Les gens courent... Ils courent pour aller acheter du bonheur! Ils

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Les gens courent... Ils courent pour aller acheter du bonheur! Ils
Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – samedi 19 décembre 2009
Les gens courent... Ils courent pour aller acheter du bonheur! Ils veulent être heureux,
et vont acheter pour offrir, s'offrir des choses, des biens et pourtant lorsqu'on les
regarde d’un peu plus près que ce que les yeux permettent de voir, ils n'ont pas la
joie...
Il ne s'agit pas de les accabler en leurs disant que courir pour s'acheter du bonheur ne
donne pas la joie.
Courir après le bonheur ce n'est la encore que satisfaire l'ego, le « je veux avoir... » et
on sait très bien que satisfaire l'ego ne va pas très loin car en fait dès qu'il l'est, il veut
à nouveau autre chose...
C'est une des manifestations de la dissociation de l'être réel et de l'être superficiel. La
joie est un sentiment de vie et ça n'a rien à voir avec le bonheur d'avoir. Réveiller ce
sentiment de vie qui appartient au cœur, c'est pénétrer le monde de la sérénité et de
la sagesse.
Et lorsque l'esprit est serein et sage la course au bonheur devient complètement
inutile. Pratiquer zazen c'est pratiquer l'éveil du cœur.
Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – mercredi 23 décembre 2009
S'éveiller, c'est réaliser ici et maintenant la vacuité de chaque instant.
Ce qui peut sembler difficile dans la pratique de zazen c'est d'accepter la simplicité de
la pratique. Lorsque depuis Shakyamuni Bouddha on dit, on enseigne, on transmet
qu'il faut simplement s'asseoir et se concentrer sur la respiration, il est donné
l'essentiel de l'enseignement. Le reste ce ne sont que des greffons que l'ego de l'être
humain a ajouté à shikantasa, au « simplement s'asseoir ». L'ego ne peut pas se
satisfaire du fait d'être simplement assis sans que le cerveau ne participe à l'action,
sans que le « moi je » ne participe à l'action.
Lorsqu’on est véritablement concentré sur l'inspire, pas sur le début de l'inspire qu'on
oublierait de suivre jusqu'au bout, mais l'inspire au moment où celle-ci est-se fait par
l'obligation de vie, et que vous maintenez votre vigilance jusqu'au bout de cette
inspire, observez physiquement cette inspire, sentez celle-ci dans votre corps tout
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entier, ne séparez pas ce subtil moment de prise de vie qu'il y a dans la durée de
l'inspire et dans la sensation du corps. Comment celui-ci reçoit l'inspire, comment il
peut l'accueillir partout. Et au moment où cette inspire cesse et que débute l'expire,
la aussi ne vous dispersez pas, restez présent à cette expire, accompagnez-la jusqu'au
bout. Ne laissez pas votre mental s'échapper de cette vigilance.
Lorsque j'étais au temple de Sojiji, Fujita Roshi, le responsable des visiteurs, a
expliqué la respiration et il disait que « au bout, au bout du bout de l'inspire, avant
que l'expire ne surgisse, il y a un endroit où il y a ku », c'est à dire vacuité... Et l’expire
commence et naturellement l'inspire ressurgit etc. C'est l'énergie de vie, la puissance
de vie, le mouvement de vie... Un peu comme une balle que l'on lancerait en l'air et
arrivée en bout de course elle retombe. Malgré la rapidité de cet instant de bout de
montée et de début de descente, il y a un endroit, un moment où la balle s'arrête, où
elle ne bouge pas. Si le corps l'esprit tout entier est en relation avec cette respiration,
et ne quitte pas la présence à cette respiration, alors naturellement se réalise la
vacuité de chaque instant.
Être ici et maintenant un corps, un esprit en train d'inspirer, être ici et maintenant un
corps en train d'expirer.
Tour ce qui surgit, qui est en relation avec ce qui est considéré comme objet des sens,
ne prendra plus la place de notre attention à notre vigilance, à notre concentration. Il
ne se développe rien qui soit en relation avec ce que mes sens pourraient capter.
J'entends le son mais je ne l'écoute pas. Je vois les formes mais je ne les regarde pas.
Je sens les odeurs mais je ne les hume pas. Je ressens le toucher mais je ne touche
rien. Je sens la présence de mes pensées mais je ne les suis pas.
Ainsi, nous pouvons réaliser la vacuité de chaque instant, s’éveiller.
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