L`ENFANT QUI VOULAIT ETRE UN OURS

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L`ENFANT QUI VOULAIT ETRE UN OURS
L’ENFANT QUI VOULAIT ETRE UN OURS
Un film d’animation Jannick Astrup (France/ Danemark – 2001 – 1h18 )
MATERNELLE/ PRIMAIRE
Poursuivi par une meute de loups, un couple
d’ours blancs court à perdre haleine sur la banquise. Ils échappent de justesse à leurs poursuivants,
mais l’ourse perd le petit qu’elle s’apprêtait à mettre au monde. Maman ours est inconsolable, alors
le père s’introduit dans une maison et enlève un
nourrisson. Il ramène ce petit à sa compagne, qui
fait d’abord mine de l’ignorer, puis ne peut s’empêcher de le prendre contre elle pour le réchauffer. Le bébé a trouvé une nouvelle mère. Durant
de longues années, celui-ci sera élevé comme un
ourson, jusqu’à ce que son père naturel finisse par
le retrouver.
L’impossible réadaptation de l’enfant ours au
monde des humains est le dilemme central de ce
joli film au graphisme soigné qui évoque en filigrane le chamanisme, fondement de cette civilisation
païenne qui mêle animalité et spiritualité.
LES SÉANCES
MARDI 19 DECEMBRE
9H30 - 14H30
PRIX DE LA PLACE DEMANDE A L’ÉLÈVE : 1,5€
( 1,5 euros sont pris en charge par le programme - DRAC - CNC - Conseil Général des Hautes-Pyrénées)
Les dates et les horaires n’ont qu’une valeur indicative. Il est impératif d’inscrire le groupe
d’élèves en réservant au moins une semaine à l’avance au : 05 62 39 78 48
Conseil Général des Hautes-Pyrénées / D.R.A.C. Midi-Pyrénées / CNC / Le Parvis
AUTOUR DE LA MUSIQUE DE FILMS
ENTRETIEN AVEC LE COMPOSITEUR
BRUNO COULAIS
L’espace et la liberté. Le réalisateur, Jannik Hastrup,
vous en a-t-il donné justement dans le processus de
création ?
Pour Charles Chaplin, le dessin animé était l’art cinématographique suprême, le support selon lui mieux
à même à libérer l’imaginaire et les possibles. Jannik
Hastrup illustre en ce sens parfaitement ce point de vue.
L’enfant qui voulait être un ours est un film dont l’esthétique ronde et simple, rappelle l’enfance dans sa plus
pure, et crue, expression. Et lorsqu’on demande d’où
est venue l’idée de faire ce film, Hastrup répond simplement : “ Avec Bent Haller, mon proche collaborateur à
l’écriture des sujets, nous étions devant la feuille blanche... Celle-ci nous évoquait
la neige. ” Et cela semble
à vrai dire s’être gravé sur
L’enfant qui voulait être
un ours ; les protagonistes y sont souvent perdus
seuls dans l’immensité
blanche, héros échoués sur
la feuille blanche des créateurs, l’écran redevenant
la banquise éblouissante
et aurorale de la salle obscure. Car au-delà de son
évidente réussite narrative
et émotionnelle, L’enfant
qui voulait être un ours est
un retour aux sources des
mythes, des existences douloureuses entre nature et civilisation, raison et sentiment. Mais, aussi, un retour aux
sources mêmes du film d’animation rendant sa simplicité magique à un art des démesures, où la liberté de se
laisser aller, de “ partir ” seul ou à deux, semble la seule
règle. Peut-être d’ailleurs la vraie “ morale ” de ce conte
animé… quand la feuille blanche devient, pour reprendre Godard, le vrai miroir de l’homme…
Oui il a été vraiment à l’écoute. Et il m’a laissé libre. Je lui
ai tout de suite envoyé le thème de la berceuse - parce
qu’il fallait la faire chanter par la comédienne. Et tout
de suite ce thème lui a plu. Ensuite, j’ai conçu des premières bases musicales à Paris avec des musiciens. On a
travaillé sur toute une série de rythmiques de pierre, de
branches, mais aussi avec le quatuor à cordes et les percussions, les guitares et la voix d’enfant, Nicolas Lemoine
[que Bruno COULAIS a déjà engagé sur plusieurs de ses
musiques, y compris son opéra]. Jannik Hastrup est venu
ensuite à Paris, il a écouté
toutes ces bases musicales en
studio et il a été enchanté, cela
s’est vraiment déroulé. Il m’a
fait confiance. Il nous a rejoint
par la suite à Sophia quand on
enregistrait avec l’orchestre
puis à Copenhague pour les
emplacements de la musique
dans le film. Il m’a laissé même
libre des emplacements. Il a
toujours respecté mes choix.
