Qu`est-ce qu`une ville? - HEH

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Qu`est-ce qu`une ville? - HEH
Qu’est-ce qu’une ville?...........................................................................................................1
Comment les sociétés urbaines vivaient-elles, pensaient-elles ? ..........................................1
Tournai, le beffroi, marque de fabrique d’une vraie ville au moyen âge...........................2
Comment les sociétés urbaines vivaient-elles, pensaient-elles ? La paix..........................2
Comment communiquer ? Le rôle des cloches ................................................................2
La langue des cloches : celui qui a la cloche a le pouvoir ................................................3
Les destins des beffrois...................................................................................................3
Le revival des beffrois ....................................................................................................4
Tournai au Moyen Age et encore au 18ème siècle :...............................................................4
Le développement des villes et du commerce .........................................................................4
Les villes ............................................................................................................................4
Le développement du commerce.........................................................................................4
Le développement du commerce international ....................................................................4
Les crises de la fin du Moyen Age..........................................................................................5
Famines et épidémies..........................................................................................................5
Les périodes de guerre ........................................................................................................5
La crise des XIVe et XVe siècles........................................................................................6
Les croisades ......................................................................................................................6
Qu’est-ce qu’une ville?
Comment les sociétés urbaines vivaient-elles, pensaient-elles ?
La plus grande partie de l’espace est l’espace rural, champs et villages.
La ville est un espace particulier, une « île » et c’est d’ailleurs la façon dont les villes sont
représentées dans l’iconographie, un « îlot dans une mer verte et bleue ». La ville est
délimitée par des bornes, ou des fossés, palissades, et plus tard, dans certains cas, par des
remparts. Le fait de vivre dans cet espace d’exception permet à ses habitants de bénéficier
d’un droit particulier, qui les privilégie.
En effet, les lois codifiées permettent d’échapper au sort des habitants des campagnes qui
dépendent d’un seigneur qui n’a pas de lois écrites et sont donc soumis à l’arbitraire.
En ville, les habitants sont jugés par leurs pairs, c’est-à-dire des gens issus du même milieu, et
pas de l’extérieur comme à la campagne. (Il est à noter que les nobles et les ecclésiastiques
sont aussi jugés par leurs pairs). Les bourgeois ont donc un privilège juridique.
Un autre aspect du pouvoir des bourgeois est la fiscalité : les taxes sont codifiées et souvent,
ils organisent eux-mêmes leur fiscalité.
Le territoire est exigu dans les villes, le sol est rare et a une valeur énorme. La future
aristocratie urbaine, ce sont les possesseurs du sol car ils deviennent très riches.
Les activités de la ville permettent de rapporter beaucoup d’argent, les propriétaires peuvent
donc avoir beaucoup de crédits. Cette aristocratie urbaine revendique donc des privilèges
urbains. Vu la cherté du sol, les espaces ouverts sont très rares et convoités, ils sont donc
l’objet de contrôle de la part du pouvoir urbain.
Pour montrer leur statut et leur pouvoir, l’Eglise ou les bourgeois construisent en hauteur et
pas en largeur. Les maisons de personnes importantes sont très hautes avec souvent des tours
ex : on en trouve encore à Bologne, à San Gimignano. C’est en effet l’expression de la
puissance des lignages qui se narguent, les villes sont donc des forêts de tours.
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Tournai, le beffroi, marque de fabrique d’une vraie ville au moyen âge
Le Beffroi est donc une tour qui symbolise la ville et se trouve non pas dans une rue, mais sur
un « vide », une place, qui est l’espace disputé, rare et symbolique. La place du marché est un
lieu très important car il permet de se rassembler. La place endroit le plus important de la
ville, est en effet l’espace disputé par l’Eglise, le Prince et les bourgeois. Tous s’y mesurent
et les bâtiments sont un outil de la compétition entre ces groupes.
Comment les sociétés urbaines vivaient-elles, pensaient-elles ? La paix
Le beffroi exprime la paix de la ville fried, alors que la ville n’est pas un lieu de paix.
La paix est précieuse et représente un pouvoir important. Il y a en effet soit la paix de l’Eglise,
ou souverain ou des élites urbaines. Elle est capitale pour les élites urbaines car indispensable
à la prospérité. Si il n’y a pas de paix, aucune transaction n’est possible, aucun serment, et les
marchands venant de l’extérieur ne sont pas en sécurité.
La paix est indispensable pour le travail. Cette société densément peuplée nécessite la paix
sociale pour favoriser le rendement maximum et la prospérité. Les activités de la ville sont
dirigées par une oligarchie. Ce sont des activités non agricoles : commerce, administration,
artisanat surtout textile à Tournai. Cette production de produits de luxe à haute valeur ajoutée
nécessite beaucoup de main d’œuvre et produit une richesse extraordinaire. Elle est surtout
destinée à l’exportation de même que la pierre.
