Une aventure vers l`inconnu
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Une aventure vers l`inconnu
Une aventure vers l’inconnu By Sylia Beaupré Les feuilles venaient à peine de commencer à tomber. Colorées de couleurs vives et attrayantes tel que le rouge, le jaune et l’orange, elles ornaient les arbres, brillant tel des pierres précieuses sous le soleil d’automne. La forêt entourant le minuscule village de Maliboure semblait si chaleureuse et accueillante en cette période de l’année. Les villageois sortaient leurs citrouilles de leur jardin pour les afficher fièrement sur leur perron. Comparant avec leurs voisins, de petites querelles éclataient pour savoir qui avait la plus grosse. L’atmosphère semblait légère et joyeuse. De toutes les maisons s’échappaient de la lumière et des éclats de rire alors que les propriétaires recevaient des invités. Profitant des derniers jours de beau temps avant que l’hiver ne s’abatte sur eux, tout le monde étaient joyeux ; tous sauf elle. Comme à son habitude, elle était obstinément cloitré à l’intérieure de sa maison, les lumières éteintes, broyant du noir. Elle regardait par la fenêtre les arbres paraissant s’étendre à l’infini. Elle avait toujours vécu dans ce village engloutie par la forêt, coupé du reste du monde. Aussi loin que ses souvenirs remontent, le village avait toujours été peuplé que de vieillards. Petite, n’ayant personne avec qui jouer, elle passait ses étés à écouter les vieux croutons parler de villes lointaines avec des technologies de toutes sortes et à entendre les vieilles dames bavarder de mode et de centres commerciaux. Elle rêvait de pouvoir un jour voir cela de ses propres yeux. Le reste de l’année elle fesait l’école à la maison, le dernier établissement scolaire ayant fermé ses portes bien avant sa naissance. A chacun de ses anniversaires elle fessait le vœu de se faire des amis de son âge. Mais à chaque année elle se retrouvait déçue, pleurant à chaudes larmes et demandant à ses parents, pourquoi il fallut qu’ils viennent s’installer dans ce village pourri. D’un mouvement brusque elle secoua la tête à la pensée de ces souvenirs nostalgiques, ses longs cheveux roux allant cascader sur son dos. Elle n’était plus un enfant, elle était adulte maintenant. Ses parents avaient trépassé bien des hivers passés, donc plus rien ne la retenait dans ce village en état de décomposition. Elle était libre, pouvait faire ce qu’elle voulait, aller où que son cœur le désirait. D’un ton résolu, plus pour se convaincre elle-même qu’autre chose, elle se dit : « c’est décider, je pars! ». Elle n’arriva toutefois pas à étouffer tous ses doutes. Combien de temps y avait-elle réfléchi? Combien de fois s’était-elle poser la question? Et si elle ne s’habituait jamais à la grande ville, si elle ne s’y sentait pas chez elle? Allait-elle le regretter? C’était une décision très difficile à prendre. Ella ne connaissait rien d’autre que l’esprit de communauté des quelques centaines d’habitants de Maliboure et s’apprêtait à plonger tête première dans un océan de milliers de personnes. Elle eut un vertige et faillit tomber hors de son fauteuil. Détachant les yeux de la fenêtre, elle se leva d’un bond. « Alors là ça suffit! Ressaisie-toi! Je ne vais pas passer le restant de mes jours dans ce trou. Il y a tellement de choses que je veux faire, que je veux voir!» Elle avait réagi immédiatement face à sa petite faiblesse, déçu de voir à quel point sa détermination était faible. Elle en avait toujours rêvé mais avait eu trop peur pour prendre action. Elle se rendit à sa chambre, sortie de sous le lit une veille valise miteuse et commença à y fourrer des chaussettes. Cette fois, il n’y aura pas de retour. L’aube venait à peine d’apparaitre à l’horizon lorsque les premiers rayons de soleil vinrent lui chatouiller le visage. Elle s’éveilla, étendue sur son lit encombré de vêtements. Elle avait terminé de remplir sa valise sans vraiment savoir si elle allait s’en servir. Elle se leva enchylosé par sa courte nuit de sommeil passée dans une position inconfortable. Elle alla dans la petite cuisine au-devant de la maison et se prépara un café, tout en examinant ses options. Pour sortir du village, elle avait besoin d’un moyen de transport. Marcher jusqu’à la prochaine ville était impossible, bien qu’elle sache le chemin. Cela lui prendrait des jours et à la tombée de la nuit elle mourrait de froid si elle ne se fesait pas dévorer par les bêtes d’abord. Non, elle avait besoin d’une voiture, or elle n’en avait pas une et ne savait pas conduire, les