Cinquième porrection : La tautologie péremptoire

Cinquième porrection : La tautologie péremptoire
« Les bicyclettes, c’est jamais que des vélos »
« Chaque fois qu’un café disparaît,c’est un bistrot qui meurt. »
« Ma frontière, c'est ma limite »
Ces Brèves de Comptoir magnifiques (la première de Gaffa, les deux autres relevées par le
père Gourio) illustrent à merveille le mécanisme dit de la tautologie péremptoire, consistant
pour le locuteur à affirmer, souvent avec force, une évidence qui se répète, entraînant
l’hilarité générale. La formule fonctionne à plein, et une plongée dans le dictionnaire des
synonymes permet de la décliner à l’envi :
« L'amour c'est s'aimer »
« Un chemin de vie c'est un parcours »
Notons que la tautologie péremptoire existe dans le langage courant, particulièrement dans
la philosophie petite-bourgeoise ainsi que l'a remarqué Roland Barthes, à travers des
énoncés comme « un franc c'est un franc », « le travail c'est le travail ». Mais comme elle
est morne et préméditée, elle sort doublement du champs de la BdC, autant que la tautologie
de fanfaronnade, illustrée par les « quand je baise, je baise », et autres « quand je danse, je
danse ».
La tautologie péremptoire contient parfois un glissement sémantique léger. Elle devient
alors une pseudo-tautologie péremptoire, comme dans l'exemple « faire l'amour c'est
baiser ».
L'opposé symétrique de la tautologie péremptoire (revenant invariablement dans les pires
radotages saoulographiques) est la formule prétendant énoncer une vérité profonde sous la
forme d'une nuance tautologique : « Attention ! Il y a arabe et arabe ! », « Attention ! Il y a
communiste et communiste ! », etc.