Cette richesse produite par les villes est extrêmement intéressante pour les souverains à l’affût
de rentrées d’argent et de prêts. La ville est donc le lieu où il peut taxer, emprunter, c’est un
potentiel militaire (elle est très peuplée) et un potentiel culturel.
Les princes cherchent donc à se concilier les villes et ils entretiennent des relations avec
l’oligarchie. Ces bourgeois ont donc un gouvernement et un tribunal et l’autonomie fiscale. La
police, la politique intérieure et extérieure sont donc aux mains d’une oligarchie qui gouverne.
Il faut remarquer que sous l’ancien régime, il n’y a pas de séparation de pouvoir.
Comment communiquer ? Le rôle des cloches
Le beffroi est le système de communications, il symbolise le pouvoir par son élévation et les
sons qu’il transmet. Il est très proche du campanile des villes du sud.
Au départ, les cloches sont un outil ecclésiastique qui appartient aux monastères ou aux
églises qui annoncent l’heure chrétienne. L’Eglise a le monopole du temps.
La cloche du beffroi va marquer le temps de la ville, le temps fonctionnel.
La ville est en effet aussi une communauté comme le monastère et exprime donc sa notion du
temps.
La cloche exprime le gouvernement et sa justice. Elle est rendue par les bourgeois pour les
bourgeois, il s’agit donc d’une relation horizontale dans une société pyramidale figée. En haut
de la pyramide on trouve ceux qui prient, l’Eglise, puis en dessous ceux qui protègent, la
noblesse, puis en dessous, ceux qui travaillent. Cette vision religieuse de la société est
dépassée car les liens de loyauté et l’allégeance ne pouvaient se faire qu’avec l’étage
supérieur, ce qui est dépassé par l’évolution de la société. La ville permet autre chose. Les
liens de solidarité se tissent de bourgeois à bourgeois. La cloche exprime ces liens. Les
messages, les actes les plus importants sont exprimés par la cloche :
Justice : quand le tribunal se réunit, quand il exécute une sentence
Rassemblements : danger : levée en masse, incendie
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La cloche symbolise donc l’autonomie, les prérogatives des bourgeois.
Quand il y a conflit entre la ville et le seigneur, il supprime la cloche, abat le beffroi ex
Cambrai au 13ème siècle…
La langue des cloches : celui qui a la cloche a le pouvoir
Sous l’Ancien régime, tout le monde comprend le langage des cloches et y est sensible. Ce
message est collectif, impératif et très subtil.
Aujourd’hui chacun est seul face au message diffusé par la radio, TV…
Ce message des cloches est exprimé par le timbre, la longueur, l’ampleur, la balance, toutes
sortes de combinaisons sont possibles et comprises par tous. Le carillon n’a pas de rapport
avec ce langage car il s’agissait d’une, deux ou trois cloches seulement.
Les cloches vont entrer en compétition : à qui obéir ? Cathédrale, églises (plusieurs églises)
beffroi ?
La nature des messages
Les heures : le temps n’est pas neutre, les maîtres du beffroi sont aussi des patrons, les
maîtres du travail et ils peuvent donc utiliser les cloches pour augmenter la productivité
en allongeant la journée. La ville est très contrôlée, très policée et il n’est pas question
de divaguer en rue lors du temps du travail.
Le couvre-feu est sonné pour marquer le temps de la morale, de la sécurité, de la police.
L’arrêt du travail car on ne travaille jamais à la lumière artificielle, pratiquement pendant tout
l’ancien régime on travaille uniquement pendant les heures solaire; le début du travail et
l’arrêt pour manger sont également sonnés.
Les rythmes du marché : ouvrir, fermer réglementer qui sont les premiers au marché, les
bourgeois et puis seulement les revendeurs pour éviter toute spéculation.
Les rassemblements politiques : révoltes, on essaye de s’emparer du beffroi et de la cloche,
les cordes sont souvent d’ailleurs supprimées quand il y a de l’agitation.
L’architecture du beffroi est militaire car la cloche doit être protégée et ce lieu sert à
surveiller, guetter l’ennemi, les incendies, il est un élément important de la solidarité de la
communauté.
Les destins des beffrois
Le genre de vie décrit ici s’est effacé avec l’ancien régime et les villes déjà au 16ème siècle ont
eu leur indépendance limitée par les souverains. Charles Quint limite le pouvoir urbain qui
fait évidemment concurrence à son centralisme, son absolutisme. A partir du 16ème siècle, il
n’y a pas de place pour le pouvoir local et les beffrois sont donc malmenés. Les cloches sont à
ce moment remplacées par des carillons qui font de l’animation urbaine et animent les fêtes.
