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Les vieux métiers : Cordonnier
Durant l’Antiquité, Babylone garde jalousement le secret de la fabrication du maroquin plus particulièrement
par le tannage des peaux de bovins et de porcs. Puis les Arabes l’implantèrent en Espagne. Au Moyen Age, la
ville de Cordoue devint le centre du travail du cuir de luxe. A l’origine le cordonnier appelé d’abord
"cordouanier" (en référence au nom de cette ville), fabriquait et vendait des chaussures en cuir. Quand après le
moyen âge, se généralise l’usage des bottes, l’artisan devient bottier et refuse d’être confondu avec le savetier
qui lui se contente de réparer et de ressemeler souliers et bottes.
En France, le métier de cordonnier est longtemps considéré comme celui des "malbâtis" incapables de rester
debout sans se fatiguer. Il est vrai que dans mon village, quartier des cordonniers, il est fait état de cordonniers
boiteux et à jambe de bois. Un proverbe célèbre affirme : Les cordonniers sont les plus mal chaussés (on est
souvent privé des avantages que l’on devrait pouvoir se procurer facilement du fait de son état).
Au fil du temps la corporation des cordonniers tient le haut du pavé, et sous Saint Louis, nous les voyons s’organiser en différents groupes appelés jurandes et maîtrises, qui obéissaient à une organisation de multiples dignitaires :
Les Cordouaniers qui taillaient le chevreau de Cordoue.
Les Sueurs qui cousaient et apprêtaient les chaussures.
Les Chavetonniers qui mettaient en œuvre la basane .
Chacune de ses catégories comprenait des ouvriers spécialisés : des baudroyeurs, des bottiers, des bouchonniers, des marchands de chausse–
pied, des faiseurs de chaussons, des décrotteurs, des formiers, des
pâtiniers, des sabotiers et des colporteurs de lacets, ainsi que les savetiers décrits plus haut comme réparateurs de souliers usagés.
Dès le moyen âge, tous les maîtres cordonniers pouvaient étaler leur
marchandise, le mercredi et le samedi, au premier pilier des halles de la
tonnellerie. Puis après1671, seuls les maîtres ne tenant pas boutique à
Paris conservèrent ce droit.
Les statuts et règlements, comme pour toutes les corporations remontant
à 1491, étaient assez compliqués. Pour être reçu à la maîtrise, après l’apprentissage, il fallait avoir accompli un
chef d’œuvre. Seuls les fils de maîtres –cordonniers bénéficiaient de privilèges pour obtenir le droit de s’installer « maître » à leur tour.
Au XVIIIe siècle, à Paris 1800 membres avaient pris pour patron Saint Crespin. Cependant la légende affirme
que la confrérie vénérait aussi Saint Crépinier. Tous deux étaient frères, issus de la noblesse romaine afin de
semer la bonne parole. Toutefois le crépin désigne le fournisseur et le Saint Crépin ne s’applique plus qu’à
l’outillage. Les élections avaient lieu dans la halle aux cuirs, le lendemain de la Saint Louis en présence du Procureur du Roi. Dans chaque ville, les communautés de cordonniers possédaient leurs propres armoiries.
Le maître cordonnier était tenu de marquer souliers et bottes fabriqués par ses soins des deux premières lettres
de son nom. Un compagnon ne pouvait tenir boutique dans le quartier où il avait accompli son apprentissage, ni
quitter son maître, trois semaines avant Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël (périodes où les cordonniers avaient
le plus d’ouvrage).
Pour vous, Charentais, qui employez si souvent le terme "Goret" en parlant d’un cochon (porc), saviez vous
qu’il s’agissait du nom donné à l’ouvrier cordonnier, et le mot "Pignouf" (employé assez vulgairement) est celui donné à l’apprenti cordonnier. Ainsi en est-il du vocabulaire riche et varié qui nommait les chaussures : sorlot, tatane, grôle, pompe, croquenot, godillot, targette ou écrase- merde.
Jusqu’à la guerre de 14-18 seuls les riches portaient des souliers. La chaussure du pauvre était le sabot. Chaque
village avait son sabotier. Paysans et ouvriers faisaient confectionner leur première paire de souliers de cuir
pour leur mariage; ils la gardaient leur vie durant, ne la chaussant que dans les grandes occasions : baptêmes,
noces, enterrements….Pour plus d’usage, on la faisait ressemeler et même clouter.
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Lorsque bottes et souliers furent fabriqués en usine, le cordonnier se transforma en savetier, pour devenir
plus tard, seulement marchand de chaussures.
Sabots ou Galoches ?
L’échoppe du cordonnier était toujours minuscule à l’origine. Il travaillait sur une planche posée sur ses genoux
avant de posséder un établi. Nos sabotiers fabriquaient les
sabots dans du bois comme l’orme, le hêtre et l’acacia. Ils
dégrossissaient la semelle avec une rénette et la fignolaient à la main. Ils décoraient les sabots selon leur inspiration du moment. Tout était fait en bois (voir photo) tout le
monde en portait même les enfants. Plus tard le sabot a
gardé sa semelle de bois, mais le dessus devint en cuir.
Une paire de sabots durait environ deux mois. Les galoches (qui n’a pas porté de galoches pour aller à l’école ?)
possédaient semelles de bois et dessus de cuir épais et
montant. La semelle portait en dessous des clous et parfois
des fers au talon et bout de pied. Ces galoches mi-souliers,
mi-sabots devaient faire long usage. Il était de coutume
que l’aîné les étrenne à la rentrée scolaire, et le cadet les
porte à l’automne suivant.
Les outils du cordonnier : pour la pièce de cuir après avoir était trempée, le rouleau à cylindrer puis des
tranchets très aiguisés pour la tailler ou la presse à découper les semelles.
La taille du pied était prise dans l’embauchoir pour monter la chaussure car la semelle
intérieure était posée en premier. A son tour, l’empeigne était fixée sur la semelle
pour obtenir l’ébauche du soulier. On utilisait des marteaux de tailles et de formes
différentes. Il fallait ensuite coudre la semelle extérieure avec une aiguille appelée
alène. Le fil était un fil de chanvre imprégné de poix mêlée d’huile de lin, qui laissait
les doigts noirs de manière indélébile.
Pour clouter une semelle, on l’enfilait sur un pied de fer et pour percer les
trous dans le cuir fin des chaussures pour Dame on se servait de l’emportepièce à pinces. On devait aussi poser les ferrets, petites plaques de cuivre placées au bout des lacets en tissu. Puis avec le fer à mailloche on arrondissait les
bords de la semelle. Après usage de papier de verre ou toile émeri, il ne restait
plus qu’à graisser les brodequins de gros cuir ou à cirer les chaussures fines.
Enfin, on les faisait reluire avec la brosse du même nom.
Liliane VIOLLET-RAFFOUX
Dates à retenir ...
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2009, afin de voter le montant de la future Cotisation 2010. Cela nous concerne tous, et nous
vous espérons nombreux en vous remerciant par avance pour votre participation.
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