1 L`Irlande, « tigre de papier » en proie aux aléas de la finance
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1 L`Irlande, « tigre de papier » en proie aux aléas de la finance
L’Irlande, « tigre de papier » en proie aux aléas de la finance Argumentaire Des perspectives socialistes sont possibles pour sortir par le progrès de cette crise bancaire et proposer une alternative au plan d’austérité injuste imposé au peuple irlandais. Surnommée le Tigre Celtique, l’Irlande connait avant la crise économique internationale- survenue fin 2007- une croissance économique « époustouflante ». Il n’est que de constater les résultats affichés pour les années qui précèdent la grande crise du capitalisme : encore 5,6% de croissance du PIB en 2007 contre 2,4 % en France, sans parler du taux de chômage alors inférieur à 5% en 2007 en Irlande. Mais à y regarder de plus près, l’Irlande n’est-elle pas un tigre de papier face à la crise financière qui court depuis 2008 ? Les dirigeants irlandais avaient suivi ses dernières années les préconisations libérales. Résultat ? La croissance irlandaise était bâtie sur le dumping fiscal (taux d’Impôts sur les Sociétés à un taux de 12% et assiette assez étroite par exemple) vis-à-vis des pays partenaire, une activité de crédit immobilier pratiquée sans prudence (à cause de la dérégulation) par des institutions financières, et la déréglementation du marché du travail. L’endettement des ménages, l’implantation de nombreuses multinationales (apport massifs d’investissements directs étrangers) et le financement de ses infrastructures par les fonds structurels de l’UE. Pourtant l’Irlande est le premier pays européen à entrer en récession en 2008. Avec son endettement immobilier massif, l’extrême développement des activités financières dans sa spécialisation économique et sa déréglementation du marché du travail, l’Irlande ressemblait à l’économie américaine, en plus petit. C’est pourquoi elle a été particulièrement touchée par la première phase de la crise financière. Aujourd’hui une seconde phase de la crise s’est ouverte en Irlande. Pour sauver le système bancaire (les banques sont en état de faillite à causes des actifs toxiques qu’elles détiennent toujours), l’Irlande consacre 30% de son PIB. C’est considérable. Les pertes des banques ont donc été transférées sur la dette publique, c’est-à-dire socialisés (c’est à l’ensemble des contribuables d’en supporter la charge désormais). Pourtant, l’Irlande continue de s’enfoncer dans la récession et les recettes fiscales sont en diminution. L’Etat irlandais n’est donc pas en mesure de réduire les déficits et s’adresse aux marchés financiers pour se financer. Ceux-ci ne croyant pas à une reprise de la croissance prochainement n’accepte plus de prêter aux taux d’intérêt d’avant crise : l’Etat Irlandais se finance à des taux d’intérêts plus élevés, ce qui alourdit encore la dette. C’est le cercle vicieux de l’emballement de la dette. Dans un contexte de récession, la réduction des dépenses publiques (la politique de rigueur) est contre-productive : elle empire la récession, et donc enfonce le pays dans l’endettement, car la diminution des dépenses publiques aboutie à une réduction de la demande (moins de commandes publiques pour les entreprises, moins d’allocations pour les ménages, moins de salaire dans la fonction publique). 1 Dès lors il faut trouver des solutions pour financer le déficit tout en travaillant au retour de la croissance. Pistes de solutions • Dans un premier temps, il faut avoir recours à l’aide financière du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF). Les fonds que celui prête permettent de ne plus s’adresser, temporairement, aux marchés financiers. • La BCE devrait prêter des fonds aux Etats par le biais de l’achat ou du rachat de titres du trésor. Le taux d’intérêt pourrait alors être d’1% (taux identique à celui qu’elle avait appliqué aux Banques mais qu’elle refuse d’appliquer au Etats !). C’est un processus de création monétaire, appelé « Quantitative Easing » en anglais. Les néolibéraux critiquent cette mesure, source selon eux d’inflation et de dépréciation du taux de change. Mais un peu d’inflation ne serait pas dramatique (bien au contraire) : en effet, tant que le pouvoir d’achat est maintenu ou augmente (et donc tant que les classes moyennes ne souffrent pas de l’inflation), l’inflation aboutit à une réduction du poids de la dette. De même, une dépréciation modérée de l’euro ne serait pas un inconvénient. La Chine et les Etats-Unis déprécient leurs monnaies. Résultat ? L’euro est surévalué et les exportateurs perdent en compétitivité. Une dépréciation de l’euro serait de nature à rétablir l’équilibre entre les monnaies, soutenir les exportateurs européens, et ainsi à tirer la croissance. 2