Beaucoup de beffrois souffrent du manque d’entretien, ils s’écroulent ex Valenciennes 19ème
siècle, Lille qui avait un très petit beffroi en rien comparable avec l’actuel ; d’autres sont
démolis.
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Le revival des beffrois
Tournai a conservé volontairement son beffroi et il a fait l’objet d’une restauration au 19ème
siècle. Il participe alors à l’écriture de l’histoire de Belgique, il témoigne de l’autonomie et
des libertés communales anciennes et confirment une longue tradition reprise dans la
constitution de 1831.
Nos hommes politiques sont sensibles à des témoignages visuels de notre passé ce qui
explique que entre 1918 et 1940 on multiplie la construction de beffrois, témoins de
l’enracinement.
Tournai au Moyen Age et encore au 18ème siècle :
Deux ceintures de fortifications, une du 11ème et une du 13ème siècle (boulevards actuels)
Aucune trace n’est visible du passé romain, la grand place triangulaire correspond au grand
marché depuis l’empire romain, c’est le croisement de chaussées. Sous l’église st Piat
dorment des vestiges d’un temple païen.
Les rues sont des ruelles sombres et sinueuses, les immondices sont jetées dans les venelles et
les animaux domestiques et errants ajoutent à la puanteur du fumier et des boues partout
présentes. Les détritus sont parfois emportés par les pluies jusqu’à l’Escaut.
Ville de bois, de terre battue, de pierres et de briques : les toits sont de paille et le bois partout
présent y compris dans les auvents protègent de la pluie et du soleil. Tous ces matériaux
utilisés permettent des effondrements et des incendies qui ne sont pas rares.
Le développement des villes et du commerce
Les villes
À partir du XIe siècle, on assiste à un processus de renaissance des villes. Après les conquêtes
musulmanes du VIIIe siècle et les invasions normandes du Xe siècle, une période de relative
prospérité favorise l’essor du grand commerce et permet un développement urbain. Les villes
prennent progressivement une certaine autonomie, la bourgeoisie naissante obtient la gestion
des institutions citadines, dispose des prélèvements fiscaux et exerce la justice. C’est
reconnu par le seigneur dans une charte La ville est gouvernée par un conseil composé
d’échevins
Le développement du commerce
Avec l’essor économique, l’activité des artisans se développe, à Tournai : pierre et draps. Les
métiers se rassemblent par quartier (voir exercices). Parallèlement se développent les foires
qui deviennent des centres d’échange pour les produits du grand commerce.
Le développement du commerce international
Le grand commerce en Méditerranée (voir cartes) consiste surtout en produits de luxe :
aromates, écaille, ambre, perles, pierres précieuses, étain de Malaisie, armes des Indes… Dans
les comptoirs africains de la côte transitent des esclaves, l’or du Ghana, l’ivoire et des bois
précieux exportés vers les grands relais caravaniers du Maghreb. La Russie et l’Asie centrale
fournissent aussi des esclaves et du bois, des fourrures et du miel. D’Extrême-Orient sont
importées épices, soieries, pierres précieuses et porcelaines.
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Un petit commerce transporte des: huiles, céréales, poissons salés, produits fabriqués ou
exotiques en transit, comme le sel ou les dattes d’Afrique.
Dès le XIe siècle, une partie du trafic d’al-Andalus et du Maghreb vers la Syrie et l’Égypte est
effectuée par des navires étrangers, surtout italiens. Depuis l’Occident musulman ou chrétien,
ces derniers exportent de la poix, du fer et d’autres métaux, du bois et des tissus solides et de
grand prix comme les draps de laine. En retour, ils importent les produits orientaux de grand
luxe si convoités en Europe, des tissus par exemple, nommés d’après leur lieu de production :
« damas » de Damas, « baldaquin » de Bagdad, « mousseline » de Mossoul, « gaze » de Gaza.
Les crises de la fin du Moyen Age
Sur une période de mille ans, nous avons connu des périodes de développement et des
périodes plus troublées. Après les dernières invasions arabes, hongroises et normandes du Xe
siècle, et à la faveur d’un réchauffement climatique, la paix et l’amélioration des récoltes
avaient favorisé une relative prospérité.
Les derniers siècles du Moyen Âge, XIVe et XVe siècles, connaissent au contraire la guerre
de Cent Ans, la Grande Peste et une crise économique majeure. La faim, la maladie ou la
guerre touchent les populations différemment selon les époques.
Les 14 ème et 15 ème siècles ont connu des bouleversements importants de la géographie politique
européenne et de la manière de diriger l’Etat. De nouvelles formes de gouvernement
remplacent la féodalité.
La notion du « bien public » cher au droit romain réapparaît, le souverain devient solidaire
des intérêts de ses sujets. Ils sont désormais membres d’un groupe, d’une catégorie sociale
quel l’on appelle alors un état. Dans cette classification, les bourgeois des villes s’affirment.
