« Laissez faire, laissez passer »

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« Laissez faire, laissez passer »
Éditorial
Éditorial
« Laissez faire, laissez passer »
L
a rentrée politique a placé les
entreprises au premier plan. L’industrie tout d’abord a
occupé le devant
de la scène avec
la diffusion d’un
film institutionnel
affirmant (modestement) que « depuis trois siècles,
la France invente
son destin » ; ce film ayant pour
ambition de séduire et de promouvoir l’idée d’une « nouvelle France industrielle ».
PAR CLAUDE TARLET,
PRÉSIDENT DE L’USP, UNION DES
ENTREPRISES DE SÉCURITÉ PRIVÉE,
PRÉSIDENT DE L'ANAPS, ALLIANCE
NATIONALE DES ACTIVITÉS PRIVÉES DE
SÉCURITÉ,ET VICE-PRÉSIDENT DE LA
CoESS, CONFÉDÉRATION EUROPÉENNE
DES SERVICES DE SÉCURITÉ
LA NOSTALGIE PEUT-ELLE
PRÉPARER L’AVENIR ?
Démagogique, le film affiche
une forme de nostalgie qui
dérange. Car si les réalisations,
les succès industriels, les inventions de la France d’hier sont
largement mis en valeur…
qu’en est-il d’aujourd’hui, de
demain ? Au-delà de la nostalgie, flotte un air de colbertisme
sur ces « 34 plans industriels
de la France » qui sont censés relancer l’économie, la
croissance, créer de nouveaux
emplois, inverser la courbe du
chômage, relocaliser, etc.
Or, rappelons-le, Jean-Baptiste
Colbert, contrôleur général des
finances de Louis XIV (l’équivalent de notre ministre des
Finances) avait une idée fixe :
remplir les caisses du Royaume
sous couvert d’une forme d’interventionnisme décomplexé.
Est-ce la solution ? Et jusqu’où
doit aller l’interventionnisme
de l’État dans l’économie ? Nul
ne le sait.
LES ENTREPRISES ET
LES ENTREPRENEURS
Cet engouement pour les entreprises s’est vu confirmé par le
président lui-même lors d’une
allocution au journal de 20
heures le 15 septembre ; ce
dernier affirmant qu’il est « le
président des entreprises ».
Mais de quelles entreprises
parle-t-on ? Quelles sont les
entreprises qui, aujourd’hui,
créent la richesse de notre
pays ? Ce sont les TPE, le PME,
les – trop rares – ETI. C’est la capacité pour les entrepreneurs à
leur tête de prendre des risques
incroyables…. Et qui entendent
être rémunérés. Or, il n’y a pas
d’entreprise sans entrepreneur.
L’économie est avant tout une
affaire humaine, pas seulement
fondée sur les chiffres.
RELIRE TURGOT
C’est sans doute pourquoi les
entrepreneurs préfèrent Turgot à Colbert. Le Turgot citant
son mentor, Vincent de Gournay, qui considère que le gouvernement doit « laisser faire
les hommes, laisser passer les
marchandises ». Toute entrave
au travail et surtout au commerce doit être levée. Un principe qu’il ne faut toutefois pas
confondre avec le principe de
non-intervention. Dans cette
approche, l’état impulse, facilite, … donne les moyens aux
entrepreneurs de renouer avec
les marges, de reconstruire leur
capital, d’envisager et de bâtir
l’avenir, d’accroître leur horizon.
« Laisser faire, laisser passer »
voilà une idée qui devrait faire
son chemin… si on lui en laisse
la possibilité. Une idée qui
nous permettrait de travailler
sur le long terme, de construire
les solutions et les modèles de
2025, de définir un plan clair
pour que la France de demain,
celle de nos enfants, soit une
France de croissance et d’innovations.
Sécurité Privée 5