CAPES 2010 : bingo pour le privé.

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CAPES 2010 : bingo pour le privé.
CAPES 2010 : bingo pour le privé.
vendredi 8 janvier 2010, par moka
Doublement des postes ouverts au CAFEP/CAPES pour le privé, suppression de 2%
des postes au CAPES pour le public, le cru 2010 du nombre de postes offerts aux
concours externes de recrutement des professeurs du second de degré a été publié
sur le site du ministère.
Réduction du nombre d’enseignants : oui, mais pas dans le privé...
Dans le public, on passe de 5094 postes en 2009 à 5006 postes en 2010, soit
une baisse de 81 postes , ce qui correspond à un peu moins de 2% : 1,75% de
postes en moins par rapport à 2009.
Rien d’inattendu, finalement, c’est une baisse, mais modeste. Pas de quoi mettre le
peuple dans la rue, pourrait-on dire si on s’en tient à cette observation.
Dans le privé, on observe en revanche 1260 postes ouverts en 2010 au lieu des
568 mis au concours en 2009 .
Cela correspond tout de même à plus du double (x 2,21) du nombre initial !
Concours second degré public : CAPES externe
Total
postes
Postes
Postes
Evolution
2009
2010
20092010
5094
5006
-81 ->
-1,75%
Sources 1
2
[http://www.education.gouv.fr/cid48862/capes- [http://www.education.gouv.fr/cid4589/postesexterne-session-2009.html]
offerts-capes-externe.html}]
Concours second degré privé : CAFEP/CAPES externe
Total
postes
Postes
Postes
Evolution
2009
2010
20092010
568
1258
+741 > x 2,21
Sources 3
4
[http://www.education.gouv.fr/cid48867/cafep- [http://www.education.gouv.fr/cid4588/contratscapes-session-2009.htm]
offerts-cafep-capes.html]
Que s’est-il passé ?
S’agit-il de compenser des errances antérieures qui auraient trop lourdement
affecté l’enseignement privé ?
On peut également trouver les places ouvertes à ces concours à partir de 2004 sur
le site du ministère de l’Education Nationale. Il est donc possible de les relever pour
chaque année, puis de les compiler en tableau. C’est un peu fastidieux, mais
l’appétit de savoir nous tenaille...
Evolution des postes aux concours depuis 2004
Observe-t-on, donc, une baisse excessive du recrutement dans le privé, et cela de
façon injuste et décalée par rapport au public ?
Et bien, il semblerait que non... Le tableau ci-dessous s’agrandira pour le plus
grand plaisir de vos yeux si vous cliquez dessus. Nous vous suggérons
grand plaisir de vos yeux si vous cliquez dessus. Nous vous suggérons
humblement de l’ouvrir dans une nouvelle fenêtre afin de pouvoir l’analyser à la
lumière de nos modestes commentaires.
sources : 1 ; [http://www.education.gouv.fr/cid5265/session2004.html]2 ;
[http://www.education.gouv.fr/cid5192/session2005.html#concours-de-l-enseignement-prive]3 ;
[http://www.education.gouv.fr/cid5189/session-2006.html]4 ;
[http://www.education.gouv.fr/cid5474/session-2007.html]5 ;
[http://www.education.gouv.fr/cid22074/session2008.html]6 ; [http://www.education.gouv.fr/cid48862/capes-externe-session2009.html] 7 . [http://www.education.gouv.fr/cid4589/postes-offerts-capesexterne.html]
Mais cela est plus parlant sur un graphique : traçons donc l’évolution du nombre de
postes aux concours CAPES et CAFEP/CAPES de 2004 à 2010.
Dans le public, le nombre des postes ouverts au CAPES
diminue avec constance, marque un palier en 2009, pour
reprendre de façon moins soutenue en 2010.
Dans le privé, le nombre de postes ouverts au CAFEP/CAPES
est en baisse légère en 2005 et 2006, se stabilise en 2007 et
2008. On observe un fléchissement un peu net en 2009, avant
la remontée marquée de 2010 qui a attiré notre attention. Cette évolution s’achève
à un niveau plus élevé que le point de départ en 2004.
Peut-être est-ce que cette baisse un peu plus marquée de 2009 a suscité un fort
mouvement de lobbying qui a influencé nos gourvernants pourtant peu favorables à
l’enseignement confessionnel ?
Mais ne persiflons pas trop vite et formulons plutôt une hypothèse plus "objective" :
Peut-être est-ce que ce recrutement intensif dans le privé a pour but de
compenser des départs massifs d’enseignants en déroute ?
