Le couple arrive aux Charbonnières à la fin du XIXe pour reprendre

Transcription

Le couple arrive aux Charbonnières à la fin du XIXe pour reprendre
Trajectoire des Brunner aux Charbonnières
On lit dans la bible de James Samuel Rochat :
Eglise nationale évangélique réformée du canton de Vaud. Paroisse de Le Lieu. Au nom de
l’église cette bible a été donnée à James Samuel Rochat et clara Rosalie Brunner. Le 21 mars
1902, jour de la bénédiction de leur mariage.
Que l’Etenel soit avec vous. Ruth II, v. 4. Aug. Mounoud pasteur.
A la page des décès il est noté (par Clara Rosalie) :
Maman. Madeleine Brunner Luëderach, décédée le 10 août 1897, née le 25 septembre
1897.
Papa. Théophile Brunner, décédé le 5 octobre 1897, né le 5 juillet 1850.
Le couple arrive aux Charbonnières à la fin du XIXe pour reprendre la gestion
du restaurant du Cygne à titre de locataire. Leur présence est à peine signalée
que voilà déjà mari et femme trépassés. A trois mois de distance. Que s’est-il
donc passé ?
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Théophile Brunner, né en 1850, décédé en 1897.
Le couple Madeleine et Théophile avec leurs deux filles, Clara, 1883, et Elise, 1879. On peut affirmer que cette
photo a été prise en Suisse-allemande en 1883 probablement.
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Clara Rosalie Brunner épousera James Rochat de l’Epine-dessus de bise :
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Elise née Brunner épousera Elie Rochat dit le Gros Elie.
Elise Rochat-Brunner, née en 1879 et qui devait décéder en 1952
Des enfants naîtront de cette union. Nous citerons Lisette, née le 19 octobre 1898.
Demeurée célibataire et étant restée toute sa vie aux Charbonnières, elle décédera en 1979. On
l’appelait La Lisette. Elie Rochat dit Joffre, descendu à Lausanne. Aline Rochat qui épousera
un Frioud du Pont. Méry qui épousera un Audemars. Et enfin Samuel Rochat dit Miet, le gros
Miet pour être précis, et qui vivra au Pont, pratiquant le beau métier de cantonnier. Un autre
enfant, appelé Elie-Henri, naquit le 9 juillet 1905 mais ne vivra que 4 ans pour décéder le 19
avril 1909, à 19 heures du matin.
Le petit garçon de gauche, doit être le gros Miet du Pont. Il peut avoir ici vers les treize ans. Né sauf erreur en
1913, cela nous reporte en 1926. A sa droite, sa mère, Elise Rochat-Brunner. Le beau vieillard du centre, n’est
peut-être pas de la maison, un voisin ?, tandis que le personnage corpulent de droite ne saurait être que le Gros
Elie dans ses habits de sortie, tout au moins on le suppose. La porte de la grange est ouverte, preuve que nous
serions… preuve de rien du tout, en fait. La maison ici garde encore bonne mine, tandis qu’avec les futurs
propriétaires, à partir de 1934, elle se dégradera peu à peu pour atteindre des sommets de décrépitude en 2007.
Epoque « heureuse » peut-être, mais la fin d’une époque quand même.
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Complément
En fait Théophile Brunner arriva à la Vallée de Joux beaucoup plus tôt qu’on
ne l’avait imaginé, et c’est en notre haute combe que naquirent ses deux filles.
L’une d’entre elle a été baptisée à l’église du Lieu :
Le mercredi dix octobre 1883 Clara Rosa Brunner fille de Théophile Brunner
et de Madeleine née Laëderach de Seedorf (Berne) domiciliés au Solliat
(commune du Chenit) née le dix-neuf avril 1883 et baptisée dans l’église du
Lieu.
