Introduction I – Du conflit interne à la névrose

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Introduction I – Du conflit interne à la névrose
POGNEAUX
Nathalie
PSY 2A2
Le 16 avril 2015
Devoir N°1
« Les différentes formes d'extériorisation du conflit interne »
Introduction
Pour commencer à traiter le thème de ce devoir, j'ai dans un premier temps, pris le
parti de parler du conflit interne, afin d'expliquer ce dont il s'agit, et de comprendre
par la suite le pourquoi et le comment de son extériorisation. Psychologiquement, le
conflit est une lutte mentale, parfois inconsciente, résultant du fait que différentes
représentations du Moi sont maintenues en opposition ou en position fermée. Dans
un « conflit interne », les personnes éprouvent parfois le sentiment de ne pas être «
adaptées », ceci vient du fait d'être « en désaccord » avec elles-mêmes. Elles sont
aux prises entre les diverses instances « Ça » - « Moi » - « Surmoi » et la réalité
extérieure. Cette situation créé une angoisse parfois terrible qui oblige le Moi à se
protéger en mettant en place des mécanismes de défense. Or, si l'on se réfère à
Freud, un tel conflit interne est la définition même de la névrose. L'angoisse et le
stress permanents produits par le conflit et la frustration mènent à d'autres
symptômes, y compris à des symptômes physiques ; formes d'extériorisation du
conflit interne. Les systèmes tentent d'obtenir un équilibre et ceci même en dépit des
contraintes extérieures. Mais comme Freud l'a déclaré, l'issue d'un tel conflit peut
être positif pour la personne, mais au prix d'un dur combat mené avec l'aide d'un
thérapeute : « Les deux puissances en opposition se rencontrent à nouveau dans le
symptôme et deviennent "réconciliées" par les moyens du compromis contenu dans
le symptôme en formation ». « C'est pourquoi le symptôme est capable d'une telle
résistance ; il est soutenu des deux côtés… . C'est une bataille entre deux forces
dont l'une a réussi à émerger au niveau de la partie préconsciente et consciente de
l'esprit, alors que l'autre a été confinée au niveau inconscient. C'est pourquoi le
conflit ne peut jamais aboutir à un résultat final dans un sens ou l'autre… une
décision efficace peut être obtenue que si elles se confrontent sur le même terrain.
Et, à mon avis, accomplir ceci est l'unique tâche du traitement. »
I – Du conflit interne à la névrose
1) Les causes d'un conflit interne
D’après Freud, une névrose est une maladie de la personnalité. Celle-ci serait
causée par des conflits internes inconscients entre les trois dimensions de la
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personnalité, à savoir : le « Ça » qui représente les forces pulsionnelles, autrement
dit l'Inconscient, le « Surmoi » qui représente l’intériorisation des interdits, et enfin, le
« Moi » qui est la fonction synthétique de la personnalité, et qui représente la partie
consciente de celle-ci. Le terme névrose désigne un trouble durable d’expression
psychique et/ou physique, qui n'a pas de cause organique avérée, mais qui pour le
sujet qui en souffre est perçue comme une réelle pathologie, d'autant plus difficile à
vivre que la névrose n’affecte pas le sens de soi et de la réalité.
2) Les causes de l'apparition d'une névrose
Les causes d’apparition d’une névrose sont liées à divers facteurs qui dépendent
d'un individu à l'autre : son histoire, son éducation, ses traits de personnalité, etc.
Il n’y a donc pas une seule et même cause dans la névrose, tout comme il n'y a pas
qu'une seule névrose.
Pour chacune de celles-ci, Freud avait défini - si ce n’est des causes, du moins une
explication psychopathologique qui trouvait sa racine au sein d’un paradigme
commun, celui d’un conflit interne entre des pulsions inavouables (agressives ou
sexuelles) et des interdits sévères. De nos jours, les tabous et interdits ayant évolué
depuis le siècle de Freud, la présentation des névroses a elle-même évolué.
Désormais, on sait que l’apparition des névroses résulte de l’interaction entre un
terrain bio-psychologique et un environnement. Des expériences de vie, telles que
des carences affectives, des violences familiales, un climat familial insécure, la perte
d’un être cher, des agressions sexuelles, etc. peuvent être en cause dans l’apparition
d’une névrose. En effet, l’environnement est à même d’impacter la construction de la
personnalité, par l’apprentissage et le conditionnement de réactions mentales
inadaptées ou disproportionnées. Bien que de différents types, les névroses
présentent des symptômes communs : une angoisse psychique qui se traduit sur le
plan physique, des comportements inappropriés, des difficultés sexuelles, des
problèmes liés au sommeil, des difficultés relationnelles et une instabilité de
l'humeur… . Évidemment, ces symptômes ne sont pas systématiques et se
présentent différemment d'une personne à une autre.