villageois non plus d’ailleurs. Perdu dans ses pensées, elle se brûla la lèvre avec son café toujours bouillant. Elle s’approcha de l’évier et fit couler l’eau froide pour y passer sa lèvre endolorie. C’est alors qu’elle le vit, le camion blanc de livraison de l’épicerie. C’était comme si un volcan irruptait dans son esprit. Sans une seconde à perdre, elle courût enfiler un pantalon et une paire de chaussure au hasard, empoigna sa valise et son manteau, et ferma la porte à clé. Elle s’élança en direction de l’épicerie priant pour ne pas arriver trop tard. Tout se jouait sur cette course effrénée. Le camion ne passait qu’à tous les deux mois. Si elle manquait sa chance elle n’aurait peut-être plus jamais le courage de partir pour l’inconnu comme ça. Le destin décida d’être miséricordieux. Un point de côté, la respiration saccadée, une frange de cheveu collée contre son visage en sueur, elle se tenait à quelques centimètres seulement devant le camion blanc. Le conducteur, les mains toujours sur le volant, était figé de stupeur. Il avait failli la frapper et attribuait probablement son état à de la peur puisque lorsqu’il sortit du camion, il fondit en excuse. Elle décida d’en prendre avantage et lorsqu’il s’approcha pour l’aider à se redresser elle ajouta des tremblements à ses mains moites et dit : « ouff, ce n’est pas passé loin! J’ai eu la frousse de ma vie!» Le conducteur se remit à bégayer des excuses : « Oh mon dieu, j-je suis terriblement désolé… Euh, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous aider? » Elle tenta sa chance : « Eh bien… vous vous dirigiez vers la ville au sud, n’est-ce pas? » Avec un regard interlocuteur, le conducteur approuva d’un signe de tête. Elle continua : « Je, j’aurais aimé m’y rendre, mais, je n’ai pas de moyen de transport. Je me demandais si, si vous pourriez m’emmener? » Elle attendait avec angoisse sa réponse car elle savait qu’il avait remarqué la valise à ses pieds et qu’il avait compris son intention. Le conducteur eu un soupir de soulagement avant de dire : « Si ce n’est que ça… Monter, je me dirige vers là de toute façon.» « Oh merci. » Un sentiment d’excitation parcourant son corps, elle hissa sa valise dans le camion et s’assit au-devant. Les quatre heures qui suivirent furent les plus longues de sa vie. Ce n’était pourtant pas la faute du conducteur, qui était en fait un homme très aimable et bavard. Il lui racontait plein d’histoires sur leur destination, la grande ville du sud, Mariejale. Elle était simplement impatiente, et plus elle voulait que le temps passe vite, plus il semblait s’écouler comme de la mélasse. Finalement les arbres se dispersèrent laissant place aux maisons, puis aux immeubles et enfin aux immenses gratte-ciels. Elle virait la tête en tous sens, ne sachant pas où regarder et ne voulant pas manquer une seule seconde de ce paysage étrange. Après plusieurs virages, le camion s’arrêta devant un haut immeuble de briques blanches. En éteignant le moteur le conducteur lui dit : « C’est ici que je travaille. Je dois aller faire un rapport pour s’assurer que la livraison s’est bien passée… Euh… Je ne sais pas si c’est déplacé, mais, allez-vous vous en sortir seule? C’est une grande ville vous savez… » Il n’avait pas fini de prononcer sa phrase, qu’elle était déjà dehors en train de sortir sa valise du camion. Le sourire aux lèvres, elle lui répondit : « Bien sûr que je sais que c’est une grande ville! Ne vous inquiéter pas pour moi, je peux très bien me débrouiller toute seule. J’ai simplement besoin d’une carte de la ville. Vous savez où je peux en trouver une? » « Je crois que le kiosque au coin de la rue en vend… Si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas à revenir ici. Demander pour Phil. Je suis là toute la semaine jusqu’à six heure. » « Merci, mais ça va aller pour moi. » Aucun des villageois de Maliboure n’auraient cru qu’elle puisse un jour avoir un sourire aussi radieux que celui qu’elle arborait en cet instant. Elle tourna le dos au conducteur qui la regarda s’éloigner jusqu’à ce qu’elle disparaisse derrière l’édifice au coin de la rue. Marchant tout droit vers le petit kiosque, elle sortit un billet de vingt dollars de la pochette avant de la petite valise qui trainait derrière elle. Là se trouvait toute ses épargnes et l’héritage que ses parents lui avaient laissé accompagner de quelques cartes de crédit. Elle repartait à zéro. Une nouvelle vie s’offrait à elle. « Bon, allons explorer. Où en premier? », se disait-elle, dépliant la carte. Ici commençait son aventure vers l’inconnue.