Analyse des problématiques de peinture de la piscine du CRMT

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Analyse des problématiques de peinture de la piscine du CRMT
Département de Sciences
Groupe du mardi 8h30
Professeur: Gilles Nedelec
Cours activité d’intégration en Sciences de la Nature
360AJA05
Remis mardi le 23 avril 2002
Auteurs: Louis-Martin Bettez-Tremblay, Alexandre Bouchard-Côté, Audrey Claveau, Francis Perron
Analyse des problématiques de peinture de la
piscine du CRMT
Table des matières
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
Introduction
Exposition de la problématique
Caractéristiques de la peinture
Le polyester insaturé
Le monomère de styrène
Les autres molécules impliquées
Réaction de durcissage
Mauvaise adhérence de la peinture
Mécanismes d’adhésion de la peinture
Première hypothèse: Impossibilité d’adhésion peinture-peinture
Seconde hypothèse: Influence des substances présentes dans l’eau
Première solution: Élimination des couches antérieures
Seconde solution: Utilisation d’un adhéreur
Problème des taches noires
Problèmatique
Analyse des hypothèses
Le jaunissement de la peinture
Précipité d’un composé chloré de styrène
Précipité d’un composé azoté de styrène
Solutions possibles
Conclusion
Annexes
Propriétés chimiques et physiques du styrène
Propriétés physiques et chimiques du (1.2-dichloroéthyl) benzène
Propriétés physiques et chimiques du Phenylethylamine
Propriétés physiques et chimiques du 1-phényl-1.2-éthanediol
Propriétés chimiques et physiques du benzaldéhyde
Propriétés chimiques et physiques du formaldéhyde
Propriétés chimiques et physiques de l’acide benzoïque
Propriétés chimiques et physiques de l’oxochloride de fer
Propriétés chimiques et physiques du disilicate de cobolt
Bibliographie
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Liste des tableaux
Tableau I - Facteurs de cohésion
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Liste des figures
Figure 1 - Couches de peinture
Figure 2 - Structure d’un copolymère de Graft
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Introduction
La peinture qui recouvre les bords et le fond de la piscine du Centre Mario-Tremblay pose divers
problèmes depuis des années : mauvaise adhérence, jaunissement, formation de taches noires. Il est
impératif de solutionner ce problème générant tracas et frustrations chez les administrateurs et utilisateurs et qui coûte cher aux contribuables. Cependant, dans ce document, l’objectif visé ne sera pas de
démasquer les erreurs humaines à l’origine de la problématique mais bien de comprendre d’un point
de vue scientifique les causes physico-chimique de celle-ci. Il en résultera éventuellement des pistes
de solutions pratiques plus avisées.
Exposition de la problématique
Le revêtement supérieur est une résine de polyester à laquelle est mélangée une coloration bleue.
Entre le béton (1) et cette couche supérieure se trouvent une série d’autres étages de compositions
diverses (voir figure 1).
Figure 1 - Couches de peinture
La cause première de tous ces problèmes de peintures est le terrain marécageux sur lequel est établie
la piscine en question puisqu’il y avait historiquement infiltrations d’eau. Cette infiltration causait, depuis
1985, la formation de poches d’eau sous le revêtement initial de fibre de verre. On ajouta un système
de pompage de l’eau d’infiltration, mais le revêtement était trop endommagé et devait être remplacé.
Vers 1998, ce revêtement de fibre de verre fut enlevé par un procédé à jet de sable. On le remplaça par
une résine de polyester blanche appliquée en deux couches (3 et 4) sur un apprêt à béton (2). Celle-ci
jaunit rapidement en formant une cire poreuse, donnant un aspect sale à l’eau. On la repeignit en bleue
(5) pour que le jaunissement soit moins apparent. Cette couche décolla en parties et on appliqua du
fibre de verre (6) pour faire adhérer la couche suivante de bleu (7). Or, deux teintes différentes de bleu
ont été utilisées et il fut décidé d’uniformiser la couleur avec une dernière couche de résine de polyester bleue (8). Actuellement cette piscine présente 3 problématiques principales : la dernière couche
appliquée décolle en plaques, la peinture jaunit et des taches noires apparaissent.
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Caractéristiques de la peinture
Il nous a été impossible d’apprendre par le fabriquant la composition chimique précise de la peinture.
