KUNG FU, WUSHU, SANDA, TAIJIQUAN, WING CHUN, QI

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KUNG FU, WUSHU, SANDA, TAIJIQUAN, WING CHUN, QI
C’est quoi le KUNG FU ?
par Brice AMIOT pour l’association WUDE
“KUNG FU, WUSHU, SANDA, TAIJIQUAN, WING CHUN, QI GONG » …
aie aie aie ! C’est du chinois tout ça !
Tâchons d’y voir plus clair …
KUNG FU (ou GONG FU) est un terme chinois qui signifie qu’une personne a investi beaucoup de
temps et d’efforts au service d’une discipline, d’un art ou d’un métier. Grace au travail qu’elle a
fourni régulièrement pendant plusieurs années, elle a obtenu un savoir faire indiscutable, une
aisance et une parfaite maîtrise de son corps et de son esprit. Le terme KUNG FU ne se rapporte pas
uniquement au monde des Arts Martiaux. On peut dire, par exemple, qu’un grand chef cuisinier
possède le « KUNG FU de la cuisine », qu’un grand pianiste possède le « KUNG FU du piano etc » …
WUSHU signifie « art de la guerre » et est le terme utilisé aujourd’hui pour désigner les Arts
Martiaux chinois. L’idéogramme WU, « la guerre », est composé de deux petits dessins (clés). L’un de
ces deux dessins représente une hallebarde (c’est une arme longue qui ressemble à un long bâton
avec, au bout, une lame de sabre très large) et l’autre représente l’action de stopper, d’arrêter.
La hallebarde représente toutes les armes. Il peut donc paraître surprenant de constater que le mot
chinois « guerre » implique une volonté de stopper l’usage des armes.
C’est tout simplement parce que les chinois ne concevaient la guerre que comme un ultime moyen
de rétablir la paix lorsque les relations entre les hommes étaient devenues impossibles. Dans la
nature, lorsque les conditions météorologiques deviennent trop extrêmes, un phénomène brutal (un
orage par exemple) éclate. C’est une nécessité pour retrouver un certain équilibre …
Il faut comprendre par là qu’un Artiste Martial s’engage à refuser tant que possible les conflits
physiques. La guerre étant la plus horrible des choses, il est de son devoir de tout faire pour l’éviter.
Par son entraînement, il acquière des qualités physiques supérieures, un savoir faire aiguisé dans l’art
du combat à mains nues ou avec armes, la maîtrise de ses émotions et l’art de la concentration. S’il a
travaillé dur pendant de nombreuses années, l’artiste Martial n’aura pas à démontrer son savoir faire
pour imposer le respect. Sa personnalité et son allure générale suffiront à dissuader les âmes
sombres de s’en prendre à lui ou à ses proches. Un dicton célèbre dit « si tu veux être en paix,
prépare la guerre… ». Si malgré toutes ses tentatives pour éviter le conflit physique, celui-ci est
inévitable, il sera prêt à combattre vaillamment mais aura la volonté de préserver toute vie humaine.
En effet, un Artiste Martial se doit de respecter et de protéger tous les être vivants. Il a l’intention de
faire le bien et de s’améliorer chaque jour dans l’exercice de son art ou dans l’expression de ce qu’il
est. Il sert l’humanité et agit d’abord avec le cœur. Il s’applique à respecter les vertus martiales (
l’humilité, la générosité, la droiture, le respect, la loyauté, le courage, la persévérance, la patience, la
volonté et l’endurance), refuse l’injustice et la méchanceté gratuite, protège les plus faibles et étudie
avec passion tous les savoirs qui permettent à un être vivant de vivre heureux et en pleine santé. Un
Artiste Martial n’est pas un soldat. Le soldat exécute les ordres d’un supérieur. Il n’a pas à réfléchir et
est prêt à détruire tout ce qu’on lui demandera de détruire sans se poser de questions. L’Artiste
Martial est libre de ses choix et de ses décisions. Il a l’âme d’un bâtisseur, pas celle d’un destructeur.
