version pdf - Cédric Eyssette

Transcription

version pdf - Cédric Eyssette
Adresse de ce document : http://bit.ly/revisions-philosophie
Cédric Eyssette
Cours de philosophie (2011-2012) - TL
http://eyssette.net
INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE
●
●
●
Thalès qui regarde les étoiles et tombe dans un puits.
Problématiser : être un taon qui pique un cheval un peu mou (Socrate). Argumenter : mettre les idées sur une
balance (Epictète). Analyser : regarder ses propres lunettes, être un ingénieur conceptuel (Blackburn).
Il ne faut pas vomir ce qu’on a appris, mais le digérer (Epictète)
SÉQUENCE 1 : ÉTHIQUE ET PHILOSOPHIE MORALE
CHAPITRE I : LE BONHEUR, LE DÉSIR
Question 1 – Le bonheur est-il possible ?
●
Le bonheur comme satisfaction globale, durable, qui provient d’un jugement sur sa vie
I - Le bonheur comme idéal impossible
1/ Le bonheur : idéal, non de la raison, mais de l’imagination (Kant)
● Un modèle de bonheur n’est pas : universel, valable pour tous les individus, objectif, nécessairement adapté
à la réalité, un concept parfaitement défini, logique et cohérent, une garantie d’un bonheur réel. Un modèle
de bonheur est toujours : particulier, relatif à l’individu, subjectif, fondé sur des représentations mentales qui
débordent la réalité, une représentation vague et confuse, une image que l’on se fait du bonheur.
2/ Bonheur et hasard
● L’étymologie. L’image de la roue de la fortune. “Nul ne peut être dit heureux avant sa mort” (Solon). “Le temps
est un enfant qui joue” (Héraclite). Le hasard de la naissance.
3/ Le pessimisme philosophique
● Les plaisirs de l’existence ne sont que temporaires (tonneau percé), nous retombons vite dans l’insatisfaction.
Les plaisirs de l’existence ne sont que superficiels (divertissement), ils ne peuvent supprimer les malheurs de
l’existence, mais ne font que les masquer de manière illusoire.
● Le tonneau percé (Platon). La société de consommation, la publicité et la télévision (texte de Beigbeder sur
la publicité, analyse de la publicité Dior, Le Lay : « ce que nous vendons à Coca-cola, c’est du temps de
cerveau disponible »).
● Le divertissement (Pascal). L’homme ne supporte pas le repos, l’ennui. L’homme cherche ainsi toujours
l’activité, une occupation qui remplit son esprit. Pour ne pas penser à son existence, au temps qui passe, à la
misère de l’existence humaine, l’homme se divertit. Les vanités en peinture.
● La vie comme pendule qui oscille entre la souffrance et l’ennui (Schopenhauer).
II - Les sagesses antiques
1/ Points communs
● But : le bonheur et la liberté. Moyen : Réfléchir à soi / Vivre en accord avec la nature.
2/ L’épicurisme
● Le bonheur et la liberté comme ataraxie (“être un épicurien” ; le plaisir selon Epicure : plaisirs mobiles et
plaisirs statiques ; le tetrapharmakon contre la crainte des dieux, de la mort, de la souffrance et de l’avenir).
● Réfléchir à soi = réfléchir à ses désirs (la prudence, le calcul des plaisirs, la recherche du plaisir dans la
mesure plutôt que dans l’excès).
● Vivre en accord avec la nature = se focaliser sur ses réels besoins (besoins ≠ envies ; les trois types de
désirs).
● La référence à l’épicurisme dans les mouvements de la simplicité volontaire, de la décroissance.
3/ Le stoïcisme
● Le bonheur et la liberté comme apathie (“Être stoïque” ; l'image du roc, l'image de la citadelle intérieure ; faire,
en toute circonstance, ce qu'un être rationnel ferait ; la vertu comme tension morale).
● Réfléchir à soi = réfléchir à ses représentations (“Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses ellesmêmes, mais les jugements qu'ils font sur ces choses”).
● Vivre en accord avec la nature = accepter le réel (La distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne
dépend pas de nous ; « décide de vouloir ce qui arrive et tu seras heureux »).
● La référence au stoïcisme dans les thérapies cognitives.
III - Repenser le désir
1/ Le désir est-il vraiment un état de manque ?
● Le désir comme manque et le bonheur comme plénitude (le mythe d’Aristophane).
● Le désir comme force en mouvement et le bonheur comme vie intense (la figure de Don Juan chez Molière et
Mozart).
2/ Le désir comme puissance créatrice
● Le bonheur comme création de soi par soi (Bergson). La puissance du désir. Le désir comme source de la
valeur et du sens.
Question 2 – Le bonheur est-il vraiment désirable ?
I - Le bonheur comme bien suprême
1/ Analyse philosophique de la notion de bien suprême
● Le désir d’être heureux comme motif ultime : le bonheur est « le motif de toutes les actions de tous les
hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre » (Pascal).
● Le bonheur comme bien global, final et autosuffisant (Aristote).
2/ Le bonheur comme idéal et norme des sociétés modernes
● Le bonheur comme norme politique (le droit au bonheur), norme sociale et norme économique des sociétés
modernes.
● L’utilitarisme et le bonheur (Bentham) : le plus grand bonheur pour le plus grand nombre.
II - Mais n’y a-t-il pas des exigences supérieures au bonheur ?
1/ Bonheur et vie accomplie
● L’homme qui compte des brins d’herbe. Mill : « Il vaut mieux être un homme insatisfait qu'un porc satisfait ; il
vaut mieux être Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. ». La question de la qualité des plaisirs (Bentham
vs. Mill).
2/ Bonheur et vérité
● La machine à expérience de Nozick. Matrix : le choix de Néo vs. le choix de Cypher.
3/ Bonheur et liberté
● Bonheur et liberté dans la fiction (notamment : Huxley, Le Meilleur des mondes).
● Bonheur et liberté dans les sociétés démocratiques : le despotisme doux (Tocqueville).
● Le désir fondamental de l’individu est d’affirmer librement sa puissance (Alain).
4/ Bonheur et morale
● Le choix d’Hercule.
● Le cas du méchant heureux. Morale et sacrifice de soi, souci des autres et souci de soi.
CHAPITRE II : LA MORALE, LE DEVOIR
●
Analyse de la notion de devoir. La nécessité, la contrainte, l’obligation.
Question 3 – D’où viennent nos croyances morales ?
I - La généalogie de la morale (Nietzsche)
● Faire de la philosophie à coup de marteau.
1/ Expliquer les conditions de naissance des valeurs morales
● Derrière l’évidence des valeurs morales, il y un contexte historique et social qui permet de comprendre
l’émergence de ces valeurs. Application à l’exemple de la tolérance : généalogie de cette valeur (les guerres
et notamment les guerres de religion, l'individualisme, le multiculturalisme des sociétés contemporaines).
2/ Examiner la valeur des valeurs
● Derrière les vertus que nous valorisons, il y a des vices et des faiblesses. La critique par Nietzsche des
valeurs chrétiennes (nihilisme ; morale d’esclave ; le surhomme). Application à l’exemple de la tolérance.
3/ Comprendre la genèse de la conscience morale
● Derrière la conscience morale, il y a une pulsion grégaire (les mœurs sont une morale du troupeau) et
un processus de domestication des pulsions (les mœurs sont une morale du dressage). La genèse de la
conscience morale comme “mauvaise conscience”.
II - L’idée d’un fondement naturel de la morale
1/ La pitié comme sentiment naturel (Rousseau)
● Le fondement de la morale n’est pas la raison, mais un sentiment. Le fondement de la morale n’est pas la
société, mais la nature.
2/ Comment peut-on expliquer le mal si la pitié est un sentiment naturel ?
● La raison et le mal (la lettre de Willy Just).
● La société et le mal (la soumission à l’autorité dans l’expérience de Milgram ; la banalité du mal selon Hannah
Arendt).
● Le cas Eichmann.
3/ Une approche contemporaine de la question des bases naturelles de la morale
● L’éthique évolutionniste
Question 4 – Y a-t-il une vérité en morale ?
I - Le relativisme moral
1/ Le relativisme culturel
● Diversité des croyances morales selon les cultures. Critique de la distinction entre les barbares et les
civilisés : Montaigne, Lévi-Strauss (la colonisation, l’ethnocentrisme, critique de l’idée de progrès)
2/ Relativisme moral descriptif et relativisme moral normatif
● Distrinction entre ces deux formes de relativisme. On ne peut pas passer immédiatement du relativisme moral
descriptif au relativisme moral normatif
● 2 arguments pour justifier le passage du relativisme descriptif au relativisme normatif : l’argument de la
tolérance et l’argument des désaccords irréductibles (spécificité des jugements de valeur par rapport au
jugements de fait).
II - Les critiques du relativisme moral
1/ Le relativisme moral descriptif est-il vrai ?
● Les croyances morales sont-elles fondamentalement différentes selon les individus ? N’y a-t-il pas des points
d’accord importants ?
● Les différences apparentes de comportement moral s’expliquent-elles par des différences dans les croyances
morales ?
2/ Le relativisme moral normatif est-il vrai ?
● Critique de l’argument de la tolérance. L’argument est autoréfutant. Accepter l’idée de vérité ne conduit pas
nécessairement à être intolérant.
● Critique de l’argument des désaccords irréductibles. Les intuitions morales. Le raisonnement moral (l’appel à
la cohérence en morale).
Question 5 – Quels sont mes devoirs moraux ?
I - Les morales de l’autorité
1/ Les différents types de morales de l’autorité
● Dieu, la Tradition, ou bien la Nature comme autorité morale.
2/ Les problèmes que posent les morales de l’autorité
● Suivre l'une des morales de l'autorité, n'est-ce pas renoncer à l'exercice de sa raison ?
● Les morales de l'autorité peuvent-elles prétendre fournir un critère du bien et du mal ?
● Cas d’éthique appliquée (l’homosexualité, manger de la viande …) : critique des arguments se fondant
sur ce qui est naturel et sur ce qui ne l’est pas. Application de deux stratégies : la stratégie “Ah oui ?” et la
stratégie “Et alors ?”.
II - Le conséquentialisme
1/ Un exemple : le conséquentialisme de Peter Singer
●
Ne pas donner de l’argent à des associations humanitaires, c’est laisser mourir des individus qu’on pourrait
sauver. L’équivalence morale entre tuer et laisser mourir selon Peter Singer.
● La comparaison avec la situation d’un enfant qui se noie devant nous. Ne pas donner de l’argent à des
associations humanitaires, c’est comme ne pas sauver l’enfant qui se noie devant nous.
2/ Qu’est-ce que le conséquentialisme ?
● Une morale qui fait appel à la raison
● Un calcul global et impartial des conséquences
3/ Les problèmes principaux du conséquentialisme
● Expériences de pensée autour du “problème du Trolley”
● Un calcul impossible ? Une morale qui rend possible le sacrifice de certains ? Une morale trop exigeante ?
III - Le déontologisme : la morale kantienne
1/ La version kantienne du déontologisme : les principes de base
● Une morale qui fait appel à la raison. Autonomie vs. autorité. Obligation vs. contrainte.
● 1er type d’impératifs fondés sur la raison : les impératifs hypothétiques. Ce type d’impératifs ne peut
constituer le fondement de la morale.
● La morale repose sur un impératif catégorique. Mais dans quelle mesure peut-on dire que les impératifs
catégoriques sont fondés sur la raison ?
2/ Les trois formulations de l’impératif catégorique
● 1ère formulation : l’universalisabilité (un dépassement de l’objection du calcul impossible).
● 2e formulation : la dignité (un dépassement de l’objection du sacrifice). Ne pas considérer autrui seulement
comme un moyen, mais toujours le considérer comme une fin en soi. Avoir une valeur intrinsèque ≠ avoir un
prix : on ne peut réduire la personne au statut d’une chose, au statut d’objet échangeable.
● 3e formulation : l’acceptabilité rationnelle (un dépassement de l’objection de l’exigence morale trop forte).
Prolongements contemporains de cette idée : Rawls, Habermas.
3/ Limites du déontologisme
● La morale kantienne permet-elle vraiment de déterminer nos devoirs moraux ? Les difficultés de
l’universalisation. L’ambiguïté de la notion de dignité. Les conflits moraux.
● La critique du déontologisme (et du conséquentialisme) par l’éthique des vertus : le cas de l’éthique du care.
SÉQUENCE 2 : PHILOSOPHIE DE L’ESPRIT
CHAPITRE III : LE SUJET, LA CONSCIENCE, LA MATIÈRE ET L’ESPRIT, LA LIBERTÉ
Question 6 – Qu’est-ce qu’une personne ?
●
Cas problématiques : l'embryon, le robot, les “personnes multiples", l’identité personnelle à travers le temps,
la transplantation de cerveau, la copie parfaite.
