lire le cinquieme volet - GCS Sud de l`Yonne et Haut Nivernais
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MARDI 11 DECEMBRE 2012 27 À cœur ouvert Le Samu toujours sur le fil Régulation è 3 QUESTIONS À Le cinquième volet de notre série consacrée à l’hôpital d’Auxerre s’intéresse au Samu. Centre névralgique, la salle de régulation vit au rythme des sonneries du téléphone. Tous les appels passés au 15 dans l’Yonne y aboutissent. MOHAMED DYANI REPORTAGES Médecin régulateur Volet réalisé par Laurenne Jannot (textes) et Florian Salesse (photos) En quoi consiste le rôle du médecin régulateur ? [email protected] La partie conseil est très importante dans la régulation. Cela va du simple avis pour de la fièvre ou une douleur jusqu’au déclenchement d’une équipe médicale héliportée. À chaque fois, nous devons poser les bonnes questions, pour évaluer le degré d’urgence. I l y a des moments cal mes, d’autres moins ; une quin zaine d’inter ventions en un weekend, une pleine journée sans un seul appel vital. « C’est aléatoire » ; « ça dépend des jours » ; « il n’y a pas de ten dance », sont autant de constats que partagent les membres de l’équipe de régulation, au pre mier étage du bâtiment du Samu. Sur place, outre le méde cin régulateur, il y a toujours deux assistants de régulation médicale (ARM), parfois trois selon les besoins, chargés d’éva luer l’urgence des appels avant de les transmettre au profes sionnel de santé. Tous sont rac cordés aux autres par le biais d’un système informatisé qui enregistre aussi bien les don nées relatives aux patients, aux interventions, que les appels, conservés pour vérification en cas de plainte auprès de la di rection. Un cas de plus en plus fréquent d’après les profession nels sur place. Les ARM sont habitués aux ca nulars, qu’ils ont appris à re connaître, et aux appels pour rien, ou pas grandchose : un mal de ventre passager, une égratignure, ou l’avis du docteur sur la prise d’un cachet pour la tête. La dernière mode, ce sont Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? La demande de chacun est qu’on leur envoie une équipe à domicile. La difficulté, c’est d’affiner les besoins pour adapter les moyens. Il y a beaucoup de pression de la part des patients. Les gens sont de plus en plus exigeants. SECOURS. Les agents de régulation envoient les équipes en fonction de leur proximité avec le lieu d’intervention. les adultes qui encadrent des groupes d’enfants et qui doivent désormais appeler le Samu avant d’administrer un produit à un mineur dont ils ont la charge. Il y a aussi les appels plus sé rieux, souvent des accidents sur la voie publique ou des arrêts cardiaques, pour lesquels ils sont habilités à lancer euxmê mes l’intervention, sans même attendre la validation par le pra ticien hospitalier. Formés sur le tas, les ARM sont le premier fil tre avant le médecin régulateur. Dans la plupart des cas, après avoir échangé avec le docteur, et si besoin est, l’appel revient sur la ligne des ARM, qui sont ■ À chaque situation son mode de transport Si le secours intervient sur le lieu de travail ou au domicile d’un particulier, le Samu fait appel à un ambulancier privé, à condition que le secours ne relève pas de l’urgence vitale. Dans ce cas, les pompiers sont envoyés sur place, pour transporter le patient, secouru par une équipe du Smur. Les pompiers peuvent aussi être envoyés “en carence”, si aucune ambulance privée n’est disponible. chargés de déclencher les se cours (ambulance privée, pom piers, hôpital de Sens où l’une des antennes du CHA à Joigny, Tonnerre, Avallon ou Clamecy), toujours choisis en fonction de leur proximité avec le lieu d’in tervention. Le médecin régula teur reste, lui, informé de la si tuation tout au long de l’intervention. ■ è L’ARM. Il accueille, écoute et analyse chaque appel dans les plus brefs délais, et localise le plus précisément possible l’adresse de chaque intervention. Il procède à la hiérarchisation des appels par un interrogatoire bref et précis. Lors d’une intervention, il s’assure de la destination et de la position de chaque intervenant, recueille les bilans et prévient les structures d’accueil