3 - Les quatre grands types de névroses
Depuis Freud, quatre types de névroses ont été classés selon leurs caractéristiques
principales.
a) La névrose obsessionnelle où comme son nom l'indique, la personne a des
obsessions et des compulsions. Les obsessions peuvent être des idées, des affects
ou des images qui viennent sans cesse parasiter les pensées et s’imposer à elles de
façon répétée et involontaire, comme la peur des microbes, la peur d’oublier, etc. Les
compulsions sont souvent secondaires aux obsessions. Ce sont des actes que la
personne se sent obligée de faire, même si celle-ci sait au fond d'elle-même qu'ils
ont un caractère absurde. Ce peut être se laver les mains plusieurs fois d'affilée, ou
vérifier dix fois que la porte est fermée, etc. cette situation qui est ingérable pour la
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personne
engendre
en
elle
une
terrible
angoisse.
b) Dans la névrose phobique ou trouble phobique, le patient présente des crises
d'angoisse uniquement lorsqu’il est confronté à un objet ou à une situation précise en
lien avec sa peur extrême, comme par exemple « penser au métro » ou « être dans
le métro », se trouver face à une araignée ou ne serait-ce que l'idée de penser à une
araignée, penser qu'il va risquer de vomir, ou être confronté à des vomissements,
etc.
c) Au cours de la névrose d’angoisse, les crises d’angoisses surviennent
apparemment sans facteur déclenchant, du moins pas aussi précis que dans la
névrose phobique ou obsessionnelle. Ces crises sont fréquentes et
impressionnantes pour le patient et aussi pour son entourage, elle peuvent être très
invalidantes pour le sujet, au niveau du fonctionnement social, affectif et
professionnel.
d) Les sujets souffrant de névrose hystérique expriment leurs angoisses à travers
leur corps mais de façon inconsciente. Ces manifestations sont parfois tellement
incroyables que l'entourage peut penser à des simulacres, mais il n’y a pas de
simulation de ces maux physiques.
II – L'extériorisation du conflit interne
1 – La conscientisation du conflit
a) Des difficultés relationnelles :
La personne qui rencontre un conflit interne va, dans sa vie quotidienne, connaître
des difficultés relationnelles : professionnelles, problèmes familiaux, de couple, de
relations à ses enfants, à ses amis ou aux autres. Elle se sent maltraitée, incomprise,
brimée ; elle est souvent timide, inhibée, …, car elle témoigne d’une vive sensibilité
à la relation aux autres dont elle ne peut admettre les inévitables variations. Cette
hypersensibilité en fait un être difficile à vivre qui est en conflit avec son
environnement qui le perçoit comme
« caractériel », d’humeur instable et
intolérant. Conscient de ces difficultés, cet individu est capable de dissimuler ses
traits de caractère ; son humeur agressive est transformée en provocation, en
séduction, en causticité ou en ironie. Il peut aussi choisir l’indifférence, le retrait ou
l’indécision. Il peut manifester des attitudes de rivalité ou de compétitivité, jalousie
pathologique, … Il peut aussi, à l'inverse, vivre sur le mode du retrait de la vie
sociale, avec comme symptôme : l’asthénie. Constamment fatigué, il se trouve cette
excuse, cet évitement, pour gérer son rapport problématique aux autres.
b) Quand l'angoisse survient :
L'angoisse se manifeste comme un état affectif marqué par un sentiment d’insécurité
et une extrême sensibilité à l’environnement qui se traduit par un état émotionnel
d’intensité variable. Cela dépend des caractéristiques et des vécus propres à chaque
individu. Elle se traduit par une composante émotionnelle, corporelle : le corps réagit
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face à une situation anxiogène qu’elle soit mentalisée ou extériorisée, comme des
troubles neuro-végétatifs par exemple : tachycardie, sueurs, rougissement,
tremblements, …
c) Quand la pensée s'en mêle (s'emmêle) :
La personne est hantée par des ruminations, des pensées parasites, des scénarios
catastrophes (je ne vais jamais m'en sortir, je vais devenir fou, je vais mourir,…). Ces
pensées sont réellement perçues comme absurdes par le sujet, mais il ne parvient
pas à les chasser car elles s'imposent à lui. Ce qui est très pénible et exténuant.
d) Comment faire face ?
Comment le sujet réagit face à ces situations ? Quelle procédure met-il en place pour
continuer à vivre si ce n'est normalement, au-moins le mieux possible ? Il utilise une
composante comportementale avec la mise place de processus censés le protéger
contre ses propres pensées : inhibition de l’action, fuite, évitement, recherche de
réassurance, rituels de répétition et de vérification ...
2 - Le développement de symptômes particuliers
« Mon cœur craint de souffrir, dit le jeune homme à l'alchimiste,
une nuit qu'ils regardaient le ciel sans lune.
