historique de la 6 édition de l`organon de samuel hahnemann1

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historique de la 6 édition de l`organon de samuel hahnemann1
HISTORIQUE DE LA 6e ÉDITION DE L’ORGANON
DE SAMUEL HAHNEMANN 1
Par Sylvie Gendre D.Hom.
École d’Homéopathie Classique
www.ecolehomeo.com
Dès 1780, Hahnemann écrit différents articles médicaux sur certains types d’empoisonnement,
sur les vertus médicinales de certaines substances, sur l’hygiène de vie en général… Il continue
tout au long de sa vie de mettre par écrit ses observations, ‘’ses recettes’’, ses critiques et ses
mises en garde. Il resterait d’ailleurs d’innombrables travaux, documents, manuscrits,
correspondances qui n’ont jamais été publiés. Nous ne pouvons être que reconnaissants vis-àvis d’Hahnemann pour son ardeur et sa rigueur à publier sans relâche son enseignement.
Vers 1810, lorsqu’il publie la première édition de l’Organon de l’art de guérir, Hahnemann
expose clairement sa démarche thérapeutique basée sur le principe de similitude ; il publie les
autres éditions en 1818, 1824, 1829 et 1833, année de la cinquième édition de l’Organon.
Hahnemann passe donc plus de 20 années de sa vie à éclaircir, fignoler, corriger, ajuster,
parfaire sa création. En même temps qu’il remanie l’Organon, il travaille à l’élaboration du Traité
des maladies chroniques, dont la rédaction se fait sur quatre éditions successives de 1830 à
1839. Certains passages des deux œuvres se recoupent ou même se répètent, mais la
méthodologie et la philosophie y prennent forme et se précisent. Hahnemann a donc à cœur de
faire part au plus vite à ses contemporains de ses résultats cliniques, de ses remarques
personnelles et de certaines explications importantes. C’est pourquoi les parutions se succèdent
aussi rapidement, cependant, le but final ne semble jamais être atteint par l’auteur puisque d’une
œuvre à l’autre, les différences sont nettes, principalement dans l’application et la fabrication du
remède.
Malgré tous les efforts de Samuel Hahnemann, l’histoire n’a pas facilité les choses, empêchant
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l’unanimité de se faire dans le monde de l’homéopathie : le 6 Organon, c’est-à-dire les dernières
directives du Maître, n’est publié que huit décennies après sa mort. Cette dernière œuvre a été
parfois mal traduite, souvent critiquée et même carrément réfutée. C’est pourquoi il est d’autant
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plus important pour nous d’étudier aujourd’hui ce 6 Organon «dans tous ses recoins», puisque
Hahnemann y travaille jusqu’à son dernier souffle, avec le souci constant de laisser derrière lui
une œuvre terrestre bien faite.
Cherchant à tout prix à éviter les aggravations possibles du traitement homéopathique, il
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présente dans le 6 Organon un nouveau mode de fabrication des remèdes, de nouvelles
posologies ainsi que des directives très précises. Même s’il se sert lui-même de toutes les
dilutions pour soigner ses patients, Samuel Hahnemann se montre très soucieux du tort que les
thérapeutes ‘’peu connaissants’’ portaient à l’énergie vitale du malade.
Il résout ce problème en présentant, pour la première fois, dans son dernier Organon de
nouvelles formules plus diluées, selon des doses liquides appelées quinquagentésimales.
Lorsque Hahnemann est prêt à propager cet enseignement, il se trouve depuis peu en France,
son pays d’adoption qu’il apprécie pour sa beauté et sa culture. Mais les médecins homéopathes
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français de l’époque refusent le changement et par là-même l’enseignement du 6 Organon.
Autant Hahnemann continue jusqu’au dernier souffle à raffiner sa méthode et à vouloir la faire
connaître autant les homéopathes français s’opposent au développement de ce que Hahnemann
lui-même appelle ‘’l’Homéopathie pure’’.
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Reproduction partielle autorisée en indiquant la source
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Sans relâche, Hahnemann fait appel à des thérapeutes non médecins et à des médecins
homéopathes venant d’ailleurs pour enseigner et mettre en pratique ses dernières découvertes.
