2ème trimestre 2015 - L`erreur est humaine le

Transcription

2ème trimestre 2015 - L`erreur est humaine le
14.04.2015
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
L’erreur est humaine… le refoulement aussi
Tout juste trois semaines après le
crash d’un avion de la compagnie
aérienne allemande Germanwings,
l'accident tragique a totalement
disparu des manchettes des journaux. Retour à la normale, même
au lycée Joseph-König de Haltern,
dont 18 élèves ont trouvé la mort
dans l’accident. Les cours et le quotidien ont repris le dessus. A
l’exception des personnes directement affectées, les familles, des amis ou des proches, le
reste du monde a reporté son attention sur les nouveaux
gros titres. La vie quotidienne s'installe à nouveau et le
cygne noir retombe dans l’oubli.
Toutefois, il est intéressant de jeter un dernier regard en
arrière. La seule idée qu’un homme désespéré ne voie pas
d’autre issue à son malheur et accepte, ou au moins occulte,
que son suicide entraînera 149 autres personnes dans la
mort, nous choque. C’est tout simplement quelque chose
d'inconcevable, qui relève de l’impossible, ce monde où
nous refoulons tout ce qui nous fait peur ou que nous
n’arrivons pas à comprendre. Aussi inconcevable que le
cygne noir pour les Européens avant la découverte de
l’Australie. Face à ce type d’événement, nous avons toujours
la même réaction: nous relativisons et nous nous précipitons
sur les symptômes. L’avion reste, comme avant, le moyen de
transport le plus sûr. On nous a immédiatement rappelé que
les accidents de la route entraînaient bien plus de décès que
ceux d’avion. La réaction immédiate des compagnies aériennes de décréter la «règle des deux personnes» concerne
le symptôme le plus évident. A présent, deux personnes
doivent toujours se trouver dans le cockpit en permanence.
Toutefois, l'acte kamikaze du copilote dépressif de la Germanwings n’a été rendu possible que par une mesure de
sécurité prise en réponse aux attentats du 11 septembre
2001, qui a généralisé le verrouillage du cockpit de
l’intérieur. C’est ce qui a permis au copilote d’effectuer de
sang-froid son acte insensé. Je n’ai rien contre la règle des
deux personnes, mais cette tragédie nous rappelle une fois
de plus que la sécurité à 100% n’existe pas. Nul est infaillible
ou, autrement dit, l’erreur est humaine… le refoulement
aussi.
Raiffeisen Economic Research
[email protected]
Tél. +41 44 226 74 41
prend l’avion. Il fait le pari que la météo ne jouera pas de
mauvais tours, ou que le moteur fonctionne correctement et
Raiffeisen
a bien été entretenu, ou
encoreEconomic
qu’aucunResearch
terroriste ou
[email protected]
bombe ne se trouve à bord.
Il fait surtout le pari que le per+41 44 226Pour
74 41
sonnel de bord est «sain de corpsTél.
et d’esprit».
autant,
peu de gens savent cela lorsqu'ils embarquent dans un
avion, et parmi les rares qui en ont conscience, la plupart
refoulent cette idée. Seulement, parfois, comme dans le cas
du copilote suicidaire, le refoulement peut coûter très cher.
Brusquement, le risque se rappelle à notre conscience. Les
passagers du vol n’étaient pas des spéculateurs, mais chacun
espérait parvenir à bon port, en dépit de tout ce qu’il savait
sur les probabilités et les imprévus. A l'instar des acteurs des
marchés financiers.
Risque résiduel
Voilà déjà bien longtemps qu’aucun crash n’est survenu sur
les marchés, constat à la fois réjouissant et très dangereux.
La plupart des bourses européennes ont progressé de plus
de 20% (!) depuis le début de l’année. En Asie, l'année a
démarré en trombe et même en Suisse, le choc du taux de
change n'a pas empêché l’indice boursier national de gagner
près de 5% en CHF depuis le 1er janvier. Exprimée en euro, la
performance de la bourse suisse dépasse 20%. Depuis le
printemps 2009, la plupart des bourses n’ont connu aucun
accident majeur. Il y a certes eu des épisodes de turbulence,
mais aucun décrochage, à l’exception du trou d’air causé par