Ce Théophile Brunner fut engagé par Lucien Reymond comme contremaître
brasseur. On sait la suite. L’homme ne donna pas du tout satisfaction et les
rapports entre le propriétaire et le locataire de l’entreprise dégénérèrent au point
de finir en un procès retentissant. Lucien Reymond devait raconter les faits de
cet épisode très particulier de l’histoire de notre région dans la brochure : Un
épisode judiciaire ou la Brasserie du Solliat, 2ème édition, revue et augmentée.
Thonon, 1888.
On tirera de cette brochure quelques informations concernant notre ami
Brunner !
Au mois de janvier 1873, j’avais besoin d’un contremaître brasseur. Me
trouvant à Lausanne, je fus, dans ce but, accosté par un jeune homme très
empressé et très poli, qui me dit s’appeler T. Brunner et m’offrit ses services.
L’engagement fut conclu. Le jeune homme se rendit au Solliat, où il parut se
trouver très heureux. Il attendait, dissait-il, un coffre volumineux qui n’arrivait
pas ; mais ce qui arriva, un peu plus tard au lieu et place du coffre
impatiemment attendu, ce fut une jeune demoiselle ; une belle et brune fille des
Vallées Bernoises, très empressée à la poursuite de mon contremaitre. Elle
venait réclamer de lui l’accomplissement de ses promesses et de ses
engagements.
Celui-ci, moins tendre et moins affectueux qu’il ne l’avait été auparavant
reçut fort mal cette fille et me demanda même de la mettre à la porte. J’aurais
peut-être agi sagement ; mais en cette circonstance comme en bien d’autres, je
procédai d’après ce que je croyais être le devoir et le bien, sans me préoccuper
des conséquences que cet acte pourrait avoir pour moi. Au lieu de mettre cette
femme à la porte, nous l’avons reçue, logée et avons travaillé à lui ramener son
inconstant et volage amant.
Je passerai sur bien des détails et dirai seulement qu’après avoir favorisé ce
jeune couple en toutes circonstances, dans les mesures du possible, je lui louai
la brasserie en 1875.
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L’Apache dont il a été question ci-dessus, tout en déclarant la guerre à son
propriétaire, tout en travaillant avec acharnement à sa ruine pour s’approprier
une partie de ses terres, avait conservé pour lui la dette de la reconnaissance.
Chez l’homme le plus sauvage, le souvenir de l’hospitalité ne s’efface jamais et
jamais non plus il ne paie par l’ingratitude.
Ce sentiment est trop vulgaire aujourd’hui. Le cœur des hommes qui
entendent faire marcher notre Vallée à la tête du progrès n’est pas accessible à
de semblables faiblesses. Monsieur Brunner, en homme habile l’a deviné. Il a
compris que de grandes qualités ne lui étaient pas indispensables. Du premier
coup d’œil il s’est aperçu que son propriétaire avait des ennemis et des
adversaires qui n’attendaient que l’occasion de se débarrasser de lui. Il a
compris tout de suite que le service de cette haine lui serait plus avantageux que
la pratique de quelques banales vertus.
Il connaissait l’histoire de M. de Chamillart, qui dût la bonne fortune de
devenir ministre à son adresse au jeu du billard. Il s’est perfectionné à
l’aspadille, il s’est exercé à d’autres prévenances et à d’autres détails qui,
quoique non prévus par les codes, touchent quelquefois cependant, et par
certains côtés, à la procédure.
Il a commencé à s’apercevoir qu’il pouvait impunément payer ses
domestiques en les mettant brutalement à la porte, et il en a logiquement conclu
qu’il en pourrait agir de même envers le propriétaire.
Et ainsi de suite, en route pour une belle bagarre juridique. On sait donc que
plus tard, Brunner déménagea aux Charbonnières pour reprendre l’Hôtel du
Cygne. Il ne devait pas y rester longtemps pour cause de déménagement, mais
définitif cette fois-ci ! Fut-ce à la suite d’un drame ?
La Brasserie est à gauche. Il serait bien difficile de savoir qui l’habitait à l’époque de la photo.
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