I - Être une personne, c’est avoir une conscience
1/ Être un sujet
● Être un sujet ≠ être un simple objet. L’intériorité, l’existence à la première personne (l’analyse des pronoms
personnels par Benveniste).
● 2 modes de l’intériorité : ressentir (une forme de conscience immédiate) / penser (une forme de conscience
réfléchie).
2/ Être capable de faire des choix
● Bergson : conscience et choix. 4 arguments : pour pouvoir faire des choix, il faut pouvoir se remémorer le
passé et anticiper l’avenir ; la conscience ne se rencontre que chez des êtres vivants qui ont des choix à
faire ; notre attention n’est plus sollicitée lorsque notre comportement devient mécanique, automatique ; les
moments de prise de conscience les plus vifs sont ceux où nous avons un choix important à faire.
3/ Avoir un statut moral
● Deux sources du statut moral : (i) être un sujet, avoir une intériorité, et notamment : être capable de ressentir
de la souffrance, du plaisir, avoir des désirs, des préférences, des croyances (cf. l’utilitarisme et ses
différentes formes) et (ii) être capable de faire des choix, avoir une autonomie (cf. la morale kantienne).
4/ Avoir une identité personnelle
● Avoir une identité personnelle subjective. Être capable de se former une représentation de soi-même,
notamment à travers ses souvenirs, sa mémoire (Locke).
● Avoir une identité sociale, intersubjective. Identité et rôle social (l’identité sociale dans la Grèce antique ; la
place du travail dans l’identité contemporaine, le vécu du chômage). Identité et reconnaissance par autrui.
II - Puis-je vraiment saisir ce que je suis ?
1/ Le Moi : insaisissable, voire inexistant
● L’amour ne permet-il pas de saisir l’identité véritable de la personne ? La critique de Pascal.
● Le Moi existe-t-il en définitive ? Hume : critique de l'idée d'un moi substantiel.
● Pourquoi croyons-nous au Moi ? Nietzsche : généalogie de la croyance au Moi.
2/ L’identité personnelle comme construction
● L’identité de l’individu se construit à travers des récits. Ricœur : l'identité narrative. Littérature et identité. Le
discours des autres sur soi (l’effet Pygmalion).
● L’identité personnelle n’est jamais déjà déterminée. Sartre : l'existence précède l'essence ; la critique de la
mauvaise foi ; la conscience comme intentionnalité (et non comme intériorité) ; l'engagement. Nietzsche : le
vrai moi n’est pas caché en soi.
Question 7 – Comment peut-on concevoir la relation entre le corps et l’esprit ?
I - Le dualisme
1/ Le dualisme dans l’histoire de la pensée
● Le dualisme platonicien. Le corps et l’esprit dans le christianisme.
2/ Le dualisme cartésien
● Descartes, Méditations Métaphysiques. La recherche de la certitude et le doute radical (l'image du panier de
fruits)
● 1ère étape du doute : La critique des croyances qui proviennent d'autrui.
● 2e étape du doute : La critique des croyances qui reposent sur la perception. L'argument de la tromperie des
sens. L'argument du rêve (et ses versions modernes)
● 3e étape du doute : La critique des croyances qui reposent sur la raison. L'argument du malin génie.
Ce qui est inconcevable est-il vraiment impossible ? 3 exemples dans l'histoire des mathématiques (en
arithmétique : “le tout est plus grand que la partie”, en géométrie : les géométries non-euclidiennes, en
algèbre : les nombres complexes)
● Le cogito. Le rapport corps-esprit selon Descartes.
II - Le matérialisme
1/ L’esprit a-t-il sa place dans une explication scientifique du monde ?
● Le problème de l’interaction.
● La psychologie populaire et les neurosciences. Le modèle de l'ordinateur (cerveau et traitement de
l'information ; la modularité de l’esprit). l'exemple de la vision comme système de traitement d'information :
traitement sémantique (“vision pour voir” ; zone dans le cerveau concernée : voie ventrale ; trouble associé :
agnosie visuelle) et traitement pragmatique (“vision pour agir” ; zone dans le cerveau concernée : voie
dorsale ; trouble associé : l’ataxie optique).
2/ Les limites du matérialisme
● Le problème du sens : une machine peut-elle penser ? Le test de Türing (le prix Loebner) - L'argument de la
chambre chinoise (Searle)
● Le problème de la sensibilité : une machine peut-elle ressentir quelque chose ? Le cas des émotions et
sentiments (le robot Kismet). Le cas des sensations, des qualia (les zombies, le spectre inversé, Marie la
scientifique, l'effet que cela fait d'être une chauve souris).
Question 8 – Sommes-nous vraiment libres ?
●
Liberté d’action et liberté de la volonté
I - Les arguments en faveur du libre arbitre
1/ L’expérience de la liberté
● L’expérience du choix. L’intuition qu’on aurait pu faire autrement.
● Limite de cet argument : ce sentiment n’est-il pas illusoire ? Spinoza : la croyance en la liberté repose sur
l’ignorance des causes qui nous déterminent.
2/ Liberté et responsabilité morale
● Sans libre arbitre, il n’y a pas de responsabilité morale (Thomas d’Aquin). Le cas des procès d’animaux au
Moyen Âge. L’article 122-1 du Code pénal.
● 1ère critique : On peut penser la responsabilité morale sans faire référence à une possibilité d’agir autrement
(cf. critique par Frankfurt du principe des possibilités alternatives. Analyse de la notion de responsabilité à
partir des cas d’absence, de diminution ou d’aggravation de la responsabilité. (i) Plus une action repose sur
les désirs, les croyances, les intentions d’un individu, plus nous tenons cet individu pour responsable de cette
action (le cas de l’ignorance, de l’accident, de la contrainte, de la préméditation). (ii) Plus l’individu est capable
d’un contrôle de lui-même, plus nous le tenons pour responsable (le cas de l’enfant, de la maladie mentale,
du crime passionnel). Complexité de la notion de responsabilité (le cas de l’addiction, de l’influence, de la
faiblesse de la volonté).
● 2e critique : L’argument ne prouve pas directement l’existence de la liberté. Le libre arbitre n’est-il pas une
invention pour justifier la responsabilité morale ? Le libre arbitre comme “tour de passe-passe théologique”
(Nietzsche).
3/ Liberté et raison
● La liberté semble fondée sur une propriété caractéristique des hommes : la raison (Thomas d’Aquin).
Distinction entre la raison et l’instinct.
● Critique : L’homme est-il vraiment un être à part, un “empire dans un empire” (Spinoza) ?
II - Le déterminisme
1/ Déterminisme et fatalisme
● Le déterminisme repose sur une démarche rationnelle d'explication, et non sur un simple sentiment ou une
mythologie.
● Le déterminisme nous permet de connaître les lois de la nature et d'agir sur le cours des choses, tandis
que le fatalisme nous maintient dans un sentiment d'impuissance face au destin (discussion de l’argument
paresseux ; la critique du fatalisme politique par Bourdieu).
● Le déterminisme repose sur l'idée d'une nécessité conditionnelle (qui s'exprime sous la forme de lois : “si …,
alors …”), tandis que le fatalisme repose sur l'idée d'une nécessité inconditionnelle (“de toute façon, ce qui
doit arriver arrivera")
2/ Les différentes formes de déterminisme
● Le déterminisme physique (ou déterminisme matérialiste). 1er exemple : le lancer d’un projectile. 2e
exemple : le lancer d’un dé. La question du hasard. Le hasard est-il dans la réalité ou bien n’est-il que l’effet
de notre ignorance ? Le démon de Laplace : un être qui aurait connaissance de toutes les lois et tous les
paramètres physiques pourrait-il prédire ce qui va se passer ? Les limites de notre connaissance (théorie de
la complexité ; théorie du chaos : sensibilité aux conditions initiales, effet-papillon, limites de nos instruments
de mesure). Application du déterminisme physique à la question du libre arbitre : le déterminisme neuronal
(l’expérience de Libet ; le neuromarketing) et le déterminisme génétique (la génétique des comportements ;
le cas des animaux : la “fidélité” des campagnols et la parade sexuelle de la drosophile ; les limites de
l’application à l’homme).
● Le déterminisme psychique. Cf. le cours sur l’inconscient.
● Le déterminisme social. Les tables de destinée, l’analyse de Bourdieu (le poids des différences de capital
économique, social et culturel sur la réussite scolaire et sociale ; critique de la notion de mérite : l’école
comme lieu de reproduction et de justification des inégalités).
● Remarque générale : l’état des connaissances ne permet pas de conclure à un déterminisme strict
s’appliquant à l’individu, mais à un déterminisme probabiliste qui s’applique à des populations.
CHAPITRE IV : LE LANGAGE
Question 9 – Les animaux ont-ils un langage ?
I - Les animaux sont capables de communiquer
1/ La communication en milieu naturel
● Par quels moyens ? Communication visuelle (postures, mimiques, couleur), sonore (cris, chants,
vocalisation), chimique (odeurs, phéromones), tactile (caresses, épouillage).
● Que communiquent-ils ? Une information à propos du monde extérieur (présence de nourriture, présence
d'un prédateur) / Une information à propos de l'individu lui-même (une caractéristique, un état temporaire, une
disposition).
● Quelques exemples particuliers : le poisson (Aspidontus tæniatus) qui se fait passer pour un poisson
nettoyeur (Labroïdes dimidiatus) et communique ainsi une information fausse pour pouvoir approcher un
poisson et l’attaquer, la queue du paon comme signal de la valeur adaptative du mâle (théorie du handicap).
Exemple le plus important : la danse des abeilles.
2/ La communication animale en laboratoire
● Récapitulatif des travaux sur les singes (exemple principal : Kanzi).
● Alex le perroquet.
II - Les spécificités du langage humain
1/ Point de vue de l'émetteur
● La distinction signal / symbole (Benveniste). La fonction symbolique du langage humain. Bergson : "Le signe
instinctif est un signe adhérent. Le signe intelligent est un signe mobile."
2/ Point de vue du signe lui-même
● 1er niveau d'organisation : les phonèmes. La phonologie structurale (Jakobson)
● 2e niveau d’organisation : les morphèmes. La sémantique structurale. La sémiologie de Roland Barthes.
● 3e niveau d’organisation : la syntaxe. La grammaire générative de Chomsky
3/ Point de vue du récepteur
● Trois types de signes (Peirce) : indices (dont la signification repose sur une relation dans la réalité elle-même
entre l’indice et ce qu’il signifie : relation de causalité, de contiguïté), icônes (dont la signification repose sur
une relation de similarité), symboles (dont la signification repose sur un code arbitraire). Le langage humain
est constitué de symboles, il est fondé sur l'arbitraire du signe (Saussure), même si les sons ont un pouvoir
évocateur ("milimi" & "takata" ; la poésie ; le cratylisme).
● Insuffisance du modèle du code. Pour comprendre le sens, il faut : interpréter, faire des hypothèses, des
inférences, en fonction d'un contexte, d'une situation. La communication humaine, même quand elle n'est pas
linguistique, repose sur un tel processus.
● Complexité de la communication humaine. Distinction de la signification naturelle et de la signification non
naturelle selon Grice. La communication humaine fait appel à des représentations d'ordre supérieur (et
l’animal n’a pas cette capacité). Comment comprendre l'intention du locuteur ? Grice : La compréhension
de l'implicite et des présuppositions dans la conversation ordinaire. Le principe de coopération et les quatre
maximes de la conversation.
Question 10 – Comment concevoir la relation entre le langage et la pensée ?
I - Le langage comme expression imparfaite de la pensée
1/ Le langage comme moyen d'expression des pensées
● Hobbes : le langage comme transformation du discours mental en discours verbal (intériorité de la pensée /
signes extérieurs, privé / public). Locke : le langage comme marque sensible de nos idées.
● Le langage ici : un moyen de communication, un canal par lequel on fait passer une idée d'un esprit à un
autre, un outil de transmission. Platon : La pensée (dialogue de l’âme avec elle-même), la parole, l’écriture.
● Autre fonction du langage : enregistrer la pensée, externaliser la mémoire. Pistes de réflexion sur l'esprit
étendu et la question de savoir si l'externalisation des fonctions de la pensée augmente ou diminue nos
capacités de penser.
● Ici : la pensée préexiste au langage. Mais quelle est la nature de la pensée ? Si elle préexiste au langage,
pourquoi la concevoir comme un *discours* mental, comme un *dialogue* intérieur ?
2/ La pensée a-t-elle elle-même la forme d'un langage ?
● La pensée comme langage. L’idée d’un langage de la pensée. La recherche d'un langage idéal : Ockham
(questions de l'équivocité, des synonymies ; quelles sont les caractéristiques des langages conventionnels
qui existent dans le langage de la pensée ? Exemple à partir des noms et des verbes) ; évocation de l’analyse
logique du langage (Frege, Russell ; la grammaire de surface et la forme logique ; l’analyse des descriptions
définies.)
