Programme PDF - Documentaire sur grand écran
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Programme PDF - Documentaire sur grand écran
MK2 Quai de Loire 7 quai de Loire 75019 Paris M° : Jaurès - Rens : 08 92 69 84 84 Tarif pour tous : 7,90 € Tarif spécial adhérents DSGE : 6,50 € Cartes UI 1 et UI 2 acceptées Documentaire sur grand écran 52 Avenue de Flandre 75019 Paris Tel : 01 40 38 04 00 - Fax : 01 40 38 04 75 www.docsurgrandecran.fr Prochain Rendez-vous des docs Lundi 2 décembre - 20h30 Un film ayant obtenu la bourse Brouillon d’un rêve de la Scam POUR RECEVOIR NOS PROGRAMMES ET ADHÉRER NOM : PRENOM : ADRESSE : E-MAIL : Je souhaite seulement recevoir vos programmes Je souhaite adhérer à l’association Documentaire sur grand écran pour l’année 2013 pour la somme minimum de 10 €. Ma carte d’adhérent me sera retournée à l’adresse ci-dessous dès réception de ma demande. Mode règlement : Montant : Date : - chèque (à l’ordre de Documentaire sur grand Ecran) - espèces Bulletin à envoyer à : Documentaire sur Grand Écran 52 Avenue de Flandre 75019 Paris - Tel : 01 40 38 04 00 - Fax : 01 40 38 04 75 lundi 4 novembre - 20h30 TREN DE SOMBRAS séance suivie d’une rencontre avec José Luis Guerin (Le spectre du Thuit) un film de José Luis Guerin Espagne, 1997, 35 mm, couleur et NB, 78’ scénario : José Luis Guerin image : Tomas Pladevall son : Dani Fontrodona montage : Manel Alminana avec : Juliette Gaultier, Ivon Orvain Anne Céline Auché Production : Grup Cinema Art, Films 59 José Luis Guerin cherche les secrets que recèlent des images amateurs tournées par un certain Gérard Fleury dans les années 1920. Mystère et jeux silencieux des apparitions et disparitions, des regards, recréations et correspondances. « Est-ce nous qui rêvons devant les images qui défilent encore et encore, qui reculent, s’accélèrent ou ralentissent sur la Moviola ? Il n’y a aucune piste, aucune insinuation. Guerin laisse les images muettes parler d’elles-mêmes, se réfléchir, se faire écho, se répondre. Il laisse les gestes et les regards se faire mots de passe, pistes, signaux. Nous croyons découvrir une histoire jusque là cachée, mais plus tard vient le pressentiment qu’elle en cache peut-être une autre. Sous la surface des plus banales, conventionnelles et idylliques images de famille, se cachent de multiples intrigues possibles, des secrets qui affleurent en strates successives, en une véritable archéologie du cinéma (rien à voir avec W. A. Ceram). Des enfants de Blow-up (The Conversation ou Blow Out), Tren de sombras pourrait bien être le plus inquiétant. » Miguel Marías, catalogue du Cinéma du Réel 2002, section Le documentaire en Espagne « Parmi les visages qui peuplent les films des Fleury, celui d’Hortense revient avec insistance, dans le premier mouvement et dans celui-ci, quand elle regarde au travers de la caméra celui qui la filme. Ce regard, interdit par convention au cinéma, est précisément celui qui fonde les films de famille et qui motive cette recherche, entre amoureuse et détective. » Núria Aideman, «En quête d’un visage, images de ce qui fuit, à propos de Tren de sombras», Images documentaires n° 73/74, juin 2012 C’ est d’abord un maigre texte indiquant que les films qui suivront ont été trouvés et tournés en France, qu’ils datent de 1920. Des bouts de vues apparaissent. Parcs spacieux, maison bourgeoise, belle jeune fille et beaux messieurs. Des cartons orientent le spectateur vers l’idée d’un film de famille, alternent avec des trous dans la pellicule comme des écritures graphiques. Tout cela est faux, on ne le saura pas tout de suite clairement. Mais Guerín ne cherche pas à tromper jusqu’au bout. Après et avant s’être attaché à des lieux, il crée un lieu, façon de mettre à distance le montage en le menant au bout de sa puissance. Car très vite, dans Tren de Sombras, ce n’est pas les images mais le montage qui apparaît comme louche. On a retrouvé des scènes, d’accord. Mais rien n’a été dit sur leur assemblage. Et plus que les mouvements des personnages, celui que dessine l’enchaînement des séquences devient la problématique, presque l’enjeu. Un travail qui fait écho au 24 City de Jia Zhang-Ke, présenté en avant-première, où le cinéaste suit la destruction d’un complexe industriel du Sichuan et fait jouer les témoignages des anciens travailleurs par des acteurs. Plus fort que cette réflexion sur le récit qui n’est pas sans rappeler Une sale histoire, d’Eustache, les images de transition des habitants réels dans la cité en destruction sont filmées sur un mode fictionnel, en travellings et musique. Au-delà de l’audace formelle, ce respect du réel, dans un prolongement libre des préoccupations baziniennes, poursuit un travail de remise à la même échelle des hommes et de ceux qui au cinéma les incarnent. Plus tard, Guerín balance soudain une image en couleur, avec ce ton très clair, l’impression très légère d’un voile sur le réel qui se retrouve souvent dans ses images, choc important et finalement assez rarement ressenti au cinéma. Alors qu’il semblait embarquer ses personnages muets dans une sorte d’intrigue, les montrer pleins de regards conspirateurs et appuyer des hors champs dissimulateurs de complots, Guerín fait rebondir son enquête aujourd’hui et change de cap. Le même décor en couleur dessine en perspective les lieux devenus déserts. On croirait voir encore, comme des fantômes, les personnages noir et blanc gambader dans le parc. Des images « anciennes » ressurgissent parfois, la pellicule de plus en plus abîmée, l’opérateur de plus en plus seul. La temporalité passe désormais par la distance entre les images : dans la nuit filmée en couleur, comme on le retrouvera dans Dans la ville de Sylvia, les ombres jouent sur la lumière blafarde du dehors, c’est le temps du nocturne et de ses trouées blanches, réminiscences de l’image muette et contrastée du temps passé. Guerín dépasse la simple opposition de deux âges du cinéma, il habille chacun de la peau de l’autre. La force du cinéaste est aussi de faire émerger une nostalgie un peu triste, dans la partie où la couleur vivante occupe la grande maison déserte alors que l’image silencieuse en noir et blanc portait avant tout la vie de ses habitants. Guerín arrive à une sorte d’extrémité en poussant l’abstrait rapprochement que produit le montage jusqu’à ne plus utiliser de lieux porteurs de réel (vrai décor de Ford et vraie ville marquée par le passage de l’équipe pour Innisfree, ici maison et famille très communes). La bâtisse et la famille qui y viv(ai)ent ne soulèvent pas d’autres enjeux que l’ambiguïté du montage et de l’image, des possibles respectifs du documentaire et de la fiction. Tren de Sombras est donc un point important dans le parcours du cinéaste, un moyen de s’écarter du réel en le mettant en scène au plus près de l’imagerie documentaire. Camille Pollas – critikat.com