- Dis à ton cœur que la crainte de la souffrance est pire que la souffrance ellemême. »
Paulo Coelho « L'Alchimiste »
a) Un sentiment de mal-être :
Le névrosé a un réel sentiment de son mal-être ce qui le place en décalage par
rapport à certaines situations sociales et qui le conduit parfois à des attitudes
incongrues par rapport au monde extérieur. Ce mal-être est en relation étroite avec
l’angoisse vécue par le sujet et notamment lorsque sa propre représentation des
situations sociales est en jeu (solitude, vie de couple, groupe, foule). Lorsqu'un
individu vit mal la solitude, il lui suffit parfois de penser à la solitude pour encore
amplifier son angoisse.
b) La perception d’une conflictualité interne :
Souvent hésitant, versatile, le névrosé peut se figer dans une rigidité absolue, l’une
et l’autre représentant la difficulté qu’il rencontre à entrer en contact avec autrui. Il est
toujours intérieurement partagé et en souffre. Il témoigne de sa difficulté à vivre ses
contradictions internes qui l’assaillent, de même que celles qu’il perçoit chez autrui. Il
en résulte une personnalité fragile, ce qui rend indispensable l’élaboration de
mécanismes de défense.
c) La conscience de difficultés sexuelles :
Chez la personne névrosée, la sexualité parasite la personnalité qui doit, en principe,
composer ses relations avec un sujet « normal ». Il ne peut plus compter sur ses
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aménagements habituels et est contraint d’organiser avec autrui. La sexualité n'est
donc plus vécue comme un moment de plaisir et de détente, mais comme un
moment d'angoisse marquée par l’inhibition du désir sexuel chez la femme et chez
l'homme, par l’impuissance chez l’homme ou les troubles de l’éjaculation (en
particulier éjaculation précoce), par la frigidité chez la femme.
III – Lorsque les mots ne peuvent dire les maux ...
1 – la névrose obsessionnelle
Ce type de névrose est caractérisée par la survenue de symptômes obsessionnels
ou compulsifs souvent multiples et qui s'introduisent chez un sujet. Lequel en a
pleinement conscience. Il peut s'agir d’une idée ou d’une représentation, ressentie
par le patient comme étrangère à sa volonté, souvent absurde ou répréhensible, ce
qui engendre chez lui une lutte anxieuse destinée à l’écarter. Ces obsessions
peuvent être du domaine religieux, des scrupules moraux, des craintes de saleté,
des microbes, de la maladie, de la contagion, ce qui peut entraîner un évitement du
contact. Il peut aussi s'agir de ce qu'on nomme les obsessions impulsives, c'est-àdire la crainte de commettre un acte absurde, ridicule ou surtout préjudiciable pour
soi-même ou pour autrui (tuer quelqu'un, dire des insultes en public, etc.), ou des
TOC (troubles obsessionnels compulsifs). L’obsessionnel essaie généralement de
contrôler les obsessions ou les compulsions grâce à des rituels plus ou moins
complexes ou à des vérifications prenant à leur tour un caractère obsédant. Les
symptômes obsessionnels sont souvent maintenus secrets et sont source de honte.
Ils s’inscrivent dans une pensée magique ou tout souhait prend la valeur d’un acte
accompli et réclame une pensée ou un acte contraire pour en annuler la portée. Mais
lorsque ces rituels se répètent perpétuellement, lorsque la personne se met à douter
de leur réel portée, lorsqu'ils ne suffisent plus, lorsque les défenses ne peuvent plus
se mettre en place, lorsque le Surmoi devient tellement tyrannique alors qu'advientil ?
2 – L'extériorisation du conflit interne dans les névroses
a) Le cas de la névrose obsessionnelle
Le sujet est épuisé, la dépression qui était en toile de fond est maintenant
permanente ; il vit son échec avec beaucoup d'indignité et d'auto-accusation. Il est
alors en proie au scrupule, au doute et à l'inhibition. L'angoisse qui est apparue dès
que les défenses sont tombées est un vécu permanent pour lui, avec pour
compagnons, des troubles psychomoteurs comme des tics, des bégaiements, de
l'agressivité et des idées de destruction et de mort.
La crise d'angoisse :
Une crise d'angoisse, ce n’est pas une simple anxiété. L’anxiété est une réaction
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naturelle et normale face à un danger ou à une situation de stress tangible.
La crise d’angoisse, elle, survient sans raison apparente particulière. Elle se
caractérise par un malaise généralisé, accompagné de symptômes somatiques. Le
cœur s'emballe, les muscles tremblent, le corps se couvre de sueur, … . Ceux qui
l’éprouvent pour la première fois ont, tout simplement, l’impression de mourir. Les
douleurs thoraciques, les nausées, les vomissements, les douleurs abdominales,
auxquels s'ajoutent des sensations de vertige et d'étouffement pouvant aller jusqu'à
l'évanouissement.
Mais, au-delà de tous ces signes qu’envoie le corps, il y a ce sentiment de
dépersonnalisation comme l'impression d'être détaché de soi-même qui attise encore
la sensation de peur intense et inexplicable. On a l’impression de devenir fou, le
sentiment d’une mort imminente. C’est la crise de panique. Comme un animal affolé,
on a envie de fuir ce corps effrayant, envie de fuir l’endroit où se déroule la crise, et
envie de fuir le regard des autres. Car les symptômes d'une crise d'angoisse peuvent
être très impressionnants et prendre parfois l'aspect d'une crise cardiaque. Le corps
fait mal. Le corps souffre. L’âme aussi.
