» des dance-parties.
Qu’elles soient prises au quotidien ou durant les loisirs, les amphétamines
augmentent les performances et exacerbent le sentiment de bien-être,
conduisant souvent à un usage abusif.
Quelles sont les principales amphétamines et leurs dérivés les plus connus?
Quels sont leurs effets? Quels risques induisent-elles?
Quelle est l’accessibilité des amphétamines?
Quels sont les moyens de prévention?
Un peu d’histoire
Amphétamines dans le spectre d’action
des drogues psychoactives:
Drogues
psychoactives
effet stimulant et hallucinogène:
entactogènes
Ecstasy – MDMA /
MDEA
Cocaïne
Amphétamines
MDA
LSD
Méthamphétamines
effet purement
stimulant:
effet purement
hallucinogène:
stimulants
hallucinogènes
Le présent Info-drogues traite de l’amphétamine et des substances
analogues, à l’exclusion de l’ecstasy/MDMA et des produits qui
lui sont chimiquement apparentés (MDA, DOM, 2CB). En raison
de leurs effets, ces derniers n’entrent plus dans la catégorie des
stimulants, mais dans celle des substances hallucinogènes
et entactogènes (c’est-à-dire qui facilitent le contact avec autrui).
Vous trouverez des informations à leur sujet dans l’Infodrogues
sur l’ecstasy.
Institut suisse de prévention de l’alcoolisme
et autres toxicomanies
Case postale 870, 1001 Lausanne, Tél. 021 321 29 35
Les psychostimulants de synthèse ont vu
le jour vers la fin du XIXe siècle dans un
laboratoire. Les remèdes aux propriétés
stimulantes (appelés psychoanaleptiques), dont les principes actifs – amphétamine et produits analogues – servaient à soigner le rhume et le mal de mer
ne sont apparus sur le marché qu’à partir
de 1930 (Benzédrine, Pervitin). C’est au
cours de la Seconde Guerre mondiale
que l’amphétamine synthétique et les stimulants à base de méthamphétamine
(plus puissants que l’amphétamine) ont
connu leur apogée. Ils étaient alors utilisés comme substances «de veille»
(Weckamine) par les soldats et les salariés
de l’industrie de l’armement. Dans le
droit fil de cette consommation, l’abus
d’amphétamines par toutes les tranches
de la population a débouché sur de véritables «crises de la drogue» qui ont secoué les Etats-Unis, le Japon et la Scandinavie au cours de la seconde moitié
du XXe siècle. Quant au speed, il est populaire auprès d’une certaine catégorie
de jeunes, notamment à l’occasion des
dance-parties. Il est également consommé comme stimulant sexuel.
A l’origine en vente libre comme médicament, les stimulants de type amphétaminique tombent depuis les années cinquante sous le coup des législations
nationales et internationales, qu’il s’agisse
de leur fabrication, de leur distribution
ou de leur utilisation, à cause de leurs
effets indésirables sur la santé physique
et psychique des consommateurs.
La consommation
d’amphétamines en Suisse
L’Organisation mondiale de la santé
(OMS) dénombre plus de deux millions
de consommateurs dépendants de par le
monde. Selon un sondage mené en 1997
par les autorités sanitaires suisses, 1 à 2%
des personnes interrogées – âgées entre
15 et 39 ans – admettaient avoir déjà
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amphetamine - speed
amphétamine
pris des stimulants. Extrapolé sur la population suisse de cette tranche d’âge,
on obtient 27 000 consommateurs
d’amphétamines, un chiffre largement en
deçà de la réalité si l’on considère le fort
taux de pénétration de la substance. En
1998, 2 à 3% des élèves interrogés – âgés
de 15 ou 16 ans – disaient avoir consommé des amphétamines pendant le mois
écoulé. On suppose qu’ici aussi, les chiffres sont loin de refléter la réalité.
Effets
Amphétamine:
un stimulant qui excite
Formes de consommation,
début et durée des effets
Le groupe des amphétamines englobe
des substances psychoactives aux effets
stimulants, excitants et hallucinogènes. A
l’instar d’autres psychostimulants, les amphétamines sont des dérivés chimiques
d’une substance mère, la phényléthylamine. Leur structure chimique imite celle
de l’adrénaline et de la noradrénaline,
naturellement produites par le corps humain. A l’image de ces dernières, l’amphétamine transmet une certaine excitation aux organes par l’intermédiaire du
système neurovégétatif. Elle agit au niveau
du système nerveux central et plus
particulièrement sur le système sympathique, libérant des neurotransmetteurs
tels que la noradrénaline, la dopamine
ou la sérotonine, tout en potentialisant
leur action. L’action sympathomimétique
indirecte de l’amphétamine provoque
des réactions dites ergotropes (accélération du rythme cardiaque, des systèmes
circulatoire et respiratoire), d’où une faculté de travail accrue et une meilleure
acceptation des autres.