Quelles ont été vos intentions principales à la vision
du dessin animé de Jannik Hastrup ?
J’étais en osmose avec le film, avec sa tendresse et sa
rudesse parfois. Ce que j’ai décidé c’est d’utiliser des
éléments très naturels: aucun synthé, aucun son synthétique. Je souhaitais donc partir d’éléments de la nature,
avec des sons de pierres, de branches d’arbre qu’on
frappe, pour construire des rythmiques particulières.
Une approche quasi expérimentale mais très écrite...
Oui tout était structuré, il n’y avait aucun hasard, pas de
place pour l’improvisation musicale, tout était très écrit,
et je voulais surtout éviter l’écueil d’une certaine théâtralisation du drame. Etre toujours un peu dans l’émotion, dans quelque chose de plus tendre et émotionnel...
L’enfant qui voulait être un ours est un film très tendre. Je voulais donc une musique très caressante, très
douce... j’ai voulu aussi retrouver la sensation de grands
espaces, et curieusement moins on utilise d’instruments
et plus on a ce sentiment d’espace ! Parfois, il y a donc
des choses très simples avec un quintet à cordes, une
voix, une guitare, et j’ai l’impression que c’est dans ces
passages-là, plutôt que ceux à orchestre, qu’on a le sentiment même de l’espace.
Une grande liberté de création que l’on doit à l’essence
même du genre dessin
animé ou surtout à la sensibilité musicale de Jannik Hastrup ?
Les deux je crois. Je ne voulais pas une musique de “cartoon”. Elle ne le souligne pas les moindres mouvements
de personnage, elle a tout de même un rapport de
complicité avec l’image du film plus librement. L’autre
chose c’est que Jannik Hastrup est un musicien de jazz à
la base, il est très sensible au mouvement musical et au
rapport de la musique avec la lumière...
La musique de film aujourd’hui, on le sait, est aussi
très liée avec le travail du monteur et du mixeur du
son. Comment cela s’est-il passé ?
Le travail a été très important avec le monteur et le
mixeur son car ce dernier a pu travailler en collant le son
à la musique. J’avais eu cette même relation de travail
avec Laurent Quaglio sur Microscomos. Quand une musique se termine dans une scène et que les sons reprennent tout le champ, on a en général le sentiment d’une
rupture d’un passage à l’autre. Pas ici. On a travaillé pour
que la bande son devienne comme un prolongement
musical.
Au final, quelle serait votre scène préférée du film ?
Les scènes autour de la mort de l’ours sont très belles je
trouve. C’est à la fois émouvant et violent notamment
quand on voit cette grande tache de sang - ce qui est
plutôt culotté d’ailleurs. Elle nous touche profondément
cette scène. Je l’avais déjà ressenti sans la musique. Et la
musique et l’image mêlées me touchent, mais c’est très
subjectif ! Je ne voulais pas faire une musique tendue ou
spectaculaire, mais plutôt une musique émotionnelle.
Une musique qui n’installe aucun poids sur l’image.
Propos recueillis par Alexandre Tylski