La crise d’angoisse est comme une sorte de paravent, de barrière protectrice qui sert
à cacher un souvenir traumatique refoulé. La représentation mentale de l’événement
traumatisant, est tellement douloureuse, tellement impossible à verbaliser que la
seule réponse supportable est la crise d’angoisse. Lorsque la parole ne peut
exprimer l'indicible, c'est le corps qui parle !
b) Le cas de la névrose d'angoisse
La caractéristique de cette névrose est l’anxiété et la prédominance féminine. Les
difficultés de maturation infantile et les situations frustrantes avec crainte d’abandon
ou de séparation sont la base génératrice d’un fond particulier d’insécurité, voire
même de névrose d’abandon. Le sujet est dépendant d’une sécurité extérieure qui,
lorsqu'elle n’existe pas, réactive les craintes, le malaise et engendre l’angoisse. Une
angoisse tellement forte qu'elle peut même générer des remises en question de
l’existence.
Les maladies physiques, les frustrations sexuelles et la tension crées par un mauvais
épanouissement de la libido et par la culpabilité sont des déclencheurs. A côté de
cela, le sujet en situation de compétition, inhibé, immature, dépendant réagit
conjointement par de l'anxiété et des somatisations. Il existe une sorte de perplexité
anxieuse, une attente, le sujet est mal à l’aise, il craint pour lui et pour son devenir.
Le cours évolutif de la névrose d'angoisse peut être marqué par la survenue d’états
dépressifs, une alcoolisation ou une pharmacodépendance aux tranquillisants, une
organisation hypocondriaque ou agoraphobique.
Tout comme dans la phobie obsessionnelle, les crises d'angoisse surviennent sans
déclencheur apparent et associent des manifestations psychiques (appréhension
intense voire panique, avec risque de tentative suicidaire), comportementales
(agitation ou sidération) et somatiques. Ces dernières sont plus nombreuses et plus
marquées que dans la névrose obsessionnelle. Elles peuvent concerner toutes les
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fonctions physiologiques (fonctions cardio-vasculaires : oppression thoracique,
palpitations, …), fonctions digestives (spasmes gastro-intestinaux, vomissement,
diarrhée), fonctions respiratoires (sensation d’étouffement, hyperventilation), …,
fonctions génito-urinaires (douleurs abdomino-pelviennes, inhibition sexuelle), …,
fonctions neuromusculaires et sensorielles (crampes, tremblements, céphalées,
manifestation neuro-végétatives). Ainsi que les manifestations d’anxiété chronique,
comme la tension intérieure, les attitudes de doute, le sentiment d’insécurité durable,
une appréhension permanente. On trouve aussi les conduites d’évitement de type
agoraphobique, parfois de caractère invalidant.
c)Le cas de la névrose phobique
La phobie est intimement liée à l'angoisse, elle se définie comme une crainte
angoissante déclenchée par un objet, une situation ou une personne, qui
objectivement ne possèdent pas de caractère dangereux. Une telle crainte entraîne
un comportement d’évitement destiné à contrôler l’émergence anxieuse, et ce
souvent au prix d’une restriction plus ou moins importante des activités sociales ou
des relations interpersonnelles. Les principales conduites phobiques sont l’évitement,
la réassurance, la fuite en avant, … Le caractère phobique rassemble un ensemble
de traits de caractère dont la timidité, l’hyperémotivité, l’inhibition notamment
sexuelle, l’état d’alerte constant, la passivité, l’immaturité, …
Est-ce que la peur des araignées est une phobie ou une peur normale ? Est-ce que
d'avoir peur de prendre le métro ou l'autobus est une phobie ? L'enfant qui refuse
d'aller à l'école souffre-t-il d'une phobie ? Comment distinguer les phobies d'une
peur normale ? La peur et la phobie se différencient en quelque sorte par l'intensité
de la réaction : « j'ai peur des chats mais je peux demeurer dans la même pièce »
versus « je dois fuir la pièce et éviter tous les endroits où je risquerai de rencontrer
un chat ». Ce dernier cas est l'expression d'une phobie qui peut nuire
considérablement à la qualité de la vie quotidienne. Le terme phobie se réfère à une
peur excessive, soit d'une situation, d'un objet spécifique ou encore d'une
circonstance particulière qui s’accompagne généralement de l’évitement de l’élément
redouté.
Les personnes qui souffrent de phobie reconnaissent leurs peurs, sans toutefois
pouvoir en expliquer l'origine, qui est irraisonnée. Leurs peurs les contrôlent
totalement, contrairement à la majorité des gens qui, bien qu'ils éprouvent des peurs
trouvent cependant des stratégies pour « assurer ». C'est donc la gravité de cette
incapacité de la personne à s'adapter à son environnement qui permet de
différencier les phobies des « peurs normales ». De plus, la présence et/ou
l'anticipation d'être placé devant la situation phobique entraîne une peur excessive,
ce qui peut empêcher une personne de fonctionner normalement.
