Hiver 2015 - Biopark Charleroi Brussels South
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Hiver 2015 - Biopark Charleroi Brussels South
C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H La newsletter du Biopark Charleroi Brussels South n°28 — hiver 2015 Pôles de Recherche Trois nouveaux pôles 2 Pôle Immunologie 3 Pôle Bio cellulaire & développement4 Pôle Microbiologie moléculaire5 Euroscreen : essais cliniques 6 Partenariat Takeda/Univercells 7 OncoDNA, entreprise prometteuse 8 Projet RISE 9 Formation novatrice 10 Cap vers l’e-learning 11 En bref 12 En deux questions… Biopark : trois « nouveaux » pôles de recherche Les équipes de recherche académique du Biopark se sont réorganisées en trois pôles : Immunologie, Biologie cellulaire et du développement, Microbiologie moléculaire. Le Vice-Recteur à la recherche et au développement régional de l’ULB, Serge Schiffmann, nous en parle. 3 PÔLES : QUI EST OÙ ? BIOLOGIE CELLULAIRE ET DU DÉVELOPPEMENT : Bruno André, Marie Baucher, Eric Bellefroid, Daniel Christophe, Mondher El Jaziri, Birthe Fahrenkrog, Denis Lafontaine, Anna Maria Marini, David Perez-Morga, Bernard Robaye, Jacob Souopgui, Luc Vanhamme, Benoit Vanhollebeke MICROBIOLOGIE MOLÉCULAIRE : Sabrina Bousbata, Louis Droogmans, Abel GarciPino, Eric Muraille, David Perez-Morga, Carine Van Lint, Laurence Van Melderen IMMUNOLOGIE : Fabienne Andris, Michel Braun, Véronique Flamand, Stanislas Goriely, Cyril Gueydan, Véronique Kruys, Alain Le Moine, Oberdan Leo, Arnaud Marchant, Muriel Moser, Guillaume Oldenhove, Florence Roufosse, Fabienne Willems 2 Pôles de Recherche LA RECHERCHE AU SEIN DU BIOPARK SE STRUCTURE DÉSORMAIS EN TROIS PÔLES : IMMUNOLOGIE, BIOLOGIE CELLULAIRE ET DU DÉVELOPPEMENT, MICROBIOLOGIE MOLÉCULAIRE. UNE NÉCESSITÉ SELON VOUS ? Serge Schiffmann : Je ne parlerais pas de nécessité mais plutôt d’opportunité. Les chercheurs se connaissent déjà et sont habitués à travailler ensemble. Désormais, ils vont sans doute passer à la vitesse supérieure : répondre ensemble à des appels à projet, acquérir et se partager des équipements ou des plateformes technologiques, etc. Les équipes de recherche présentes sur le Biopark sont reconnues scientifiquement, elles publient régulièrement, elles participent à des programmes et réseaux belges ou internationaux, etc. mais elles sont trop souvent de petite taille. C’est donc important et rationnel de les réunir pour représenter une certaine masse critique scientifique mais aussi pour pouvoir partager des moyens et donc répartir les coûts. La Wallonie l’a d’ailleurs bien compris et encouragé puisque, grâce au FEDER, le pôle Immunologie notamment va pouvoir développer ses recherches sur les lymphocytes T. IL NE SUFFIT TOUTEFOIS PAS DE SE REGROUPER POUR TRAVAILLER ENSEMBLE ? Serge Schiffmann : En effet mais je suis confiant puisque les collaborations sont déjà là : en créant les pôles, les équipes ont formalisé ce qui existait déjà sur le terrain. Les chercheurs devront aussi créer de nouvelles occasions pour se rencontrer et parler de sciences ensemble. C’est d’ailleurs déjà lancé avec des séminaires thématiques, centrés sur les trois pôles. Une autre idée : pourquoi ne pas imaginer plus de mobilité entre équipes pour les doctorants et post-doctorants, par exemple ? Ils pourraient également énormément apprendre des compétences du laboratoire voisin et lui apporter aussi. Cette organisation de la recherche du Biopark désormais en trois pôles thématiques devrait aussi apporter plus de visibilité à tous. C’est certainement un projet motivant, notamment pour les plus jeunes chercheurs. Nathalie Gobbe Pôle Immunologie : focus sur les lymphocytes T Au sein du pôle Immunologie, une centaine de chercheurs nourrissent un objectif commun : identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires permettant le développement des réponses immunitaires anti-virales et anti-cancéreuses. L’immunologie est ancrée au sein du Biopark depuis de nombreuses années : d’abord avec des équipes de l’IBMM, ensuite avec l’arrivée de l’IMI, suivie du centre collectif de recherche ImmuneHealth, puis de plusieurs entreprises. Mais si, jusqu’alors, les chercheurs se côtoyaient et collaboraient volontiers, il manquait sans doute un lien plus formel entre eux, une même bannière sous laquelle se présenter et qui puisse renforcer les projets communs. C’est désormais chose faite : la centaine de chercheurs – biologistes, chimistes, immunologistes, médecins, cliniciens, etc. – sont réunis au sein du pôle Immunologie du Biopark. Chercheur du Laboratoire d’Immunobiologie de l’IBMM, Oberdan Leo est l'une des chevilles ouvrières du projet. "Chercheur à l’IBMM depuis de nombreuses années, j’ai assuré