Une crise, Cuba (1962)

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Une crise, Cuba (1962)
Une crise, Cuba (1962)
Problématique : En quoi la crise de Cuba a-t-elle été une crise majeure pendant la guerre froide ? En
quoi a-t-elle représentée un tournant ?
I. Aux origines de la crise, des facteurs qui s’accumulent et poussent les deux Grands à une épreuve
de force
1. La révolution castriste
1959 : Fidel Castro, Che Guevara > révolution à Cuba contre le régime de Batista. Installation
d’un régime socialiste.
Statut particulier de l’île pour les USA (proximité et intérêts économiques) > révolution
condamnée.
2. L’Amérique contre Cuba
Avril 1961 : opération CIA > dissidents cubains anticastristes, entraînés, équipés par USA sont
débarqués dans la baie des cochons. Espoir des USA de voir la population se ranger derrière
eux et renverser Castro.
Echec retentissant : fiasco militaire (la population cubaine reste soudée derrière le « leader
maximo »), fiasco politique (le rôle des USA est prouvé, donc responsabilité du Président US
engagée).
3. Les missiles soviétiques
Castro se rapproche de Moscou : allié pour se protéger des USA
Installation de missiles nucléaires qui peuvent frapper jusqu’à Washington. Khrouchtchev
joue le jeu de la provocation, pensant qu’après l’immobilisme US lors de la construction du
mur de Berlin (aout 1961), leur réaction sera identique à Cuba.
II. deux semaines qui firent trembler le monde
1. Le blocus américain
22 octobre, Kennedy ordonne le blocus de l’île de Cuba : la marine de guerre US encercle l’île
et empêche tout contact avec l’extérieur. Objectif > bloquer le passage des navires russes qui
transportent vers Cuba des missiles nucléaires.
Face-à-face naval et diplomatique : les navires russes ne stoppent pas leur avance et la
tension monte au fur et à mesure jusqu’au point de rupture (passer des menaces à leur mise
en application). L’hypothèse d’un conflit direct entre USA et URSS est clairement envisagée
(en premier lieu par leurs propres dirigeants).
2. L’attitude soviétique et cubaine
Les 2 dirigeants n’ont pas le même comportement durant la crise : Khrouchtchev semble
avoir pesé le risque d’une guerre nucléaire et avoir évité un dérapage en prenant l’initiative
d’une détente. La position de Castro est beaucoup plus extrême, des communications entre
les 2 dirigeants prouvent que Castro voulait pousser l’URSS à ne pas céder face aux pressions
américaines, quitte à entraîner le monde dans une guerre nucléaire.
3. Le dénouement
Navires russes font demi-tour.
Les missiles déjà installés sur l’île sont retirés en échange d’un retrait de missiles US en
Turquie (dont les frontières bordent celles de l’URSS).
III. Les leçons de la crise : un tournant dans la guerre froide
1. Dans le court terme, les USA sortent victorieux
Kennedy apparaît comme « celui qui n’a pas cédé ». il remporte en apparence l’épreuve de
force et lui permet de faire remonter sa côte de popularité bien entamée après le fiasco de la
baie des cochons.
Khrouchtchev est désavoué dans son pays, écarté du pouvoir en 1964.
Castro, abandonné par l’URSS, se retrouve isolé face aux USA. Un isolement dont l’île ne sort
pas (encore aujourd’hui).
2. Le début de la détente
Les deux Grands prennent conscience de la nécessité d’un dialogue direct entre les 2
dirigeants (auparavant, le dialogue existait déjà, mais passait par un certain nombre
d’intermédiaires, ambassadeurs, pays neutres, etc. donc prenait bcp de temps, impossible de
gérer une crise comme Cuba, qui nécessitait une réactivité très forte) > installation d’une
ligne directe entre Washington et Moscou (le téléphone rouge).
Petite histoire du téléphone rouge : installé en 1963, il fonctionne pour la première fois en
1967 quand les soviétiques préviennent les américains des débuts de la guerre des 6 jours
entre le monde arabe et Israël. La détente passe donc par une communication, si elle n’est
pas encore idéale, à au moins le principe d’exister.
3. Prise de conscience de l’impossibilité d’un conflit nucléaire
Confrontation à partir de 1949 > l’URSS se dote du feu nucléaire. A partir de cette date, les
positions des uns et des autres évoluent jusqu’à des idées extrêmes (idéologie de la
« MAD » : destruction mutuelle en cas de guerre nucléaire, les USA et URSS construisant des
arsenaux nucléaires suffisants pour s’assurer de la destruction totale de l’adversaire).
Cuba révèle l’échec de la dissuasion nucléaire fondée sur la Terreur : prise de conscience que
l’usage de l’arme est en fait impossible (risque d’une auto-destruction en cas de riposte
adverse, riposte que l’on ne peut pas empêcher).
Début d’un dialogue dans le but de limiter la construction des armes nucléaires (accords
SALT en 1969)