● La pensée en-deçà et au-delà du langage. Bergson : le langage comme système d'étiquettes abstraites &
générales ; la pensée comme intuition. La mystique et la théologie négative.
II - Les limites de cette représentation du langage
1/ Le sens de ce que nous disons se trouve-t-il vraiment dans nos représentations mentales ?
● Locke: “Les idées qu’on désigne par les mots sont ce qu’ils signifient proprement et immédiatement”.
Comprendre le sens : se former une représentation mentale dans son esprit de ce qui est dit.
● Critique générale de la conception internaliste de la signification : 1/ si le sens des mots réside dans des idées
privées, comment la communication est-elle possible ?, 2/ si le sens des mots réside dans des idées, d'où
vient le sens de ces idées ? N'est-ce pas une simple manière de déplacer le problème ?
● Comprendre le sens d’une expression c’est d’abord savoir l’utiliser correctement. Wittgenstein “le sens, c’est
l’usage”. Le sens et les règles. Contre l'internalisme de la signification : l'externalisme social.
● Comprendre le sens d'une expression, c'est comprendre comment elle se rapporte à la réalité.
Wittgenstein : "comprendre une proposition, c'est savoir ce qui advient si elle est vraie". Sens et conditions de
vérité. Schlick : "la signification d'un énoncé, c'est sa méthode de vérification". La critique de la métaphysique
par Carnap. Évocation de l'externalisme physique.
2/ Le langage peut-il déterminer la pensée ?
●
●
L'hypothèse de Sapir-Whorf : relativisme linguistique, déterminisme linguistique.
La critique de cette hypothèse : a/ critique de l'idée d'un flux d'impressions qui serait ensuite organisé par le
langage, b/ critique des exemples de Whorf (sur la couleur, le temps)
● Des exemples qui semblent vérifier une hypothèse d'un déterminisme linguistique faible (l'espace et l'action
dans l'espace [Soonja Choi & Melissa Bowerman à propos d'expériences de catégorisation avec des enfants
anglais et des enfants coréens], les nombres [le langage des Pirahãs]).
● Les enjeux politiques de la question. Orwell, 1984 : la novlangue. Application au langage politique
(euphémisation, inversions de sens, neutralisation du sens). La question de la diversité des langues et de
l'unification linguistique.
3/ La pensée peut-elle vraiment exister sans un langage ?
● La critique de Hegel : "c'est dans les mots que nous pensons". L'intuition, c'est de la pensée obscure, à l'état
de fermentation. Exemple : critique de la certitude sensible par Hegel, de l'impression de richesse du contenu
de la perception qui n'est en fait qu'une pauvreté de contenu (exemples en science : le microscope, l'imagerie
médicale, le paysage ; exemples en art). Besoin d'un langage pour exprimer une véritable pensée, riche en
contenus.
CHAPITRE V : LA PERCEPTION
Question 11 – Ce que nous percevons, est-ce vraiment la réalité ?
I - La perception comme contact direct avec la réalité
1/ La perception est un contact direct, grâce à nos sens …
● Husserl : « L’objet se tient dans la perception comme en chair et en os ». La perception comme toucher,
contact (l’image de la cire chez Aristote). La perception comme critère d’existence : Le Caravage, L’incrédulité
de saint Thomas.
● La perception comme accès direct au réel se distingue ici de la raison qui nous permet d’accéder au réel
par l’intermédiaire du langage, de concepts, de raisonnements. Cf. la mesure de la taille des pyramides par
Thalès et de la circonférence de la Terre par Eratosthène (où l’accès direct impossible).
● La perception suppose une connexion causale entre l’objet de la perception et nos sens (parcours de la
lumière jusqu’à nos yeux …) : la perception présuppose ainsi la réalité de l’objet de la perception (analyse des
cas d’illusion et d’hallucination. Peut-on voir un fantôme ?).
2/ … avec la réalité concrète, ici, maintenant
● Le contenu de la perception est une réalité concrète et particulière (ce n’est pas un contenu conceptuel,
général et abstrait). Aristote : “il n’y a pas de connaissance scientifique par la perception” (le hoti et le tode ti
de la perception vs. le dioti de la raison).
● La perception se rapporte à ce qui est ici (à la différence de l’imagination) et ce qui est maintenant (à la
différence du souvenir). (Sartre contre la psychologie des facultés).
II - Mais la perception n'est-elle pas une interprétation ?
1/ La perception comme interprétation à partir des données immédiates des sens
● Les images ambigües et les illusions perceptives.
● Sensations et perception. La théorie des sense-data.
● Le problème de Molyneux : un aveugle qui recouvre la vue est-il capable de reconnaître une sphère et un
cube (objets qu’ils ne connaissaient auparavant que par le toucher) ? Perception et apprentissage.
2/ La théorie intellectualiste de la perception
● Descartes et le morceau de cire. Alain et l'exemple du cube.
● Observation et théorie en science (le télescope, le microscope, l’imagerie médicale …). Le rôle des
connaissances dans la perception des œuvres d’art.
● (Sellars, le mythe du donné)
3/ Critique de l'intellectualisme
● Dans la perception, l’interprétation ne se fait pas seulement en fonction de concepts. La théorie de la Gestalt.
La théorie computationnelle de la perception. Les phénomènes de sélection : cécité attentionnelle ; la cécité
au changement ; Bergson : « la perception mesure notre action possible sur les choses ».
CHAPITRE VI : L’INCONSCIENT
Question 12 – L’inconscient est-il un mythe ou une réalité ?
●
Introduction à la psychanalyse avec un film de John Huston, Freud: The Secret Passion
●
●
Le terme d’“inconscient” dans le langage ordinaire. Définition de l’inconscient.
Deux problèmes. (i) Un problème théorique : comment peut-on savoir qu’il existe un inconscient psychique ?
(ii) Un problème pratique : l’inconscient remet-il en question la liberté de l’individu ?
I - L’inconscient freudien (Travail sur une œuvre suivie : Freud, Cinq Leçons sur la psychanalyse)
A) Texte 1 : De la médecine à la psychanalyse
1/ La médecine et l’hystérie
● La singularité de l’hystérie. Des symptômes organiques, sans causes organiques. Charcot et l’hystérie.
● Les médecins face à l’hystérie. Le jugement moral sur l’hystérie. Meynert dans le film de Huston
● Le Dr Breuer face à l’hystérie. La relation avec le patient.
2/ La méthode du Dr Breuer
● La recherche d’une cause mentale de l’hystérie. L’utilisation de l’hypnose.
● La thérapie proposée par le Dr Breuer. Talking cure et chimney sweeping.
B) Texte 2 : Le rêve comme voie royale d’accès à l’inconscient
1/ Les processus à l’œuvre dans le rêve
● Le travail onirique.
● La condensation et le déplacement. Le rêve de Cecily dans le film de Huston.
● La comparaison entre le rêve et la névrose.
2/ Le contenu du rêve
● Le retour à l’enfance. L’éducation et la culture.
● L’idée d’un symbolisme général. Freud et Jung.
3/ L’objection du rêve d’angoisse
● La nécessité de l’interprétation.
● Angoisse et refoulement.
C) Texte 3 : Le normal et le pathologique dans la psychanalyse
1/ Le développement sexuel normal
● Le normal et le pathologique dans la médecine et dans la psychanalyse.
● Les stades du développement selon Freud.
2/ Les troubles du développement sexuel
● La perversion.
● La névrose.
3/ La sexualité dans la psychanalyse
● Pulsions et sexualité selon Freud.
II - Les critiques de la psychanalyse
1/ Les critiques du point de vue épistémologique
● (La critique de Wittgenstein)
● La critique de Popper
● (La critique de Grünbaum)
2/ Les critiques du point de vue pratique
● Le problème de la liberté et de la responsabilité morale : Les critiques de Sartre et d’Alain
3/ Une autre approche de l’esprit : les neurosciences
● Un autre type d’inconscient : l’inconscient cognitif. L’effet Stroop, la tâche aveugle, l’héminégligence, les
expériences d’amorçage.
● Psychanalyse et neurosciences.
SÉQUENCE 3 : PHILOSOPHIE DE LA CULTURE
CHAPITRE VII : LA CULTURE
●
Les différents sens de la notion de culture.
Question 13 – En quel sens peut-on dire que l’homme est un être culturel ?
I - La culture comme processus de formation de l’humanité
1/ La transformation du monde extérieur en un milieu proprement humain
● Cf. cours sur le travail et la technique + cours sur l’art
2/ La transformation de l’individu en un être proprement humain
● La culture comme éducation. L’éducation comme instruction et discipline.
● La discipline (i) : la domestication des pulsions. Le cas des pulsions sexuelles (Lévi-Strauss et la prohibition
de l’inceste ; Diogène le cynique et la masturbation). Le cas des pulsions agressives (Norbert Elias :
le “processus de civilisation. Refoulement et sublimation de l’agressivité).
● La discipline (ii) : les techniques du corps (Marcel Mauss).
3/ Les limites de cette représentation de la culture
● L’analyse critique de Lévi-Strauss (critique de l’ethnocentrisme, de l’idée de progrès, de l’esprit de la
colonisation).
● Analyse de cas : les zoos humains et la construction de la distinction sauvage/civilisé à travers trois
dimensions (voir, savoir, pouvoir).
II - Cultures et politique
1/ Le nationalisme culturel
● Le contexte historique.
● Deux arguments : (i) la cohésion sociale reposerait sur l'unité culturelle ; (ii) l'identité individuelle reposerait
sur l'identité culturelle.
● Analyse critique : (i) L'idée d'identité ou d'unité culturelle a-t-elle un sens ? un contenu précis ? (Les
sociétés contemporaines sont des sociétés pluralistes, individualistes et l'idée même d'identité culturelle
ne suppose-t-elle pas un rapport fictif à l'histoire ?). (ii) La cohésion sociale suppose-t-elle nécessairement
l'unité culturelle ? Pour vivre ensemble, faut-il nécessairement avoir la même culture ? L'important n'est-il
pas de respecter les mêmes lois, les mêmes principes fondamentaux ? (iii) L'identité individuelle n'est pas
monolithique, elle est plurielle. (iv) Le nationalisme culturel peut prendre plusieurs formes, qui évoluent entre
deux pôles : une forme clairement légitime, celle de la visée d'une autodétermination d'un peuple par luimême, et une forme clairement malsaine, celle d'une xénophobie, d'une volonté de purification ethnique.
2/ L’universalisme républicain
● Argument : faire abstraction de la diversité culturelle permettrait de garantir la liberté, l’égalité et la fraternité.
(i) La liberté, en émancipant l’individu du poids des traditions ; (ii) l’égalité, en considérant tous les citoyens de
la même manière ; (iii) la fraternité, en évitant les tensions communautaires.
● Analyse critique à partir de l’examen de loi de mars 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles
à l'école. (i) Voile et liberté (le port du voile est-il nécessairement le signe d’une domination masculine ?). (ii)
Voile et égalité (le port du voile est-il nécessairement contraire à la laïcité ?). (iii) Voile et fraternité (le port du
voile est-il nécessairement la manifestation d’une revendication communautaire ?).
● Universalisme républicain et multiculturalisme libéral : faut-il faire abstraction des différences culturelles ou
bien faut-il les reconnaître ?
CHAPITRE VIII : LE TRAVAIL ET LA TECHNIQUE
Question 14 – À quoi bon travailler ?
I - Le travail ne semble pas avoir en lui-même de sens
●
Introduction à la question du travail à partir de 2 extraits du documentaire de Pierre Carles, Attention danger
travail (Domino’s Pizza & Teleperformance)
1/ Le travail comme effort douloureux
● Tripalium, labeur, “aller au chagrin”
● Le mythe de l'âge d'or, le travail comme punition dans la Genèse`
2/ Le travail comme contrainte
● Contrainte vitale et contrainte sociale
● Le statut du travail dans la Grèce antique
3/ Le travail organise l'existence de l'individu
● Le temps de travail vs. le temps libre
● Nietzsche : “le travail est la meilleure des polices”. Morale du dressage et morale du troupeau
(dépersonnalisation de l’individu). Restriction de l'horizon de vie de l'individu : le travail épuise les forces
vives de l'individu ; le travail “présente constamment à la vie un but mesquin et assure des satisfactions
faciles et égales” (le temps libre, le “loisir” n’est pas un temps véritablement libre, mais un simple moyen de
ne plus penser au travail et de récupérer sa force de travail).
4/ Toutes ces caractéristiques se rapportent à une forme particulière de travail : le travail aliéné
● Analyse de la notion de travail aliéné (Marx) : le travail comme perte de soi.
B/ Mais n’y a-t-il pas une valeur du travail ?
1/ Le travail comme transformation du monde extérieur
Travail et culture : le travail comme formation d’un milieu proprement humain.
Le travail comme source de richesse. Deux théories très différentes à partir de la même idée : Locke et Marx.