à la demande du médecin régulateur. Comment parvenez-vous à la meilleure réponse ? L’interview téléphonique, c’est comme un entonnoir. On ferme les yeux et on s’imagine sur place. On demande d’abord aux gens de se présenter. Ensuite, il faut employer un langage simple, pour avoir une idée claire de la situation. La première chose, c’est de rassurer et de détendre le patient. Parfois, le risque, c’est de sous-évaluer la situation. Il faut toujours avoir un œil neuf sur le patient et faire un examen pour ne pas passer à côté de quelque chose. Nos prises de décisions ne sont pas innées. C’est toujours un raisonnement médical, c’est comme un algorithme. Ambulanciers Au rez-de-chaussée, l’équipe entre attente, préparation et célérité Lorsqu’ils ne sont pas sur une intervention, les secours restent leur principal sujet de conversation. Le rez-de-chaussée, havre des ambulanciers, résonne des nombreuses anecdotes qu’ils ont à raconter. Toujours sur la brèche, ils doivent être prêts à partir dès que l’alarme retentit. L’équipe est constituée de quatorze ambulanciers, enca drés par Laurent Privé. Quatre d’entre eux sont mobilisés par jour, par équipe de deux, en deux fois douze heures. En cas de troisième départ, c’est le ca dre qui s’y colle. Une entreprise privée est chargée d’assurer tous les transports intrahospi taliers. Les ambulanciers ont des obli gations propres à leur fonction : connaître la cartographie de PRÉPARATION. Hors intervention, les ambulanciers ont diverses obligations. leur secteur, être aptes à con duire dans n’importe quelle condition. Sur neige, sur glace, ils ont régulièrement des forma tions spécifiques. En plus du permis B, ils doivent avoir obte nu leur permis poids lourd, être titulaire du diplôme d’État d’ambulancier et de la Forma tion d’adaptation à l’emploi (FAE) ambulancierSmur. Mais loin de n’être tenus qu’au transport, ils sont aussi la pre mière main des secours. Une heure de vérification des équi pements à chaque prise de pos te, matin et soir ; un inventaire complet une fois par mois, au cours duquel les VRM sont vi dés et nettoyés. Chaque mem bre de l’équipe est référent de quelque chose : pharmacie, hy giène, véhicules, cartographie, gestes d’urgences, etc. Ce sont eux, aussi, qui préparent tous les kits, d’urgences, de prélève ments, et qui assurent le réas sort. Ils connaissent par cœur les codes couleurs. Mallette rouge : circulatoire ; mallette bleue : ambulatoire ; mallette jaune : médicaments. Et encore, en plus de ces valises, ils s’assu rent que le double de chaque produit est présent dans les ti roirs, à l’arrière des voitures. Ils n’ont pas de formation mé dicale. Mais, minutie de la pré paration oblige, ce sont eux qui, lors d’une intervention, passent les produits. Eux aussi qui, une fois utilisés, rangent les déchets en toute sécurité. Ils n’inter viennent pas sur les patients, mais ne ratent pas une miette de leur prise en charge. Le livre d’or des secours, en somme. ■ ■ WEB Retrouvez les témoignages d’ambulanciers du Samu sur www.lyonne.fr 28 MARDI 11 DECEMBRE 2012 MARDI 11 DECEMBRE 2012 29 À cœur ouvert À toute vitesse, mais sans précipitation Secours Les équipes de secours sont rôdées aux soins d’urgence. Si elles sont bien conscientes que chaque minute compte, elles prennent le temps de faire au mieux. À 90 km/h en ville, 160 hors agglomé ration, mieux vaut ne pas avoir l’es tomac fragile. Une fois l’intervention lancée, tout est une question de minutes. Ce jourlà, il n’en faut pas une vingtaine pour que le véhicule de secours rejoigne une maison de retraite chablisienne, de puis le CHA. Sortie de l’hôpital, l’équipe médicale n’a plus qu’un objectif : être le plus rapidement possible sur les lieux. Et peu importe pour l’ambulancier que les sièges en cuir, à l’arrière du véhicule, soient particulièrement glissants. Aux passagers la responsabilité d’être bien at tachés. L’intervention de secours est lancée en trois à cinq minutes Entre le déclenchement d’un secours par le médecin régulateur et le départ, il ne doit pas s’écouler plus de trois minu tes en semaine, cinq le weekend. Un laps de temps particulièrement réduit pen