la direction de l’IMI entre 2009 et 2015. Et si je connaissais déjà toutes les équipes, j’ai pris là conscience que nous partagions les mêmes intérêts scientifiques, avions besoin des mêmes équipements, et rencontrions les mêmes difficultés", expliquet-il. "Désormais réunis au sein d’un pôle, nous mutualisons nos compétences et nos moyens : nous pouvons acquérir et partager des technologies souvent onéreuses, et répondre ensemble à des appels à projet, etc." SOUTIEN DU FEDER Et la dynamique est bien amorcée puisque la Wallonie et l’Europe apportent déjà leur soutien. Grâce au FEDER, les chercheurs du Biopark vont tenter d’identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires permettant le développement des réponses immunitaires anti-virales et anti-cancéreuses. Leur focus ? Les lymphocytes Th1 et Tc1. Les vaccins actuels stimulent la production d’anticorps par les lymphocytes B, ce qui les rend très efficaces pour prévenir de nombreuses infections. En revanche, contre les pathogènes ayant établi une infection chronique intracellulaire, comme certains virus ou dans l’immunité contre le cancer par exemple, ce sont les lymphocytes T qui jouent un rôle-clef, et en particulier deux types de lymphocytes T : T CD4 de type Th1 et T CD8 cytolytiques aussi appelés Tc1. Ces deux types de lymphocytes constituent donc une cible importante pour la vaccination thérapeutique (ciblant des sujets déjà infectés ou porteurs de tumeurs) de demain et l’immunothérapie. Or, on les connaît encore trop mal même si la biologie cellulaire et moléculaire a permis de marquer des progrès majeurs ces dernières années. AU-DELÀ DU BIOPARK "Beaucoup de questions sont aujourd’hui ouvertes : comment un lymphocyte se différencie en cellule tueuse ? Quelles sont les voies de régulation qui peuvent s’y opposer ? Comment se maintient la mémoire cellulaire ? Au sein de notre pôle, nous étudions ces questions chez l’homme et chez l’animal, en nous concentrant sur la compréhension des mécanismes moléculaires", souligne Oberdan Leo. "Nos interactions ne se limitent pas au Biopark : nous comptons renforcer nos synergies avec d’autres immunologistes de l’ULB, en particulier sur le campus Erasme ; nous avons également besoin d’autres compétences, en particulier en bioinformatique où l’institut (IB)2 est un interlocuteurclef. Sans oublier bien sûr de rester attentif aux demandes des entreprises, fort présentes d’ailleurs en Wallonie et au sein du Biopark avec notamment GSK Vaccines, UCB, iTeos, Delphi Genetics, Bone Therapeutics, MaSTherCell, etc." Nathalie Gobbe Pôles de Recherche 3 Pôle Biologie cellulaire et du développement : autour des processus biologiques Le nouveau pôle Biologie cellulaire et du développement vise à élargir les horizons pour mieux appréhender la complexité du vivant. Une belle perspective, notamment pour la formation des jeunes chercheurs. "Les chercheurs du pôle explorent les processus biologiques à différents niveaux d’intégration, des mécanismes moléculaires régissant l’homéostasie cellulaire au développement et la physiologie des organes et des organismes. Pouvoir mobiliser ces expertises complémentaires au sein d’un pôle de recherche intégré est un atout formidable" précise Benoit Vanhollebeke, responsable aux côtés d’Eric Bellefroid de ce nouveau groupe de recherche. "Plus précisément, nous étudions les échanges entre le cytoplasme de la cellule et le noyau, la biogenèse des ribosomes ou encore le transport membranaire", poursuit-il. Au sein du pôle, le focus est également mis sur le développement embryonnaire précoce, la signalisation des récepteurs couplés aux protéines G, les mécanismes de l’inflammation, les processus de la mort cellulaire programmée ou encore la génétique et la physiologie végétale. D’autres équipes étudient les facteurs de transcription dans le développement du cortex cérébral ou encore le trafic intracellulaire des transporteurs d’acides aminés – qui sont par exemple hyperactifs dans les cellules cancéreuses et représentent donc des cibles thérapeutiques potentielles – chez la levure et les cellules humaines. "Cette réorganisation est une très bonne nouvelle pour la maturité scientifique de nos jeunes chercheurs, qui pourront être plus actifs dans les autres équipes du pôle : un excellent atout pour comprendre les processus biologiques complexes et donc, une meilleure formation pour nos étudiants", explique Eric Bellefroid. En tout, 11 laboratoires et plus de 60 chercheurs seront désormais réunis sous cette dénomination. "L’accès aux équipements de pointe, notamment les microscopes fluorescents à haute résolution spatiale et temporelle, est un enjeu important pour nos équipes et une condition