POUR UNE CULTURE POPULAIRE - esu-psu-unef

L’Etudiant de France – Nouvelle s‚rie Nƒ2 – Jullet-Ao„t 1968
POUR UNE CULTURE POPULAIRE
Le mouvement de mai n'a pas
seulement contest‚ les structures de la
soci‚t‚ capitaliste, il a remis en cause
les formes, le contenu et le sens
profond de la culture.
La culture bourgeoise plus que
la satisfaction de conna…tre est la
volont‚
de
para…tre.
La
compr‚hension ‚tant bas‚e sur
l'‚rudition et par-l† m‡me r‚serv‚e †
une minorit‚. De m‡me la cr‚ation est
r‚serv‚e † l'artiste, individu poss‚dant
le don, la connaissance, ‚touff‚ par
les oeuvres des anciens et encadr‚ par
les rˆgles inflexibles de son art. Le
droit de cr‚er est donc, lui aussi
r‚serv‚ † une minorit‚.
La culture de masse n'est
qu'une vaste entreprise commerciale
destin‚e † faire des profits et †
‚touffer toute vell‚it‚ de r‚sistance †
l'id‚ologie dominante. Les oeuvres
insignifiantes
et
insipides
ne
pr‚sentent aucun
des
aspects
p‚dagogiques critiques et cr‚ateurs
qui seules peuvent permettre le
d‚veloppement d'une r‚elle culture
populaire originale. Reconna…tre la
cr‚ation comme besoin fondamental
de l'homme c'est vouloir lib‚rer les
classes populaires de l'ali‚nation au
plaisir commercialis‚. C'est un
ferment
objectivement
r‚volutionnaire car vouloir la libert‚
de l'expression et de la cr‚ation c'est
battre en brˆche le privilˆge culturel
des classes dominantes et † remettre
en question les autres privilˆges. La
lutte du personnel et des journalistes
de l'O.R.T.F. montre bien que la
revendication de l'autonomie de
l'information aussi bien que les
spectacles et de la diffusion d'oeuvres
correspondant aux besoins profonds
des travailleurs ne peut ‡tre accept‚e
par un gouvernement anti-populaire.
Ce r‚gime s'il a su transformer le
secr‚tariat, Ministˆre d'Etat charg‚
des Affaires culturelles, n'a permis
qu'au Ministre Malraux de faire des
discours et de privil‚gier un petit
nombre d'artistes officiel du r‚gime,
tels que Planchon, Barrault et Wilson.
Les ‚tudiants, les travailleurs,
les artistes ont compris l'importance
de la contestation et de la cr‚ation.
Les ‚tudiants des arts appliqu‚s ont
contest‚ et propos‚ de nouvelles
formes pour leurs ‚coles mais ils ont
‚galement occup‚ l'‚cole maternelle,
rue Paul Dubois, laissant les enfants,
puis leurs parents dessiner librement
sur papier kraft, animant le square du
Temple, cr‚ant la f‡te populaire du
Marais. Ainsi dans les facult‚s, les
usines, les th‚‰tres occup‚s, le
mouvement de mai a fait ‚mietter les
structures scl‚ros‚es de la culture
lib‚rant l'expression de tous. Jamais
nous n'avons tant lu, tant parl‚, tant
cr‚‚, la cr‚ation n'est pas seulement
dans les temples fatigu‚s, elle doit
‡tre partout et pour tous. Le
mouvement de mai ne peut se
perp‚tuer que dans l'action, c'est
pourquoi les universit‚s populaires
auront pour rŠle de continuer la lutte
culturelle tout d'abord en contestant la
culture bourgeoise, en analysant les
exp‚riences tent‚es pendant ces
derniers mois, en cherchant les
chemins pour une culture r‚ellement
populaire. Mais il ne s'agira pas
seulement de parler. La libert‚
d'expression artistique y sera
particuliˆrement encourag‚e.