Les seules informations fournies par le fabriquant étaient que la peinture contenait du polyester insaturé et du monomère de styrène. La liste exhaustive des ingrédients de la peinture, de leurs proportions
et de leur formule moléculaire sont des informations soit ignorées (la synthèse des polymères met en
jeu des réactions relativement complexes dont le résultat final peut être difficile à prévoir), soit tenues
secrètes par le fabriquant. Cependant, les quelques données initiales et d’habiles déductions nous ont
tout de même permis de dégager plusieurs informations essentielles à l’étude de la problématique.
Le polyester insaturé
La molécule au coeur de ce type de peinture est un polyester insaturé. On peut donc s’attendre à trouver des fonctions ester, dialcool et probablement des anhydrides phtaphalique. Les polyester insaturés
sont des copolymères qui contiennent des liaisons doubles capables d’initier des réactions subséquentes. Cette caractéristique sera très importante lors de notre étude des réactions de durcissement de la
peinture. La structure de ce polymère est linéaire. Macroscopiquement, c’est un liquide transparent. Ce
polymère a probablement été préparé à partir d’acide carboxylique ou de ses anhydrides (probablement
phthalique), d’acide carboxyliques insaturés et de un ou plusieurs dialcools.
Le monomère de styrène
Ce polyester insaturé est dissout dans du monomère de styrène. Le monomère de styrène:
est un liquide inflammable, fortement réactif, et produisant un odeur caractéristique au contact de l’air
à cause de la formation d’aldehydes. Bien que le monomère de styrène ne soit qu’un solvant passif
durant l’entreposage de la peinture, nous verons bientôt qu’il joue un rôle clé durant l’application. Se
référer aux annexes pour une description plus exhaustive du monomère de styrène et du polyester
insaturé.
Les autres molécules impliquées
En plus du mélange monomère de styrène + polyester insaturé, une troisième substance est nécessaire au durcissage de la peinture. Il s’agit d’un peroxyde organique qu’on appele couramment durcisseur, bien qu’il ne fasse qu’initier le processus de durcissage. Faute d’informations, nous supposerons
qu’il s’agissait d’un mélange commercial standard composé de peroxyde de benzoyle mélangé à du
phthalate de butyle et de benzyle. Bien sûr, ce durcisseur est stocké séparément du mélange styrène +
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polyester, et n’est mélangé qu’au tout dernier moment grâce à un pistolet sous pression projetant deux
jets au point d’application (un de styrène + polyester, l’autre de peroxyde). De plus, pour les couches 5,
7 et 8 (voir figure 1), on a ajouté au styrène + polyester une pigmentation bleue. Enfin, pour la couche
6 (voir figure 1), on a ajouté un ou plusieurs treillis de fibres de verre pour renforcer la structure (c’est
le procédé standard de fabrication de fibres de verre).
Réaction de durcissage
L’équation simplifiée ci-dessous résume globalement les étapes de la réaction de durcissage. Exposons maintenant les détails de notre hypothèse concernant les mécanismes de cette réaction.
polyester insaturé (structure linéaire, phase liquide) + monomère de styrène -> copolymère semi-saturé
(structure en réseau, phase solide)
Quand toutes les substances décrites plus haut entrent en contact, le peroxyde commencerait par se
dissocier en 2 radicaux libres (c’est la phase d’initiation d’une polymérisation radicalaire classique).
Ensuite, le radical attaque le lien pi du monomère de styrène comme suit (phase de propagation):
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Le produit du bas est favorisé en vertu de la règle de Markvnikov. Le nouveau radical libre produit par
cette dernière réaction attaque itérativement un lien pi d’un autre styrène:
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Finalement, le polystyrène fini par se greffer (par addition radicalaire) à un électron pi d’une liaison
insaturée du polyester pour former ce qu’on appele un copolymère de Graft.
On voit bien sur la figure 2 qu’un copolymère de Graff présente une structure en réseau, une structure très différente de celle à l’état initial (linéaire). Cette transformation explique l’observation d’un
changement de phase à l’échelle macroscopique.