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Il connaît jusqu’à sa mort des entraves à la publication du 6 Organon qui on le sait n’est publié
que 90 ans plus tard en 1920. Et là encore, même un siècle plus tard, les doutes, les critiques et
le mauvais esprit viennent ternir l’œuvre qui se présente aujourd’hui comme un ouvrage rempli
de riches révélations mais ignorées par de nombres courants modernes.
Quant à l’enseignement de Kent, dont la tâche est de redonner les lettres de noblesse à
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l’Homéopathie, aussi fidèle et rigoureux qu’il soit, n’est basé que sur le 5 Organon. Kent fait
revivre de façon grandiose les instructions d’Hahnemann mais hélas incomplètement. Puisque le
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6 Organon est la prolongation directe du 5 et le couronnement. C’est pourquoi Il nous revient la
tâche de se remettre à l’étude et à la pratique de l’œuvre achevée.
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On peut dire que le 6 Organon représente l’apothéose, l’étape ultime du chercheur.
Cependant les contemporains d’Hahnemann et même ses successeurs étaient-ils vraiment prêts
à ses révélations puisque encore aujourd’hui l’utilité des doses liquides, l’usage de la
dynamisation à chaque prise et l’application des LM sont encore loin d’être pris au sérieux ?
L’Organon représente une œuvre fondamentale, où définitivement la médecine homéopathique
se dissocie, se démarque de la ‘’vieille’’ école médicale, par des bases et des principes tout à fait
différents. Hahnemann y décape en quelque sorte les croyances limitées, les hypothèses floues,
les erreurs et même les dangers de la médecine dominante ; de plus, il montre clairement sa
désapprobation envers ‘’les faux homéopathes’’ : ‘’lorsque les homéopathes essayent de mêler
les pratiques fautives de l’allopathie à leurs prétendus traitements homéopathiques, ils montrent
par là qu’ils n’ont une connaissance complète de notre doctrine (…). Ils agissent souvent par
cupidité et par d’autres motifs moins nobles’’ (préface de l’Organon 1833).
La lecture, comme cela se faisait aisément à l’époque, est facilitée par des subdivisions
numérotées appelées aphorismes : cela permet de faire référence à tel ou tel passage en
mentionnant simplement le numéro du paragraphe.
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Les grands principes de l'homéopathie sont toujours les mêmes du 1 au 6 Organon mais dans
la toute dernière édition Hahnemann cherche à optimiser les chances de la guérison surtout pour
les maladies profondes, chroniques et les malades ''difficiles''. S. Hahnemann met à disposition
des moyens pour : - accélérer les premiers signes de guérison, - éviter l'aggravation, - permettre
des changements de remèdes plus rapides, tout cela dans le but de guérir de façon plus efficace
le plus grand nombre possible de malades.
Il continue de préconiser l'utilisation d'un seul remède mais l'action limitée et insatisfaisante de la
préparation en CH le conduit à faire part de ces observations : - les différentes étapes des CH 6 12 - 24 - 30 présentent un trop grand ''saut'' entre chaque niveau de dilution, - la fréquence et la
force de l'aggravation sont à diminuer, - trop d'échec, trop de rechute surtout sur les cas
chroniques ou graves, - manque de sérieux et de travail en profondeur chez certains
homéopathes.
(Voir note du §155) : «s'adonner à cette recherche difficile parfois très laborieuse et réfléchir au
choix du remède le plus homéopathique… exige cependant toujours l'étude des sources même
associées à une circonspection accrue et à une réflexion sérieuse… Comment ce travail ardu,
minutieux, qui rend seul possible la guérison la plus parfaite pourrait-il plaire aux adeptes de la
nouvelle secte de bâtards qui se rengorgent du nom honorable d'Homéopathes, administrent
même, pour sauver les apparences, des remèdes qui ont la forme et l'aspect des médicaments
homéopathiques mais dont ils n'ont cependant compris l'action qu'assez superficiellement…»
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À nous homéopathes du 21 siècle, il nous revient donc la tâche de lire et relire les principes de
l'Organon, mais aussi de respecter les mises en garde et les objectifs si clairement énoncés par
le fondateur de l'homéopathie. Les objectifs thérapeutiques sont bel et bien la guérison par un
seul remède, la guérison profonde et à long terme en évitant le plus possible les fortes
aggravations et la suppression des symptômes locaux. L'étude sérieuse et approfondie de la
Matière médicale ainsi que les observations cliniques consciencieuses doivent être poursuivies et
cela sans abus, sans gloriole, ni recherche de pouvoir. Il est vrai que dans notre monde moderne,
de telles pratiques paraissent encore étranges et même ridicules car trop subtiles et trop
immatérielles… et pourtant l'organisme lui-même est un véritable laboratoire homéopathique :
par exemple certaines sécrétions hormonales ne sont-elles pas des dilutions infinitésimales que
les battements réguliers respiratoires et cardiaques dynamisent sans cesse ?