2/ Le travail comme transformation de soi
● Développement de ses capacités. La critique morale de la paresse (la paresse comme refus de coopération ;
la paresse comme relâchement et faiblesse de la volonté).
● Le travail est formateur de la volonté (reprise de la distinction entre volonté et désir). L’effort du travail
suppose d’apprendre à différer la satisfaction immédiate, à viser un but et à maintenir une attention constante
vers ce but (ce qui implique de dominer ses pulsions). Travail et autonomie.
● Le travail, source de reconnaissance sociale et d’estime de soi (le vécu du chômage ; le droit du travail et le
droit au travail ; le travail comme réalisation de soi).
3/ À quelles conditions le travail peut-il ne pas être aliéné ?
● La dialectique du maître et de l’esclave (Hegel) : le travail serait de lui-même un processus qui nous ferait
passer de l’aliénation à l’affirmation de sa liberté. Critique de cette perspective. Examen des conditions de
travail modernes.
● Taylorisme : division verticale et division horizontale du travail. Fordisme : standardisation des produits ;
production de masse et consommation de masse.
● Le post-taylorisme. Le principe essentiel : la flexibilité (≠ la rigidité du taylorisme). Pourquoi ? La structure de
la demande a changé (individualisation de la demande, changements très rapides). Comment ? Le travail
en flux tendu (cf. le modèle du toyotisme : les 5 zéros). Quels sont les effets sur le travail ? À première
vue, un travail plus polyvalent, moins répétitif, avec plus d’autonomie, plus d’appel à des qualités sociales,
intellectuelles. Mais : une mise sous tension permanente (intensification de la concurrence, pression de
l’externalisation, des résultats, horaires flexibles…).
●
●
Question 15 – Quelle valeur faut-il accorder à la technique ?
●
Définition de la technique. La technique et la nature. La technique et l’utile.
I - La technique au fondement de l’humanité
1/ La technique est au cœur de l’existence et de l’essence même de l’humanité
● La technique comme condition d’existence des hommes. Le mythe de Prométhée. Les grandes inventions
techniques.
● L’homme se définit essentiellement comme homo faber (Bergson).
● Distinctions entre la production animale et la production humaine. 4 points de vue : (i) les matériaux utilisés
(matériaux sécrétés par le corps de l’animal ou bien trouvés dans la nature vs. matériaux inventés) ; (ii) la
structure du produit (la structure du produit est le résultat de l’instinct vs. la structure du produit est le fruit
d’une réflexion [cf. Marx], qui elle-même repose sur un savoir-faire, un apprentissage) ; (iii) les moyens pour
produire (le corps de l’animal lui-même vs. la main [cf. Aristote], des outils, des machines) ; (iv) la finalité (la
survie, la simple continuation de l’existence dans la durée vs. une extension de l’existence, une ouverture à
d’autres dimensions [notamment ludiques, artistiques, théoriques…]).
● La technique manifeste la capacité d’invention de l’homme, c’est-à-dire à la fois son intelligence et sa liberté.
2/ Le progrès technique : passage du savoir-faire empirique à la technologie
● La technologie : une technique qui repose sur la science, et non plus sur un simple savoir-faire empirique.
L’exemple de 2001, L’odyssée de l’espace : passage de l’usage de l’os comme arme au vaisseau spatial.
● Quand la technique devient technologie, la technique permet de “nous rendre comme maîtres et possesseurs
de la nature” (Descartes). Maîtrise théorique et maîtrise pratique de la nature. Un changement dans la
conception de la nature : le grand Tout dans lequel l’individu s’inscrit vs. le réservoir d’énergie dans lequel on
peut puiser. L’arraisonnement de la nature (Heidegger) : la compréhension rationnelle des lois de la nature
(maîtrise théorique) permet l’exploitation des forces de la nature (maîtrise pratique).
3/ En quel sens peut-on dire que la technique représente un progrès pour l’homme ?
● Une libération des contraintes que nous impose la nature : (i) La machine comme substitut de l’esclave (la
définition par Aristote de l’esclave comme “instrument animé”) : satisfaction plus facile des besoins, réduction
de la pénibilité de certains efforts, libération de temps pour autre chose, amélioration des conditions de vie. (ii)
une extension de notre capacité d’action, un dépassement des limites de notre corps (l’exemple du transport
et de la vision).
● Progrès technique et croissance économique. Technique et gains de productivité. Cycles de la croissance et
cycles de l’innovation technique. La notion de destruction créatrice (Schumpeter).
● Progrès technique et progrès intellectuels. La science et les instruments techniques de mesure et
d’observation. Les technologies de l’information et de la communication (l’imprimerie, internet).
II - Les critiques de la technique
1/ Vivons-nous dans un monde davantage maîtrisé grâce à la technique ?
● Les risques techniques. Virilio : “Inventer un objet technique, c’est inventer une nouvelle possibilité
d’accidents”. Peut-on contrôler ces risques ? La technique peut-elle nous échapper ? Le mythe d’Icare, la
figure de Frankenstein. Le cas du nucléaire (la question de l’instabilité au niveau physique et au niveau
social), le cas des biotechnologies (le clônage et l’eugénisme, les OGM, le principe de précaution), le cas des
nanotechnologies (miniaturisation et contrôle citoyen).
● La question écologique. Pourquoi devrait-on respecter la nature ? Le respect de la nature et la question des
conditions d’existence des individus. La “transformation de l’essence de l’agir humain” et la responsabilité visà-vis des générations futures (Hans Jonas : le principe responsabilité). L’exemple de l’automobile (la critique
d’Ivan Illitch).
● Qui a véritablement une maîtrise de l’objet technique ? La technique participe-t-elle véritablement
d’un “désenchantement du monde”, d’un univers davantage rationalisé ? La technique comme “magie”. Ni
l’utilisateur lambda, ni l’ouvrier n’ont une véritable maîtrise de la technique (la critique de Simondon). La figure
du bidouilleur (Crawford : éloge du carburateur ; l’exemple du hacker informatique). La dépendance vis-à-vis
de l’objet technique (la critique de Rousseau).
2/ La technique représente-t-elle véritablement une libération de l’individu ?
● Le cas de la télévision. Régis Debray à propos de la télévision : “Ce par quoi nous voyons le monde construit
simultanément le monde et le sujet qui le perçoit”. La construction par le “journal” d’une vision du monde. La
construction d’un type d’individu : comparaison entre le rapport à l’écrit et le rapport à l’écran (passivité dans
la réception d’une information/activité de recherche ; immédiateté / patience de la compréhension ; rapidité,
vitesse / lenteur ; zapping / attention constante [Stiegler]). Analyse critique de cette perspective médiologique
selon laquelle une technique particulière peut définir une certaine forme de vie et de pensée.
● La vie au rythme des objets : “Comme l’enfant-loup est devenu loup à force de vivre avec eux, nous devenons
lentement fonctionnels nous aussi. Nous vivons le temps des objets” (Baudrillard). 3 niveaux d’analyse : (i) la
présence massive des objets techniques dans notre espace (“à force de vivre avec eux”) ; (ii) la vie assujettie
au rythme de la production des objets, l’insatisfaction cyclique du désir dans la société de consommation
(“nous vivons le temps des objets”) ; (iii) L’extension de la norme de la performance et de la fonctionnalité
(dans le travail, l’éducation et la culture, la sexualité…).
CHAPITRE IX : L’art
Question 16 – Comment peut-on comprendre la création artistique ?
●
Introduction au questionnement sur l’art à partir d’une œuvre de Marcel Duchamp : Fountain
I - La création d’une œuvre d’art se distingue de la production d’un objet technique
1/ Une œuvre d’art ≠ un objet technique
● L’objet technique est destiné à une utilisation, l’œuvre d’art est destinée à une contemplation.
● L’objet technique est destiné à être usé par l’usage qu’on en fait, l’œuvre d’art est destinée à être une trace
qui dure. Hannah Arendt : « l’art est la patrie non-mortelle des êtres mortels » ; Malraux : « l’art est un antidestin ». Exemples : les mains négatives et positives dans l’art pariétal préhistorique ; Roman Opalka.
Hegel: “L’art rend durable ce qui à l’état naturel n’est que fugitif et passager”. Baudelaire, À une passante. La
fonction du poète archaïque (Detienne). Le mythe d’Orphée (Blanchot, L’Espace littéraire).
2/ Créer ≠ produire
● Distrinction à première vue entre la production technique et la création artistique : (i) production en série vs.
création unique ; (ii) répétition d’un modèle préalable et application de règles de production vs. originalité,
liberté, recherche ; (iii) savoir-faire, habileté, technique vs. imagination, inspiration ; (iv) apprentissage,
formation, transmission possible vs. génie, don.
● Comment peut-on alors expliquer la création artistique ? 2 théories de la création : l’appel à un au-delà de la
raison (les Muses, l’inspiration divine) ; l’appel à un en-deçà de la raison (Freud). L’exemple du surréalisme
(la place du rêve, l’écriture automatique). L’art et la folie. La représentation commune de l’artiste (Mozart dans
Amadeus).
II - Démystification de l’art
1/ L’œuvre d’art est la trace de son temps
● La création artistique ne se fait pas ex nihilo. Elle émerge dans un contexte particulier.
● Exemples : l’art grec (temples et statuaire) manifeste la valorisation du sens de la mesure que l’on retrouve
dans la culture grecque. Les transformations culturelles du Moyen Âge à la Renaissance se manifestent dans
l’art (dans la cathédrale gothique, l’art se pensait sous le regard de Dieu et comme regard vers Dieu ; avec
la perspective en peinture, l’art se pense du point de vue du regard de l’homme et comme regard vers des
choses humaines). Exemple moderne : le pop art et la société de consommation.
2/ Critique de l’idée de génie
● Critique de l’idée d’un “don naturel” : analyse du travail de l’artiste (Alain). Le travail de répétition en musique,
dans le théâtre. La réécriture, les brouillons, les révisions en littérature (les manuscrits de Flaubert). Le
travail en série (Cézanne : les pommes, la montagne Sainte-Victoire ; Monet : la cathédrale de Rouen, les
Nymphéas) et les esquisses préparatoires en peinture (Picasso : la préparation de Guernica, Le Mystère
Picasso de Clouzot).
● La source principale de l’inspiration de l’artiste : c’est l’art lui-même, la pratique artistique et le travail d’autres
artistes. Les “reprises” dans l’art : la notion d’influence en musique ; les thèmes dans le jazz, dans la musique
baroque ; le sampling dans le rap ; la reprise de Vélasquez par Picasso, et par Bacon ; les adaptations au
cinéma ; les idées d’intertextualité et de palimpseste en littérature (les réécritures de l’Odyssée).
● L’idée de génie entoure l’artiste d’une certaine aura mystérieuse (la critique de Nietzsche). L’exemple de
Thomas Pynchon.
Question 17 – Qu’est-ce que l’art peut nous apporter ?
I - L’analyse critique de l’art : l’art comme illusion
1/ La critique de Platon
● L’allégorie de la Caverne. L’art comme copie d’une copie, ombre d’une ombre (les trois lits, les trois chaises :
l’idée / la réalité sensible / la reproduction d’une réalité sensible). L’art nous détourne de la réalité véritable et
nous maintient dans l’apparence.
● L’apparence trompeuse dans la peinture, la sculpture (la skiagraphie, l’anamorphose). La critique des
sophistes (l’art de bien parler, de faire de beaux discours peut cacher la réalité véritable, faire diversion et
nous détourner de ce qui est important). Applications contemporaines : la publicité, la place de l’image dans la
modernité, les conseillers de communication, la politique-spectacle.
● La question de la représentation de Dieu, en théologie : la distinction idole / icône. L’iconoclasme.
2/ La sociologie de l’art de Bourdieu
● L’art comme phénomène social : point de vue de l’artiste / point de vue du public. La sociologie du goût
de Bourdieu. Le goût comme marqueur d’une appartenance et d’une distinction sociale (l’espace des
goûts). “Nos jugements nous jugent”.
● La critique du théâtre par Rousseau.
II - L’art enrichit notre existence
1/ L’attitude esthétique
● Bergson. Attitude ordinaire vs. attitude esthétique. La perception ordinaire consiste à lire des étiquettes et non
à voir les choses elles-mêmes (étiquettes générales et abstraits). La perception ordinaire est “auxiliaire de
l’action”. La perception ordinaire est une perception “pâle et décolorée” ; l’artiste est un “révélateur” : il nous
fait saisir des nuances que nous ne saisissons pas d’ordinaire.
● 3 niveaux d’analyse de cette idée : la perception, l’émotion, la cognition.