Enfin, l'exposition au stimulus ou situation phobique provoque presque
invariablement une réponse d'anxiété immédiate qui peut soit déclencher des
attaques de panique ou prédisposer au développement d'attaques de panique. Tout
le monde peut donc, un jour ou l'autre, développer des phobies. D'ailleurs, il est
probable que plusieurs personnes souffrent de phobies sans chercher de traitement :
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elles s'adaptent à leur phobie par différents mécanismes tel que l'évitement, ou un
« compagnon phobique », ou autres mécanismes « d'adaptation ». Il n’en est pas
ainsi pour tous les gens souffrant de phobies. En effet, les phobies peuvent entraîner
des troubles conjugaux, familiaux et sociaux considérables. De plus, les personnes
souffrant de phobies spécifiques sont à risque de développer d'autres troubles
anxieux, de souffrir de dépression, d’abuser de substances telles que la drogue ou
l’alcool. En effet, la consommation de drogues et d'alcool permet de diminuer
l'anxiété et par le fait même, de donner l'illusion d'être capable de mieux fonctionner
ou de faire face à la situation phobique. Les phobies peuvent même entraîner des
comportements dangereux. Cela peut par exemple déclencher une réaction
catastrophique chez une personne conduisant sur l’autoroute qui aperçoit une
araignée dans l’habitacle de sa voiture. Une phobie peut aussi mettre en danger la
santé d’une personne, lorsque celle-ci souffre par exemple de la phobie du sang ou
des injections et refuse de passer certains examens médicaux qui seraient
nécessaires pour poser un diagnostic ou traiter une maladie.
L’agoraphobie : c'est la peur de sortir dans les lieux publics (rues, magasins, moyens
de transport,…) par crainte d’être victime d’un malaise subit sans pouvoir aisément
s’échapper ou sans être assuré de trouver du secours. Des accès d’angoisse ou des
attaques de panique peuvent avoir précédé ce trouble.
Les phobies sociales : il s'agit d'une peur persistante des situations dans lesquelles
l’individu pourrait avoir à supporter le regard des autres sur lui (parler en public,
rougir, …) Les phobies sociales peuvent entraîner un handicap professionnel et
social certain.
Les phobies simples : ce sont souvent des peurs infantiles qui persistent à l’âge
adulte (peur du noir, de l’eau, de l’hôpital, …).
d) Le cas de la névrose hystérique
Il existe deux grandes catégories de symptômes dans la névrose hystérique :
1 - somatiques ou de conversion : ces symptômes ne comportent pas de lésions
organiques sous-jacentes et sont réversibles bien qu’ils puissent donner lieu à des
séquelles invalidantes. Ils sont interprétés par la psychanalyse comme la mise en
scène, à travers le corps de fantasmes inconscients liés à la sexualité infantile et au
conflit œdipien.
Parmi ces symptômes, on trouve des troubles de la motricité et du tonus qui sont
assimilés à des crises de nerfs, des épisodes d’agitation ou des crises de tétanie. On
observe également des tremblements, des hoquets, des toux spasmodiques, de
l'enrouement, une « boule dans la gorge », certaines formes d’asthénie ou de
faiblesse musculaire, des troubles de la station debout et de la marche, des
contractures, des formes de paralysies, des spasmes parfois situés au niveau de la
vessie, des crampes. Sur le plan sensitif, on trouve des algies diverses, douleurs
abdominales pelviennes, des céphalées, des douleurs à la miction, des prurits anovulvaires, et des dysménorrhées, … Des troubles neuro-végétatifs sont également
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présents comme
gynécologiques.
des
problèmes
gastro-intestinaux,
cardio-respiratoires
et
2 - Psychiques (dits intermittents à cause de leur caractère transitoire) ou dissociatifs
(reposant sur une altération soudaine et brève de la conscience) : amnésie
psychogène (incapacité soudaine d’évoquer des souvenirs personnels importants)
avec des difficultés de concentration et d’inhibition intellectuelle ; fugue psychogène
(départ soudain du domicile ou du travail avec impossibilité de se souvenir du passé
et de retrouver son chemin) ; des accès de somnambulisme ainsi que certaines
formes de dépersonnalisation, régression infantile.
On peut dire que « l'hystérie est un langage du corps » provoqué par des conflits
internes, des assauts pulsionnels contre les défenses psychiques qui répriment
l'instinct. Le corps devient le champ de bataille du conflit psychique. Les
représentations refoulées par l'individu parlent au travers de son corps, car il ne
parvient pas à exprimer autrement ce conflit. Au sujet de l'hystérie, Freud évoquait
d'un saut mystérieux du psychisme au somatique.
L'hystérie a souvent été « ridiculisée » et prise pour le fait de femmes « fragiles »,
bien que des hommes en soient atteints. De ce fait, je pense que les véritables
souffrances psychique et physique ont peut-être été sous-estimées et pourtant, il ne
s'agit pas de douleurs factices. Il y a des cas où la douleur est tellement forte que
des personnes perdent jusqu'à 20 kg, d'autres ne peuvent plus travailler du fait de
tremblements intenses ou d'opérations à répétition pour faire cesser des douleurs
abdominales insupportables.
