Luzenac, ce petit club dont les «grands» ne voulaient pas
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Luzenac, ce petit club dont les «grands» ne voulaient pas
Regard d’ESPERANCE N°289 - Octobre 2014 Regard sur notre temps (par Samuel Charles) Luzenac, ce petit club dont les «grands » ne voulaient pas... Souvenez-vous du 18 avril dernier… Ce jour-là, le monde du sport offrait un de ces moments d’enthousiasme populaire comme il sait en réserver : Le Luzenac AP, club de football d’un village ariègeois de 650 habitants, accédait à la Ligue 2 après avoir conquis sa place de haute lutte – sportive – sur le terrain, balle au pied… Cinq mois après cette extraordinaire qualification, au début septembre, l’équipe première du club était dissoute, celui-ci n’étant plus représenté qu’en DHR (7e division) par son équipe « réserve » ! « Les joueurs, comme beaucoup de personnes en France, vont aller pointer au Pôle emploi » disait avec tristesse et amertume le milieu de terrain de Luzenac, Nicolas Dieuze… La France sportive – celle qui aime l’esprit du sport – a suivi avec effarement les ubuesques et scandaleuses péripéties de cette « mise à mort », orchestrée, d’un petit club. Car du côté de Luzenac même, il ne s’est rien passé. C’est l’establishment, la Ligue du Football Professionnel qui n’a pas voulu que ce « petit poucet » vienne jouer sur ses plates-bandes… Alors, tout a été bon pour – employons les mots vrais – lui « mettre des bâtons dans les roues » : son terrain, son stade, ses finances n’étaient pas à la hauteur et moult autres arguments spécieux lui ont été opposés ! A bout de recours auprès de la LFP et de la FFF, Luzenac a porté l’affaire en Justice, et a perdu son procès contre la Ligue. Promesse a été faite au pauvre club qu’il serait automatiquement réintégré en National – le niveau d’où il vient de monter crampons aux pieds ! – s’il acceptait de jouer cette saison-ci en CFA2… Puis, il lui a été demandé de descendre en CFA sans garantie de retour en National ! De guerre lasse, Luzenac a abandonné le combat… Du sport ? Vous avez dit du sport ?... Si c’était du sport – du vrai – une simple réalité, un seul critère aurait été retenu, balayant toute autre considération : Luzenac, 2e du Championnat de National, a gagné sa place en Ligue 2, conformément aux règles du Football français. Elle l’a gagnée sur le terrain, balle au pied. Point final. Et tout – tout le reste – aurait dû être fait pour lui permettre d’y jouer. C’eût été l’honneur de la Ligue de Football Professionnel et de la Fédération Française de Football. Mais, allez, rien n’est perdu, sauf l’honneur… Au « pays » de l’argent-roi, le sport est serf. S.C.