Même si toutes les recherches sur l’importance de l’eau comme support de messages vibratoires
sont sans cesse réprimées et la conception immatérielle de l’organisme ridiculisée, l’œuvre
d’Hahnemann n’est peut-être pas pour longtemps œuvre du futur. Plus on étudie en profondeur
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le 6 Organon, plus on s’informe des procédés utilisés par certains de nos contemporains, plus
on se rapproche de l’héritage que nous a laissé Samuel Hahnemann. S’il était encore trop tôt en
1843 pour bien assimiler ses instructions, il serait temps cette fois grâce aux découvertes sur
l’eau de faire des liens.
Ainsi, d’une part, l’eau peut diffuser l’énergie, tout comme elle propage le son, la chaleur et le
courant électrique et, grâce à son pouvoir de conduction, elle peut transmettre des informations
que les animaux marins – poissons, dauphins, baleines, entre autres – captent aisément ; d’autre
part, l’eau peut accumuler de l’énergie, sous forme de chaleur ou d’énergie potentielle, mais elle
peut aussi nous le savons aujourd’hui, stocker des informations, dont tirent notamment partie
l’homéopathie ou la thérapie florale de Bach.
On découvre qu’il y a une véritable réorganisation de l’eau chaque fois qu’il y a succussion : on
parle de plus en plus de dynamisme de l’eau. Nous ne pouvons donc passer à côté de
nombreuses recherches faites actuellement sur ce sujet qui concerne directement les bases de
l’homéopathie, sa compréhension et son application.
Nous ne pouvons comparer l’Organon à d’autres œuvres médicales occidentales puisque nous
ne possédons aucun outil thérapeutique de cette envergure. Il reste encore très difficile de nos
jours d’aborder de façon aussi claire et méthodologique
des concepts sur la santé, le médecin, le patient et encore
moins sur la maladie !
Son écriture :
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Pour écrire sa 6 édition, Hahnemann utilisa un exemplaire
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de sa 5 édition. Il écrivait directement sur les pages de ce
livre, et notait donc toutes les corrections qu’il voulait
apporter. Lorsqu’il manquait de la place, il collait des
feuillets sur les pages du livre et lorsque ces feuillets
étaient remplis il en recollait d’autres ensuite. Cela donnait
au final des pages qui pouvaient mesurer plus d’un mètre
de long. Hahnemann rédigea ses notes en vieil allemand,
d’une écriture fine que nous lui connaissons.
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Il termina la rédaction de la 6 édition en 1842 peu avant sa
mort, il écrivait à ce moment-là (février 1842) une lettre à
son éditeur de Düsseldorf : «Après 18 mois de travaux, je
viens de terminer la sixième édition de mon Organon, et
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celle-ci est la presque plus parfaite de toute» . A son décès le 2 juillet 1843, le manuscrit resta en
possession de Marie-Mélanie d’Hervilly sa veuve. Beaucoup d’homéopathes de son temps, en
particulier les américains, réclamaient à cette dernière qu’elle publie cette édition, elle autorisa
qu’il soit réalisé une copie manuscrite. Cette copie manuscrite fut faite mais elle la conserva... En
1870 la guerre franco-allemande éclate, Mélanie d’Hervilly accompagnée de sa fille adoptive et
de son gendre Karl von Boenninghausen quitte la France pour s’établir au domaine de la famille
Boenninghausen à Darup en Allemagne. À la mort de Mélanie, en mai 1878, l’héritage de
Hahnemann devint la propriété de la famille Boenninghausen qui resta indifférente aux
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demandes de Richard Haehl pour publier cette 6 édition. R. Haehl rassemblait déjà un grand
nombre de pièces et d’information sur l’œuvre d’Hahnemann et débutait un ouvrage racontant la
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vie d’Hahnemann . À la mort de Karl von Boenninghausen, l’héritage revint à un arrière-cousin
de la famille qui accepta l’offre de Haehl. Celui-ci dû trouver du financement et fut aidé par
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William Boericke et James W. Ward et réussit à racheter l’ensemble des manuscrits
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d’Hahnemann et donc celui de la 6 édition ainsi que sa copie manuscrite. Richard Haehl ne
conserva que la copie manuscrite et après avoir feuilleté et annoté l’original, il l’envoya à W.