Les amphétamines se présentent sous
forme de tablettes ou de poudre. Elles
peuvent être avalées, fumées, inhalées
(«sniffées») ou encore injectées par voie
intraveineuse. Absorbée par voie orale, la
substance pénètre rapidement dans l’organisme par le système digestif et passe
très facilement la barrière méningée.
L’effet se fait sentir trente minutes après
l’ingestion orale et quelques minutes
seulement après l’inhalation. Le produit
se concentre surtout dans les reins, les
poumons, le foie et le cerveau. La mort
par surdose d’amphétamine est possible.
La demi-vie d’élimination du corps dure
entre 6 et 32 heures, temps durant lequel
le consommateur est en général incapable de dormir.
L’amphétamine produit des effets
multiples, tant au niveau physique que
psychique:
• Elle atténue la sensation de fatigue et
diminue le besoin de sommeil.
• Elle donne un sentiment de vigilance
et d’euphorie.
• Elle accroît la faculté de concentration
et la capacité de travail.
• Elle fait disparaître la sensation de faim.
Consommation
Les amphétamines: un style de vie
De par ses multiples effets tant physiques que psychiques, l’amphétamine est par excellence la substance
Certes, les amphétamines augmentent à court terme les capacités physiques et mentales. Leur utilisation à haute dose n'est toutefois pas exempte d'effets secondaires tels
que palpitations ou hypertension.
(Photo: express)
«à tout faire», la béquille chimique qui
permet de surmonter le stress quotidien,
avec son lot de frustrations et de contrariétés. Comment ne pas céder à la
tentation dans une société où la performance et la réussite sont les maîtres
mots? Peut-on légitimement s’étonner
de voir les parents débordés, les employés surmenés, les sportifs ambitieux
boire à la fontaine de la facilité?
Il n’empêche que vouloir perdre du
poids en prenant des coupe-faim ou arborer une joie de vivre artificielle sont
autant de comportements dictés par la
société d’aujourd’hui, que la publicité
et les médias ne font qu’exacerber. Par
ailleurs, les amphétamines font partie
des substances psychoactives couramment utilisées par les toxicomanes et
par certains groupes à risque – les jeunes qui fréquentent assidûment les
dance-parties, par exemple. Ainsi, il
n’est pas rare que les consommateurs
de drogues dures s’injectent une dose
d’amphétamine pour faire passer rapidement un moment de déprime ou que
l’on avale du speed pour tenir la distance
durant un marathon de danse. L’usage
d’amphétamines est aussi souvent associé à la violence dont font preuve les
hooligans, les gangs ou autres groupes
extrémistes tels que les néonazis, etc.,
bien que la corrélation entre la violence
et la consommation de cette substance
n’ait pas été clairement établie à ce
jour.
Amphétamines: la panacée?
A l’image de nombreuses drogues,
l’amphétamine était à l’origine employée comme médicament: pour
empêcher de dormir, comme stimulateur du système cardio-vasculaire ou
encore comme remède contre l’asthme.
Elle n’entre plus dans la pharmacopée
pour le traitement de l’épilepsie, de
la névrose ou de la dépression. Les
avis sont partagés quant à son application dans le traitement du syndrome
hyperkinétique infantile (hyperactivité
de l’enfant), notamment en matière
de posologie. Seule la narcolepsie –
maladie très rare, où la personne
atteinte tombe subitement endormie – est encore traitée par l’administration d’amphétamine.
Les amphétamines
comme amincissant
Les amphétamines ont une longue carrière de coupe-faim derrière elles. Atténuant les fonctions du système digestif,
elles diminuent la sensation de faim et
donnent l’illusion de maigrir sans effort.
A ce jour, cependant, nul n’est parvenu
à perdre du poids durablement grâce
aux uniques amphétamines.
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Les amphétamines
et les autres drogues
L’amphétamine est souvent prise de pair
avec d’autres substances psychoactives.
L’alternance des stimulants et des «apaisants» (barbituriques, calmants, cannabis,
alcool) atténue l’excitation (agitation)
causée par l’amphétamine et prolonge
la sensation de bien-être et de calme.
A l’inverse, les toxicomanes usent souvent de speed comme stimulant après
l’absorption d’opiacés ou de cannabis.
