Présentation Julie Noël 2015

Transcription

Présentation Julie Noël 2015
2015-02-26
Perdre ou confier la garde
de son enfant :
l’expérience
des mères biologiques
JULIE NOËL
Étudiante au doctorat
École de service social
Université Laval
Webinaire
Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire
14 janvier 2015
Mise en contexte
• Mémoire de maîtrise
sous la direction de
Marie-Christine Saint-Jacques
École de service social, Université Laval
• Une étude inscrite dans la cadre de la
programmation scientifique du CentreJeunesse de Québec – Institut Universitaire
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Peu d’études sur le sujet
• Un évènement qui engendre généralement de la
souffrance
• Source de la souffrance
– Séparation mère-enfant; Éloignement des
proches (Sécher, 2010)
– Deuil interdit (Ellingsen, 2007)
– Perte d’un statut social qui leur semblait
naturel : celui de parent (Sellenet, 2010)
– Étiquette de « mauvaise mère » (Holtan et Eriksen,
2006)
But et questions de recherche
Comprendre le vécu des mères biologiques
1) qu’est-ce qui caractérise l’expérience de ces mères à la
suite du placement permanent ou de l’adoption de leur
enfant?
2) quelle est, au moment de l’entrevue, leur perception à
l’égard de leur pouvoir d’agir?
3) selon leur perception, quelle est la relation entre le
placement permanent ou l’adoption de leur enfant et
la transformation de leur pouvoir d’agir?
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Méthodologie
•Rencontre de 12 mères biologiques dans le cadre
d’entrevues semi-structurées.
•Échelle d’auto-notation sur leur perception d’être
maître de leur vie selon leur propre définition.
•Échelle de mesure du sentiment d’être maître de sa
vie (Statistique Canada, 2006).
Cadre théorique
"Empowerment"
Portrait des participantes
Elles ont eu de 1 à 4 enfants dont l’âge varie de 20 mois à 24 ans.
Milieux de vie des enfants:
• la plupart d’entre eux sont placés jusqu’à la majorité;
• quelques uns ont atteint l’âge adulte et habitent en appartement;
• deux sont adoptés;
• deux résident avec leurs parents en garde partagée.
Les contacts avec leurs enfants:
• certaines mères n’ont plus de contacts, alors que d’autres n’ont pas de
contraintes liées aux droits de visite. Cependant, la majorité des
femmes rencontrées ont des droits d’accès octroyés par la cour.
• les deux répondantes dont l’enfant a été adopté, partagent
annuellement des lettres et des photos avec la famille adoptive.
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Qu’est-ce qui
caractérise
l’expérience de ces
mères à la suite du
placement permanent
ou de l’adoption de
leur enfant?
Motifs menant au placement jusqu’à
la majorité ou à l’adoption
Une accumulation d’évènements
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Décision du projet de vie alternatif
de l’enfant
• Demande faite par la DPJ ou par l’enfant.
• La majorité n’étaient pas, de prime abord, en accord avec le choix
du projet de vie alternatif pour l’enfant.
• Sachant qu’elles avaient peu de chances, quelques-unes se sont par
la suite résignées et ont accepté le placement jusqu’à la majorité ou
l’adoption.
• Quelques répondantes étaient en accord avec la proposition de la
DPJ, d’autres ont contesté la décision prise par le juge en faisant
appel.
• Une d’entre elles n’était pas présente lorsque la décision a été prise.
La plupart sont satisfaites du milieu
de vie de l’enfant
Satisfaction
Insatisfaction
• Collaboration entre la mère
et la famille d’accueil
• Bien-être de l’enfant
• Manque de collaboration avec
la famille d’accueil
• Difficultés quant au partage
d’informations ou des
pouvoirs décisionnels
• La qualité des soins apportés à
l’enfant
• Les propos malveillants tenus
par la famille d’accueil à leur
égard
• Les différences sur le plan des
valeurs
• Dans les situations
d’adoption, les photos et
lettres reçues peuvent
sécuriser les mères
biologiques, à l’égard du
bien-être de leur enfant
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Leurs
préoccupations
L’opposition
à l’adoption
de leur
enfant
• la croyance que la
maternité est naturelle
• les liens biologiques sont
plus importants que ceux
créés avec la famille
d’accueil
• maintenir des liens avec
l’enfant
Leurs
préoccupations
Les contacts
et les droits
d’accès
• Souhaitent plus de contacts
• Des émotions contradictoires (stress,
bonheur et tristesse)
• Un fossé s’élargit entre elle et l’enfant
– Valeur et mode de vie
– Conditions économiques
• Celles qui ont de la difficulté à
respecter les contacts prédéterminés
– Développer un lien avec l’enfant
– Respecter un horaire
– Réduire les contacts afin
d’être plus assidue
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Leurs
préoccupations
• Difficile à comprendre
Le retour de • Source d’espoir
l’enfant à
l’adolescence • Une vie entre
parenthèses
Leurs
préoccupations
Le désir de
mettre au
monde un
autre enfant
• Confirmer leur capacité
parentale
• Une place importante dans
le projet de vie de la mère
• Crainte qu’un nouvel
enfant soit retiré
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Leurs
préoccupations
• Honte
• Peur d’être étiquetée
La
comme « mauvaise
stigmatisation
mère »
sociale
Cacher
l’existence de
leurs enfants
placés
Les sentiments
au premier retrait de l’enfant
•
•
•
•
•
La peine
La colère
L’inquiétude
La culpabilité
L’impuissance
La colère extériorisée est dirigée
contre la personne qui a fait le
signalement, des membres de la
famille, un ex-conjoint ayant des
comportements violents,
l’intervenant de la DPJ ou contre
l’enfant qui a choisi de vivre avec sa
famille d’accueil.