Figure 2 - Structure d’un copolymère de Graft
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Mauvaise adhérence de la peinture
Abordons l’étude de cette problématique en étudiant les mécanismes généraux d’adhérence. Nous
déterminerons ensuite lequel ou lesquels de ces mécanismes sont impliquées dans le cas qui nous
intéresse, pour finalement vérifier pourquoi et comment ils échouent.
Mécanismes d’adhésion de la peinture
On peut expliquer un phénomène d’adhésion par un ou plusieurs des cinq facteurs du tableau I.
Tableau I - Facteurs de cohésion
Adsorption
Adhésion mécanique
Interdiffusion
Reaction de surface
Attraction électrostatique
C’est le principal facteur à tenir compte. Selon la théorie de l’adsorption,
les substances collent principalement à cause d’intéractions intermoléculaires entre molécules de couches de surface.
Quand l’adhésif s’infiltre dans les pores et/ou autour de la surface.
Le liquide adhésif se dissout et se diffuse dans le mathériel adhérant.
Il y a réaction chimique entre les couches de surface, créant des liens
encore plus fort que ceux créés par l’adsorption
Un attraction électrostatique peut être observée à l’interface entre deux
couches de matériaux ayant des structures de groupes électrostatiques
différents.
Cependant, nous ne considérerons que l’adsorption et les réactions de surface car ces deux facteurs
sont beaucoup plus importants que les autres.
En observant les équations chimiques de durcissage, on peut voir que l’application d’une nouvelle
couche de peinture sur une plus vieille peut provoquer une réaction de surface dans la dernière étape
du durcissage. En effet, les chaînes de polystyrène formées peuvent attaquer des liens insaturés de
la vieille couche aussi bien que de la nouvelle, créant un réseau de liens et une très bonne cohésion
entre les deux surfaces.
L’adsorption, elle, serait rendue possible par des liaisons Keeson formées entre des fonctions ester
présentes dans le polyester.
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Première hypothèse: Impossibilité d’adhésion peinture-peinture
Cette hypothèse est facile à rejeter puisque, d’une part, nous venons de montrer que de multiples mécanismes de cohésion sont possibles, et d’une autre parce que la couche de peinture 4 (figure 1) avait
bien tenu sur la couche de peinture 3. Il est donc vraisemblable que ce qui a empêché l’adhérence des
couches 5 et 8 ne vient pas de la surface elle-même, mais plutôt de son altération.
Seconde hypothèse: Influence des substances présentes dans l’eau sur la surface
Considérons l’impact que peut avoir le HOCl présent dans l’eau sur la couche de surface. On peut
supposer que cette molécule très réactive initiera une réaction d’addition électrophile avec le polymère
comme suit:
Cette étape est lente, mais la surface des couches qui n’ont pas adhéré ont été en contact plusieurs
semaines avec le HOCl aqueux. Cette réaction, plus rapide, suit:
Ces deux réactions viennent neutraliser partiellement ou totalement le mécanisme d’adhésion par
réaction de surface. De plus, le HOCl est aussi susceptible de venir encombrer les sites ester et donc
de nuire aussi au mécanisme d’adhésion par adsorption.
Tout semble donc indiquer que c’est le HOCl présent dans l’eau de la piscine qui a nuit à l’adhésion.
Cherchons maintenant une solution à la lumière de ce raisonnement. La solution la plus simple serait
bien sûr d’enlever au jet de sable toutes les couches antérieures, d’appliquer un apprêt sur le béton,
puis une couche de polyester bleue. En d’autres mots, recommencer le travail à zéro en prenant les
bonnes décisions. En effet, rappelons-nous que les premières couches blanches de polyester n’ont
pas fait défaut à cause d’une mauvaise adhérence mais bien à cause de leur aspect inestétique qui
avait été causé par le problème de jaunissement. Malheureusement, bien qu’un jet de sable puisse
éroder très efficacement du béton ou du verre, il est en revanche beaucoup moins efficace pour retirer
de la résine de polyester (selon Mr Lauzon, responsable de la piscine). Nous concentrerons donc notre
recherche de solution sur deux fronts: soit trouver une manière efficace d’enlever les couches antérieures, soit un adhéreur permettant une adhésion peinture-peinture même si celle-ci a été en contact
prolongé avec l’eau chlorée.
