ESCALLES À TRAVERS LES SIÈCLES

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ESCALLES À TRAVERS LES SIÈCLES
ESCALLES À TRAVERS LES SIÈCLES
Cet historique a été rédigé à partir
des travaux de Messieurs Allart, Hartley et
Sénécat, réalisés il y a quelques années, et
déjà parus dans le journal d’Escalles.
Le mot « Escalles » vient du latin «
SCALA » qui s’est déformé en « scales » et
signifie échelle ou escalier, parce qu’il fallait
escalader des collines pour arriver au village.
Si vous parcourez le sentier pédestre
appelés « les balcons d’Escalles » vous
comprendrez mieux l’origine du nom d’Escalles : en montant vers le moulin, en passant par les noires mottes puis le cap blanc
nez, en terminant par le tap-cul et le sentier
à vaches, vous surplombez quasiment sans
arrêt le village.
Donc l'apparition d'Escalles remonterait à l'époque de la conquête romaine. Une
voie romaine allant de Sangatte à Boulogne
passait sur notre territoire.
On peut encore en voir le tracé : elle
traversait les Noires Mottes, descendait le
mont à crapauds le long du moulin pour arriver à Haute-Escalles, et remontait l’actuelle
rue du château d’eau pour passer devant le
Tap-cul, puis se dirigeait vers Wissant, le
long du Mont de Sombre.
Ces buttes ont une longue histoire, à l'ère préhistorique des hommes peuplaient
ces hauteurs. Actuellement les travaux d’aménagement sur le site du Thomé de Gamond par le Conseil Général sont bloqués par des fouilles archéologiques qui ont mis
en évidence l’existence d’un camp surplombant Escalles et Sangatte.
Le lieu dit " Tap-Cul " est très ancien. En 1868 des fouilles furent faites sur
deux mottes entourant le hameau. On y découvrit des tombes gauloises. Le musée de
Calais possède des ossements de ces fouilles.
Longtemps existait un relais de chevaux au bas de ce hameau, le nom « tap-cul » doit
venir de la présence d’une bascule (un tapecul) qui servait à peser les chargements et
établir un péage.
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Vers 710, la première église est bâtie par les moines de Saint Bertin. Tout le
vallon dépendait alors de cette abbaye située à Saint-Omer. Un moine de l'abbaye venait assurer le service dominical à cheval, en retour il recevait une redevance équivalente à une certaine quantité de harengs.
C'est à ces religieux que revient le mérite d'avoir défriché le pays. Ils cultivaient
la vigne dans notre région, le climat à l’époque était beaucoup plus clément. Elle était
plantée sur le coteau exposé au sud, de là vient le nom de vigneau donné à cette partie du village.
Le vigneau, exposé au sud, permettait la culture de la vigne
À l'époque féodale les paysans d'Escalles étaient corvéables, ils étaient astreints à des "œuvres manuelles" dans le château de leur seigneur : le Comte de
Guînes.
Les Escallois furent par la suite exemptés de ces travaux, mais leur seigneur ordonna qu'ils seraient tenus de lui apporter 3 fois par an les épaves des vaisseaux naufragés. Ces épaves représentaient une partie de leurs revenus. Les paysans de l'endroit provoquaient des naufrages, en suspendant la nuit des lanternes entre les cornes
de leurs vaches.
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C'est sans doute à cette époque qu'on aménage le "cran" (l’entaille) qui mène à
la plage, afin de faciliter le transport du butin jusqu'à la maison.
Le cran a été formé bien avant, par les écoulements d’eau vers la Manche, ou
plutôt vers l’isthme qui reliait il y a 10 000 ans, l’Angleterre au continent.
À l'âge préhistorique, le détroit du Pas de Calais n'existait pas encore, un
isthme reliait le continent à cette presqu'île nommée Bretagne (îles britanniques), et il
était possible d'aller à pied sec dans ce pays. Les collines du boulonnais se continuaient avec celles du Kent. Le cran d'Escalles devait être un petit vallon dans lequel
une rivière coulait.
Vous remarquerez la ressemblance entre nos falaises et celles des côtes anglaises : elles sont les deux bords de la cassure. Le réchauffement climatique a provoqué la fonte des glaces, l’affaissement de l’Angleterre et la montée du niveau de la
mer. Les puissants courants entre la Manche et la Mer du Nord ont progressivement
supprimé cet isthme.
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Au cours de la guerre de cent ans, après la prise de Calais par les Anglais
(1347 - épisodes des 6 bourgeois de Calais), c'est un "Lord" qui a la charge du village.
À partir de cette date, les religieux de Saint Bertin sont remplacés par des prêtres anglais pour desservir l'église.
Escalles s'était développé au Moyen-Âge grâce à ses draps. En effet il avait obtenu le privilège de tisser la laine de ses moutons et de vendre ses draps sur le marché
de Calais. Mais notre village perdit de son importance à partir de l'occupation anglaise.
Au départ des Anglais en 1558, le village est en ruine, l’Eglise est détruite, il
ne restait plus un seul habitant.
Le roi de France, François II, fit nommer une commission pour la répartition des
terres reconquises. On accorda, au curé d'Escalles, la jouissance de 52 mesures de
terre pour remplacer la dîme qu'auraient dû lui payer les habitants d'Escalles.