2/ Art et perception
● L’exemple de la peinture. Klee: “l’art ne reproduit pas le visible, il rend visible”. On peut appliquer cette idée
à l’art figuratif, dans la mesure où il peut (i) rendre visible le talent de l’artiste (Zeuxis ; Diderot sur Chardin) ;
(ii) rendre visible l’intériorité et non pas simplement reproduire l’apparence (Hegel sur Raphaël) ; (iii) rendre
visible une transcendance (l’icône) ; (iv) rendre visible tout un univers particulier (Heidegger sur Van Gogh ;
cf. plus haut sur le rapport entre une œuvre et l’époque).
● Sens principal : non pas rendre visible quelque chose en particulier, mais ramener à un regard purement
contemplatif. Cézanne : “peindre la virginité du monde”.
● L’art permet d’apprendre à voir : l’artialisation du regard (Oscar Wilde).
3/ Art et émotion
● La littérature et le sentiment amoureux. Barthes, Fragments d’un discours amoureux).
● La tragédie et la catharsis (Aristote). La littérature et l’empathie.
● L’exemple de la musique. La place de la musique dans la classification des arts par Hegel : la musique
comme art du temps et le lien avec l’intériorité de l’âme. L’analyse de la musique par Schopenhauer. Musique
et émotions : Mozart, Don Giovanni, l’air du champagne vs. Gustav Mahler, Symphonie n°5, adagietto (cf.
Visconti, Mort à Venise).
4/ Art et cognition
● L’exemple de la littérature. Proust : “La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par
conséquent réellement vécue, c’est la littérature”. Ricœur, l’identité narrative. La littérature et le sens du
possible (Musil). La science-fiction, l’utopie. Littérature et philosophie (Sartre et Camus). L’art engagé.
III - Les jugements sur l’art sont-ils relatifs à chacun ?
1/ Le relativisme esthétique
● Voltaire : “Demandez à un crapaud ce que c'est que la beauté […]. Il vous répondra que c'est sa crapaude”.
Formulations ordinaires : “à chacun ses goûts”, “des goûts et des couleurs, on ne discute pas”.
● Comparaison entre le relativisme esthétique et les autres formes de relativisme : relativisme moral,
relativisme de la vérité.
● Relativisme esthétique vs. dogmatisme esthétique. L’académisme (la querelle du Cid).
● Relativité par rapport à l’individu ou relativité par rapport à la classe sociale (Bourdieu).
2/ Critiques du relativisme esthétique
● La critique de Hume. Tous les jugements de goût ne se valent pas. Il y a une différence à faire entre
le profane d’une part et l’initié, l’amateur, l’expert d’autre part. L’exemple du vin. La capacité à saisir
●
des nuances, à comparer (i) grâce à la pratique, l’expérience, l’habitude, (ii) grâce aux connaissances
(notamment : possession d’un vocabulaire théorique). Le goût peut être éduqué.
La critique de Kant. Distinction du plaisir de l’agréable et du plaisir esthétique. Pourquoi le plaisir esthétique
ne se réduit-il pas à une forme du plaisir de l’agréable ? (i) Dans le cas du plaisir esthétique, il y a un désir
de partager son expérience, et l’individu communique son plaisir sous la forme d’un impératif (“tu dois
écouter ça, c’est magnifique !”) : si l’interlocuteur ne partage pas ce plaisir, l’individu peut chercher non pas
à démontrer la vérité de son jugement (les jugements de goût ne sont pas des jugements objectifs), mais il
peut chercher à défendre son jugement et à critiquer le jugement de son interlocuteur (les jugements de goût
ne sont pas des jugements purement subjectifs) ; la critique du jugement d’autrui peut d’ailleurs aller jusqu’à
critiquer autrui lui-même (en affirmant qu’il manque de goût, qu’il n’a pas de goût). (ii) L’agréable provient de
la satisfaction des désirs de l’individu, de préférences particulières, propres à la personne elle-même (d’où ici
le relativisme dans les jugements sur ce qui est agréable). Le plaisir esthétique dérive de l’exercice même de
facultés communes à tous les hommes (analyse du beau et du sublime par Kant : jeu libre et harmonieux de
nos facultés vs. mise sous tension de nos facultés).
SÉQUENCE 4 : PHILOSOPHIE POLITIQUE ET SOCIALE
CHAPITRE X : LA POLITIQUE, L’ÉTAT, LA JUSTICE ET LE DROIT
Question 18 – Qu’est-ce qui constitue le pouvoir de l’État ?
I - L’État se constitue par un processus d’autonomisation du pouvoir
1/ Analyse des sociétés sans État
● Pierre Clastres : les sociétés sans État sont des sociétés contre l’État
2/ La genèse de l’État moderne
● Max Weber et l’institutionnalisation du pouvoir. La monopolisation des moyens de domination. L’autorité
légale-rationnelle.
● La souveraineté selon Machiavel. Réalisme politique vs. idéalisme. Le pouvoir comme but du pouvoir. Le
pouvoir comme art. Virtù et fortunà.
II - État et domination
1/ L’État comme instrument de domination
● Rousseau. L’état de nature. La constitution des inégalités. La genèse de l’Etat.
● Marx. (i) Le déterminisme économique (infrastructure et suprastructure). L’Etat comme instrument de la
lutte des classes. (ii) L’idéologie. Exemples d’idéologie (l’idéologie du naturel féminin, l’idéologie coloniale,
l’idéologie du mérite). Le cas de l’idéologie démocratique (“le vote libre” : Qui possède les moyens de
diffusion des idées ? Les idées dominantes sont les idées de la classe dominante ; “la représentation
politique” : De quelle classe sociale les représentants sont-ils issus ?).
2/ Les différentes doctrines politiques
● Les différentes doctrines politiques peuvent être pensées comme autant de réponses possibles à la question
de la domination que peut exercer l’État.
● Doctrines républicaines : (i) Le libéralisme. 2 arguments : raison morale (responsabilité de l’individu, la
propriété de soi, le refus du paternalisme) ; raison économique : la critique de l’efficacité de l’intervention de
l’Etat ; la défense de l’ordre naturel du marché (Adam Smith ; Hayek). (ii) Le socialisme. La lutte contre la
domination économique. 3 piliers du socialisme : la réglementation du travail, la redistribution des richesses,
le service public.
● Doctrines radicales : (i) Le marxisme. Le communisme : société sans classes. La révolution et la dictature du
prolétariat. (ii) L’anarchisme. La lutte contre toute forme de domination (“ni Dieu, ni maître”), dès maintenant.
La critique anarchiste du marxisme.
3/ Repenser le rapport entre pouvoir et domination
● Hannah Arendt : pouvoir et consentement. La Boétie.
● Michel Foucault : la microphysique du pouvoir.
Question 19 – Quelle est la finalité du pouvoir politique ?
I - La société bien ordonnée selon Platon
1/ La critique de la démocratie
● Critique de la pratique du tirage au sort. L’image du pilote dans le navire. La thèse du philosophie-roi. Pouvoir
et savoir.
● Critique d’un pouvoir qui repose sur l’opinion. (i) Quantité de voix en faveur d’une décision vs. qualité de
cette décision. Le cas de Socrate, condamné par la démocratie athénienne. (ii) Démocratie et démagogie. La
manipulation de l’opinion (la rhétorique, les sophistes ; modernité de cette critique : la politique spectacle, les
conseillers en communication).
2/ La cité idéale
● La cité idéale doit être hiérarchisée. Les 3 classes sociales (gouvernants, gardiens, producteurs). Cet ordre
est un ordre naturel, qu’on retrouve également dans l’individu lui-même (la raison, la volonté, les désirs).
● Dans la cité idéale, le plus important, c’est la société elle-même et non l’individu (holisme social). Le cas des
gardiens : suppression de tout ce qui est individualisant [la propriété privée, la famille (enfants et mariage)].
● Peut-on comparer le modèle platonicien à une forme de totalitarisme ? (Analyse critique de la thèse de
Popper). Point commun : fusion entre l’individu et l’Etat. Différences : (i) La cité platonicienne ne repose
pas sur la terreur. (ii) Le totalitarisme repose sur un clivage entre des catégories de la population (races
supérieures / races inférieures ; révolutionnaires / ennemis de la révolution).
II - La société bien ordonnée selon Hobbes (Travail sur une œuvre suivie : Léviathan, chap. XIII-XVII)
A) Texte 1 : L’état de nature est un état de guerre
1/ Les causes de l’état de guerre (1er et 2e paragraphe)
● Une anthropologie pessimiste : les causes de l'état de guerre sont dans la nature humaine (et non dans
des circonstances extérieures, contingentes). Hobbes s’oppose à l’idée d’une sociabilité naturelle, à l’idée
aristotélicienne selon laquelle l’homme est un animal politique.
● La rivalité. Les conditions de la rivalité : (i) deux individus désirent la même chose (cf. Girard : le désir
mimétique), (ii) la satisfaction du désir de l’un rend impossible la satisfaction du désir de l’autre (rareté ; désir
d’appropriation ; désir de distinction).
● La défiance. La défiance n’est pas un sentiment d’angoisse, ou de peur. = 1 prévision rationnelle du
comportement d'autrui. La défiance conduite elle aussi à un désir d'accumulation de puissance
● La fierté. Lutte qui se joue à un niveau symbolique, mais qui peut conduire à un affrontement réel, qui n'est
irrationnel qu'en apparence (se battre “pour des bagatelles”, c’est aussi chercher à défendre une réputation).
La théorie du rire de Hobbes (rire = “rire de” ; une forme de mépris, de supériorité affichée).
● La rivalité, la défiance, la fierté : 3 causes qui montrent que
○ l'état de guerre n'est pas un état de déferlement sauvage des pulsions (l'image du loup, la
comparaison avec Freud), et que
○ la racine de l'état de guerre tient à la nature même du désir, qui pour Hobbes est une forme de désir
de puissance.
2/ La notion d’état de guerre (3e paragraphe)
● L’état de guerre est un état fictif, mais qui représente une réalité possible (et en partie vécue par Hobbes) :
celle d’une situation anarchique
● Pour Hobbes, l’anarchie, comme absence d’ordre, s’explique par l’anarchie, comme absence de pouvoir
supérieur : il ne peut y avoir d’ordre social (plan horizontal des relations entre individus) sans une régulation
par un État (plan vertical de la relation entre l’État et les individus).
● Hobbes s’oppose à l’idée d’autorégulation, ou d’harmonie naturelle qu’on retrouve plus tard : chez Mandeville
(La Fable des abeilles) et Adam Smith (l’image de la main invisible).
● L’état de guerre comme “disposition connue au combat”. À nouveau : l’état de guerre n’est pas une affaire de
pulsions, mais surtout de représentations (et de prévision rationnelle d’un conflit possible).
3/ Les conséquences de l’état de guerre (4e paragraphe)
● Chaque individu ne peut compter que sur lui-même. Aucune association stable n’est possible.
● Un état de misère à plusieurs niveaux : (i) misère matérielle et économique, (ii) misère intellectuelle et
culturelle (“le loisir est mère de la philosophie”), (iii) misère sociale et psychologique (une vie psychologique
appauvrie, solitaire, sans amitié, absorbée par la crainte de la mort).
● Hobbes s’oppose à l’idée que le conflit, la concurrence sont source de progrès. Contra : cf. Kant : l’image des
arbres en forêt, forcés de se développer à cause de la concurrence pour la recherche de la lumière (la critique
de cette image par Nietzsche : l’arbre de la prairie vs. l’arbre de la forêt).
● Comparaison avec l’état de nature selon Rousseau : un état de bonheur fondé sur (i) l’accord avec la nature,
(ii) l’harmonie entre les désirs et les capacités, (iii) le simple plaisir d’exister (et non le désir d’avoir, et d’avoir
toujours plus). Amour propre et amour de soi.
● Transition : Comment sortir de l’état de guerre ?
B) Texte 2 : Il y a des lois de nature qui indiquent une voie de sortie de l’état de guerre
1/ La notion de loi de nature : Hobbes vs. la tradition du droit naturel (1er paragraphe)
● La tradition philosophique du droit naturel
○ Les lois de nature sont des lois morales. Des lois qui prescrivent ce qui doit être ≠ lois qui décrivent
ce qui est (ex. : les lois physiques, scientifiques = des rapports nécessaires entre des phénomènes
physiques (U=RI ; en fonction de la température et de la pression, l’eau a tel ou tel état).
○ Les lois de nature sont fondées sur la nature de l’homme. Dans le stoïcisme, la nature de l’homme
est celle d’un être sociable. Dans le christianisme, la nature de l’homme est celle d’une créature à
l’image de Dieu.
○ Les lois de nature sont supérieures aux lois de la cité. Distinction entre le droit naturel (ce qui est
autorisé par les lois de nature) et le droit positif (ce qui est autorisé par les textes de loi). Conflit
possible entre la légalité du droit positif et la prétendue légitimité du droit naturel. Exemple typique :
Antigone contre Créon.