Les postes mis aux concours permettraient alors juste de rééquilibrer cette
tendance, et le nombre total d’enseignants du privé resterait en diminution dans un
contexte de fort renouvellement ?
Examinons donc l’évolution du nombre total d’enseignants dans le secondaire,
dans le public et le privé. On trouve les données nécessaires dans la brochure : Etat
de l’école, d’octobre 2008, également publiée par le ministère de l’Education
Nationale, media.education.gouv. On peut télécharger le-dit document ici
[http://media.education.gouv.fr/file/etat18/17/0/etat18_41170.pdf], et consulter
ce tableau p17.
Nombre total d’enseignants : évolution depuis 2000.
Ces chiffres apaisent un peu nos suspicions outrancières :
dans le public, le nombre des enseignants baisse régulièrement
depuis 2004.
dans le privé, cette baisse s’amorce avec un an de retard... mais
semble effective.
Convertissons cependant ce tableau de l’évolution du nombre total
de postes en graphique, en prenant comme référence l’effectif des enseignants en
2000.
L’évolution du nombre total d’enseignants dans le privé suit
une progression similaire à celle du public, mais décalée dans
le temps, et amortie. Il est cependant remarquable que le point
le temps, et amortie. Il est cependant remarquable que le point
d’arrivée reste supérieur au point de départ.
Par contre, c’est loin d’être le cas dans le public....
Mais dira-t-on, cet article est tendancieux, on fait dire aux chiffres ce qu’on veut,
comment ose-t-on comparer l’évolution de 700 000 postes du public avec les
malheureux 140 000 postes du privé sur une même échelle ?
Soit.
Convertissons donc ces chiffres en pourcentage de l’année 2000.
On s’aperçoit avec stupeur que l’évolution du nombre total de
postes, en pourcentage du nombre observé en 2000 marque
un différentiel systématiquement favorable au privé. Et ce, de
façon significative.
Ce qui n’est toujours pas le cas dans le public.
Serait-ce donc que les établissements privés auraient à faire face à une véritable
afflux des élèves en provenance d’un enseignement public fortement décrié ?
Cette hypothèse mérite toute notre attention. Reportons-nous une fois de plus sur
les chiffres officiels publiés dans Repères et références statistiques 2009 p 93
[http://media.education.gouv.fr/file/2009/87/9/chap4-1_117879.pdf]
Nombre d’élèves accueillis dans le public et le privé de 2002 à 2008.
Chiffres donnés en milliers d’élèves.
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Ensemble
5483,6 5468,8 5429,1 5375,9 5311,4 5267,4 5238,4
Public
4361,0 4342,2 4302,2 4252,9 4192,8 4142,3 4114,4
Privé
1122,6 1126,6 1126,9
Part du Public (%)
79,5
79,4
79,2
123,0 1118,6 1125,1 1124,0
79,1
78,9
78,6
78,5
On ne peut donc pas déplorer ni se réjouir d’un exode massif d’élèves, tout juste
une faible érosion d’1% sur 6 ans en faveur des établissements privés du second
degré. Cette progression bénéficie principalement au niveau des collèges privés...
Cette accélération du recrutement d’enseignants dans le privé doit-elle nous faire
craindre des mesures favorisant le transfert des élèves vers ce type
d’établissement, que nous aurions la douleur de devoir corréler avec une
dégradation éventuelle des conditions d’enseignement dans le public ?
Allons, ne nous emballons pas !
Peut-être est-ce que ce recrutement exceptionnel vise seulement à réparer la
cruelle injuste d’une surcharge ancienne et rémanente des classes dans le privé ?
Les chiffres publiés par le ministère sont foisonnants pour qui se donne le mal de
fouiller. Nous avons trouvé sur média.éducation : RERS 2009
[http://media.education.gouv.fr/file/2009/92/7/chap2-3_117927.pdf], les
données permettant de répondre à cette question.
Nombre d’élèves par classe dans le secondaire dans le public et le
privé de 2002 à 2008.
Le nombre d’élèves par classe en collège est légèrement plus
bas dans les établissements publics :
23,4 élèves/classe dans le public,
25,1 élèves/classe dans le privé.
soit 1,7 élèves de moins par classe en moyenne que dans le privé.
On peut noter que les collèges privés classés ZEP sont rares, ce qui pourrait être
une amorce d’explication, ces classes bénéficiant d’effectifs allégés...
L’honnêteté intellectuelle nous force à souligner que les effectifs de classe en
collèges privés ont progressé de 0,3 élèves/classe depuis 2006. Ils sont à peu près
constants dans le public.
Nous observons en revanche que le nombre moyen d’élèves par classe en lycées
était en 2008/2009 de :
26,8 dans le public,
23,5 dans le privé.
soit 3,3 élèves de moins en moyenne par classe dans le privé.