la crise de la dette en zone euro à l’été 2011. Crise qui remonte déjà à un bout de temps. Les passagers du vol boursier semblent avoir embarqué pour un voyage sans fin; or,
plus longtemps celui-ci se prolonge, et moins les invités de la
fête boursière s’attendent à un accident. Mais plus les actions semblent être une évidence incontournable, particulièrement en période de rendements maigres voire négatifs, et
plus elles sont risquées. Tout investisseur s'exposant aujourd'hui à ce marché doit avoir conscience que son pari comporte un risque considérable, qui ne cesse d’augmenter. Ce
n’est pas parce que personne n’a vu de cygne noir depuis
longtemps que celui-ci a disparu. Son retour est peut-être
imminent. Le risque est en embuscade derrière la hausse des
rendements. Quiconque parie aujourd’hui sur la bourse doit
le savoir.
Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen
La bourse ne fait pas exception
Même si l’avion est un des moyens de transport le plus sûr,
un accident ne peut jamais complètement être exclu. Un
passager qui monte à bord d’un avion, sait que plus de la
moitié des accidents sont imputables à une erreur de pilotage, ou en tout cas à une erreur humaine, alors que les
pannes techniques ne représentent qu'un cinquième. Un peu
plus de dix pour cent des crashs sont causés par les conditions météorologiques et dix supplémentaires par des actes
de sabotage (y compris détournements et attentats à la
bombe). Chaque passager fait donc quelques paris lorsqu’il
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
L’erreur est humaine… le refoulement aussi
14.04.2015
Raiffeisen Economic Research
[email protected]
Tél. +41 44 226 74 41
Raiffeisen Economic Research
[email protected]
Tél. +41 44 226 74 41
Mentions légales importantes
Ceci n'est pas une offre
Les contenus publiés dans le présent document sont mis à disposition uniquement à titre d'information. Par conséquent, ils ne constituent ni une offre au
sens juridique du terme, ni une incitation ou une recommandation d'achat ou de vente d'instruments de placement. La présente publication ne constitue ni
une annonce de cotation ni un prospectus d'émission au sens des articles 652a et 1156 CO. Seul le prospectus de cotation présente les conditions
intégrales déterminantes et le détail des risques inhérents à ces produits. En raison de restrictions légales en vigueur dans certains Etats, les présentes
informations ne sont pas destinées aux ressortissants ou aux résidents d'un Etat dans lequel la distribution des produits décrits dans la présente
publication est limitée.
Cette publication n'est pas destinée à fournir au lecteur un conseil en placement ni à l'aider à prendre ses décisions de placement. Des investissements
dans les placements décrits ici ne devraient avoir lieu que suite à un conseil approprié à la clientèle et/ou à l'examen minutieux des prospectus de vente
contraignants. Toute décision prise sur la base de la présente publication l'est au seul risque de l'investisseur.
Exclusion de responsabilité
Raiffeisen Suisse société coopérative fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir la fiabilité des données présentées. Cependant, Raiffeisen Suisse
société coopérative ne garantit pas l'actualité, l'exactitude et l'exhaustivité des informations divulguées dans la présente publication.
Raiffeisen Suisse société coopérative décline toute responsabilité pour les pertes ou dommages éventuels (directs, indirects et consécutifs) qui seraient
causés par la diffusion de cette publication ou de son contenu, ou liés à cette diffusion. Elle ne peut notamment être tenue pour responsable des pertes
résultant des risques inhérents aux marchés financiers.
Directives visant à garantir l'indépendance de l'analyse financière
Cette publication n'est pas le résultat d'une analyse financière. Par conséquent, les «Directives visant à garantir l'indépendance de l'analyse financière» de
l'Association suisse des banquiers (ASB) ne s'appliquent pas à cette publication.
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen

Documents pareils