Hobbes
par rapport à cette tradition
●
Les
lois de nature ne sont pas des lois morales à proprement parler. Elles visent : le souci de soi (et
○
non le souci d’autrui), la maximisation de son intérêt (et non le dépassement de l’intérêt égoïste).
Elles sont une forme d’impératif hypothétique (elles prescrivent les moyens les plus rationnels pour
obtenir ce qui est dans l’intérêt dans l’individu) et non un impératif catégorique.
○ Les lois de nature sont bel et bien fondées sur la nature de l’homme, mais elles reposent sur une
anthropologie pessimiste (contrairement au stoïcisme, la nature de l’homme n’est pas celle d’un être
sociable), et sur une anthropologie réaliste (contrairement au christianisme, la connaissance de la
nature humaine n’est pas fondée sur les textes religieux, mais sur l’observation de la nature).
○ Les lois de nature ne donnent pas des droits que l’individu pourrait opposer au pouvoir, aux lois de la
cité.
2/ La première loi de nature (2e paragraphe)
● À l’état de nature, la liberté est illimitée en droit (chacun a un droit sur toutes choses), mais de fait limitée par
la liberté des autres.
● La première loi de nature : il faut rechercher la paix. Deux précisions importantes : (i) La paix n’est pas ici
considérée comme un devoir moral, mais comme une forme de la recherche de son intérêt ; (ii) la recherche
de la paix est conditionnée par la possibilité de l’obtenir : si les autres recherchent la guerre, il faut préparer la
guerre.
3/ La deuxième loi de nature (3e paragraphe)
● La paix repose sur une renonciation réciproque à son droit sur toutes choses : un contrat, un engagement,
par lequel chacun accepte de limiter sa liberté, de limiter l’expression de son désir de puissance.
● Le contractualisme moral de Hobbes : une dérivation du contenu de la morale à partir d'un contrat entre des
individus qui recherchent leur intérêt. Dérivation de la règle d'or. Comparaison avec la morale kantienne.
Transition : Comment faire en sorte pour que chacun renonce effectivement à son droit sur toute chose ? Pour que
chacun respecte l’accord de paix passé entre les hommes ? Est-ce dans notre intérêt de respecter ces règles ?
C) Texte 3 : Il faut un pouvoir pour faire respecter l’engagement de chacun à renoncer à son droit sur toutes
choses
1/ La troisième loi de nature : il faut respecter ses engagements (1er paragraphe)
● Le simple engagement à renoncer à son droit sur toutes choses ne suffit pas, il faut une garantie pour que cet
engagement ne soit pas une simple parole, mais un acte effectif. (Austin, Quand dire, c’est faire : l’analyse de
la promesse).
● On arrive ainsi à la troisième loi de nature : il faut que l’homme respecte ses engagements. À nouveau :
ce devoir n’est pas un devoir moral, mais une prescription rationnelle qui vise toujours, in fine, l’intérêt de
l’individu.
2/ Respecter ses engagements, c’est cela la justice (2e paragraphe et début du troisième paragraphe)
● Ce qui est injuste = ne pas respecter l’accord passé entre les hommes (s’accorder un droit d’exception). La
justice consiste ainsi, par définition, à respecter ses engagements. La justice n’est pas un critère d’évaluation
des conventions, des lois. Elle n’est pas une norme qui permettrait de légitimer ou de critiquer le contenu
d’une loi, elle est simplement une norme qui prescrit le respect des lois.
● La justice ici n’a pas un sens véritablement moral, elle correspond à nouveau à une forme de recherche de
son intérêt, et plus précisément de son intérêt bien compris. Hobbes contre “the Foole”.
● Dans l’état de guerre, il n’est pas rationnel de respecter ses engagements, car on n’a pas la garantie que les
autres vont le respecter.
● Comparaison avec le dilemme du prisonnier dans la théorie des jeux, et avec le problème du free rider.
3/ La justice repose sur l’existence d’un pouvoir politique (troisième paragraphe)
● La justice pénale repose sur un pouvoir : le pouvoir politique peut, par la menace de la sanction, garantir le
respect des engagements.
○ Les lois garantissent une confiance dans les relations interindividuelles, en sanctionnant le nonrespect des engagements (la confiance n’est pas fondée sur les propriétés intrinsèques de la
personne, mais sur un facteur extérieur : l’existence de l’État).
○ L’efficacité des sanctions repose :
■ sur une forme de calcul d’intérêt
■ et sur un déplacement de la crainte : on doit passer de la méfiance généralisée vis-à-vis
d’autrui (dans l’état de guerre), à la crainte du pouvoir (dans l’état civil)
○ La sanction, la punition selon Hobbes : orientée vers le futur (fonction dissuasive) ≠ orientée vers le
passé (fonction rétributive).
● La justice distributive repose sur un pouvoir : le pouvoir politique garantit le respect du droit de propriété des
individus.
○ Le renoncement à son droit sur toutes choses suppose l’existence de règles d’attribution des biens
○ Hobbes s’oppose à l’idée d’un droit naturel de propriété qu’on retrouve par exemple chez Locke.
●
Transition : Comment un tel pouvoir politique peut-il émerger ?
D) Texte 4 : L’État repose sur un pacte social
1/ Rappel de la nécessité d’un pouvoir politique pour sortir de l’état de guerre (1er paragraphe)
● Cf. les analyses précédentes pour expliquer cette partie du texte.
2/ Le pouvoir politique repose sur l’unification des volontés (2e paragraphe jusqu’au milieu)
● Le but de la sortie de l’état de guerre, c’est la sécurité, qui est la condition de la survie et du développement
des individus. Pour parvenir à ce but, il faut un pouvoir commun, qui lui-même repose sur une unification
des volontés. Problème : comment peut-on passer d’une multiplicité de volontés individuelles à une volonté
commune ?
● Si la volonté du pouvoir est la volonté commune, ce n’est pas parce qu’elle est l’agrégation, la synthèse des
volontés individuelles (cf. le modèle des procédures de vote).
● Si la volonté du pouvoir est la volonté commune, c’est en fait parce que la volonté du pouvoir est attribuée
aux individus (elle est aussi la volonté de chaque individu) dans la mesure où la volonté du pouvoir est la
volonté d’une personne qui a été autorisée à exercer son pouvoir au nom des individus eux-mêmes. Hobbes
distingue en ce sens l’acteur et l’auteur d’une décision (cf. le modèle de la procuration).
● Comparaison avec l’idée de volonté générale selon Rousseau : la volonté générale n’est pas l’agrégation
des volontés individuelles, mais elle est aussi la volonté des individus en tant qu’ils se pensent comme
appartenant à un peuple et visent le bien de ce peuple. Mais pour Rousseau, la volonté du pouvoir n’est pas
la volonté générale (le pouvoir ne peut prétendre représenter le peuple). La volonté générale est une instance
critique qui préexiste au pouvoir, vise à le contrôler (on a ici une forme de républicanisme qui insiste sur la
nécessité d’une citoyenneté active). Pour Hobbes, il n’y a pas de peuple qui préexiste au pouvoir. C’est la
volonté du pouvoir qui constitue le peuple en unifiant les individus en sa propre personne (cf. le frontispice).
La volonté du peuple, n’est rien d’autre que la volonté du pouvoir.
3/ L’unification des volontés repose sur un pacte de soumission (à partir du milieu du 2e paragraphe)
● Le pouvoir politique repose sur une unification des volontés qui dérive d’un pacte entre individus qui autorise
une personne à exercer tout son pouvoir pour faire sortir les individus de l’état de guerre.
● Comparaison avec l’idée de Locke selon laquelle la représentation politique est une forme de mission de
confiance. Les représentants ont l’autorisation de gouverner seulement s’ils respectent cette mission de
confiance, qui intègre le respect des droits des individus, et qui définit ainsi un cadre d’exercice du pouvoir
(analyse de l’idée d’un État de droit). Pour Hobbes, l’autorisation accordée par les individus au pouvoir
n’est pas de l’ordre d’une mission de confiance, mais d’une soumission. Le contrat social est un pacte de
soumission.
● Les conditions de ce pacte expliquent pourquoi le pouvoir qui émerge est un pouvoir absolu.
○ Le souverain n’est pas lié par un pacte (”le prince n’a pas les mains liés”). Les individus ont contracté
entre eux, et non avec le souverain lui-même.
○ Les individus par ce pacte ont abandonné leur droit sur toutes choses : ils ne peuvent opposer leurs
droits au pouvoir.
○ Le but visé est la sécurité, le souverain est maintenant juge des moyens d’atteindre ce but.
● Analyse de la référence au “Léviathan”. Pourquoi Hobbes a-t-il choisi ce terme ?
● La figure contemporaine du Léviathan. Sécurité et libertés dans les cas suivants : la lutte contre le terrorisme
(le camp de Guantánamo, Patriot Act I & II, plan vigipirate…), la rétention de sûreté, les dispositifs de
surveillance (vidéosurveillance, biométrie…).
III - La société bien ordonnée selon Rawls
1/ La position originelle
● Une expérience de pensée pour tester nos conceptions de la justice : la position originelle. Des individus
doivent choisir les principes fondamentaux de la société dans laquelle ils auront à vivre, mais ils ne savent
pas qui ils vont être, ce qu’ils vont être dans cette société (ils sont sous un voile d’ignorace). Une conception
procédurale de la justice.
2/ Les principes de justice
● Égalité des droits. Un maximum de droits pour tous. Le libéralisme politique. La critique de l’utilitarisme.
● Égalité des chances. Égalité formelle et égalité réelle. La critique de la conception méritocratique de l’égalité
des chances.
● La question de la répartition des revenus. La répartition juste n’est pas ici la répartition égalitaire, c’est la
répartition la plus favorable possible pour les plus défavorisés.
● Les principes de justice comme cadre de discussion des lois dans une démocratie.
CHAPITRE XI : LA SOCIÉTÉ, AUTRUI (LES ÉCHANGES)
Question 20 – Que peuvent nous apporter les échanges ?
●
Les différents types d’échanges. Définition de la notion d’échange.
I - Nécessité des échanges
1/ Du point de vue économique
● Échanges et production : Adam Smith à propos de la division du travail. L’exemple du crayon. Analyse
critique de la doctrine du libre échange.
● Échanges et consommation (la question de la répartition optimale des ressources par le marché).
● La monnaie et les échanges (les 3 fonctions économiques de la monnaie : la monnaie comme intermédiaire
dans les échanges, unité de compte et réserve de valeur ; les dimensions non économiques de la monnaie :
la monnaie et le lien social, la monnaie et la politique)
2/ Du point de vue social
● L’obligation sociale d’échanger : la prohibition de l’inceste selon Lévi-Strauss, le potlatch selon Mauss, les
manifestations ordinaires de cette obligation d’échanger (le repas [Lévi-Strauss : la bouteille de vin dans les
bistrots du sud ; Clastres : l’interdit de consommer la viande qu’on a chassé chez les Guayaki], les cadeaux :
le perteséchisme de Noël, la fonction phatique du langage).
● Les échanges sont nécessaires pour tisser des liens sociaux : analyse de l’effet pacificateur du commerce
(Montesquieu, Benjamin Constant), l’ouverture à l’autre dans le dialogue (l’expérience du dialogue selon
Merleau-Ponty, l’éthique du dialogue selon Habermas)
3/ Du point de vue de l’individu
● Du point de vue psychologique : le Moi ne peut pas se construire sans la relation à Autrui (identité et
reconnaissance sociale (cf. cours sur la notion de personne) ; identité narrative (idem) ; la construction
de l’identité personnelle dans la psychanalyse (cf. cours sur l’inconscient) ; le cas des enfants sauvages ;
Robinson Crusoé).
● Du pont de vue biologique : caractère essentiel des échanges entre un être vivant et le milieu extérieur (cf.
cours sur le vivant).
II - Limites des échanges
1/ Du point de vue économique
● L’exploitation dans les échanges : l’analyse de Marx. Les externalités négatives : la question écologique. Le
fétichisme de la marchandise. La démarche de labellisation des produits.
● La marchandisation du monde.
2/ Du point de vue social
● L’échange avec l’autre n’est pas nécessairement une ouverture à l’autre. Cf. le cours sur la culture à propos
de l’ethnocentrisme. Le tourisme est-il toujours une ouverture à autrui ?
3/ Du point de vue de l’individu
● Dans l’échange avec autrui, je peux ne plus être véritablement moi-même. La comédie humaine, les
apparences sociales, le désir de solitude. Cf. Sartre sur la mauvaise foi, Rousseau sur l’amour propre et
l’amour de soi, Jung sur la persona.
SÉQUENCE 5 : ÉPISTÉMOLOGIE (PHILOSOPHIE DE LA CONNAISSANCE)
CHAPITRE XII : LA RAISON ET LE RÉEL, LA VÉRITÉ, LA DÉMONSTRATION, THÉORIE ET EXPÉRIENCE
Question 21 – La recherche de la vérité a-t-elle un sens ?
