1785 affaire du collier

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1785 affaire du collier
1785
AFFAIRE DU COLLIER
Un jour, Mme de Boulainvilliers, femme du prévôt de Paris, avait
rencontré dans le village de Saint-Léger-sous-Bouvray, une petite fille qui
lui demandait de faire l’aumône à la petite-fille des anciens rois de France.
Etonné de cette formule de mendicité, elle fit arrêter son carrosse pour
questionner la petite fille, quand arriva le curé du village.
Le curé raconta que la fille disait vrai, qu’elle descendait
directement de Henri de Saint-Rémi, fils naturel d’Henri II et de Nicole de
Savigny. Elle l’emmena à Paris ; d’Hozier examina sa généalogie, et il fut
reconnu par lui que la petite Jeanne de Valois, son frère et sa sœur,
étaient légitimement possesseurs de la généalogie qu’ils s’attribuaient.
Un mémoire fut présenté à la reine : sur ce mémoire, trois
brevets de pension furent accordés aux enfants ; le garçon fut mis dans la
marine : il mourut lieutenant de vaisseau sous le nom de baron de SaintRémi de Valois.
Jeanne de Valois épousa, en 1780, un garde du corps de
Monsieur, le comte de la Motte ; lui ne percevait que ses appointements et
elle, une mince pension. Dévorée par le désir de briller, elle chercha les
ressources qui lui manquaient dans l’intrigue.
Les générosités de M. de Rohan envers la comtesse, atteignirent
vite le chiffre énorme de cent vingt mille livres avant l’affaire du collier.
Admise dans l’intimité de son bienfaiteur, Mme de la Motte parvint à
persuader le cardinal qu’elle était dans l’intimité de la reine ; elle vantait
les qualités rares du prélat, qu’elle avait dissipé les préventions qui le
tenait en disgrâce et qu’elle était prête à correspondre avec M. de Rohan.
Ces mots, dans une (fausse) lettre de la reine, eurent un plein
succès ; le cardinal avait récompensé les bons offices.
Henri-Clément Sanson,. Sept générations d'exécuteurs . Mémoires des Sanson. Tome troisème.
1862./ Gallica-BNF
1785
AFFAIRE DU COLLIER
Un magnifique collier avait été commandé par Louis XV aux
joailliers de la couronne. Le roi était mort avant que le collier, destiné à
Mme du Barry, eût été achevé. Le bijou était resté chez les joailliers.
Les joailliers l’avaient présenté à la reine Marie-Antoinette, mais le
prix de 1.800.000 livres avait tant effrayé Sa Majesté, qu’elle refusa de
demander au roi de lui acheter. Mme. de la Motte eut l’occasion de voir ce
collier. Les joailliers lui expliquèrent combien ils étaient gênés d’avoir une
valeur morte aussi considérable et promettaient un riche cadeau à qui leur
permettrait d’en assurer le placement.
La comtesse pensa que Marie-Antoinette, malgré son refus, lui
serait reconnaissante si cette dernière lui facilitait cette acquisition. Mme
de la Motte chercha à acquérir la parure royale, et il parait certain que M.
de la Motte entra dans le complot.
Mme de la Motte parvint à persuader le cardinal de Rohan que la
reine s’était décidé à acheter le collier à l’insu du roi et à le payer sur ses
économies, et qu’elle chargeait le grand-aumônier de faire cette emplette
en son nom. Rohan ne tarda pas à recevoir cette reconnaissance datée de
Trianon et signée Marie-Antoinette DE FRANCE.
Le cardinal traita avec les joailliers, sans leur cacher qu’il était
pour la reine. Le 1er février, Mme de la Motte reçut l’écrin contenant le
collier. En possession du collier, Mme de la Motte voulut davantage et elle
espéra compromettre la reine et le cardinal.
Le faussaire fabriqua de nouvelles lettres, dans lesquelles la reine
souhaitait rencontrer M. de Rohan dans les bosquets de Versailles, entre
11h et minuit ; Mme de la Motte, n’agissait pas à la légère, car elle avait
sous la main, une certaine Oliva qui semblait être le sosie de la reine.
Henri-Clément Sanson,. Sept générations d'exécuteurs . Mémoires des Sanson. Tome troisème.
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1785
AFFAIRE DU COLLIER
La scène se passa dans les bains d’Apollon : la reine (Oliva), remit
une rose au cardinal, qui suffoquait d’émotion, puis se séparèrent.
Pendant ce temps, les joailliers commencèrent à s’inquiéter, ils
sollicitèrent une audience auprès de Sa Majesté, et découvrirent la fraude
dont ils étaient les victimes. Le nom du cardinal commença à se répandre
et à arriver à M. le baron de Breteuil, ennemi personnel du cardinal.
M. de Breteuil informa la reine des rumeurs qui couraient sur
elle ; rumeur qu’elle démentit.
Le 15 août, le cardinal fut appelé auprès du roi et de la reine. Le
roi demanda au cardinal s’il avait acheté des diamants à Boehmer, Rohan
l’affirma et précisa qu’il avait chargeait Mme la comtesse de la MotteValois de les remettre à la reine. Le roi et la reine blâmèrent le cardinal de
s’être laissé berner ainsi ; et le roi lui demanda de se justifier par écrit.
Le cardinal fut ensuite arrêté, et Mme de la Motte le fut également
à Bar-sur-Aube où elle s’était réfugiée ; à la suite de ses accusations, M.
et Mme Cagliostro furent arrêtés et peu après, Retaux de Villette, le
faussaire.
Dans la nuit du 29 au 30 août, tous les inculpés furent transférés
de la Bastille à la Conciergerie. Les débats s’ouvrirent le 22 décembre et
l’arrêt fut prononcé le 31 à neuf heures et demie du soir :
M. de la Motte, condamné par contumace (il s’était réfugié en
Angleterre), aux galères à perpétuité.
Mme de la Motte, condamnée à faire amende honorable, la corde
au cou, à être fouettée, marquée sur les deux épaules de la lettre V, puis
enfermée à l’Hôpital à perpétuité.
Retaux de Villette, banni à perpétuité du royaume.
La demoiselle d’Oliva, hors de cour.
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AFFAIRE DU COLLIER
Le sieur Cagliostro et le cardinal, innocentés.
Le 21 juin, Mme de la Motte avait montré tant de violence dans
ses actions et dans ses réponses ; que M. de Fleury manda l’exécuteur
pour qu’il vint lui faire entendre son jugement.
A six heures du matin, elle fut étendue sur la plate-forme et la
flagellation commença et elle reçut douze coups de verges. Sa robe fut
déchirée de manière à lui dégager les épaules ; le bourreau prit un fer sur
le réchaud et lui imprima le V de voleuse sur la peau de chacune des
épaules. Justice était faite et Mme de la Motte fut conduite à la
Salpêtrière.
Sa détention ne dura que dix mois, car, au mois d’avril suivant,
elle parvint à s’échapper et alla rejoindre son mari à Londres. Elle y
mourut le 23 août 1791
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