L’accessibilité
des amphétamines
En vertu de la loi fédérale du 3 octobre
1951 sur les stupéfiants et les substances
psychotropes (LStup), les stimulants du
système nerveux central ayant des effets
du type amphétaminique sont des stupéfiants. Leur fabrication, leur remise,
leur acquisition et leur utilisation sont
régies par la loi. Le corps médical est
néanmoins habilité à prescrire des
amphétamines et des médicaments
analogues dans certains cas précis.
La consommation de ces produits sans
ordonnance est illicite et tombe sous le
coup de la LStup, à l’exception de
certains médicaments ou coupe-faim
analogues aux amphétamines. Le tableau 1
présente les médicaments de ce type
vendus en Suisse, leur accessibilité et
leurs indications.
amphetamine - speed
amphétamine
Médicaments contenant des amphétamines
ou des substances dérivées
Médicament
(marque)
Principe actif
Ritaline
Méthylphénidate
A+
Psychoanaleptique,
syndrome hyperkinétique infantile
Stimul
Pémoline
A+
Psychoanaleptique,
narcolepsie
Dexamin
Dexamphétamine
A+
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Ponflural
Fenfluramine
A+
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Ionamine
Dexfenfluramine
A+
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Normaform
Phentermine
A+
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Regenon
Amfepramone
B
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Adistop, Belloform Cathine
B
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Dexatrim
Phénylpropano-lamine
C
Coupe-faim agissant
sur le système nerveux
central
Prétuval
Ephédrin
C/D
Antitussif et
antirefroidissements
Accessibilité Indications/Application
Le marché noir
En raison de la simplicité de la structure
chimique des amphétamines, les fabriquer est pour ainsi dire un jeu d’enfant.
A tel point que certains s’improvisent
chimistes dans leur cuisine. Résultat: la
qualité des produits que l’on trouve
sur le marché noir helvétique est en
baisse. Au cours des dernières années,
le nombre de saisies a augmenté de
manière impressionnante: alors qu’en
1992 la police s’emparait d’env. 1000
grammes d’amphétamines, le volume se
multipliait par huit cinq ans plus tard
(7981 grammes en 1997). Une tendance
à la hausse que confirment les rapports
cantonaux en matière de drogue dressés
entre 1993 et 1996.
Le nombre de dénonciations pour
consommation illégale d’amphétamines a
également suivi une courbe ascendante
au cours des dernières années. En Suisse,
on est passé de 45 cas en 1990 à 577
en 1997. Sont en général dénoncés des
hommes entre 18 et 24 ans.
Risques et conséquences
Les risques d’une consommation
élevée d’amphétamines
Les amphétamines stimulent le système
cardio-vasculaire. En cas de faible
consommation déjà, le pouls et le rythme
Tableau 1: A+ En pharmacie sur ordonnance à souche; B En pharmacie sur ordonnance;
C En pharmacie sans ordonnance; D En pharmacie et en droguerie (sans ordonnance)
cardiaque s’accélèrent. Palpitations,
hypertension, collapsus ou crise d’apoplexie peuvent en résulter. A la grande
époque flower power, l’expression
«speed kills» (les speeds tuent) était déjà
sur toutes les lèvres. 100 milligrammes
absorbés par voie orale peuvent être
mortels. Pour une personne non habituée,
une quantité moindre peut déjà être
létale. Dans le domaine du sport, certains
décès sont imputables à l’usage d’amphétamines comme produit dopant.
La perte de poids grâce aux amphétamines n’est pas sans occasionner des effets
secondaires (hypertension pulmonaire,
variations de la pression artérielle).
De dangereuses variations de pression
peuvent également découler de l’absorption simultanée d’amphétamines et de
médicaments agissant sur le système nerveux central (comme les antidépresseurs). Quant aux injections, elles induisent un risque de transmission de
l’hépatite et du virus du sida.
Les risques d’une consommation
régulière d’amphétamines
La consommation régulière et durable
comporte au premier chef le risque de
dépendance psychique. Selon la classification de l’OMS en fonction du potentiel
de dépendance, l’accoutumance au khat
et aux amphétamines se caractérise par
une dépendance d’ordre psychique qui
s’installe au bout de une à quatre semaines, c’est-à-dire rapidement. De plus, les
doses augmentent proportionnellement
au seuil de tolérance. En cas d’arrêt,
les signes de manque apparaissent sous
la forme de sécheresse de la bouche,
d’insomnie, d’agitation. Sur le plan psychique, on a constaté des troubles de
l’humeur, de l’anxiété, ainsi qu’une
tendance à la dépression et à une psychose de type paranoïde. Outre le risque
d’accoutumance, la consommation de
speed va souvent de pair avec une
propension à prendre des risques
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amphetamine - speed
amphétamine
Amphétamine dans le sport:
mobiliser ses réserves
et augmenter l’agressivité
Les performances sportives de haut niveau résultent d'un entraînement conséquent et du plaisir que l'on en retire. Des conditions que les amphétamines, avec
leurs effets stimulants à court terme, ne rempliront jamais.
