choix et implantation d`un systeme de monitoring
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choix et implantation d`un systeme de monitoring
1 MONITORING PARTICULAIRE Paru dans SALLES PROPRES N° 93 – CAHIER SPECIAL - Par Pascal BERTIN et Philippe DUHEM, INTERTEK Choix et implantation d’un système de monitoring Enregistrer les données établissant la qualité de l’environnement et le fonctionnement correct des installations est indispensable dans des zones à atmosphère contrôlée. Reste à choisir le système de monitoring adapté. La mise en œuvre de procédés sensibles à la contamination conduit à réaliser ces opérations dans des zones à atmosphère contrôlée dont le niveau de performance dépend de la criticité des opérations à réaliser et des produits fabriqués. Pour certains produits, des dispositions réglementaires encadrent ces conditions de production. C’est le cas pour la fabrication des médicaments stériles par exemple. La ligne directrice n° 1 des BPF Européennes indique notamment : “Clean room and clean air device monitoring 8. Clean rooms and clean air devices should be routinely monitored in operation and the monitoring locations based on a formal risk analysis study and the results obtained during the classification of rooms and/or clean air devices. 9. For Grade A zones, particle monitoring should be undertaken for the full duration of critical processing, including equipment assembly”. Les objectifs visés par ces dispositions réglementaires sont avant tout de garantir la sécurité du patient en se donnant les moyens d’anticiper et de prévenir les contaminations des productions, de permettre à l’industriel de détecter en temps réel une situation anormale ou à risque et de réagir face à cette situation, et éventuellement de réguler le process afin de maitriser en temps réel l’outil de production. Un autre but visé est de permettre d’enregistrer les données établissant la qualité de l’environnement et le fonctionnement correct des installations pour permettre la libération des produits et la conduite d’enquêtes et d’investigations en cas de situations anormales. Enfin, pour l’industriel, ces données vont permettre une meilleure connaissance de ses installations et de leur fonctionnement et potentiellement d’en optimiser le fonctionnement et la surveillance. Pour un industriel, prestataire de services, ces données peuvent lui permettre de présenter à ses clients la qualité et la performance de son outil de production. Le choix et l’implantation d’un système de monitoring passent par différentes étapes. L’étude d’implantation L’étude d’implantation permettra de déterminer le nombre de points de surveillance. Les stratégies de monitoring se distinguent nettement des stratégies de classification. En effet, dans une stratégie de monitoring, l’objectif visé n’est pas de cartographier la contamination mais de suivre le niveau de contamination à certains points définis comme critiques. Par ailleurs, les classifications vont donner des informations recueillies et valables à un moment donné, les données de monitoring doivent permettre un suivi dans le temps de la contamination. La détermination des sites de mesure du système s’appuie sur des résultats d’étude de cartographie de la contamination et des résultats historiques d’une part et les résultats d’une analyse de risque documentée d’autre part. Le choix des sites de mesure doit être à la fois représentatif de la situation aux points critiques du procédé, sans faire courir de risques supplémentaires aux unités produites. Il devra également tenir compte de 2 MONITORING PARTICULAIRE contraintes techniques de type accessibilité, espace disponible, cheminement des tubulures de prélèvement, etc. En tout état de cause, le choix de chaque emplacement devra être justifié. Schéma classique d’installation Pour la phase d’installation, une visite technique est nécessaire. Le choix du type de monitoring Différents types de systèmes peuvent être envisagés. Le choix dépendant du nombre de points à surveiller et de la configuration. Un compteur de particule autonome peut être adapté pour une surveillance limitée à un ou deux points. Jusqu’à une trentaine de points, le choix peut se porter sur un système intégrant un multiplexeur. Au-delà d’une trentaine de points, on choisira soit un système composé d’un capteur avec une pompe intégrée soit un système de capteurs avec une pompe externe. Les compteurs de particules autonomes sont plutôt réservés à des utilisations pour des campagnes de mesures ponctuelles ou en back up. Ils