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Première solution: Élimination des couches antérieures
L’avenue la plus directe est bien sûr de décaper mécaniquement. Cependant, vu la grande superficie
de la surface en jeu, le décapage n’est préconisé qu’en «dernier recours». Une voie plus radicale et
inhabituelle serait une élimination par combustion. Le polyester est inflammable, mais il emet des gaz
nocifs lors de sa combustion. Si cette méthode est employée, des mesures spéciales devront donc
être prises: aérer de manière efficace, imposer le port d’un masque de respiration, bien contrôler la
combustion.
Seconde solution: Utilisation d’un adhéreur
L’objectif ici est d’abord de restituer les liens pi que le HOCl a utilisé pour s’additionner aux chaînes de
polyester. Une possibilité serait d’asperger les parois de NaOH pour amorcer la réaction d’élimination
E2 suivante:
Une tout autre technique d’adhésion est la fluorisation, qui consiste à traiter les parois avec du fluor
sous forme gazeuse et à très basse concentration. Au contact du fluor, près de la moitié des atomes
d’hydrogène de la couche superficielle du polymère sont substituées par des atomes de fluor. Ensuite,
c’est l’oxygène qui réagit et s’insère pour former des groupes carboxyles et des acides fluorés, qui sont
autant de points d’adhésion additionnels. Rappelons par contre que le fluor est extrément réactif, et
que des mesures de sécurité exceptionnelles devront être prises si cette technique est retenue.
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Problème des taches noires
Problèmatique
Dans la piscine, dans la partie peu profonde, on a constater l’apparition de taches sous forme de petits
points noirs agglomérés.
La nature des points noirs est inconnue. La tuyauterie est soit composée de fer (Fe) ou de cobalt (Co).
On sait que l’apparation de petits points est indépendante de la couleur de peinture utilisée. Les taches
n’apparaissaient pas quand la piscine était recouverte de fibre de verre.
Les hypothèses suivantes seront traitées:
- Les points sont dus à un mauvais nettoyage lors de la phase de repeinturage, laissant des résidus de
fibres de verre
- Que les taches originent de réactions chimiques avec des éléments présents dans l’eau déjà avec la
peinture
- L’eau utilisée pour remplir la piscine provient de la ville, cette eau pourrait contenir des substances qui
peuvent réagir avec la peinture
- La présence de bactéries dans l’eau
Analyse des hypothèses
Un mauvais nettoyage du béton avant de peinturer pourrait être la cause de la formation des points
noirs. Lors du nettoyage de la piscine avant l’opération de peinture, il a fallu enlever tout le revêtement
de fibre de verre présent. Cette poussière de fibre de verre peut s’être mélangée avec la résine et
le polyesters créant ainsi de petites taches noires. La nature de cette réaction est pour le moment
inconnue. On peut cependant postuler les hypothèses suivantes.
La fibre de verre contient du silicium (Si) pourrait se lier avec du cobalt (Co) pour former du disilicate
de cobalt (CoSi2) dont les spécifications sont données en annexe.
Ou encore, si la tuyauterie est en fer, on pourrait alors retrouver du fer qui se serait détaché des parois
des tuyaux, la corrosion, qui pourrait se lier avec l’oxochlorure d’hydrogène (HOCl) présent dans l’eau
pour former de l’oxochloride de fer (FeOCl) dont les spécifications sont données en annexe.
L’une ou l’autre de ces substances formées est insoluble dans l’eau et prend un aspect noir ou foncé.
Il est très probable que ces taches soient constituées de silicium puisqu’on les retrouve agglomérées
en certaines zones seulement, ce qui favorise l’hypothèse du silicium (fibre de verre). Cette hypothèse
est la plus plausible.
La possibilité que des espèces présentes dans l’eau se lient avec la peinture est peu probable. La
meilleur explication est que les copolymères de Graft peuvent accepter des liaisons sur leurs sites
insaturés, mais si cette réaction était la véritable cause des taches noires, on retrouverait de ces taches
partout sur les parois de la piscine. Ce qui n’est pas le cas. On omet donc cette hypothèse.
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La présence de substances inconnues dans l’eau utilisée pour recycler le contenu de la piscine peut
entrainer des réactions difficiles à prévoir. Cette hypothèse sera donc prise en considération malgré le
manque d’informations disponibles.
