Notre avis vous intéresse - BDP de la Haute

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Notre avis vous intéresse - BDP de la Haute
« - Vous êtes un nazi ? demanda Charlie.
- Merci.
- Alors, vous haïssez les Noirs ?
- Non, fiston. Je hais les nègres. »
La Géorgie. Vous situez ? Etat du sud des USA. Bible Belt. Les gros ploucs racistes qui chassent le
Noir à coups de nœuds coulants, ça vous parle ? Il fait moite. L’ennui est un puits sans fond. Il faut
bien se distraire. Et Jubilation County, vous voyez ? Eh bien, c’est au milieu de la Géorgie. Un bar
paumé, rendez-vous des dealers de méth et des routiers en quête d’amour à deux dollars. Quelques
bagarres entre alcooliques autochtones ou paris sportifs sur combats de chien. Il ne se passe jamais
rien à Jubilation County. Le shérif Lang a tout le temps de penser. Dommage, ses idées sont noires.
Et puis, un samedi matin, le braquage de la succursale bancaire met de l’animation. La guichetière
est flinguée sur place et Charlie Colquitt, étudiant geek à la limite de l’autisme est pris en otage. Les
caméras de surveillance montrent la vidéo d’un homme méthodique, un pro. Un tatouage au
poignet : Les lettres A et B dans un trèfle à quatre feuilles. Aryan Brotherhood. Lang, sous l’autorité
de la pimpante Sallie Crews, police d’Etat, se lancent à la poursuite d’Hicklin, ex-taulard, fier
représentant de la suprématie blanche.Tout a l’air simple, dit comme ça. Les gentils vont-ils gagner
contre les méchants ? Mais voilà, Peter Farris évite l’écueil du manichéisme et dédie son talent au
service d’un décorticage en règle des mécanismes sociaux qui poussent les individus à faire ce qu’ils
font. Dernier appel pour les vivants n’est pas seulement diablement efficace, c’est un récit d’une
force terrible, extrêmement documenté, et si l’on croise évidemment des salauds de la pire espèce,
Hicklin est en quête de rédemption. Il y a du Harry Crews dans ce roman (dont une scène
hallucinante dans une église remplie d’adorateurs de crotales qui n’est pas sans rappeler La foire
aux serpents). Il y a du sang (beaucoup), de l’humour (noir, ça va sans dire) et des larmes (les
nôtres).
Marianne Peyronnet