ont en général pas ou peu de réactivité sur les alarmes. Les données peuvent être enregistrées soit sur clé USB soit sur un LIMS via une liaison Ethernet. Les principaux avantages de cette solution sont le faible coût et la simplicité d’installation. C’est en fait une utilisation détournée d’un compteur de particules qui ne permet pas de disposer de données glissantes. Les compteurs de particules avec multiplexeur sont plus réservés aux zones de classes ISO 7 et ISO 8. La fréquence de mesure est généralement plus faible et dépendante du nombre de points de surveillance. Les données sont généralement intégrées dans une supervision. La distance entre les capteurs et le compteur peut atteindre 40 mètres ce qui peut altérer la précision des mesures, en particulier pour les particules de 5 microns. Ces systèmes sont généralement peu onéreux mais l’installation peut être rendue plus complexe du fait des grandes longueurs de tuyau. Attention, au plan réglementaire, ces solutions devront être proscrites des classes A et B pour lesquelles les longueurs de tuyau doivent être très courtes (inférieures à 1,5 m). Les capteurs de particules avec pompe externe. Utilisés pour les classes ISO 6 ou plus propres. Ils permettent une fréquence élevée de comptage et un très faible encombrement. Les données sont intégrées dans un système de supervision. Ces systèmes imposent l’installation d’un système de vide externe et donc la prise en compte de la maintenance de ces systèmes et la gestion de pompes de secours. Ces réseaux de vides externes devront faire l’objet de Qualification. Les débits de prélèvement sont réglés par des orifices critiques ce qui ne permet pas d’action de correction ou d’ajustement sur ces débits. Du fait de la présence d’une pompe externe, le coût des compteurs est plus faible. Les capteurs avec pompe interne. Ces solutions sont bien adaptées aux classes de type ISO 6 et plus propres. Elles permettent à la fois une fréquence élevée de comptage et un nombre de site de comptage illimité. Les problématiques de longueur de tuyau ne se posent généralement pas. L’installation est simple et peu onéreuse. En termes de maintenance, l’autonomie de fonctionnement de chaque capteur permet un remplacement pièce pour pièce et la panne ou le dysfonctionnement d’un capteur n’impacte pas tout le système de monitoring. La taille des capteurs est un peu plus élevée que celle des systèmes à pompe externe. Ces capteurs sont également plus coûteux. Le système de supervision associé Le câblage électrique est réalisé par les services internes de l’utilisation ou par un fournisseur externe. La supervision peut être une solution dédiée. Dans ce cas, le logiciel fourni est associé et spécifique des capteurs. Il peut cependant être compatible avec des capteurs d’un autre fabricant. Ce logiciel n’offre pas, ou très peu, de possibilités de personnalisation des fonctions. Les systèmes intégrés permettent l’intégration de logiciels propres à l’entreprise, garantissant ainsi des réponses parfaitement adaptées aux besoins spécifiques du procédé. En termes de transfert et d’acquisition de données, les solutions disponibles incluent les systèmes analogiques 4-20 mA, solution standard, facile à qualifier et disposant d’un mode de test mais limités en nombre de pas de mesure et remontant au travers d’un «contact alarm» une information d’alarme générale sans permettre de connaître la nature de l’alarme. De plus, une dérive de l’échelle de mesure dans le temps est à prendre en compte. 3 MONITORING PARTICULAIRE es systèmes de type Ethernet/RS 485 qui délivrent des valeurs numériques exactes et disposent d’une alarme système spécifique. Ces systèmes imposent l’existence d’un réseau existant. Le coût des capteurs est plus élevé et la configuration du système plus complexe. Enfin les systèmes sans fil (Wireless), plus récentes sur ce type d’équipement, présentent une grande facilité d’installation. Seule la portée du signal peut en limiter l’usage. Pour la phase d’installation, une visite technique préalable est nécessaire pour vérifier l’emplacement des capteurs et du compteur et déterminer les échelles de paramétrage de la supervision. L’installation comportera : par elle-même • La mise en place du système de vide centralisé + système de secours, • La mise en place et fixation des capteurs et supports, • Le raccordement et fixation de la sonde isocinétique et support, • Le réglage et paramétrage des capteurs, • La vérification des lignes de transmission de signaux : continuité et diélectrique, • La