Depuis les années 50, le terme WUSHU désigne un ensemble de pratiques sportives modernes
inspirées des styles martiaux chinois d’antan. Aujourd’hui, les pratiquants de WUSHU sont soumis à
l’apprentissage de gestes issus des boxes traditionnelles du nord et du sud de la Chine. Ces gestes
sont liés entre eux et agrémentés de sauts et d’acrobaties afin de fournir une chorégraphie
spectaculaire proche de ce qu’on peut voir en Gymnastique Rythmique. Les applications martiales
sont délaissées et l’esprit sportif et compétitif à tué la profondeur de l’art. A coté de ces
démonstrations techniques, une forme sportive d’affrontement a été créée : le SANDA. Quelques
boxes traditionnelles Chinoises ancestrales ont échappé à la modernisation et sont restées assez
fidèles à la transmission originelle. On peut citer le WING CHUN et le HUNG GAR par exemple …
SANDA signifie « combat libre » en chinois. Ce terme est un terme moderne dérivé du nom SAN
SHOU. Il désigne aujourd’hui une forme d’affrontement sportif permettant aux pratiquants de KUNG
FU WUSHU d’exprimer leur science du combat au cours de rencontres réglementées. Hors, cette
discipline créée dans les années 90 n’a que peu de liens avec les boxes traditionnelles chinoises. Elle
est simplement une forme moderne de sport de combat chinoise née dans l’armée. En effet, il fallait
entraîner les militaires Chinois au combat rapproché à mains nues et cette discipline leur permettait
d’utiliser leurs techniques de poings, de pieds, de saisies et de projections.
Si, de nos jours, l’esprit des Arts Martiaux Chinois se perd, c’est en grande partie à cause de la
volonté d’en faire un sport. Mais si on comprend ce qu’était le SAN SHOU dans les boxes ancestrales
Chinoises, je pense qu’il est possible d’adapter les savoirs profonds à cette discipline moderne qu’est
le SANDA et ainsi relier la Chine moderne et la Chine Ancienne. De plus, un sport de combat tel que
le SANDA est configuré pour intégrer facilement les savoir faire des disciplines occidentales telles que
la Boxe Anglaise, la Boxe Française, la Boxe Américaine ou encore la lutte. Cette particularité en fait
donc un formidable outil de développement martial complet en ce qui concerne le combat debout.
Normalement, l’apprentissage d’un Art Martial demande plusieurs étapes. L’étudiant doit d’abord
prouver qu’il est déterminé à étudier sérieusement et à fournir les efforts nécessaires à son
épanouissement en tant qu’Artiste Martial. Il doit également prouver qu’il est digne de confiance et
qu’il n’emploiera pas les Arts Martiaux pour faire le mal. S’il est accepté par un professeur, celui-ci lui
demandera d’acquérir une bonne condition physique essentielle pour la pratique. Puis, l’étudiant
devra assimiler des techniques, des postures et des déplacements. Lorsque l’exécution de chaque
élément sera jugée correcte, l’étudiant pourra alors commencer à lier ses savoirs. Un peu comme en
musique, on apprend d’abord à produire les différentes notes une par une avec son instrument, puis,
on s’exerce ensuite à les assembler pour créer différentes mélodies.
Une fois passée cette étape, l’étudiant commencera à pratiquer avec un partenaire d’entraînement.
Il exécutera des enchaînements imposés afin d’aiguiser son sens du combat, de la distance, du
rythme … Au bout d’un certain temps, ses gestes seront innés, ses reflexes instinctifs et ses
techniques précises. Il aura alors l’expérience suffisante pour se permettre de passer à une
expression libre de ses qualités de combattant au sein d’un combat réglementé (ou pas). C’est cette
ultime étape qu’on nommait jadis « SAN SHOU » (littéralement « mains « libres »). L’être est libéré
des mécanismes de l’apprentissage et il agit librement au niveau le plus difficile de son art : le
combat libre. Il est autonome dans la création de ses enchaînements, dans l’élaboration de sa
stratégie, dans la gestion de son énergie et de ses émotions.
