SEXUALITÉ Des associations de handicapés demandent un
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SEXUALITÉ Des associations de handicapés demandent un
25 SEPT 09 Quotidien Paris OJD : 123352 Surface approx. (cm²) : 1010 N° de page : 28-29 11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 Page 1/4 Handicap de vie intime SEXUALITÉ Des associations de handicapés demandent un statut, qui existe dans d'autres pays, pour les assistants sexuels. Un service comme un autre? Par JULIA TISSIER du handicap. «On connaît des situations Les assistants sexuels exercent légalede mamans qui masturbent leur fils, ssistants sexuels, aidants ou ment depuis des années en Allemagne, des soignants très embêtés avec accompagnants, il y a plu- aux Pays-Bas, au Danemark et en sieurs façons dè les désigner. Suisse. Ils suivent une formation et sont les érections déjeunes garçons. » Hommes ou femmes, ils pro- issus du milieu médical, paramédical ou Carole Thon de I association contre les myopathies diguent, contre rémunération, massa- de la prostitution. Marcel Nuss, fondages, caresses et vont parfois même jus- teur de la Coordination handicap et qu'au coït pour permettre à des autonomie (CHA), lui-même handicapé, personnes handicapées d'accéder à une milite pour un système similaire en France : la mise en place d'un «accomsexualité. Prostitution ou droit à la sexualité des pagnement à !a vie affective et sexuelle» handicapés? Cet été, à une semaine dont le but, estime-t-il, est «d'aider la d'intervalle, deux tribunes publiées personne à se réapproprier son corps, à se dans Libération ont fait surgir cette reconnecter à sa corporate». Même s'il question taboue: quel accompagne- ne se fait pas d'illusion : «fl ne faut pas ment sexuel pour les personnes handi- rêver, V accompagnement sexuel est une capées ? Certains redoutent l'institu- réponse, pas LA réponse en matière d'aftionnalisation de la prostitution. Les fectivité.» Marcel Nuss constate une autres refusent l'amalgame. En France, «demande forte des handicapés» qui le débat est loin d'être clos. Prêt à re- «sont confrontés au déni mais aussi à la bondir le 9 octobre, journée mondiale frustration». Carole Thon, de l'Association française contre les myopathies (AFM), évoque également l'urgence de A HANDICAP3 4621131200501/GYP/ATM/1 Eléments de recherche : ACTUALITE SUR LE HANDICAP MENTAL ET MOTEUR : passages significatifs 25 SEPT 09 Quotidien Paris OJD : 123352 Surface approx. (cm²) : 1010 N° de page : 28-29 11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 Page 2/4 HANDICAP3 4621131200501/GYP/ATM/1 Eléments de recherche : ACTUALITE SUR LE HANDICAP MENTAL ET MOTEUR : passages significatifs 25 SEPT 09 Quotidien Paris OJD : 123352 Surface approx. (cm²) : 1010 N° de page : 28-29 11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 Page 3/4 la situation «On connaît des situations de mamans qui masturbent leur fus, rappor te t elle, des soignants, tres embêtes avec les érections déjeunes garçons handicapes, qui donnent un coup de mam, répriment au. font semblant de ne pas voir » Les directeurs d'établissements français dans lesquels resident des personnes handicapees sont souvent les premiers confrontes aux demandes de leurs pen sionnaires Certains n'hésitent pas a se mettre dans l'illégalité et a faire appel a des professionnels du sexe «Toutes tes associations, dans îeurs reseaux locaux, ont des numeros de prostituées qui accep tent de prendre des personnes en situation de handicap», lâche un salarie d'asso ciation Claudette, travailleuse du sexe a Geneve, confirme «J'ai ete appelée deux ou trois fais par des directeurs d'eta bassement en Suisse, et en France aussi » Ceux ci font appel «a des professionnel pour eviter que ça tourne a l'obsession et dégénère avec les autres pen sionnaires» Depuis