Homélie du mercredi des cendres 2012 Croire en aux braises plus

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Homélie du mercredi des cendres 2012 Croire en aux braises plus
Homélie du mercredi des cendres 2012 Croire en aux braises plus qu’en la cendre… Qu'est-­‐ce qui va se passer ce soir ? Nous avons ramassé quelques branches de vieux buis ; on va y mettre le feu, ça va flamber et quelques secondes plus tard, les rameaux vont devenir une cendre grise. Peut être que cela va nous impressionner. A certains d’entre nous, ça parlera de mort, de finitude ; ça évoquera quelque chose qui s’en va… Et puis quelques instants plus tard, on se distribuera les cendres: chacun de nous en recevra dans le creux de sa main ou sur le front... Et puis on s'invitera à changer de vie, à un peu plus humilité, à un peu plus d’humanité… J'aime bien me souvenir que souvent, sous la cendre, il y a encore des braises ardentes. Quand le bois a donné et qu’il semble complètement consumé ; quand le feu semble mourir dans une cheminée et qu’il nous semble que le froid et l’obscurité vont reprendre leurs droits et envahir tout notre environnement, il y a souvent des braises rouges qui restent encore. Et qui demeurent longtemps, bien plus longtemps qu’on ne pense… Il n’est pas rare qu’au petit matin, à partir de ces quelques braises, il est possible de faire redémarrer un nouveau feu qui réchauffera toute la maison et qui donnera de la lumière au cœur… J'aime bien me souvenir que sous la cendre que nous allons recevoir, que sous la cendre de nos vies, il y a des braises ardentes… un feu qui n'attend qu'à repartir J’aime bien me souvenir et dire que le carême qui commence aujourd'hui est avant tout un temps -­‐ non pas pour nous lamenter sur les cendres de nos vies mais un temps -­‐ privilégié pour veiller sur nos braises et pour les maintenir chaudes en nous. Un temps pour laisser le Seigneur souffler sur elles et raviver le feu dont nous avons tant besoin : nous, et notre humanité entière. En nous c’est vrai qu’il y a tant de vieilles choses… Tant de vieux clichés sur Dieu, tant de vieilles formulations théologiques de ce que nous croyons être la vérité. Tant d’habitudes. Tant de vieilles manières de regarder les autres. Tant de vieilles manières de nous considérer. Tant de vieux masques qui cachent nos visages, tant de désespérance sur nous-­‐
mêmes. Mais en dessous ces cendres-­‐là, il y a des braises qui n’attendent qu’à faire naître un feu nouveau… Je voudrais ce soir tout simplement vous inviter à entrer autrement que les autres années précédentes dans ce temps fort de notre vie chrétienne. A faire de ce carême non pas d’abord un temps pour « changer notre vie » en décidant à la force de nos poignets de prendre quelques bonnes résolutions que nous ne saurons tenir que jusqu’à dimanche prochain, mais à en faire d’abord un temps pour repérer les braises qui dorment sous nos cendres. Un temps pour demander au Seigneur de la Vie de souffler sur elles, afin que le souffle de sa résurrection vienne nous remettre en vie et nous remettre au monde… Parce qu’il n’y a que ça d’intéressant ! Et que c’est son désir que nous soyons des êtres au monde. Et que c’est notre a-­‐venir. Je vous propose de faire de ce carême un temps pour cultiver en nous la « petite espérance » dont parle Charles Péguy… Il faut être bien clair : c’est vrai qu’il y a des choses qui sont bien mortes en moi, en nous ; des choses qui ont fait leur temps, des choses qui ont fait leur vie… Mais au fond de moi, au fond de nous, il y a des braises ardentes. En chacun de nous, qu’est ce qui brûle encore un tant soit peu ? Du côté de la prière, plutôt que de nous lamenter de ne pas savoir prier, de ne pas savoir tenir, de regretter sans cesse de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir tenir nos engagements … repérer ce qui est possible, écouter ce désir de prière qui est sans doute là encore, peut-­‐être effectivement pas très honoré… Mais nous appuyer sur ce désir et entendre la voix du Seigneur qui – doucement – murmurer en nous : « viens, reviens à moi de tout ton cœur… » Sous la cendre de notre pauvre prière, Il y a des braises… Du côté de nos relations, plutôt que de gémir de ne pas savoir aimer le monde entier, plutôt que de nous reprocher de ne plus supporter tel ou tel… repérer ce qui nous est possible, écouter notre envie d’aller plus loin dans la rencontre des autres, entendre la voix de ceux que nous n’aimons pas assez et qui nous disent : « tu sais, je ne suis pas exactement celui que tu crois… Viens donc me rencontrer. Reviens…» Sous la cendre de nos relations, Il y a aussi des braises : il faut compter sur elles… Du coté de notre estime de nous, plutôt que de nous apitoyer sur nous mêmes ; plutôt que de nous emberlificoter dans la culpabilité ou le sentiment d’être des pécheurs ; plutôt que de dire à Dieu -­‐ à contre cœur -­‐ que nous sommes des pauvres types ; plutôt que de nous monter des scenarios de progression programmée avant de céder dans une vanité bien bête, nous demander quels petit pas nous pourrions faire pour mieux habiter avec nous-­‐même, demander au Seigneur la véritable humilité -­‐ infiniment plus réelle comme l’écrivait Maurice Zundel -­‐ la seule vraie humilité qui est, finalement, de ne plus se regarder... Lui demander, au Christ, la grâce de nous émerveiller de son humanité, de la beauté de Dieu, de sa bonté, et ne plus penser à soi d’abord. Nous étonner qu’une fois encore, en ce début de carême, il nous dise à chacun : « je t’aime tel que tu es… Quand tu l’auras suffisamment compris, ta vie s’ajustera, s’accordera à tout l’amour que j’ai pour toi… Reviens à moi de tout ton cœur… » Oui, vraiment, Il y des braises sous nos cendres… et si vous désirez que ce carême porte du fruit je vous conseille de compter sur elles plutôt que de vous concentrer sur la cendre et la mort de nos vies… Je voudrais que vous compreniez vraiment que le carême n'est pas un nettoyage de cheminée : c'est un temps pour protéger, sous une couche de cendres, pendant la nuit, les charbons de la veille pour qu'au petit matin de Pâques on puisse allumer rapidement un nouveau feu. Et que ce feu prenne à d’autres… Il faut sortir une fois pour toutes du temps des sacrifices à bon compte ; il faut chercher ensemble à entretenir au long de la nuit, sous des amoncellements de cendres, quelques charbons ardents. Et les garder, les sauver, les ménager, les soigner, les épargner, les conserver pour que le feu puisse jaillir au premier coup de Vent. Et la prière, le jeûne et le partage sont des moyens qui peuvent nous y aider… Au coeur d’un monde qui semble tout recouvert de cendres, que nous appelons communément la mort, il s'agit tout au long de ce carême de refuser de refroidir, de refuser de s'éteindre. Et de laisser le Seigneur allumer en nous le feu de la résurrection. C’est son désir et c’est notre à-­‐venir. Allez, dit-­‐il : revenez à moi de tout votre cœur ! Bon carême à chacun ! C’est un temps de réveil ! Raphaël BUYSE 

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