On peut également concevoir la possibilité que l’eau contienne des bactéries ou des algues. Ces
algues se déposeraient donc dans des zones du fond de la piscine propices à leur croissance. Ces
zones pourraient êtres limités par la présence d’un élément précis ou d’une température d’eau en conjonction avec un courant particulier, mais cette hypothèse sera ignorée pour la simple raison que l’eau
de la piscine contient du HOCl. L’oxochlorure d’hydrogène est un puissant agent destructeur de vie.
Il attaque les les liens azotés des enzymes pour les dénaturiser. Une fois les enzymes d’une créature
biologique dénaturisées, elle ne fonctionnne plus très bien. La vie est donc contrôlée par l’utilisation
du HOCl dans l’eau.
La solution proposée est en accord avec l’hypothèse concernant la tuyauterie métallique corrodée. On
pourrait remplacer toute la tuyauterie de métal par de la tuyauterie en plastique. Faire ainsi réduirait la
concentration de fer ou de cobalt dans la piscine. On enraye donc la production de taches noires.
Essayer de nettoyer les présentes taches est pour le moment impossible, à moins bien sur de bruler
les taches à très hautes températures. Le seul problème directe à cette méthode est que la peinture
recouvrant la piscine est très inflammable et dégage des vapeurs toxique si elle est brulée.
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Le jaunissement de la peinture
La résine de polyester Poly-GC30 des Revêtements Polytel contient 2 ingrédients : 70% de résine de
polyester et 30% de styrène. Le rôle du styrène dans la peinture est explicité à la section n et ses propriétés chimiques et physiques sont décrites à l’annexe. La possibilité d’un lien entre cette substance
ou un de ses composés et les taches jaunes est fortement envisagée. À l’état de monomère, le styrène
est un liquide huileux, d’incolore à jaunâtre, selon le CRC Handbook of Chemistry and Physics de R.
Lide. De plus, il n’est que partiellement soluble dans l’eau à 25°C (310 mg/L). Pour que cette substance
soit déposée sur le fond de la piscine, il faudrait que l’eau soit saturée en styrène. La piscine contenant
180 000 litres d’eau, 56 kilogrammes de styrène devraient être dissous avant d’avoir un précipité. Pour
saturer la piscine en styrène, le fournisseur ou le poseur du revêtement devraient donc s’être trompés
de 56 kilos dans la quantité à appliquer ou à faire évaporer. Par ailleurs, le styrène est un liquide qui
flotte sur l’eau puisque sa masse volumique est plus faible que celle de cette dernière. Pour que le
styrène demeure sous l’eau, il devrait de plus bénéficier de conditions particulières d’adhérence à la
surface.
Un composé insoluble dans l’eau, ayant une couleur jaune et une masse volumique supérieure à
0.977g/mL est donc recherché. Ce composé pourrait provenir d’une réaction avec les produits du
système d’assainissement ou avec des composés organiques de source extérieure.
Précipité d’un composé chloré de styrène
Le système d’assainissement au chlore utilise le chlore sous diverses formes dont le Cl2 et le HClO.
Une réaction du styrène avec le HClO est tout d’abord impossible puisque la résonance sur le cycle
benzénique est trop forte. Le styrène peut par contre réagir avec du Cl2 pour former par addition en
milieu acide du (1,2-dichloroéthyl)benzène:
Ses propriétés sont contenues dans l’annexe. La masse volumique de cette substance est supérieure
à celle de l’eau et elle est en phase liquide à 30°C. Le (1,2-dichloroéthyl)benzène répond donc aux
caractéristiques recherchées.
Précipité d’un composé azoté de styrène
Par ailleurs, les baigneurs dégagent dans la transpiration une certaine quantité d’ammoniac. Cette
substance peut se dissocier en NH2- et H+ et s’additionner sur la double liaison du styrène pour produire
une molécule de phenylethylamine. (propriétés à l’annexe)
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NH3 -> NH2- + H+
Toutefois, cette molécule ne présente pas les caractéristiques recherchées puisqu’elle est soluble dans
l’eau et plus légère que celle-ci (0.9651g/ml).