indispensable à la pérennisation du pôle", conclut Benoit Vanhollebeke. Damiano Di Stazio 4 Pôles de Recherche PROJET COLLABORATIF SUR LES RIBOSOMOPATHIES Un exemple parmi d’autres de collaboration ? Le projet des équipes de Denis Lafontaine et d’Eric Bellefroid s’intéresse aux ribosomopathies, "ces syndromes de prédisposition au cancer, associés à des défauts de formation du squelette et des problèmes de maturation des cellules du sang", explique Denis Lafontaine. "Grâce au soutien précieux de notre collègue Eric Bellefroid, nous avons pu modéliser certaines ribosomopathies dans l’animal, en l’occurrence le Xénope, un crapaud sud-africain largement utilisé aujourd’hui comme modèle amphibien. Nous pouvons dire que l’inhibition de la biogenèse du ribosome (dans la partie droite de l’embryon – voir illustration) affecte sévèrement des tissus spécifiques au cours du développement embryonnaire, notamment les yeux et le squelette cranio-facial. Cela reproduit ainsi certains symptômes observés chez des patients humains souffrant de ribosomopathies". D.D.S. L'étude des micro-organismes et mécanismes moléculaires Les équipes de recherche du pôle Microbiologie moléculaire étudient les micro-organismes de manière générale, les virus, les bactéries ou encore les parasites. "Se présenter sur base d’une thématique commune et fédératrice, la microbiologie moléculaire, augmente notre visibilité en interne, au sein même du Biopark mais également à l’extérieur", explique Laurence Van Melderen, co-responsable avec Carine Van Lint du pôle Microbiologie moléculaire, qui compte 7 laboratoires et une trentaine de chercheurs. INTERACTIONS HÔTES-MICROBES Des demandes de financement plus vastes pourront être déposées auprès d’organismes ou fondations nationales et internationales et devraient présenter une plus grande chance de succès. "La réorganisation de l’IBMM et la création du pôle de Microbiologie moléculaire ouvrira sans doute des portes vers de nouveaux partenaires industriels dans le domaine pharmaceutique et des biotechnologies". D’autres questions fondamentales portent sur les mécanismes moléculaires qui contrôlent la physiologie des bactéries et des parasites et qui leur permettent de s’adapter à leur environnement ou à leurs hôtes. "Les approches de biologie structurale et de biochimie ainsi que de microscopie constituent un point central et complémentaire pour répondre à toutes les questions moléculaires que nous abordons au Thème important des équipes de recherche du pôle ? Les questions concernant les mécanismes moléculaires qui régissent les interactions hôtesmicrobes avec, par exemple, les interactions entre le système immunitaire et la bactérie pathogène Brucella, le virus du SIDA ou encore le parasite Trypanosome. LES MATINÉES "MICROBIOLOGIE MOLÉCULAIRE" Comme le pôle Biologie cellulaire et du développement, les responsables du pôle Microbiologie moléculaire organiseront des matinées thématiques à partir du mois de janvier. "Lors de ces matinées, les jeunes chercheurs – étudiants en thèse ou post-docs – des différents groupes exposent leur projet de recherche en une dizaine de minutes et cela est suivi d’une discussion", explique Laurence Van Melderen. "Ces rencontres donnent des opportunités d’informer sur différents sujets et de créer des échanges techniques et/ou thématiques entre les chercheurs du pôle. De plus, elles permettent éventuellement de développer de nouvelles collaborations qui n’auraient pas vu le jour autrement". sein du pôle", précise Laurence Van Melderen. "Et nous avons évidemment des synergies importantes avec les autres groupes de recherche présents sur le campus". Damiano Di Stazio PROGRAMME EUROPÉEN RISE : LE VIRUS HIV-1 Le pôle participe actuellement à un programme européen RISE (voir page 9) – qui s’intéresse aux mécanismes moléculaires responsables de la latence du virus HIV-1 – permettant la mobilité internationale des chercheurs entre les différents partenaires du projet. "L’objectif est de trouver des stratégies pour réveiller les virus dormants", explique Carine Van Lint. D.D.S. D.D.S. Pôles de Recherche 5 Euroscreen : trois études cliniques pour ESN364 Plutôt discrète au Biopark ou dans la presse mais bien connue par l’industrie pharmaceutique et les investisseurs, l’entreprise Euroscreen continue ses projets innovants. En témoignent les différents essais cliniques lancés avec ESN364, leur candidat-médicament le plus avancé. Mais aussi une nouvelle levée de fonds pour faire progresser ce projet et d’autres en bonne voie. Lorsqu’on évoque ESN364, Jean Combalbert, le CEO d’Euroscreen, s’enthousiasme : "Nous avons lancé en 2015 trois études cliniques de phase II en parallèle sur ce candidatmédicament, ce