(Photo: ph)
Déjà dans l'Antiquité, les sportifs désireux d'augmenter leurs performances mangeaient des testicules de taureau. Une préparation pourtant bien inoffensive
au regard de ce qui s'absorbe aujourd'hui dans les coulisses du sport. Les amphétamines, par exemple, permettent de puiser jusque dans les ultimes réserves, physiques comme mentales, ou de monter de quelques crans le degré d'agressivité
dans les sports de combat. Mais ces produits laissant des traces facilement détectables lors de contrôles antidopage, les sportifs de haut niveau qui choisissent
de se doper absorbent des substances quasi «invisibles». L'usage de produits stimulants n'est toutefois pas l'apanage des sportifs de pointe, comme le révèle une
enquête menée en 1994 sur mandat de l'Ecole de sport de Macolin. Selon ce
sondage, une part non négligeable des élèves âgés de 11 à 16 ans connaissent les
effets à court terme de l'amphétamine sur les capacités physiques et mentales.
Quoi qu'il en soit, rien ne vaut un entraînement régulier et conséquent, conjugué à
un soutien positif de la famille, des amis, de l'école, pour réaliser des performances de haut niveau et pratiquer le sport avec plaisir.
inconsidérés (accidents ou actes de
violence).
Un usage prolongé d’amphétamines
peut produire des effets paradoxaux
de même que des effets secondaires
indésirables. Il peut également engendrer des problèmes de concentration, un état d’agitation, une perte de
contact avec la réalité, des modifications de la personnalité, des états délirants et des hallucinations. Les femmes
rencontrent parfois des problèmes
de menstruation.
Prévention
Connaître ses propres limites
En raison de leur potentiel élevé d’effets
secondaires, les amphétamines et leurs
dérivés ne doivent être utilisés que sur
avis médical. L’automédication en cas de
fatigue ou de surcharge pondérale, ou
encore pour prolonger un état de veille,
est absolument déconseillée, en raison
du haut risque de dépendance psychique. Faire un usage détourné
d’amphétamines délivrées sur ordonnance
constitue indéniablement un abus.
Les amphétamines ayant un statut de
stupéfiants sont illégales; elles ne peuvent donc pas être prescrites par un
médecin. Il faut donc éviter d’en prendre,
non seulement pour les risques qu’elles
induisent, mais aussi parce que les
produits vendus au marché noir sont le
résultat de mélanges et de dosages
pas toujours maîtrisés.
Les efforts de prévention ne doivent viser
que la non-consommation de speed ou,
le cas échéant, aider à arrêter. Dans cette
optique, il est indispensable d’informer
sur les substances et les risques qu’elles
comportent et de renforcer les compétences sociales et affectives des individus
pour les motiver à prendre la décision de
ne pas consommer de speed. La meilleure
des préventions, c’est d’identifier et
d’accepter ses propres limites, qu’aucun
produit chimique ne pourra jamais
repousser durablement.
Les amphétamines:
poudre aux yeux et pis-aller!
Pallier la fatigue par les amphétamines,
c’est faire taire les signaux d’épuisement
du corps. Le cycle veille-sommeil se
rompt. Le speed ne fait alors que l’effet
d’un coup de fouet. Plutôt que de permettre au corps de se régénérer par le
repos et le sommeil, les amphétamines
l’incitent à puiser jusque dans ses ultimes
réserves et induisent un épuisement chronique. Pour se sentir bien, faire le plein
d’énergie, pourquoi ne pas faire un peu
de sport et manger équilibré? Pour une
concentration optimale, le training autogène et la méditation font des miracles.
Et pour perdre du poids, rien de mieux
qu’une alimentation saine et légère et
de l’exercice tous les jours!
Vous pouvez obtenir des exemplaires
supplémentaires gratuits auprès
de l’ISPA.
D’autres Info-drogues sont disponibles sur le cannabis, l’ecstasy,
les hallucinogènes ainsi que sur l’alcool
et la santé.
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nécessaires pour le port.)
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