Une mauvaise évaluation de la quantité de styène nécessaire au durcissement de la résine de polyester ou un séchage inadéquat pourraient faire en sorte que du styrène ou un de ses composés soit
libéré dans l’eau de la piscine. Une analyse rigoureuse permetterait de déterminer plus exactement si
le styrène pur ou le (1,2-dichloroéthyl)benzène sont réellement à l’origine de ces taches.
Solutions possibles
Des réactions possibles sont donc élaborées afin d’identifier si la problématique du jaunissement est
bien causée par le styrène. Ces réactions peuvent être tenues en laboratoire pour déduire les réactifs
des produits obtenus. Elles permetteraient aussi de transformer, sur le site même de la piscine, les
accumulations de styrènes en divers sous-produits afin de les récupérer. L’oxydation douce, l’oxydation
forte et l’ozonolyse sont ainsi étudiés.
L’oxydation douce est un procédé chimique qui permet de former un diol à partir d’un alcène tel le styrène. La réaction peut s’effectuer avec le KMnO4 dilué et froid ou dans le OsO4. Dans le cas du styrène,
du 1-phényl-1,2-éthanediol serait ainsi formé. Cette substance est solide à 25°C mais elle est soluble
dans l’eau. Donc, en préparant une solution de KMnO4 diluée ou de OsO4, le styrène réagirait en diol,
se dissolverait dans le milieu de réaction et serait extrait de la piscine en même temps que la solution.
Il serait quelque peu hardu d’effectuer cette réaction dans la piscine directement puisque le KMnO4 est
un liquide rouge vin et le OsO4 est un oxydant « à forte odeur, très toxique et très dispendieux ».
L’oxydation forte permet pour sa part de scinder en deux un alcène. L’usage de KMnO4, concentré et
chaud, permettrait de former un acide benzoïque et de l’éthanol avec le styrène superflu.
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Les aldéhydes sont à nouveau oxydés en présence de KMnO4 par la réaction et l’acide benzoïque, un
solide insoluble dans l’eau, est formé, ainsi que de l’éthanol.
Pour réaliser une oxydation forte sur le styrène, l’ozonolyse est aussi possible à –75°C et permet de
former du benzaldéhyde et du formaldéhyde.
Pour effectuer une oxydation forte à l’aide du KMnO4 concentré et chaud directement dans la piscine,
un chauffe-eau d’une puissance considérable ainsi qu’une grande quantité d’oxydant seraient nécessaires. Dans le cas de l’ozonolyse, un système d’assainissement de l’eau à l’ozone pourrait permettre
d’éliminer une petite partie du styrène à température ambiante mais du formaldéhyde et du benzaldéhyde seraient produits. Les systèmes à ozone sont donc à éviter pour les piscines ayant une certaine
concentration de styrène.
Afin de solutionner le problème de jaunissement de la peinture, l’hypothèse du surplus de styrène dans
la peinture de résine de polyester a été étudiée en profondeur. Les propriétés physiques et chimiques
de cette substance et de ses composés possibles révèlent qu’elle pourrait être à l’origine de la problématique. Aussi, des réactions ont été proposées afin d’oxyder le styrène en laboratoire et pour analyser
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ses fragments. Ces réactions permetteraient de plus d’oxyder l’intrus directement dans la piscine et de
le récupérer sous forme parfois solide ou parfois complètement soluble.
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Conclusion
L’objectif poursuivi par ce papier est d’expliciter les phénomènes physico-chimiques qui causent des
problèmes de taille au revêtement à la résine de polyester de la piscine du centre Mario-Tremblay:
taches jaunes cireuses, taches noires localisées et mauvaise adhérence de la couche supérieure de
peinture. L’émission d’hypothèses, l’étude de celles-ci et l’apport de solutions ont permis de soupçonner que les taches jaunes seraient causées par un surplus de styrène dans la peinture et que cette
substance pourrait être éliminée par une réaction d’oxydation dans la piscine, par exemple. Cette solution ne constitue qu’une ébauche puisque des obstacles financiers et pratiques se dressent devant ces
réactions chimiques à grande échelle avec un milieu réactionnel de 180 000L. Par ailleurs, les taches
foncées qui apparaissent dans le fond de la piscine semblent provenir de la corrosion à l’intérieur des
tuyaux avec du silicium. La solution envisageable est de remplacer la tuyauterie métallique pour une
en plastique. Enfin, l’absence d’adhérence entre la nouvelle et l’ancienne couche de peinture semble
s’expliquer par la réaction d’addition électrophile du chlore liquide sur la résine de polyester. Cette
réaction implique que pour résoudre la problématique et pour accéder à l’adhérence, soit l’usage d’un
adhéreur sera nécessaire ou les nombreuses couches sucessives de peinture devront être éliminées
par procédé mécanique ou chimique. Puisque les coûts reliés à de telles opérations sont considérables, les administrateurs concernés devront financer des experts qui amèneront des réponses précises
à leurs interrogations.