une di zame d'années, Claudette a un client, «paralyse du cote gauche», qui vient «toutes les trois semaines» Elle en parle comme d'un «rapport un peu difficile», car c'est elle qui «fait tout le boulot», rigole t elle «Je le déshabille, le douche, on fait ce qu'on a a faire et je le rhabille » «GÉNITALITÉ». Maîs qui, en France, pourrait assurer la fonction d'aidant sexuel7 Dans les pays ou l'accompa gnement sexuel existe, «!espersonnes qui se dirigent vers ks formations ont déjà une experience du corps ce sont des ki nes, des esthéticiennes, des masseurs et des soignants en regle generale», enu mere Carole Thon de l'AFM Ou des professionnels du sexe, comme en Suisse allemande Marcel Nuss estime qu'il faut avant tout «avoir un vécu et un rapport a son corps et a sa sexualité suffi somment equilibre» Carole Thon, de l'AFM, regrette que le debat tourne souvent autour de la «ge nitahte» Dit autrement «Ce ne sont pas forcement des demandes de pénétration maîs de sensualité Nous sommes face a HANDICAP3 4621131200501/GYP/ATM/1 des corps qui ne connaissent pas le eon tact, si ce n'est le contact medical » Même constat chez Marcel Nuss «On est en tram de se focaliser sur le cul alors que la premiere demande, c'est d'être en tendu La deuxieme, c'est le respect de l'intimité Dans les etablissements, on rentre dans les chambres comme dans un moulin » Et obtenir une chambre double est quasiment impossible pour les rares couples de handicapes MARCHANDISATION. Certains jugent la frontière entre l'accompagnement sexuel et la prostitution tres mince Trop Claudine Legardimer, journaliste, specialiste de la prostitution et proche du Mouvement du nid, une association militant pour la disparition de la presti tution, redoute un glissement vers une marchandisation de la sexualité «Même si I on cree cette profession au nom des meilleures intentions du monde, on abou tira a une forme de légalisation d'un service sexuel rémunère et donc a une le galisation de la prostitution», explique t elle Plus précisément a une depenak sation du proxénétisme de soutien puis qu'un intermédiaire, famille ou person nel soignant, sera souvent nécessaire Cette féministe est convaincue que les femmes seront les seules concernées par le statut d'«assistante sexuelle» «Le service sexuel viendra parachever le retour de la femme traditionnelle, oublieuse de soi, de sa propre sexualité, de ses propres désirs» peut on lire dans la tribune pu bliee le 4 aout dans Liberation Un homme ne pourrait il pas devenir as sistant sexuel7 Dans les pays ou Tac compagnement sexuel est legal, on constate que la proportion d'hommes est a peu pres egale a celle des femmes Alors quelle alternative7 «Pourquoi pas un accompagnement sexué! bénévole ?» propose Claudine Legardimer Avec le risque de manquer cruellement de can didats •*• Michaël, infirme moteur, fait appel à une prostituée : «Je la vois le plus souvent possible» << >^ e sont vraiment des gens I qui devraient être rem \^J bourses par la Securite sociale » Voila comment Mi chael, provocant n'hésite pas a parler des travailleurs du sexe Infirme moteur cérébral depuis la naissance, cet ex agent admi mstratif de 37 ans peine a se de placer II fait souvent appel a des professionnelles du sexe Si son handicap ne l'empêche pas de vivre seul dans son ap partement pres de Pans, d'aller a la piscine ou a des soirees entre amis, il complique sa vie sexuelle Michael n'ajamais ete en couple «C'est dû en partie au handicap», précise t il Maîs il ne se voyait pas vivre sans sexualité II commence a y pen ser a «l'adolescence» Au début, Eléments de recherche : il en parle «maîs plus on grandit, moins on se confie» Pas évident de «déballer son sac» en famille «Ça ne revenait pas tous les jours sur le tapis » Michael commence par poster des annonces sur des sites II a «quèlques contacts», maîs ils n'aboutissent pas a des «rencontres intéressantes» II dit ressentir «des pulsions sexuelles au même titre que tout le monde» et a recours a la masturbation « Quand les hormones poussent au portillon, il faut bien se satisfaire soi même » Puis Michael décide, lorsqu'il a «une vingtaine d'an nees», d'aller «rueSaint Denis», a Paris, s'adresser a des prosti tuees G'est la qu'il a sa premiere relation avec une femme «en tre 40 et 45 ans» ll en parle comme d'une etape fondamen taie «C'est/ait, se dit il alors, on se considère comme normal quand on a fait certaines choses » Pendant quelque temps, il y re tourne puis se lasse L'année derniere, il tombe sur le site d'une femme pratiquant la do mmation II l'appelle «Ce qui rn 'a plu chez elle, e 'est qu 'elle ne rn 'a pose aucune question sur mon handicap Depuis, anne s'est plus quittes», lâche t il Michael la voit «le plus souvent possible», presque toutes les semaines La relation, tarifée, s'est muée en un lien amical «intense» S'il a trouve son equilibre, Michael déplore que la France soit «en retard» dans l'accompagnement sexuel, qu'il juge «primordial» pour les handicapes ACTUALITE SUR LE HANDICAP MENTAL ET MOTEUR : passages significatifs JT 25 SEPT 09 Quotidien Paris OJD : 123352 Surface approx. (cm²) : 1010 N° de page : 28-29 11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 Page 4/4 Alice, 50 ans, est assistante sexuelle en Suisse : «II faut d'abord que je lui plaise» A lice vient tout juste de termi/\ ner sa formation d'assistante À. JL sexuelle en Suisse. A SO ans, elle n'a eu l'occasion d'exercer qu'une seule fois. Son premier patient : un jeune homme de 27 ans, devenu tétraplégique après un accident de voiture. «Du jour au lendemain, il s'est retrouvé en chaise roulante, raconte Alice (i), le pire, e 'est le manque de sensations. En dessous de la ceinture, ils ne sentent plus rien. » La première fois, ils se rencontrent dans un lieu public «pour faire connaissance car il faut que je hdplaise», précise-t-elle. Le courant passe. Quèlques jours plus tard, elle le reçoit dans son studio. «Nous nous sommes déshabillés, puis j'ai posé mes mains sur ses jambes, son ventre et son sexe pour savoir HANDICAP3 4621131200501/GYP/ATM/1 quelles étaient Jes zones où il avait encore des sensations.» Alice l'a rassuré et conseillé sur la manière «de se comporter avec une partenaire dans sa nouvelle situation». La séance, qui dure «une bonne heure», est facturée une centaine d'euros. Alice s'est fixé des limites ; «pas de pénétration. » Pour devenir assistante sexuelle, Alice a suivi une formation organisée par l'association suisse Sexualité et Handicap pluriels (SEHP). Durant une année, à raison d'une à deux journées par mois, les futurs assistants sexuels rencontrent des sexo-pédagogues, des personnes handicapées et leurs familles. Et également des directeurs d'établissement, des éducateurs qui leur parlent de leurs «difficultés» : «Us sont démunis et ont besoin d'une aide Eléments de recherche : extérieure, neutre, explique Alice, feur cahier des charges leur interdit de toucher sexuellement les résidents. » Les candidats s'essayent ensuite à des exercices pratiques, entre eux, comme «des massages pour s'exercer au toucher, pour savoir ce que les personnes ressentent lorsqu'on les touche». Ils suivent aussi des cours de masturbation et visitent les établissements. Pendant sa formation, Alice y a rencontre un résident. «On s'est caressés, on s'est pris dans les bras puis il m'a touché la poitrine mais nous sommes restés habillés. » Régulièrement, des bilans psychologiques sont effectués «pour voir si l'on est mai à ! 'aise, si ça ne nous dérange pas que l'autre nous touche». J.T. O) Le prénom a été change ACTUALITE SUR LE HANDICAP MENTAL ET MOTEUR : passages significatifs