dant lequel l’ambulancier doit préparer l’itinéraire, embarquer à bord du véhicule et récupérer le reste de l’équipe, médecin et infirmier, généralement occupés au service des urgences. Si le lieu où doivent se rendre les secours est situé à plus de 20 km de l’hôpital, et si les conditions cli matiques le permettent, le Samu envoie l’hélicoptère. Avec le Samu de Dijon, celui de l’Yonne est le seul de la région à dispo ser d’un service de secours héliporté. Qu’elles se déplacent par voie terrestre ou aérienne, les équipes de premiers se cours adoptent toutes la même philoso Témoignage « On n’est pas Dieu » phie, qui pourrait se résumer en une phrase : prendre le temps de ne pas per dre de temps. « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation », remarque Gla dys FrançoisHaugrin, cadre du Samu. À chacun son rôle Lorsqu’elle arrive près du patient, Véro nique Drouin, médecin urgentiste, vérifie tout : constantes, tension, rythme cardia que, etc. Après les soins d’urgence si né cessaire. Le reste de l’équipe connaît son rôle sur le bout des doigts. De l’ambulan cier qui sait par cœur le contenu de cha que mallette et est capable de donner les produits adaptés en fonction des requê tes, à l’infirmier qui effectue les premiers relevés et prodigue les premiers soins, jusqu’à la décision finale du médecin. « Je m’assure que le patient est stable et que tout est OK avant de le transporter », explique Véronique Drouin. La pression est donc rare en ambulance ou dans l’hé lico. « Le transport doit être un moment calme parce que tout doit être géré avant. On prépare au maximum tout ce dont on peut avoir besoin pendant le trajet », ex plique Arnaud, infirmier. D’autant que si un problème survient, l’ambulance est obligée de s’arrêter et l’hélico, de se po ser. Mais le plus souvent, le travail de l’équipe consiste essentiellement, à cet instant, à maintenir la stabilité du patient et, au besoin, à le rassurer. Au CHA, les services du Samu et des ur gences sont couplés. Si bien que lors qu’un médecin prend en charge un pa tient, il le suit depuis les premiers secours jusqu’à son admission dans un service, après passage aux urgences. Excepté s’il est appelé sur une nouvelle intervention. C’est alors l’un des praticiens de perma nence aux urgences qui récupère le dos sier. Sans que ces transitions ne semblent inquiéter aucun des membres de l’équi pe, tous habitués à travailler pour l’un et l’autre des services. « Nous ne sommes pas spécialistes partout, mais nous som mes capables de stabiliser toutes les pa thologies aiguës », rappelle le docteur Ibrahim Taleb, du Samu. ■ CHRISTIAN SIGONNEAU. Infirmier urgentiste. Christian Sigonneau a obtenu son diplôme d’infirmier en 1983, et s’est spécialisé dans l’urgence, il y a 20 ans. ■ Pourquoi vous être spécialisé dans la médecine d’urgence ? Je suis passé par d’autres services, mais je me suis rendu compte que j’étais plus à l’aise dans les gestes techniques, alors que certains collègues les fuyaient. Plus tard, j’ai es sayé de me sauver des urgences, je voulais m’en aller. Peut être que j’étais fatigué, ou blasé. Peutêtre… Sûrement d’ailleurs ! Mais je ne suis pas allé au bout de la démarche. ■ Et le Smur ? C’était l’évolution logique de ma carrière. C’était la même chose que ce que je faisais à l’hôpital, mais à l’extérieur. Ça me sortait de la routine. Je me suis spécialisé dans les sorties hélico. On va audevant de ca tastrophes. Dans la gravité, c’est l’échelon audessus. ■ Comment définiriez-vous votre rôle ? C’est une aide para médicale au service du médecin et du patient. Je ne me dis pas que je vais sauver le monde, que je vais faire du bien ou du mal, que les patients le méritent ou pas. Ils ont un besoin, j’y réponds avec mon savoir et mes compétences. “L’inconvénient, quand ça dure longtemps, c’est qu’on s’attache” ■ Qu’est-ce qui rend la tâche difficile ? Ce n’est pas désagréa ble de rendre service. Même si, des fois, on le regrette. Un jour, on a secouru quelqu’un qui avait pris son véhicule après avoir bu. Quelques mois plus tard, il a tué quelqu’un sur la route… Je crois qu’il ne faut pas trop avoir de senti ments, même