Les symptômes hystériques sont soit vécus avec un certain détachement, soit avec
une dramatisation d’apparence factice. Les personnes hystériques sont sensibles à
la suggestion produite sur des spectateurs éventuels et par la survenue de bénéfices
secondaires : captation ou indulgence de l’entourage, évitement d’une situation
conflictuelle. Ceci étant lié à un besoin intense de demande affective.
Certaines formes d’hystérie évoluent avec l’âge vers une organisation
hypocondriaque mais, aussi vers une plus grande vulnérabilité organique de type
psychosomatique. D’autres s’améliorent, toutefois, le risque dépressif, devant toute
situation d’insécurité affective, est constant.
IV – Autres symptômes d'extériorisation du conflit interne
1 - La « mal a dit »
Il y a une faille entre le vouloir dire et l'impuissance à dire, c'est lors de cette
impuissance que la douleur reste enfermée dans le silence des organes. Toutefois,
lors des expressions non verbales, on peut remarquer des signes corporels qui
évoquent la douleur : postures, grimaces, rictus, soupirs, gémissements, ... ; puis au
bout de quelques temps, le conflit interne s'amplifiant, il s'exprime par de véritables
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douleurs du corps. Les comportements douloureux témoignent d'une détresse, de la
perte de contrôle de la défense. L'équilibre psychique et émotionnel se rompt, les
ressources personnelles sont dépassées, épuisées.
a) La dépression
C'est souvent dans ces moments de détresse que s'installe ou que s'amplifie une
dépression. Dépression qui est soit la cause, soit la conséquence de la douleur.
Les deux symptômes les plus typiques de la dépression sont la tristesse et le
ralentissement psychomoteur. La personne est dans un état amollissant et irascible.
Son intérêt pour les choses de la vie diminue, elle broie du noir, pleure souvent et
dès le réveil, elle rumine des pensées obsessionnelles et morbides. Son alimentation
et son sommeil peuvent être perturbés, mis au ralenti ou au contraire exagérés. A
cela s’ajoute une auto-dévalorisation : le dépressif n’a plus d’estime de soi et ressent
parfois un sentiment de culpabilité excessif. Dans son quotidien, son débit de paroles
est diminué tout comme sa prise de parole qui est réduite au stricte minimum.
Les troubles du sommeil peuvent devenir chroniques, la fatigue diurne venant
aggraver les symptômes dépressifs, le cercle vicieux se met alors en place. La
personne maigrit, les douleurs chroniques comme des maux de tête ou des douleurs
dorso-lombaires se font ressentir, associées à de l'irritabilité. Parfois la vie lui semble
si difficile et les épreuves tellement insurmontables que des tentatives de suicides
sont
à
redouter.
b) L’hypocondrie
Il s'agit d'une sévère anxiété par rapport à la santé où à des symptômes, des
sensations et variations corporels qui sont perçus et interprétés de façon erronée,
comme étant dangereux ou comme indiquant la présence d'une maladie ; une
maladie
particulière
et
généralement
rare
ou/et
grave.
Les connaissances et les expériences passées de maladie entraînent la formation de
croyances concernant les symptômes, les maladies et la santé. Aujourd'hui, la facilité
d'accès à des sites Internet spécifiques accentuent encore l'hypocondrie et les
symptômes de maladies. En outre, certaines croyances rendent plus susceptibles de
vivre de l'anxiété par rapport à la santé. Ces croyances problématiques peuvent être
une source constante d'anxiété. Les expériences de la jeune enfance, ainsi que des
événements survenant dans le cercle proche de la personne et dans les média
contribuent à la formation de ces croyances. Voici des exemples de croyances
problématiques : « des changements dans le corps sont habituellement le signe
d'une maladie sérieuse parce que chaque symptôme doit avoir une cause physique
identifiable » ; « si on ne consulte pas aussitôt que l'on remarque quelque chose
d'inhabituel, ensuite il sera trop tard » ou encore « si l'on n'est pas vigilant pour
observer les symptômes, il peut être trop tard quand on les remarquera ».
Les croyances peuvent aussi être plus personnelles, par exemple : « il y a des
troubles cardiaques dans ma famille ». Une fois qu'une personne a interprété (à tort)
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un symptôme ou une information comme étant l'indice de la maladie, elle a tendance
à porter une attention sélective aux informations qui semblent confirmer sa croyance
et à ignorer les informations qui l'infirmeraient. De plus, à cause de la vigilance
amenée par l'anxiété, d'autres sensations corporelles alimentent l'inquiétude
observées. Et une fois de plus, le cercle vicieux se met en place, une situation en
alimentant une autre.
...