Le clerc (maître d'école) reçut également des terres. Escalles possédait une
école et cela était rare à cette époque. Depuis le douzième siècle et sur la demande de
l'abbé de Saint Bertin, le pape Lucins III voulut bien accorder à l'abbaye le privilège
d'établir des clercs, dans toutes les paroisses de sa dépendance. Le maître d'école
d'Escalles devint donc petit fermier tout en continuant à exercer ses fonctions d'enseignement.
La commission donna, en même temps, aux "manants" et habitants d'Escalles
204 mesures. Parmi les premiers fermiers qui s'installèrent dans la commune (tous
bourgeois de Calais) nous trouvons : François Boquillon et Julien de Montpellé (à
Basse Escalles ), Adrien de Neuville (à Haute Escalles), Barthélémy Paillot (à la Folle
Emprise).
L’église est reconstruite et en 1607, une nouvelle cloche nommée " Marie" est
installée dans le clocher par les habitants.
On construisit également un presbytère à côté de l'église ; malheureusement celui-ci fut incendié en 1681. La même année, les moines de Saint Bertin perdirent leurs
droits sur les terres d'Escalles, et notre commune fut rattachée au Comté de Hâme jusqu'à la révolution (1789).
En 1725, il y avait à Escalles 31 feux (ou habitations), mais le village perd de
son importance et quelques années plus tard il ne comprend plus que 26 feux.
C'est en 1782 que l'on construit le "Vigneau", cette route qui permet d'escalader
les pentes du même nom et qui favorisa la circulation vers Calais. Avant cette route, un
chemin de terre (existant encore en contrebas) permettait aux paysans d'accéder aux
hauteurs voisines et la seule façon d'aller de Wissant à Sangatte était d'emprunter le
"Chemin Vert" ou ancienne voie gallo romaine, passant par le Tap-cul et le chemin des
Noires Mottes (chemin du Moulin).
En 1791, en pleine époque révolutionnaire, le curé d'Escalles refuse de prêter le
"serment constitutionnel" et doit s'exiler.
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En 1803 Bonaparte, alors premier consul, vient visiter les côtes, de Boulogne à
Calais. Le 1er juillet, il traverse à cheval Escalles et gravit le Blanc Nez. Sous le premier empire, lors du blocus continental contre l'Angleterre, deux batteries sont
construites sur la falaise, l'une au pied, l'autre au sommet. La réorganisation administrative de Bonaparte place d'abord Escalles comme annexe de Sangatte, puis la paroisse est réunie à celle de Peuplingues
Lors du recensement général de la population en 1832, la commune comptait 352 habitants, à la fin du 19ème siècle elle n'en avait plus que 250.
En 1839 de violents orages s'abattent sur la région, du fait de sa situation géographique, des avalanches d'eau en provenance des hauts terrains formèrent de véritable torrents qui s'écoulèrent à travers le village. Plusieurs habitants durent s'enfuir de
leur domicile. La toiture d'un puits public à Haute-Escalles est arrachée et emportée
jusqu'à la mer.
En 1848, c'est l'abdication du roi Louis Philippe et le rétablissement de la République. À Escalles, les habitants entrent en conflit avec le maire de l'époque. Les premières élections au suffrage universel ont lieu et le maire sortant n'est même pas réélu
au conseil municipal.
En 1867 la vieille cloche nommée "Marie" et datant de 1607 est refondue. La
nouvelle cloche, de 80 cm de diamètre, sera baptisée : "Marie Louise-AntoinetteJeanne-Catherine". Elle est Toujours dans le clocher.
En 1872 le champion motocycliste Smith établissait un record de la montée
de la route du Vigneau. Une stèle, placée à l'entrée du Blanc-Nez, rappelle cet exploit.
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En 1876, l'une des plus anciennes maisons d'Escalles, la "grand Maison" est
reconstruite. On utilise des matériaux datant de la première construction. Ainsi une clef
de voûte porte l'écusson avec la date de 1633.
REBATI PAR
MARC BRUNET
AGÉ DE 80 ANS
EN L'ANNÉE 1876
En 1884 l’église est reconstruite, la base du portail utilise une pierre de l’ancien bâtiment. Elle est située à 46.93 m au dessus de la mer.
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Tout au début du XX° siècle, le glanage dans les champs, une fois la moisson
terminée, était sérieusement réglementé. On partait en groupe avec le garde champêtre qui surveillait les opérations. Pas question de taper dans les gerbes de blé !
Le célèbre photographe calaisien, Lefebvre, a fixé sur la plaque sensible,
en 1906, le départ d'un groupe de glaneuses, devant l'église d'Escalles, avec à
gauche, s'appuyant sur une canne, le garde champêtre. Les glaneuses ont à la main
une sorte de long râteau devant leur servir à rassembler les épis éparpillés dans les
champs..
Cette carte postale de 1903 du même photographe Lefebvre, portait la légende
suivante : "Maison Martel bien connue des touristes qui viennent s'y reposer lors
de leurs excusions sur la sur la côte qui s'étend du Blanc-Nez au Gris-Nez. Entrée du chemin qui conduit au Cran d'Escalles."
On peut remarquer que la femme située au milieu de la rue de la Mer, portait
deux seaux, à l'aide d'un joug.
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