Les Dupont et Dupond du PS bruxellois Elus + experts

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Les Dupont et Dupond du PS bruxellois Elus + experts
Elus + experts en
intercommunales ?
Commentaire
Les Dupont et Dupond
du PS bruxellois
Enquête dans les
intercommunales wallonnes.
Visée, la composition des CA.
Par Francis Van de Woestyne
Copie destinée à [email protected]
Avaient­ils un peu forcé sur le gros rouge
avant d’accorder cette pathétique interview
au “Soir”? Ou ont­ils vraiment livré le fond
de leur pensée? Toujours est­il que les
propos de Philippe Close et d’Yvan Mayeur
sur l’avenir de la Région bruxelloise ont
surpris et choqué.
Close et Mayeur. Mayeur et Close. Les Du­
pont et Dupond du PS bruxellois. L’un est
échevin du Tourisme (le père du beau sapin
sur la Grand­Place de Bruxelles), l’autre
président du CPAS. Fins tacticiens, tra­
vailleurs, bons connaisseurs des dossiers.
Mais surtout hommes de pouvoir. Et ton­
tons flingueurs, à leurs heures.
En dehors de la capitale, on les connaît peu.
C’est pourtant eux qui tirent toutes les
ficelles, à Bruxelles, eux qui ont déchiré
l’accord préélectoral qui les liait à Joëlle
Milquet. Le PS les a mis en quarantaine.
Mais il n’est pas sûr qu’ils y resteront long­
temps car il faudra bien, un jour prochain,
combler ce vide immense que laissera
Charles Picqué. Et à les lire, ce n’est pas
Rudi Vervoort, actuel président de cette
Fédé, qui y parviendra, seul.
Close et Mayeur. Ils ont donc des idées pour
changer l’architecture bruxelloise. Trop de
compétences éparpillées, trop de commu­
nes, trop de ceci, de cela. Les deux hommes
veulent bousculer. Là, ils n’ont pas tort. Il est
vrai qu’aujourd’hui, un chat n’y retrouve­
rait pas ses jeunes, un cumulard en oublie­
rait ses mandats. Sur ce plan­là, très bien,
allons­y. Le mille­feuille institutionnel
bruxellois est indigeste. Bruxelles, disent­ils,
manque d’ambition et de projets. En ont­ils,
Close et Mayeur? Cela, c’est moins sûr. On
les cherche dans cet entretien. Et quand on
évoque le futur ministre­Président de la
Région, on a droit à de la grosse soupe: “Il
faut que le PS trouve une modalité de désigna­
tion de son candidat tête de liste régional.
Nous, tout ce qu’on dit, simplement, c’est qu’on
veut être dans l’équipe.” Est­ce donc cela, leur
projet, faire partie de l’équipe…?
Mais il y a pire. Dans une de ses envolées,
Philippe Close, l’échevin bruxellois, déclare:
“Arrêtons de dire que Bruxelles est écroulée. On
a une économie qui ne va pas si mal, le pro­
blème, c’est qu’elle ne retombe pas sur ses
habitants. On n’est pas le Hainaut, ayons de
l’ambition.” On croirait du Bart De Wever,
soulignant l’excellence de la Flandre par
rapport à la déprime en Wallonie. Oui,
évidemment, le Hainaut a des problèmes
spécifiques. Mais ce n’est pas en enfonçant
une Région en difficulté que Bruxelles sera
plus belle. Bruxelles où le chômage des
jeunes atteint des sommets. Bruxelles­pou­
belle aux yeux des étrangers. Aux dernières
nouvelles, Close n’aurait pas dit ou pas
voulu dire les choses comme cela. Ses expli­
cations ne sont guère plus convaincantes.
Picqué parti, Moureaux prépensionné,
Onkelinx en réserve, Vervoort contesté.
Est­ce l’heure de Close et Mayeur? Pas sûr
qu’ils reçoivent les honneurs.
PARADOXES
L
es intercommunales sont décidé­
ment une catégorie à part. Ces asso­
ciations de pouvoirs locaux restent
hybrides dans le paysage comme hétéro­
clites entre elles (dans leur typologie,
leurs objectifs, leurs statuts). Ce qui ne
facilite pas leur appréhension, ni leur
gestion. C’est l’un des enseignements
qu’apporte, sans surprise, une enquête
effectuée dans les intercommunales
wallonnes par l’ASBL Institut des admi­
nistrateurs, dite aussi Guberna (*).
Ainsi, “les intitulés de leurs organes ne re­
flètent pas la réalité”, résume Lutgart Van
den Berghe, executive director de Gu­
berna. Comprenez: les assemblées géné­
rales ne font qu’avaliser des décisions des
conseils communaux; les conseils d’ad­
ministration “composés principalement
d’élus, choisis plus par affinités que pour
leurs connaissances spécifiques, n’en sont
pas vraiment”; les bureaux exécutifs
jouent le rôle des CA.
En filigranes de l’exposé, un problème
bien connu. On n’a pas à exiger des con­
naissances particulières de candidats élus
dans les conseils communaux. Mais qu’en
est­il pour ceux qui, par élection indirecte,
se retrouvent dans des intercommunales?
Le code wallon impose bien des forma­
tions désormais, mais pas plus de la moitié
des administrateurs ne les suit. “Nous ne di­
sons pas du tout qu’il n’y a pas d’administra­
teurs publics compétents, prévient Renaud
Van Goethem, du centre “gouvernance
publique” de Guberna. Mais on ne peut pas
demander à tout élu d’avoir des compétences
pointues. Idéalement, il faudrait concilier da­
vantage représentativité politique adéquate
et expertise spécifique.” D’autant plus que,
“c’est paradoxal, les administrateurs vien­
nent au CA plus avec leur étiquette de repré­
sentant local qu’avec la volonté d’agir pour
l’intérêt collectif de l’intercommunale”.
Accueillir des administrateurs indé­
pendants, externes ? Au moins fau­
drait­il modifier la législation. Et en­
core… En Flandre, où une enquête simi­
laire a été conduite (avec des résultats
largement identiques), c’est permis,
mais pas appliqué.
En définitive, les enquêteurs se refu­
sent à dégager une idée moyenne de la
qualité de la gouvernance dans les inter­
communales wallonnes, tant les cas dif­
fèrent. Mais “tout un travail est devant
nous”, alors que les intercommunales
vont voir leurs instances renouvelées. Le
législateur régional a beaucoup décrété
sur les contrôles et incompatibilités
(“peut­être trop?”), sur le nombre de con­
seillers et de structures… mais n’aurait
pas (encore) pensé assez à leur diversité
et aux pratiques de gestion.
P.P.
U (*) www.guberna.be
jeudi 13 décembre 2012 - La Libre Belgique
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