Les bourgeois par exemple vont défendre leurs privilèges reconnus. (Tournai : chartes
accordée par Philippe Auguste).
Famines et épidémies
Les conditions d’alimentation et d’hygiène fragilisent la population atteinte par de
nombreuses maladies que la médecine ne sait pas guérir. La variole, d’abord, appelée alors
petite vérole, arrive en France au VIe siècle. La dysenterie accompagne souvent la famine.
L’une des principales maladies est en fait la grippe, qui donne lieu à des épidémies mortelles.
La tuberculose n’est pas identifiée en tant que telle.
Dans les régions où on cultive le seigle se développe l’ergotisme, appelé « mal des ardents »
ou « feu de saint Antoine », qui gangrène les membres et fait de nombreux morts. A Tournai,
cette maladie est qualifiée de PESTE et une grande procession est organisée chaque année
pour commémorer sa « disparition » après la grande crise de 1092 (voir illustrations).
Mais la grande maladie du Moyen Âge est la lèpre, vécue comme une punition de Dieu. La
peur de la contagion, au sens physique autant que moral, isole les malades.
Plus rare est la peste. Elle avait disparu d’Europe depuis huit siècles quand, au printemps
1348, des marins génois la rapportent d’Orient, l’épidémie fait des ravages et reste longtemps
dans les esprits comme la « Grande Peste » ou « Peste Noire ».
Les périodes de guerre
La plupart des foyers de conflits étaient limités à de petits territoires, opposant généralement
des puissances locales soutenues par des armées de métier
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La crise des XIV et XV siècles
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Déjà en proie à la disette lorsque la moisson n’était pas bonne, les populations n’ont pu
résister aux catastrophes. Il y eut d’abord, dans une grande partie de l’Allemagne, en
Angleterre, dans les anciens Pays-Bas et dans le nord de la France, la longue famine très
éprouvante de 1314 à 1316, à la suite des récoltes désastreuses de 1314 et 1315. Puis ce fut la
peste qui, venue d’Orient, emporta une bonne partie des populations d’Europe occidentale au
milieu du XIVe siècle. Enfin il y eut les malheurs de la guerre de Cent Ans. Le tout a entraîné
un formidable recul démographique que les textes ne permettent pas de chiffrer avec
précision, mais qu’ils font sentir en parlant de villages désertés et de terres cultivées
retournant à la friche. Pour la France, on a estimé que la population, qui avait atteint 18 à 20
millions d’habitants avant les malheurs, n’était plus que de 9 à 10 millions à la fin de la guerre
de Cent Ans.
Les croisades
Pèlerinage armé, la « croisade » fait la synthèse entre le « pèlerinage à Jérusalem » – lequel
vaut rémission des péchés – et la « guerre juste » contre les ennemis de l’Église». Pour le
pape, c’est aussi le moyen de rassembler sous la bannière de l’Église la chevalerie d’Occident
et d’imposer sa prééminence sur toute la chrétienté. Huit croisades se sont succédé entre 1095
et 1270, engageant plusieurs centaines de milliers de chrétiens.
Le sentiment religieux antimusulman croît régulièrement depuis qu’au VIIIe siècle l’Espagne
est tombée aux mains de l’Islam. Les premiers à partir sont des pauvres ; ils prennent la route
sans préparation, sous la houlette de Pierre l’Ermite, un prédicateur fanatique, et de Gautier
Sans Avoir, un chevalier démuni et violent, qui les conduisent par voie de terre sur la route de
Jérusalem. Ils n’attendent pas d’être parvenus en Terre sainte pour se rendre coupables de
massacres de juifs. Les motivations des « croisés » – ainsi les appellera-t-on plus tard parce
qu’ils cousent une croix de tissu sur leurs habits – sont complexes et variées. Au premier plan,
une foi irréfléchie, intime et violente, fondée sur l’idée forte qu’ils vont contribuer à
l’instauration définitive du royaume de Dieu sur Terre. Les croisés ignorent tout de la Terre
sainte. Ils voient dans les peuples musulmans les ennemis du Christ, alors que ces derniers
vénèrent Jésus – non comme Dieu mais comme prophète – et considèrent eux aussi Bethléem
et Jérusalem comme des hauts lieux de leur foi, auxquels ils ne manquent pas de se rendre en
pèlerinage, comme les chrétiens.
Convaincus d’aller délivrer le tombeau du Christ, qui leur était pourtant demeuré accessible,
moyennant une taxe, les croisés ne craignent pas la mort : le combat contre les Infidèles leur
vaut l’indulgence plénière (autrement dit le paradis) et rien n’est plus beau aux yeux des
chrétiens que d’être inhumé dans la ville même où le Christ est mort et ressuscité.
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