Cet écart est constant depuis 1997/1998. Le nombre d’élèves dans ces classes a
baissé de façon parallèle dans les deux types d’établissements :
1,5 élève de moins par classe dans le public,
1,3 élève en moins dans le privé.
L’évolution des effectifs dans les deux types d’établissement est sensiblement
parallèle.
On peut donc se demander pourquoi les recrutements d’enseignants dans le public
et le privé ne suivent pas la même évolution.
Ayant épuisé toutes les autres interprétations, il faut peut-être se résoudre à
admettre que la politique actuelle tend à favoriser les établissements privés par
rapport aux établissements publics...
On peut même s’aventurer à penser que cela relève d’un objectif général identifié
en d’autres occasions (se reporter au dossier Laïcité
[http://4tous.net/ecoledemain/spip.php?rubrique58] ).
Haro sur la Bio ! Mais seulement dans le public.
Mais revenons sur la répartition par matière des postes offerts au concours en
2009 et 2010.
Dans le public :
Les matières sont diversement affectées par les baisses de postes
ouverts au CAPES.
L’unique poste en hébreu était encore trop visible : il y en aura
zéro en 2010. Il s’agit peut-être enfin d’une ferme protestation
contre la politique israélienne en territoires palestiniens...
Parmi les matières à fort recrutement, la biologie a le triste
privilège de se trouver championne toutes catégories au jeu de qui
perd gagne, son recrutement est divisé par 4,39. Nous n’avons pas pour l’heure
d’explication satisfaisante à cette coupe franche... Ni le nom de l’éminent
professeur de biologie de collège ou lycée susceptible d’avoir déplu au point de
professeur de biologie de collège ou lycée susceptible d’avoir déplu au point de
provoquer ce séisme.
Vient ensuite l’espagnol , avec une baisse de presque 14%.
L’anglais, les lettres modernes, l’histoire géo subissent une réduction de 4 à 5%
des postes ouverts, ce qui ne mérite pas de franche levée de bouclier.
A l’inverse, est-ce par souci de rééquilibrage ?
Les sciences économiques et sociales sont bien pourvues, avec un
quadruplement des postes offerts.
La philo bénéficie d’une augmentation de 23% ce qui l’amène au modeste
nombre de 32 postes offerts en tout.
+13% et +18% pour les lettres classiques et l’allemand ,
entre 3 et 7% d’augmentation pour les maths, les arts plastiques, et l’italien .
Le recrutement pour les autres matières reste stable, à l’exception notable de la
Langue des signes française qui accueille pour la première fois trois heureux
titulaires (qui sera apte à évaluer ces nobles candidats ?)
Dans le privé :
Il est remarquable que les postes offerts sont en augmentation dans
toutes les matières, sauf l’hébreu qui reste décidément mal loti.
Quadruplement, pas moins, du nombre de postes en philo et ...
breton , ce qui nous amène respectivement à 20 postes et 4 postes.
Triplement pour les lettres classiques,
x 2,5 à x 2,86 pour la physique-chimie, la bio (tiens ?), les lettres modernes et la
musique.
x 2 à x 2 ,5 pour les Sciences économiques et sociales, les arts plastiques,
l’anglais, l’allemand et l’histoire géo, ainsi que le basque, l’italien, le tahitien... qui
totalisent à eux trois, 8 postes.
x 1,3 à x 1,5 pour l’espagnol, les maths, la documentation.
Bref, pas trop de motif de protestation dans le privé... Les plus mal loties, l’hébreu
mis à part, ont autant de postes que l’année dernière, cet état de fait ne concernant
que des matières à faible recrutement, des langues régionales comme le créole, le
corse, des langues étrangères comme l’arabe ou le chinois... qui mériteraient
d’ailleurs peut-être un meilleur traitement, que ce soit dans le public ou le privé.
Bref, le recrutement des enseignants est à partir de cette année organisé par l’Etat
de façon significativement favorable aux établissements privés.
Il ne reste plus qu’à mettre en place le transfert des élèves vers ce secteur... Cela ne
devrait pas poser de problème, dans un contexte de libéralisation, allier un meilleur
taux d’encadrement avec la possibilité de sélectionner les élèves donne un avantage
sélectif réel aux collèges et lycées confessionnels....
Portfolio
1 Message
CAPES 2010 : bingo pour le privé.
9 janvier 23:21
bravo pour l’analyse ! un bémol : pour que les 2 derniers tableaux aient une réelle signification, il
faudrait connaître les nombres de départs en retraite dans le public et dans le privé ...