si notre chef nous dit de faire preuve de compassion. Elle a raison, mais il ne faut pas aller jusqu’au bout. La population a besoin d’entendre la vérité. ■ Vos meilleurs souvenirs ? J’aime bien les naissances. On fait partie de la fête. Et aussi le fait de participer au sauvetage d’une personne. On se dit : “J’ai été un maillon de cette chaîne de survie.” ■ Les pires ? Il y a des choses très très très très difficiles (qu’il refuse de détailler, NDLR). En raison du contexte, des faits, de la longueur de l’intervention. L’inconvénient quand ça dure longtemps, c’est qu’on s’attache ; par exem ple quand on tient la main d’une personne qui est sous une voiture pendant cinq ou six heures. Des fois, ça se pas se bien, d’autres non… Des fois, on sait qu’ils vont mourir ; des fois, ils le savent aussi. INTERVENTION. Une fois la décision prise par le médecin régulateur d’aller secourir un patient, l’équipe n’a que quelques minutes pour se lancer. Si le lieu d’intervention est à plus de 20 km de l’hôpital, le Samu peut opter pour l’hélicoptère. ■ LES COÛTS ■ LES MOTS DE LA MÉDECINE D’URGENCE 640 Samu C’est, en euros, le prix de la demi-heure d’intervention avec un véhicule de secours terrestre. 34 URGENCE. Les secours, une fois lancés, arrivent rapidement sur les lieux d’intervention. En euros, c’est le prix de la minute de vol en hélico lors d’une intervention héliportée du Samu. Service d’aide médicale urgente, c’est le service de régulation médicale des urgences d’une région sanitaire (ici, l’Yonne). Il apporte l’assistance pré-hospitalière (dans la rue, à domicile, sur le lieu de travail, etc.) aux victimes d’accidents ou d’affections soudaines en état critique. Le médecin régulateur gère les moyens et oriente les patients vers les services les plus adaptés à leur cas. Smur Service mobile d’urgence et de réanimation, il s’agit d’un service hospitalier, qui possède une ou plusieurs Unité mobile hospitalière (UMH), destinées à délivrer des soins intensifs dans le cadre de l’aide médicale urgente, hors de l’hôpital. Il peut aussi effectuer des transports entre hôpitaux lorsqu’un patient nécessite des soins ou une surveillance intensive pendant son trajet. VRM Véhicule radio-médicalisé, c’est un véhicule léger (voiture) qui transporte l’équipe médicale (médecin, infirmier et ambulancier) et tout le matériel permettant des interventions d’urgence. Il est en contact avec la régulation médicale par radiotéléphonie. L’envoi d’un VRM est complémentaire à l’envoi d’une ambulance ou d’un véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV). Primaire/secondaire S’agissant des sorties Smur, un transport primaire est celui qui découle d’une intervention directe sur un lieu où un patient nécessite des soins d’urgence. Un transport secondaire, ou interhospitalier, est le transport médicalisé d’un patient d’un hôpital à un autre. Il intervient lorsque le malade a besoin de soins ou d’explorations spécialisés que ne peut faire l’hôpital d’origine. ■ Il y a de la fierté, de la prétention ? De la fierté oui. Mais avec le recul, je me rends compte que je ne suis pas indis pensable. J’ai peutêtre eu cette prétention au début. Mais on finit par se rendre compte qu’il y a eu du monde avant, qu’il y en aura après. ■ De la culpabilité ? On ne peut pas aller plus loin que nos compétences. On n’est pas Dieu, on est là pour réparer. On a des limites. Je ne fais pas de cauchemars. C’est le fardeau de chaque infirmier qui commence. Ce qui est nouveau est beaucoup plus marquant. Mais je n’en fais plus. ■ Au crépuscule de votre carrière, comment la regardez-vous ? La retraite, estce que j’en ai vraiment envie… Je ne sais pas. Je commence à vivre en société. C’est un métier qui prend beaucoup de place, on a du mal à être avec la fa mille et à se faire des amis. Mais je suis content de l’avoir fait. Je prépare ma retraite doucement. J’enseigne les soins d’urgence et je suis formateur hélico. Ce qui compte désor mais, c’est de transmettre mon savoir. ■ 30 MARDI 11 DECEMBRE 2012 À cœur ouvert Teddy vole au secours des patients Pilote ■ BIO EXPRESS Teddy Alcazar est pilote d’hélicoptère. Pas formé aux gestes d’urgence, il évite de se confronter de trop près aux horreurs du métier et se concentre sur sa mission : le transport. 