qui est assez rare pour une petite entreprise de biotech’", explique-t-il. Trois études, pour trois affections féminines : les fibromes utérins, le syndrome polykystique ovarien et les bouffées de chaleur liées à la ménopause. "Nous plaçons beaucoup d’espoirs sur ce dernier point", continue le CEO, "Car c’est le symptôme dont la fréquence et l’intensité font qu’il est décrit comme le désagrément majeur des femmes ménopausées. Le marché potentiel est donc très large et ESN364 apporte une approche de traitement inédite dans ce domaine". MÉCANISME D’ACTION ORIGINAL Que ce soit pour le traitement des kystes ovariens ou des fibromes utérins, la majorité des traitements actuels agissent en tant que castrateurs chimiques, en inhibant complètement la sécrétion par le cerveau des hormones FSH/LH, les précurseurs des hormones sexuelles. Par conséquent, cette approche s’accompagne d’une ménopause 6 médicamenteuse, accompagnée notamment d’ostéoporose et de bouffées de chaleur. "ESN364 agit différemment", explique Jean Combalbert, "Il diminue la sécrétion de LH mais sans l’abolir complétement et n’affecte pas FSH. On évite donc les problèmes liés à la castration, en particulier l’ostéoporose". Et à l’inverse des traitements hormonaux de substitution, qui miment la persistance des œstrogènes au moment de la ménopause, ESN364 interagit directement sur le centre de la thermorégulation : "Le médicament bloque donc les bouffées de chaleur, ce qui est une première mondiale dans ce domaine". PIPELINE PROMETTEUR Les essais cliniques actuels ont donc pour but de démontrer l’efficacité de ESN364 sur la sévérité et la fréquence des bouffées de chaleur ainsi que dans le traitement des fibromes utérins et du syndrome polykystique ovarien. À la mi-octobre 2015, Euroscreen récoltait 16 millions d’euros pour mener elle-même ces études. Des fonds privés qui s’ajoutent aux 14 millions déjà levés fin 2012. L’entreprise a également décroché plusieurs financements de l’Europe et de la Wallonie. "Les projets les plus avancés sont ceux qui attirent bien sûr le plus les investisseurs privés", note Jean Combalbert, "Mais, nous ne voulons surtout pas négliger le développement des autres produits qui suivent ESN364 dans notre pipeline. Les fonds publics pour les projets plus en amont et les fonds privés pour les projets plus avancés sont donc tous deux nécessaires et complémentaires". Euroscreen continue ainsi l’étude d’un autre candidat médicament, ESN282, pour traiter l’inflammation, en partenariat avec Merck. Elle avance également dans le développement préclinique d’ESN502, actif contre les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer. "Ce projet est soutenu par la Wallonie pendant encore les 2 années à venir. Nous avons un candidat préclinique prometteur que nous espérons amener jusqu’aux études cliniques de phase I en 2017". Natacha Jordens Takeda / Univercells : un partenariat stratégique pour des vaccins accessibles aux pays émergents Le 24 août, Takeda Pharmaceutical Company, Ltd., via sa filiale spécialisée dans le capital à risque Takeda Ventures Inc., clôturait une prise de participation de 3 millions d’euros dans Univercells, reconnaissant ainsi l’expertise et le savoir-faire de l’entreprise wallonne. Les sociétés vont désormais lancer un programme de développement conjoint pour adapter les méthodes intégrées de manufacturing en continu d’Univercells et implémenter celles-ci dans la plateforme de production de vaccins de Takeda. TAKEDA ENTRE DANS LE CAPITAL D’UNIVERCELLS… Les deux partenaires, qui partagent la même vision du modèle de décentralisation de la production, sont désormais en pourparlers pour concrétiser une collaboration commerciale. La méthode de production intégrée et continue d’Univercells sera intégrée à la plateforme de production des différents vaccins historiques de Takeda. L’enjeu : améliorer le rapport coûtefficacité grâce à l’innovation technologique et non à la diminution des coûts de main d’œuvre. Ce projet s’inscrit dans la politique d’accessibilité de la santé de Takeda qui "s’engage à rendre ses vaccins accessibles aux populations dans le besoin, où qu’elles se trouvent. Notre stratégie d’accès au marché s’appuie notamment sur la réduction des coûts de production tout en maintenant un excellent niveau de qualité, et les process de fabrication y jouent un rôle essentiel", explique Rajeev Venkayya, directeur de la division opérationnelle des vaccins chez Takeda. Les marchés émergents plus particulièrement visés par cette stratégie d’accessibilité à la santé sont le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud, la Turquie, la Chine, ou la Corée du Sud, une approche que soutient l’équipe