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Recrudescence de comportements
autodestructeurs
« je voulais les camoufler avec de la drogue.
Je ne voulais (pas) pleurer puis je ne voulais
(pas) pogner les nerfs, pour briser mettons
des affaires qu’ils y avaient chez nous. Ça fait
que moi la façon de ne pas péter de coche si
on veut, c’était de consommer de la drogue
puis de geler mes émotions, des cacher pour
ne pas que le monde s’aperçoive que j’avais
de la peine . » (Andréanne)
Les sentiments et réactions =
Un processus de deuil ?
« Ça fait vivre un deuil, c’est
sûr que c’est un deuil de
perdre son enfant. C’est de
vivre comme une
mortalité. » (Anne-Sophie)
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déni
« Mon chum il me dit,
Andréanne je ne veux
pas te décevoir, mais
il est placé jusqu’à ses
18 ans. Je lui dis non
non non non, il va
revenir un jour tu vas
voir. »
dépression
« Ça faite bang là tu sais.
Je ne mangeais plus, je ne
sortais même pas de mon
lit. J’ai eu des idées
noires. » (Cassandra)
« Je commence à pleurer là, je
commence à accepter que
c’est ça ma vie, c’est ça la
situation, et que j’ai à passer à
travers ça. » (Maryse)
marchandage
« C’est moi qui l’a
habillée. Je lui ai mis son
petit habit de neige. Je lui
ai mis ses petites
mitaines, je lui ai mis ses
petites bottes. C’est moi
qui lui a demandé si je
pouvais l’habiller pour
une dernière fois, puis ils
ont accepté. » (Amélie)
acceptation
« Je vis bien avec ça. Je ne
peux dire vraiment rien de
plus, je vis bien avec ça
tout simplement. Je
m’ennuie, mais quand j’y
pense, quand je me
trouve à y penser, je
regarde les photos, puis
juste de la voir sur les
photos ça m’apaise un
peu. » (Amélie)
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Quelle est, au
moment de
l’entrevue, leur
perception à l’égard
de leur pouvoir
d’agir?
Être maître de sa vie :
définitions
• Prise de décision : la liberté de choix, décision et
responsabilisation.
• Obstacles personnels et structurels à la capacité de
prendre des décisions pour soi :
• la difficulté à s’aimer ou à gérer ses émotions,
• le sentiment d’impuissance éprouvé (dynamique
de violence conjugale),
• la stigmatisation sociale.
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Répondantes
Échelle de mesure du
sentiment de contrôle
personnel
Perception être maître
de sa vie selon leur
propre définition
Anne-Sophie
Maryse
Isabelle
86 %
71 %
71 %
20 %
70 %
20 %
Lysa-Marie
81 %
80 %
Stéphanie
57 %
50 %
Barbara
Véronique
86 %
95 %
85 %
95 %
Valérie
Andréanne
Claire
Cassandra
71 %
48 %
33 %
67 %
80 %
65 %
—
20 %
Amélie
100 %
100 %
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Selon leur perception,
quelle est la relation
entre le placement
permanent ou
l’adoption de leur
enfant et la
transformation de
leur pouvoir d’agir?
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Échelle d’auto-notation : perception
d’être maître de sa vie
100
Maître de sa vie, à partir de leurs définitions (Moyenne )
90
80
70
60
50
40
maître de sa vie à partir de leurs définitions
30
20
10
0
1er retrait
placement ou adoption
Aujourd'hui
Reprendre
du pouvoir sur leur vie
Ce qui facilite
• Le soutien de proches ou de
professionnels
• La réalisation de soi par le
travail, le bénévolat ou le
rôle joué auprès d’un autre
enfant
• Les changements apportés
dans les habitudes de vie
• Les échanges avec des
personnes ayant un enfant
suivi par la DPJ
Ce qui fait obstacle
• Ne plus avoir la garde de
leur enfant
• La stigmatisation
• La peur que la
confidentialité ne soit pas
préservée
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< 80%
pour les deux échelles de mesure
• Appartement
• Emploi ou programme de réinsertion social
< 95%
pour les deux échelles de mesure
• habitent en appartement, ont un conjoint et un travail
• ont eu leur enfant qui est placé jusqu’à la majorité ou adopté avant
l’âge de 20 ans
• n’ont jamais eu de diagnostic pour un problème de santé mentale
• ont consommé des drogues avec excès et expliquent avoir cessé de
consommer sans aide
• ont toutes les deux, une intervenante qui est très présente et
significative pour elles
• ont eu un suivi auprès d’un psychologue
• ont une excellente relation avec leur père biologique ou leur père
d’accueil avec qui elles discutent plusieurs fois par semaine
• nomment accepter aujourd’hui le placement ou l’adoption de leur
enfant
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Discussion
• Réaction liée à la perte qui
s’apparente au deuil
• Redéfinition du rôle de mère
• Stigmatisation perçue ou
subie
Les limites de l’étude
• Échantillon de volontaires
• Placement jusqu’à la majorité et adoption
examinés comme une même réalité
• Les résultats ne permettent pas de
distinguer les interventions effectuées
avant ou après 2007, soit depuis les
modifications à la LPJ
• Perception des mères (de façon
rétrospective)
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MERCI DE VOTRE ATTENTION
[email protected]
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