1972 Naissance de Teddy, le 13 février, à Marseille. 1994 Teddy Alcazar entre dans l’armée, où il suit une formation pour devenir pilote d’hélicoptère. S ur le mur de son bu reau, des cartes : au 10e ou au 100e, du dé par tement et du pays, crayonnées de toutes parts, de longues lignes représentants les couloirs aériens. Des données bien compliquées pour l’œil novice en aéronautique. Et bien éloignées de ce qui fait traditionnellement le décor des autres pièces du Samu, plutôt composé de directives sanitaires. Teddy Alcazar, 40 ans, est l’un des trois pilotes qui assurent les transports en hélicoptère pour le comp te du Samu. Il ne travaille à Auxerre qu’à mitemps, et effectue un autre 50 % au Samu de Nice. Au CHA par contre, il y a toujours un pilote de permanence. 2010 Il quitte l’armée, le 1er juillet et devient pilote chez Inaer. Après Bordeaux et Bayonne, il partage son temps plein entre Auxerre et Nice. « J’attends qu’on m’amène le patient à l’hélico. La plupart du temps, je le v o i s a l l o n g é e t d ra p é . J’évite de m’encombrer d’images désagréables. Nous n’avons pas de di rectives, c’est propre à chaque pilote. » Il a déshumanisé la si tuation ; dit de l’équipe qu’elle a une « solide ar mure » et de la mort que « ça arrive et on le sait » ; lâche, sans médisance, que les patients sont deve nus comme des « colis » pour ne pas devoir affron ter de trop près l’aspect souvent tragique de la si tuation. Dont il est pour tant bien conscient. « En 16 ans d’armée, la guerre, je ne l’ai jamais vue. Et là, c’est la “guerre” tous les jours », remarquetil. Teddy a passé 16 ans dans l’armée « Je reste cantonné à mon rôle », remarquetil, avant de l’expliquer en peu de mots : « Mon bou l o t , c’ e s t d’ h é l i p o r t e r l’équipe médicale sur le lieu d’intervention le plus rapidement possible et en toute sécurité, puis de ra mener le patient. » Rien de plus, rien de moins. Même s’il avoue qu’au dé part, il y avait une certaine frustration lorsqu’il ne pouvait pas intervenir, en général à cause du temps. « Ce sont les conditions de vol qui déterminent. Lors que ce n’est pas possible, je me dis qu’il vaut mieux ça que de risquer la vie de toute l’équipe. » Ancien militaire, Teddy a passé 16 ans dans l’armée, avant de rejoindre Inaer, société prestataire de ser vice en contrat avec l’hô pital. Initialement, il n’a pas de notion médicale. Il lui a fallu six mois avant de se sentir pleinement rodé à l’exercice. Et s’il dit e n p l a i s a n t a n t q u’ i l a « troqué une combinaison verte contre une blan che », il tient à conserver une certaine distance avec tout ce qui relève des pre miers secours. « On rend service quand il y a besoin de bras, mais on doit se concentrer sur la mission aéro. J’évite d’aller me renseigner, no tamment quand il s’agit d’un AVP (accident sur la voie publique) », explique le pilote, qui refuse de voir des horreurs de trop près. « C’est le symbole de la médecine » Son rôle, toujours pré sent mais un peu à l’écart, le place dans une position qu’il juge parfois inconfor table. « On sait qu’on fait partie d’un dispositif com plet. Mais on se sent seul. Et c’est un peu le cas. » D’autant que lorsqu’il as sure la permanence, c’est pour sept jours complets, du vendredi au jeudi. Loin de sa femme et de ses deux enfants, qui vivent dans le sud de la France. D’astreinte de 8 à 22 heu res, il dort à l’internat, au milieu de jeunes prati ciens qui ne parlent que médecine. « Ce n’est pas le même monde… Ce n’est pas facile. » Mais le regard du pilote s’éclaire à nouveau lors qu’il évoque l’importance du Samu : « C’est le sym bole de la médecine. S’ils n’étaient pas là, une gros se partie des patients mourrait. » Et reconnaît : « Je suis assez fier de bos ser dans une boutique comme cellelà, j’ai l’im pression d’être utile. » ■ è RENDEZ-VOUS MARDI 18 DÉCEMBRE TRANSPORT. Teddy Alcazar, ancien militaire, est d’astreinte au Samu d’Auxerre onze semaines par an, l’équivalent d’un mi-temps. Volet n° 6. C’est aux urgences que se poursuivra le périple.