I - La vérité existe-t-elle et est-elle connaissable ?
1/ Le relativisme : la vérité n’existe pas
● Le relativisme de la vérité. Formes particulières de relativisme : relativisme moral, relativisme culturel,
relativisme esthétique. (Remarques sur la tendance au relativisme des élèves).
● Première objection : la confusion entre vérité et opinion. (i) L’opinion est particulière, subjective, on peut très
bien utiliser l’expression “son opinion”. Mais, dire “c’est vrai”, c’est dire que ce que je pense correspond à la
réalité (la vérité est objective, sinon elle n’est pas la vérité) ; et c’est dire que ce que je pense est aussi ce
que l’autre doit penser (la vérité est universelle, sinon elle n’est pas la vérité). On ne peut donc pas dire “sa
vérité”. (ii) Peut-on alors dire : “à chacun son opinion” ? 2 significations : sens descriptif (“chacun a, de fait,
une opinion différente”) / sens normatif (“chacun a le droit d’avoir une opinion différente”). Au sens normatif, la
formule semble légitime, sauf s’il existe un critère de vérité qui permet de démontrer la fausseté de l’opinion
(la vérité comme norme : obligation de conformer son jugement aux faits ; examen du sujet : “peut-on avoir
raison contre les faits ?”) / s’il y a un critère moral qui permet de condamner l’opinion / si la formule est utilisée
pour couper court à toute discussion et pour ne pas répondre aux critiques qui sont faites de l’opinion en
question.
● Deuxième objection : le relativisme est autoréfutant.
2/ Le scepticisme : la vérité n’est pas connaissable
● Le scepticisme est-il autoréfutant ? L’attitude sceptique : doute ; suspension du jugement. Quelques formes
particulières de scepticisme (doute envers l’existence du monde extérieur, doute envers l’existence d’autres
esprits…).
● Premier argument : l’argument des désaccords. Limites de l’argument : (i) Tous les arguments ne sont
pas équivalents, un argument peut être plus ou moins convaincant. (ii) Qu’est-ce que la connaissance ?
L’absence totale de doute ? Cf. la distinction à première vue entre croire et savoir : croire implique qu’on
pense quelque chose, tout en estimant qu’il est possible que ce soit faux, tandis que savoir implique
qu’on pense quelque chose, tout en estimant qu’il n’est pas possible que ce soit faux. L’absence de doute
raisonnable ? Le cas du scepticisme déraisonnable (le négationnisme historique, les climato-sceptiques, le
cas des théories du complot).
● Deuxième argument : Le trilemme d’Agrippa. Les réponses possibles au scepticisme : fondationnalisme et
cohérentisme.
II - À quoi bon chercher à connaître la vérité ?
1/ La vérité peut être douloureuse
● La vérité est-elle toujours préférable à l’illusion ? Vérité et bonheur (cf. cours sur le bonheur). Vérité et
relations sociales.
● L’épreuve de la vérité. La figure d’Œdipe. Les grandes vérités sont des blessures narcissiques (Freud). Dire la
vérité : le cas de la déontologie médicale.
2/ Utilité de la connaissance
● Connaissance et maîtrise du monde. Cf. le cours sur la technique. Auguste Comte : “science d’où
prévoyance ; prévoyance d’où action”. (La vérité et l’utile selon le pragmatisme).
● (La connaissance comme refuge : la critique de Nietzsche).
3/ Valeur de la connaissance
● Vérité et liberté : penser par soi-même (Kant : “Ose te servir de ton entendement”). Autonomie et autorité. Le
refus des préjugés, l’attitude critique face à la manipulation possible des opinions. L’allégorie de la caverne.
Le cas de la connaissance de soi-même (cf. cours sur l’inconscient).
● (Connaissance, recherche de la vérité et vertus intellectuelles).
Question 22 – Comment peut-on parvenir à la connaissance de la vérité ?
● Les différentes manières d’accéder à la vérité. Correspondance entre le type d’objet étudié et le type de
méthode utilisé. Deux cas étudiés ici : la démonstration pour les mathématiques ; l’expérience pour les
sciences de la nature.
I - La démonstration
1/ Définition de la notion de démonstration
● La démonstration au sens large : une preuve certaine de la vérité d’une affirmation.
● La démonstration au sens strict : preuve certaine de la vérité d’une affirmation par le biais d’un raisonnement
purement logique qui part de prémisses reconnues comme vraies.
● Différences entre démonstration et argumentation.
2/ Qu’est-ce qu’un raisonnement purement logique ?
● Distinction entre l’inférence déductive et l’inférence inductive. La déduction repose sur un lien nécessaire
(tandis que l’induction repose sur un lien probable). La déduction repose sur un lien purement formel
entre des idées, qui fait abstraction de leur contenu et de leur vérité (tandis que l’induction repose sur une
connaissance du réel).
● La logique comme théorie des inférences valides. La syllogistique d’Aristote. Introduction à la logique
moderne (le langage formel de la logique ; les tables de vérité).
3/ Qu’est-ce qui peut former le point de départ d’une démonstration ?
● Des théorèmes aux axiomes. La notion d’axiomatique. Exemple de la démonstration que 2+2=4. Les
axiomatiques en arithmétique, en géométrie.
● Deux aspects de la démonstration : démontrer pour prouver, démontrer pour comprendre (saisir l’architecture
d’un univers intellectuel).
4/ Les limites de la démonstration
● Démonstration et intuition. Poincaré : “C’est par la logique que nous prouvons. C’est par l’intuition que nous
inventons”. L’intuition d’analogies dans la recherche mathématique (Poincaré et les fonctions fuchsiennes ; la
démonstration par Andrew Miles du dernier théroème de Fermat).
● Peut-on démontrer les principes dont on part dans une démonstration ? Évidence des principes premiers
(Aristote) ou simple affaire de convention et de choix d’un cadre théorique (Poincaré) ? Analyse de deux
axiomes selon Euclide : “le tout est plus grand que la partie” (les paradoxes de l’infini) ; “par un point extérieur
à une droite, il passe une et une seule parallèle à cette droite” (les géométries non-euclidiennes).
● Peut-on considérer la logique elle-même comme une affaire de convention ? Le cas des logiques nonclassiques : la critique du principe de non-contradiction dans les logiques paraconsistantes (y a-t-il des
contradictions dans le réel ? L’expérience des fentes de Young) ; la critique du principe du tiers-exclu dans les
●
logiques plurivalentes (y a-t-il du vague dans la réalité ? Les sorites).
Évocation des limites internes aux systèmes formels (Gödel).
II - L’expérience
● Distinction des différents sens de la notion d’expérience.
1/ L’empirisme
● L’expérience comme origine de nos connaissances : il faudrait partir de l’observation du réel avant de
chercher à construire une théorie. Aristote vs. Platon dans L’École d’Athènes (fresque de Raphaël). (i) Il n’y
a pas d’idées innées : l’image de la tabula rasa (Locke). (ii) Il n’est pas possible d’avoir une connaissance a
priori du monde (contre le rationalisme dogmatique). L’analyse de la causalité
● L’expérience comme fondement de nos connaissances : une théorie ne peut être justifiée que si elle est
confirmée par l’expérience. La justification par l’expérience repose sur la nature même de la perception (cf. le
cours sur la perception à propos de la perception comme contact direct avec la réalité) et sur l’affirmation de
la légitimité de l’induction à partir de la perception.
2/ L’expérience est-elle vraiment le point de départ des théories scientifiques ?
● L’expérience première n’est pas vraiment un point de départ de la théorie scientifique. Elle constitue plutôt un
obstacle épistémologique (Bachelard).
● Dans le cas de l’expérience scientifique, le fonctionnement de la science montre que la théorie vient le plus
souvent avant l’expérience elle-même. Analyse du cas de la découverte de Neptune (décalage entre la
trajectoire théorique et la trajectoire observée d’Uranus ; hypothèse par Urbain Le Verrier de l’existence d’une
autre planète + calcul de sa trajectoire, de sa masse, de sa position ; observation par Galle de Neptune, grâce
aux calculs d’Urbain Le Verrier). Autres exemples (la classification des éléments par Mendeleïev‎, la déviation
de la lumière par la matière (Einstein), le postulat de l’existence des neutrinos par Pauli, les quarks et la
théorie des groupes).
● 3 raisons qui expliquent pourquoi la théorie précède l’expérience. (i) L’expérience vise à tester une théorie et
les observations qui intéressent le chercheur sont celles qui se rapportent à la théorie à tester (c’est la théorie
qui définit le protocole expérimental ; l’observation dans une expérimentation n’est pas passive, elle est une
recherche active d’informations, guidée par la théorie). C’est encore la théorie qui précise comment éviter les
interférences qui empêchent d’obtenir des conditions idéales d’observation.
● (ii) La fabrication et l’utilisation des instruments scientifiques (pour provoquer le phénomène à observer, et
pour l’observer) reposent sur des théories scientifiques
● (iii) L’interprétation des observations faites au cours de l’expérience repose sur des théories scientifiques.
3/ L’expérience peut-elle vraiment jouer le rôle d’une preuve ?
● L’expérience permet-elle vraiment de prouver la vérité d’une théorie ? La critique de l’induction : l’analyse
de Popper. L’expérience peut en revanche prouver la fausseté d’une théorie (le raisonnement est déductif
et prend la forme d’un modus tollens). La falsifiabilité comme critère de scientificité (la critique des pseudosciences : la critique par Popper de la psychanalyse et du marxisme. Le cas de l’astrologie. Les médecines
alternatives.).
● Mais l’expérience peut-elle jouer le rôle de critère de fausseté ? La critique de l’idée d’une expérience
cruciale. Si l’expérience n’est pas en accord avec la théorie, il y a trois possibilités : (i) la théorie est fausse,
(ii) l’expérience est faussée (cas des neutrinos), (iii) on peut sauver la théorie en ajoutant, supprimant ou
modifiant des hypothèses secondaires (cas de la découverte de Neptune). (Le cohérentisme de Quine).
L’image du radeau vs. l’image de la pyramide.
● (Le passage d’une théorie à une autre représente-t-il un progrès dans la connaissance ? Discussion des
positions de Kuhn et Feyerabend).
CHAPITRE XIII : LE VIVANT
Question 23 – Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?
I - Les propriétés spécifiques du vivant
1/ Modèle animiste vs. modèle mécaniste
● Le modèle animiste. Aristote : l’âme et la vie ; la hiérarchie des êtres vivants et les trois types d’âme
(végétaux / animaux / hommes).
● Le modèle mécaniste. De la thèse des animaux-machines (Descartes) à l’homme-machine (La Mettrie ; les
neurosciences et le modèle de l’ordinateur). Réduction du vivant à des propriétés physico-chimiques. La
comparaison entre le vivant et les machines (Baglivi). Les limites du mécanisme et les spécificités du vivant.
2/ Un être vivant possède une organisation complexe et individualisée
● Complexité du vivant : comparaison des machines créés par l’homme et des machines de la nature par
Leibniz (le vivant comme machine faite de machines, faites de machines…).
● Individualité du vivant : diversité des espèces, diversité des individus au sein d’une même espèce. Y a-t-il
des lois générales en biologie ? Le statut de la médecine.
3/ Un être vivant est capable d’auto-organisation
● Kant : force formatrice vs. simple force motrice.
● Manifestations de cette capacité d’auto-organisation : l’auto-réparation (la cicatrisation d’une plaie vs. la
rayure sur une voiture) ; les phénomènes d’autorégulation (maintien d’un équilibre intérieur, par exemple
maintien de la température dans le milieu intérieur par la sueur).
● Phénomène principal : le métabolisme (utilisation de matière et d’énergie dans le milieu extérieur pour
produire de la matière et de l’énergie dans l’être vivant lui-même).
● Cette auto-organisation du vivant semble conduire à un modèle vitaliste. Bichat : “La vie, c’est l’ensemble des
fonctions qui résistent à la mort”. La vie comme lutte contre l’entropie des systèmes physiques clos. La notion
d’élan vital chez Bergson.
● Auto-organisation et normativité du vivant (Canguilhem) : la souplesse du vivant se distingue de la rigidité
d’un mécanisme.
4/ Un être vivant est capable d’autoreproduction
● Comment un être vivant est-il capable de produire une réplique de lui-même ? La théorie de la préformation.
● Le problème de l’origine de la vie. Pasteur contre la croyance en la génération spontanée.
II - L’analyse des spécificités du vivant dans la biologie moderne
1/ La biologie moderne face à la complexité et l’individualité de l’être vivant
● La complexité du vivant : la théorie de l’évolution. La conception fixiste des espèces. Lamarck. Darwin. Le
darwinisme dans la biologie contemporaine.
● L’individualité du vivant : la génétique, l’immunologie.
2/ La biologie moderne face à la capacité d’auto-organisation du vivant
● Au niveau de l’individu : la physiologie expérimentale. La mise en évidence de la fonction glycogénique du
foie par Claude Bernard.