dirigeante d’Univercells, dont José Castillo (photo), directeur technique pour qui : "l’égalité dans l’accès à la santé partout dans le monde est fondamentale". UNIVERCELLS DOUBLE EN 2016 Pour accéder au marché et offrir l’accès à sa technologie, la société innove également sur les modèles de partenariat. Ceux-ci se matérialisent soit sous la forme d’une joint-venture, dans laquelle le partenaire apporte de la propriété intellectuelle (industrialisée conjointement) ou sous la forme d’un transfert technologique vers des sociétés pharmaceutiques de taille moyenne, actives dans les pays émergents et désireuses de produire des biosimilaires localement. A cet effet, Univercells est entrée en discussion avec une société pharmaceutique localisée en Tunisie pour développer une plateforme de production de biosimilaires (anticorps monoclonaux). D’autres collaborations sont également initiées avec des pays tels que la Turquie, la Russie, l’Indonésie, la Colombie. Pour honorer tous ses projets, Univercells a prévu de doubler le nombre de ses salariés en 2016, en recrutant des bio-ingénieurs et techniciens qualifiés en bioprocédés. Ces nouvelles recrues seront accueillies dans le nouveau laboratoire, situé sur le site du Biopark, inauguré le jeudi 17 décembre en présence de Takeda et de représentants politiques de la région. Sibylle Rocher-Barrat Univercells est une société d’ingénierie appliquée au biomanufacturing : elle apporte à ses clients des méthodes disruptives de bioproduction en continu qui permettent de réduire significativement les investissements de départ et les coûts opérationnels tout en maintenant les standards de qualité les plus élevés. 7 OncoDNA, entreprise prometteuse 2015, compte tripler son chiffre d’affaires en 2016 Après un an d’activité, OncoDNA a assuré l’analyse de plus de 2000 échantillons de tumeurs et le suivi de patients originaires d’une soixantaine de pays. A l’aube d’une levée de fonds qui devrait permettre à la société de développer ses produits et d’engager une démarche commerciale, la jeune entreprise vient de remporter le prix Entreprise prometteuse de l’année, organisé par Ernst & Young. CROISSANCE EXPONENTIELLE C’est parmi une cinquantaine de sociétés présélectionnées qu’OncoDNA a su se distinguer face à un jury de CEO issus du monde industriel. Ceux-ci ont salué à la fois son business model et ses résultats concluants dans l’aide apportée aux patients atteints de cancer avancé métastasique. Les produits et services proposés par la société bénéficient d’un retour très positif des oncologues qui ont constaté bien des cas de rémission ou de stabilisation. Jean-Pol Detiffe, CEO et fondateur d’OncoDNA, confirme que "ce prix est une superbe reconnaissance, notamment de son business model et de son développement économique", qui complète celle déjà acquise dans le monde scientifique. Alors qu’OncoDNA s’apprête à finaliser une importante levée de fonds, cette reconnaissance arrive à point nommé et lui offre une large visibilité médiatique. 8 Depuis sa création en décembre 2012, on constate une très forte croissance de l’activité d’OncoDNA, qui emploie actuellement 16 personnes. Pour l’année 2015, le chiffre d’affaires est estimé à 1,5 millions d’euros notamment grâce à un fort taux de recommande de la part des oncologues. Et cette tendance semble se confirmer pour 2016 : "Récemment, on a été choisi par de grands consortiums de recherche sur le cancer et on a signé un contrat très important de 5 millions d’euros avec 82 hôpitaux et 15 pays à travers le monde", mentionne JeanPol Detiffe. Il s’agit en effet du projet AURORA lancé par le BIG (Breast International Group), un programme de recherche sur le cancer du sein, auquel la société contribuera dans le traitement et le suivi des 1300 patients testés. LEVÉE DE FONDS Cette activité croissante implique naturellement que la société se finance. C’est pourquoi, elle est actuellement en train de négocier une levée de fonds composée à la fois de private equity et de subsides. En discussion avec différents investisseurs publics et privés, elle espère lever 20 millions d’euros. L’enjeu pour OncoDNA est désormais de renforcer le développement informatique des communautés de patients et d’oncologues à partir de ses plateformes web existantes. Mais il s’agit également d’engager une véritable démarche commerciale, de pénétrer des marchés prometteurs avec une propre force de vente et de solliciter des démarches de remboursement de ses prestations dans certains pays. À cette fin, Jean-Pol Detiffe espère compléter ses équipes actuelles de bio-informaticiens en recrutant de nombreuses personnes spécialisées en vente et marketing et compter ainsi une quarantaine