Boericke qui la reçut à New-York en mai 1920. W. Boericke en a fait la première traduction
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américaine .
Cet original connut des pérégrinations aux États-Unis d’Amérique, à la mort de William Boericke
en 1929, James W. Ward le garda et en 1933 il en fit don à la Fondation homéopathique de
Californie. La Bibliothèque de la fondation, renommée Bibliothèque Ward en 1939 fut installée
dans le nouvel Hôpital Hahnemann en 1940. Le manuscrit gardé dans le coffre-fort du directeur
général de l’établissement fut transféré à la mort de celui-ci dans le coffre-fort de la secrétaire de
la Fondation (madame Engle) car au sein de la Fondation personne n’y était intéressé. En 1959,
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Pierre Schmidt , à l’occasion du congrès annuel de l’Association Hahnemannienne Internationale
de San Francisco désira voir le manuscrit mais en vain. Par la suite, madame Engle lui envoya
des diapositives du manuscrit. A la demande de Heinz Henne de «l’Institut d’histoire de la
médecine de Stuttgart», un microfilm du manuscrit intégral fut réalisé en 1971 à l'université de
Californie à Berkeley, puis envoyé à Stuttgart. Par la suite, l’Ouvrage fut remis à la Collection
spéciale de la Bibliothèque de l'Université de Californie de San-Francisco.
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Les éditions allemandes de la 6 édition de l’Organon sont issues de la transcription de Richard
Haehl parue en 1921 qu’il réalisa à partir de la copie du manuscrit et non de l’original. Il fallut
attendre 1992 pour qu’une édition allemande basée sur le document original soit publiée par
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Josef M. Schmidt mais aucune traduction en français de ce manuscrit à ce jour n’a été réalisée.
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Il existe deux éditions du 6 Organon en français :
1. Doctrine homéopathique ou Organon de l’Art de guérir, avec glossaire et annotations suivis
d’un Index établi par le Dr. Pierre Schmidt (de Genève). Traduit de la sixième édition
allemande, Vigot Frères, éditeurs, 1952.
Réimpression Librairie Geheber, Genève 1975.
2. Organon de l’Art de Guérir, sixième édition. Traduction de Renée-claire Roy. Réalisé sur
l’édition allemande de 1921, publiée par Richard Haehl. Éditions Boiron, mars 1984. (Le
tirage de cette édition a été limité à deux mille exemplaires, numérotés de 1 à 2000).
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In Cahiers de la Fondation P. Schmidt, Zürich Traduction F. Cousset.
Richard Haehl (1873-1932), médecin homéopathe allemand, premier biographe de Samuel Hahnemann grand
collectionneur des écrits et du matériel de Hahnemann.
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Samuel Hahnemann, seine leben, Richard Haehl, Éd. Dr. Willmar Schwabe, 1922
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William Boericke (1849-1929) médecin homéopathe américain, né en Autriche émigré à San-Francisco
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James W. Ward (1861-1939) médecin homéopathe américain
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Organon of Medecine by Samuel Hahnemann, sixth edition, translated with preface by William Boericke, md, Boericke &
Tafel, 1922
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Pierre Schmidt (1894-1987) médecin homéopathe suisse – étudia l’homéopathie aux USA
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Organon der Heilkunst – Textkritische Ausgabe der 6. Auflage – Bearbeitet und herausgegeben von Josef M. Schmidt,
Samuel Hahnemann, Karl F. Haug Verlag Heidelberg, 1992
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Copie du 5 Organon sur lequel Hahnemann a noter ses indications pour sa 6 édition :
http://www.library.ucsf.edu/sites/all/files/digital_collections/organon/organon.html
Copie du manuscrit du texte et des révisions d’Hahnemann, utilisé par le Dr Richard Haehl
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comme base pour la 6 édition (1921, Stuttgart) :
http://www.library.ucsf.edu/sites/all/files/digital_collections/haehl/haehl.html
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