● Au niveau cellulaire : biologie cellulaire et biologie moléculaire. Les gènes régulateurs (le modèle de l’opéron).
● Au niveau de populations d’êtres vivants : l’éthologie.
3/ La biologie moderne face à la capacité d’autoreproduction du vivant
● La production d’une réplique de soi-même : la découverte progressive du fonctionnement de l’hérédité. La
génétique.
● L’origine de la vie : la chimie prébiotique (l’expérience de Stanley Miller).
CHAPITRE XIV : L’HISTOIRE, L’INTERPRÉTATION
Question 24 – L’histoire est-elle une science ?
I - L’histoire comme discipline scientifique
La place de l’histoire dans le champ des sciences humaines.
Comparaison entre l’histoire et les sciences de la nature
1/ Un même objectif : parvenir à une meilleure connaissance du réel
● Les trois sens du mot “histoire”. L’histoire (comme discipline) cherche à comprendre l’histoire (la réalité du
passé) sans raconter d’histoire (l’histoire comme récit fictif).
● Toute groupe social construit une certaine représentation de son propre passé, à travers des récits, des lieux
de mémoire, des commémorations. Les enjeux sociaux et politiques conduisent à une reconstruction partielle
et partiale du passé. Analyse d’une image d’Épinal : “Ce qu’a fait la République”. “La science historique
commence […] en réagissant contre les transformations imaginatives du passé” (Raymond Aron). “Le bon
historien n’est d’aucun temps, ni d’aucun pays” (Fénelon).
● Dans les sciences de la nature, la connaissance permet de prévoir les phénomènes naturels et d’agir sur
la nature. L’histoire peut-elle prévoir les phénomènes humains et permet-elle de mieux interagir avec les
hommes ?
2/ Une même méthode : la construction d’hypothèses et le test rigoureux de ces hypothèses
● Tout comme dans les sciences de la nature, l’histoire commence par la construction d’une hypothèse. “Le
document n’était pas document avant que l’historien n’ait songé à lui poser une question” (Ricœur).
● Pas d’expérimentation possible en histoire : “L’histoire est la science des choses qui ne se répètent pas” (Paul
Valéry), mais une confrontation des hypothèses avec les documents et un contrôle rigoureux des documents
par une méthode critique (critique externe et critique interne).
●
●
II - L’histoire se distingue des sciences de la nature car elle repose sur une interprétation du passé
1/ Considérer un événement comme un fait historique relève d’une interprétation du passé
● Selon l’historiographie classique, la distinction entre les faits ordinaires et les faits historiques est interne à
l’histoire elle-même, c’est une distinction qui existe dans la réalité elle-même : il y a des grandes périodes,
des grandes dates, des grands lieux, des grands personnages de l’histoire, qu’il s’agit d’étudier.
● Selon l’historiographie moderne, il n’y a pas de fait important en soi : les faits qui sont intéressants ou
importants ne le sont que par rapport à une certaine perspective envisagée sur le passé. L’exemple de
la macrohistoire (L’École des Annales ; Braudel) et de la microhistoire (Carlo Ginzburg). Paul Veyne : “Le
fait n’est rien sans son intrigue”. “Les évènements ne sont pas des choses, des objets consistants, des
substances, ils sont un découpage que nous opérons librement dans la réalité” (la guerre de 100 ans ≠ une
guitare)
2/ Comprendre ce qui s’est passé repose sur une interprétation
● La compréhension d’un phénomène humain par des raisons vs. l’explication d’un phénomène naturel par des
causes vs.. Dilthey: “Nous expliquons la nature, mais nous comprenons la vie psychique”. La recherche d’une
signification par la mise en récit vs. la mise en place d’un protocole expérimental. Le modèle herméneutique
de la compréhension vs. le modèle nomologique de l’explication (Hempel).
3/ L’histoire dans son ensemble a-t-elle un sens ?
● La notion de sens de l’histoire renvoie à la fois à l’idée d’une direction de l’histoire (qui est soit un progrès, soit
une décadence, et qui éventuellement se termine par une fin de l’histoire), et à l’idée d’une signification de
chaque moment dans l’histoire (la signification d’un événement est le rôle que cet événement joue dans cette
direction générale du cours de l’histoire).
● La philosophie de l’histoire de Hegel : l’Esprit comme finalité et comme moteur de l’histoire. Les trois formes
de l’esprit (esprit subjectif, esprit objectif, esprit absolu). La ruse de la raison.
● La philosophie de l’histoire de Marx : le moteur de l’histoire est la lutte des classes sociales (qui elle-même
s’analyse par la contradiction entre les forces productives et les rapports de production), et la finalité de
l’histoire est l’avènement d’une société sans classes.
● Analyse critique de l’idée d’un sens de l’histoire: (i) une réfutation par les faits eux-mêmes : la barbarie nazie
et le sens de l’histoire ; Le capitalisme est-il autodestructeur ? (y a-t-il une baisse tendancielle du taux de
profit dans le capitalisme ? Les conflits de classe sont-ils plus intenses ?) ; la société de consommation
est-elle la manifestation d’un progrès de l’Esprit ? (Muray : “L’Occident s’achève en bermuda”) ; (ii) l’idée
de progrès relève d’une forme d’ethnocentrisme (la critique de Lévi-Strauss) ; (iii) les enjeux moraux et
politiques : Arendt et Popper à propos du totalitarisme ; la “postmodernité” et la fin des grands récits.
SÉQUENCE 6 : MÉTAPHYSIQUE
CHAPITRE XV : LA RELIGION
Question 25 – La philosophie peut-elle parler de la religion ?
I - Comment peut-on expliquer le fait religieux ?
1/ Qu’est-ce qu’une religion ?
● Aperçu de la diversité des religions..
● Les trois caractéristiques d’une religion : (1) un univers de croyances et de pratiques, (2) une communauté
d’individus, (3) une relation à quelque chose de sacré.
● L’étymologie du mot “religion” : relier => lien horizontal entre individus (caractéristique 2) et lien vertical avec
le sacré (caractéristique 3) ; relire => vérifier la conformité des croyances et des pratiques (caractéristique 1)
● Qu’est-ce qui fait la force du phénomène religieux ?
2/ Le fait religieux envisagé d’un point de vue anthropologique
● Religion et psychologie : le modèle de Freud. La religion répond à trois grands besoins de l’humanité : un
besoin affectif de protection, un besoin intellectuel de compréhension du monde et de soi-même, un besoin
moral de justice. La religion comme illusion et comme névrose.
● Religion et sociologie : le modèle de Durkheim. La religion comme projection de la société. La force de la
religion = capacité à faire lien social, à faire communauté. Les rituels de sacrifice selon René Girard, comme
moyen d’expulser la violence contenue dans le corps social..
● Religion et économie : le modèle de Marx. La religion comme “opium du peuple” : la religion naît dans un
contexte de misère matérielle, d’incapacité à maîtriser les conditions d’existence ; la religion prétend délivrer
l’individu de la sensation de souffrance (elle anesthésie, donne de l’espoir...), mais elle ne délivre pas des
causes de la souffrance (elle maintient dans l’inaction, la léthargie ; empêche de se révolter contre l’état-defait).
3/ Religion statique vs. religion dynamique
● Limites de ce type d’analyse : la religion est ici considérée seulement du point de vue de la religion statique
(Bergson). Les modèles précédents se rapportent à la religion statique, c’est-à-dire la religion figée dans une
posture de réaction : face à l’angoisse des individus (Freud), contre la dissolution du lien social (Durkheim),
face à une situation de misère économique (Marx).
● La force du phénomène religieux peut se comprendre aussi du point de vue de la religion dynamique
(Bergson), c’est-à-dire du point de vue de la religion comme élan spirituel (analyse de l’expérience mystique ;
analyse de la foi comme croyance-en, plutôt que comme croyance-que).
II - Est-ce rationnel de croire que Dieu existe ?
1/ Examen des arguments en faveur de l’existence de Dieu
a) Les témoignages
● Le livre sacré
● Les miracles. La critique de Hume : plus une affirmation sort de l’ordinaire, plus nous avons de raison d’en
douter ; donc, face à un témoignage de miracle, nous avons plus de raison de douter du témoignage plutôt
que de l’accepter.
● L’expérience mystique. La critique de Freud : une preuve doit être communicable ; l’expérience mystique ≠
l’expérience scientifique (répétable, définie par un protocole expérimental qui dit comment faire l’expérience) ;
le vécu d’une personne ne peut constituer une raison de croire.
b) La théologie naturelle
● L’argument ontologique. La version d’Anselme. la version de Descartes.
● L’argument cosmologique. Problèmes : si Dieu existe, quelle est la cause de Dieu ? Y a-t-il un sens à dire
que Dieu est causa sui ? Peut-on appliquer les notions de cause et de raison au monde en tant que tel ?
L’existence du monde comme mystère). Religion et raison : la religion comme réponse à un besoin de la
raison.
● L’argument téléologique. L’exemple de Paley : la montre trouvée sur une île déserte. Limites : (i) on peut
remettre en question l’idée d’un ordre du monde ; (ii) on peut remettre en question l’idée que la complexité ne
peut être expliquée que par une cause intelligente (cf. la théorie darwinienne de l’évolution).
c) Les arguments normatifs
● L’argument moral. Dostoïevski : “si Dieu n’existe pas, tout est permis”. Psychologie morale : la question de la
motivation à agir moralement.
● Le pari de Pascal.
2/ Examen des arguments à l’encontre de l’existence de Dieu
● Les arguments fondés sur l’idée d’une incohérence du concept de Dieu : les paradoxes de l’omnipotence, de
l’omniscience, de la bienveillance.
● L’argument du mal. La version courte de l’argument du mal. La théodicée. La version développée de
l’argument du mal. Première réponse possible : le mal serait nécessaire pour que le bien existe. Problème
principal : tous les degrés de mal sont-ils justifiés par ce type d’argument ? Autre réponse à l’argument
du mal : l’existence du mal serait une conséquence de la liberté humaine. Problèmes : (i) le mal n’est pas
seulement causé par les hommes ; (ii) intervenir pour empêcher une forme de mal n’est pas nécessairement
une atteinte à la liberté, et n’est pas nécessairement une restriction illégitime de la liberté. Examen d’une
autre réponse à l’argument du mal : “les voies de Dieu sont impénétrables”.
● Les arguments normatifs à l’encontre de la croyance en un Dieu : l’argument naturaliste, l’argument de la
meilleure explication. Examen du principe de Clifford selon lequel on n’a pas le droit de croire en quelque
chose sans preuve suffisante.
CHAPITRE XVII : L’EXISTENCE ET LE TEMPS
Question 26 – Qu’est-ce que le temps ?
I - Le temps existe-t-il ?
1/ Première approche du temps
● Temps objectif (temps physique, temps physiologique) et temps subjectif (la conscience du temps, le temps
vécu).
● Temps cyclique et temps linéaire.
● Le temps, les moments du temps, l’instant. Les paradoxes de Zénon (paradoxe d’Achille et la Tortue,
paradoxe de la flèche). L’analyse d’Aristote.
2/ Théorie statique vs. théorie dynamique du temps
● Premier modèle de cette opposition : Parménide vs. Héraclite.
● Distinction de deux manières de parler du temps : comme propriété d’un événement (un événement peut être
passé, présent, ou futur) ou comme relation entre les événements (un événement peut avoir lieu avant, après
ou pendant un autre événement).
● Théorie statique (ou éternaliste, ou atemporelle) du temps, qui privilégie le temps comme relation. La
physique et le temps : de Newton à la relativité restreinte d’Einstein. L’idée d’un univers-bloc.
● Théorie dynamique du temps, qui privilégie le passage du futur au présent, et du présent au passé. Analyse
du vécu du temps par Augustin, Bergson et Husserl. L’exemple de la mélodie musicale. La critique par
Bergson de la théorie statique du temps (l’intelligence ne pourrait pas saisir la nature de la durée ; théorie
statique du temps et déterminisme).
II - Notre existence est-elle soumise au temps ?
1/ La condition humaine et le temps
● Un courant philosophique important à propos de l’existence humaine et du temps : l’existentialisme.
● Les dimensions du temps : l’expérience de l’irréversibilité du passé, l’expérience de la fragilité du présent,
l’expérience de l’incertitude de l’avenir.
● L’homme en lutte contre le temps : lutte contre l’irréversibilité du passé, contre la fragilité du présent, contre
l’incertitude de l’avenir.
2/ Quel rapport devrait-on avoir au temps ?
● La critique d’une existence inauthentique dans son rapport au temps : reprise des analyses de Pascal sur le
divertissement, et de Sartre sur la mauvaise foi.
● Défense d’une existence authentique dans son rapport au temps : reprise de l’analyse des sagesses antiques
(épicurisme, stoïcisme) et de Sartre sur la notion d’engagement.