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Annexes
Propriétés chimiques et physiques du styrène
CAS No.
100-42-5
Synonymes communs :
phényléthène
Formule moléculaire :
C 8H 8
Structure chimique :
État physique :
liquide huileux, incolore à jaunâtre
Masse moléculaire :
104,14 g/mole
Point de fusion :
-30,6°C
Point d’ébullition :
145 °C
Solubilité dans l’eau :
310 mg/L à 25°C
Soluble dans :
éthanol, diméthyléther, acétone, benzène, éther de pétrole
Masse volumique :
0,9059g/ml à 20°C
Propriétés physiques et chimiques du (1.2-dichloroéthyl) benzène
CAS No :
1074-11-9
Formule chimique :
C6H5CHClCH2Cl
Masse moléculaire :
175.06
Point d’ébullition :
233°C
Masse volumique :
1.240g/ml à 15°C
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Soluble dans :
Acétone et benzène
Propriétés physiques et chimiques du Phenylethylamine
CAS No :
2627-86-3
CRC Handbook No. :
1888
Masse moléculaire :
121.1816 g / mol
Point d’ébullition :
187°C
Masse volumique :
0.9651 g / ml
Soluble dans :
eau, alcool, éther
État liquide à 25°C
Propriétés physiques et chimiques du 1-phényl-1.2-éthanediol
CAS No. :
25779-13-9
CRC Handbook No. :
6686
Masse moléculaire :
138.2 g / mol
Point de fusion :
66°C
Point d’ébullition :
273°C
Soluble dans :
eau, alcool, éther, benzène
Propriétés chimiques et physiques du benzaldéhyde
CRC No :
1654
Formule moléculaire :
C6H5CHO
Température de fusion :
-26°C
Température d’ébullition : 178.62°C
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Liquide à 25°C
Masse volumique :
1.04 g /ml
Propriétés chimiques et physiques du formaldéhyde
Formule moléculaire :
O=CH2
Gaz soluble dans l’eau
Propriétés chimiques et physiques de l’acide benzoïque
CRC No :
2531
Formule moléculaire :
C6H5CO2H
Masse moléculaire :
122.12 g /mol
Point d’ébullition :
249°C
Point de fusion :
122°C
Masse volumique :
1.27g/ml
Soluble dans :
alcool, éther, acétone, benzène, chloroforme
Propriétés chimiques et physiques de l’oxochloride de fer
Formule moléculaire :
FeOCl
Masse moléculaire :
107.30 g /mol
Point de fusion :
200°C
Masse volumique :
3.1g/ml
Propriétés chimiques et physiques du disilicate de cobolt
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Formule moléculaire :
CoSi2
Masse moléculaire :
115.10 g /mol
Point de fusion :
1277°C
Masse volumique :
5.3g/ml
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Page 23
Bibliographie
ChloroPure, Guide d’utilisation et d’installation, 2001, ÉlectroTitane Inc.
École Lowry, Cours d’entretien et de maintenance pour eau de baignade
Huot Richard, 1996, Chimie organique, notions fondamentales, Éditions Carcajou
National Swimming Pool Foundation, Cours pour Opérateur Agréé de Piscines et Bains
Tourbillons
R.Lide, David,1991-1992, Handbook of Chemistry and Physics 72 nd Édition, CRC
Press
Chemfinder.com
http://chemfinder.cambridgesoft.com/result.asp
U.S. Environemental Protection Agency
http://www.epa.gov/opptintr/chemfact/styre-fs.txt
Entrevue avec M. Serge Lauzon, adjoint administratif du Pavillon Wilbrod-Dufour
12 avril 2002
Encyclopédie Britannica, volume 21: p.338, Adhesives, Coatings, Pigments, Solvents
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