vérification du débit, • Les essais des capteurs, • L’étiquetage et repérage des capteurs. La réussite d’un projet de monitoring particulaire est conditionnée par le respect des règles de bonnes pratiques d’installation pour une garantir des mesure cohérentes, représentatives et recevables par les autorités de tutelle. Parmi les points de vigilance il faudra veiller à disposer de sondes isocinétiques, à s’assurer de l’absence de perturbation des mesures du fait de la luminosité en cas de sondes implantées directement sur les compteurs. L’orientation des sondes devra également être prise en considération. La liaison entre la sonde et le compteur peut également être une source de biais dans les mesures à cause de phénomènes de piégeage de particules dus au rayon de courbure, au cheminement, à la longueur du flexible. Ces flexibles devront également faire l’objet d’une surveillance régulière garantissant son intégrité, sa propreté. Un changement régulier est nécessaire. L’installation du compteur lui-même doit garantir sa protection contre des agressions extérieures dues au process, aux vibrations etc. Comme tous les systèmes critiques exploités dans un contexte GMP, les systèmes de monitoring doivent faire l’objet d’une qualification complète QI, QO, QP. La QI permettra de vérifier la réception du compteur de particules et de ses accessoires : • Réception, repérage et identification des accessoires du réseau de vide dans le cas de système munis de pompe externe, • Spécifications du compteur de particules, • Rapport d’étalonnage du compteur de particules, • Indentification du système de prélèvement, • Intégrité physique du flexible de prélèvement, • Repérage et identifications des compteurs, • Mise sous tension du compteur de particules. Lors de la QO, on procèdera aux essais de mesure du débit de prélèvement du compteur de particules : • Vérification de l’intégrité dynamique du flexible de prélèvement, • Test de comptage du zéro, • Test alarme débit compteur, • Dans le cas de système munis de pompe externe Test du débit du réseau d’air fourni Worst Case réseau de vide, Test alarme débit réseau, Test déconnexion réseau de vide/compteur, • Test alarme comptage, • Test comparatif avec un compteur de référence. Enfin la QP devra établir la présence des procédures et instruction d’exploitation du système telles que les dispositions d’étalonnage et de vérifications métrologiques, les dispositions de maintenance préventive et corrective. Pour les monitorings critiques, la gestion d’un parc «spare» est obligatoire pour éviter tous risques de rupture dans la mesure. Paramétrage des alarmes Un des objectifs du monitoring particulaire étant de se doter d’un outil capable d’alerter en temps réel d’une dégradation des conditions d’environnement, la question des limites de surveillance et du paramétrage des alarmes est cruciale. La détection d’une dégradation en temps réel impose une fréquence de meure élevée incompatible avec les dispositions de prélèvement prévues par la norme ISO 14 644-1 pour les particules de 5 microns dans les classes ISO 5. Par ailleurs, la LD1 précise que bien, que les limites réglementaires pour ces particules de 5 microns en ISO 5 soit de 20 par mètre cube d’air, la détection de particules de 5 microns dans une zone de classe A ou B doit être considérée comme un indicateur précoce de défaillance. Il n’est donc pas nécessaire (ni souhaitable) de paramétrer des prélèvements de 1 mètre cube, ce qui aurait pour effet de ne permettre d’obtenir un résultat que toutes les 35 minutes avec la plupart des compteurs. Par ailleurs, les seuils d’alarme devront être définis à partir des données historiques et de sorte à permettre de différencier des comptages dus à des artefacts de type bruits de fond, interférence lumineuse … d’une réelle dégradation de l’environnement. Ces seuils d’alerte devront être établis en s’appuyant à la fois sur des niveaux de comptage et sur des fréquences de comptage. En conclusion, Il n’y a pas de solution unique, chaque projet de monitoring devra être étudié et adapté à chaque situation particulière. La conduite de ce type de projet impliquera une définition claire des objectifs et des attentes du client, une étroite collaboration entre le client et les fournisseurs et devra faire l’objet d’un suivi et présenter suffisamment de souplesse pour s’adapter et s’ajuster aux situations rencontrées lors de la mise en service. La capacité des fournisseurs à assurer un accompagnement et la maintenance des systèmes constitue une des clés de la réussite.