d’employés à la fin de l’année 2016 pour assurer le développement de ses activités. Sibylle Rocher-Barrat RISE : le progrès par les échanges Le programme européen RISE vise à promouvoir les échanges entre chercheurs issus d’équipes académiques et cliniques. Le laboratoire de Virologie moléculaire est partenaire d’un projet consacré à des stratégies innovantes pour combattre le VIH. Un des obstacles majeurs à l’éradication du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est la persistance de réservoirs latents : la présence chez les individus séropositifs, malgré le traitement anti-VIH, de cellules infectées contenant le virus à l’état dormant. Le projet "Accelerating HIV Cure in Europe" vise à identifier des mécanismes moléculaires de latence et à développer, sur base de ces mécanismes, de nouvelles stratégies thérapeutiques pour réduire ces réservoirs viraux et atteindre une rémission de la maladie. Le concept de ce programme européen RISE (Research & Innovation Staff Exchange) est de financer exclusivement la mobilité : "Les budgets sont alloués uniquement au détachement de chercheurs d’une équipe dans d’autres équipes du consortium", explique Carine Van Lint, Directrice du Service de Virologie moléculaire, partenaire du projet RISE. "Les jeunes chercheurs peuvent ainsi élargir leur formation dans des universités ou instituts étrangers pendant quelques mois, tout en restant attachés à leur laboratoire d’origine. Cela leur donne l’occasion de voir comment d’autres centres de recherche fonctionnent et cela favorise globalement la création de nouvelles collaborations au sein du consortium". UN PIED DANS LE CLINIQUE Parmi les sept partenaires, européens et canadien, figurent deux centres hospitaliers. Le projet RISE comporte en effet une partie fondamentale et une partie préclinique : les collaborations étroites entre équipes académiques et hospitalières permettront d’apprendre et d’implémenter des approches expérimentales ou techniques spécifiques dans d’autres centres. "Nous avons ainsi déjà été contactés par un hôpital du consortium, qui souhaite apprendre comment nous réalisons les essais précliniques", mentionne Carine Van Lint. Les découvertes récentes du laboratoire de l’IBMM rentrent très bien dans le cadre de ces collaborations : "Nous avons participé à la découverte de mécanismes transcriptionnels et épigénétiques qui contribuent au phénomène de latence du VIH", explique la chercheuse. "Nous avons également mis en évidence que certaines molécules pharmaceutiques, déjà approuvées en thérapie humaine pour d’autres maladies, ciblent ces mécanismes et permettent de réveiller le virus latent. Et nous avons aussi démontré in vitro et ex vivo que certaines combinaisons de ces molécules ont une efficacité plus élevée que lorsqu’elles sont prises séparément, ce qui permettrait de diminuer les doses de chaque molécule et donc leurs effets secondaires". ÉCHANGES MULTIPLES La collaboration avec les hôpitaux permettra aussi d’augmenter grandement le nombre et les caractéristiques des échantillons sanguins des patients séropositifs et d’ainsi mieux comprendre les variations des réponses entre les patients dues à l’hétérogénéité des mécanismes responsables de la latence du VIH. Le programme RISE agit donc comme facilitateur du passage de la recherche translationnelle vers la clinique, au moyen des collaborations et de la formation. Le programme débutera officiellement début 2016 pour une durée de quatre ans. Natacha Jordens DES ÉCHANGES AUSSI AVEC LES ENTREPRISES Sur les conseils du Technology Transfer Office (ULB TTO), le Service de Virologie moléculaire a été sélectionné pour présenter à Lyon des technologies développées au laboratoire à un panel d’entreprises. Représentant le Service, Sophie Bouchat y a exposé un projet de kit permettant de déterminer les profils virologique, immunologique et patient-spécifique et d’ainsi détecter quels patients présentent des signes de "rémission", soit un contrôle à long terme de la virémie en l’absence de multi-thérapie anti-VIH, et sans progression de la maladie. Une approche importante pour mieux orienter les recherches cliniques, mais également pour envisager des interruptions de traitement. Plusieurs contacts informatifs pouvant mener à des collaborations ont été pris à Lyon avec des entreprises. 