L'anxiété causée par l'interprétation des sensations corporelles peut amener
l'apparition de symptômes dus à l'activation du système nerveux, comme par
exemple : transpiration, palpitations, douleurs musculaires, douleur à la poitrine,
étourdissement, etc. qui sont alors interprétés comme des signes supplémentaires
de maladie. Cette dynamique peut prendre l'ampleur d'une attaque de panique dont
souffre une bonne proportion des gens victimes d'hypocondrie. L'idée d'une mort
imminente, allant jusqu'à la sensation de « sortir de son corps », la personne
pense qu'il n'y a plus rien à faire, que c'est la fin ! Ces crises de panique peuvent
durer de quelques minutes à quelques heures, mais lorsqu'elles cessent la personne
est
comme
« droguée »,
absente,
mais
consciente.
Dans l'hypocondrie, l'attention se porte sur des sensations physiques normales, des
aspects de l'apparence ou des fonctions corporelles jusqu'alors passés inaperçus,
mais qui subitement sont perçus comme nouveaux et anormaux. Par exemple,
quelqu'un remarque une tâche sur sa peau et cela est interprété comme un
mélanome ; une difficulté à avaler qui est interprétée comme un signe de cancer de
la gorge. Le fait de porter l'attention sur l'action d'avaler la rend plus difficile et
inconfortable. L'expérience de la douleur est aussi amplifiée par le fait d'y porter son
attention.
Des comportements comme l'auscultation pour vérifier la présence d'une anormalité
ou d'une douleur ne font que réactiver l'anxiété, car à chaque auscultation, à chaque
palpation, la sensation est différente, ou semble différente et généralement plus
importante, donc plus grave. Pour certaines personnes la vérification est au contraire
vécue comme la recherche d'une réassurance qui soulagent temporairement
l'anxiété. Mais, à plus long terme, comme dans le cas de l'obsession-compulsion, ils
contribuent à maintenir l'anxiété, car ils maintiennent l'attention sur les peurs et
empêchent l'habituation à l'anxiété que provoquent les symptômes ou l'idée de la
maladie.
Ces comportements peuvent aussi avoir des impacts directs sur la santé (qui, bien
sûr, alimentent la conviction d'être malade). Par exemple, l'insistance auprès de
nombreux médecins peut amener à des interventions (par ex. médications, chirurgie)
qui confirment les craintes de la personne et contribuent à amplifier les symptômes
auxquels vont s'ajouter des symptômes secondaires. D'autres exemples sont
l'affaiblissement qui peut résulter de l'évitement de l'exercice et la douleur amenée
par le fait d'ausculter régulièrement certaines parties du corps. Les croyances sont la
source de distorsions de la pensée qui amènent à mal interpréter les changements
corporels et les informations fournies par les médecins, les proches ou les média. La
pensée est biaisée, d'autant que le symptôme hypocondriaque est peu sensible au
« rassurement », rebelle à la thérapeutique, souvent associé à la revendication voire
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à un sentiment de préjudice. Des préoccupations hypocondriaques sont fréquentes
dans le cadre de la névrose obsessionnelle et peuvent s’installer au cours de
l’évolution d’une névrose d'angoisse, en particulier dans les suites d’attaques de
panique. L’hypocondrie peut annoncer une dépression ou en représenter une forme
masquée.
c) L'auto-agressivité et la scarification
« La scarification, c'est comme une terrible souffrance morale que l'on dépose sur du
papier ». Ces personnes ressentent fortement le besoin de se faire mal
consciemment et plus elles attendent, plus ce besoin les envahit. L'idée de la
scarification est obsédante et le seul moyen de se libérer l'esprit, c'est de la
concrétiser.
« Alors on l'inscrit. Non pas avec un crayon sur du papier, mais avec une lame sur la
peau ». Elle est pratiquée de différentes manières à différents degrés. Elle
commence avec des griffures très superficielles, à l'aide d'objets à peu près pointus.
Puis de façon plus appuyées avec le compas, et appuyé de plus en plus fort, sans
aller jusqu'au sang. Au début, elle n'est pas faite régulièrement, et laisse juste
quelques traces rouges, rien de plus. « Simplement quand ça va mal, en rentrant du
collège après une journée difficile, ou le soir, après une engueulade avec maman.
C'était une manière de me soulager ». Comme si le fait d'avoir mal, ou plutôt de se
faire mal physiquement permet d'effacer la douleur morale.
Généralement, la scarification et l'auto-agressivité sont les signes d'une dépression,
elles peuvent s'accompagner de prise d'alcool, de drogue, de prises de risques et de
troubles alimentaires. La scarification peut prendre des ampleurs considérables et
devenir une véritable addiction : tracer des lignes de sang sur ses avant bras, ses
cuisses, avec une lame de rasoir et y prendre goût. « Ça a commencé avec
quelques traits, 5 ou 6, pas plus, histoire de saigner un peu, et d'avoir des plaies sur
la peau, symbolisant les plaies qui étaient dans ma tête. Puis, j'ai commencé à tracer
de plus en plus de lignes. Ça correspondait à un besoin de me vider, me vider de ce
mal. De cette douleur ».
