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Article écrit par Madame TOUBEAU Corinne et paru dans La Province du 29.06.2005
Mères avant l’âge, coupées de leur famille, quel avenir pour elles et leur bébé ?
Expérience pilote à Mons.
« J’étais enceinte de 3 mois quand je suis arrivée ici », dit Aline.
« Moi, j’ai accouché le soir même de mon arrivée ici », dit Barbara (prénoms d’emprunt).
« Ici », c’est chez Marsupilama, à Mons, une maison pour très jeunes mamans. Car Aline et
Barbara, qui tiennent aujourd’hui leur bébé (5 et 6 mois) dans leur bras, n’ont que 17 ans.
Marsupilama est une expérience unique dans notre pays, un projet pilote dont la ministre de
tutelle, Catherine FONCK (Aide à la Jeunesse en Communauté Française), est venue lundi
annoncer le renouvellement pour un an. Cette maison pas comme les autres a ouvert ses
portes en septembre dernier. Elle a l’air ordinaire, cette maison à deux étages, mais son
fonctionnement ne l’est pas Chaque étage a été transformé en mini appartement pour une
mère : deux chambres et un coin douche. Au rez-de-chaussée, cuisine et salle de séjour
communs. Le matin et le soir, des éducateurs viennent assurer une présence auprès des jeunes
filles et ils les soutiennent dans leurs démarches : visites chez le médecin, recherche d’un
logement, d’une formation….
Car il s’agit de mener les résidentes vers leur indépendance : elles seront bientôt majeures.
Seules – si elles sont arrivées ici, c’est que ça se passe mal avec leur famille- avec sur leurs
jeunes épaules la lourde responsabilité d’un bébé.
C’est le Toboggan qui a créé Marsupilama. Pourquoi ? La réponse se trouve dans l’expérience
de ce home où sont placées des filles de 14 à 18 ans en très grande difficulté (délinquance,
maltraitance familiale, toxicomanie, etc.).
200 ados, 39 grossesses.
Le nombre de grossesses chez ces adolescentes est extraordinairement élevé, ont constaté les
responsables du Toboggan. « En 12 ans, nous avons hébergé 200 jeunes filles et connu 39
grossesses », dit Diane Mongin, psychologue.
Il y a plus : alors qu’en moyenne, plus d’une grossesse d’adolescente sur deux se conclut par
un avortement, au Toboggan, celles qui ont accepté l’IVG ont été très rares (4 sur 39, soit
10%). Deux ont abandonné leur enfant.
Le désir d’enfant est donc réel et fort chez ces ados « à problème ». Et quoi qu’on en pense, il
faut y faire face. Les aider à être mère tout en devenant femme. Pour elles-mêmes, et pour
leur éviter de transmettre leurs problèmes à leur bébé. Mais où et comment ? Les garder au
Toboggan ? Trop risqué. Les envoyer en maison maternelle ? Le Toboggan a essayé cette
solution pour quelques-unes d ses pensionnaires, mais elle a échoué. Les maisons maternelles
sont conçues pour des adultes (par exemple, des mères de famille victimes de violences
conjugales), non pour des adolescentes. Et encore moins pour des adolescentes perturbées. Il
fallait inventer une autre structure.
Ainsi est né Marsupilama. Bientôt, Barbara et Aline laisseront leur place à deux autres jeunes
mères. Il y a déjà 19 demandes…
Crèche
Accueil pour les parents aussi
Pendant la journée, les bébés des mères ados de Marsupilama sont accueillis par Les P’tits
Fours, la crèche de la pâtisserie Au Four et Au Moulin. Ces institutions collaborent
étroitement.
Au Four et Au Moulin n’est pas seulement une adresse bien connue des gourmands, c’est
aussi et surtout un centre de formation. Au départ, la crèche a d’ailleurs été créée pour
répondre à un besoin urgent des stagiaires.
Elle s’est ensuite ouverte à tous les publics. Elle peut aujourd’hui accueillir 18 enfants et
compte passer à 24.
Ses projets ne s’arrêtent pas là. Au fil des rencontres avec les parents, l’équipe a réalisé que de
nombreuses familles vivaient de grosses difficultés : surendettement, alcoolisme, violence….
Dans un souci de prévention, elle veut donner plus de place au dialogue avec les familles. Elle
recherche un local où installer son nouveau service baptisé « Espace Parents ».