9 Formation novatrice en médecine translationnelle Dès janvier, I3h lance sa première formation qui est aussi une première en Belgique et en Europe : un certificat en médecine translationnelle. Couvrir et expliquer le long chemin entre la découverte fondamentale d’un mécanisme original à l’origine d’une maladie jusqu’à la commercialisation de nouvelles thérapeutiques innovantes et sûres : voici l’objectif du certificat en médecine translationnelle, qui sera organisé en janvier 2016 par l’Institute for Interdisciplinary Innovation in Healthcare (I3h) en collaboration avec le comité du programme des Sciences Biomédicales, le Pôle Santé, le Biopark Formation et la Solvay Brussels School of Economics and Management de l’ULB. "L’objectif du certificat en médecine translationnelle, une expérience pilote en Belgique et en Europe, est d’initier les multiples acteurs du domaine de la santé à des aspects qui ne sont pas considérés dans les filières classiques", lance Michel Goldman, fondateur de l’I3h. "La médecine de précision va révolutionner les soins de santé en adaptant les stratégies de prévention et les traitements aux caractéristiques et aux besoins de chaque individu et de chaque patient", explique Michel Goldman. Cette révolution va nécessiter d’étendre les champs de compétence des professionnels de la santé et d’organiser la 10 participation active d’une nouvelle génération d’ingénieurs, d’informaticiens, d’économistes, de managers, de sociologues, de spécialistes des affaires réglementaires et de représentants des patients. MULTIDISCIPLINAIRE Destinée aux étudiants et professionnels d’horizons divers, la formation débutera en janvier 2016. Le programme de 4 semaines (4 modules d’une semaine chacun) a été conçu pour couvrir les aspects multidisciplinaires et de collaboration de la médecine translationnelle, de la recherche fondamentale à la recherche pré-clinique et clinique, en passant par les exigences réglementaires, les aspects juridiques et éthiques ou encore les stratégies entrepreneuriales. Le tout en restant centré sur le patient et ses attentes.Pour assurer la cohérence et la continuité des différents modules tout au long des 4 semaines de cours, les orateurs seront amenés à baser leurs interventions sur des innovations récentes et leurs implications en matière de santé, telles que les thérapies antiparasitaires récemment récompensées par le Prix Nobel de médecine, les vaccins anti-méningocoques, les nouveaux traitements de l’hépatite C, les immunothérapies du cancer ou encore les nouvelles approches des maladies inflammatoires et des pathologies neurodégénératives. Objectif ? Démontrer que les processus complexes qui gouvernent les progrès de la médecine dépendent des contributions complémentaires des différentes parties prenantes et que la création de valeur s’opère par étapes successives basées sur des approches collaboratives et interdisciplinaires. A plus long terme, l’idée est également d’étendre cette formation et son contenu au master en sciences biomédicales. Damiano Di Stazio L’e-learning, l’avenir de l’apprentissage Le Biopark Formation entame la conception d’un module de formation en digital learning. Un travail intensif sera nécessaire pour s’adapter à la demande et aux nouvelles formes d’apprentissage innovant. Depuis quelques années déjà, le Biopark Formation se penche sur l’e-learning et les nouvelles formes d’apprentissage. "Notre module de formation sur la cytométrie en flux est construit comme une classe inversée : les élèves apprennent la théorie chez eux et viennent au laboratoire poser leurs questions et mettre en pratique ces connaissances", explique Arnaud Termonia, directeur du Biopark Formation. Un procédé que l’équipe a également développé pour une formation en partenariat avec OncoDNA, qui se déroule entièrement à distance (voir p12). "Je suis convaincu qu’il faut proposer plusieurs méthodes d’apprentissage, dont certaines s’appuieront sur du digital learning", précise Arnaud Termonia. UN SCRIPT DÉTAILLÉ Souhaitant explorer cette voie, le Biopark Formation s’est tourné vers l’équipe ULB Podcast, proposant un accompagnement pédagogique et des compétences pointues dans le développement de nouvelles formes d’apprentissage à l’Université. Récemment engagée par le Biopark Formation pour le développement du digital learning, Jennifer Le Van y est pleinement intégrée : "Être présente au sein de l’équipe ULB Podcast me permet d’avoir accès aux outils et compétences liées à ces nouvelles formes d’apprentissage", explique la nouvelle collaboratrice du Biopark, "Je suis régulièrement sur le campus du Biopark, pour guider les formateurs dans la transition des contenus vers le numérique. Je sers d’intermédiaire entre les experts-formateurs et les développeurs". Une médiation nécessaire, car le processus est plus compliqué qu’il n’y parait : "Il faut tout d’abord déterminer les publics visés, sachant qu’ils n’auront pas les mêmes prérequis. Ensuite, il faut développer l’architecture de la formation, l’articulation des contenus entre eux : on ne peut pas aborder les