La douleur physique devient un réel soulagement, un besoin que l'on pourrait
comparer à une phrase, un texte, un message qu'il faut absolument écrire, déposer,
car il ronge la personne de l'intérieur jusqu'à devenir insupportable. La coupure, la
blessure, la souffrance concrétisent ce message et permettent de passer de l'abstrait
au concret. Elles permettent aussi de faire sortir la douleur psychique, de « l'écrire »,
de la rendre visible, de l'extérioriser. « Alors vous prenez votre lame, votre briquet,
n'importe quoi, et vous "dessinez", vous "inscrivez" votre souffrance sur votre
peau ». La douleur morale devient ainsi douleur physique. Mais, comme les douleurs
psychiques ne cessent pas et que l'esprit n'est soulagé que pour un temps c'est la
spirale qui recommence. Un peu comme si le corps était un sceau, et que la douleur
était de l'eau, et que ce sceau se remplissait continuellement. Vous le videz avant
qu'il ne déborde, vous vous sentez léger quelques temps, mais il se remplit à
nouveau...
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d) Le syndrome de Münshhausen simple
La carence affective et/ou un traumatisme sont un des fondements du conflit
psychique. Les personnes qui en sont victimes sont donc très souvent en quête de
reconnaissance et d'attention. Le trouble de Münshhausen simple peut survenir lors
de traumatismes subis au cours de l'enfance, par exemple une maladie grave
négligée par les parents, une mère absente à cause d'une maladie, ou lorsque des
parents ne peuvent s'occuper de l'enfant à cause d'un frère ou d'une sœur malade. A
l'âge adulte, les individus souffrant du syndrome de Münshhausen simple éprouvent
le besoin de simuler une maladie ou un traumatisme dans le but d'attirer l'attention
ou la compassion des proches et du corps médical. Les personnes atteintes de ce
syndrome présentent de multiples cicatrices, car elles vont jusqu'à faire subir à leur
corps de nombreuses opérations. On pourrait penser qu'il s'agit de simulateurs,
conscients de ne pas souffrir de telles ou telles maladies, mais la problématique est
sans doute plus profonde et reflète une véritable souffrance psychique que le patient
reporte sur son corps afin de crier, de hurler, de montrer aux yeux de tous, combien il
souffre. Les troubles provoqués les plus fréquents sont les convulsions, les
saignements dus à la prise d'anti-coagulants, les vomissements et les diarrhées,
également provoquées par des médicaments, les problèmes cutanés et même la
fièvre.
Provoquer de faux symptômes a pour but de gagner de l'attention, des soins, de la
compassion, et le confort qu'apporte le personnel médical. Dans certains cas
extrêmes, des individus atteints de ce symptôme sont connus de plusieurs services
d'urgence, laboratoires d'analyse, etc. Les cicatrices, les vomissements, tous les
sévices que les individus victimes de ce trouble s'infligent par l'intermédiaire des
interventions chirurgicales, des médications, etc. sont comme des « scarifications »,
des « automutilations » ; c'est la traduction d'un conflit psychique à travers
l'expression du corps physique « visible ».
Ce trouble se différencie de l'hypocondrie et d'autres troubles somatoformes au
cours desquels l'individu ne se crée pas intentionnellement une maladie, au
contraire, la maladie est pour ce dernier une terrible angoisse, car il est persuadé
d'en être atteint.
Conclusion
Rares sont les patients névrotiques à considérer que leurs symptômes ont du sens,
s'inscrivent dans leur histoire, voir proviennent de leur façon d'être et de leur passé.
Nous voyons donc que, d'emblée entre patients et thérapeutes s'installe une
dichotomie qu'il va nous falloir réduire, non pas par des explications intellectuelles
mais par une thérapie proposant une cure de la fonction symbolique pour re-donner
du sens à son histoire, à son symptôme, à sa vie.
Le symptôme représente un faisceau de significations possibles, différentes selon
chacun. Cette notion est plus prégnante dans la névrose, car le symptôme
psychotique est du domaine du non lien, du chaos, de l'insensé et il est plus difficile
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d'y trouver une dimension métaphorique. Les symptômes névrotiques peuvent être
porteurs d'un sens symbolique. Le symptôme est une métaphore d’autre chose. Il
s’agit d’éléments psychiques qui n’ont pas pu être exprimés verbalement. En effet,
de nombreux éléments psychiques sont contenus dans l’inconscient des personnes
et sont très loin de pouvoir être reconnus et élaborés.
Le corps à capacité d'exprimer à grands « cris » la souffrance psychique, les plaintes
du corps, comme le rêve, viennent présenter sous une « forme déguisée » l’énergie
psychique qui n’a pas pu trouver, en son temps, un mode d’expression. Les
symptômes témoignent de l’envahissement du conflit psychique sur le corps propre
du sujet et d’une forte mise en avant du corps devenu mode d'expression du monde
intérieur. Le rôle de la thérapie sera d'aider le patient à comprendre ce langage
symbolique, à aller à la rencontre de ses émotions et des sentiments refoulés, afin
de le mener vers une conscience claire des conflits internes et inconscients. Ainsi,
comprendre les langages et les messages du corps ont un intérêt majeur : libérer
l'énergie du conflit afin de rétablir à nouveau l'équilibre.
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