Pour reprendre le parallèle avec la musique, le SAN SHOU représente l’étape dans laquelle le
musicien est capable de créer sa propre musique et d’improviser librement au sein d’un groupe. Il est
impératif de replacer cette dimension de progression « pas à pas » dans la pratique moderne du
SANDA afin de préserver le sens constructif originel de l’Art Martial.
TAIJIQUAN (TAI CHI CHUAN) est un terme chinois signifiant « boxe du grand fait suprême ».
Pour les chinois, le grand fait suprême représente la volonté qui est à l’origine de toute création. La
création de la moindre chose dans notre monde entraîne inévitablement l’application d’une loi
universelle nommée YIN YANG. Cette loi nous enseigne qu’un équilibre entre deux pôles
indissociables est nécessaire à l’épanouissement de chaque chose prenant vie dans notre monde,
que tout se transforme perpétuellement et que la dualité est une illusion. Cette dénomination
spirituelle n’est venue que très tard désigner ce style martial chinois. La nature extrêmement souple
des techniques de cet art lui a longtemps value le surnom de « boxe de coton », le coton incarnant la
douceur, la souplesse et l’élasticité pour les chinois. Le TAIJIQUAN appartient au registre des « boxes
internes » chinoises. C’est-à-dire qu’il s’appuie en priorité sur la culture de l’énergie vitale et sur sa
répartition harmonieuse dans le corps. L’adepte est soumis à l’apprentissage long et rigoureux de
postures et de déplacement destinés à construire sa racine et son équilibre, puis, à l’emploi d’une
respiration lente et rythmée utilisée pour contrôler ses émotions, calmer le corps, canaliser l’esprit,
armer ou libérer les techniques, guider l’intention et remplir certaines zones d’appuis. L’élève est
ensuite initié à la boxe souple, c’est-à-dire au registre des techniques et applications martiales du
Taijiquan. Il construit progressivement une seconde nature quant à l’expression de ses gestes. Tout
devient souple et harmonieux, fluide et relié. Ce travail ne se fait qu’à travers une maîtrise constante
de l’esprit. Forger le corps et l’esprit est d’ailleurs l’unique objectif de tout Artiste Martial et le
Taijiquan, lorsqu’il ne devient pas une « simple gymnastique de santé » ou une « chorégraphie sans
âme » est un trésor d’enseignements pour parvenir à cette fin. Mais comme tous les trésors, pour
l’obtenir, il faut le mériter.
WING CHUN signifie « printemps radieux ». Ce nom vient de YIM WING CHUN, jeune fille chinoise
héritière des savoirs d’une nonne combattante et principale fondatrice de la structure et des
principes du système. Comme le TAIJIQUAN, le WING CHUN est un des nombreux styles martiaux
appartenant au registre du WUSHU. Cette boxe originaire du sud de la Chine a été révélée au monde
par Bruce Lee qui l’étudia durant quelques années auprès du désormais célèbre Maître YIP MAN (IP
MAN) à Hong Kong. Directement créée pour le combat à courte distance, le WING CHUN est un
véritable « solfège » pour la pratique des Arts Martiaux. L’accent est mis avant tout sur l’efficacité en
combat contrairement aux styles modernes qui composent le WUSHU aujourd’hui et où l’esthétisme
est au premier plan. L’étude des principes du WING CHUN fournira à toute personne prête à
l’étudier, les enseignement fondamentaux essentiels à la formation d’un artiste martial complet. Le
WING CHUN est un style très riche qui requière beaucoup d’efforts, de temps et d’investissement. Il
est l’une des meilleures écoles martiales au monde et son étude transforme littéralement ses
adeptes à tous les niveaux.
QI GONG signifie travail, investissement dans l’étude de l’énergie. Ici, on parle de l’énergie du
corps humain. Le QI GONG regroupe donc tous les domaines d’étude liés à l’énergie vitale de
l’homme. L’acuponcture, les massages thérapeutiques, l’étude des plantes et de l’alimentation, la
méditation, les exercices physiques, les Arts Martiaux etc … Aujourd’hui en occident, le terme QI
GONG désigne essentiellement une gymnastique de santé réalisée en harmonie avec la respiration et
la concentration.

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