questions de vaccinologie sans avoir vu certains concepts de base en immunologie, par exemple. Mais il faut aussi que les apprenants qui connaissent déjà ces notions puissent sauter ce module sans être perdus par la suite. Il faut ensuite choisir la forme la plus appropriée à l’apprentissage de chaque notion : vidéo, jeu, cas d’étude, etc." Un développement et une planification rigoureuse, qui s’étendent jusqu’aux discours enregistrés des futures vidéos d’apprentissage : "Un peu comme un script de cinéma", remarque Jennifer Le Van. l’allergologie, de l’immunothérapie du cancer, de la vaccinologie, de l’immunologie moléculaire, etc.", reprend Arnaud Termonia, qui espère lancer cette formation en 2016. Un projet innovant qu’il faudra suivre, évaluer, corriger, réadapter. "Le but, à long terme, est d’adapter ce processus dans les autres axes importants de notre catalogue". Ambitieux ? "Indispensable !", réplique le directeur du Biopark Formation, "Rester moderne et compétitif passe aussi par le développement de nouvelles formes d’apprentissages, en lien avec le développement de nouvelles formations de pointe". Natacha Jordens COMPLÉMENTAIRE AUX FORMATIONS EXISTANTES L’équipe du Biopark Formation travaille aujourd’hui sur un parcours de formation intégrant le digital learning en immunologie. "Une formation de base qui sera complémentaire avec des formations dans les domaines de 11 En bref ÉTUDIANTS CHINOIS AU BIOPARK Chaque année, le gouvernement chinois octroie 30 bourses de recherche à des étudiants de doctorat souhaitant effectuer une partie de leur thèse dans un des laboratoires de recherche de l’ULB, toutes disciplines confondues. Sélectionnés par le China Scholarship Council, les projets retenus doivent être de haute qualité scientifique et correspondre aux intérêts du laboratoire d’accueil de l’ULB. Au Biopark, deux étudiantes ont été sélectionnées : • Arrivée au laboratoire de David Vermijlen (IMI) depuis octobre, Ling Ma débute une thèse consacrée au rôle des lymphocytes T Vg9Vd2 dans la vie précoce. •M anfei Liang sera, quant à elle, accueillie dès février 2016 au laboratoire de Biologie moléculaire du gène pour une thèse consacrée à la régulation de l'expression génétique en réponse aux variations de l'oxygène. Bienvenue ! FORMATION À SUCCÈS La formation d’e-learning d’oncologie moléculaire, développée par OncoDNA et le Biopark Formation, connaît un véritable succès. Lancé en 2014, ce cours est destiné aux futurs distributeurs de l’OncoDEEP, un test développé par OncoDNA afin d'identifier le traitement le plus adapté pour la tumeur du patient. Le module de formation, totalement à distance, est actuellement utilisé par 124 personnes dans 33 pays, répartis sur tous les continents. MEILLEURS VOEUX SOLVAY AWARDS Décernés tous les deux ans, les Solvay Awards récompensent des travaux "de grande qualité" menés par des diplômés scientifiques de l’ULB et de la VUB lors de leur master ou doctorat. Les lauréats de 2013 et 2014 ont reçu leur prix le 18 octobre dernier : sur 29 candidats, 19 émanaient de l’ULB. Parmi eux, 3 jeunes chercheurs ayant effectué leurs recherches au Biopark : • L aure Twyffels pour sa thèse de doctorat sur le transport nucléo-cytoplasmique de la protéine TIS11, effectuée dans le laboratoire de Biologie Moléculaire du Gène et défendue en 2013. Laure travaille aujourd’hui au CMMI. Elle a par ailleurs prononcé un discours lors de la remise des prix du prestigieux Chemistry for the Future Solvay Prize le 18 novembre ; •K assem Ghaddar pour sa thèse concernant l’analyse structurelle des transporteurs d’acides aminés de la levure, une recherche menée au laboratoire de Physiologie moléculaire de la Cellule et défendue en 2014. Kassem est aujourd’hui chercheur postdoc à l’ULB Center for Diabetes Research (Erasme) ; •Q uentin Labtani pour son mémoire réalisé au Laboratoire de Biotechnologie Végétale sur l’activité anti-biofilm d'un extrait d'écorce de Dalbargia trichocarpa chez Pseudomonas aeruginosa PAO1. Le chercheur prolonge aujourd’hui ses recherches par une thèse au LBV. Félicitations ! Périodicité trimestrielle C H A R L E R O I B R U S S E L S S O U T H Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Marie Bouillez, Michel Braun, Christelle De Beys, Dominique Demonté, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Frédéric Piérard, Sibylle Rocher-Barrat, Arnaud Termonia, Benoit Vanhollebeke, Laurence Van Melderen Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Photos : Bruno FAHY (partim) • Graphisme : Céline Kerpelt | Curlie.be Contact : ULB-Département des Relations extérieures, Communication Recherche : [email protected], +32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be